[0001] L'invention concerne un procédé de réalisation d'une mentonnière pour un instrument,
en particulier un instrument de musique tel que violon ou analogue. Elle s'étend à
des moyens de mise en oeuvre dudit procédé et aux mentonnières réalisées.
[0002] Les mentonnières pour violons ou instruments analogues sont généralement réalisées
en bois, "bakélite" ou matériau de ce type, par sculpture d'une forme standard reproduisant
l'empreinte d'un menton de morphologie type. Toutefois, pour des exécutants s'adonnant
à une pratique intense, ces mentonnières entraînent des troubles pouvant aller jusqu'à
de véritables affections locales telles que inflammation, kystes, bursites...
[0003] Pour tenter de pallier ces défauts, le brevet DE-C-3707656 (W. WOLF) prévoit une
mentonnière constituée par un châssis doté d'une ouverture centrale, une plaque thermoformable
étant disposée dans cette ouverture au-dessus d'une couche de mousse : l'exécutant
réalise le thermoformage de ladite plaque en la chauffant et appuyant le menton sur
celle-ci afin d'y imprimer la forme de celui-ci. Toutefois, une telle mentonnière
présente plusieurs défauts. En premier lieu, dans la mentonnière terminée, la plaque
thermoformée qui forme la surface d'appui du menton repose sur une couche de mousse,
et la sensation ressentie par l'exécutant est très différente de celle que donne une
mentonnière traditionnelle où les vibrations sont transmises directement par des matériaux
rigides (bois, bakélite...) sans amortissement à travers une couche de mousse. Or,
la couche de mousse est nécessaire dans ce procédé pour permettre le thermoformage
de la plaque. En outre, la mentonnière réalisée est relativement complexe et peu esthétique.
Enfin, elle exige que l'exécutant réalise lui-même les opérations de thermoformage
(et notamment le chauffage de la plaque thermoformable), ce qui soulève souvent des
difficultés. De plus, l'épaisseur de la mentonnière est supérieure à celle des mentonnières
traditionnelles et le menton se trouve surélevé par rapport à l'instrument, ce qui
produit une sensation inhabituelle pour l'exécutant ; au surplus la partie thermoformée
située au centre de la mentonnière ne couvre pas la totalité de celle-ci et est inapte
à constituer un appui complet (menton, joue) comme c'est le cas pour les mentonnières
traditionnelles.
[0004] Par ailleurs, le brevet US 4.719.835 propose de modifier une mentonnière existante
en fixant sur celle-ci un bloc de matériau malléable durcissable et en imprimant dans
ce bloc l'empreinte du menton de l'exécutant. Toutefois, l'opération de mise en forme
du bloc est très délicate dans ce procédé ; en l'absence d'une couche de mousse, il
est en effet nécessaire d'utiliser un bloc assez épais, le thermoformage entraînant
un fluage important du matériau et des risques d'imperfections ; à cet égard l'utilisation
d'une plaque thermoformable est beaucoup plus sûre et facile. De plus, là-aussi,
la mentonnière est surélevée par rapport à une mentonnière traditionnelle puisqu'une
couche a été rajoutée.
[0005] La présente invention se propose de pallier les défauts des mentonnières traditionnelles
et de réaliser une mentonnière perfectionnée en utilisant une plaque thermoformable
sans conduire aux inconvénients des procédés décrits dans les brevets sus-évoqués.
[0006] A cet effet, le procédé de l'invention se caractérise en ce qu'il comprend les deux
phases successives suivantes :
. une première phase consistant (p₁) à poser la plaque thermoformable chauffée sur
un appareil de prise d'empreinte constitué d'un support doté d'un organe de fixation
sur l'instrument, ledit support étant surmonté d'une couche compressible, (p₂) après
fixation dudit appareil de prise d'empreinte sur l'instrument, à amener le menton
de l'exécutant en pression sur la plaque thermoformable, (p₃) et à retirer la plaque
ainsi mise en forme, dite plaque mentonnière,
. une seconde phase consistant (s₁) à disposer la plaque mentonnière en position renversée
dans un moule, (s₂) à réaliser un socle rigide par moulage d'une résine durcissable
au-dessus de ladite plaque, ladite résine ayant une température de polymérisation
inférieure à la température de déformation de la plaque, (s₃) à extraire ladite plaque
et ledit socle une fois durci, (s₄) à fixer ledit socle sur la sous-face de la plaque,
(s₅) et à assujettir sur le socle un organe de fixation permettant de fixer la mentonnière
sur l'instrument.
