[0001] La présente invention est relative à la coulée continue verticale descendante d'un
tube mince en fonte, c'est-à-dire d'un tube dont le rapport épaisseur/diamètre est
faible, inférieur à 10%, l'épaisseur elle-même ne dépassant pas 5 mm.
[0002] Plus précisément, l'invention concerne une filière tubulaire de coulée continue d'un
tel tube.
[0003] Une installation de coulée continue d'un tel tube comporte, suivant un précédent
brevet déposé en France le 27 janvier 1978 sous le n° 78 02277 et publié sous le n°
2 415 501, en dessous d'un bassin de coulée muni d'un orifice inférieur, une filière
sensiblement cylindrique qui est entourée par une enveloppe de refroidissement et
délimite, avec un noyau qui traverse le bassin, un espace tubulaire de coulée du tube,
un dispositif extracteur tirant le tube solidifié pas à pas au fur et à mesure de
sa formation.
[0004] Dans le cas de la coulée d'un tube à paroi mince, et tout particulièrement d'un tube
en fonte, l'entrée de l'espace de coulée étant étroite de risque d'obstruction par
solidification partielle prématurée est grand.
[0005] Il a donc été proposé de munir la filière d'une tête pénétrant à l'intérieur de l'orifice
de coulée et ainsi de reporter l'entrée de l'espace tubulaire dans une zone plus chaude.
Dans certains cas,la tête est un simple prolongement du corps cylindrique de la filière.
Dans d'autres, selon une forme plus avantageuse, elle est formée par une saillie tronconique
s'amincissant vers le haut, qui est immergée dans la fonte liquide à l'intérieur de
l'orifice de coulée.
[0006] Or on constate que si l'obstruction de l'entrée est ainsi pratiquement supprimée,
il se forme cependant à certains intervalles longitudinaux, plus ou moins réguliers,
correspondant à des multiples du pas d'extraction du tube solidifié, des anneaux d'incrustation
superficielle de fonte solidifiée, non amalgamés, non soudés avec le reste de la fonte
coulée dans l'espace annulaire. Bien que de faible profondeur, ces anneaux peuvent
cependant atteindre la moitié de la largeur totale de l'espace annulaire entre noyau
et filière et, par conséquent, la moitié de l'épaisseur du tube coulé. Ils sont donc
intolérables dans la production d'un tube en fonte mince de grande longueur, puisque
ce sont des zones d'affaiblissement qu'il faut faire disparaître par tronçonnage du
tube coulé. Parfois aussi se produit une obstruction totale de l'alimentation en fonte
et un arrêt de la coulée.
[0007] La présente invention a pour but de supprimer ces inconvénients en résolvant le problème
du contrôle du refroidissement de la fonte coulée et celui de la réalisation d'une
tête de filière modifiée, permettant de conserver une parfaite homogénéité et continuité
de paroi interne de filière entre cette tête et le corps.
[0008] Cette invention a donc pour objet une filière pour installation de coulée continue,
qui est formée par un corps cylindrique épais, en graphite, et une tête de prolongement
à l'intérieur de l'orifice de coulée, cette filière étant caractérisée en ce que la
tête est composite et comporte au moins une lèvre annulaire mince ou étroite, en graphite,
à surface interne prolongeant de façon continue la surface interne de la filière et
raccordée au corps, au droit du plan de contact entre le bassin et l'enveloppe de
refroidissement, et au moins une bague en matériau réfractaire entourant la lèvre
et en contact avec le corps, qui s'oppose au passage des calories.
[0009] La tête composite d'une telle filière n'offre plus qu'un passage étroit, limité à
la section de la lèvre, c'est-à-dire à une fraction de celle du corps, au flux d'évasion
de calories de la fonte liquide vers l'enveloppe de refroidissement. En outre,la bague
réfractaire retarde ce flux d'évasion en allongeant son cours.
[0010] De préférence, l'épaisseur de la lèvre est environ le tiers de celle du corps de
la filière. La lèvre peut être très légèrement tronconique ou incurvée extérieurement.
Elle peut être associée avec une seconde lèvre extérieure et délimiter avec cette
dernière une cavité de réception de la bague réfractaire.
[0011] Selon une autre variante, la lèvre comporte une ailette circonférentielle et la tête
comporte deux bagues séparées par cette ailette.
