Domaine technique
[0001] La présente invention concerne un procédé pour délignifier le bois et autres matériaux
lignocellulosiques et, simultanément, hydrolyser l'hémicellulose de ceux-ci en sucres
monomères en présence d'acide aqueux, de phénol ou mélanges de phénols ou autres produits
phénoliques. Cette invention concerne des perfectionnements apportés à un procédé
similaire faisant l'objet d'une demande pré- cédenment déposée, notamment la demande
européenne No. 81810246.9. La présente invention concerne également des améliorations
dans le domaine de la chimie des constituants du bois en général et, plus particulièrement,
la séparation efficace et l'isolement de la pâte de cellulose, des pentoses du bois
et des phénols de la lignine.
Technique antérieure
[0002] L'utilisation du phénol et autres composés similaires comportant des fonctions phénoliques
pour extraire la lignine du bois et ainsi obtenir de la cellulose suffisamment pure
pour la fabrication du papier par exemple, est déjà connue. Ainsi, SCHWEERS (Chemtech
1974, 491; Applied Polymer Synposium 28, 277 (1975)) décrit l'utilisation d'un mélange
d'une partie de sciure de bois, quatre parties de phénol, et 10% d'eau acidifiée par
0.05% de HCl ou 2% d'acide oxalique, ce mélange étant chauffé 3 h à 160 - 170°C dans
un autoclave. Dans ces conditions, et après séparation de la phase liquide, on obtient
des rendements en cellulose de l'ordre de 40 à 60% par rapport au poids de bois traité,
cette cellulose ayant un index K (Kappa) de l'ordre de 40 à 100. Cet index K, utilisé
dans l'industrie papetière pour définir la qualité de la cellulose délignifiée, se
rapporte entre autres au contenu de la cellulose en lignine après délignification;
ce contenu est approximativement égal à K x 0,15 (TAPPI T - 236 m - 60, 1960). Dans
cette méthode, on peut également utiliser, au lieu du phénol, le produit de pyrolyse
de la phénol-lignine, celle-ci étant le produit qui se forme par réaction du phénol
avec la lignine lors de là délignification du bois par le phénol (demande de brevet
allemand DOS 2.229.673). Cette phénol-lignine, qu'on trouve mélangée à une partie
du phénol de départ est normalement séparée de la cellulose délignifiée par essorage
et lavage de celle-ci par un solvant organique à l'issue de l'opération de délignification.
[0003] Par ailleurs, d'autres produits phénoliques, tels que les divers xylénols, le catéchol,
le résorcinol, l'hydroquinone, les naphtols et les naphtaléne-diols ont été utilisés
pour délignifier le bois au taux de 2% par rapport à celui-ci et chauffage (en milieu
aqueux, suspension bois/eau 1/1)' 90 min à 175°C, le tout suivi d'une extraction par
un mélange dioxanne-eau (WAYMAN et LORA, TAPPI 61 (6), 55 (1978)). Dans ces conditions,
des rendements en cellulose de l'ordre de 60% avec un taux résiduel de lignine de
4,6% (utilisation du β-naphtol) ont été observés.
[0004] En outre, APRIL et al (TAPPI 62 (5), 83 (1979)) mentionnent le chauffage à 205°C
de sciure de bois de pin en présence de 15 parties d'un mélange 1:1 de phénol-eau,
un tel traitement conduisant à une cellulose ne contenant plus que 3% de lignine.
D'après cette référence, les rendements en cellulose purifiée sont de l'ordre de 40%.
[0005] Les procédés faisant partie de l'état de la technique décrits ci-dessus sont, certes,
intéressants techniquement dans le sens qu'ils permettent de s'affranchir -des conditions
classiques de délignifi- caticn (procédé Kraft, sulfitique, etc..) lesquels font appel
à des composés soufrés difficilement recyclables après usage et qui sont la source
de graves problèmes d'assainissement. Ils ne sont cependant pas exempts de certains
défauts, notamment, l'obligation de travailler à des températures supérieures à 100°C
et sous pression. Ainsi, de telles conditions peuvent provoquer des problèmes d'étanchéité
et de maintien de la pression dans les réacteurs. De plus, comme l'hémicellulose du
végétal peut s'hydrolyser en pentoses pendant la délignification, il peut y avoir
déccnposition des pentoses libérés par l'hydrolyse de l'hémicellulose en furfural
et résinification de celui-ci. Il peut aussi y avoir réaction entre le phénol et la
lignine produite par la délignification et les produits de décomposition des pentoses
avec formation de résines solides d'où difficultés de récupération et de recyclage
des solvants phénoliques mis en jeu.
[0006] Aussi, un but de la présente invention consiste en un moyen simple et économique
pour séparer avec d'excellents rendements les constituants du bois et d'autres matériaux
ligno-cellulosiques, notamment, la paille, la balle, les écorces, les feuilles sèches
et autres résidus végétaux.
[0007] Un autre but de l'invention est un procédé pour délignifier les matériaux susmentionnés
et fournir une pâte cellulosique d'excellente qualité pour la fabrication des solutions
de cellulose ou un matériau de départ pour la production de glucose.
[0008] Un autre but de l'invention est de produire industriellement des phénols de bois
avec d'excellents rendements et des pentoses qui peuvent être ensuite transformés
en résines synthétiques, combustibles ou autres produits chimiques.
[0009] Un autre but de l'invention est un moyen efficace de récupérer des produits utiles
à partir de déchets végétaux ou de bois qui sont normalement brûlés ou jetés à l'égoût,
ce qui entraîne des pollutions indésirables.
[0010] D'autres buts apparaîtront au cours de la suite de cette description.
Exposé de l'invention
[0011] Le procédé de l'invention permet d'atteindre les buts ci-dessus, remédie aux défauts
susmentionnés et procure, en outre, d'autres avantages inattendus et surprenants comme
on le verra plus loin. Il est caractérisé par le fait qu'on chauffe une partie en
poids de la matière ligno-cellulosique avec au moins 0,5 parties en poids d'acide
aqueux dilué dont le pH ne dépasse pas 1,5 et au moins 0,4 partie de phénol ou d'un
ou plusieurs autres composés phénoliques. Ces composés phénoliques sont ceux mentionnés
ci-dessus et d'autres à définir ci-après. Les températures de chauffe sont dans le
domaine des températures de reflux du mélange aqueux phénolique à pression ordinaire
ou légèrement en deça ou au delà de celle-ci, par exemple entre environ 90 et 110°C.
Le poids du matériau ligno-cellulosique est compté sur la base de la matière sèche,
c'est-à-dire en en soustrayant le poids d'humidité naturelle. De préférence, on agite
ou déplace le liquide de manière à assurer un bon contact entre celui-ci et le solide
à traiter. Lorsqu'on utilise des rapports liquide/solide relativement élevés, on a
avantage à faire percoler continuellement le liquide dans le solide ce qui permet
une dissolution efficace de la lignine et l'hydrolyse de l'hémicellulose. Dans ce
cas, l'effet de reflux du liquide fournira le degré de contact recherché. Cependant,
suivant la nature du matériau ligno-cellulosique et lorsqu'on utilise des rapports
liquide/solide plutôt bas, par exemple dans la gamme de 0.5 à environ 2 ou 4 parties
d'acide aqueux ou d'acide aqueux et de phénol dissous par partie de matériau ligno-cellulosique
sec (ou de matériau ligno-cellulosique et de phénol non dissous), on peut assurer
un bon contact entre les réactifs solides et liquides par malaxage ou pétrissage préliminaire
de ceux-ci avant de les chauffer. Au lieu de mettre le liquide en mouvement par ébullition,
on peut le faire circuler en contact avec le solide divisé, par exemple au moyen d'une
pompe en circuit fermé. De plus, came on travaille à des températures de reflux voisines
de 100° à pression ordinaire (ou légèrement au dessus ou au dessous), il n'est pas
nécessaire de disposer d'un autoclave résistant à la pression ce qui, au point de
vue économique, est inportant.
[0012] La nature de l'acide aqueux utilisé n'est pas critique, pour autant qu'il s'agisse
d'un acide fort. Ainsi, les acides minéraux tels que H
2SO
4, HC1, H
3PO
4 conviennent mais on préfère les acides sulfuriques et chlorhydriques. On peut aussi
utiliser des acides organiques forts si on le désire, tels que, par exemple, les acides
oxalique, benzène-sulfonique et autres acides aromatiques sulfoniques, l'acide trichloracétique,
etc.., c'est-à-dire, en général, les acides fortement hydrosolubles dont le pH est
inférieur à 2. De préférence, on utilise du HC1 de concentration comprise entre 0,5
et 5%, de préférence, entre 1 et 3%.
