[0001] La présente invention est relative à un procédé permettant la construction d'ouvrages
tels que des passages ferroviaires, autoroutiers, routiers ou piétonniers au travers
de talus ou terrassements quelconques supportant une ou plusieurs voies ferrées, sans
nécessiter l'arrêt prolongé du trafic s'écoulant sur ces voies.
[0002] On connaît déjà un procédé autorisant la construction d'ouvrages du genre de passages
routiers sous des voies ferrées dont la direction est généralement transversale à
celle de ce passage, qui consiste à utiliser des éléments préfabriqués délimitant
ce dernier et mis en place à travers le talus ou analogue supportant les voies après
avoir ménagé dans celui-ci une tranchée de dimensions appropriées. Toutefois, cette
solution présente l'inconvénient majeur d'exiger le sectionnement des voies sur la
longueur correspondant au passage, puis après terrassement du talus pour dégager à
travers celui-ci l'espace adéquat, à faire riper les éléments préfabriqués, avant
de pouvoir finalement, une fois ces éléments assemblés et l'ensemble consolidé, reconstituer
les voies. Avec une telle méthode, l'arrêt du trafic est nécessairement prolongé,
d'au moins 48 heures dans les meilleurs conditions et pour un ouvrage de dimensions
relativement limitées. Un tel arrêt prolongé est particulièrement préjudiciable, surtout
si les voies ferrées concernées assurent l'acheminement en période normale d'un trafic
important.
[0003] Une autre solution consiste à mettre en place des tabliers auxiliaires acheminés
par wagons ou autres moyens de transport, reposant sur des camarteaux en béton ou
en bois. Après terrassement sous ces tabliers auxiliaires, l'ouvrage est construit
par tranches successives, exigeant un déplacement longitudinal des tabliers auxiliaires.
Nais là encore, ce procédé qui demande des moyens de mise en oeuvre très importants,
entraîne une immobilisation prolongée du trafic, avec les inconvénients qui en découlent,
même si les travaux sont effectués de nuit ou pendant les week-end.
[0004] Enfin, on peut faire référence, dans l'état de la technique connue, à une méthode
dite de fonçage, qui consiste à faire pénétrer à force dans le talus sous les voies
une structure creuse constituant l'encadrement du passage à réaliser, cette structure
étant poussée progressivement dans le sol, la terre du talus étant au fur et à mesure
retirée par l'intérieur de cette structure. La pénétration à force de celle-ci est
réalisée au moyen de vérins qui prennent appui sur un côté de la structure et sur
un massif de butée fixe de dimensions suffisantes pour être capable d'offrir une réaction
convenable à la poussée des vérins. Dans ce cas toutefois, on conçoit de façon évidente
que les efforts à développer soient considérables, notamment dès que la structure
à mettre en place présente des dimensions significatives, ce qui entraîne des coûts
de mise en oeuvre particulièrement élevés. De plus, la méthode en cause exige de procéder
préalablement à un renforcement des voies, qui est également coûteux et long, en entraînant
à nouveau la nécessité de ralentir, voire d'interrompre le trafic pendant une période
relativement prolongée.
[0005] La présente invention est relative à un procédé qui permet d'éviter les inconvénients
des solutions rappelées ci-dessus, en assurant la réalisation sous le talus ou plus
généralement la structure de support des voies ferrées ou autres, d'un passage routier
ou piétonnier sans nécessiter une interruption de longue durée du trafic, qui soit
facile à mettre en oeuvre et qui n'entraîne que des frais réduits, quelles que soient
les dimensions transversales de l'ouvrage à réaliser.
