[0001] L'invention concerne un dispositif d'étanchéité de l'arbre d'en- trainement d'une
pompe pour fluide à haute pression.
[0002] Dans les réacteurs nucléaires à eau sous pression, le circuit de refroidissement
du coeur du réacteur, ou circuit primaire, comporte au moins deux boucles de refroidissement
comportant chacune un générateur de vapeur et une pompe primaire.
[0003] Les pompes primaires sont constituées par une volute à l'intérieur de laquelle tourne
une roue à aubes fixée rigidement à l'extrémité inférieure d'un arbre d'entrainement
relié à un moteur.
[0004] L'étanchéité le long de l'arbre d'entraînement est assurée par un ensemble de joints
disposés dans un espace annulaire compris entre l'arbre et un boitier qui entoure
cet arbre depuis sa sortie de la volute jusqu'au moteur d'entraînement.
[0005] Le dispositif d'étanchéité de l'arbre d'entraînement des pompes primaires est généralement
constitué de trois joints comportant une partie fixe solidaire du boitier et une partie
mobile solidaire de l'arbre.
[0006] Les surfaces en regard de ces éléments d'étanchéité sont soit en contact frottant,
le joint est alors de type mécanique, soit séparées par une couche de fluide en circulation
entre les surfaces du joint, le joint est alors du type hydrostatique.
[0007] Les joints de type mécanique sont généralement utilisés pour assurer l'étanchéité
entre deux zones dont les pressions ne sont pas trop différentes, alors que les joints
hydrostatiques peuvent être utilisés dans le cas d'une très grande différence de pression
de part et d'autre du joint.
[0008] Dans le cas des pompes primaires, l'eau mise en circulation par la pompe est à une
pression très élevée, de l'ordre de 150 bars. Le joint disposé le plus en amont sur
l'arbre d'enrainement, c'est-à-dire le plus près de la partie interne'de la pompe,
est donc un joint hydrostatique qui permet une chute de pression importante entre
sa partie amont et sa partie aval, alors que les joints disposés en aval sont généralement
des joints de type mécanique.
[0009] Un circuit d'alimentation en eau froide sous haute pression permet d'amener dans
l'espace annulaire limité par le boitier, à l'amont du joint hydrostatique, de l'eau
dont une partie est refoulée vers la volute de la pompe et dont une autre partie fournit
le courant de fuite du joint hydrostatique. Après être passée par le joint hydrostatique,
cette eau sert également au refroidissement des joints mécaniques.
[0010] Un joint hydrostatique tel qu'utilisé sur les pompes primaires comme joint amont
a par exemple été décrit dans les brevets français 1.435.568 et 2.049.690.
[0011] Pour qu'un tel joint hydrostatique puisse fonctionner correctement, c'est-à-dire
sans que les éléments disposés en vis à vis limitant la fuite viennent'en contact,
il faut que la chute de pression à travers ce joint hydrostatique, appelée Δp, soit
supérieure à une certaine limite.
[0012] Dans le cas des pompes primaires utilisées actuellement, cette limite de pression
est de l'ordre de 14 bars.
[0013] Dans le cas du fonctionnement normal du réacteur nucléaire, l'eau de refroidissement
du réacteur est à une pression de l'ordre de 150 bars et l'eau froide injectée en
amont du joint hydrostatique est à une pression un peu supérieure, si bien que la
chute de pression à travers le joint hydrostatique est très élevée et généralement
voisine de 150 bars. Le bon fonctionnement du joint hydrostatique est alors assuré.
[0014] Il n'en est plus de même lorsque la pression du circuit primaire diminue par exemple
dans le cas d'un arrêt du réacteur, puisqu'on est amené à diminuer la pression d'injection
de l'eau froide lorsque la pression du circuit primaire diminue. Il faut en effetéquilibrer
les débits injectés dans la volute et dans le joint et ces débits dépendent de la
pression du circuit primaire.
[0015] En deçà d'une certaine valeur dé la pression dans le circuit primaire la pression
d'injection en amont du joint hydrostatique n'est plus suffisante pour assurer un
telΔP supérieur à 14 bars et le joint hydrostatique ne peut plus fonctionner correctement.
[0016] Dans le cas des pompes primaires utilisées dans les réacteurs nucléaires à eau sous
pression actuellement en service, on considère que la pression minimale du fluide
primaire en deçà de laquelle on ne peut plus faire fonctionner le joint hydrostatique
est de l'ordre de 26 bars.
[0017] Lors de l'arrêt d'un réacteur nucléaire à eau sous pression, il est nécessaire de
laisser en fonctionnement au moins une pompe primaire pour permettre la circulation
du fluide primaire et assurer un bon refroidissement.