[0007] La première phase peut être très facilement mise en oeuvre chez le distributeur ou
le vendeur grâce à l'appareil de prise d'empreinte. Une fois la plaque mentonnière
mise en forme, celle-ci peut être adressée au fabricant pour réaliser la second phase.
Au terme de celle-ci, on obtient une mentonnière d'apparence traditionnelle dont
l'épaisseur est habituelle et dans laquelle les vibrations ne sont pas amorties par
des matériaux élastiques ou compressibles.
[0008] Selon un mode de réalisation préféré, (s₂) le socle est réalisé :
. en moulant préalablement à l'intérieur du moule au-dessus de la plaque mentonnière
un bloc de matériau de moulage, en particulier du plâtre,
. après durcissement, en retirant ledit bloc et en le creusant d'une cavité ayant
la forme du socle désiré,
. en replaçant le bloc dans le moule au-dessus de la plaque mentonnière et en moulant
dans la cavité de celui-ci la résine durcissable.
[0009] Bien entendu, la mentonnière réalisée par le procédé de l'invention peut être soumise
à toute opération de finition, et en particulier à un habillage, notamment au moyen
de cuir, collé sur celle-ci.
[0010] L'invention s'étend, en tant que tel, au produit fabriqué par le procédé visé, consistant
en une mentonnière, qui comporte une plaque mentonnière en matière thermoformée à
l'empreinte d'un menton ; selon l'invention, ladite mentonnière se caractérise en
ce que la plaque mentonnière thermoformée couvre la totalité de la surface d'appui
de la mentonnière et est directement fixée par sa sous-face à un socle rigide sur
lequel est assujetti un organe de fixation notamment réglable.
[0011] L'invention s'étend enfin aux moyens de mise en oeuvre du procédé, constitués par
un appareil de prise d'empreinte comprenant un support rigide, une couche compressible
surmontant ledit support en vue de la mise en place d'une plaque thermoformable prédécoupée
au contour de la mentonnière, et un organe de fixation du support sur l'instrument.
[0012] L'invention ayant été exposée dans sa forme générale, d'autres caractéristiques,
buts et avantages de celle-ci se dégageront de la description qui suit en référence
aux dessins annexés, lesquels présentent, à titre d'exemple non limitatif, un mode
préférentiel de mise en oeuvre du procédé et des exemples d'appareillages utilisés,
ainsi qu'un mode de réalisation de mentonnière ; sur ces dessins :
- la figure 1 est une vue schématique en perspective d'un appareil de prise d'empreinte
conforme à l'invention,
- les figures 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10 illustrent le procédé de fabrication de
la mentonnière,
- les figures 11, 12 et 13 représentent la mentonnière obtenue, respectivement en
perspective vue de dessus, en perspective vue de dessous et en coupe par un plan AA.
[0013] L'appareil de prise d'empreinte représenté à titre d'exemple à la figure 1 comprend
un support 1 au-dessus duquel est collée une couche compressible 2. Au-dessus de celle-ci,
est collé un revêtement antidérapant 8, par exemple en peau d'agneau.
[0014] Le support 1 est en l'exemple formé par une platine rigide -1a- dont le contour reproduit
celui d'une mentonnière pour violon, par une embase 1b collée sous cette platine (ou
d'un seul tenant avec celle-ci), et par un organe de fixation 1c permettant d'assujettir
l'appareil sur un violon. L'organe de fixation 1c est un organe classique, semblable
à celui qui sera ensuite assujetti sur la mentonnière. En l'exemple, cet organe de
type réglable comprend deux douilles taraudées dans lesquelles se vissent, de chaque
côté, des tiges filetées, réunies d'un côté par un pontet et pourvues de l'autre de
coudes filetés pour leur ancrage dans l'embase 1b.
[0015] La couche compressible 2 peut être collée sur toute sa surface ou bien au moyen d'une
pastille adhésive au-dessus de la plaque 1a et constituée par une mousse synthétique
de faible densité.
[0016] Le procédé de fabrication d'une mentonnière destinée à un exécutant déterminé s'opère
en deux phases, l'une mise en oeuvre au moyen de l'appareil de prise d'empreinte décrit
ci-dessus, l'autre mise en oeuvre chez le fabricant pour obtenir la mentonnière. Préalablement,
on découpe, en particulier au moyen d'un emporte-pièce, une plaque thermoformable
3 au contour habituel de mentonnière comprenant généralement une avancée P₁ pour l'appui
de la joue, une partie P₂ pour l'appui du menton et une échancrure P₃ de dégagement
du cordier de violon (figure 2).