[0006] A cet effet, le procédé considéré se caractérise en ce qu'il consiste à foncer transversalement
de façon connue en elle-même, sous le talus, deux paires de demi-culées ou pieds droits
évidés, disposés deux à deux en regard de part et d'autre des côtés délimitant le
passage à réaliser et ménageant sous les voies, entre celles-ci et la face supérieure
des demi-culées, une épaisseur de remblai limitée, à amener les demi-culées deux à
deux en butée sensiblement dans le plan longitudinal médian du talus, à claver ces
demi-culées dans leur zone de jonction mutuelle de part et d'autre de ce plan médian,
à monter en place sous les voies des raidisseurs sur une longueur de celles-ci légèrement
supérieure à celle qui sépare les deux paires de demi-culées, préalablement ou après
le fonçage de celles-ci, à retirer le remblai entre les voies et les culées jointives
sous les raidisseurs, à disposer sur les deux paires de demi-culées respectivement
deux sommiers supports reposant sur ces demi-culées, à enlever les raidisseurs et
à tronçonner alors les voies sur une longueur correspondant à la largeur du passage,
à terrasser le remblai subsistant entre les sommiers sur une épaisseur nécessaire
à l'encoffrement de deux demi-tabliers préfabriqués mis en place de chaque côté ou
d'un seul côté du passage, ces demi-tabliers étant ripés latéralement sur les sommiers
ou sur le dessus des culées, pour les faire reposer jointifs par leurs extrémités,
à reconstituer les voies sur les demi-tabliers et à achever le terrassement du passage
entre les deux paires de demi-culées sous les voies.
[0007] Selon une caractéristique particulière du procédé de l'invention, le fonçage des
deux demi-culées de chaque paire est réalisé à l'aide de câbles traversant le talus,
fixé chacun à une extrémité à une demi-culée et solidariés à l'autre extrémité d'un
vérin en appui sur l'autre demi-culée et exerçant sur le câble un effort de traction
assurant le rapprochement mutuel des demi-culées.
[0008] Avantageusement et selon une autre caractéristique également, on réalise par coulée
de béton les deux demi-tabliers de part et d'autre du talus sur des échafaudages s'étendant
parallèlement aux voies et surmontant les deux demi-culées des deux paires, disposées
sur chacun des côtés du talus. De préférence, la coulée et le séchage des demi-tabliers
sont réalisés pendant les opérations de fonçage des demi-culées dans le talus.
[0009] Le procédé selon l'invention permet ainsi une organisation optimale des opérations
successives à effectuer, parmi lesquelles la coupure des voies et l'interruption du
trafic qui en résulte sont réduites au minimum, correspondant à la seule mise en place
des demi-tabliers, eux- mêmes préalablement construits aux dimensions exactement prévues
de part et d'autre du talus durant les opérations préalables de fonçage des demi-culées,
de renforcement des voies et de réalisation des sommiers destinés à recevoir ces tabliers.
[0010] Notamment, le procédé de l'invention permet, sans avoir à sectionner les voies, de
réaliser sous celles-ci, dans l'espace limité disponible entre la face supérieure
des demi-culées une fois jointives et les voies elles-mêmes, les sommiers de support
des tabliers.
[0011] Selon le cas, on coule les sommiers sur place ou on procède au scellement sur les
demi-culées de sommiers préfabriqués de façon à rattraper ainsi un éventuel défaut
d'alignement des faces jointives des demi-culées. En variante, les demi-tabliers sont
préalablement construits sur les deux sommiers qui sont ripés avec les tabliers sur
les demi-culées sous les voies.
[0012] L'invention procure en conséquence à la fois une très grande économie dans les moyens
de manutention et de fabrication nécessaires à la mise en oeuvre de diverses étapes
du processus envisagé, et également une rapidité dans l'accomplissement de ces étapes,
en autorisant dès lors une réduction particulièrement sensible du coût total de ces
opérations. Il faut souligner que toutes ces étapes entrent dans la construction définitive
de l'ouvrage, ce qui est un facteur supplémentaire d'économie, par rapport à toutes
les autres méthodes qui introduisent des étapes supplémentaires qui affectent le coût
global de l'ouvrage. En outre, il convient de souligner que la nature et la séquence
de ces opérations ne sont en aucune façon tributaires des dimensions transversales
et même longitudinales du passage à réaliser sous les voies, perpendiculairement à
celles-ci, le procédé pouvant aussi bien s'appliquer pour des ouvrages nécessitant
plusieurs travées successives, reposant sur autant de paires de demi-culées transversales
parallèles, les tabliers supportés par ces demi-culées deux à deux pouvant présenter
des dimensions longitudinales aussi importantes que nécessaires.