[0018] En fin de refroidissement, on est en présence d'eau à 26 bars et à une température
de 70°C. A cette température, on ne peut plus maintenir la pression de 26 bars.par
utilisation de l'équilibre liquide/vapeur dans le pressuriseur du réacteur et on est
obligé d'utiliser des pompes de charge d'un circuit auxiliaire pour maintenir la pression.
[0019] Le but de l'invention est donc de proposer un dispositif d'étanchéité de l'arbre
d'entrainement d'une pompe pour fluide à haute pression comportant suivant la longueur
de cet arbre un ensemble de joints dont l'un au moins est du type hydrostatique à
fuite de liquide entre deux éléments limitant cette fuite reliés l'un à l'arbre et
l'autre à un boitier entourant l'arbre et ménageant un espace annulaire autour de
celui-ci, ce joint disposé le plus en amont, c'est-à-dire vers l'intérieur de la pompe,
nécessitant, pour son fonctionnement, une différence de pression suffisante entre
la partie de l'espace annulaire qui se trouve à l'amont du joint, formant une chambre
en communication avec la partie interne de la pompe et la partie de cet espace annulaire
qui se trouve à l'aval du joint, cette chambre étant alimentée en fluide sous une
haute pression, par un circuit d'alimentation, le dispositif d'étanchéité devant permettre
un maintien en fonctionnement de la pome, même si la pression du fluide dont on effectue
le pompage atteint des valeurs faibles, par exemple inférieures à 26 bars.
[0020] Dans ce but, le dispositif d'étanchéité suivant l'invention comporte en outre :
- un joint auxiliaire du type mécanique dont les pièces frottantes en regard sont
liées, l'une à l'arbre et l'autre au boitier, disposé dans la chambre, à l'amont de
l'arrivée de fluide sous pression, séparant cette chambre en une partie amont et une
partie aval,
- et une canalisation diposée entre la partie amont et la partie aval de la chambre,
sur laquelle est placée une vanne permettant d'isoler ou de mettre en communication
les deux parties de la chambre.
[0021] Afin de bien faire comprendre l'invention, on va maintenant décrire, à titre d'exemple
non limitatif, en se référant aux figures jointes en annexe, une pompe primaire d'un
réacteur nucléaire à eau sous pression équipée d'un dispositif d'étanchéité suivant
l'invention.
La figure 1 représente dans une vue en perspective éclatée, une pompe primaire suivant
l'art antérieur.
La figure 2 représente de façon schématique le dispositif d'étanchéité suivant l'invention.
La figure 3 représente dans une demi-vue en coupe par un plan vertical de symétrie,
la partie supérieure d'une pompe primaire pour réacteur nucléaire comportant un dispositif
d'étanchéité suivant l'invention.
[0022] Sur la figure 1 on voit une pompe comportant un corps de pompe ou volute 1 percée
d'une ouverture d'aspiration 2 et d'une ouverture de refoulement 3.
[0023] A l'intérieur de cette volute est diposé un diffuseur 4 à l'intérieur duquel tourne
la roue à aubes 5 solidaire de l'arbre d
tentraine- ment 7 relié au moteur d'entraînement de la pompe non représehté.
[0024] La partie supérieure du corps de pompe comporte une bride d'accouplement 8 permettant
de relier la pompe à son groupe moteur.
[0025] L'arbre 7 est entouré d'un boitier 9 qui ménage autour de celui-ci un espace annulaire
10.
[0026] A sa partie supérieure le boitier 9 comporte une bride 12 de raccordement au moteur
d'entrainement de la pompe.
[0027] Dans l'espace annulaire 10 sont disposés des joints 14 permettant d'assurer l'étanchéité
le long de l'arbre 7.
[0028] L'arbre 7 porte à son extrémité pénétrant dans la volute la roue à aubes 5 et sort
de cette volute au niveau d'un joint labyrinthe 16 au niveau duquel est également
placée une barrière thermique .17 parcourue par un serpentin de refroidissement. L'arbre
7 passe ensuite dans un palier 15 assurant son maintien et son guidage.
[0029] Le joint 14 disposé le plus en amont, c'est-à-dire vers l'intérieur de la pompe,
et donc placé le plus près du palier 15, est du type hydrostatique, de l'eau froide
sous une pression légèrement supérieure à la pression de l'eau dans la pompe étant
injectée par des tubulures d'injection 19, dans l'espace annulaire 10 dans lequel
sont placés les joints d'étanchéité.
[0030] Sur la figure 2, on voit une représentation schématique du dispositif d'étanchéité
associé à une pompe primaire du même type que la pompe représentée à la figure 1.
