[0001] L'invention concerne un procédé et un dispositif pour optimiser le fonctionnement
d'un four, notamment d'un four industriel servant à réchauffer des matières métalliques
(four Pit, four à longeron, four poussant etc.). Elle concerne plus spécialement l'optimisation
du rapport entre le combustible et le comburant, dans le but d'avoir dans les gaz
d'échappement uniquement des composés qui ne sont ni oxydants, ni oxydables.
[0002] L'optimisation de ce rapport est essentielle d'un point de vue énergétique et métallurgique.
Pour assurer une combustion complète, il est en effet courant de faire fonctionner
des fours servant à réchauffer des lingots en acier avec un excès d'oxygène (0,2 à
0,5 %). Or la demanderesse a constaté que cet excès d'oxygène ne se retrouve qu'en
partie dans les gaz d'échappement, la quantité restante d'oxygène ayant oxydé le métal,
ce qui peut entrainer des pertes de poids de l'ordre de 2 %. Si par contre on réduit
l'apport d'oxygène, l'oxydation du métal est diminuée, mais la combustion n'est plus
complète.
[0003] Il est évident qu'un réglage manuel du rapport entre l'oxydant et le combustible
ne donne pas de résultats probants. Aussi a-t-on développé des systèmes de régulation
automatiques. Malheureusement le combustible = comburant x constante c.à d. que l'on
admet l'existence d'un rapport fixe entre le combustible et le comburant, quel que
soit le régiras de fonctionnement du four. Or par suite des caractéristiques complexes
d'un four carneau, pourvoir calorifique des gaz, température du produit qui est en
train de chauffer) cette équation n'est vérifiée que pour un régime de fonctionnement
du four bien déterminé.
[0004] Pour pallier à cet inconvenient on analyse en permanence les gaz d'échappement et
on réajuste, en fonction des composants déterminés (C0, C02, 02), le rapport entre
le combustible et le comburant. Pour effectuer cette analyse il existe principalement
deux systèmes qui se distinguent surtout par le montage du détecteur.
[0005] Dans un premier système le détecteur se présente sous forme d'un long tube réfractaire
abritant une cellule de détection et un thermocouple. Le détecteur doit se trouver
en contact direct avec les gaz à analyser et être disposé de préférence au milieu
du carneau. Etant donné l'épaisseur des parois du carneau recouverts de réfractaires,
cette dernière condition est difficilement réalisable étant donné la longueur des
tubes réfractaires offerts sur le marché. Les variations de température auxquelles
cette sonde est soumise, influencent fortement les résultats de mesure, de sorte qu'une
correction en fonction de la température est indispensable.
[0006] A ceci vient s'ajouter une technique compliquée de montage de ces détecteurs qui
ne supportent aucun choc thermique et qui doivent habituellement être remplacés sans
qu'on puisse arrêter le four. Après chaque remplacement de détecteur il faut refaire
un étalonnage délicat.
[0007] Dans un deuxième système, le détecteur se présente sous forme d'une cellule de mesure
qui est montée dans une chambre de petites dimensions, dans laquelle la température
est tenue constante à environ 800°C. Une pompe aspire les fumées à analyser à travers
une sonde de prélèvement munie de filtres et les refoule à travers la chambre d'analyse.
Dans ce système la profondeur du prélèvement est réalisable à l'aide de tubes réfractaires,
que l'on coupe à la longueur voulue.
[0008] La correction des résultats d'analyse en fonction de la température n'est pas nécessaire.
Le remplacement du détecteur ne pose pas le problème du choc thermique. L'étalonnage
se fait assez facilement en injectant un gaz de composition connue dans la chambre
d'analyse.
[0009] Les désavantages consistent en un prélèvement et traitement complexe des fumées avec
sondes, filtres, purges et vannes qui nécessitent beaucoup d'entretien et qui représentent
autant de possibilités de défauts comme p.ex. l'aspiration d'air dans les conduites
en dépression.