[0013] L'invention sera encore plus explicitement exposée à travers la description qui suit
d'un exemple de mise en oeuvre du procédé considéré, donné à titre indicatif et non
limitatif, en référence aux dessins annexés sur lesquels :
- La figure 1 est une vue en coupe transversale d'un talus supportant des voies de
chemin de fer sous lesquelles est à réaliser, selon l'invention, un passage routier
ou piétonnier, illustrant la mise en place préliminaire de deux demi-culées.
- La figure 2 est une vue analogue à la figure 1, expliquant le processus de fonçage
des deux demi-culées.
- Les figures 3 et 4 sont à nouveau des vues analogues aux précédentes mais destinées
à expliciter diverses étapes ultérieures de la mise en oeuvre du procédé.
- La figure 5 illustre en deux demi-coupes longitudinales selon la direction des voies
ferrées, respectivement à gauche sur le dessin de la réalisation des sommiers de support
des tabliers, et à droite le montage de ces derniers sur ces sommiers.
- La figure 5a illustre une variante de réalisation des sommiers et des tabliers.
- La figure 6 est une vue en perspective partielle des moyens de renforcement fixés
sous les voies.
- La figure 7 est une vue en perspective permettant de préciser l'ensemble des opérations
réalisées selon l'invention.
- Les figures 8 et 9 illustrent une variante de mise en oeuvre du procédé selon l'invention
au moyen de paires de demi-culées perfectionnées.
- La figure 10 enfin, représente à plus grande échelle l'avant-bec d'une des demi-culées,
muni d'un perfectionnement facilitant son déplacement dans le talus à travers lequel
s'effectue le fonçage de cette demi-culée.
[0014] Sur les figures 1 à 7 on a désigné sous la référence 1 un talus de support d'une
ou plusieurs voies ferrées 2. Bien entendu, il va de soi que la forme particulière
de ce talus, de même que la nature ou l'agencement des voies 2 sont sans incidence
directe sur la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, celui-ci pouvant être
appliqué de façon identique pour réaliser un passage sous un terrassement quelconque
supportant des voies différentes, même si son application aux chemins de fer semble
particulièrement avantageuse.
[0015] Afin de réaliser sous ces voies un passage libre, par exemple à usage routier et/ou
piétonnier, on utilise des paires de demi-culées creuses ou pieds droits respectivement
3 et 4, disposés de part et d'autre du talus 1, ces demi-culées présentant une structure
creuse 5 (figure 5) permettant notamment, une fois l'ouvrage achevé et comme on le
verra plus loin, la circulation des piétons par exemple, l'espace aménagé entre les
culées de deux paires voisines étant réservé aux véhicules. llotamment, il doit être
considéré ici que le procédé selon l'invention, décrit ci-après en relation avec un
exemple mettant en oeuvre deux paires de demi-culées du genre précédent, pourrait
être adapté avec un nombre plus important de telles paires, en particulier si la largeur
du passage à réaliser est très importante, les paires de demi-culées constituant alors
deux à deux des travées voisines.
[0016] Les demi-culées 3 et 4 dans chaque paire sont réunies deux à deux à travers le talus
1 au moyen de câbles de précontrainte 6, fixés chacun à une extrémité 7 sur l'une
des demi-culées 3 et à l'autre sur un vérin hydraulique ou autre 8, porté par la demi-culée
en regard. Le nombre de câbles 6 reliant ainsi les deux demi-culées est choisi selon
les efforts à développer pour assurer le fonçage de l'une vers l'autre à travers le
sol du talus 1 de façon à rapprocher ces éléments mutuellement et progressivement
l'un de l'autre. La terre 9 qui au fur et à mesure remplit la partie évidée interne
5 des demi-culées lors de leurs avances respectives est évacuée en continu par un
tapis excavateur 10 ou par tout autre moyen de terrassement approprié. On notera à
cet égard que cette technique de fonçage mutuel de structures creuses l'une vers l'autre
est désormais connue dans la technique mais résulte de travaux et de publications
du demandeur.
