[0001] La présente invention concerne un perfectionnement au procédé d'emboutissage en matrice
liquide ainsi qu'un dispositif permettant la mise en oeuvre du procédé.
[0002] L'emboutissage classique consiste à déformer mécaniquement un élément plan appelé
flan au moyen d'un poinçon et d'une matrice pour obtenir un objet en forme d'étui
ou godet. Le poinçon repousse la partie centrale du flan au fond de la matrice et
entraîne le bord du flan ou collerette qui est "avalée" dans l'espace entre poinçon
et matrice. La collerette, le plus souvent circulaire de diamètre maximal (F), forme
ainsi la paroi latérale cylindrique de l'objet de diamètre (D) correspondant à celui
du poinçon. Pour éviter que la collerette plane ne forme des plis au cours de sa déformation,
il est nécessaire de la guider étroitement. En particulier, la collerette doit être
initialement appliquée sur la face plane supérieure de la matrice par un serre-flan.
[0003] Comme cela est connu depuis longtemps, le procédé a été perfectionné et a donné naissance
au procédé d'emboutissage en matrice liquide. Ce procédé perfectionné est décrit par
exemple, pages 17 à 23 de la revue " MACHINE MODERNE " de septembre 1966 où il est
appelé "emboutissage hydromécanique".
[0004] Dans l'emboutissage en matrice liquide (ou hydromécanique), la matrice métallique
est-remplacée par une chambre remplie de liquide dans lequel peut s'enfoncer le flan
lorsqu'il est repoussé par le poinçon. Le liquide se met en pression et applique le
flan contre la surface du poinçon au cours de son déplacement. Le liquide sous pression
tient ainsi lieu de matrice. Comme dans l'emboutissage classique, la collerette du
flan doit cependant être guidé mécaniquement au cours de sa déformation. Pour cela,
la section libre supérieure de la chambre est fermée par une bague d'emboutissage
comportant une ouverture dont la section correspond à celle de l'objet embouti, soit
la plus grande section du poinçon majorée de l'épaisseur du flan, avec le jeu nécessaire
pour laisser le passage au métal de la collerette lorsqu'il est entraîné pour former
la paroi latérale de l'objet.
[0005] Dans le procédé connu d'emboutissage en matrice liquide, le niveau du liquide doit
affleurer exactement le niveau supérieur de la bague. Le flan posé sur la bague au
début de l'opération d'emboutissage affleure ainsi très exactement le niveau du liquide
sans laisser de poche d'air de quelque importance. Comme dans le procédé classique,
la collerette du flan est serrée sur la bague par un serre-flan.
[0006] Dès que la partie centrale du flan est repoussée par le poinçon dans la chambre à
travers la bague, le liquide se met en pression et tend à s'échapper en refluant entre
la collerette du flan et la bague d'emboutissage. La collerette est soulevée contre
le serre-flan en laissant fuir . du liquide entre sa face inférieure et la bague.
[0007] La pression dans la chambre et le débit de fuite sont déterminés à chaque instant
par la vitesse de descente du poinçon, la pression de serrage du serre-flan et la
largeur de la portion de collerette qui reste appliquée contre le serre-flan formant
joint.
[0008] La partie centrale du flan étant constamment appliquée contre le poinçon par la pression
du liquide, les risques de plissement de la paroi cylindrique latérale au cours de
sa formation sont réduits. On peut se permettre des rapports d'emboutissage cylindrique

de l'ordre de 2,7 impossible à obtenir par emboutissage classique.
[0009] Ce procédé permet également d'obtenir en une seule opération des pièces coniques
ou même ogivales qui exigeraient plusieurs passes par la méthode classique. Enfin,
l'outillage est relativement simplifié puisqu'il suffit d'usiner une bague d'emboutissage
de faible épaisseur et non une matrice dont la hauteur soit égale à celle de la pièce
emboutie.
[0010] Malgré tous ces avantages, l'emboutissage en matrice liquide est encore peu utilisé.
En effet, ce procédé exige des soins et des précautions particuliers. La partie libre
du flan à l'intérieur de la bague doit s'appuyer dès le début de la déformation eL
en tout point sur la surface liquide sans qu'il y ait de poche d'air. Le niveau de
liquide doit affleurer très exactement au plan supérieur de la bague, ceci au début
de chaque opération.
[0011] Le poinçon doit entraîner de façon très régulière et symétrique la collerette dans
la chambre pour constituer la paroi latérale de la pièce emboutie. La collerette doit
ainsi être serrée et freinée sous le serre-flan de façon très régulière lors de sa
déformation. Il importe de nettoyer soigneusement la surface de la bague ainsi que
celle du serre-flan, ceci pour éliminer toute goutte de liquide qui amènerait une
irrégulairté, et même souvent rupture du flan.
