[0001] L'invention a trait à un four destiné à l'incinération d'ordures, constitué d'une
trémie surmontée d'une voûte avec au moins un orifice obturable de chargement et une
souche de cheminée, la trémie se rétrécissant vers le bas jusqu'à des grilles d'entrée
d'air de combustion, éclipsables pour l'évacuation des cendres, des moyens de tuyère
s'étendant verticalement des grilles à la voûte. Pour l'incinération autonome des
ordures, c'est-à-dire sans utilisation d'un combustible d'appoint tel que du mazout,
les fours doivent être conçus pour permettre une combustion auto-entretenue jusqu'à
épuisement des matières combustibles, pratiquement sans intervention d'un conducteur
de four.
[0002] Dans le cadre de l'incinération autonome, c'est-à-dire sans utilisation d'un combustible
d'appoint tel que du mazout, d'ordures avec un tonnage correspondant à l'ébouage d'une
ville de quelques milliers d'habitants, les fours doivent être conçus pour permettre
une combustion auto-entretenue jusqu'à épuisement des matières combustibles, sans
que cette combustion exige la présence active d'un conducteur de four pendant toute
la durée d'un cycle d'incinération.
[0003] Les ordures, et notamment les ordures dites ménagères, constituent un combustible
à teneur élevée en eau (couramment 60 °b), à granulométrie irrégulière mais souvent
faible, et à consistance souvent molle, en sorte de former des agglomérats sous l'effet
d'accumulations, ces agglomérats empêchant une circulation d'air dans la masse. Or
l'auto-entretien de combustion, en raison de la quantité d'eau à évaporer, demande
une circulation active de gaz dans la masse, air comburant et fumées. Par ailleurs
il est nécessaire que le foyer actif soit localisé et alimenté progressivement en
combustible. Aussi donne-t-on fréquemment au four la forme d'une trémie surmontée
d'une voûte par où s'effectue le chargement des ordures, et qui porte une ou plusieurs
cheminées, tandis que des grilles d'entrée d'air de combustion sont disposées à la
base de la trémie. Le foyer est formé au voisinage de ces grilles, et au fur et à
mesure de la combustion les ordures des couches supérieures dans la trémie viennent
remplacer les ordures consumées, en descendant sous leur propre poids.
[0004] En vue d'améliorer la circulation des gaz, on dispose parfois des tuyères verticales
à parois ajourées, qui s'étendent des grilles à la voûte ; une partie de l'air comburant
peut parvenir au foyer par la partie inférieure des tuyères, en plus de l'air qui
passe à travers les grilles, tandis que les fumées trouvent un passage vers la cheminée
par la partie supérieure des tuyères.
[0005] La demande de brevet français n° 80 16601, publiée sous le numéro 2 482 260, décrit
un faur de ce genre. Ce four comporte une trémie en tronc de pyramide à base carrée,
les grilles étant tenues par un support en croix pour former la petite base de la
trémie. Quatre cheminées ou tuyères tubulaires à parois à barreaux sont tenues par
des goussets sur les parois de la trémie pour se placer, au-dessus des branches du
support en croix, sensiblement tangentes aux centres des côtés de la petite base.
La voûte est constituée d'un caisson parallélépipédique avec un orifice de chargement
central et deux souches de cheminées latérales.
[0006] Le four décrit dans cette demande de brevet semble ne répondre qu'imparfaitement
aux conditions exposées plus haut ; notamment les tuyères cylindriques forment obstacle
à la descente régulière des ordures vers le foyer, et ont tendance à diviser ce foyer
en quatre zones de combustion. Les ordures disposées au centre de l'ensemble des cheminées
se consument avec retard et éventuellement incomplètement. On notera d'ailleurs que
cette demande prévoit un injecteur central de gaz comburant pulsé pour améliorer la
combustion dans la zone centrale.
[0007] Il semble apparent que ce type de four, dont la capacité varie comme le cube des
dimensions linéaires, est limité en gamme de capacité, l'extrapolation géométrique
conduisant à des structures de foyer désadaptées. Par ailleurs les charpentes décrites
ne se prêtent pas à supporter des fours de capacité notablement augmentée.