[0010] L'invention a pour but de proposer un procédé de régulation d'un four qui ne présente
pas les défauts précédemment décrits, à savoir une durée de vie limitée des cellules
de mesure, des frais d'installation et d'achat élevés et une fiabilité de fonctionnement
douteuse.
[0011] Ce but est atteint grâce au procédé selon l'invention dans lequel on mesure soit
le débit du combustible, soit celui du comburant et où on ajuste en conséquence le
débit du comburant resp. du combustible, suivant une courbe de réponse préétablie.
[0012] Des réalisations préférentielles de l'invention sont décrites dans les sous-revendications.
[0013] Les avantages obtenus par l'invention consistent essentiellement en ce que le rapport
optimal entre le combustible et le comburant n'est pas déterminé par l'intermédiaire
de dispositifs fragiles d'analyse de gaz, mais par des composants électroniques qui
calculent les conditions optimales de fonctionnement à partir des caractéristiques
du four qui auront été relevées soigneusement une fois pour toutes. Ces caractéristiques
peuvent être verifiées une fois par an ou bien en cas d'anomalies de fonctionnement.
Les frais de réalisation du
b_y-stème sont réduits et l'appareillage ne nécessite pratiquement pas d'entretien.
[0014] L'invention sera exposée plus en détail à l'aide de figures qui en représentent seulement
un mode d'exécution.
La figure 1 montre un schéma de principe illustrant la régulation d'un four Pit.
La figure 2 montre un diagramme de combustion optimal relevé sur un four Pit.
[0015] Sur la figure 1 est représenté un four Pit 1 comportant un dispositif d'évacuation
2 des fumées de combustion qui traversent deux échangeurs de chaleur 3 et 4 servant
à préchauffer le combustible et le comburant. Le combustible est dans le cas présent
du gaz de haut- fourneau (amené oar la conduite 5a) enrichi en gaz naturel (amené
par la conduite 5b) de sorte à maintenir un PCI (pouvoir calofifique intrinsèque)
constant. La capacité énergétique constante du combustible est assurée par un système
doseur 5c. Notons au passage que lorsqu'on utilise du gaz naturel pur ou un fuel liquide
on ne procède pas à un préchauffage.
[0016] Le débit du combustible est contrôlé par un ventilateur 6a et par une vanne 6c commandée
par un servo-moteur 6b. Ce dispositif est situé de préférence en amont de l'échangeur
4.
[0017] Comme comburant on peut utiliser de l'air éventuellement enrichi en oxygène dont
le débit est pareillement contrôlé par un ventilateur 7a et une vanne 7c commandée
par un servo-moteur 7b. La vanne 7c est située entre l'échangeur de chaleur 3 et un
débitmètre 15. Le combustible et le comburant sont ensuite amenés par les conduites
8 resp. 9 au brûleur 10 du four. Un capteur de pression 11 surveille la pression régnant
à l'intérieur du four et transmet les valeurs mesurées à un système régulateur de
pression 12a commandant un servo-moteur 12b, qui agit sur une vanne 12c, montée de
préférence en aval de l'échangeur de chaleur 4, dans la cheminée d'évacuation des
fumées de combustion.
[0018] La température des fumées de combustion est surveillée en permanence en amont et
en aval des échangeurs de chaleur 3,4 par les capteurs 13 b et 13 c et des dispositifs
de sécurité 16a et 16b font entrer de l'air ambiant dans le dispositif d'évacuation
des fumées 2 lorsque les températures mesurées dépassent des limites fixées d'avance.
Notons encore que la température du combustible ainsi que celle du comburant sont
mesurées en aval des échangeurs de chaleur 3 et 4, par les capteurs 13d, 13e.
[0019] Pour la mise en oeuvre de l'invention on procède ensuite de façon suivante:
On fait fonctionner le four à sa température d'utilisation normale, qui est dans le
cas présent d'environ 1300°C. On surveille la composition des fumées d'échappement
à l'aide d'un analyseur de gaz 17 du genre décrit précédemment. On ajuste de façon
connue le rapport entre le combustible et le comburant de sorte à avoir une concentration
résiduelle d'oxygène choisie d'avance. Lorsqu'on introduit p.ex. une charge de lingots
froids dans le four, la température mesurée par l'intermédiaire du capteur 18 chute.
