[0001] L'invention concerne un procédé et un instrument pour l'insémination artificielle,
la transplantation d'embryons in-utéro ou la ponction de liquides folliculaires, par
voie transpéritonéale, chez les animaux, notamment les ovins, caprins, bovins, équins
ou autres.
[0002] S'agissant des ovins et des caprins, on sait les difficultés que l'on rencontre
lors de l'insémination artificielle ou du transfert d'embryons par les voies naturelles.
Le corps de l'utérus étant difficilement franchissable chez les caprins et, infranchissable
chez les ovins, on était donc contraint, jusqu'alors, de procéder à une intervention
chirurgicale, sous anesthésie générale, avec les inconvénients que cela engendre
du point de vue médical et économique. Une telle opération chirurgicale suppose, en
effet, l'existence d'un matériel sophistiqué qui n'est évidemment pas adpaté à la
souplesse requise pour les techniques de terrain. A cet investissement vient s'ajouter
les frais d'anesthésie ainsi que les soins post-opératoires, ce qui grève sensiblement
le coût de l'intervention.
[0003] Pour remédier à ces inconvénients, on fait appel, selon l'invention, à un procédé
et un instrument de conception simple permettant l'insémination artificielle ou le
transfert d'embryons, sous endoscopie, sans anesthésie générale, ce qui écarte les
risques post-opératoires, tout en permettant d'augmenter la fiabilité et l'efficacité
de l'intervention.
[0004] Le procédé selon l'invention est caractérisé en ce que l'on pratique dans la paroi
abdominale de l'animal, de fines incisions rapprochées, l'une étant destinée à recevoir
un endoscope permettant de visionner le champ opératoire, l'autre étant destinée au
passage d'un trocart pourvu d'un manchon guide, le retrait de ce trocart, après perforation,
permettant le passage, dans le manchon guide resté en place, d'un instrument d'insémination,
de transplantation ou de prélèvement de liquides folliculaires, présentant l'originalité
d'être relié à un moyen d'aspiration et de comporter par ailleurs, une seringue d'injection
pour permettre d'une part, la fixation, par effet de ventouse, de la paroi d'une des
deux cornes utérine et, d'autre part, de traverser l'endomètre pour amener l'aiguille
dans la lumière de la corne à traiter, afin d'y déposer la semence ou les embryons
ou encore de pratiquer les prélèvements souhaités, après quoi on traite, toujours
sous endoscopie, la deuxième corne, après retrait de l'aiguille et nouvelle orientation
de l'instrument.
[0005] L'instrument pour la mise en oeuvre de ce procédé est constitué d'une sonde rigide
formée de deux conduits coaxiaux séparés, l'un relié à une pompe d'aspiration, l'autre
servant de guide à un cathéter punctiforme dont la base est encochée radialement pour
que l'opérateur puisse visionner le déplacement de l'aiguille et notamment contrôler
son introduction dans la lumière de la corne.
[0006] Selon une caractéristique de l'invention le cathéter est constitué d'une seringue
comprenant d'une part une gaine, fermée à une de ses extrémités par un embout prolongé
par une aiguille, ledit embout comportant une cavité interne tronconique, d'autre
part un piston coulissant avec étanchéité dans cette gaine.
[0007] Selon un mode de réalisation préférentiel, le cathéter renferme une paillette fine
de conditionnement de la semence ou des embryons, rendu solidaire de l'embout par
emmanchement à force dans sa cavité tronconique, l'injection étant alors réalisée
par le piston coulissant placé en appui, par son extrémité frontale, sur le bouchon
obturant usuellement ce type de paillettes.
[0008] D'autres caractéristiques et avantages ressortiront de la description ci-après et
des dessins annexés dans lesquels :
- la Fig. 1 est une vue schématique illustrant, en coupe, l'instrument d'insémination,
de transfert d'embryons ou de ponction de liquides folliculaires, l'endoscope ayant
été volontairement représenté bien que dans la pratique il serait masqué par ledit
instrument,
- la Fig. 2 est une vue en coupe selon la ligne AA de la figure 1,
- la Fig.3 est une vue partielle en coupe de l'extrémité postérieure de l'instrument,
- la Fig.4 est une vue en coupe longitudinale de l'extrémité introductive de l'instrument
utilisant une paillette fine de conditionnement.
[0009] Le but essential de l'invention est de mettre à la disposition des praticiens une
technologie et une instrumentation souples, de conception simple, qui soient néanmoins
d'une grande fiabilité et d'un coût le plus réduit possible.
[0010] Pour ce faire, et sans récuser la chirurgie sous anesthésie générale, on fait appel
ici à de la petite chirurgie non stressante pour l'animal et qui, en raison de son
innocuité, peut être facilement renouvelée sans grand risque potentiel.
