(19)
(11) EP 0 089 299 A2

(12) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN

(43) Date de publication:
21.09.1983  Bulletin  1983/38

(21) Numéro de dépôt: 83420039.6

(22) Date de dépôt:  10.03.1983
(51) Int. Cl.3D01H 5/26
(84) Etats contractants désignés:
BE CH DE FR GB IT LI

(30) Priorité: 12.03.1982 FR 8204371

(71) Demandeur: Centre Technique Industriel dit: INSTITUT TEXTILE DE FRANCE
F-92100 Boulogne-Billancourt Cédex (FR)

(72) Inventeurs:
  • Schutz, Richard
    F-68200 Mulhouse (FR)
  • Scheurer, Fernande épouse Schutz
    F-68200 Mulhouse (FR)
  • Renner, Marc
    F-68200 Mulhouse (FR)

(74) Mandataire: Laurent, Michel et al
Cabinet LAURENT et CHARRAS, 20, rue Louis Chirpaz B.P. 32
69131 Ecully Cédex
69131 Ecully Cédex (FR)


(56) Documents cités: : 
   
       


    (54) Procédé d'étirage d'une structure textile à base de fibres discontinues et dispositif pour sa mise en oeuvre


    (57) Procédé et dispositif pour l'étirage d'une structure textile constituée de fibres discontinues, et pouvant se présenter sous la forme d'une nappe, d'un ruban ou d'une mèche.
    Selon l'invention, on soumet la structure fibreuse (24) à des contraines externes (20, 21), par exemple par passage entre deux éléments mobiles (18, 19) disposés de part et d'autre de la matière et se déplaçant à des vitesses V1, V2 différentes afin de provoquer un cisaillement simple avec un gradient de vitesses qui tend à faire glisser les fibres, sous forme de couches élémentaires superposées se déplaçant à des vitesses différentes les unes des autres, couches sur lesquelles s'exercent des forces normales, notamment dans la zone de glissement.




    Description


    [0001] La présente invention concerne un procédé d'étirage d'une structure textile à base de fibres, ladite structure se présentant aussi bien sous forme surfacique (matelas, nappe, voile...) que sous forme linéaire (ruban, mèche...) ; elle concerne également un dispositif permettant la mise en oeuvre de ce procédé.

    [0002] Il est bien connu dans le domaine de l'industrie textile que l'obtention d'articles à base de fibres discontinues et notamment dans le cas où l'on passe par l'intermédiaire de filés, nécessite aux différents stades de la fabrication, de soumettre les fibres à des étirages, c'est-à-dire à des réductions de la masse de la section transversale et ce, aussi bien au stade de la préparation où les fibres sont disposées sous la forme d'une nappe qu'au stade de la filature proprement dite où elles se présentent sous la forme d'un ruban ou d'une mèche.

    [0003] Les figures 1 à 5 annexées illustrent, d'une manière schématique, les différents procédés et dispositifs proposés et utilisés à ce jour pour réaliser ces opérations d'étirage. Dans toutes ces solutions, l'étirage proprement dit est obtenu essentiellement entre une paire de cylindres d'entrée (1,2) (désignés également fréquemment par l'expression "cylindres alimentaires"), ayant la même vitesse tangentielle Vl et, une paire de cylindres de sortie (1'-2') ayant la même vitesse tangentielle V2 supérieure à celle VI des cylindres d'entrée. Le rapport V2 de ces vitesses détermine le taux d'étirage. Ce taux d'étirage est un taux théorique qui ne tient pas compte des glissements éventuels des fibres. Par ailleurs, le pinçage de la matière entre les cylindres (1,2) et (l',2') se fait uniquement par les pressions (15-16).

    [0004] Un tel processus d'étirage repose donc sur une différence de vitesses donnée par un appel positif des cylindres de sortie (l',2') par rapport aux cylindres d'entrée (1, 2); il est mis en oeuvre dans pratiquement tous les systèmes connus à ce jour et ce, quelles que soient les adaptations apportées et qui résultent de la nature de la matière travaillée (fibres longues, fibres courtes) et/ou de la forme sous laquelle se présente cette matière (mèche, ruban, nappe). C'est ce que montrent clairement les figures 2 à 5 qui sont des schémas des différents systèmes d'étirage utilisés à ce jour et qui comportent, disposés entre les cylindres d'entrée (1,2) et de sortie (1',2'), des organes additionnels tels que par exemple des cylindres intermédiaires (3) ou lanières de guidage (4) (figure 2) ou encore, comme dans le cas de mise en oeuvre de fibres longues (laine ou fibres libériennes par exemple), des cylindres "hérissons" (5) (figure 3), des champs d'aiguilles mobiles (6) (figure 4) ou tout autre support intermédiaire rotatif ou mobile (6') (figure 5). Tous les systèmes classiques d'étirage précités présentent comme inconvénient de ne pas pouvoir permettre un contrôle précis du mouvement des fibres, celles-ci pouvant se disloquer (comme indiqué par la référence 17 aux figures 1 et 2), ce qui peut se traduire par une irrégularité de section, donc par des défauts dans le produit fini.