[0012] Dans tous les cas la face interne de la filière est continue et lisse.
[0013] La description ci-dessous de modes de réalisation donnés à titre d'exemples non limitatifs,
et représentés aux dessins annexés, fera d'ailleurs ressortir les avantages et caractéristiques
de l'invention.
[0014] Sur ces dessins :
- la fig. 1 est une vue schématique en coupe d'une partie d'une installation de coulée
continue verticale avec filière tubulaire suivant l'invention, au cours de la coulée
d'un tube;
- la fig. 2 est une vue schématique partielle en coupe, à plus grande échelle que
la figure 1, de la tête de filière suivant l'invention;
- les fig. 3, 4 et 5 sont des vues partielles en coupe, à même échelle que la figure
2, de variantes de têtes de filière suivant l'invention;
- la fig. 6 est une vue schématique partielle de détail, en coupe, analogue aux figures
3 à 5, montrant à titre comparatif une tête de filière suivant une technique connue.
[0015] Suivant l'exemple d'exécution des figures 1 et 2, l'invention est appliquée à une
installation de coulée continue verticale descendante d'un tube à paroi mince, en
fonte, T, dont le rapport épaisseur/diamètre est faible, c'est-à-dire inférieur à
10%, l'épaisseur elle-même ne dépassant pas 5 mm et pouvant être de l'ordre de 3 mm.
[0016] Dans un but de simplification, on n'a représenté sur la figure 1 qu'une partie du
bassin de coulée 1 alimentant la filière de l'invention, en fonte liquide F. Le bassin
de coulée 1 est contenu dans une caisse ou enveloppe métallique 2 revêtue intérieurement
d'un épais garnissage réfractaire 3, par exemple de type silico-alumineux, et il comporte
à sa partie inférieure, qui est d'ailleurs la seule représentée à la figure 1, un
orifice vertical de coulée 4, de forme cylindrique et d'axe X-X, à l'intérieur duquel
est montée l'extrémité supérieure ou tête de la filière 6, ainsi qu'un noyau 8 qui
délimite avec cette filière un espace tubulaire de coulée 10.
[0017] Le noyau 8, qui est en graphite et est coaxial à l'orifice de coulée, traverse de
part en part le bassin de coulée 1 et est suspendu à sa partie supérieure, en prenant
appui sur la caisse 2, par des moyens connus, non représentés, par exemple ceux décrits
au brevet FR n° 2 415 501. De préférence, ce noyau 8 est creux et comporte intérieurement
un dispositif de chauffage, par exemple un inducteur 12 en forme de serpentin, en
cuivre, enroulé en hélice et refroidi intérieurement par eau, ou bien une résistance
chauffante.
[0018] La filière 6 est également en graphite. Elle est tubulaire et coaxiale au noyau 8,
c'est-à-dire d'axe X-X, et elle entoure le noyau 8 en délimitant avec lui l'espace
tubulaire étroit 10 dont la largeur correspond à l'épaisseur de la paroi du tube T
à couler. La filière 6, dont la hauteur est par exemple de 25 cm pour la coulée d'un
tube en fonte T, de diamètre extérieur 170 mm et d'épaisseur 5 mm, est soutenue à
son extrémité inférieure par une bride 9 suspendue à la caisse 2 du bassin de coulée
par des tirants 14.
[0019] La bride 9 supporte également une enveloppe de refroidissement 15, coaxiale à la
filière 6 et au noyau 8, qui est en contact étroit avec la paroi extérieure de cette
filière entre la caisse 2 du bassin de coulée,c'est-à-dire la sortie de l'orifice
de coulée 4, et la bride 9. Cette enveloppe de refroidissement 15 est représentée
schématiquement sous la forme d'un manchon à circulation d'eau avec des conduits 16
et 13 d'entrée et de sortie de l'eau, mais il est évident qu'elle peut comporter,
conformément au brevet FR 2 415 501, entre le manchon à circulation d'eau et la filière
6, une chemise de métal liquide de refroidissement à bas point de fusion afin d'assurer
un contact thermique meilleur et, par conséquent, une parfaite évacuation des calories.