[0013] Il faut noter que des références anciennes (Brevets allemands Nos DE-326.705 et 328.783
(1919)) mentionnent la délignification du bois et autres végétaux par du phénol en
présence de catalyseurs acides. On dit dans ces références que de tels catalyseurs
comprennent des acides minéraux et organiques et d'autres conposés à réaction acide
dans les conditions opératoires tels que AlCl
3, CuCl
2, SnCl
4, TiCl
3, le nitrophénol, le chlorophénol, etc.. Les quantités à utiliser de ces catalyseurs
sont qualifiées de "plus ou moins" dans la référence 328.783 sans autre renseignement;
dans la référence 326.705, on dit que le catalyseur est une solution de HCl à 0,01%.
A ce sujet, les présents inventeurs ont trouvé qu'avec un acide aussi dilué (pH supérieur
à 2), il n'est pas possible de délignifier efficacement une matière ligno-cellulosique
(à 100°C et sous pression ordinaire), comme on le verra ultérieurement dans la partie
expérimentale de cette demande. De plus, on n'indique nulle part dans les références
en question qu'on peut, en travaillant selon les indications préconisées, effectuer
l'hydrolyse pratiquement complète de l'hémicellulose et de séparer, d'avec la cellulose
délignifiée, d'une part, les sucres résultant de l'hydrolyse de l'hémicellulose du
produit de départ et, d'autre part, les phénols issus de la décan- position de la
lignine. En fait, les références disent plutôt qu'après récupération du phénol mis
en jeu par distillation de la phase liquide, il reste un résidu qui se transforme
en résine infusible. Cela démontre fortement que du furfural s'est formé et qu'il
a réagi avec les produits de décomposition de la lignine, ce qu'on veut précisément
éviter dans le procédé de la présente invention. Ainsi, bien au contraire, une séparation
de ces composants est possible suivant l'invention dans d'excellentes conditions came
on le verra ci-après.
[0014] Il existe aussi une référence (demande de brevet britannique No. 2,036,826 A) qui
décrit la délignification de matières ligno-cellulosiques et leur conversion simultanée
en sucres par hydrolyse dans une réaction catalysée par les acides et en présence
de solvants organiques. Cependant, cette méthode requiert des températures et pressions
élevées et, par cela, un appareillage dispendieux.
[0015] Il faut aussi mentionner le fait que, dans la présente invention, l'utilisation de
concentrations en HCl nettement supérieures à 5% en poids dans la phase aqueuse est,
soit inutile, soit même néfaste. Ainsi, si on effectue la réaction avec de l'acide
plus concentré, par exemple à 10% de HCl, il peut se produire des effets indésirables
tels que décompositions partielles, résinifications et pertes de rendement. Aussi,
on évitera de telles conditions en général à moins qu'on ne désire obtenir certains
effets spéciaux. Avec des acides autres que HC1, des proportions plus fortes sont
possibles (en raison, par exemple, d'un poids moléculaire supérieur). Par exemple
dans le cas de H
3PO
4, on peut encore admettre une concentration de 10%.
[0016] Comme phénol et autres composés phénoliques, on peut utiliser outre l'hydroxybenzène
et la plupart des phénols disponibles commercialement, notamment les composés suivants:
p-crésol, o-crésol, guaiacol, 4-éthylphénol, 2,4-xylénol, 4-méthylguaiacol, 4-éthylguaiacol,
2-éthylguaiacol, 4-vinylguaiacol, 4-prcpylguaiacol, eugénol, 1,3-di- méthoxy-pyrogallol,
vanilline, 1,3-diméthoxy-5-méthylpyrogallol, trans- isoeugénol, catéchol, phloroglucinol,
pyrocatéchol, homocatéchol, etc.. et des mélanges quelconques de ces phénols où, également,
des mélanges de produits phénoliques issus de la pyrolyse de la phéno-lignine, celle-ci
étant, comme on l'a déjà indiqué plus haut, le produit de réaction entre le phénol
(ou des autres composés phénoliques) avec la lignine dégradée et dissoute au cours
de la délignification du bois en présence de phénol (ou des autres phénols). De plus,
on peut avantageusement utiliser, dans le cadre du présent procédé, en tout ou partie
des matières phénoliques, la phénol-lignine elle-même (pour autant qu'elle ne soit
pas trop résinifiée par réaction avec les produits de décomposition thermique des
pentoses provenant de l'hydrolyse de l'hémicellulose, par exemple, le furfural). Or,
c'est là un des avantages inattendus de l'invention: aux températures relativement
peu élevées de reflux, l'hydrolyse des pentoses du bois dans l'acide dilué en présence
de phénol se fait avec un rendement exceptionnellement élevé et les pentoses qui en
proviennent ne subissent qu'un minimum de décomposition en furfural ou autres produits.
Il en résulte que la résinification de la phénol-lignine est peu prononcée et que
celle-ci peut être réutilisée plusieurs fois, de cycle à cycle, sans que l'efficacité
de la délignification en soit notablement diminuée. Ce facteur constitue un avantage
considérable par rapport à l'art antérieur où, justement, aux températures mises en
oeuvre, de l'ordre de 160°C ou plus, la phénol-lignine se rési- nifie rapidement et
perd ainsi ses qualités de solvant de délignification. On notera que lorsqu'on utilise
de la phénol-lignine, on a avantage à la mélanger au phénol ou autres composés phénoliques.
[0017] Par ailleurs, le fait que les pentoses ne se décomposent pratiquement pas est un
autre avantage puisque, ensuite, on peut les récupérer en vue de leur utilisation
ultérieure comme on le verra plus loin.
[0018] Enfin, et c'est là que réside l'un des avantages les plus marquants et les plus inattendus
de l'invention, quand on a affaire à un rapport liquide/solide de 4:1 ou plus, il
n'est nullement nécessaire, après séparation de la cellulose purifiée par essorage
à la fin d'un cycle, de distiller la phase ligno-phénolique afin d'en récupérer le
mélange des phénols devant servir à la délignification d'une nouvelle portion de sciure
de bois; suivant le présent procédé, il suffit d'isoler, d'une part, la cellulose
délignifiée par essorage et, d'autre part, l'ensemble de la phase aqueuse et de la
phénol-lignine contenant le phénol n'ayant pas réagi, cet ensemble étant directement
réutilisable, après addition d'une nouvelle portion de sciure de bois, pour l'opération
de délignification suivante: cette séquence peut se poursuivre jusqu'à ce que la phase
aqueuse atteigne une concentration élevée en pentoses (jusqu'à des valeurs de l'ordre
de 200 g/1). A ce stade, il est évident que la solution aqueuse doit être écartée
en vue de la récupération des pentoses dissous; de même, à ce stade, la phase de phénol-lignine
mélangée aux phénols est également à écarter, ayant perdu de son efficacité en tant
que solvant de délignification par surconcentration et par contamination avec les
produits de résinification des pentoses. Cependant, et c'est là encore un des avantages
de l'invention, cette phase ligno-phénolique peut alors fournir, par distillation
et pyrolyse, un rendement exceptionnel en phénols de bois (un mélange qui convient
parfaitement à la mise en oeuvre du présent procédé) ce qui rend l'invention autonome,
et même excédentaire, en phénol et autres composés phénoliques.
[0019] L'invention permet donc de produire dans des conditions d'éco- nanie exceptionnelle
et avec des rendements excellents: de la cellulose de degré de pureté élevé (même
à partir de produits ligno-cellulosiques à fort pourcentage de lignine), des pentoses
facilement séparables et utilisables à d'autres fins, et des phénols dont une partie
est, naturellement, recyclée dans le procédé et le reste peut être traité par les
moyens habituels (distillation, extraction, etc.) pour en séparer les divers composants
en vue d'une utilisation ultérieure.
[0020] Dans le procédé de la présente invention, la quantité d'eau acidulée qu'on emploie
par rapport aux matières ligno-cellulosiques moulues ou en poudre (bois en copeaux
ou en sciure, pailles de blé, de riz, de céréales diverses hachées, épis de mais égrénés
et, en général, toutes matières végétales ligno-cellulosiques sèches ou fraîches)
n'est pas particulièrement critique à condition qu'un bon contact liquide/solide soit
assuré et que la quantité d'eau présente soit stoechiométriquement suffisante pour
hydrolyser les pentosanes.