    [0005] Par ailleurs, il convient de noter qu'en dehors de ces problèmes de qualité dans le produit réalisé, les systèmes d'étirage proposés à ce jour ne produisent que des taux d'étirage relativement faibles, en général au maximum de l'ordre de 20 à 30, ce qui limite donc les vitesses de production et/ou conduit à réaliser des opérations d'étirages successifs sur des matériels différents, donc à augmenter les coûts de production. De plus, en fonction de la longueur et distribution en longueur des fibres à travailler, il -faut régler la distance d entre la paire de cylindres d'entrée (ou alimentaires) et la paire de cylindres de sortie (ou d'étirage) afin d'éviter d'une part la rupture des fibres longues si la distance d est trop faible, et d'autre part, la perte de contrôle des fibres si la distance d est trop grande; malgrè tous les organes et systèmes additionnels ajoutés pour compenser le manque de pression nécessaire au contrôle correct du glissement des fibres.

    [0006] Or, on a trouvé, et c'est ce qui fait l'objet de la présente invention, un procédé qui, non seulement permet d'obtenir des taux d'étirage même très élevés, quelles que soient les longueurs de fibres car par principe, ce système assure le contrôle de fibres au cours de leur glissement, mais également conduit à des produits possédant de très bonnes caractéristiques textiles. Par ailleurs, le procédé selon l'invention peut être mis en oeuvre pour étirer des structures textiles fibreuses se présentant aussi bien sous la forme d'une nappe ou similaire, par exemple en préparation au niveau du classique battage ou du classique cardage, que sous la forme d'un ruban ou d'une mèche entre le cardage et jusqu'à la filature proprement dite.

    [0007] L'invention concerne également les moyens permettant la mise en oeuvre dudit procédé.

    [0008] D'une manière générale, l'invention concerne donc un procédé d'étirage d'une structure textile constituée de fibres discontinues dont l'orientation moyenne est privilégiée dans le sens parallèle à la longueur de ladite structure, structure pouvant se présenter aussi bien sous la forme d'une nappe que d'un ruban ou d'une mèche (ou tout autre matériau équivalent), le procédé selon l'invention se caractérisant par le fait que l'étirage est obtenu en soumettant la structure fibreuse en mouvement à des contraintes externes qui provoquent un effet de cisaillement simple qui tend à faire glisser les fibres les unes par rapport aux autres, sous forme de couches élémentaires superposées se déplaçant à des vitesses différentes les unes des autres et sur lesquelles s'exercent des forces normales aux fibres notamment dans la zone de glissement.

    [0009] En effet, selon la nouvelle approche à l'origine de cette invention, le processus d'affinage de la masse linéique ou surfacique des fibres dans une section peut être assimilé à un écoulement de fibres. Par analogie, avec ce qui se passe pour des fluides (figures 10a, lOb, 10c), l'écoulement lamellaire en couches parallèles glissant parallèlement les unes (7) par rapport aux autres (8), se fait au mieux par application de ce qu'on appelle en rhéologie un "cisaillement simple" soit sur couches planes (figure l0a), soit sur couches cocylindriques, télescopi- quement (figure 10b).

    [0010] Suivant ce principe, la couche de fibres (9) la plus rapide est entraînée par l'application d'une force (10), tandis que la couche (11) la plus lente est retenue par rapport aux couches intermédiaires par l'application d'une force (12). L'effet normal du couple des forces tangentielles (10/12) doit être compensé par l'application de forces normales (13) et (14) (figure 10c), sans quoi la tendance à la rotation se traduirait par une dislocation des couches et les conditions pour un glissement idéal des couches ne seraient plus assurées.