[0017] Parallèlement à la mise en place des demi-culées 3 et 4 de chaque côté du talus 1,
on dispose au dessus de celles-ci, parallèlement aux voies 2 et sur les culées appartenant
à deux paires voisines, des échafaudages 11 qui viennent ainsi surmonter deux demi-culées
3 ou 4 selon le côté où ils sont prévus, ces échafaudages étant destinés à supporter
respectivement deux demi-tabliers 12 et 13, qui seront adaptés à constituer, une fois
l'ouvrage achevé, le tablier ou la traverse de support de la voie 2 au-dessus du passage
transversal à réaliser sous le talus 1. Ces demi-tabliers 12 et 13 peuvent être réalisés
de toute manière connue dans la technique du bâtiment, notamment être coulés sous
coffrage sur place aux dimensions exactes de la portée à obtenir entre les culées
qui formeront les côtés latéraux du passage. Il est à noter que, selon le cas, les
deux demi-tabliers peuvent être fabriqués soit du même côté, soit de part et d'autre
du talus.
[0018] La forme et la structure de ces demi-tabliers est à nouveau sans incidence directe
sur la mise en oeuvre du procédé. Notamment, ils peuvent être partiellement ou totalement
préfabriqués et amenés directement par des engins de manutention appropriés sur leur
échafaudage, ou bien être construits directement sur ceux-ci, en mettant à profit
le temps nécessaire au fonçage des culées en vue de leur fabrication et notamment
s'ils sont réalisés en béton coulé pour le séchage suffisant de celui-ci.
[0019] Lorsque les deux demi-culées 3 et 4 dans chaque paire sont suffisamment enfoncées
dans le talus 1, notamment lorsque leur pointe d'extrémité 14 vient en jonction de
l'une à l'autre sensiblement dans le plan longitudinal médian du talus 1, on poursuit
l'enlèvement de la terre jusqu'à réaliser la continuité du conduit matérialisé par
ces culées ainsi face à face. A cet instant, on les clave ensemble dans leurs régions
15 à pan incliné prévues entre elles ou merlons, la forme en pointe de chaque demi-culée
étant généralement adoptée pour éviter un éboulement du terrain lors du fonçage. Au
cours de cette opération de clavage, on assure ainsi par mise en place et scellement
de plaques de béton de profil adapté ou plus simplement par remplissage de l'espace
ainsi délimité par une couche de béton coulé dans un coffrage ou projeté, en continuité
des parois des culées elles-mêmes, le prolongement de l'une et de l'autre de celles-ci
qui délimitent alors à travers le talus et deux par deux un couloir continu et ouvert
à ses deux extrémités, la face supérieure 16 des demi-culées se disposant dans un
plan horizontal si le fonçage a été réalisé dans des conditions optimales mais pouvant
le cas échéant présenter un léger décalage en hauteur de l'une à l'autre, ce qui,
comme on va le voir, ne présente aucun inconvénient mais exige seulement un rattrapage
du jeu par un raccord de béton approprié.
[0020] Dans la phase suivante, on procède alors à un renforcement des voies 2 sur une dimension
longitudinale de celles-ci un peu supérieure à celle qui sépare les paires de demi-culées
préalablement aboutées comme dit ci-dessus. En variante, la mise en place du raidissement
peut être effectuée préalablement au fonçage des demi-culées. Ce renforcement est
avantageusement réalisé comme montré sur la figure 6 en disposant sur les traverses
en bois 17 portant les rails 18 des voies 2 des fers longitudinaux en H ou en 1 19,
fixés sur ces traverses et sous lesquels sont soudés ou boulonnés transversalement
d'autres fers 20, conférant à l'ensemble une faculté de raidissement convenable. Naturellement,
il est clair que la structure de ces fers et plus généralement la manière dont est
réalisé le renforcement des voies 2 n'a pas d'incidence directe sur l'invention, le
seul impératif étant de pouvoir rigidifier suffisamment celles-ci pour permettre,
sans créer de fléchissement inacceptable, d'évacuer sous les voies au droit des culées
jointives 3 et 4 parallèlement à la surface supérieure 16 de celles-ci, la tenue du
remblai pour laisser libre un espace 21 de hauteur limitée.