[0021] Ainsi, si le rapport liquide/solide est plutôt élevé, par exemple 2:1 ou plus, l'effet
d'agitation ou de percolation fourni par l'ébullition du mélange eau-phénol est suffisant
pour assurer un bon- contact, continuellement revouvelé, entre solide et liquide.
Ainsi, pour garantir un bon reflux, il faut que la proportion d'eau par rapport au
solide soit suffisante pour fournir un milieu fluide, c'est-à-dire une suspension
dudit solide dans l'eau et l'acide. De manière générale 4 parties de liquide aqueux
pour une partie de solide en suspension (en poids) est suffisante, mais on peut opérer
avec plus de liquide si on le désire, par exemple de 5 à 50 parties de liquide; cependant,
utiliser de très grands volumes de liquide n'est guère pratique à cause des problèmes
d'encombrement.
[0022] On se souviendra qu'on peut également assurer un bon contact solide/liquide en agitant
ce dernier grâce à un agitateur ou en le faisant circuler en continu par une pompe
à travers un lit du matériau solide divisé. Si le rapport liquide/solide est plutôt
bas, c'est-à-dire inférieur à 2:1 ou 3:1, il est généralement suffisant de mélanger
l'acide aqueux et les phénols avec le matériau végétal divisé par pétrissage, par
exemple dans un pétrisseur à palette ou, plus simplement, en faisant pénétrer simultanément
le solide et le liquide dans un réacteur tubulaire au moyen d'une vis et en déplaçant
lentement le mélange intime du solide et du liquide dans la zone de chauffage du réacteur.
Le mélange solide/liquide réagit progressivement, se contracte et acquiert une fluidité
suffisante pour qu'on puisse l'extraire à l'extrémité opposée du réacteur par d'autres
moyens de déplacement.
[0023] En ce qui concerne la quantité du phénol ou des phénols de délignification, encore
une fois celle-ci n'est pas critique pour autant qu'on en utilise assez pour assurer
une bonne délignification du bois. Ainsi, si 4 parties de phénol ou du mélange de
phénols sont en général suffisantes pour 10 parties de matières ligno-cellulosiques
divisées, on peut utiliser, si on le désire, plus de phénol, c'est-à-dire, 10, 20
ou même 50 parties de phénol. Utiliser beaucoup de phénol et beaucoup de phase aqueuse
acide peut, au premier abord, paraître avantageux car, alors, on pourra recycler la
phase liquide un plus grand nombre de fois avant de l'écarter pour en extraire les
pentoses et les phénols utiles; cependant, cet avantage est, en fait, assez illusoire
car, alors, la quantité de matière solide par rapport au volume total du milieu réactionnel
étant plus faible, le rendement de chaque cycle en sera d'autant diminué et le rendement
global utile après un certain nombre de cycles ne sera pas essentiellement modifié.
[0024] En conséquence, dans la pratique générale de l'invention, on préfère utiliser, pour
une partie des matières cellulosiques à l'état divisé, de 1 à 6 parties de phénol
et de 1 à 10 parties d'acide dilué, par exemple du HCl à 1,5 - 2% ou du H
2S0
4 aqueux à 3 - 6% en poids. On préfère également que le rapport en poids eau/phénol
soit supérieur à 1 et, avantageusement, de l'ordre de 3:2 ou 2:1.
[0025] De manière générale, pour mettre en oeuvre l'invention avec des rapports liquide/solide
de l'ordre de 2:1 à 4:1 ou plus, on mélange dans un récipient (ballon au laboratoire,
réacteur en verre ou en acier inoxydable dans l'industrie) la matière ligno-cellulosique
en forme divisée (par exemple, éclats, copeaux ou sciure de bois) avec l'acide dilué
et le phénol ou le mélange de phénols et on porte à l'ébullition de 1 à 8 h. Si désiré,
un appareillage plus élaboré peut également être utilisé comme on le verra plus loin.
En général, 2 à 4 h de reflux sont suffisantes, ce qui constitue encore un avantage
de l'invention par rapport à l'art antérieur où les temps de chauffe (sous pression)
sont beaucoup plus longs. Une fois la période de reflux terminée. on essore le solide
résiduel qui est constitué par de la cellulose très pure (K étant de l'ordre de 30
à 100) avec un rendement de l'ordre de 80 à 90% par rapport au rendement théorique
de l'échantillon en cellulose corrpté comme 100% et on la lave avec un peu d'eau chaude
éventuellement alcalinisée par NaOH ou KOH et/ou un solvant hydroconpatible (par exemple,
l'acétone ou le méthanol) afin d'en enlever pratiquement tout le phénol. Puis on reprend
la phase liquide (acide dilué plus phénol plus phénol-lignine produits par la délignification)
et on la recycle avec une nouvelle portion de sciure de bois. On peut alors répéter
au moins quatre fois ce recyclage, l'efficacité de la délignification et la pureté
de la cellulose produite ne diminuant que lentement.
[0026] Après un certain nombre de cycles, on sépare la phase aqueuse riche en pentoses de
la phase ligno-phénolique par simple décantation. On extrait alors les pentoses de
la solution aqueuse par les moyens habituels ou, si désiré, on peut directement traiter
cette solution par la chaleur, de manière à transformer les pentoses en carposésfuranniques.
On peut également soumettre cette solution aqueuse à la fermentation (préparation
de matières protéiques, d'alcool, etc..), le phénol dissous dans cette phase aqueuse
pouvant également en être récupéré (par exemple par extraction et par distillation).
[0027] Quant à la phase organique liquide, on la distille d'abord, ce qui permet de récupérer
une quantité importante de phénol pur et un mélange de phénols de lignine; puis on
pyrolyse le résidu indistil- lable ce qui fournit encore des phénols et un résidu
carboné poreux utilisable comme combustible ou carme charbon adsorbant ainsi que des
matières volatiles (gaz) également combustibles.
[0028] Il faut mentionner qu'on peut, à la fin de l'opération de délignification d'une charge
de matière ligno-cellulosique et après séparation par décantation de la phase phénolique
de la phase aqueuse, remettre en contact cette dernière, à chaud, avec la pâte cellulosique
délignifiée afin de parfaire l'élimination du reste des phénols encore adsorbés sur
celle-ci. Après un tel rinçage de la cellulose délignifiée par la phase aqueuse, on
remarque que celle-ci se sépare à nouveau au refroidissement en deux phases qu'on
peut isoler par décantation. En conséquence, on peut répéter ce "rinçage" une ou plusieurs
fois si désiré chaque fois avec la phase aqueuse dont une partie du phénol a été éliminée.
Par ce moyen, on peut réduire le volume total de solvents (ou d'eau alcaline) nécessaire
au lavage de la cellulose à la fin de la réaction et augmenter ainsi le taux de récupération
des phénols de la phase aqueuse.
[0029] Les modifications décrites ci-dessus sont principalement applicables lorsque, suivant
le présent procédé, le rapport liquide/solide dépasse une certaine valeur (de l'ordre
de 2:1 à environ 4:1) à laquelle le solide se disperse facilement dans le liquide
et à laquelle, lorsque la réaction est finie, le liquide se sépare facilement du solide
par les moyens habituels, par exemple filtration sous vide ou usage de filtre-presses.
Lorsque le rapport liquide/solide est inférieur à une telle valeur (en fait cette
valeur n'est pas strictement fixée puisqu'elle peut naturellement dépendre de facteurs
tels que la nature du matériau ligno-cellulosique, les techniques de hâ- chage et
la dimension et l'état de surface des particules), c'est-à-dire quand le rapport liquide/solide
est inférieur à celui auquel le solide se disperse librement dans le liquide et dans
le cas où le liquide est plutôt à l'état "adsorbé" sur le solide en particulier, on
utilise de préférence d'autres techniques de manipulation. Ainsi, dans de tels cas,
on malaxe ou pétrit ensemble le solide en particulier, l'acide aqueux et le phénol
(ou phénols) par un moyen usuel quelconque, par exemple un agitateur à marche lente,
un malaxeur ou autre et on introduit la masse pâteuse pétrie dans un dispositif approprié
à l'opération de chauffe. Un tel dispositif peut être un tube fermé ou un réacteur.