    [0011] Pour ce faire, le système selon l'invention effectue l'affinage d'un ensemble de fibres présenté sous forme de matelas, nappe (="textile surfacique") ou sous la forme d'un ruban ou de mèche (="textile linéaire") par cisaillement simple ; le glissement relatif des couches de fibres se fait par l'application (fig. 6a) d'un élément (19) entraînant les fibres à la vitesse V2 supérieure (et non pas égale ou à peine différente comme dans les systèmes connus) à la vitesse VI d'un autre élément (18), tout en appliquant des forces normales (20-21) au cours du glissement des couches de fibres (24). Dans une première version simple de réalisation pratique du procédé, les éléments entraînant les fibres sont des lanières ou bandes plates, du type même de celles qui sont utilisées dans les étirages classiques sur banc ou sur métier à filer, les forces normales sont appliquées sur les axes des rouleaux d'entraînement et réparties sur les fibres du fait de la tension donnée par les tendeurs (25), ra-glables ou non (figure 6a) avec (1) et (2) tournant à vitesse Vl et (l')(2') à vitesse V2.

    [0012] Bien entendu, la disposition de l'axe longitudinal d'écoulement des fibres peut être horizontale, verticale, ou inclinée, notamment si l'on veut profiter de la gravité pour parfaire le guidage de l'écoulement des fibres et/ou le maintien sur les éléments d'entraînement desdites fibres, ou entre ces éléments ou encore entre l'alimentation, voire la sortie, et ces éléments.

    [0013] De plus, les organes et dispositifs bien connus des techniciens tels que par exemple les moyens de stockage de la matière à étirer, de réception après étirage, l'entraînement des organes ainsi que les bâtis supportant ces organes ne seront pas décrits et représentés (à l'exception de la figure 9a), par mesure de simplification.

    [0014] Les variantes relatives au système décrit par l'invention, concernent :

    - la nature des éléments d'entraînement des fibres et leur disposition ;

    - la combinaison en "cascade" de ce système, répété pour assurer un étirage échelonné et progressif,

    - la façon d'appliquer les forces normales,

    - l'alimentation et la sortie,

    - l'extension à la fabrication d'un fil à âme en combinaison avec ce système d'étirage.



    [0015] L'invention et les avantages qu'elle apporte seront cependant mieux compris grâce aux illustrations par les schémas annexés et grâce aux exemples de réalisation qui suivent.

    [0016] Ainsi, si les figures 1 à 5 illustrent comme vu précédemment des systèmes d'étirage conventionnels, les figures 6a, 6b, 6c, 7a, 7b, 7c, 7d, 7e illustrent différents modes de la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, d'un étirage par application d'un cisaillement simple sur des surfaces planes de glissement et qui s'appliquent aux structures fibreuses à étirer, sous forme de nappe ou de ruban, tandis que les figures 9a, 9b, 9c illustrent la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, d'un étirage par cisaillement simple sur des surfaces co-. cylindriques télescopiques, mais qui se limite aux textiles linéaires.

    [0017] Les figures 6a, 6b, 6c illustrent la première forme de mise en oeuvre du procédé selon l'invention dans laquelle les contraintes externes appliquées à la matière fibreuse pour provoquer un effet de cisaillement simple, sont obtenues au moyen d'une paire d'éléments supérieurs et inférieurs mobiles, pour lesquels la vitesse des rouleaux d'entraînement supérieurs (l'-2') est différente de la vitesse des rouleaux d'entraînement (1,2) inférieurs: le rapport de ces deux vitesses donnant l'étirage théorique ; les deux éléments mobiles (18-19) assurent le contact avec respectivement la couche supérieure et la couche inférieure du système fibreux cisaillé, présentant la même surface de contact, en étant exactement superposés.

    [0018] Les figures 7a, 7b, 7c, 7d, 7e, illustrent des variantes selon lesquelles les contraintes sont également obtenues au moyen d'une paire d'éléments mobiles, lesdits éléments supérieurs et inférieurs étant décalés de c (figure 7a) l'un par rapport à l'autre, sans avoir nécessairement les mêmes surfaces de contact respectives avec la couche supérieure et avec la couche inférieure.

    [0019] Les figures 8a et 8b illustrent des variantes dans lesquelles la matière fibreuse est soumise à une succession de contraintes externes assurant un étirage progressif.

    [0020] Les figures 9a, 9b, 9c illustrent différents modes de mise en oeuvre du procédé selon l'invention dans lesquels les contraintes externes sont obtenues par action des fibres elles-mêmes.