[0012] Enfin, comme dans l'emboutissage classique, le flan doit être lubrifié de façon très
homogène pour faciliter son glissement contre la bague et le serre-flan, ceci dès
le début de l'emboutissage, avant que le liquide ne s'échappe entre bague et collerette
et serve de lubrifiant.
[0013] A moins d'un dispositif assez complexe de réglage de pression par pompe et soupape
de réglage, les pressions dans la chambre sont généralement très élevées, de l'ordre
de 1 000 bars, ce qui accroît la puissance demandée à la presse.
[0014] On peut aussi mettre un joint circulaire solidaire de la bague et faisant étanchéité
entre collerette et bague puis régler la pression dans la chambre uniquement par pompe
et soupape, mais le glissement radial de la collerette sur la surface supérieure du
joint est délicat. On a de nombreux incidents.
[0015] Le procédé, objet de l'invention, permet de remédier aux divers inconvénients de
l'emboutissage en matrice liquide tout en conservant tous ses avantages. Ce procédé
consiste à ne pas faire coïncider au début de l'opération d'emboutissage le niveau
de liquide avec le plan supérieur de la bague, mais, au contraire, à maintenir ce
niveau au-dessus de celui de la bague d'emboutissage et même au-dessus du flan. Le
flan se trouve ainsi complètement immergé dès le début de l'emboutissage.
[0016] Le flan étant constamment immergé, c'est le liquide de mise en pression qui assure
dès le début de l'emboutissage la lubrification entre flan et bague. Le liquide peut
être simplement de l'eau ou, de préférence, une solution diluée d'huile soluble.
[0017] Le flan étant complètement immergé, il n'y a pas à craindre qu'il reste en dessous
de gouttes ou poches de liquide ou d'air entraînant des tensions dissymétriques lors
de la descente du poinçon. L'essuyage des surfaces est inutile. Le flan étant complètement
immergé, une horizontalité absolument parfaite de la bague ni un réglage rigoureux
du niveau de liquide ne sont nécessaires. I1 n'est pas utile de graisser le flan.
[0018] Pour simplifier les opérations, la chambre de pression et sa bague d'emboutissage
peuvent être simplement immergées dans un bac rempli de liquide. Lors de l'emboutissage,
le liquide expulsé de la chambre de pression par le poinçon déborde tout naturellement
dans le bac. Le liquide revient ensuite tout naturellement par gravité dans la chambre
en fin d'opération, lorsque le poinçon est relevé puis que l'objet fabriqué est expulsé.
Il est bien évident, cependant, que, pour des emboutissages particulièrement délicats,
ou des cadences de production très rapides, le transfert de liquide et sa pression
dans la chambre peuvent être commandés par pompe.
[0019] Dans ce nouveau procédé, il se pose cependant un problème, en particulier pour des
fabrications à des cadences rapides. Le flan devant être complètement immergé, comment
le centrer avec précision sur la bague d'emboutissage ? Cependant, un centrage rigoureux
est indispensable pour éviter toute sortie préférentielle de liquide d'un côté plutôt
que de l'autre, lors de la descente du poinçon. Cela entraînerait des efforts et déformations
dissymétriques pouvant former des plis allant même jusqu'à déchirure du flan en cours
d'emboutissage.
[0020] La solution est de réaliser un dispositif de centrage par rapport à la bague et dans
lequel le flan vient s'encastrer avec un très léger jeu. Ce dispositif peut être simplement
un anneau de centrage, d'épaisseur supérieure à la hauteur de liquide au-dessus de
la bague d'emboutissage de façon à émerger du liquide. Cet anneau de centrage doit
comporter des.-caniveaux ou des trous de communications radiaux pour permettre à tout
instant une bonne égalisation des niveaux liquides à l'intérieur et à l'extérieur.
Le dispositif de centrage doit être bien fixé sur la bague d'emboutissage par exemple
par un emboîtement concentrique. La hauteur (h) entre les génératrices inférieures
des canivaux ou trous et la surface de la bague sera de préférence supérieure à l'épaisseur
(e) du flan.
[0021] L'invention sera mieux comprise par la description d'un exemple de réalisation et
l'examen des figures correspondantes.