A l'échelle industrielle on utilise avantageusement un dispositif à vis relié à un
réacteur tubulaire vertical. On introduit le matériau sous forme divisée dans la trémie
du dispositif à vis et on injecte les liquides latéralement dans le conduit du dispositif
à vis, ce qui permet un mélange efficace liquide/solide lors du déplacement des matériaux
en direction du réacteur. Ces matériaux sont alors progressivement introduits en continu
dans le réacteur par son extrémité supérieure et le mélange est chauffé dans celui-ci
pendant le temps voulu, par exemple de 0,5 à 2 h en tout, ce qui occasionne sa contraction
et sa fluidisation partielle (par hydrolyse et délignification), la masse pâteuse
se rassemble au fend du réacteur d'où on la retire par d'autres moyens usuels, par
exemple un second convoyeur à vis.
[0030] A sa sortie du réacteur, on soumet la masse pâteuse à des traitements de séparation
des composants du matériau ligno-cellulosique (c'est-à-dire, la cellulose, les sucres
monomères et les composés phénoliques) lesquels sont encore mélangés ensembles mais
potentiellement scindés les uns des autres (au sens chimique) par le procé- décrit
ci-dessus. De tels traitements conprennent des lavages similaires aux étapes de rinçage
déjà décrites en ce qui concerne les portions de cellulose délignifiée. La masse pâteuse
peut être reprise par un solvent aqueux convenable pour entraîner les contaminants
solubles et les séparer de la cellulose délignifiée. Canne tel solvant, de l'eau chaude
saturée de phénol convient. En effet, si on traite la masse par un tel solvant puis
qu'on l'essore sur un filtre par exemple, la phase liquide entraîne les constituants
phénoliques, l'acide et les pentoses d'hydrolyse, cette phase liquide se séparant
ensuite en une couche organique (phénol) et une couche aqueuse (solution de sucres)
décantables et qui peuvent être ensuite trai-. tées séparément comme on l'a décrit
auparavant. Bien entendu, dans les cas où le rapport liquide/solide est plutôt faible,
la saturation du solvant phénolique par la phénol-lignine se produira rapidement (déjà
après un cycle opératoire normalement} et il n'y a pas lieu de prévoir la remise en
jeu directe du mélange phénol-phénol-lignine. Aussi, de tels cas se rapportent-ils
plutôt à un procédé en continu suivant lequel on introduit continuellement le matériau
à délignifier ainsi que les autres réactifs dans l'appareil à délignifier, et on récolte
directement les produits formés en vue de leur purification ultérieure.
[0031] En résumé, le présent procédé présente par rapport à l'état de la technique les avantages
suivants:
a) Tenpérature réactionnelle modérée, ce qui permet de travailler dans des récipients
non scellés et pouvant fonctionner à la pression atmosphérique où légèrement en dessous
et au-dessus de celle-ci.
b) Excellente efficacité de dissolution des pentosanes dans la phase aqueuse (rendements
de l'ordre de 98%) et possibilité inmédia- te de récupérer et utiliser les pentoses
ainsi formés.
c) Minime formation de produits de réaction phénol-lignine dissoute et dégradation
très limitée des pentoses aux températures de travail et, partant, formation minimum
de résines entre les phénols et ces produits de dégradation, d'où récupération aisée
des phénols et même formation d'un excédent de ceux-ci.
d) Séparation aisée des trois phases clé du procédé: phase solide, cellulose d'un
haut degré de pureté; phase aqueuse riche en pentoses et phase ligno-phénolique dont,
par distillation d'abord puis pyrolyse ensuite, on récupère une portion considérable
de produits utiles.
e) Mise en valeur complète des constituants du bois, les pertes étant maintenues à
un minimum. Dans les procédés classiques, la lignine et les pentoses sont plus ou
moins perdus.
f) Qualité de la cellulose obtenue et excellent rendement de purification.
g) Autonomie du procédé relativement aux matières premières. Après une première addition
de phénol, la fabrication peut se poursuivre au moyen des phénols récupérés sans apport
extérieur. De plus, énergétiquement parlant, le résidu charbonneux combustible ainsi
que les volatils récupérés rend le procédé autonome qui ne comprend aucune étape d'évaporation
et de concentration de grands volumes aqueux.
h) Lorsqu'on utilise des rapports liquide/solide relativement élevés, le recyclage
répété de la phase liquide pour délignifier plusieurs portions successives de matières
ligno-cellulosiques fournit, après plusieurs cycles, une phase aqueuse dont la concentration
en sucres est très élevée.
i) La lignine non pyrolisée peut être utilisée directement can- me combustible (peu
polluant car ne contenant ni soufre, ni minéraux), comme source de phénols ou comme
matière première de résines poly- mériques.
j) Possibilité de mettre en jeu une variété étendue de déchets ligno-cellulosiques
(bois de qualités et d'essences diverses, matières herbacées, feuilles déchets de
papeterie, bagasse, pailles, écorces, etc..) à l'état vert ou sec, l'eau nécessaire
à la réaction étant facilement mesurée selon le degré d'humidité de la matière de
départ. Ainsi, on peut utiliser aussi bien des cannes à sucre fraîchement extraites
(bagasse verte) que des cannes à sucre après séchage (bagasse sèche), la quantité
d'eau à ajouter dans le réacteur étant plus forte dans le second cas.
[0032] On mentionnera encore, en tant que contexte général, certaines références dont l'objet
est plus ou moins en rapport avec l'invention. Le brevet USP 3,776,897 concerne l'addition
d'un solvant organique à une liqueur sulfitique de délignification du bois après acidification
de celle-ci; il en résulte d'abord la séparation de
[0033] hemicellulose et, ensuite, la séparation d'une solution aqueuse
1e sucres et d'une phase organique contenant la lignine. Quoiqu'on puisse voir certaines
analogies entre ce procédé de séparation et la mise en oeuvre de la présente invention,
cet art antérieur ne peut rendre l'invention évidente. En effet, l'extraction sélective
des composants d'un mélange par une opération de séparation en deux liquides non-miscibles
est connue en général dans l'industrie chimique et, dans ce contexte, la référence
n'enseigne rien de plus qu'un manuel de chimie expérimentale. Ainsi, le domaine général
auquel se rapporte la référence, c'est-à-dire celui des liqueurs sulfitiques alcalines
qu'on doit acidifier au préalable et le degré négligeable d'hydrolyse des pentosanes,
etc., ne fournit pas aux spécialistes l'information susceptible de conduire à la présente
invention.
[0034] Le brevet français No. 1.430.458 fournit un enseignement très voisin de celui du
brevet US évoqué ci-dessus et ne permet pas non plus de réaliser le procédé de l'invention.
Il existe encore une troisième référence, le brevet britannique GB 341,861 suivant
lequel on distille à 300°C les résidus d'évaporation de solutions alcalines de digestion
de la ligno-cellulose. De tels résidus, riches en pentosanes et pauvres en lignine
(voir page 1, lignes 60 - 85) fournissent, par distillation, des mélanges d'acides,
d'hydrocarbures, de phénols, de furfural et gaz divers, un tel résultat ne semblant
guère différent de celui de la distillation sèche du bois (à l'exception du méthanol).
Finalement, une dernière référence (TAPPI 52, 486 - 488 (1969)) traite de la conversion
en furfural des pentoses résiduels tirés d'une liqueur sulfitique de délignification
du bois. Il ne semble pas qu'on puisse trouver dans cette référence une quelconque
information utilisable par analogie pour réaliser la présente invention.
[0035] Les exenples qui suivent illustrent l'invention en détail.
Exemple 1
[0036] Dans un ballon de pyrex de 250 ml équipé d'un condenseur, on a placé 10 g de sciure
de hêtre à 10% d'humidité (contenant 17,25% de pentosanes, 53,6% de cellulose, 27,4%
de lignine et 1,2% de cendres), 40 g de phénol et 60 ml de HCl aqueux à 1,85% (pH
0,3). On a fait bouillir 4 h à reflux après quoi on a essoré sur büchner et lavé à
l'eau chaude et à l'acétone les fibres solides sur büchner; rendement 4 g, 78%, Kappa
= 40; taux de lignine = 6% (analyse par méthode TAPPI T 122 OS-74).