[0021] A souligner que pendant cette opération comme d'ailleurs pendant toutes celles qui
précèdent, le trafic ferroviaire n'a à aucun moment dû être arrêté, le renforcement
des voies pouvant être aisément réalisé entre deux passages successifs de trains.
En outre, l'excavation de l'espace 21 est limitée à des dimensions suffisantes pour
que ce renforcement soit à même d'assurer la rigidité nécessaire sans avoir à interrompre
le trafic.
[0022] Une fois l'espace 21 rendu libre, on dispose sur la surface 16 de chaque paire de
demi-culées un sommier 22 transversal aux voies , présentant le cas échéant un renfort
latéral 23 évitant que les déblais de terre ne viennent s'ébouler sur le sommier lui-même.
Ce sommier 22 peut être réalisé au moyen d'un élément préfabriqué ripé sur place ou
fabriqué in situ aux dimensions adéquates correspondant à la largeur des deux demi-tabliers
12 et 13. Eventuellement, et comme déjà dit, la mise en place du sommier 22 peut être
effectuée avec un rattrapage du jeu à la jonction des deux demi-culées 3 et 4 correspondantes.
[0023] Dans l'étape suivante, on sectionne alors les voies 2 entre les sommiers 22 ainsi
réalisés sur les demi-culées des deux paires voisines délimitant la largeur du passage
à effectuer, puis on retire le remblai 24 au dessus du plan 16 des culées afin de
permettre, par tout moyen classique approprié,- de faire riper les demi-tabliers 12
et 13 l'un vers l'autre en les amenant en fin de course à reposer sur les sommiers
22 dont l'écartement a été préalablement exactement déterminé (figures 3 et 4). En
variante, et comme schématiquement illustré sur la figure 5a, les sommiers 22 et les
tabliers 12 et/ou 13 peuvent être réalisés les uns et les autres à l'extérieur de
la voie puis, une fois ces tabliers reposant sur les sommiers, ripés ensemble sous
les voies 2 sur les demi-culées correspondantes.
[0024] Les demi-tabliers 12 et 13 étant ainsi en place et jointifs sous l'emplacement des
voies, celles-ci peuvent alors être immédiatement reconstituées, la mise en oeuvre
du procédé n'ayant donc interrompu le trafic effectif sur celles-ci que pour un laps
de temps très réduit, quelques heures au plus, juste indispensable à la coupe des
voies et à leur enlèvement au terrassement, au ripage des tabliers et au rétablissement
de la continuité des rails, du ballast et autres accessoires ordinaires constituant
les voies.
[0025] Le trafic ferroviaire étant repris, les finitions de l'ouvrage peuvent alors être
entreprises sans gêner le trafic, consistant d'une part à aménager les bords du talus
1 au droit et au-delà de l'affleurement des demi-culées et à terrasser le sol sous
les demi-tabliers pour dégager l'espace 25 constituant le passage ainsi pratiqué sous
les voies (figure 5).
[0026] On réalise ainsi un ouvrage d'art, notamment un passage sous des voies de roulement,
dans des conditions qui, tout en procurant une sécurité pour l'écoulement ultérieur
du trafic sur ces voies, permettent un gain de temps et une économie de moyens particulièrement
appréciables. L'invention peut naturellement s'adapter à des géométries particulières
d'ouvrages et/ou de voies ferrées, sans modifier les principes généraux de sa mise
en oeuvre qui dans tous les cas conduisent à une réduction tout à fait significative
du temps où les voies sont indisponibles, toutes les opérations préalables et ultérieures
à cette seule étape du processus étant effectuées sans interrompre le trafic.
