[0001] La présente invention a pour objet une cathode pour tube électronique haute fréquence,
et plus particulièrement une cathode à émission thermoélectronique à chauffage direct.
Elle a également pour objet un tube électronique comportant une telle cathode.
[0002] Dans les tubes électroniques haute fréquence du type triode, tétrode ou pentode qui
comportent une cathode, une anode et une, deux ou trois grilles, il est avantageux
de réaliser les grilles en graphite pyrolytique, matériau connu pour ses qualités
mécaniques et thermiques. Toutefois, dans ces mêmes tubes, les cathodes sont généralement
réalisées en fils de tungstène thorié pour des raisons d'émissivité thermoélectronique.
Il se pose alors, en fonctionnement, des problèmes mécaniques du fait de la différence
de comportement thermique de ces matériaux. Ces problèmes ne sont résolus qu'imparfaitement
par des montages mécaniques coûteux ou des conditions d'utilisation des tubes par
ailleurs contraignantes, telles que l'allumage permanent des cathodes par exemple.
[0003] La présente invention a pour objet une cathode permettant d'éviter les problèmes
thermo- mécaniques à l'intérieur du tube tout en assurant une bonne émissivité thermoélectronique.
Elle comporte à cet effet un support en graphite pyrolytique et un matériau thermoémissif
à base d'hexaborure de lanthane, le support et le matériau thermoémissif étant séparés
par une couche formant barrière de diffusion entre ces deux éléments.
[0004] D'autres objets, caractéristiques et résultats de l'invention ressortiront de la
description suivante et des dessins annexés, ou :
- la figure 1 représente, vu en coupe, un mode de réalisation de la cathode selon
l'invention ;
- la figure 2 représente une variante de réalisation de la cathode représentée sur
la figure 1.
[0005] Sur ces différentes figures, les mêmes références se rapportent aux mêmes éléments.
[0006] Sur la figure 1,.on a donc représenté un premier mode de réalisation de la cathode
selon l'invention, dans lequel elle comporte trois éléments :
- un support 1 de préférence en graphite pyrolytique ;
- une couche 2 d'un matériau émissif ;
- une couche intermédiaire 3, formant barrière de diffusion entre les éléments 1 et
2.
[0007] En ce qui concerne le support 1, le graphite pyrolytique est préféré à d'autres matériaux
pour deux raisons principales :
- la première tient aux qualités du graphite pyrolytique lui-même : en effet, celui-ci
n'est pas isotrope et présente, dans le plan du dépôt, une assez bonne conductivité
électrique et une très bonne conductivité thermique, alors que dans une direction
normale au dépôt, ces conductivités sont faibles ; par ailleurs, il présente de faibles
coefficients de dilatation et de bonnes propriétés mécaniques à haute température
; cela permet un chauffage direct de la cathode par circulation de courant dans le
support 1, jusqu'à de hautes températures (1000° à 20009 C par exemple) ;
- la seconde tient à l'insertion de la cathode dans un tube électronique comportant
une ou plusieurs grilles, elles-mêmes réalisées en graphite pyrolytique : l'utilisation
d'un même matériau pour la réalisation de la cathode et des grilles conduit à une
meilleure définition géométrique de la structure interne du tube.
[0008] La couche 2 de matériau émissif est rendue nécessaire par le choix du graphite pour
le support 1 ; en effet, le graphite est un mauvais émetteur thermoélectronique, le
travail de sortie d'un électron étant de l'ordre de 4,7 eV. On dispose alors à sa
surface un matériau 2 bon émetteur, tel qu'un composé boré des lanthanides, par exemple
de l'hexaborure de lanthane (LaB
6), ou un mélange d'hexaborure de lanthane et d'un autre matériau permettant de diminuer
encore le travail de sortie, tel qu'un autre lanthanide. L'avantage des composés de
ce type est qu'ils sont bons émetteurs à des températures plus faibles que d'autres
matériaux émissifs connus ; la température d'utilisation d'une cathode en hexaborure
de lanthane peut être de l'ordre de 1300° à 1600
Q, alors que celle d'une cathode en tungstène ou tungstène thorié, matériaux souvent
utilisés, se situe vers 1900°-2000° C.
[0009] Toutefois, un inconvénient de tels matériaux pour réaliser la couche émissive 2 est
leur grande activité chimique vis-à-vis du graphite, à chaud. Il se produit alors,
par exemple dans le cas du BaB
6, formation d'un carbure de bore et libération de lanthane, qui a une tension de vapeur
élevée comparée à celle de l'hexaborure de lanthane, selon la réaction suivante :
ce qui conduit à la destruction de la cathode.
[0010] Pour éviter ce phénomène, on dispose entre les éléments 1 et 2 une couche 3 destinée
à isoler les atomes de carbone des atomes de l'hexaborure de lanthane.
[0011] Deux solutions sont possibles pour interdire la réaction précédente :
- dans un premier mode de réalisation, on dépose une couche (3) d'un matériau pour
lequel on ne connaît pas de réaction chimique avec le carbone et l'hexaborure de lanthane,
tel qu'un métal de la famille du platine : platine, osmium, rhénium ou iridium.