[0037] Après refroidissement, la phase liquide provenant de la filtration de la cellulose
s'est séparée en deux phases qu'on a isolées par décantation au moyen d'un entonnoir
à robinet. La phase supérieure, aqueuse, analysée par la méthode de LISOV & YAROTSKII
(IZVEST. AKAD NAUK SSSR, Ser, Khim. (4), 877-88 (1974) contenait 1,47 g (85%) de pentoses
et 0,43 g (8%) d'hexoses accompagnés d'une petite quantité de phénol dissous. La phase
organique, plus lourde (42 g), contenait le gros du phénol, et en solution dans celui-ci,
la phénol-lignine produite par la délignification du bois. On a également récupéré
une quantité notable de phénol dans les eaux de lavage de la cellulose.
Exemple 2
[0038] Dans un ballon de 2 1 équipé comme décrit à l'Exemple 1, on a placé 100 g de sciure
de hêtre (voir composition à l'Exemple 1), 400 g de phénol et 600 ml de HCl aqueux
à 1,85%. Après 4 h de chauffe à ébullition, on a essoré sur büchner et on a lavé avec
du HCl à 1,85% chaud jusqu'à obtention d'un filtrat pesant, au total, 1000 g. On a
prélevé un échantillon de ce filtrat aux fins d'analyse, puis on a répété l'opération
ci-dessus en utilisant, à nouveau, 100 g de sciure et les 1000 g de filtrat mentionnés
ci-dessus. On a ensuite répété encore deux fois l'opération précitée, toujours avec
des portions fraîches de 100 g de sciure et, carme phase liquide, le filtrat de l'opération
précédente. On a chaque fois prélevé des échantillons aux fins d'analyse. Les résultats
sont consignés au Tableau I ci-dessous avec, y compris, les résultats d'analyse des
portions de cellulose délignifiée obtenues.

[0039] Après la dernière opération, le liquide a été séparé comme à l'Exenple 1 en sa phase
aqueuse et sa phase organique. La phase aqueuse a été extraite au toluène à contre-courant
et les extraits, après évaporation du solvant, ajoutés à la couche organique. La phase
aqueuse contenait environ 60 g de pentoses. Par distillation à la vapeur de cette
phase aqueuse, on a transformé ces pentoses en furfural.
[0040] Les phases organiques combinées (environ 490 g) ont été distillées (73°C/13 Torr)
ce qui a fourni 323 g de phénol (environ 67%), le restant étant constitué par un mélange
de phénols de bois et de lignine partiellement dégradée ce qui a été montré par analyse
par RMN.
[0041] On a ensuite pyrolysé sous azote à 450°C le résidu non distillé ce qui a fourni 111,6
g (68% du résidu) d'un mélange anhydre de phénol (62,4%) et de composés phénoliques
(37,6%) qu'on a soumis à une chranatographie en phase gazeuse (voir SCHWEERS & RECHY,
PAPIER, 26 (10a), 585 (1972)) ce qui a permis d'identifier un certain nombre de phénols
typiques résultant de la dégradation de la lignine du bois, par exemple, le guaiacol,
les crésols, les méthyl- et éthyl- guaiacols, etc..
[0042] Le résidu de la pyrolyse (51,3 g, 30,7%) consistait en résidu charbonneux poreux
et la différence pour faire 100% était due au départ de gaz non condensables.
Exemple 3
[0043] On a procédé exactement came dans les Exemples précédents en utilisant 5 g de sciure
de bois, 30 ml de HCl aqueux à 1,85% et 20 g du mélange des phénols obtenus par pyrolyse
dans l'Exenple 2. On a ainsi obtenu 2 g de cellulose, K = 33; 5% de lignine. La phase
aqueuse contenait 0,85 g, 98,6% de la quantité théorique des pentoses sur la base
du contenu en hémicellulose de la sciure utilisée, 0,24 g, 9% d'hexoses et 1 g de
phénol. La phase organique (21 g) contenait 8,3 g de phénol séparé par distillation.
[0044] On a procédé à un essai comparatif en soumettant 10 g de sciure à 4 h d'hydrolyse
dans 100 ml de HCl à 1,85% mais sans phénol. Dans ce cas, le rendement en pentoses
n'a été que de 70% environ ce qui montre, et c'est là un effet surprenant et inattendu,
que les phénols favorisent l'hydrolyse de l'hémicellulose des matières ligno-cellulosiques
en même temps qu'ils effectuent la délignification de celles-ci.
Exemple 4
[0045] Dans un ballon de 500 ml équipé d'un réfrigérant et d'un agitateur, on a introduit
100 g du mélange de phénols tel qu'obtenu par pyrolyse à l'Exemple 2 et 123 g de formaldéhyde
en solution aqueuse à 37%. On a ajouté encore 4,7 g de Ba(OH)
2.8H20 et on a agité le mélange 2 h à 70°C. On a alors acidifié à pH 6-7 avec du H
2SO
4 à 10% et procédé à une concentration sous pression réduite à une température ne dépassant
pas 70°C jusqu'à obtention d'une masse visqueuse. Cette masse constitue une résine
type "RESOL" au stade "A" de polymérisation. On l'utilise, par exemple, pour la fabrication
de laminés, d'adhésifs pour agglomérés et de vernis thermo-durcissables suivant les
moyens habituels.
Exemple 5
Etude des paramètres opérationnels
[0046] Dans le but de mieux connaître l'influence de paramètres opérationnels tels que température,
temps réactionnel, concentration d'acide, rapport phénol/solide, on a entrepris une
série d'essais avec des échantillons de 30 g (1 partie) de bagasse sèche (composition
moyenne: cellulose 40,2%; hémicellulose 25,6%; lignine 22,2%; extractibles 7,24%;
cendres 4,76%) qu'on a traités par des mélanges différents de phénol et d'eau acidifiée,
à différentes températures et pendant des temps différents. Puis on a séparé la pâte
délignifiée par essorage et on l'a extraite à la soude caustique aqueuse à 5% de manière
à éliminer tout le phénol adsorbé sous forme de phénolate alcalin (puis on a acidifié
le phénolate afin que le phénol se sépare et on a ajouté cette seconde récolte de
phénol à la première récolte obtenue dans le liquide d'essorage). En addition à la
détermination du poids de la pâte de cellulose purifiée et de son contenu en lignine
résiduelle, on a mesuré la teneur de la phase aqueuse en sucres Ce et C
6 (pentoses et hexoses).
[0047] Pour les analyses, on a procédé comme suit: pour le phénol dans l'eau, on l'a converti
en tribromophénol par le brome à pH 0-1 suivi de titration à rebours de l'excès de
brome par le thiosulfate en présence de KI. On a aussi procédé à l'analyse par VPC
(colonne DC 550, huile de silicone; température de la colonne: 147°C; détecteur à
ionisation de flamme; températures de l'injecteur: 190°C; gaz porteur: azote au taux
de 60 ml/min). On a également eu recours à l'analyse HPLC (High Performance Liquid
Chranatography) (colonne C-18 RP-WATERS-Bondapack 10 u; solvant: acétone/eau 40/60
à 1 ml/min; détection à À = 254 mu; standard interne: acétcphénone).
[0048] On a analysé les sucres provenant de l'hydrolyse dans la phase aqueuse et les fractions
de lavage par la méthode à l'o-toluidine. Les résultats de ces analyses sont portés
dans les Tableaux qui suivent.
[0049] Les paramètres opératoires utilisés dans les essais décrits ainsi que les résultats
figurent aux Tableaux II à IV ci-après. Dans ces Tableaux, la colonne intitulée "solides
séparés" (parties en poids) concerne la somme de la cellulose isolée, la lignine non
dissoute, les cendres et d'autres impuretés insolubles. Le % en poids de la lignine
de cette cellulose est à la colonne suivante. Les chiffres concernant les sucres libérés
par hydrolyse sont donnés en % par rapport à la valeur théorique (100%) représentée
par le contenu en cellulose et hémicellulose de l'échantillon de départ.

[0050] Les chiffres du Tableau II indiquent qu'une prolongation du temps réactionnel améliore
la dissolution de la lignine et l'hydrolyse des pentosanes. La quantité de sucres
C
6 dissous ne change guère. Les résultats à 100°C sont meilleurs qu'à 90°C.
[0051]

[0052] Les chiffres du Tableau III indiquent que, mis à part une légère variation du taux
de lignine dans la cellulose, la diminution du taux de phénol utilisé pour la délignification
n'a pas grande importance.