On augmente de façon connue le débit de combustible et de comburant et on ajuste leur
rapport en fonction des mesures faites par l'analyseur de gaz 17 de sorte à retrouver
la concentration résiduelle d'oxygène voulue. Au fur et à mesure que le lingot chauffe,
la demande d'énergie diminue et il y a de nouveaux réglages à faire. On trace ensuite
pour une température constante du four le diagramme qui montre quel débit de combustible
correspond à quel débit de comburant pour obtenir une concentration résiduelle d'oxygène
ou de CO donnée dans les fumées de combustion.
[0020] Sur la figure 2 on a représenté cette courbe pour un excès d'oxygène de 0,4 % avec
en abscisses le débit d'air et en ordonnées le débit de gaz combustibles. La température
du four a été gardée constante à 1320°C. Bien qu'à priori cette courbe peut être de
forme quelconque on constate qu'elle est linéaire dans le cas présent. La demanderesse
a trouvé que cette courbe de réponse est toujours proche d'une droite dans les gammes
de fonctionnement normales d'un four Pit. Cette circonstance simplifie l'automatisation
du fonctionnement de ce four, mais ne limite en rien l'envergure de l'invention qui
est en fait indépendante de la forme de cette courbe.
[0021] Une fois qu'on a relevé et éventuellement emmagasiné dans le système de calcul 24,
la/les courbes de réponse pour la/les températures et concentrations résiduelles d'oxygène
ou de CO en considération, on court-circuite l'analyseur des gaz 17 et on fait fonctionner
le four de manière automatique. On entre les données définissant la quantité résiduelle
d'oxygène ou de CO désirée dans les fumées de combustion dans le système de calcul
24. Le dispositif 22 est réglé à la température désirée. On compare la température
réelle du four, mesurée grâce au capteur 18, à la température désirée dans un comparateur
21 qui transmet, selon le résultat, un signal d'ouverture ou de fermeture au servo-moteur
7b couplé à la vanne 7c.
[0022] Le débit réel de l'air est mesuré à l'aide d'un débitmètre 15, relié à un convertisseur
(analogique ou digital) débit - tension 23 qui communique le résultat de mesure au
système de calcul 24. Le système 24 transmet au régulateur 25, pour chaque débit de
comburant mesuré, le débit de combustible exigé pour avoir une combustion en accord
avec la concentration résiduelle d'oxygène ou de CO désirée dans les fumées de combustion.
Pour optimiser davantage le fonctionnement du four, on relie également le système
de calcul 24 au capteur de température 18 de sorte qu'il base ses calculs sur les
données qui sont en accord non pas avec la température choisie, mais avec la température
instantanée du four.
[0023] Dans l'exemple d'un four Pit, tel qu'il a été décrit précédemment, dans lequel il
existe une simple relation linéaire entre les débits de combustible et de comburant
pour avoir une combustion optimale, le système de calcul 24 peut se réduire à un simple
circuit analogique dans lequel on multiplie le débit d'air mesuré par un facteur égal
à la pente de la droite représentée en fig.2 et on retranche une valeur fixe dépendant
de l'endroit où la droite traverse l'axe des ordonnées. Dans ce cas on base le fonctionnement
du four sur une unique courbe de réponse correspondant à la température de fonctionnement
choisie du four et on ne tient pas compte des variations instantanées de la température
de celui-ci.
[0024] La valeur optimale de combustible qui correspond au débit d'air mesuré est transmise
au régulateur 25 qui agit sur un servo-moteur 6b relié à la vanne 6c. Le débit réel
du combustible est surveillé à l'aide du débitmètre 14 et comparé, après conversion
dans le convertisseur débit-tension 26, à la valeur de consigne calculée par le dispositif
24. Le régulateur 25, qui compare ces deux valeurs, transmet ensuite un signal de
correction au servo-moteur.