- dans un deuxième mode de réalisation, la couche intermédiaire 3 est constituée par
un composé de bore d'un métal de transition des colonnes IV B (titane, zirconium ou
hafnium) ou V B (niobium ou tantale par exemple) de la classification périodique des
éléments. Les diborures de ces corps sont stables et l'occupation des sites intersticiels
du métal par des atomes de bore interdit la diffusion des atomes de bore appartenant
à la couche émissive 2.
[0012] Dans une variante de réalisation, lorsqu'il est nécessaire non plus d'interdire la
réaction chimique rappelée ci-dessus, mais de la retarder, dans le cas par exemple
où la durée de vie du tube est limitée par ailleurs, la couche intermédiaire 3 peut
être constituée d'un carbure stable, de tantale (TaC) ou de hafnium (HfC) par exemple.
[0013] En ce qui concerne la réalisation technologique de la cathode selon l'invention,
on utilise donc un support 1 en graphite pyrolytique, usiné par tous moyens connus
pour constituer un cylindre creux, de structure maillée ou non maillée, dont la conductivité
est maximale parallèlement à l'axe du cylindre ; l'épaisseur de ce support est, à
titre d'exemple, comprise entre 0,2 et 1 mm. Ce support est alimenté par des tigelles
d'amenée de courant qui sont également en graphite.
[0014] La couche intermédiaire 3 est déposée sur le support 1 par évaporation, pulvérisation
cathodique, électrolyse ou par phase vapeur ; elle a une épaisseur qui est de préférence
comprise entre 5 et 20 µm.
[0015] La couche émissive 2 est déposée sur la couche 3 au pinceau, au pistolet, par cataphorèse,
par pulvérisation cathodique, par évaporation sous vide ou par dépôt ionique ; elle
a une épaisseur qui est de préférence comprise entre 0,04 et 0,1 mm.
[0016] La figure 2 représente une variante de réalisation technologique de la cathode selon
l'invention.
[0017] Sur cette figure, on retrouve la couche 1 en graphite pyrolytique sur laquelle est
déposée la couche intermédiaire 3 telle que décrite ci-dessus. Mais dans le cas de
la figure 2, on ajoute de la poudre 4 d'un métal de la famille du platine (iridium
ou rhénium de préférence) frittée à la surface de la couche 3, afin d'améliorer l'adhérence
de la couche émissive 2 d'hexaborure de lanthane sur la couche intermédiaire 3.
1. Cathode à chauffage direct, caractérisée par le fait qu'elle comporte un support
(1) en graphite pyrolytiqus et une couche d'un matériau thermoémissif (2) comportant
de l'hexaborure de lanthane, le support (1) et le matériau thermoémissif (2) étant
séparés par une couche intermédiaire (3) formant barrière de diffusion pour les atomes
constituant le support (1) et le matériau thermoémissif (2).
2. Cathode selon la revendication 1, caractérisée par le fait que la couche intermédiaire
(3) est constituée par un matériau non réactif chimiquement au carbone et au bore.
3. Cathode selon la revendication 2, caractérisée par le fait que ce matériau non
réactif est constitué par l'un des métaux suivants : platine, osmium, rhénium ou iridium.
4. Cathode selon la revendication 1, caractérisée par le fait que la couche intermédiaire
(3) est constituée par un composé de bore et d'un des métaux des colonnes IV B et
V B de la classification périodique des éléments.
5. Cathode selon la revendication 4, caractérisée par le fait que ce composé est un
diborure de l'un des métaux suivants : titane, ziconium, hafnium, niobium, tantale.
6. Cathode selon la revendication 1, caractérisée par le fait que la couche intermédiaire
(3) est constituée par un carbure stable.
7. Cathode selon la revendication 6, carac-1 térisée par le fait que ce carbure est
un carbure de tantale ou de hafnium.
8. Cathode selon l'une des revendications précédentes, caractérisée par le fait que
le matériau thermoémissif (2) est constitué d'hexaborure de lanthane.
9. Cathode selon l'une des revendications 1 à 7, caractérisée par le fait que le matériau
thermoémissif (2) est constitué par un mélange d'hexaborure de lanthane et d'un autre
lanthanide.
10. Cathode selon l'une des revendications précédentes, caractérisée par le fait qu'elle
comporte de plus une couche (4) d'une poudre d'un métal non réactif au carbone ou
au bore, frittée sur la surface de la couche intermédiaire (3) et sur laquelle est
déposée la couche de matériau thermoémissif (2).
11. Cathode selon la revendication 10, caractérisée par le fait que la couche (4)
d'une poudre d'un métal non réactif est constituée de poudre d'iridium ou de rhénium.
12. Tube électronique haute fréquence, comportant une cathode, une anode et au moins
une grille, caractérisé par le fait que ladite cathode est constituée selon l'une
des revendications précédentes.