[0031] A l'intérieur de la volute 21 de cette pompe comportant une ouverture d'aspiration
22 et une ouverture de refoulement 23, la roue à aubes 25 solidaire de l'extrémité
de l'arbre 27 est mise en rotation par l'intermédiaire de cet arbre. A sa sortie de
la volute 21, l'arbre passe dans un ensemble de deux joints à labyrinthe 26 eux-mêmes
entourés par la barrière thermique 28 parcourue par un serpentin 29 alimenté en eau
de refroidissement.
[0032] L'arbre 27 traverse alors l'espace annulaire 30 délimité par un boitier disposé autour
de l'arbre suivant toute sa longueur jusqu'à son raccordement avec le moteur d'entrainement
31.
[0033] A l'intérieur de cet espace annulaire sont disposés le palier 32 permettant le guidage
de l'arbre et les joints 33, 34 et 35.
[0034] Le premier joint 33 disposé en amont est du type hydrostatique à fuite de liquide
entre sa partie tournante liée à l'arbre 27 et sa partie fixe liée au boitier.
[0035] Les joints 34 et 35 sont du type mécanique comportant deux parties frottantes dont
l'une est solidaire de l'arbre et l'autre du boitier.
[0036] Un circuit d'alimentation en eau froide sous pression 36 permet d'amener cette eau
froide à une pression légèrement supérieure à la pression de l'eau mise en circulation
par la pompe, dans l'espace annulaire 30, en amont du joint 33.
[0037] La pression de cette eau froide est réglée grâce à une vanne de dérivation 38 et
à une pompe de charge 40 placée en dérivation sur la conduite principale du circuit
26. Un manomètre 39 permet de vérifier la pression dans le circuit 36. Des conduites
41, 42 et 43 permettent de recycler l'eau récupérée à l'aval du joint 33 dans le circuit
d'alimentation 36.
[0038] Le dispositif d'étanchéité suivant l'invention comporte de plus un joint auxiliaire
45 disposé en amont du joint hydrostatique 33 dans la partie de l'espace annulaire
30 constituant une chambre 46 en communication avec la partie interne de la volute
41, par l'intermédiaire des joints labyrinthes 26.
[0039] Le joint auxiliaire 45 est un joint mécanique à surfaces frottantes qui sépare la
chambre 46 en deux parties, 46a située à l'amont du joint 45 et 46b situé à l'aval
du joint 45 et à l'amont du joint 33.
[0040] Une conduite 47 permet de joindre les deux parties 46a et 46b de la chambre 46. Une
vanne 48 est disposée sur la canalisation 47 pour isoler ou mettre en communication
les deux parties de la chambre 46.
[0041] Un clapet 49 est placé en dérivation par rapport à la vanne 48.
[0042] En se reportant à la figure 3, on retrouve les mêmes éléments que ceux représentés
sur la figure 2 et avec les mêmes repères, la pompe primaire étant du même type que
la pompe représentée sur la figure 1.
[0043] Sur la figure 3, le circuit 36 n'a cependant pas été représenté pour éviter de compliquer
la représentation.
[0044] Le joint auxiliaire 45 est constitué d'une partie fixe 50 solidaire du.boitier 29
et d'une partie mobile 51 solidaire de l'arbre 27, dont les surfaces disposées en
vis à vis sont en contact frottant.
[0045] Le joint hydrostatique 33 consiste en une garniture flottante et une garniture tournante
séparées par un film d'eau à fuite contrôlée. L'épaisseur du film d'eau (eau filtrée
et injectée en amont du joint 33 dans la chambre 46b par le circuit 36) est régulée
par le profil géométrique des parties actives en fonction de la pression dans la chambre
46b. La fuite d'eau de ce joint 33 est évacuée en partie à travers le joint 34 et
le reste vers le circuit 36 par la conduite 41 (figure 2).
[0046] On va maintenant décrire, en se référant aux figures 2 et 3, le fonctionnement du
dispositif d'étanchéité suivant l'invention.
[0047] Pendant le fonctionnement normal de la pompe, le réacteur nucléaire étant en service,
celle-ci provoque la circulation de l'eau du circuit primaire qui est à une pression
de l'ordre de 150 bars et à une température supérieure à 300°C. La vanne 48 disposée
sur la conduite 47 mettant en communication les deux parties de la chambre 46 est
ouverte. De l'eau froide est amenée par le circuit 36 dans la partie 46b de la chambre,
à une pression un peu supérieure à la pression du circuit primaire. La mise en communication
des deux parties 46a et 46b de la chambre 46 par la conduite 47 produit un équilibrage
de pression entre ces deux parties de la chambre, si bien que la différence de pression
à travers le joint auxiliaire 45 est négligeable. On peut donc prévoir un contact
frottant entre les surfaces en regard du joint 45, avec une pression d'application
faible si bien que l'usure de ce joint est très limitée. D'autre part, le joint 45
est refroidi par l'eau du circuit 36 et travaille à température modérée.