[0025] Nous remarquons que le débit d'air n'est pas directement asservi dans l'exemple décrit,
bien qu'un asservissement soit réalisable avec des moyens réduits, étant donné qu'on
mesure ce débit de toute façon. Ceci provient du fait que le débit d'air est indirectement
asservi par l'intermédiaire de la température mesurée dans le four.
[0026] Dans l'exemple décrit, on a ajusté le débit de combustible en accord avec le débit
de comburant. La façon inverse de procéder est tout aussi valable.
[0027] On peut évidemment pour des fours polyvalents, mettre en mémoire dans le système
de calcul 24 une multitude de diagrammes combustible-comburant pour des excès d'oxygène
et de CO différents et passer ensuite aisément d'un régime de fonctionnement à un
autre par de simples réglages électroniques.
I..Procédé pour optimiser le fonctionnement d'un four, notamment d'un four industriel,
dans lequel on ajuste le rapport de débit entre combustible et comburant de sorte
à maintenir une quantité résiduelle fixe d'oxygène ou de CO dans les fumées de combustion,
caractérisé en ce qu'on mesure le débit de comburant et qu'on ajuste en conséquence
le débit de combustible conformément à des courbes de réponse du four préétablies.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on établit les courbes de
réponse à charge variable en gardant la température du four et la quantité résiduelle
d'oxygène ou de CO dans les fumées de combustion constantes.
3. Procédé selon les revendications 1 ou 2, caractérisé en ce qu'on établit les courbes
de réponse pour chaque température de fonctionnement du four entrant en considération
ainsi que pour chaque quantité résiduelle d'oxygène ou de CO dans les fumées de combustion.
4. Procédé selon une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce qu'on met les courbes
de réponse en mémoire dans un calculateur qui calcule en fonction de la témpérature
réelle du four et du débit du comburant, le débit de combustible qui y correspond
pour avoir la quantité résiduelle d'oxygène ou de CO désirées dans les fumées de combustion.
5. Procédé selon une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce qu'on fixe la température
de fonctionnement du four et qu'on recrée de façon analogique la courbe de réponse
du four, correspondant à cette température et à la quantité résiduelle désirée d'oxygène
ou de CO dans les fumées de combustion.
6. Procédé selon une des revendication 1 à 5 dans lequel on mesure le débit du combustible
au lieu de celui du comburant et où on ajuste le débit du comburant au lieu de celui
du combustible.
7. Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé décrit dans une des revendications
1 à 6, caractérisé en ce qu'il comporte des moyens (22) pour choisir une température
de fonctionnement du four, des moyens (14,15) pour mesurer les débits de combustible
resp. de comburant envoyés au brûleur (10), des moyens (6b,6c,7b,7c) pour influencer
lesdits débits, des moyens (21) pour comparer la température réelle du four à la température
choisie d'avance et pour commander l'augmentation resp. la diminution du débit du
comburant lorsque la température du four descend en-dessous resp. dépasse la température
choisie, des moyens (24) pour calculer, en fonction du débit du comburant mesuré et
de la température de fonctionnement choisie, le débit de combustible aboutissant à
la quantité résiduelle désirée d'oxygène ou de CO dans les fumées de combustion et
des moyens (25,6b,6c) pour ajuster le débit de combustible à la valeur calculée.
8. Dispositif selon la revendication 7, caractérisé en ce qu'il comporte des moyens
(25) pour comparer le débit de combustible réel à celui qui a été calculé et pour
modifier le débit de sorte que l'écart entre les deux valeurs tende vers zéro.
9. Dispositif selon la revendication 7, caractérisé en ce que les moyens de calcul
(24) sont également reliés au capteur de température (18) du four, de sorte à calculer
le débit de combustible non pas en fonction de la températùre de fonctionnement choisie,
mais en fonction de la température réelle du four.