[0001] L'invention est relative à un procédé de détection du niveau de l'eau dans une cuve
de lave-linge ainsi qu'à un lave-linge mettant en oeuvre ce procédé.
[0002] Un lave-linge comporte habituellement une cuve destinée à contenir l'eau de lavage
ou de rinçage, ainsi qu'un tambour perforé contenant le linge et tournant dans la
cuve.
[0003] Dans les lave-linge à fonctionnement automatique, notamment les lave-linge d'usage
domestique, l'eau est introduite dans la cuve par l'intermédiaire d'une électrovanne
dont l'ouverture et la fermeture sont commandées en fonction du signal fourni par
un détecteur du niveau de l'eau dans la cuve. Habituellement cette détection est effectuée
à l'aide d'un composant disposé dans la cuve, le plus souvent un pressostat. Ce composant,
qui comporte une chambre fermée par une membrane, est onéreux et son installation
complique la fabrication de la machine. Ces inconvénients sont particulièrement gênants
pour une fabrication en grande série.
[0004] L'invention remédie à ces inconvénients.
[0005] Elle est caractérisée en ce qu'on détermine la hauteur d'eau dans la cuve par détermination
des variations du couple s'opposant à la rotation du tambour lorsque ce dernier tourne
à vitesse constante.
[0006] L'invention repose sur la constatation que, lors de la rotation du tambour, le frottement
de ce tambour et du linge contre l'eau provoque un couple résistant non négligeable
et qu'en outre ce couple résistant varie avec la profondeur de pénétration du tambour
dans l'eau.
[0007] Les variations du couple résistant sont déterminées à vitesse constante de rotation
du tambour pour que l'inertie, qui est proportionnelle à l'accélération, n'intervienne
pas dans la mesure du couple résistant. Afin d'éviter, dans la mesure du possible
des variations brusques de couple dûes au déplacement périodique du linge dans le
tambour, de préférence la vitesse constante est telle que l'accélé ration centrifuge
aux alentours de la périphérie du panier soit supérieure à l'accélération de la pesanteur.
Autrement dit:
formule dans laquelle ω est la vitesse angulaire du tambour, r le rayon de ce dernier
et g l'accélération de la pesanteur.
[0008] Dans le cas le plus simple les variations du couple résistant sont déterminées par
les variations du couple moteur.
[0009] Lorsque le tambour est entraîné en rotation par un moteur électrique universel le
couple moteur, et donc le couple résistant, peut être déterminé par mesure de l'intensité
du courant électrique traversant le moteur, le couple moteur dépendant, dans ce cas,
directement de cette intensité.
[0010] Lorsque le moteur est en série avec un interrupteur commandé et que ce moteur est
commandé par une régulation du type à angle de phase le couple résistant est déterminé
par cet angle de phase d'allumage de l'interrupteur.
[0011] Dans ces dernières réalisations on ne prévoit aucun composant spécifique pour la
mesure, car l'intensité ou l'angle de phase est obligatoirement déterminé par le circuit
de régulation.
[0012] Quand, au cours du remplissage en eau de la cuve du lave-linge, le niveau de l'eau
atteint le fond du tambour le frottement du tambour et du linge dans l'eau commence
à intervenir et ainsi le couple résistant à vitesse constante commence à augmenter.
L'électrovanne d'introduction d'eau est par exemple fermée quand l'augmentation
de couple résistant, à partir de sa valeur avant l'augmentation, dépasse une limite
prédéterminée ; il est aussi possible de laisser l'électrovanne ouverte pendant un
temps fixé après que la variation du couple de frottement ait dépassé cette limite
prédéterminée.
[0013] Lorsque la commande de l'alimentation du moteur est effectuée par un circuit de
régulation, notamment du type à commande par angle de phase, qui comporte un microprocesseur
on peut utiliser ce dernier pour déterminer le niveau de l'eau et commander l'électrovanne
d'admission. Par exemple le programme est tel qu'on mesure périodiquement l'angle
de phase ϑ , on met en mémoire cet angle et on le compare à la mesure qui a été effectuée
au tout début du remplissage en eau, c'est-à-dire avant que l'eau n'atteigne le fond
du tambour. Si l'écart dépasse une valeur prédéterminée, l'électrovanne est fermée
ou est maintenue ouverte mais seulement pendant un temps déterminé.