[0017] Cette plaque 3 peut être en tout matériau thermoformable apte à subir un formage
à une température modérée (inférieure ou égale à 60-65° C). Par exemple, on peut utiliser
les plaques thermoformables fabriquées par la Société "POLYSAR LIMITED" (Canada) ;
ce type de plaque possède une épaisseur de l'ordre de 3 mm.
[0018] La plaque thermoformable prédécoupée est chauffée jusqu'à sa température de déformation
(65° C) et est mise en place au-dessus de la couche antidérapante 8 de l'appareil
de prise d'empreinte 1, ce dernier étant fixé sur le violon de l'exécutant comme s'il
s'agissait d'une mentonnière (figure 2).
[0019] Il est à noter que l'on a représenté sur les figures le cas d'une mentonnière de
type latéral, mais l'invention s'étend bien entendu à tout type de mentonnière et
notamment aux mentonnières à pont qui enjambent le cordier.
[0020] Ensuite la plaque thermoformable 3 est déformée en amenant le menton de l'exécutant
en pression sur celle-ci dans la position normale d'exécution par rapport à l'instrument
(figure 3). Cette pression est exercée pendant quelques minutes de façon à permettre
à la plaque d'acquérir l'empreinte parfaite du menton (et de la joue) de l'exécutant.
[0021] La plaque thermoformable 3 (dite plaque mentonnière après mise en forme) est ensuite
retirée (figure 4).
[0022] La deuxième phase du procédé peut alors être exécutée au moyen de la plaque mentonnière
ainsi obtenue. Elle consiste à disposer la plaque mentonnière en position renversée
dans un moule 4 en silicone qui est doté d'une cavité de moulage 4a de contour conjugué
à celui de la plaque mentonnière (figure 5). On a schématisé en coupe à la figure
6 la plaque mentonnière posée au fond du moule en position renversée.
[0023] On moule ensuite au-dessus de la plaque mentonnière ainsi mise en place un bloc 5
de matériau moulable tel que plâtre ou autre matériau susceptible de conserver sa
forme après moulage et d'être aisément travaillé (figure 7).
[0024] Après durcissement, ce bloc de plâtre est retiré du moule et est creusé d'une cavité
(schématisée en traits discontinus à la figure 8) ayant la forme d'un socle de mentonnière.
Cette cavité comporte de préférence deux avancées 5b et 5c qui formeront deux nervures
de renfort sous la plaque mentonnière.
[0025] Le bloc de plâtre est ensuite replacé dans le moule au-dessus de la plaque mentonnière.
La cavité 5a débouche en partie basse au niveau de celle-ci et en partie haute au
niveau de la face ouverte du moule.
[0026] On coule alors dans la cavité 5a une résine durcissable (flèche R à la figure 9)
afin d'obtenir par moulage le socle 6 de mentonnière. La résine choisie est une résine
liquide à température de polymérisation inférieure à la température de déformation
de la plaque mentonnière. Par exemple, on peut choisir la résine "Uréol" vendue par
"Ciba-Geigy" (résine polyuréthaneuréol) qui polymérise à froid (30° C environ).
[0027] Après durcissement de la résine, le bloc de résine moulé 5 est séparé du moule et
poncé pour lui donner sa forme définitive et un bon état de surface ; une face d'appui
6c est réalisée au cours de cette opération. La plaque mentonnière 3 est ensuite collée
sur ledit socle, notamment à l'araldite, comme l'illustre la figure 10. On aperçoit
sur cette figure (vue de dessous) les nervures 6a et 6b du socle, qui raidissent la
plaque mentonnière 3 et limitent les déformations élastiques de celle-ci.
[0028] La mentonnière est ensuite revêtue d'un habillage, par exemple en cuir ; cet habillage
peut le cas échéant être constitué par une gaine thermorétractable.
[0029] Puis deux trous sont percés sur la face frontale du socle 6 ; ces trous sont taraudés
et un organe de fixation 7 du type réglable déjà décrit est assujetti sur le socle
par vissage des coudes filetés dudit organe dans ces trous.
[0030] La mentonnière terminée est représentée aux figures 11, 12 et 13, respectivement
en perspective vue de dessus et de dessous, et en coupe. Cette mentonnière adaptée
à l'exécutant pour lequel elle a été fabriquée se monte sur un violon de la façon
habituelle, le bord du violon étant pincé entre le pontet 7a de l'organe de fixation
et la face d'appui 6c du socle.
[0031] Les essais ont démontré qu'une telle mentonnière conduisait à des conditions de confort
remarquables pour l'exécutant, éliminant toute gêne et lui permettant une pratique
intense sans aucun trouble. Elle assure un appui complet habituel du menton et de
la joue de l'exécutant, se trouve à hauteur normale au-dessus du violon, présente
un aspect traditionnel qui ne perturbe pas l'exécutant et transmet directement les
vibrations par des matériaux rigides comme les mentonnières traditionnelles.