[0020] L'installation comporte en outre un dispositif d'extraction, ou extracteur, du tube
T coulé, consistant par exemple en deux paires de galets 18 et 20 d'axes horizontaux,
appliqués sur la paroi extérieure du tube T coulé, symétriquement par rapport à l'axe
X-X. Deux de ces galets, situés d'un même côté de l'axe X-X, sont reliés par une chaîne
de transmission 19 et entraînés en rotation, pas à pas, c'est-à-dire avec des temps
d'arrêt, par un groupe moto-réducteur 21.
[0021] Grâce à ce système connu d'extraction, la sortie du tube solidifié T de l'espace
tubulaire 10 s'effectue pas à pas.
[0022] Conformément à l'invention, la filière 6 comporte un corps cylindrique creux 7 d'épaisseur
de paroi constante, qui est prolongé à sa partie supérieure par une tête 17 ajustée
dans l'orifice de coulée 4.
[0023] Selon le mode de réalisation représenté sur les figures 1 et 2, la tête composite
17 comporte une lèvre annulaire mince ou étroite 22, se raccordant par un large arrondi
23, avec le corps épais 7, mais d'une seule pièce avec lui, en graphite. Ce raccordement
a lieu exactement à l'embouchure de l'orifice de coulée 4, c'est-à-dire dans le plan
du contact P (tracé en trait mixte) entre la face extérieure de la caisse métallique
2 et l'extrémité supérieure de l'enveloppe de refroidissement 15. Par suite, sur toute
sa hauteur la lèvre annulaire mince 22 a, à l'intérieur de l'orifice de coulée 4,
une épaisseur sensiblement inférieure à celle du corps 7 de la filière 6, à l'extérieur
de cet orifice. A sa partie supérieure, la lèvre 22 a une épaisseur qui est une fraction
de celle de la partie refroidie 7 de la filière 6. Dans le mode de réalisation représenté,
la lèvre 22 est tronconique mais, comme sa conicité est très faible, c'est presque
sur toute sa hauteur que son épaisseur est une fraction de celle du corps refroidi
7. A titre d'exemple, la lèvre 22 a une épaisseur au plus égale au 1/3 de l'épaisseur
du corps 7, juste avant l'arrondi de son raccordement avec ce corps, et une dimension
axiale au moins égale à l'épaisseur du corps 7 de la filière et couramment égale à
1,5 fois cette épaisseur.
[0024] La lèvre 22 est entourée par une bague réfractaire 24, par exemple en matériau silico-alumineux,
ayant de bonnes caractéristiques d'isolation thermique. La bague 24 est ajustée sur
la lèvre 22 dont elle épouse le profil extérieur et constitue, avec cette lèvre, la
tête composite 17 de la filière 6. La forme et la largeur de la bague 24 permettent
à cette tête d'être ajustée sur la paroi interne de l'orifice 4 et ainsi de n'autoriser
l'écoulement de la fonte liquide qu'entre la lèvre 22 et le noyau 8.
[0025] En utilisation,la lèvre annulaire mince a son extrémité supérieure en contact direct
avec la fonte liquide F contenue dans le bassin de coulée 1 et se raccorde avec le
corps épais 7 de la filière 6, juste à la limite supérieure du refroidissement énergique
de cette filière 6 par l'enveloppe de refroidissement 15.
[0026] La tranche supérieure horizontale et plane 25 de la bague 24, qui affleure l'extrémité
supérieure de la lèvre 22, est également en contact avec.la fonte liquide F du bassin
1. Par contre, sa tranche inférieure est en contact avec le corps cylindrique 7 et
avec l'arrondi 23 de raccordement de la lèvre à ce corps dans le plan P.
[0027] Dès le début de la coulée, et pendant tout le temps que dure celle-ci et que, par
conséquent, l'espace annulaire 10 est rempli de fonte, l'ensemble de la tête composite
17 de filière est donc maintenu dans une zone chaude, puisqu'elle est en contact avec
la fonte liquide par sa tranche horizontale supérieure et par la face cylindrique
intérieure de la lèvre 22.
[0028] Un refroidissement ne peut provenir que de l'enveloppe de refroidissement 15. Un
flux de refroidissement traverse le graphite conducteur de la lèvre 22 et du corps
7, mais ne peut pas traverser le matériau réfractaire de la bague 24. Par suite, les
flux de refroidissement créés entre la fonte liquide et l'enveloppe de refroidissement
suivent les trajets indiqués par les lignes fléchées f
1 en pointillé et f
2 en trait interrompu de la figure 2.