[0022] La figure 1 représente, en coupe, un outillage d'emboutissage comportant un anneau
de centrage selon l'invention. Cette figure est coupée en deux selon l'axe XX'. La
demi-figure de gauche représente l'outillage en début d'emboutissage, la demi-figure
de droite représente le même outillage en fin d'emboutissage.
[0023] La figure 2 représente un détail de l'outillage auquel on a adjoint un éjecteur.
[0024] Sur la figure 1, on voit, en coupe, la matrice constituée d'une chambre de pression
(1) délimitée à la partie supérieure par une bague d'emboutissage (2), le tout immergé
dans un liquide (3) retenu dans un bac de grand diamètre (4). Le liquide utilisé est
un mélange d'eau et d'huile soluble. On reconnaît un poinçon d'emboutissage (5) solidaire
du plateau supérieur (6) de la presse qui l'entraîne de la position de repos à gauche
jusqu'à la position de fin d'emboutissage représentée dans la demi-coupe de droite.
Un serre-flan (7) est actionné par des chandelles (8) comme dans les outillages classiques
et serre la collerette (9) du flan (10) contre la bague (2).
[0025] On remarque sur la demi-coupe de gauche que le niveau (11) du liquide ayant emboutissage
est au-dessus du plan supérieur de la bague d'emboutissage (2) et même du flan (10)
qui se trouve complètement immergé. Ce flan est centré par un anneau de centrage (12)
selon l'invention. Le jeu latéral du flan (10) dans l'anneau (12) n'est que de quelques
dixièmes de millimètres. L'anneau (12) comporte huit trous radiaux (13) qui permettent
aux niveaux de liquide à l'intérieur et à l'extérieur de la bague de s'égaliser constamment,
ceci bien qu'en position de repos la face supérieure (14) de l'anneau de centrage
(12) émerge du liquide (3) comme représenté dans la demi-figure de gauche. Evidemment,
pour que le serre-flan (7) joue son rôle, il doit comporter une surépaisseur centrale
(15) s'emboîtant avec un-jeu de quelques dixièmes dans l'anneau de centrage (12).
[0026] Pour avoir un bon centrage, l'anneau (12) est lui-même fixé selon un emboîtement
(16) sur la bague d'étirage.
[0027] On remarque que la distance (h) entre les génératrices inférieures des trous (13)
et la face supérieure de la bague (2) est supérieure à l'épaisseur (e) du flan (10).
[0028] Ainsi au début de l'opération d'emboutissage, le liquide réfoulé de la chambre de
pression (1) ne peut s'échapper directement vers le bac (4) mais doit suivre un parcours
sinueux comportant une portion verticale d'abord entre le flan (10) et l'anneau (12)
puis entre le serre-flan (7) et l'anneau (12) avant de sortir vers le bac (4) par
les trous (13). Ceci crée une certaine perte de charge qui uniformise le débit autour
du flan (10) et évite une rupture locale du film d'huile entre flan et bague d'emboutissage
(2) au droit des trous (13) qui mettent en communication le liquide de la chambre
(1) avec le bac (4). Cette rupture du film provoquerait un contact métal sur métal
entre flan (10) et bague (2). Elle aménerait par suite la cassure du flan dans la
zone où s'amorce la déformation donnant naissance à la jupe de la pièce (17).
[0029] On notera que le jeu entre le serre-flan (7) et l'anneau (12) est lui-même très faible,
de l'ordre de 1/10 mm sur le rayon.
[0030] Dans l'exemple représenté sur la demi-coupe de droite, la pièce emboutie (17) est
un solide de révolution autour de l'axe XX', mais par le procédé on peut également
obtenir des objets dont la section par des plans horizontaux n'est pas circulaire,
par exemple rectangulaire à bords arrondis.
[0031] La chambre de pression (1) comporte enfin un orifice de vidange (18) qui peut aussi
bien être utilisé pour un remplissage commandé par pompe.
[0032] En considérant la figure 1, le procédé est facilement compréhensible. Le poinçon
(5) et le serre-flan (7) étant tous leux relevés, on remplit la cuve (4) et la chambre
de pression (1) de liquide (3) jusqu'au niveau (11) très légèrement en-dessous du
niveau supérieur (14) de l'anneau de centrage (12). Les niveaux (11) à l'intérieur
et à l'extérieur de l'anneau (12) s'équilibrent très facilement grâce aux trous radiaux
(13) de communication. On met alors facilement en place le flan (10) dans l'anneau
qui émerge du liquide. Le serre-flan (7) est abaissé et appuie fermement sur la collerette
(9) du flan. Le niveau (11) a très légèrement monté mais la face supérieure (14) de
l'anneau (12) reste visible. Le poinçon (5) descend et donne au flan (10) la forme
de l'objet souhaité (17). La pression monte rapidement dans la chambre (1) ; le liquide
(3) applique le flan (10) contre le poinçon (5) et s'échappe sous la collerette (9)
en l'appliquant contre le serre-flan (7). Il fait monter le niveau dans le bac (4)
jusqu'en (11'). La pièce (17) peut alors être éjectée par un dispositif quelconque,
par exemple un dispositif à ressort fixé au fond de la chambre (1).