[0014] Pour obtenir une détermination encore plus précise de la hauteur d'eau dans la cuve
du lave-linge on fait d'abord tourner le tambour, dont le diamètre est de 40 cm dans
une réalisation, à une première vitesse V₁, par exemple 80 tours par minute, et on
détermine le couple résistant Cr₁ qu'on met en mémoire ; ensuite on fait tourner le
tambour à une vitesse supérieure V₂, par exemple 120 tours par minute, et on mesure
aussi le couple résistant Cr₂, l'intervalle de temps séparant la seconde de la première
mesure étant suffisamment court pour que la hauteur d'eau n'ait pratiquement pas
varié. Dans ces conditions, la différence Cr₂ - Cr₁ est seulement fonction des couples
de frottement dépendant de la vitesse, à savoir la résistance opposée par l'eau et
la résistance opposée par l'air. Comme le frottement dans l'air a une valeur négligeable
par rapport au frottement dans l'eau, la différence Cr₂ - Cr₁ ne représente en pratique
que le frottement du linge dans l'eau. De plus, comme déjà mentionné, cette différence
Cr₂ - Cr₁ est également fonction de la hauteur d'eau.
[0015] Lorsque le lave-linge comporte un microprocesseur il est possible d'incorporer dans
la mémoire de ce dernier un tableau de correspondance entre les valeurs Cr₂ - Cr₁
et les hauteurs d'eau. Ce tableau peut aussi être incorporé dans une mémoire spécialement
prévue à cet effet.
[0016] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront avec la description
de certains de ses modes de réalisation, celle-ci étant effectuée en se référant aux
dessins ci-annexés sur lesquels :
- la figure 1 est un schéma d'un moteur universel d'entraînement de tambour de lave-linge
avec son alimentation en énergie électrique et sa commande par angle de phase,
- la figure 2 est un diagramme montrant les signaux appliqués par la commande par
angle de phase du moteur de la figure 1, et
- la figure 3 est un schéma de cuve et de tambour de lave-linge.
[0017] Dans l'exemple le lave-linge est d'usage domestique avec une cuve 10 (figure 3) destinée
à contenir l'eau de lavage ou de rinçage 11 et à l'intérieur de laquelle tourne un
tambour perforé 12 contenant le linge 13 introduit avant le démarrage du fonctionnement
automatique de la machine.
[0018] Le moteur destiné à faire tourner le tambour 12, par exemple autour d'un axe horizontal
14, est du type universel avec un rotor 15 (figure 1) en série avec son stator 16
ainsi qu'avec un triac 17. Ce moteur entraîne une génératrice tachymétrique 18 qui
délivre un signal représentant la vitesse réelle de rotation du moteur sur une entrée
d'un microprocesseur 19 qui compare cette vitesse réelle à une vitesse de consigne
afin de délivrer un signal d'erreur ε. Ce dernier est utilisé pour fournir une durée
ϑ , ou angle de phase, d'ouverture du triac 17 à chaque période du signal d'alimentation,
en général le secteur 220 Volts, 50 Hz. Ces diverses opérations sont effectuées grâce
à une programmation préalable du microprocesseur 19 ; sur la figure 1 la comparaison
entre la vitesse réelle et la vitesse de consigne a été symbolisée par un comparateur
20 avec une entrée recevant le signal de la génératrice tachymétrique et une autre
entrée recevant le signal d'une mémoire 21 de valeur de consigne de vitesse. Le signal
d'erreur ε à la sortie du comparateur 20 agit sur l'angle de phase ϑ fourni par un
générateur 22.
[0019] Le signal ϑ de sortie du générateur 22 est appliqué sur la gachette 23 du triac 17
par l'intermédiaire d'un interface 24.
[0020] Au début de chaque demi période du signal d'alimentation (figure 2) le triac 17 est
bloqué ; ce n'est qu'au bout du temps ϑ qu'un signal de déclenchement est appliqué
sur la gachette 23. Le triac 17 reste alors conducteur jusqu'au passage par zéro du
courant, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la demi période. Plus l'angle ϑ est grand
et moins l'intensité du courant fourni au moteur 15 , 16 est impor tante. Cet angle
ϑ est fonction du signal d'erreur ε. Cet angle ϑ représente le couple moteur d'entraînement
du tambour 12. En effet on sait que le couple moteur Cm fourni par un moteur universel
est lié à l'intensité I du courant qui le traverse par la relation suivante:
Cm = K (I - Io) (1)
[0021] Dans cette formule K et Io sont des constantes.
