[0001] L'invention a trait à un procédé de traitement pour des tissus teints en pièce avec
un colorant de cuve et, notamment pour des tissus supportant l'action de la soude
caustique et soumis sous tension à la fois dans le sens de la chaîne et dans le sens
de la trame, tissus préalablement assujettis à un débouillissage à la soude suivi
d'un blanchiment chaud à l'eau oxygénée et à un mercerisage à 20 degrés Bé et à une
teinture en colorant de cuve.
[0002] Actuellement, le traitement des tissus teints en pièce avec un colorant de cuve se
compose d'un débouillissage à la soude, c'est-à-dire on traite le tissu par un bain
porté à ébullition, d'un blanchiment chaud par l'intermédiaire de l'eau oxygénée,
d'un mercerisage consistant à imprégner le tissu, préalablement tendu, d'une solution
de soude caustique qui produit un gonflement et, par voie de conséquence, une contraction
des fibres, et laisse aux fils, après la dessication, un brillant soyeux. Après ce
mercerisage effectué à 20 degrés Bé, on procède à une teinture en colorant de cuve
suivie d'un apprêt amidon et adoucissant.
[0003] On connaît, par le brevet allemand n° 936.087, un procédé de fabrication d'un tissu
teint, traité en phase finale par de la soude caustique NaOH, mais sans tension, c'est-à-dire
en lui faisant subir une caustification. Cette caustification provoque uniquement
le retrait du tissu aux endroits non réservés par l'apprêt appliqué auparavant. Le
mercerisage ne peut donc être effectué ici en phase finale, car pratiqué sous tension,
il ne favoriserait pas l'effet crépon recherché.
[0004] On connaît également, par le brevet français n° 560.968, un procédé selon lequel
on recherche une amélioration de l'effet mercerisant sur un tissu traité au thiocyanate
cité comme solvant de la cellulose, composant essentiel du coton, ce qui doit amener
une baisse de résistance du tissu. Toutefois, ce procédé provoque certains effets
sur des tissus imprimés.
[0005] Toutefois, on a constaté que les tissus traités de la sorte absorbent facilement
les taches et qu'il s'avère très difficile de les éliminer au lavage. De plus, l'aspect
du tissu se dégrade rapidement. Par ailleurs, les premiers lavages de ces tissus traités
selon le procédé ci-dessus provoquent un dégorgement de la teinture. Il est certain
que ce dégorgement présente un très grand inconvénient puisqu'on risque une interpénétration
des couleurs entre les tissus de nuances différentes pendant le processus du lavage.
En effet, il est connu que le mercerisage, effectué avant la teinture, améliore le
rendement tinctorial des tissus coton, mais lorsque le tissu passe ensuite dans le
bain de teinture, on constate, après lavage et séchage, que :
- l'effet mercerisant a beaucoup diminué, surtout après lavage chez l'utilisateur
;
- la résistance du tissu et son degré de polymérisation ont sensiblement baissé ;
- le dégorgement du colorant se poursuit même après plusieurs lavages.
[0006] Pour pallier à ces inconvénients, on a pensé procéder au mercerisage après la phase
de teinture en colorant de cuve. Toutefois, on a constaté qu'il n'était plus possible
de blanchir sur le même matériel que précédemment. Pour obtenir la même nuance, il
fallait prévoir entre 20 à 30 7. de colorant supplémentaire, ce qui, nécessairement,
entraîne une augmentation du coût du traitement. Lors du mercerisage après teinture,
l'aspect est plus brillant, ce qui est normal, mais la nuance se modifie légèrement
et de façon difficilement contrôlable. De ce fait, on est obligé de renuancer après
le mercerisage. En conclusion, compte tenu de l'augmentation de la quantité de matières
colorantes, de la nécessité d'une opération supplémentaire de renuançage, ce mode
de teinture est déconseillé par les techniciens.
[0007] La présente invention a pour but de remédier à ces inconvénients. L'invention, telle
qu'elle est caractérisée dans les revendications, se propose de fournir un procédé
selon lequel on obtient une brillance supérieure du tissu, surtout après le lavage.