[0048] Le dispositif d'étanchéité fonctionne-alors comme les dispositifs de l'art antérieur,
la différence de pression à travers le joint hydrostatique 33 étant pratiquement égale
à la surpression du circuit primaire.
[0049] Lors d'un arrêt du réacteur, la pression du circuit primaire peut s'abaisser jusqu'à
une valeur faible, par exemple inférieure à 26 bars. Pour maintenir la poupe en état
de marche, il suffit alors de fermer la vanne 48 et de régler le débit et la pression
de l'eau froide injectée par le circuit 36, en agissant sur la vanne 38 et la pompe
39, de façon à maintenir une pression suffisante dans la chambre 46b délimitée par
le joint hydrostatique 33 et par le joint auxiliaire 45. De préférence, on choisira
cette pression égale à 26 bars de façon à être juste au-dessus du seuil minimal du
Δ p permettant le fonctionnement du joint 33.
[0050] Dans ces conditions, la différence de pression entre la chambre 46b soumise à une
pression voisine de 26 bars et la chambre 46a soumise à une pression voisine de celle
du circuit primaire est au plus égale à 26 bars, si bien que la chute de pression
de part et d'autre du joint 45 est au plus égale à cette valeur.
[0051] Ceci est compatible avec un fonctionnement du joint 45 dans de bonnes conditions.
[0052] Dans tous les cas, les joints à surfaces frottantes du dispositif d'étanchéité représenté
aux figures 2 et 3 fonctionnent dans de bonnes conditions car les chutes de pression
de part et d'autre de ces joints sont faibles et la circulation de l'eau venant en
contact avec ces joints permet la lubrification des surfaces frottantes. Le joint
45 est refroidi et lubrifié par l'eau injectée par le circuit 36 alors que les joints
34 et 35 sont refroidis et lubrifiés par une partie de l'eau traversant le joint 33.
Cette eau permettant le refroidissement et la lubrification est finalement recyclée
par les conduites 41, 42 et 43.
[0053] Le clapet 49 placé en dérivation par rapport à la vanne 48 est conçu pour rester
fermé tant que la pression dans la chambre 46a est inférieure à la pression dans la
chambre 46b. Ce clapet ne s'ouvre que dans le cas d'une surpression dans la chambre
46a par rapport à la chambre 46b. Pendant le fonctionnement normal du réacteur, ce
clapet reste donc fermé puisque le circuit 36 introduit de l'eau en légère supression
par rapport à l'eau du circuit primaire.
[0054] Lors d'un arrêt du réacteur, la pression étant amenée à une valeur faible dans le
circuit primaire et la vanne 48 étant fermée, s'il se produit une avarie sur le circuit
d'alimentation 36, la pression dans la chambre 46a devient supérieure à la pression
dans la chambre 46b qui n'est plus alimentée et le clapet 49 s'ouvre, si bien que
l'eau du circuit primaire refroidie par la barrière thermique 28 peut pénétrer dans
la chambre 46b et assurer la fonction de refroidissement et de lubrification des joints
à surfaces frottantes en remplacement de l'eau froide injectée par le circuit -36.
[0055] On voit donc qu'un avantage du dispositif suivant l'invention est de permettre le
fonctionnement des pompes primaires d'un réacteur nucléaire à basse pression. Pendant
les phases d'arrêt du réacteur il devient possible de continuer à faire circuler l'eau
du circuit primaire sans recourir à des moyens auxiliaires pour maintenir sa pression
audessus de 26 bars.
[0056] D'autre part le circuit de refroidissement du réacteur qui permet d'abaisser la température
et la pression du circuit primaire au cours des phases de mise en arrêt à froid du
réacteur peut être utilisé à des pressions inférieures à 26 bars ce qui n'était pas
possible antérieurement puisqu'une circulation de l'eau primaire doit être maintenue
pendant les phases de mise à l'arrêt.
[0057] Il en résulte que ce circuit de refroidissement pourra être utilisé jusqu'aux phases
ultimes de l'arrêt à froid du réacteur.
[0058] Mais l'invention ne se limite pas au mode de réalisation qui vient d'être décrit
elle en comporte au contraire toutes les variantes.
[0059] C'est ainsi qu'au joint hydrostatique disposé en amont du dispositif d'étanchéité
peuvent être associés des joints d'un type quelconque et que le nombre de ces joints
n'est pas limité.
[0060] On peut également imaginer l'utilisation d'un dispositif d'étanchéité suivant l'invention
dans le cas d'une pompe pour fluide à haute pression différente d'une pompe de circulation
de l'eau du circuit primaire d'un réacteur nucléaire à eau sous pression.