[0053] Les données du Tableau IV montrent que des concentrations faibles d'acide, telles
que celles divulguées par HARTMUTH (brevet allemand 326,705) ne conviennent pas pour
réaliser l'invention dans les conditions choisies, c'est-à-dire ébullition à la pression
ordinaire. Trop d'acide est également néfaste aussi bien en ce qui concerne la production
des pentoses que du phénol.
Exemple 6
[0054] Cet exenple sera mieux compris si on se réfère au dessin en annexe qui représente
schématiquement un appareillage pilote pour la délignification de produits végétaux
hachés suivant l'invention.
[0055] L'appareil représenté comprend un réacteur 1 rempli de matériau végétal particulaire
jusqu'au niveau d'un écran 2 de retenue du solide mais qui laisse passer le liquide
de délignification. Par l'intermédiaire d'une vanne 3, le fond du réacteur communique
avec un réservoir 4 de la solution de délignification. Au moyen d'une pcm- pe 7, on
fait circuler cette solution du fond du réservoir 4 à la partie supérieure du réacteur
1 grâce aux vannes 5 et 6. De là, le liquide entre en contact avec les particules
du matériau végétal effectuant ainsi un lessivage continuel de celles-ci. Le réacteur
1 comprend un réfrigérant à reflux 8 et le réservoir 4 comprend un réfrigérant 9.
L'appareil comprend encore deux manteaux chauffants 10 et 11 à circulation de liquide
pour le réacteur et le réservoir, respectivement; le liquide de chauffage (huile ou
un liquide quelconque) est mis en circulation par une pompe et chauffé par un élément
de chauffe 13 contrôlé thermostatiquement. Une vanne de dérivation 14 est placée entre
la pompe 7 et la vanne 6 pour permettre de contrôler le débit de circulation du liquide
de délignification de manière à maintenir le liquide à douce ébullition dans le réacteur
1.
[0056] Le fonctionnement de l'appareil va de soi pour l'homme de métier d'après la description
qui précède et le dessin. D'autres commentaires sont donc superflus et il suffit de
donner les paramétres opératoires du présent Exemple: dans un réacteur 1 dont la double
enveloppe 10 présente un diamètre intérieur de 40 mm et une longueur de 370 mm, on
a tassé 67 g de bagasse hachée à 10% d'humidité (60,3 g de bagasse sèche). Ce réacteur
est relié au sommet à un réfrigérant 8 refroidi à l'eau. Le fond de la colonne a été
relié au réservoir thermostatisé 4 contenant la quantité requise de phénol aqueux
acidifié pour la délignification, soit 400 g de phénol (pureté 99,5%) et 600 ml d'HCl
aqueux à 1,85%. On a chauffé le phénol aqueux à 100°, tenpérature à laquelle la dissolution
de phénol dans l'eau est complète et la phase est homogène. On a mis cette phase en
circulation au moyen de la ponpe de recirculation en téflon 7. On a réglé le flux
de liquide de manière à en maintenir le niveau à une valeur adéquate au-dessus du
lit fixe de bagasse au moyen de la vanne de dérivation 14; par cela, on a aussi rendu
homogène le liquide circulant dans le circuit. On a maintenu 3 h le liquide en circulation
après équilibrage de la température à 100°C. Dans le lit fixe de bagasse, on a maintenu
le liquide en légère ébullition par élévation de la tenpérature de l'huile de chauffe
thermostatisée à 120°C. Après la fin de la réaction, on a arrêté la pompe et on a
essoré le liquide par gravité pendant le refroidissement. On a recueilli et on a refroidi
le liquide dans le réservoir 4. Puis on a séparé la couche organique (phase organique
principale) de la couche aqueuse par décantation. La couche aqueuse, après séparation
du premier jet de substances organiques, a été remise en circulation 3 h à 100° à
travers le lit de pâte de bagasse. Par ce traitement, on a séparé un surplus de phénol
qui était retenu par la fibre. On a refroidi la phase liquide (phase aqueuse principale)
à température ambiante de manière qu'elle se sépare à nouveau en deux couches. On
a à nouveau décanté la nouvelle couche organique (second jet de phénol) de la couche
aqueuse et on l'a réunie au premier jet. Puis on a lavé la cellulose restant dans
le réacteur 1 carme suit:
1er lavage: On a remis 500 ml d'eau dans le circuit et on l'a mis en circulation 2,5
h à 100°C. Puis on a évacué cette eau sous léger vide et on l'a mise en réserve aux
fins d'analyse.
2ème lavage (à l'alcali): On a fait circuler à nouveau 2 h à travers le lit de fibres
une solution de 10 g d'hydroxyde de sodium dans 500 ml d'eau à 40° (température maximum).
On a évacué cette solution sous pression légèrement réduite et on l'a acidifiée à
pH 5 avec du HCl. On a soumis cette solution à l'analyse du phénol.
3ème lavage (à l'acide): Q1 a retiré la pâte cellulosique du réacteur et, sur un entonnoir
de büchner, on l'a lavée par petites portions d'eau acidulée à pH 4 de manière à éliminer
toute trace d'alcalinité (total de la solution de lavage: 2 1). On a essoré la pâte
de cellulose par centrifugation dans un panier jusqu'à un taux d'humidité résiduelle
de 50 - 60%. On a prélevé un aliquot de cette fibre et on l'a séchée pour déterminer
le rendement total: trouvé 29 g de fibre de bagasse.
[0057] Dans la réaction, on a donc utilisé 67 g de bagasse (60,3 g à l'état sec), 400 g
de phénol, 600 ml d'HCl aqueux à 1,85%. Le total des composants est donc d'environ
1067 g.
[0058] On a recouvré, après la réaction et avant recirculation, 472 g de phase aqueuse principale,
294,5 g de phase organique principale et environ 300 g de pâte humide, ce qui, au
total, correspond de près aux valeurs ci-cessus. Après les 3 h de recirculation, réextraction
de la fibre et la réunion des couches organiques, les poids respectifs étaient: phase
aqueuse principale 377,5 g (analyse, 7,2% de phénol = 27,2 g de phénol); phases organiques
réunies: 424 g (analyse, 71,6% = 303,94 g de phénol); premières eaux de lavage: 466,3
g (analyse, 7,45 = 34,74 g de phénol); second lavage alcalin: 611 g (analyse, 4,65
= 28,4 g de phénol); troisième lavage acide: 2006 g (analyse, contenu en phénol négligeable).
Ainsi, le total du phénol dans ces diverses fractions est de 393 g, ce qui correspond
à presque tout le phénol mis en jeu.
[0059] La fibre récupérée (29 g = 48% de la bagasse sèche) avait un nombre K = 13, ce qui
correspond à 2,7% de lignine résiduelle. On a hydrolysé des aliquots de cette fibre
dans du HCl 40% et, par analyse des solutions résultantes diluées, on a trouvé que
l'échantillon contenait 78,75% de cellulose (par analyse des sucres en C
6) et 3,5% d'hémicellulose (d'après l'analyse des sucres en C
5) . La différence, 17,75%, est due à la lignine résiduelle, aux cendres et à d'autres
composants insolubles.
[0060] On a distillé sous pression réduite 100 g de la phase organique (contenant, en principe,
28,3 g de substances autres que du phénol libre), ce qui a fourni 97 g de phénol humide
plus un résidu de 3 g de lignine humide. On en a déduit (en se rapportant au total
de la phase organique) que le contenu total de celle-ci en lignine était de 10,6 g.
Exenple 7
Délignification du bois avec de l'acide oxalique à la place de HC1.
[0061] On a utilisé: 20 g de sciure de bouleau (22,2 g à l'état humide), 80 g de phénol,
100 ml d'une solution 0,5 N d'acide oxalique (22,5 g/1), 100 ml d'eau. On a chauffé
4,5 h à 100°C.
[0062] Après refroidissement et élimination par filtrage du liquide, on a lavé la fibre
sur le filtre par plusieurs portions d'eau chaude. On a récupéré un total de 2 1 de
phase aqueuse. La phase organique était de 0,055 1. Le rendement en sucres monomères
du liquide était: pentoses (C
5): 31,55%, hexoses (C
6): 15,12%.