[0022] Par ailleurs, le couple moteur Cm étant égal au couple résistant Cr, on peut écrire
:
Cr = Cm = K (I - Io) =Σ
i m
i r
i²
+ C
f (2)
[0023] Dans cette formule le terme Σ
i m
i r
i²
est le couple résistant dû à l'inertie, qui, comme on le voit (par le terme
), est proportionnel à l'accélération ; C
f est la partie du couple résistant qui est due aux frottements.
[0024] Si la vitesse de rotation du tambour est constante l'accélération est nulle et le
couple résistant n'est dû qu'au frottement. Dans ces conditions :
C
f = K (I - Io) (3)
[0025] Par ailleurs l'intensité I croît avec le complément à 180° (π radians) de ϑ ; on
peut donc écrire :
I = f (π- ϑ) (4)
[0026] Dans cette formule f est fonction croissante de π - ϑ.
[0027] Ainsi le couple C
f varie dans le même sens que π - ϑ.
[0028] Dans une première réalisation de l'invention on détermine à vitesse constante - au
moins égale à celle qui confère une force centrifuge égale à la pesanteur - par exemple
80 tours par minute, les valeurs que prend périodiquement ϑ, par exemple toutes les
secondes, et on met en mémoire du microprocesseur 19 cette valeur ϑ que l'on compare
à la valeur ϑ₀ précédemment mesurée au début du remplissage en eau, quand le niveau
est au-dessous du fond du tambour. L'écart entre ces deux valeurs mesurées ϑ et ϑ₀
croît l'écart ΔC
f entre les valeurs correspondantes du couple de frottement C
f. L'électrovanne d'alimentation en eau peut être fermée dès que cet écart dépasse
une limite prédéterminée ; il est également possible de fermer cette électrovanne
seulement après un temps t suivant l'instant de détection du dépassement de la limite.
[0029] Ce procédé est basé sur la constatation que le couple de frottement s'opposant à
la rotation du tambour est plus élevé lorsque le tambour et le linge baignent dans
l'eau que dans le cas contraire. En outre, ce couple de frottement augmente avec la
hauteur d'eau dans laquelle plonge le tambour.
[0030] Pour limiter les risques d'erreur la valeur ϑ qui est prise en considération à chaque
mesure est de préférence une moyenne de ces valeurs pour plusieurs périodes. A titre
d'exemple chaque mesure correspond à la moyenne de quatre périodes successives et
la mesure de valeur moyenne est répétée toutes les secondes.
[0031] On conçoit qu'avec le moyen de commande de l'électrovanne qui vient d'être décrit
il n'est pas nécessaire de prévoir de pressostat ou d'autre moyen de détection du
niveau d'eau dans le lave-linge, ce qui réduit sensiblement le coût de fabrication
de cet appareil.
[0032] Pour effectuer une mesure encore plus précise de la hauteur d'eau dans la cuve on
part de la constatation que le couple de frottement du linge contre l'eau dépend de
la vitesse alors que les autres causes de frottement provoquent un couple résistant
pratiquement indépendant de la vitesse mais variable avec la charge de linge ou variable
d'une machine à une autre. Il est vrai cependant que la résistance de l'air est fonction
de la vitesse mais le couple résistant qui en résulte est négligeable par rapport
aux autres couples de frottement.
[0033] Ainsi, pour éliminer de la mesure les contributions indépendantes du frottement
du linge dans l'eau, et donc indépendantes de la vitesse, on fait tourner le tambour
successivement à deux vitesses. Par exemple, le tambour tourne pendant cinq secondes
à 80 tours par minute, puis les cinq secondes suivantes il tourne à 120 tours par
minute et recommence ensuite le même cycle.
[0034] Lorsque le tambour tourne à la première vitesse V₁ on détermine l'angle ϑ₁ correspondant
(ou sa valeur moyenne sur plusieurs périodes) qui est une fonction du couple de frottement
Cf₁. On effectue la même mesure de ϑ₂ (ou sa valeur moyenne) lorsque le tambour tourne
à la vitesse V₂ et on met en mémoire la différence ϑ₁ - ϑ₂ qui croît avec la différence
entre les couples de frottement intervenant d'une part à la vitesse V₁ et d'autre
part à la vitesse V₂. Cette différence est notée ΔC
f ; elle ne dépend pratiquement que de la hauteur d'eau au-dessus du fond du tambour.