    [0021] Les figures 10a, 10b et 10c sont des schémas illustrant comment peut s'expliquer de manière théorique le processus d'étirage obtenu par la mise en eouvre du procédé selon l'invention.

    [0022] Dans la suite de la description, par mesure de simplification les mêmes éléments ou des éléments similaires seront désignés par les mêmes références.

    [0023] Les figures 6a, 6b, 6c, 7a, 7b, 7c,7d, 7e, 8a, 8b illustrent différents modes de mise en oeuvre du procédé selon l'invention dans lesquels la structure fibreuse (24), sous forme de nappe ou de ruban, matériaux dans lesquels les fibres discontinues sont disposées au moins pour partie majoritaire sensiblement parallèles par rapport à la longueur, est étirée conformément à l'invention, en soumettant ladite structure fibreuse (24) en mouvement, à des contraintes externes qui provoquent un effet de cisaillement simple tendant à faire glisser les fibres les unes par rapport aux autres sous forme de couches élémentaires superposées, se déplaçant à des vitesses différentes les unes par rapport aux autres. Dans ces modes de réalisation, la matière passe entre une paire d'éléments mobiles (18-19) entraînés à des vitesses différentes, l'élément (19) supérieur ayant une vitesse V2 plus élevée que la vitesse Vl de l'élément inférieur (18). En pratique, les éléments (18-19) entraînant les fibres peuvent être des lanières ou bandes plates, métalliques ou non, fixes ou extensibles, rainurées, crantées, ou revêtues de toute autre garniture (à pointes, à dents, à surface plus ou moins rugueuse) ou par exemple, du type même de celles qui sont utilisées dans les étirages classiques sur banc ou sur métier à filer. Ces éléments mobiles (19-18) sont portés par des paires de rouleaux (1,1' et 2,2') entraînés en rotation de manière connue. Par ailleurs, des moyens sont associés à ces éléments mobiles afin qu'ils exercent, sur la matière (24) passant entre eux, des forces (20-21) dans la zone de glissement des fibres. Ces forces normales (20-21) peuvent être obtenues, ainsi que cela ressort dans la figure 6a, par la tension donnée aux supports, éventuellement au moyen de tendeurs (25), réglables ou non, agissant sur chacun des éléments (18-19) d'entraînement des fibres entraînés eux-mêmes respectivement à la vitesse Vl et V2. Ces forces normales peuvent être obtenues par tous moyens appropriés tels que ressorts, vérins, électro-aimants, leviers chargés ou similaires. Elles peuvent être transmises comme représentées à la figure (6a) au moyen d'un galet mais d'autres moyens équivalents pourraient être envisagés. Ainsi à la figure (6b), les forces normales (20-21) sont transmises par l'intermédiaire de plaques (22-23) sur lesquelles glissent les éléments (18-19). Ces plaques répartissent sur lesdits éléments les forces appliquées (20-21).

    [0024] On peut également envisager d'utiliser une solution telle que celle représentée à la figure (6c) notamment pour éviter l'inconvénient du frottement parasite des éléments sur les plaques fixes. Dans cette variante, les forces (20-21) sont transmises par l'intermédiaire de galets (28), rouleaux (29) ou de tous autres dispositifs maintenant les éléments sous une pression correspondant à la force normale requise dans l'intervalle "a, b".

    [0025] Si dans les modes de réalisation illustrés par les figures : (6a, 6b, 6c) les éléments (18-19) sont disposés face à face, il pourrait être envisagé, ainsi que cela est illustré à la figure (7a), de les décaler l'un par rapport à l'autre dans le sens d'avance de la matière fibreuse (24). Ce décalage, désigné par la référence (c) à la figure 7a aura une valeur qui ne dépassera pas normalement la longueur des plus longues fibres travaillées. Les "longueurs" des surfaces de contact des "éléments" inférieurs et supérieurs peuvent ne pas être identiques comme en figures 7c, 7d et 7e.

    [0026] A partir de la variante illustrée par la figure (7a), il peut être envisagé d'effectuer des étirages successifs, progressifs, tel que cela est représenté aux figures (8a et 8b).

    [0027] Dans ces variantes, on utilise une répétition successive de dispositifs permettant d'assurer un étagement des étirages et/ou permettant de changer le gradient de vitesse appliqué, selon des rapports de vitesses constants ou variables



    ...

    ...

    et en nombre variable ou fixe.