[0063] La fibre lavée et séchée pesait 15,5 g. Son indice K était de 87,45, ce qui correspond
à un taux de lignine résiduaire de 13,11% (2,03 g). Le poids de lignine initialement
présente était de 4 g; en conséquence, 50% de cette lignine de départ a été dissoute.
Exemple 8
[0064] On a fait bouillir 4 h 20 g de bagasse sèche à 100° avec 80 g de vanilline et 120
g d'HCl aqueux à 1,85%. On a filtré à chaud sur un büchner et on a lavé le solide
avec 600 ml d'eau bouillante (par portions) et 200 ml de solution aqueuse de NaOH
à 1% puis de nouveau à l'eau jusqu'à neutralité. Le rendement en fibre délignifiée
était de 8,9 g (à sec); K = 20 (3% de lignine). Après repos, le liquide s'est séparé
en deux couches; la phase organique a été prélevée et distillée de manière à récupérer
la vanilline. Dans la phase aqueuse se trouvaient 92% des pentoses par rapport à la
théorie et 12% des hexoses (provenant de l'hydrolyse de la cellulose).
Exenple 9
[0065] On a répété la procédure de l'Exemple 8 mais en utilisant 100 g d'un mélange 1:1:1
de o-, p- et m-crésols et 150 ml d'HCl aqueux à 1,85%. Après lavage comme ci-dessus,
la phase aqueuse a donné 96% de sucres en C
5 et 15% de sucres en C
6; on a récupéré les crésols par distillation de la phase organique. La pyrolyse du
résidu a fourni une récolte de phénols de bois. Rendement en fibre sèche 8,1 g; K
= 18,7 (2,8% de lignine).
Exemple 10
[0066] On a pétri ensemble 60 g de bagasse hachée (poids calculé sur la base du produit
sec), 84 g de phénol et 126 g de HCl aqueux à 1,85% jusqu'à inprégnation complète
du solide par. le liquide. Puis on a divisé le matériau humide en 4 parts, on a introduit
chacune de celles-ci dans un tube en verre de 100 ml fermé avec un bouchon. On a chauffé
ces tubes pendant des temps différents (voir plus loin) sans agitation, puis après
refroidissement, on a traité la masse réactionnelle comme dans les Exemples précédents
afin d'en séparer les constituants. Les résultats concernant les rendements de cellulose
délignifiée et la lignine résiduelle de celle-ci apparaissent au Tableau V. Les essais
ont été effectués deux fois et les résultats en sont une moyenne.

[0067] Les résultats ci-dessus montrent qu'un chauffage prolongé n'apporte pas une amélioration
notable.
Exemple 11
[0068] On a placé 111 g (100 g entièrement sec) de bagasse deshumidi- fiée dans un évaporateur
rotatif (ROTAVAPOR) avec 160 g de phénol et 240 g de HCl aqueux à 1,85%. On a fait
tourner l'évaporateur 30 min à température ordinaire afin d'assurer un bon mélange,
puis on a chauffé à reflux (bain à 105°) . On a réalisé 4 essais indépendants résumés
au Tableau VI ci-dessous.

Exemple 12
[0069] On a effectué des essais similaires à ceux de l'Exemple 10 en utilisant 42,5 g de
copeaux de bouleau (38,25 g sec), 53,55 g de phénol et 80,32 g d'HCl aqueux à 1,85%.
Quatre échantillons ont été chauffés pendant des temps différents. Les résultats sont
consignés au Tableau VII.

Exemple 13
[0070] On a effectué quatre essais identiques à ceux de l'Exemple 11 à partir de portions
de 110 g de copeaux de bouleau avec addition de 80 g de phénol et 120 g d'HCl aqueux
à 1,85% (échantillon A) ou addition de 160 g de phénol et 240 g d'HCl à 1,85% (échantillon
B). Les périodes de chauffe ont été: 20 min de préchauffage jusqu'au reflux, puis
2 et 4 h à reflux. Après refroidissement, on a lavé la fibre avec de l'eau bouillante,
du NaOH dilué chaud et de nouveau de l'eau.
[0071] Les résultats figurent au Tableau VIII.

[0072] Ces résultats ne montrent pas de différences notables excepté en ce qui concerne
la quantité de cellulose transformée en hexoses qui augmente avec les proportions
d'acide et de phénol utilisés.
Exemple 14
[0073] On a porté 1 h au reflux dans un évaporateur rotatif un mélange de 111 g de bagasse
hachée (100 g à l'état parfaitement sec), 160 g de phénol et 240 g d'acide sulfurique
aqueux lN (4,625% en poids}. Puis on a filtré et essoré, ce qui a fourni un liquide
se séparant en deux couches (80 ml de couche organique et 75 ml de couche aqueuse).
On a lavé la fibre sur le filtre par plusieurs portions d'eau bouillante puis avec
une solution 1N de NaOH. Les eaux de lavage ont été réunies à la phase aqueuse (75
ml). Le solide, séché, pesait 42,9 g.
[0074] On a analysé la lignine et les sucres dans les fractions ci-dessus et on a obtenu
les résultats suivants (la distribution des sucres est donnée en % de la quantité
théorique contenue dans la bagasse) :
Fractions aqueuses combinées: C5, 60%; C6, 9%; lignine, -.
Phase organique: C5, 20%; C6, 1%; lignine, 88%.
Fibre sèche: C5, 20%; C6, 90%; lignine, 12%.
[0075] On a fait bouillir 1 h les 80 ml de la phase organique avec 80 ml de la fraction
des eaux de lavage réunies et, après refroidissement et séparation des phases, on
a trouvé par analyse que 80% de sucres originellement retenus dans la phase organique
avaient passé en solution aqueuse. Ainsi, le rendement des pentoses (dissous dans
la phase aqueuse) était de 76%. Les autres résultats analytiques ont montré que 88%
de la lignine de l'échantillon avait été dissoute, le taux de lignine résiduelle dans
la fibre étant de 6,3%.
Exemple 15
[0076] On a mis 1 h à reflux, avec 160 g de phénol et 240 g d'HCl aqueux à 1,85%, 110 g
de bagasse brute (100 g à l'état parfaitement sec) ayant la composition suivante en
% en poids: pentosanes 25,6; cellulose 40,2; lignine 25,8; SiO
2 plus les extractibles dans l'eau et les extractibles par solvants organiques 12.
On a essoré sur un filtre, ce qui a fourni une masse C de fibres et un filtrat se
séparant en deux couches au repos: une phase aqueuse et une phase organique AP. On
a décanté la phase aqueuse et on a lavé le solide C sur le filtre avec celle-ci ;puis
on a pressé fortement la fibre C et, après repos, le total des liquides expulsés s'est
à nouveau séparé en une phase aqueuse BW et une phase organique BP qu'on a ajoutée
à AP. Puis on a à nouveau lavé C avec de l'eau chaude et on a bien essoré par pressage.
Le liquide de lavage D a été récolté et analysé pour son contenu en phénol, sucres,
acide et autres substances dissoutes. Des analyses semblables ont été faites sur les
autres fractions: BW, AP + BP et la fibre C. Les résultats figurent au Tableau IX.

Exemple 16
[0077] On a effectué le même type d'essais que ceux de l'Exemple 15 au moyen de 150 g de
copeaux de bouleau (135,6 g sec, ayant la composition suivante en % en poids: pentosanes
23,4 (pentoses potentiels 26,6); cellulose 40,0 (hexoses potentiels 44,44); lignine
20,33; acides uroniques 8,98; groupes acétyle 3,6; extractibles à l'eau et en milieu
organique 3,6); 217 g de phénol et 325 g de HCl à 1,85%. On a porté 4 h à reflux au
lieu d'une h comme dans l'Exenple 15, toutes les autres conditions de travail étant
les mêmes que dans cet Exemple. Les détails et résultats figurent au Tableau X.