[0033] L'emboutissage peut être effectué très rapidement sans risque de mauvais centrage,
ni défaut de remplissage de la chambre, ou graissage défectueux du flan.
[0034] On a intérêt à faire des trous radiaux (13) aussi nombreux et larges que possible.
Ce peut être des canivaux ouverts à la partie supérieure de l'anneau (12). Il suffit
que la face supérieure (14) de l'anneau (12) soit apparente pour que la mise en place
du flan soit facile.
[0035] Avec le dispositif décrit, on a réalisé aisément à partir de flan de diamètre F =
160 mm, épaisseur = 0,27 mm, des étuis cylindriques de dimensions D = 65 mm, H = 78
mm. Le métal utilisé était un alliage d'aluminium qualité 3003. Nous avons également
fabriqué des étuis à parois latérales, tronconiques comme la pièce (17) représentée
ici et même des étuis à parois latérales coniques et fond sphérique ou ogivales.
[0036] Pour rédiire le travail du poinçon (5), on peut utiliser un éjecteur en forme de
bague cylindrique (19) analogue à celui représenté en coupe partielle ea figure 2.
Cet éjecteur (19) est appliqué dès le début de l'emboutissage contre le flan (10)
à l'opposé du poinçon (5) et accompagne le fond de l'étui (17) au cours de sa descente
dans la chambre (1). Grâce aux joints (20) et (21), il n'y a pas de liquide ni de
pression entre le flan (10) et l'éjecteur (19) sur un cercle de diamètre (d) à l'intérieur
du joint (21), Le poinçon (5) n'a à vaincre que la pression s'exerçant sur une couronne
de diamètre intérieur (d) et de diamètre extérieur (D).
[0037] Après que le poinçon soit arrivé en fin de course, l'éjecteur (19) se relève en éjectant
la pièce (17).
[0038] On peut enfin prévoir un limiteur ou régulateur de pression de liquide raccordé sur
un orifice tel que l'orifice (18) traversant la paroi de la chambre (1).
[0039] Ce procédé évite de graisser le flan avant emboutissage et dégraisser la pièce après
emboutissage.
1°) Procédé d'emboutissage en matrice liquide, c'est-à-dire procédé d'emboutissage
où la matrice est remplacée par une chambre remplie de liquide et délimitée à la partie
supérieure par une bague d'emboutissage dont l'ouverture a une section correspondant
à la plus grande section du poinçon, le liquide de la chambre étant mis en pression
par la descente du poinçon, caractérisé en ce que le niveau (11) du liquide est maintenu
constamment au-dessus de la bague (2) et même au-dessus du plan supérieur du flan
(10), celui-ci se trouvant ainsi immergé dès avant le début de l'emboutissage.
2°) Procédé selon revendication 1, caractérisé en ce que, avant emboutissage, le flan
est centré au-dessus de la bague d'emboutissage par un dispositif de centrage partiellement
immergé dans le liquide et comportant des trous de communication radiaux.
3°) Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé d'emboutissage suivant l'une quelconque
des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que l'outillage d'emboutissage comporte
un dispositif de centrage du flan (10) par rapport à la bague (2) et un dispositif
tel qu'un bac (4) retenant le liquide au-dessus du plan supérieur du flan.
4°) Dispositif selon revendication 3, caractérisé en ce que le dispositif de centrage
est constitué par un anneau (12) comportant des caniveaux ou trous radiaux (13), cet
anneau étant fixé sur la bague d'emboutissage.
5°) Dispositif selon l'une quelconque des revendications 3 ou 4, caractérisé en ce
que la distance (h) entre les génératrices inférieures des trous ou canaux (13) et
la surface de la bague (2) est supérieure à l'épaisseur (e) du flan (10).
6°) Dispositif selon l'une quelconque des revendications 3, 4, ou 5, caractérisé en
ce qu'il comporte un éjecteur (19) muni d'un joint (21) qui s'applique contre le flan
(10), à l'opposé du poinçon (5) et interdit l'accès du liquide sous pression sous
la partie centrale du flan.