[0027] En conséquence, il doit être considéré que l'invention ne se limite pas au seul exemple
de mise en oeuvre plus spécialement décrit et représenté ; elle en embrasse toutes
les variantes. Ainsi, et comme illustré sur les figures 8 et 9, on peut avantageusement
mettre en oeuvre, notamment lorsque la configuration du talus l'exige, l'utilisation
de demi-culées de grande hauteur, des structures qui, tout en restant d'un seul tenant,
sont divisées en plusieurs parties étagées par exemple 3a et 3b pour la demi-culée
3 et 4a et 4b pour la demi-culée 4. Chacune de ces parties présente ainsi un avant-bec
ou pointe 26, les deux avant-becs de chaque culée étant situés dans un même plan vertical
27. L'inclinaison moyenne des avant-becs 26 est choisie ici égale à 45
*, ce qui permet de conserver une pente à 3/2 lors du terrassement du front de taille
en cours de fonçage des demi-culées de la manière précisée précédemment. Il en résulte
une diminution sensible de la profondeur théoriquement nécessaire en cas d'avant-bec
à pente unique, afin d'assurer la stabilité du talus 1 au cours de ce fonçage.
[0028] Une fois l'accostage des deux demi-culées 3 et 4 réalisé (figure 9), le clavage de
celles-ci au fur et à mesure du terrassement dans la partie centrale ou merlons 15
est réalisé en assurant le blindage des parois latérales des demi-culées. Ces opérations
de terrassement et de blindage sont effectuées du haut vers le bas, la forme particulière
des avant-becs 26 de ces demi-culées permettant de réduire de manière notable la longueur
et la surface de ce blindage.
[0029] A noter que la réalisation de demi-culées étagées conformément aux caractéristiques
ci-dessus, procure encore deux autres avantages. En premier lieu, chaque demi-culée
comporte au niveau de la séparation de ses étages successifs 3a, 3b ou 4a, 4b, une
dalle intermédiaire 28, propre à servir de buton lorsque les demi-culées sont accostées
et clavées entre elles, en permettant de diminuer la quantité d'acier nécessaire à
la tenue des pied-droits. En second lieu, grâce au fractionnement des demi-culées
avec des avant-becs 26 en dents de scie, on constate que seule la dent inférieure
26 pénètre, au début de l'opération de fonçage dans le talus 1. La charge du remblai
au-dessus de cet avant-bec est donc relativement limitée ce qui entraine un risque
de soulèvement lorsque l'effort nécessaire au fonçage est exercé. Avec la solution
proposée, l'avant-bec supérieur 26 procure par lui-même une surcharge permanente sur
l'étage inférieur dirigée vers le bas, qui évite le risque de soulèvement lors de
l'avance de la demi-culée correspondante.
[0030] Un autre perfectionnement utilement envisagé, quelque soit le mode d'exécution du
procédé de l'invention selon les variantes envisagées .ci-dessus, consiste à aménager
les avant-becs 26 des demi-culées 3 et 4 de manière à faciliter l'avance de celles-ci
dans l'épaisseur du talus 1, lors de l'opération de fonçage de ces demi-culées.
[0031] Dans ce but, l'avant-bec est constitué, comme illustré sur la figure 10, au moyen
d'un profilé en T 29, sur lequel est soudé à une de ses extrémités un fer plat 30,
légèrement en pente vis à vis du profilé, de manière à tasser le terrain sur une épaisseur
limitée, par exemple de l'ordre de 2cm. Dans l'espace ainsi dégagé derrière l'avant-bec,
peut alors être injectée une boue liquide 31, du genre boue thixotropique ou autre
liquide, du genre d'un gel par exemple, qui assure une certaine lubrification des
parois de la demi-culée, lors de son avance. Cette boue est avantageusement amenée
en place par un tube 32, noyé dans le béton 33 de la demi-culée, entre les fers 34
d'armature, et relié à son extrémité opposée (non représentée) à une pompe à basse
pression.