[0008] L'invention a donc pour objectif un four pour l'incinération d'ordures où la combustion
s'entretient d'elle-même aisément, qui est de conduite simple, et dont la capacité
peut être adaptée aux besoins sans nouvelle étude importante.
[0009] A cet effet l'invention propose un four destiné à l'incinération d'ordures et constitué
d'une trémie surmontée d'une voûte avec au moins un orifice obturable de chargement
et une souche de cheminée, la trémie se rétrécissant vers le bas jusqu'à des grilles
d'entrée d'air de combustion, éclipsables pour l'évacuation des cendres, des moyens
de tuyère verticale à parois ajourées s'étendant des grilles à la voûte, caractérisé
en ce que la trémie comporte des parois verticales parallèles, deux soles inclinées
perpendiculairement aux parois verticales de part et d'autre d'un plan de symétrie
vertical du four, une tuyère plate étendue suivant ledit plan de symétrie entre les
deux parois verticales, et deux grilles basculantes disposées chacune entre la base
de la tuyère et celle d'une sole respective, avec une inclinaison inverse de celle
de cette sole, la voûte étant constituée de deux capots ouvrant au-dessus des soles
de part et d'autre d'une souche centrale de cheminée qui surplombe la tuyère.
[0010] Grâce aux dispositions énoncées ci-dessus, le foyer s'établit symétriquement de part
et d'autre de la base de la tuyère, à proximité des grilles ; d'une façon générale,
les deux moitiés du four, de part et d'autre du plan de symétrie, fonctionnent chacune
à l'image de l'autre. Les ordures peuvent glisser sans obstacle le long des soles
pour alimenter régulièrement le foyer ; les grilles, en raison de leur inclinaison
se trouvent sensiblement normales à la direction moyenne de progression des ordures,
de sorte que les cendres viennent se déposer sur elles en lits d'épaisseur assez régulière.
Accessoirement le basculement des grilles permet l'évacuation facile des cendres,
même chargées en mâchefers. Sous un autre aspect on notera que, sauf à proximité immédiate
des parois verticales de la trémie, il n'y a pratiquement pas d'échanges thermiques
à travers un plan vertical parallèle à ces parois. Dans ces conditions les variations
de largeur du four ne perturbent pas les répartitions de température dans les plans
verticaux longitudinaux ; autrement dit la marche du four n'est pas perturbée par
une modification de capacité obtenue par élargissement du four.
[0011] De préférence la souche de cheminée comporte un caisson parallélépipédique muni de
chicanes de dépoussiérage démontables.
[0012] De préférence également les parois de tuyère sont constituées de paires de barreaux
verticaux réunis par des étresillons normaux au plan de symétrie du four, avec deux
doublages en grillage partant de la base de la tuyère tandis que l'autre s'arrête
à mi-hauteur.
[0013] Les caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs de la description
qui va suivre à titre d'exemple, en référence aux dessins annexés dans lesquels :
la figure 1 est une coupe longitudinale d'un four selon l'invention ;
la figure 2 représente une vue latérale partielle du four ;
la figure 3 représente schématiquement la disposition des chicanes dans la souche
de cheminée ;
la figure 4 est une coupe, perpendiculairement au plan de symétrie du four, d'une
tuyère.
[0014] Selon la forme de réalisation choisie et représentée aux figures 1 et 2, le four
comporte une charpente métallique 1, de forme sensiblement parallélépipédique, reposant
sur un radier 4 et disposée entre un terre-plein 2, et un voile de béton 3, parallèle
au soutènement vertical du terre-plein. Le four proprement dit comprend une trémie
5, limitée latéralement par deux parois verticales 14 et 14' adjacentes respectivement
au voile 3 et au soutènement du terre-plein 2, et longitudinalement par deux soles
inclinées 11 et 11', perpendiculairement au plan de la figure 1, et symétriques par
rapport à un plan vertical, perpendiculaire au plan de la figure 1, qui constitue
plan général de symétrie du four. Les soles 11 et 11' sont supportées par des séries
de piliers llb, ll'b reposant sur le radier 4. Le four comprend, au-dessus de la trémie
5, une voûte 6, formée de deux capots 10 et 10', en forme de coins, disposés respectivement
au-dessus des soles 11 et 11', et susceptibles d'être relevés, en pivotant autour
d'axes 10a, 10'a au voisinage de l'extrémité supérieure des soles 11 et 11', et correspondant
sensiblement à l'arête du coin. Les capots 10 et 10', en position de fermeture sont
rabattus de part et d'autre d'une souche 7, qui supporte une cheminée 9 terminée par
une mitre 9a.