[0035] On effectue un étalonnage préalable qui est introduit en mémoire du microprocesseur
sous forme d'un tableau de correspondance entre les différences ϑ₁ - ϑ₂ et les niveaux
d'eau.
[0036] Ce procédé permet, par exemple, de fermer l'électrovanne lorsqu'est atteinte une
hauteur d'eau désirée, fonction de la charge de linge mesurée préalablement par un
procédé tel que celui décrit dans le Brevet Français 83 16997 au nom de la demanderesse.
[0037] Chaque mesure de l'angle ϑ de commande de l'interrupteur 17 est de préférence égale
à la valeur moyenne sur un nombre de périodes T qui correspond à la durée d'un tour
complet du tambour ou d'un nombre entier de tours de ce tambour.
[0038] Quel que soit le mode de réalisation adopté il est à souligner qu'avec un lave-linge
dont le moteur d'entraînement du tambour est commandé à l'aide d'un microprocesseur
une simple programmation supplémentaire du microprocesseur 19 permet de déterminer
et commander la hauteur d'eau dans la cuve.
1. Procédé pour déterminer la hauteur d'eau dans la cuve (10) d'un lave-linge à tambour
perforé (12) contenant le linge et tournant à l'intérieur de cette cuve caractérisé
en ce qu'on détermine les variations du couple de frottement s'opposant à la rotation
du tambour (12) lorsque ce dernier tourne à vitesse constante.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la vitesse constante est
au moins égale à celle pour laquelle l'accélération centrifuge à la périphérie du
tambour est égale à l'accélération de la pesanteur.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, pour la détermination de la hauteur d'eau
dans la cuve d'un lave-linge dont le tambour est entraîné par un moteur (15) commandé
par une régulation, caractérisé en ce qu'on détermine le couple de frottement à partir
du signal d'erreur (ε) de la régulation, c'est-à-dire de la différence entre la vitesse
réelle de rotation du moteur et la vitesse de consigne.
4. Procédé selon la revendication 3, pour la commande d'un lave-linge dont le moteur
d'entraînement du tambour est en série avec l'interrupteur (17) tel qu'un triac, d'une
commande par angle de phase, caractérisé en ce que le signal d'erreur (ε) agit (22)
sur l'angle de phase (ϑ) et en ce que les variations du couple de frottement sont
déterminées à partir des variations de l'angle de phase (ϑ) de commande de l'interrupteur
(17).
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce qu'on
détermine les variations du couple de frottement à partir des variations de la puissance
fournie au moteur (15) d'entraînement du tambour (12).
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que la tension étant constante
et le moteur étant de préférence du type universel on détermine les variations de
l'intensité du courant traversant ce moteur.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, pour la détermination
de la hauteur d'eau dans la cuve d'un lave-linge dont le tambour est entraîné par
un moteur dont la vitesse est déterminée par un circuit de régulation à microprocesseur
(19), caractérisé en ce qu'on détermine périodiquement une grandeur fonction du couple
de frottement que l'on met en mémoire et qu'on compare à la valeur stockée au début
de la mesure, une variation de cette valeur indiquant une variation de la hauteur
d'eau dans la cuve.
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que l'alimentation en eau est
interrompue quand l'écart entre les deux valeurs dépasse une limite prédéterminée,
ou est interrompue après un temps déterminé suivant la détection du dépassement de
la limite.
9. Procédé selon la revendication 7 ou 8, caractérisé en ce qu'on détermine périodiquement
la valeur moyenne, sur plusieurs périodes d'un signal de découpage, de la grandeur
représentant le couple de frottement.
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce qu'on fait tourner le tambour du lave-linge à une première vitesse (V₁) pendant
un temps déterminé, on détermine une grandeur représentant le couple de frottement
s'opposant à la rotation du tambour pendant ce temps, puis on fait tourner le tambour
à une vitesse supérieure (V₂) et on détermine pendant ce temps ledit couple de frottement,
la différence entre ces couples de frottement à la seconde et à la première vitesse
représentant la hauteur d'eau dans la cuve du lave-linge.
11. Procédé selon la revendication 10, caractérisé en ce qu'on effectue un étalonnage
préalable de façon à mettre en mémoire un tableau de correspondance entre, d'une part,
la différence entre les couples de frottement aux deux vitesses différentes et d'autre
part les hauteurs d'eau.
12. Lave-linge mettant en oeuvre le procédé selon l'une quelconque des revendications
précédentes.