1- Procédé pour la construction d'ouvrages d'art sous des voies ferrées en exploitation,
et notamment d'un passage routier ou piétonnier à travers un talus ou terrassement
analogue supportant les voies, caractérisé en ce qu'il consiste à foncer transversalement
de façon connue en elle-même, sous le talus (1), deux paires de demi-culées (3, 4)
ou pieds droits évidés, disposés deux à deux en regard de part et d'autre des côtés
délimitant le passage à réaliser et ménageant sous les voies, entre celles-ci et la
face supérieure des demi-culées, une épaisseur de remblai limitée (24), à amener les
demi-culées deux à deux en butée sensiblement dans le plan longitudinal médian du
talus (1), à claver ces demi-culées dans leur zone de jonction mutuelle de part et
d'autre de ce plan médian, à monter en place sous les voies (2) des raidisseurs (19,
20) sur une longueur de celles-ci légèrement supérieure à celle qui sépare les deux
paires de demi-culées, préalablement ou après fonçage de ces demi-culées,à retirer
le remblai entre les voies et les culées jointives sous les raidisseurs, à disposer
sur les deux paires de demi-culées respectivement deux sommiers supports (22) reposant
sur ces demi-culées, à enlever les raidisseurs et à tronçonner alors les voies sur
une longueur correspondant à la largeur du passage, à terrasser le remblai subsistant
entre les sommiers sur une épaisseur nécessaire à l'encoffrement de deux demi-tabliers
préfabriqués (12, 13) mis en place de chaque côté ou d'un seul côté du passage, ces
deux demi-tabliers étant ripés latéralement sur les sommiers ou sur le dessus des
demi-culées, pour les faire reposer jointifspar leurs extrémités, à reconstituer les
voies sur les demi-tabliers et à achever le terrassement du passage (25) entre les
deux paires de demi-culées sous les voies.
2- Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le fonçage des deux demi-culées
(3, 4) de chaque paire est réalisé à l'aide de câbles (6) traversant le talus, fixé
chacun à une extrémité (7) à une demi-culée et solidarisé à l'autre extrémité d'un
vérin (8) en appui sur l'autre demi-culée et exerçant sur le câble un effort de traction
assurant le rapprochement mutuel des deux demi-culées.
3- Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on réalise par coulée de
béton les deux demi-tabliers (12, 13) de part et d'autre du talus (1) sur des échafaudages
(11) s'étendant parallèlement aux voies (2) et surmontant les deux demi-culées (3,
4) des deux paires disposées sur chacun des côtés du talus.
4- Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que la coulée et le séchage
des demi-tabliers (12, 13) sont réalisés pendant les opérations de fonçage des demi-culées
(3, 4) dans le talus (1).
5- Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on coule les sommiers (22)
sur place ou on procède au scellement sur les demi-culées (3, 4) de sommiers préfabriqués,
de façon à rattraper un éventuel défaut d'alignement des faces jointives des demi-culées.
1 6- Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce les deux demi-tabliers (12,
13) sont préalablement montés sur les deux sommiers (22) qui sont ripés avec les deux
tabliers sur les demi-culées sous les voies.
7- Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 5, caractérisé en ce qu'il comporte un ensemble d'auto-fonçage de demi-culées
creuses deux à deux en regard de part et d'autre du talus, des moyens de fabrication
de deux demi-tabliers longitudinaux s'étendant latéralement entre et au dessus de
deux demi-culées de deux paires voisines, des moyens de réalisation et de mise en
place de sommiers transversaux recevant les demi-tabliers et s'étendant chacun sur
deux demi-culées d'un même paire et des organes de raidissement temporaire des voies
pour soutenir celles-ci pendant la réalisation des sommiers.
8- Dispositif selon la revendication 7, caractérisé en ce que les demi-culées (3,
4) réalisées d'un seul tenant, sont divisées en plusieurs parties étagées (3a, 3b,
4a, 4b).
9- Dispositif selon la revendication 8, caractérisé en ce que les demi-culées (3,
4) comptent au niveau de chaque étage, des avant-becs (26) situés dans le même plan
vertical.
10- Dispositif selon l'une des revendications 8 ou 9 caractérisé en ce que, dans chaque
demi-culée (3, 4) les étages sont séparés par des dalles intermédiaires (28) formant
buton.
11- Dispositif selon l'une quelconque des revendications 7 à 10 caractérisé en ce
que chaque demi-culée (3, 4) comporte dans son avant-bec (26) un profilé en T (29)
sur lequel est soudé un fer plat (30) disposé en pente sur ce profilé, délimitant
derrière l'avant-bec un espace dans lequel est injectée une boue liquide (31).
12- Dispositif selon la revendication 11, caractérisé en ce que l'alimentation en
boue liquide s'effectue par un tube (32) noyé dans le béton (33) de la demi-culée
et relié à une pompe à basse pression.