[0015] Une tuyère plate 13, reposant sur des poinçons 30, est disposée suivant le plan de
symétrie du four, en s'étendant d'une paroi verticale 14 à l'autre 14', les parois
de tuyère étant ajourées comme il sera précisé en référence à la figure 4.
[0016] A la base de la trémie 5, entre la base de la tuyère 13 et celles des soles 11 et
11' sont disposées des grilles basculantes 12 et 12', inclinées en sens inverse de
la soie correspondante, avec une pente telle que le plan médiateur des grilles 12,
12' soit sensiblement bissecteur du dièdre formé par la tuyère 13 et la sole correspondante.
On notera que les extrémités inférieures des soles 11 et 11' sont constituées par
des grilles fixes lla et ll'a.
[0017] Sous les grilles 12 et 12' prennent place des bennes à cendres 15 et 15'. Par ailleurs
on précise que les parois verticales 14, 14' et les soles 11, 11' sont garnies d'un
briquetage réfractaire, à l'exception bien entendu des grilles fixes lla, 11'a.
[0018] Comme on le verra mieux sur la figure 3, dans la base de la cheminée 9, juste au-dessus
de la souche 7, est inséré un caisson 8, muni de chicanes 22. La base 20 du caisson
8 vient s'accrocher sur des ailes soudées à l'armature du caisson 7, par l'intermédiaire
d'ensembles 21, 21' de barres et de biellettes, en dessous de gorges où viennent se
placer des rebords terminaux des capots 10 et 10'.
[0019] La tuyère 13, comme représenté figure 4, repose sur un jeu de poinçons 30, ceux-ci
étant munis d'oreilles 31, 31' à leur extrémité supérieure, pour l'articulation des
grilles basculantes. Cette tuyère est constituée par des faisceaux d'échelles en acier
réfractaire composées de deux montants 33 reliés par des étresillons 33a, 33b, 33c,
ces derniers étant dirigés suivant l'épaisseur de tuyère. Les échelles sont maintenues
par des barrettes en fonte réfractaire 32, étendues suivant la largeur de la tuyère,
perpendiculairement au plan de figure. Ainsi les montants 33 d'échelles forment des
barreaux verticaux, disposés dans le plan des parois de la tuyère 13. Ces montants
servent d'appui à un premier doublage 35, 35', formé de panneaux de grillage à maille
carrée en fil d'acier réfractaire, ce doublage 35, 35' s'étendant sur sensiblement
toute la hauteur de la tuyère. De plus, sur la moitié inférieure environ de la hauteur
de tuyère, on dispose un second doublage 36, 36', également en grillage à maille carrée.
[0020] Le four est prévu pour un fonctionnement au rythme de l'enlèvement des ordures ménagères,
correspondant, dans l'exemple choisi, à un tonnage journalier de l'ordre de 25 m
3. Avant de commencer le chargement en ordures, en début de matinée, on prépare sur
les grilles 12, 12' des lits d'allumage avec du papier et du petit bois, débris d'emballages.
Les capots 10 et 10' étant relevés (comme le capot 10 figure 1), les bennes automobiles,
s'approchant sur le terre-plein 2, déversent les ordures dont elles sont chargées
sur les soles 11 ou 11' ; l'espace entre les capots relevés 10 et 10' et la souche
de cheminée 7 correspond au gabarit des bennes. Le chargement du four étant terminé
et sensiblement équilibré de part et d'autre de la tuyère 13, les capots 10 et 10'
sont rabattus, et les lits d'allumage mis à feu. Au départ la tuyère 13 fonctionne
principalement en évacuation des fumées vers la voûte 6 et la cheminée 9, les foyers
s'établissant dans les zones immédiatement situées au-dessus des grilles 12, 12',
lla, 11'a. Puis les fumées évaporant l'eau des masses d'ordures traversées, les foyers
s'étalent en talus contre la partie inférieure de la tuyère ; par ailleurs, les gaz
de distillation des ordures qui accompagnent les fumées viennent brûler au contact
de l'air qui pénètre par la base de la tuyère sous l'effet du tirage.