    [0028] Dans l'exemple de réalisation illustré par les figures (8a et 8b), l'installation comporte trois étages d'étirage. L'élément (19) (à vitesse V2) décalé par rapport à l'élément (18) (à vitesse Vl) assure un premier étirage théorique de

    alors que l'élément (26), à vitesse V3, assure un deuxième étirage théorique de

    et l'élément (27) (à vitesse V4) assure le troisième étirage théorique de

    . En fonction de la nature des fibres traitées, et plus particulièrement de leur longueur, on peut modifier les écartements (el, e2, e3, e4) en prévoyant, éventuellement, l'utilisation dans les écartements (afin d'assurer le maintien desdites fibres dans ces zones d'écartement (e) où elles ne sont en contact qu'avec un seul support), d'un ou plusieurs soutiens ou guides, tels que des galets (28), rouleaux (29) (pouvant être lisses, rainurés ou décolletés) ou encore de condenseur et/ou (demi) entonnoir.

    [0029] Si le procédé selon l'invention peut être mis en oeuvre en soumettant la structure fibreuse en mouvement à des contraintes externes à partir d'éléments mobiles déplacés à des vitesses différentes et sur lesquelles s'appliquent des forces normales s'exerçant sur les fibres dans la zone de glissement, il peut également être envisagé à la limite, en ce qui concerne les textiles linéaires (mèches, rubans) de mettre en oeuvre ce procédé sans faire appel à de tels moyens additionnels, ces contraintes étant obtenues par les fibres elles-mêmes du ruban. Cela est obtenu en communiquant une torsion dont l'effet centripète permet d'assurer la pression normale par la torsion des fibres, ce qui conduit à un cisaillement de type télescopique mais tronconique, tel qu'illustré à la figure (lOb), d'une manière similaire à ce qui se passerait pour l'écoulement d'un fluide dans un capillaire. Une telle possibilité est illustrée par les figures (9a et 9b), ainsi que par la figure (9c) dans laquelle, comme dans les modes de réalisation illustrés par les figures (Sa et 8b), on communique une succession d'étirages au moyen d'éléments disposés en cascade.

    [0030] Cette torsion peut être communiquée au moyen d'un organe de fausse torsion conventionnel par exemple par l'intermédiaire d'un élément (45), couramment utilisé en filature classique type laine cardée, et désigné par l'expression "siiflet tordeur" ainsi que cela est illustré à la figure (9a). Il pourrait être envisagé d'utiliser un système "étireur retordeur" du type de celui illustré à la figure (9b). Il peut être envisagé d'utiliser également un montage en cascade, avec deux ou plusieurs éléments en série, à fausse torsion alternée ou non, comme l'illustre la figure (9c) qui comporte trois étages avec trois éléments (30-31-32) à fausses torsions alternées, ce qui permet d'obtenir un étirage suffisant et efficace. De tels systèmes d'étirage peuvent être utilisés par exemple au banc à broches c'est-à-dire avant l'étirage final sur continu à filer (comme c'est uniquement le cas jusqu'à présent avec un seul étage).

    Exemple 1 :



    [0031] Etirage d'une mèche de 500 tex en coton (100 % de coton russe avec un titre moyen de fibre de l'ordre de 2,5 dtex) au moyen d'un dispositif du type illustré par la figure (6a). Le système d'étirage comporte deux lanières (18-19) en élastomère de synthèse de 31 mm de large, la distance entre les axes des rouleaux (1 et 2) ou (l' et 2') est de 50 mm.

    [0032] Les conditions opératoires sont les suivantes ;

    - vitesse d'entrée de la matière : V1 (vitesse de lanière : 18) = 0,22 m/mn,

    - vitesse de la sortie de la matière V2 (vitesse de la lanière 19) = 10 m/mn.



    [0033] D'où un taux d'étirage 10 : 0,22 = 46.

    [0034] Le titre du filé obtenu = 10,9 tex ; sa ténacité : 10,8 cN/tex,son allongement à la rupture = 5,8 %, son énergie de rupture (capacité de travail) = 31,3 (cN/tex) x(mm/mm); son irrégularité en coefficient de variation quadratique = 16,8 %.

    [0035] Des essais effectués parallèlement sur la même mèche, mais sur matériel classique, du type illustré à la figure 2, ont conduit pour le même faux d'étirage global :

    Le titre du filé obtenu = 10,9 tex ; sa ténacité 8,5 cN/tex ; son allongement à la rupture = 4,4 % ; son énergie de rupture (capacité de travail) = (18,7 cN/tex) x (mm/mm), son irrégularité en coefficient de variation quadratique = 18,7 %.