[0008] A cet effet, l'invention concerne un procédé de traitement pour des tissus teints
en pièce avec un colorant de cuve et, notamment pour des tissus supportant l'action
de la soude caustique et soumis sous tension à la fois dans le sens de la chaîne et
dans le sens de la trame, tissus préalablement assujettis à un débouillissage à la
soude suivi d'un blanchiment chaud à l'eau oxygénée, à un mercerisage à 20 degrés
Bé et à une teinture en colorant de cuve caractérisé en ce qu'il comporte un second
mercerisage entre 25 et 45 degrés Bé avant l'apprêt d'amidon et d'adoucissant.
[0009] Les avantages obtenus grâce à cette invention consistent essentiellement en ceci.
que la résistance du tissu teint augmente de 20 à 30 % à l'éclatement ainsi que les
résistances dynamométriques. Le degré de polymérisation est plus important et il est
sensiblement égal à celui avant teinture. L'effet mercerisant est important et se
maintient après lavage. L'entretien du tissu en est facilité, ce qui rend l'élimination
des taches plus aisée, Le dégorgement est pratiquement supprimé dès le premier lavage,
ce qui permet de mélanger toutes les nuances avec du blanc pour des tissus traités
selon la présente invention et ceci sans risques.
[0010] Par ailleurs, le mercerisage final donne au tissu une certaine stabilité. En effet,
le tissu, imprégné sous tension dans le sens de la chaîne, puis étiré dans le sens
de la trame par les pinces d'une rame, rétrécit lorsqu'il est relâché et retrouve
une certaine stabilité. Pour le ramener à la laize finale qui sera de l'ordre de 10
X inférieure à la laize initiale, on peut, pendant la phase de l'apprêt, utiliser
une rame à picots et provoquer une légère suralimentation. De ce fait, on obtient
une stabilité correcte du tissu, avantage très important pour les tissus vestimentaires.
[0011] Finalement, pour une concentration donnée de colorant, les nuances ressortent plus
foncées avec le procédé de double mercerisage conforme à l'invention et il en résulte
une économie encore possible de colorant par rapport aux procédés connus. Par ailleurs,
en neutralisant le tissu après :
- son passage dans la soude,
- son rinçage à l'eau chaude puis à l'eau froide,
- avec de l'acide acétique à pH constant, voisin du neutre au moyen d'un pH mètre
automatique,
[0012] on peut garantir l'uniformité de la nuance entre les livraisons.
[0013] Le procédé selon l'invention peut être appliqué :
- sur des tissus fabriqués avec des filés teints mercerisés avant teinture ;
- sur des tissus imprimés supportant le mercerisage. Dans ce cas, on augmente la qualité
du tissu et celle de l'impression.
[0014] L'invention sera bien comprise en se référant à la description suivante faite à titre
d'exemple non limitatif.
[0015] Pour le traitement d'un tissu teint en pièce avec un colorant de cuve, on procède
en premier lieu au dégommage ou déparementage pour la disparition des matières amylacées.
Puis, on réalise l'élimination des matières grasses par la soude caustique en autoclave,
c'est-à-dire que l'on procède au débouillissage. Ce débouillissage est suivi d'un
blanchiment en utilisant comme agent de blanchiment de l'eau oxygénée.
[0016] Après le blanchiment, on procède à un premier mercerisage consistant à imprégner
la fibre de coton sous tension pendant un court instant avec une lessive concentrée
de soude caustique maintenue froide, de la rincer ensuite à l'eau chaude puis à l'eau
froide et, enfin, la neutraliser avec un acide et la rincer à nouveau. Au cours de
cette opération, la pièce de tissu est imprégnée sous tension dans le sens de la chaîne
puis elle est étirée dans le sens de la trame par un dispositif élargisseur à pinces.
Avantageusement, ce premier mercerisage est réalisé à 20 degrés Bé.
[0017] Après le premier mercerisage, on réalise la teinture en colorant de cuve telle qu'elle
est utilisée en fonction de la nature du tissu et de la nature du ou des colorants.
[0018] Lorsque la pièce de tissu a été teinte, on la soumet à un second mercerisage réalisé
entre 25 à 45 degrés Bé.
[0019] Finalement, la pièce de tissu est soumise aux opérations d'apprêt à l'amidon et à
l'adoucissant.