[0021] Dès lors que le foyer s'est bien établi, la combustion des ordures s'entretient d'elle-même,
la masse d'ordures descendant le long de la sole, ainsi que le long de la tuyère,
de sorte que la direction moyenne de descente est sensiblement normale aux grilles
12, 12'. Les cendres se forment en lits d'épaisseur à peu près régulière. Pratiquement
la combustion de la charge du four, commencée en début d'après-midi, se termine en
fin de soirée, de sorte qu'en début de matinée du lendemain il est possible d'évacuer
les cendres refroidies.
[0022] La nature et la forme des ordures entraînent la formation de cendres volantes en
quantité notable ; ces cendres seront arrêtées en majeure partie par le caisson à
chicanes 8. Le ramonage de ce caisson 8 est aisé après démontage.
[0023] On remarquera que le four a une structure plane parallèlement au plan de la figure
1. Il en résulte que, sauf au contact immédiat des parois verticales 14 et 14', il
n'y a pas de gradient de régime dans une direction transversale (normale au plan de
figure 1). L'invariance de régime selon cette direction transversale implique que
la modification des dimensions du four dans cette direction ne modifie que la capacité
du four, et donc ne modifie pratiquement pas le cycle de combustion ou l'efficacité
de celle-ci.
[0024] Bien entendu l'invention n'est pas limitée à l'exemple décrit, mais en embrasse toutes
les variantes d'exécution.
1. Four destiné à l'incinération d'ordures et constitué d'une trémie (5) surmontée
d'une voûte (6) avec au moins un orifice (10, 10') obturable de chargement et une
souche (7) de cheminée (9), la trémie se rétrécissant vers le bas jusqu'à des grilles
(12, 12') d'entrée d'air de combustion, éclipsables pour l'évacuation des cendres,
des moyens de tuyère (13) verticale à parois ajourées s'étendant des grilles à la
voûte, caractérisé en ce que la trémie (5) comporte des parois (14, 14') verticales
parallèles, deux soles (11, 11') inclinées perpendiculaires aux parois (14, 14') verticales
de part et d'autre d'un plan de symétrie vertical du four, une tuyère (13) plate étendue
suivant ledit plan de symétrie entre les deux parois (14, 14') verticales, et deux
grilles basculantes (12, 12') disposées chacune entre la base de la tuyère (13) et
celle d'une sole (11, 11') respective, avec une inclinaison inverse de celle de cette
sole (11, 11'), la voûte (6) étant constituée de deux capots (10,10') ouvrant au-dessus
des soles (11, 11') de part et d'autre d'une souche (7) centrale de cheminée (9) qui
surplombe la tuyère (13).
2. Four selon la revendication 1, caractérisé en ce que la souche (7) de cheminée
supporte un caisson (8) parallélépipédique muni de chicanes (22) de dépoussiérage
et démontable.
3. Four selon une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que les parois de tuyère
(13) sont constituées de paires de barreaux (33) verticaux réunis par des étresillons
(33a, 33b, 33c) normaux audit plan de symétrie du four, avec deux doublages (35, 36)
en grillage partant de la base de la tuyère (13) et l'un (35) s'étendant sensiblement
sur toute la hauteur de la tuyère tandis que l'autre (36) s'arrête à mi-hauteur.
4. Four selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que lesdites
soles (11, 11') sont garnies de briquetages.
5. Four selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que lesdits
capots (10, 10') s'ouvrent par basculement autour d'un axe (10a, 10'a) proche de l'extrémité
supérieure de la sole correspondante.
6. Four selon une quelconque des revendications 1 à 5, fondé sur un radier (4) horizontal,
caractérisé en ce que des armatures (llb, 11'b, 30) prenant appui sur le radier (4)
sont disposées en soutien des soles (11, 11') d'une part et de la tuyère (13) d'autre
part.