Exemple 17
[0078] On a aussi effectué le procédé de la présente invention au moyen de matériaux ligno-cellulosiques
phéhydrolysés au lieu de matériaux ligno-cellulosiques bruts. Cette préhydrolyse est
effectuée en portant à l'ébullition un mélange de copeaux de bois ou autres matériaux
à l'état divisé et d'HCl ou d'H
2SO
4 aqueux dilué suivant la technique habituelle. Pendant la préhydrolyse dans cet acide
dilué (par exenple 1 à 5% en poids dans la solution), une partie des pentosanes se
convertit en pentoses qui se dissolvent dans la solution de préhydrolyse. Puis, après
coup, on a effectué le procédé suivant l'invention, soit en enlevant tout ou partie
de la solution de préhydrolyse et en la remplaçant par la quantité convenable d'acide
dilué et de phénol selon les conditions décrites auparavant, soit en laissant en présence
la solution de préhydrolyse et en ajoutant la quantité requise de phénol et en ajustant
le pH (en. ajoutant plus d'eau ou d'acide suivant la concentration de la solution
de préhydrolyse) de manière à obtenir les rapports voulus d'acide et de phénol convenant
à la présente solution de délignification. L'avantage principal de cette variante
comprenant une préhydrolyse précédant la mise en oeuvre de l'invention consiste en
une meilleure recupé- ration ultérieure du phénol mis en jeu; on ne sait d'ailleurs
pas exactement pourquoi de telles conditions améliorent cette récupération du phénol.
Un autre avantage est le raccourcissement dans certains cas du temps nécessaire à
la délignification des spécimens de matières ligno-cellulosiques préhydrolysées. Lorsqu'on
sépare au préalable la solution de préhydrolyse avant de mettre en oeuvre la méthode
suivant l'invention, on peut soit la traiter séparément pour en retirer les pentoses
dissous, soit la combiner avec la phase aqueuse résultant de la délignification en
vue d'un traitement global de récupération des sucres.
[0079] On a utilisé 100 g (sur la base de la matière sèche) de copeaux de chêne rouge ayant
la composition suivante en % en poids: pentosanes 18 (pentoses potentiels 20,5); cellulose
39,9 (glucose potentiel 44,33); lignine 22,2; acides uroniques 3,2; groupes acétyles
5; cendres, substances indéterminées et matières extractibles à l'eau et aux solvants,
organiques 11,68. On a fait bouillir cette matière 2 h dans 1 1 d'H
2SO
4 à 4%. Puis on a séparé le solide et on l'a fait bouillir 2 h avec un mélange de 240
g d'HCl aqueux à 1,85% et 160 g de phénol. Après refroidissement, on a ajouté 1 1
d'acétone, on a filtré et on a lavé le solide avec de l'acétone; puis on a extrait
ce solide plusieurs heures dans un soxhlet. Toutes les liqueurs aqueuses et acétoniques
ont été combinées et analysées pour déterminer la quantité de phénol récupérée. La
quantité de phénol non récupérée se montait à 3 - 3,5 g seulement (environ 2%). Lors
d'un essai de contrôle (sans étape de préhydrolyse), la quantité de phénol non récupérée
était de 4% environ. Par ailleurs, dans l'essai, la quantité de lignine résiduelle
dans la fibre délignifiée n'était que de 2,3% en poids alors que ce chiffre était
de 4,8% dans le cas des essais témoins.
Exemple 18
[0080] On a fait bouillir 1,5 h 107 g de paille de blé (100 g sec) avec 240 g de phénol
et 360 g d'HCl à 1,85%. Le produit brut avait l'analyse suivante (% en poids): Pentosanes
24,58; cellulose 41,55: lignine 17,26; acides uroniques 0,89; acétyles 5,54; SiO
2 2,37; extractibles à l'eau et extractibles en milieu organique 5,65. Les étapes ultérieures
de séparation ont été conduites exactement comme aux Exemples 15 et 16 et les résultats
sont consignés au Tableau XI. Les chiffres sont en grammes.

1. Procédé pour délignifier le bois ou autres matières ligno-cellulosiques et simultanément
hydrolyser l'hémicellulose de ceux-ci en pentoses correspondants, suivant lequel on
chauffe ce bois ou autres matériaux ligno-cellulosiques avec une solution aqueuse
acide de phénol ou autres composés phénoliques et finalement, on sépare la cellulose
délignifiée de ladite solution aqueuse acide de phénol, caractérisé par le fait qu'on
utilise 1 partie en poids dudit matériau ligno-cellulosique, au moins 0,5 partie en
poids d'acide aqueux. dilué à pH inférieur à 1,5, au moins 0,4 partie en poids de
phénol ou autres composés phénoliques; et qu'on chauffe sous pression ordinaire à
la température de reflux du mélange aqueux.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé par le fait que l'acide est choisi
parmi HCl, H2SO4, H3PO4, les acides organiques forts, l'acide oxalique, l'acide benzène sulfonique, l'acide
trichloracétique et d'autres acides alcoyl- et aryl-sulfoniques et des mélanges de
ces acides.
3. Procédé suivant la revendication 2, caractérisé par le fait que l'acide est l'acide
chlorhydrique aqueux ou l'acide sulfurique aqueux.
4. Procédé suivant la revendication 3, caractérisé par le fait que la concentration
du HC1 est de 1 à 3% en poids et celle de H2SO4 3 à 6% en poids.
5. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé par le fait que les autres composés
phénoliques consistent en un mélange de phénols fournis par la distillation pyrolytique
de la fraction de lignine provenant de ladite délignification.
6. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé par le fait que les composés phénoliques
comprennent la phénol-lignine produite lors de ladite délignification en mélange avec
de l'hydroxyben- zène et/ou les phénols fournis par la distillation pyrolytique de
la fraction de lignine provenant de la délignification.
7. Procédé suivant la revendication 1, dans lequel le rapport en poids réactifs liquides/réactifs
solides est plus élevé que le domaine d'environ 2:1 à 4:1, caractérisé par le fait
qu'après l'opération de chauffage, on sépare la cellulose délignifiée par filtration
et essorage, ce qui fournit un filtrat se résolvant en deux phases distinctes, c'est-à-dire
une phase aqueuse contenant dissous les pentoses résultant de l'hydrolyse de l'hémicellulose
du matériau de départ soumis à la délignification et une phase organique constituée
de la majeure partie du phénol ou autres ccnposés phénoliques utilisés et contenant
dissoute la phénol-lignine provenant de la délignification, puis qu'on sépare ces
deux phases distinctes.
8. Procédé suivant la revendication 1 dans laquelle le rapport en poids réactifs liquides/réactifs
solides est inférieur au dcmai- ne 2:1 à 4:1, caractérisé par le fait qu'après chauffage
de la masse réactionnelle, on ajoute un surplus de liquide aqueux à celle-ci de façon
à améliorer la filtration et l'essorage, et qu'on sépare la cellulose délignifiée
des réactifs liquides suivant la revendication 7.
9. Procédé suivant la revendication 8, caractérisé par le fait que le liquide aqueux
en surplus est de l'eau chaude saturée en phénol.
10. Procédé suivant la revendication 7, caractérisé par le fait qu'on sépare les pentoses
de la phase aqueuse par concentration, cristallisation et isolation ou en la chauffant
pour transformer ces pentoses en furfural et en isolant ce furfural.
11. Procédé suivant la revendication 7, caractérisé par le fait qu'on distille la
phase organique, ce qui fournit un distillat et un résidu puis qu'on pyrolyse le résidu,
ce qui fournit des composés phénoliques, un résidu carboné combustible et des gaz
combustibles.
12. Procédé suivant la revendication 7, caractérisé par le fait qu'on en fait une
première mise en oeuvre puis qu'on fait une seconde mise en oeuvre toujours selon
le procédé de la revendication 7 en utilisant carme composés phénoliques la phase
organique obtenue lors de la première mise en oeuvre.
13. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé par le fait qu'on en fait une
première mise en oeuvre puis qu'on fait une seconde mise en oeuvre toujours selon
le procédé de la revendication 1 en utilisant, en tant que milieu réactionnel phénolé
aqueux acide, la phase liquide totale obtenue après séparation de la cellulose délignifiée
lors de la première mise en oeuvre.
14. Procédé suivant la revendication 7, caractérisé par le fait qu'on utilise ensuite
la phénol-lignine et les phénols qui en résultent pour fabriquer des résines synthétiques.
15. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé par le fait qu'on utilise la cellulose
délignifiée qui en résulte pour fabriquer, à choix, de la pâte à papier, des dérivés
cellulosiques, de la viscose, des esters et éthers cellulosiques, de la carboxyméthylcellu-
lose et des sucres (glucose) dérivés de la cellulose par hydrolyse.
16. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé par le fait qu'avant de chauffer
le matériau ligno-cellulosique avec ledit mélange d'acide aqueux et de phénol, on
soumet ce matériau à une étape de préhydrolyse dans de l'acide aqueux dilué.