[0001] L'invention concerne une méthode permettant de réduire l'endommagement lors d'une
déformation superplastique de métaux ou d'alliages métalliques.
[0002] On sait que la déformation superplastique se manifeste pour certains métaux ou alliages
par des allongements à la rupture en traction continue, supérieurs à 100% dans des
conditions particulières de température, de microstructure et de vitesse de déformation.
[0003] La superplasticité est généralement caractérisée par le paramètre de sensibilité
à la vitesse de déformation
formule dans laquelle
σ est la contrainte appliquée et
ε̇ est la vitesse de déformation rationnelle
soit
, ε étant la déformation rationnelle
on admet que le matériau est superplastique lorsque m ≳ 0,3
[0004] Cependant la capacité d'allongement maximum est limitée par l'apparition et la coalescence
de décohésions intergranulaires, qui conduisent à une rupture prématurée lors de cette
déformation; cette cavitation est aussi préjudiciable aux caractéristiques de traction
et surtout à la tenue en fatigue comme cela est rapporté par exemple dans "M.W. MAHONEY
et C.W. HAMILTON Superplatic Aluminium evaluation, Final Report AFWAL-TR 81-3051.
Janvier 1981".
[0005] Les moyens connus pour éviter ou du moins retarder l'apparition de cette cavitation
consiste à superposer aux efforts de formage une pression isostatique (voir par exemple
C.C. BAMPTON et R. RAJ, Acta Metallurgica, Vol. 30, 1982, p. 2043). Cette pression
isostatique doit être équivalente à la moitié ou au tiers de la contrainte d'écoulement
du matériau et se situe en général au voisinage de 3 MPa.
[0006] Il en résulte que cette méthode conduit alors, pour sa mise en oeuvre, à des outillages
robustes et complexes donc coûteux.
[0007] Rappelons enfin que l'endommagement du matériau est généralement évalué soit par
variation de densité du matériau soit par voie micrographique.
[0008] La méthode selon l'invention permet de minimiser l'endommagement, sans utiliser une
pression isostatique.
[0009] Cette méthode consiste donc, à une température donnée et dans les conditions microstructurales
et de vitesse de déformation entraînant le comportement superplastique de l'alliage
considéré, à appliquer des déformations partielles successives (ε>0) pendant un temps
(t) séparées par des périodes de repos (ε =0) pendant un temps (t′). Les valeurs de
t et t′ sont fonction de la nature, de la microstructure de l'alliage considéré, de
la déformation totale subie, de la température et de la vitesse de déformation.
[0010] Ces valeurs doivent donc être déterminées pour chaque cas particulier, mais en général
les valeurs de t et t′ sont typiquement comprises entre 0,5 et 10 min et de préférence
entre 1 et 3m in.
[0011] L'invention sera mieux comprise à l'aide des exemples suivants illustrés par les
fig. 1 à 6
La figure 1 représente des résultats d'essais en sollicitation uniaxiale comparés
entre la méthode continue (1) et la méthode avec repos (2).
La figure 2 représente une coupe axiale d'un embouti circulaire en alliage 7475, selon
la nomenclature de l'Aluminium Association.
La figure 3 représente la variation de la densité (d) en fonction de la déformation
rationnelle (ε) pour la méthode classique (continue) avec ε = 2x10⁻⁴s⁻¹ - courbe 1
- et la méthode selon l'invention - courbe 2.
La figure 4 donne la comparaison des propriétés de traction (charge de rupture Rm,
limite élastique Rp0,2 et allongement A% dans le sens long (L) et travers long (TL))
de la tôle initiale déterminées en A (fig. 1) correspondant aux deux méthodes 1 et
2 ci-dessus et à l'alliage non déformé (0).
Les figures 5 et 6 représente une coupe micrographique dans l'épaisseur du produit
selon les méthodes (1) et (2) pour ε = 1,4.
[0012] Les essais suivants ont été effectués sur une tôle de 2 mm d'épaisseur en alliage
7475 à l'état superplastique dont la composition chimique est la suivante (% en poids):
Zn |
Cu |
mg |
Mn |
Cr |
SI |
Fe |
Ti |
5,8 |
1,60 |
2,14 |
<0,02 |
0,22 |
0,05 |
0,06 |
0,05 |
reste A1, et dont la grosseur de grains est de 13 µm;
Celle-ci a été formée à 516°C à la vitesse moyenne de ε̇ = 3.10⁻⁴ sec⁻¹ avec (ou
sans) repos en sollicitation uniaxiale et de ε̇ =2x10⁻⁴s⁻¹ avec (ou sans) repos en
sollicitation biaxiale..