[0029] Les calories de la fonte liquide située au-dessus de la tête 17 de la filière et
de celle qui est contenue dans l'espace annulaire 10, à l'intérieur de la lèvre 22,
se dirigent vers l'enveloppe de refroidissement 11, selon la ligne en pointillé f
l. Ce flux f
l correspond en fait à une faible évasion de calories, du fait que la lèvre 22 en graphite
(coefficient de conductibilité : 70 à 100 kCal/h/m
2/
oC), donc bonne conductrice de la chaleur, a, d'une part une faible section transversale
qui offre une faible section de passage aux calories, et d'autre part une longueur
ou hauteur importante qui ralentit d'autant le flux thermique f
1, tandis que la bague 24, qui est en matériau réfractaire silico-alumineux (coefficient
de conductibilité : 0,5 à 3 kCal/h/m
2/'C), s'oppose au passage des calories et doit donc être contournée.
[0030] Ainsi, grâce à la tête composite 17, ou tête chaude, la fonte liquide contenue dans
l'espace annulaire 10, à l'intérieur de la lèvre 22 et de l'orifice de coulée 4, au-dessus
du plan P, est relativement peu refroidie. On peut même considérer qu'elle ne subit
pratiquement aucun refroidissement.
[0031] Au-dessous du plan horizontal P qui est celui du raccordement de la lèvre mince 22
en graphite, ainsi que de la bague réfractaire 24, avec le corps d'épaisseur constante
de la filière 7, c'est-à-dire avec la partie située au-dessous de la limite supérieure
de l'enveloppe de refroidissement 15, ce sont par contre des flux f
2 beaucoup plus importants que le flux f1qui entraînent des calories de l'espace annulaire
10 vers l'enveloppe de refroidissement 15. En effet, la section de passagé offerte
aux calories prélevées sur la fonte est beaucoup plus grande au-dessous du plan P
puisque le corps 7 de la filière en graphite, conducteur de la chaleur, a une épaisseur
sensiblement supérieure à celle de la lèvre 22.
[0032] Le véritable et sensible refroidissement de la fonte commence donc au-dessous de
ce plan P, c'est-à-dire dans la zone de l'espace annulaire 10 qui est entourée par
l'enveloppe de refroidissement 15, et c'est seulement au-dessous du plan P que la
fonte coulée va commencer à se solidifier, comme cela est illustré sur les figures
1 et 2.
[0033] La lèvre 22 est non seulement d'une seule pièce avec le corps 7, mais en outre sa
surface interne est exactement dans le prolongement de la paroi cylindrique interne
26 de ce corps 7(et porte, de ce fait, le même repère numérique 26), de sorte que
la filière a une paroi continue sur toute sa hauteur et notamment entre la zone chaude
située dans l'orifice de coulée 4, au-dessus du plan P, et la zone refroidie par l'enveloppe
11, au-dessous du plan P. Cette continuité de paroi 26 en graphite offerte à la fonte
liquide est particulièrement avantageuse puisqu'elle existe au démarrage de la coulée
et est maintenue pendant celle-ci, alors que la filière 6 en graphite s'échauffe au
contact de la fonte liquide et par conséquent se dilate uniformément. Il en résulte
que les parois de moulage offertes à la fonte liquide dans l'espace annulaire 10,
entre la lèvre 22 et le corps épais 7 d'une part, et le noyau 8 d'autre part, restent
continues, ce qui facilite l'écoulement descendant de la fonte et l'obtention d'un
tube T ayant une belle paroi extérieure lisse et saine, ainsi qu'une belle paroi interne.
[0034] Toute obstruction de la partie supérieure de l'espace tubulaire 10 par solidification
au moins partielle de la fonte coulée est ainsi évitée. La solidification , commence
au contraire à la limite supérieure P d'influence de l'enveloppe de refroidissement
15 pour être complète à l'extrémité inférieure de la filière 6, c'est-à-dire à proximité
de la sortie de celle-ci.
[0035] Le front de solidification est régulier et continu. Il ne risque plus de se former
un anneau d'incrustation dû à un écart d'épaisseur tel que celui indiqué en 28 sur
la figure 6. Sur cette figure,une filière 36 de l'art antérieur comporte une tête
37 de forme tronconique qui, au droit de la caisse 2, a la même largeur que le corps
de la filière et s'amincit en direction du bassin de coulée.