1/ - Procédé de réalisation d'une mentonnière pour un instrument destiné à un exécutant
déterminé, en particulier instrument de musique tel que violon ou analogue, procédé
dans lequel l'on utilise une plaque thermoformable (3) chauffée à sa température de
déformation et l'on amène le menton de l'exécutant en pression sur celle-ci de façon
à lui donner la forme dudit menton, ledit procédé étant caractérisé en ce qu'il comprend
les deux phases successives suivantes :
. une première phase consistant (p₁) à poser la plaque thermoformable chauffée (3)
sur un appareil de prise d'empreinte (1) constitué d'un support (1a) doté d'un organe
de fixation sur l'instrument (1c), ledit support étant surmonté d'une couche compressible
(2), (p₂) après fixation dudit appareil de prise d'empreinte sur l'instrument, à amener
le menton de l'exécutant en pression sur la plaque thermoformable (3), (p₃) et à retirer
la plaque ainsi mise en forme, dite plaque mentonnière,
. une seconde phase consistant (s₁) à disposer la plaque mentonnière (3) en position
renversée dans un moule (4), (s₂) à réaliser un socle rigide (6) par moulage d'une
résine durcissable au-dessus de ladite plaque, ladite résine ayant une température
de polymérisation inférieure à la température de déformation de la plaque, (s₃) à
extraire ladite plaque et ledit socle une fois durci, (s₄) à fixer ledit socle sur
la sous-face de la plaque, (s₅) et à assujettir sur le socle un organe de fixation
(7) permettant de fixer la mentonnière sur l'instrument.
2/ - Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que (s₂) le socle (6) est
réalisé :
. en moulant préalablement au-dessus de la plaque mentonnière un bloc (5) de matériau
de moulage, en particulier du plâtre,
. après durcissement, en retirant ledit bloc et en le creusant d'une cavité (5a) ayant
la forme du socle désiré,
. en replaçant le bloc (5) dans le moule (4) au-dessus de la plaque mentonnière (3)
et en moulant dans la cavité de celui-ci la résine durcissable.
3/ - Procédé selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que (s₂) l'on
moule le socle (6) de façon qu'il comporte des nervures (6a, 6b) adaptées pour raidir
la plaque mentonnière (3) après fixation dudit socle sur la sous-face de celle-ci.
4/ - Procédé selon l'une des revendications 1, 2 ou 3, caractérisé en ce que (p₁)
la plaque thermoformable chauffée (3) est posée sur un revêtement antidérapant (8)
collé sur la couche compressible (2), ladite couche étant elle-même collée sur le
support constitué par une platine (1a) dotée d'une embase (1b) portant l'organe de
fixation (1c).
5/ - Procédé selon l'une des revendications 1, 2, 3 ou 4, caractérisé en ce que l'appareil
de prise d'empreinte (1) est fixé sur l'instrument au moyen d'un organe de fixation
(1c) de type réglable, semblable à celui assujetti par la suite sur le socle (s₅).
6/ - Procédé selon l'une des revendications 1, 2, 3, 4 ou 6, caractérisé en ce que
(s₄) le socle (6) est fixé par collage sur la sous-face de la plaque mentonnière (3).
7/ - Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel la plaque thermoformable
(3) est préalablement découpée au contour de la mentonnière à obtenir, la cavité (5a)
du moule (5) ayant une forme conjuguée.
8/ - Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel (s₆) le socle
(6) et la plaque mentonnière (3) sont revêtus d'un habillage notamment en cuir, collé
sur ceux-ci.
9/ - Mentonnière pour instrument, en particulier instrument de musique, tel que violon
ou analogue, comprenant une plaque mentonnière (3) thermoformée à l'empreinte d'un
menton, caractérisée en ce que ladite plaque mentonnière thermoformée couvre la totalité
de la surface d'appui de la mentonnière et est directement fixée par sa sous-face
à un socle rigide (6) sur lequel est assujetti un organe de fixation notamment réglable
(7).
10/ - Mentonnière selon la revendication 9, dans laquelle la plaque mentonnière (3)
et le socle (6) sont revêtus d'un habillage, notamment en cuir.
11/ - Appareil de prise d'empreinte en vue de permettre de réaliser une mentonnière
conforme à l'une des revendications 9 ou 10, comprenant un support rigide (1), une
couche compressible (2) surmontant ledit support en vue de la mise en place d'une
plaque thermoformable prédécoupée au contour de la mentonnière, et un organe (1c)
de fixation du support sur l'instrument.