[0011] Conformément au procédé, on pratique sur l'abdomen de l'animal, (sensiblement au
voisinage de ce que l'on dénomme la "ligne blanche" pour les ovins et caprins et sur
le flanc pour les bovins et équins) deux incisions 1 et 2, fines et rapprochées,
et on introduit dans l'une d'elles, un endoscope 3 permettant de visualiser le champ
opératoire. On perfore ensuite la paroi abdominale et le péritoine à l'aide d'un
trocart, constitué de façon classique d'un mandrin (non représenté) et de son manchon
guide 4 qui servira, après retrait du mandrin, de fourreau pour l'introduction et
le guidage de l'instrument 5 spécifique de l'invention.
[0012] Comme illustré en figure 1, cet instrument s'apparente à une sonde rigide comprenant
deux canaux tangentiels 5₁, 5₂ (figure 2), ceux-ci étant définis par deux tubes 6
et 7, de diamètres différents, logés l'un dans l'autre et réunis à leurs deux extrémités
par brasure, le conduit 5₁ étant séparé du conduit 5₂ et comportant une encoche radiale
5₃ de visualisation de l'aiguille.
[0013] Le canal extérieur 5₂ est relié par raccord 8 à un moyen d'aspiration, tandis que
le canal intérieur 5₁ sert de guide à un cathéter punctiforme 9 formé essentiellement
(figure 4) d'une gaine 10, dont la base est obturée par un embout 11 prolongé par
une aiguille 12, cette gaine introduite dans le canal 5₁ recevant un piston 13, étalonné
à l'aide de repères 13₁, dont la tête coulisse avec étanchéité dans le conduit intérieur
de la gaine.
[0014] Dans la version la plus simple, en particulier lorsque l'on procède à l'injection
de semences fraiches ou à la transplantation immédiate d'embryons, le cathéter est
constitué, comme décrit précédemment, d'une simple gaine à aiguille et d'un piston
d'injection. Lorsque l'on fait appel à de la semence ou des embryons qui ont été congelés,
on a alors recours à des paillettes fines 14, que l'on fixe à l'intérieur du cathéter,
et dont le bouchon d'obturation 15 sert de piston. On sait en effet que ces paillettes
fines servent à la conservation, en milieu cryogénique, des semences ou embryons
et qu'elles sont formées d'un tube capillaire soudé à une de ses extrémités et fermé
à l'autre par un bouchon contenant une poudre polymérisable au contact de la substance.
Lorsque l'on utilise ici de telles paillettes on doit sectionner l'extrémité antérieure
et l'introduire à force dans la cavité conique 16 de l'embout du cathéter afin de
l'immobiliser. Il suffit ensuite d'utiliser le piston 13, après avoir retiré sa tête
amovible, afin que celui-ci puisse coulisser dans la paillette fine et venir en appui
frontal sur le bouchon 15 qui joue alors de rôle de tête de piston.
[0015] Le fonctionnement de cet instrument est simple puisque lorsque la sonde 5 est amenée
en position, sous endoscopie, en regard d'une des deux cornes utérines, on ouvre
le robinet 17, prévu sur le raccord 8, et l'on crée une dépression dans le canal
5₂ de manière à fixer par effet de ventouse, la paroi de la corne qui, comme on le
sait est fuyante et a, par conséquent, tendance à se dérober. Lorsque la corne est
ainsi immobilisée par succion, on descend le cathéter et l'on contrôle l'introduction
de l'aiguille 12 au travers de l'endomètre 18 jusqu'à ce que son extrémité vienne
se situer dans la lumière 19 de la corne considérée. A ce stade le cathéter, qui comporte
à son extrémité arrière une collerette 21 vient en butée sur la face postérieure 22
de l'instrument de manière à ce que l'aiguille ne traverse pas la paroi opposée de
la corne. Dans cette position on procède à la descente du piston 13 qui expulse dans
ladite cavité 19 la semence ou les embryons contenus dans la gaine 10 ou dans la paillette
14.
[0016] En matière d'insémination d'ovins et caprins, le cathéter renferme deux doses de
quinze millions de spermatozoïdes chacune pour traiter les deux cornes 20. Lorsqu'une
dose a été injectée, il suffit de procéder au retrait partiel du cathéter et en particulier
de l'aiguille 12, puis d'incliner, sous endoscopie, l'instrument, pour amener son
extrémité frontale en regard de la deuxième corne, puis de renouveler les opérations.