[0036] Du fait que le graphite est bon conducteur de la chaleur et que la section de la
tête de filière 37, au-dessus du plan
P, est importante (beaucoup plus grande que celle de la tête composite 17), les calories
de la fonte liquide F sont prélevées par l'enveloppe de refroidissement 15 à travers
la large section de passage offerte par la tête de filière au-dessus du plan P suivant
un flux f
3 représenté en trait interrompu. Ce flux f 3 est beaucoup plus important que le flux
f car il traverse une section de passage en graphite beaucoup plus importante. Il
en résulte que la solidification de la fonte,bien que lente, commence en FS au-dessus
du plan P.
[0037] Au niveau du plan P l'épaisseur de fonte solidifiée FS peut atteindre la moitié de
la largeur de l'espace annulaire 10 et même la totalité de cet espace, jusqu'au bouchage.
Au-dessous du plan P, le refroidissement de la fonte liquide est beaucoup plus énergique
puisque le trajet du flux de calories f
2 vers l'enveloppe de refroidissement 15 est beaucoup plus direct, beaucoup plus court.
[0038] Le plan P de séparation entre ces deux zones de refroidissement marque donc un net
écart d'épaisseur de fonte solidifiée, qui présente en 28 une amorce de rupture à
chaque passe d'extraction.
[0039] Au contraire, la tête composite 17 de la filière 6 des figures 1 et 2 reste chaude
et évite le refroidissement de la fonte dans cette zone de la filière, de sorte qu'aucune
solidification ne commence au-dessus du plan P. C'est seulement au-dessous du plan
P que commence la solidification. Le défaut grave précité est donc évité.
[0040] Par ailleurs, du fait même de sa structure composite et de l'épaisseur de la bague
réfractaire 24, la tête 17 de la filière est robuste, n'offre aucune fragilité mécanique
car la bague 24 protège et renforce extérieurement la lèvre amincie 22, et assure
ainsi la continuité de l'épaisseur de la filière, y compris dans la zone contenue
à l'intérieur de l'orifice de coulée 4.
[0041] Bien que l'exemple d'exécution des figures 1 et 2 soit particulièrement avantageux,
on peut réaliser d'autres manières une tête chaude composite de filière comportant,
d'une part une partie en graphite de faible section, ménageant une continuité de paroi
cylindrique à l'écoulement de la fonte dans l'espace annulaire 10 et offrant une faible
section de passage aux calories en direction de l'enveloppe de refroidissement 15,
et d'autre part une partie réfractaire isolante, par exemple silico-alumineuse.
[0042] Quel que soit le mode de réalisation toutefois, la limite entre la tête composite
et le corps 7 de la filière doit rester le plan horizontal P, le corps 7 ayant la
même hauteur que l'enveloppe 15.
[0043] Sur la figure 3, la tête de filière comporte au-dessus du plan P deux lèvres annulaires
concentriques minces, respectivement extérieure 32 et intérieure 22. Les lèvres 22
et 32 sont en graphite puisqu'elles sont la continuité du corps tubulaire épais 7
de la filière. La surface extérieure de la lèvre extérieure 32 est cylindrique pour
s'appliquer exactement contre la paroi de l'orifice de coulée, tandis que les surfaces
en regard des deux lèvres sont légèrement tronconiques et sont séparées par une bague
réfractaire isolante 34, en matériau silico-alumineux, en contact étroit avec chacune
d'elles, qui affleure bien entendu leurs extrémités supérieures, suivant un même plan
horizontal. Ces extrémités sont en contact avec la fonte liquide du bassin de coulée
lorsque, comme illustré en trait plein, le garnissage réfractaire 3 est raccordé avec
la paroi extérieure de la lèvre extérieure 32 de la tête composite de filière. Dans
ce cas, un double flux f de transfert de calories s'établit entre la fonte liquide
contenue dans l'orifice de coulée 4 et l'enveloppe de refroidissement 15. Ces deux
flux f
I traversent chacun une lèvre annulaire 32 et 22. Cependant, étant donné que ces lèvres
sont minces, la perte de calories par ces deux flux reste très faible et n'est pas
susceptible de causer un début de solidification de la fonte au-dessus du plan P,
c'est-à-dire au droit des lèvres 22 et 32.