    [0036] Ceci montre la supériorité du nouveau système par rapport au système classique.

    Exemple 2 :



    [0037] L'étirage d'un ruban de 6ktex de fibres acryliques (type : longues fibres de 3,3 dtex) a été réalisé au moyen d'un dispositif illustré par la figure 7b, avec un recouvrement des manchons sur 20 mm. Ces manchons lanières sont de 50 mm de large, et en élastomère de synthèse. Les conditions opératoires sont les suivantes :

    - Rapport des vitesses de 19 et 18 = 36 ; le titre du fil obtenu = 167 tex ; l'irrégularité en coefficient de variation est de 6,8 %.



    [0038] En appliquant sur le même ruban un étirage classique de 36 (figure 2), on obtient également un fil de 167 tex, mais avec un coefficient de variation de 8,25 %.

    [0039] Toujours sur le même système à étirage par cisaillement, selon la figure 7b, en entrant avec un ruban de 7 ktex, et en appliquant un rapport 3e vitesses de 19 et 18 = 72, le titre de fil obtenu est de 97,2 tex, avec un coefficient de variation de 9,6 %.

    [0040] En appliquant sur le même ruban un même érirage global de 72, mais sur le matériel classique (figure 2), on obtient un fil de 92 tex mais avec un coefficient de variation de 14,6 %.

    Exemple 3 :



    [0041] En filature type "laine cardée", un mélange à base de 22,5 % de laine vierge, 8,5 % de blousse de carde, 60 % de laine "renaissance", 9 % de polyamide (récupéré sur chiffons), l'étirage "télescopique" selon figure 9b avec un taux de 1,47 et avec un coefficient de torsion 18 (en donnant une fausse torsion de 650 t/m), a permis d'obtenir un filé de titre de 120 tex, avec seulement 2,1 casses par 10 000 m de fil, alors qu'en filature classique, sans étireur tordeur, sans étirage télescopique, le taux de casse se situe entre 20 et 100 par 10 000 m si l'on applique un taux d'étirage de 1,47 (taux usuel 1,04 à l,l).

    [0042] Les exemples qui précèdent montrent bien les avantages apportés par l'invention et notamment le fait qu'il est possible d'obtenir des taux beaucoup plus élevés qu'avec les systèmes d'étirage antérieurs, taux pouvant atteindre 50 et bien au-delà, et ce aussi bien à partir de mèches de fibres longues type laine que de fibres courtes, type : coton, ou d'un mélange de fibres courtes et longues : les filés formés présentent par ailleurs des qualités exceptionnelles, supérieures aux filés antérieurs, notamment en ce qui concerne la régularité massique, la propreté, les propriétés dynamométriques et ce comparé à des filés de même titre obtenu avec les mêmes matières sur des continus à filer classiques à anneaux pour coton d'une part et pour laine d'autre part, mais avec des taux d'étirage qui ne peuvent pas dépasser 30 pour le coton et 20 pour la laine par étage d'étirage.

    [0043] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux exemples de réalisation décrits précédemment mais elle en couvre toutes les variantes réalisées dans le même esprit. Ainsi, si l'invention a été décrite plus particulièrement pour l'obtention de filés de fibres-simples, il pourrait être envisagé d'incorporer une âme à l'intérieur desdits filés et ce à n'importe quel stade du processus d'étirage selon l'invention avant, pendant ou en fin d'étirage proprement dit.

    [0044] De même, si dans les exemples de réalisation où la matière passe entre deux éléments (18-19) entraînés à des vitesses différentes on utilise comme élément des courroies similaires à celles utilisées sur des machines conventionnelles à tous les stades de filature, il pourrait être envisagé d'utiliser des matériaux représentant une autre configuration de surface, par exemple revêtue d'une garniture telle que des pointes, des dents...permettant d'assurer une meilleure efficacité de l'entraînement voire même pour réaliser, en même temps que la fonction principale d'étirage, d'autres fonctions telles que le démêlage, la parallélisation, ou le cardage pour lequel les étirages par gradients progressifs successivement permet Jne bien meilleure efficacité que ce que donnent les réalisations classiques connues à un seul gradient de fait.,