[0017] Etant donné que l'on doit, préalablement à l'intervention, repousser les viscères
de la paroi abdominale, afin d'avoir un champ optique maximum et une bonne visualisation
de l'appareil génital, il est souhaitable de prévoir à l'extrémité postérieure de
l'instrument (figure 3) un presse-étoupe 23 à joint torique 24 permettant d'obturer
efficacement le canal extérieur 5₂ afin d'éviter une remontée de l'air à travers ce
conduit.
[0018] Le procédé et l'instrument selon l'invention présentent de nombreux avantages, car
à la finesse de la chirurgie utilisée et son innocuité, viennent s'ajouter ceux liés
à la souplesse et au caractère économique de l'intervention. En effet, l'instrument
de conception simple permet de traiter les animaux directement sur le terrain, puisqu'on
n'a plus recours aux installations propres à la chirurgie lourde et à l'anesthésie
générale. En outre, les incisions étant fines, l'animal est peu stressé et les soins
post-opératoires pratiquement inexistants. Enfin, et il s'agit là d'un avantage particulièrement
important dans le cadre de l'insemination artificielle des ovins et caprins, on peut
mettre en place à l'aide de cette instrumentation, un faible nombre de spermatozoïdes
(trente millions pour les deux cornes) là où il fallait, avec les techniques traditionnelles
400 millions de spermatozoïdes. Par conséquent, le rendement est élevé, l'injection
de semences, directement dans l'utérus, améliorant à la fois le taux de fertilité
et le pouvoir de diffusion des mâles. On doit souligner en outre, que cet instrument
est particulièrement bien adapté au transfert embryonnaire et aux prélèvements de
liquides folliculaires chez les ovins, les caprins, les bovins ou les équins, seules
les dimensions de l'appareil changeant en fonction de la taille de l'animal. En outre,
cet instrument est d'une manipulation aisée car l'opérateur peut d'une seule main
tenir l'endoscope et la sonde qui comporte à cet effet, un anneau de préhension 25.
1°. Instrument pour l'insémination artificielle, la transplantation d'embryons in-utéro
ou le prélèvement de liquide folliculaire par voie transpéritonéale chez les animaux,
notamment sur les ovins, caprins, bovins ou équins, caractérisé en ce qu'il est constitué
d'une sonde rigide (5) comprenant deux canaux tangentiels (5₁,5₂) définis par deux
conduits de diamètres différents, logés l'un dans l'autre, l'un des conduits (5₂)
étant relié à une pompe d'aspiration l'autre (5₁) servant de guide à un cathéter punctiforme
(10-13), la base de ce dernier étant encochée radialement pour permettre de visionner,
sous endoscopie, le déplacement de l'aiguille (12).
2°. Instrument selon la revendication 1, caractérisé en ce que le cathéter est constitué
d'une part, d'une gaine semi-rigide (10) fermée à une de ses extrémités par un embout
(11) prolongé par une aiguille (12), ledit embout comportant une cavité interne tronconique
(16), d'autre part un piston (13) coulissant avec étanchéité dans cette gaine.
3°. Instrument selon la revendication 2, caractérisé en ce que le cathéter renferme
une paillette fine (14) de conditionnement de la semence, des embryons ou des liquides
folliculaires, rendue solidaire de l'embout (11) par emmanchement à force dans sa
cavité tronconique (16), l'injection ou la ponction étant réalisée par le piston
coulissant (13) en appui frontal sur le bouchon (15), obturant usuellement ces paillettes.
4°. Instrument selon l'une quelconque des revendications de 1 à 3, caractérisé en
ce que l'extrémité supérieure de la sonde est obturée hermétiquement par un presse-étoupe
(23), traversé par la gaine (10) de la seringue.
5°. Instrument selon l'une quelconque des revendications de 1 à 4, caractérisé en
ce que le piston est étalonné.
6°. Procédé pour la mise en place et la mise en oeuvre de l'instrument selon les revendications
de 1 à 5, caractérisé en ce que l'on pratique deux fines incisions dans la paroi abdominale
de l'animal, on introduit dans l'une un endoscope pour visionner le champ opératoire
et dans l'autre un trocart pourvu de son manchon guide, puis on procède au retrait
du trocart et on engage dans le manchon resté en place l'instrument d'insémination
et, de transplantation ou de prélèvement, relié à un moyen d'aspiration et comportant
une seringue, on fixe ensuite par effet de ventouse la paroi d'une des cornes utérines
puis on traverse l'endomètre pour amener l'aiguille dans la lumière de cette corne
afin de déposer la semence ou les embryons où diffère le prélèvement souhaité, après
quoi on traite, toujours sous endoscopie, la deuxième corne dans les mêmes conditions,
après retrait de l'aiguille et nouvelle orientation de l'instrument.