EXEMPLE 1
[0013] Les essais en sollicitation uniaxiale ont été effectués en continu - courbe 1, fig.
1 ou selon la méthode revendiquée avec les temps (t,t′) indiqués en minutes; l'endommagement
a été mesuré en fonction de la déformation par la variation relative de densité (Δd/d)
déterminée par une méthode de picnométrique.
[0014] On peut constater que pour l'ensemble des essais (1,1)- courbe 2 fig. 1 - et par
rapport à la méthode continue, l'endommagement est réduit d'un facteur 10 env. pour
des allongements de l'ordre de 140%; ce facteur reste encore de 3,5 env. pour des
allongements voisins de 220%.
EXEMPLE 2
[0015] Un flan □̸ 330x320 mm prélevé dans la tôle ci-dessus a été formé par emboutissage
sous forme d'un embouti circulaire (sollicitation biaxiale) dont la coupe axiale est
donnée à la fig. 2 d'une part en déformation continue (1) et d'autre part avec des
cycles de déformation (1 min) suivi d'un repos (1 min), etc...
[0016] L'évolution de l'endommagement en fonction de la déformation locale: ε= Ln (E/e),
avec E épaisseur initiale et e épaisseur finale, est donnée à la figure 3.
[0017] Les caractéristiques mécaniques de traction, moyennes de 4 essais, ont été déterminées
dans le fond de l'embouti, dans le sens long et travers long de la tôle initiale à
100 mm du centre à l'état T76, selon la désignation de l'Aluminium Association.
[0018] Les résultats sont reportés dans le tableau I ci-joint et représentés graphiquement
à la figure 4.
[0019] Les micrographies comparées sont données aux figures 5 et 6 pour ε= 1,4 (A% 300).
[0020] Les essais de fatigue effectués en sollicitations répétées sur des éprouvettes prélevées
sens long extraites du fond des emboutis dans les états définis ci-dessus sont les
suivants:
Etat 0̸ |
R |
σ max (MPa) |
Durée de vie* (Kilocycles) |
1 |
0,1 |
200 |
128,8 |
2 |
0,1 |
200 |
177,8 |
TABLEAU I
CARACTERISTIQUES MECANIQUES |
Rep. |
Vitesse de déformation |
Sens de prélèvement |
RO,2 (MPa) |
Rm (MPa) |
A (%) |
|
|
|
maxi |
mini |
écart |
moy. |
maxi |
mini |
écart |
moy. |
maxi |
mini |
écart |
moy. |
0 |
Témoin |
L |
471 |
457 |
14 |
463 |
527 |
512 |
15 |
520 |
16,6 |
8,1 |
8,5 |
12,3 |
ε=0 |
TL |
454 |
445 |
9 |
449 |
503 |
501 |
2 |
502 |
9,6 |
7,2 |
2,4 |
8,6 |
1 |
2 10⁻⁴s⁻¹ |
L |
415 |
392 |
23 |
404 |
479 |
439 |
40 |
453 |
2,7 |
1,4 |
1,3 |
1,9 |
ε= 1,4 |
TL |
401 |
355 |
46 |
384 |
468 |
436 |
32 |
447 |
7,4 |
1,2 |
6,2 |
3,2 |
2 |
avec relaxation ε =1,4 |
L |
407 |
335 |
72 |
373 |
497 |
459 |
38 |
480 |
8,9 |
1,5 |
7,4 |
5,6 |
2.10⁻⁴s⁻¹ |
TL |
451 |
332 |
119 |
400 |
498 |
473 |
25 |
485 |
5,9 |
4,4 |
1,5 |
5,1 |
1. Méthode de déformation d'un métal ou alliage dans des conditions superplastiques
en vue de diminuer l'endommagement, caractérisé en ce qu'à une température donnée,
le matériau subit une succession de déformations partielles ( ε >0) pendant le temps
(t) séparées par des intervalles de repos (ε =0) pendant le temps (t′).
2. Méthode selon la revendication 1 caractérisée en ce que t et t′ sont compris entre
0,5 et 10 min.
3. Méthode selon l'une des revendications 1 ou 2 caractérisée en ce que pour l'alliage
7475 déformé vers 516°C avec une vitesse voisine de ε = 2.10⁴ sec⁻¹, les périodes
de déformations partielles (t) durent 1 à 3 min et les périodes de repos (t′) de 1
à 3 min.
4. Méthode selon la revendication 3 caractérisé en ce que les périodes de déformation
et de repos sont voisines de 1 min.