[0044] Selon une variante, indiquée en trait mixte, le garnissage réfractaire se prolonge
au-dessus de la tête et se raccorde avec la paroi interne de la lèvre interne 22.
[0045] Comme dans le mode de réalisation précédent, la bague réfractaire 34 constitue un
obstacle empêchant le passage des calories tout en assurant un renforcement mécanique
de la tête chaude de filière.
[0046] Selon un autre mode de réalisation, représenté à la figure 4, la tête composite de
filière comporte au-dessus du plan P une lèvre 42 dont la face extérieure évidée 43
est concave suivant un profil d'évidement semi-torique, qui forme un rebord ou élargissement
supérieur 44 rejoignant la paroi interne de l'orifice de coulée et un logement pour
une bague réfractaire, silico-alumineuse, 45 à profil conjugué semi-torique et à profil
extérieur cylindrique ajusté au profil interne cylindrique de l'orifice de coulée
4. Le rebord 44 occupe la même largeur annulaire que le corps 7 situé au-dessous du
plan P. Mais ce rebord supérieur 44 de grande largeur, en contact avec la fonte liquide
contenue dans le bassin de coulée 1, est sensiblement aminci. De plus, il est renforcé
et supporté par la bague réfractaire semi-torique 45 située juste en-dessous, de sorte
que le flux f
1 d'entraînement de calories vers l'enveloppe de refroidissement 15 ne peut pas s'étaler
sur toute la largeur annulaire de ce rebord supérieur ni se diriger directement vers
l'enveloppe de refroidissement 15. Au contraire, le flux f
1 doit contourner la bague réfractaire 45 et franchir une section annulaire étroite
ab, entre la bague réfractaire 45 et l'espace tubulaire 10. Donc, l'entraînement de
calories par le flux f
1 est faible.
[0047] Au lieu d'être semi-torique,la surface extérieure évidée de la lèvre et la bague
réfractaire peuvent avoir un profil d'évidement rectangulaire. La figure 5 représente
un mode de réalisation de ce type. Sur cette figure en effet, une tête composite en
graphite comporte une lèvre interne mince 46 dont la surface extérieure évidée délimite
deux logements de section rectangulaire, qui sont comblés par deux bagues réfractaires
48 et 49, concentriques et de même forme cylindrique (profil rectangulaire ou à peu
près). Les deux bagues 48 et 49 sont séparées par une cloison horizontale 50 en graphite,
formée par une ailette circonférentielle de la lèvre 46 en contact avec le garnissage
réfractaire 3 et, par conséquent, non susceptible de fournir un passage aux calories.
De plus, comme dans le mode de réalisation de la figure 4, la lèvre 46 comporte un
rebord supérieur ou cloison plane 52, ce qui confère à la tête en graphite un profil
méridien en F. La section supérieure de ce profil méridien en F peut être soit recouverte
de garnissage réfractaire 3, si celui-ci se raccorde par un arrondi (en trait plein)
avec la paroi interne de la lèvre de graphite 46, soit en contact avec la fonte liquide
si le raccordement arrondi s'effectue suivant la ligne en trait interrompu, dans le
prolongement des bords périphériques des cloisons 50, 52.
[0048] Selon une variante, la lèvre 46 peut être dépourvue de rebord supérieur 52; la bague
isolante supérieure 49 est alors,à sa partie supérieure, au contact du garnissage
3, ce qui confère à la lèvre en graphite un profil méridien en T.
[0049] Comme dans l'exemple de la figure 4, la section de passage offerte au flux f
1 d'évacuation de calories vers l'enveloppe de refroidissement 15 reste limitée à la
lèvre tubulaire verticale amincie 46 de la tête.
[0050] Bien entendu,la tête composite peut également comporter d'autres dispositions de
lèvre en graphite et de bague s'opposant au passage des calories, selon les installations.
[0051] Dans les cas où la bague isolante 45 (fig. 4), 48, 49 (fig. 5), n'est pas en contact
direct avec la fonte, il y a tout intérêt à choisir pour cette bague une matière ayant
de meilleures qualités isolantes, sans avoir besoin des propriétés réfractaires que
nécessite le contact avec la fonte liquide. C'est ainsi que les bagues 45, 48, 49
peuvent être en fibres d'alumine alors que la bague 24 peut être en béton silico-alumineux,
ce dernier étant beaucoup moins bon isolant que les fibres d'alumine.