    Revendications

    1/ Procédé d'étirage d'une structure textile constituée de fibres discontinues, disposées au moins pour partie majoritaire sensiblement parallèlement à la longueur de ladite structure, structure pouvant se présenter aussi bien sous la forme d'une nappe que d'un ruban ou d'une mèche, caractérisé par le fait que l'étirage est obtenu en soumettant la structure fibreuse en mouvement à des contraintes externes qui provoquent un effet de cisaillement simple qui tend à faire glisser les fibres les unes par rapport aux autres, selon un gradient de vitesses se traduisant par le déplacement à des vitesses différentes régulièrement échelonnées de couches élémentaires de fibres et sur lesquelles s'exercent des forces normales aux couches notamment dans la zone de glissement, pour ce faire.
     
    2/ Procédé selon la revendication 1, caractérisé par un étirage obtenu par une seule zone de cisaillement simple.
     
    3/ Procédé selon la revendication 1, caractérisé par un étirage progressif obtenu par plusieurs zones de cisaillement simple successives.
     
    4/ Procédé selon la revendication 2, caractérisé par le fait que le cisaillement simple est obtenu par actions d'éléments mobiles (lanières, bandes....) disposés de part et d'autre de la matière, déplacés à des vitesses différentes, et sur lesquels s'appliquent des forces normales s'exerçant sur les fibres dans la zone de glissement.
     
    5/ Procédé selon la revendication 4, caractérisé par le fait que lesdits éléments mobiles sont décalés l'un par rapport à l'autre.
     
    6/ Procédé selon la revendication 3, caractérisé par le fait que l'étirage progressif est obtenu à l'aide d'une séquence d'éléments de part et d'autre de la matière, ces éléments étant décalés les uns par rapport aux autres et assurant un étirage progressif.
     
    7/ Procédé selon la revendication 3, caractérisé par un cisaillement en couches cocylindriques concentriques télescopiques ne s'appliquant qu'au cas de ruban ou mèche, où le support extérieur est réalisé par les fibres superficielles elles-mêmes tordues par exemple par fausse torsion, dont l'effet centripète assure l'application d'une pression normale, selon le montage en série d'éléments avec fausses torsions.
     
    8/ Dispositif pour l'étirage d'une structure textile constitué de fibres discontinues, disposées au moins pour partie majoritaire sensiblement parallèlement à la longueur de ladite structure, structure pouvant se présenter aussi bien sous la forme d'une nappe que d'un ruban ou d'une mèche (24) caractérisé par le fait qu'il comporte des moyens permettant de soumettre la structure fibreuse en mouvement à des contraintes externes.(20-21) qui provoquent un cisaillement simple avec un gradient de vitesse qui tend à faire glisser les fibres, sous forme de couches élémentaires superposées se déplaçant à des vitesses différentes les unes des autres, couches sur lesquelles s'exercent des forces normales notamment dans la zone de glissement.
     
    9/ Dispositif selon la revendication 8, caractérisé par le fait que les contraintes externes sont obtenues en faisant passer la matière (24) entre deux éléments mobiles (18-19) (lanières, bandes ou tout autre élément d'entraînement de fibres) disposés de part et d'autre de la matière se déplaçant à des vitesses Vl et V2 différentes.
     
    10/ Dispositif selon la revendication 9, caractérisé par le fait que les éléments mobiles (20,21) sont disposés face à face.
     
    11/ Dispositif selon la revendication 9, caractérisé par le fait que les éléments mobiles (18-19) sont décalés l'un par rapport à l'autre.
     
    12/ Dispositif selon la revendications 11, caractérisé par le fait qu'il comporte une pluralité d'éléments mobiles (18,19,26,27) décalés les uns par rapport aux autres et entraînés respectivement à des vitesses (Vl, V2, V3, V4...) différentes.
     
    13/ Dispositif selon la revendication 8, caractérisé par le fait que les forces normales (20,21) communiquées par les éléments mobiles (18-19) à la matière (24) en mouvement sont obtenus par l'intermédiaire de plaques, galets, rouleaux, lames de ressort.
     
    14/ Dispositif selon la revendication 8, caractérisé par le fait que les forces normales appliquées sur la matière (24) sont obtenues par action des fibres elles-mêmes, selon un ou plusieurs cisaillements successifs de type télescopique.
     
    15/ Dispositif selon la revendication 14, caractérisé par le fait que l'action des fibres est obtenu au moyen d'un ou plusieurs éléments de fausse torsion.
     




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