[0052] Dans ces différentes variantes, la hauteur d'une lèvre 32, 42, 46 au-dessus du plan
P, et sa largeur radiale moyenne, sont analogues à celles de la lèvre 22 des figures
1 et 2.
[0053] Enfin, bien que l'invention ait été décrite pour une coulée continue verticale descendante,
elle s'applique également à une coulée continue montante, la tête de filière devenant
le "pied" de filière et étant immergée dans le bain de fonte situé à la partie inférieure
de l'installation; elle s'applique encore à la coulée continue horizontale (l'axe
X-X étant horizontal) ou à la coulée continue inclinée (l'axe X-X étant oblique).
1 - Filière tubulaire pour installation de coulée continue comportant un bassin de
coulée (1) muni d'un orifice inférieur (4), une enveloppe (15) de refroidissement
de la filière montée sous le bassin, dans le prolongement de la paroi interne de l'orifice
de coulée (4), et un noyau chauffé (8) qui délimite avec la filière (6) un espace
tubulaire étroit de coulée (10), coaxial à l'orifice de coulée, la filière (6) comportant
un corps cylindrique épais (7) entouré par l'enveloppe de refroidissement, et une
tête (17) en saillie dans l'orifice de coulée, caractérisée en ce que la tête (17)
de la filière (6) est composite et comporte au moins une lèvre annulaire étroite (22,
32, 42, 46) à surface interne (26) en prolongement continu de la surface interne (26)
du corps (7) de la filière, qui est raccordée à ce dernier au droit du plan de contact
(P) entre le bassin et l'enveloppe de refroidissement, et au moins une bague (24,
34, 45, 48, 49) en matériau isolant, entourant la lèvre et en contact avec le corps,
qui s'oppose au passage des calories.
2 - Filière suivant la revendication 1, caractérisée en ce que la lèvre (22, 32, 42,
46) est en graphite et d'une seule pièce avec le corps (7) de la filière (6).
3 - Filière suivant l'une des revendications 1 et 2, caractérisée en ce que la lèvre
(22, 32) est très légèrement tronconique et est raccordée au corps par un arrondi.
4 - Filière suivant l'une des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que la bague
(24, 34, 45, 48, 49) est en un matériau réfractaire.
5 - Filière suivant l'une des revendications 1 à 4, caractérisée en ce que la bague
isolante (24, 34) remplit l'espace entre la lèvre (22, 42) et la paroi interne de
l'orifice de coulée (4) et affleure l'extrémité supérieure de la lèvre.
6 - Filière suivant l'une des revendications 1 à 4, caractérisée en ce qu'elle comporte
une seconde lèvre extérieure (32) coaxiale à la lèvre interne (22), séparée de celle-ci
par un espace annulaire, et extérieurement cylindrique pour s'appliquer contre la
paroi de l'orifice de coulée, la bague réfractaire (34) remplissant l'espace entre
les deux lèvres.
7 - Filière suivant l'une des revendications 1 et 2, caractérisée en ce que la lèvre
(42, 46) comporte un rebord supérieur (44, 52) et est extérieurement évidée par au
moins une cavité annulaire de logement d'une bague isolante (45, 48, 49).
8 - Filière suivant la revendication 7, caractérisée en ce que la surface extérieure
évidée (43) de la lèvre (42) est concave et semi-torique.
9 - Filière suivant la revendication 7, caractérisée en ce que la lèvre (46) comporte
une ailette latérale (50) formant cloison de séparation de deux bagues concentriques
superposées (48, 49).
10 - Filière suivant l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que
la largeur radiale de la lèvre (22, 42, 46) est environ un tiers de celle du corps
(7) de la filière.
11 - Filière suivant l'une des revendications 7 à 10, caractérisée en ce que la bague
(48, 49) est en un matériau isolant tel que des fibres d'alumine.
12 - Filière suivant l'une des revendications précédentes, caractérisée en ce que
la lèvre (22,32, 42, 46) a une hauteur axiale au moins égale à l'épaisseur du corps
(7) et, de préférence, une fois et demie cette épaisseur.