[0001] La présente invention a trait aux ratières pour machines à tisser et elle concerne
plus particulièrement les ratières du type à balances tirées.
[0002] Les ratières suivant le système HATTERSLEY sont bien connues dans l'industrie du
matériel textile. On sait que dans ces ratières, chacun des cadres de lisses du métier
est relié à un levier oscillant qui porte une balance dont chacune des extrémités
est pourvue d'un organe d'attelage réalisé sous la forme d'un crochet articulé de
tirage. Chaque crochet de tirage est sélectivement actionné par un organe de traction
formé par un couteau rigide à mouvement alternatif, propre à déplacer la balance et
le cadre de lisses correspondant en fonction de la commande reçue du programme de
tissage incorporé au système de sélection, lequel comprend un mécanisme d'actionnement
équipé d'un programme et associé à des éléments de lecture et de transmission. Ce
système agit sur les crochets de tirage qui sont déplacés verticalement de manière
soit à venir coopérer avec le couteau de traction, soit à échapper au contraire à
l'action de celui-ci.
[0003] On a proposé de réduire l'encombrement des ratières HATTERSLEY de type classique
en faisant agir le système de sélection non plus sur les organes d'attelage articulés
aux extrémités de chaque balance, mais sur les organes de traction eux-mêmes. On se
reportera sur ce point au brevet français N
o 1 567 237 déposé le 1er Mars 1968 au nom de GEBR. STAUBLI ET CO qui vise une ratière
perfectionnée dont l'agencement général est schématiquement repris à la fig. 1 du
dessin annexé aux présentes.
[0004] Sur cette figure, la référence 1 désigne l'un des cadres de lisses de la machine
à tisser, ce cadre étant associé à des ressorts 2 qui tendent à l'abaisser ; le cadre
1 est relié par un câble 3 à un levier oscillant 4 qui pivote en 5 sur le bâti fixe
et qui porte à pivotement une balance 6. Les extrémités de cette dernière sont équipées
d'organes d'attelage 7 constitués par des bras articulés 8
a en bout desquels est prévue une pièce 8 profilée pour coopérer avec un organe de
traction 9. Les deux organes de traction 9 associés aux balances 6 de la ratière sont
supportés par deux platines latérales 10 calées sur un arbre central schématisé
en 11 et animé d'un mouvement oscillant. On observera que la partie arrière de chaque
pièce 8 est conformée pour s'engager dans une cavité ménagée dans une traverse fixe
correspondante 12 solidaire du bâti de la ratière, en prenant appui sur des surfaces
planes de cette traverse.
[0005] Dans la forme de réalisation visée au brevet français précité, chaque organe de traction
9 comprend au niveau de chaque balance un coulisseau 9
a mobile axialement dans une portée 9
b profilée pour recevoir la pièce 8 de l'organe d'attelage 7 qui lui correspond ; lorsque
le coulisseau 9
a est commandé par le système de sélection à programme, l'organe d'attelage 7 est
rendu solidaire de l'organe de traction 9.
[0006] On comprend que lorsque l'un des organes de traction 9 vient par pivotement coopérer
avec l'organe d'attelage 7 correspondant alors que la pièce 8 opposée est en appui
contre l'une des deux traverses fixes 12, l'oscillation des platines 10 assure bien
la traction de la balance 6 qui bascule alors en élevant le cadre 1 à l'encontre des
ressorts 2.
[0007] L'inconvénient principal de ce type particulier de ratière à balances tirées réside
dans la complexité du système de sélection destiné à assurer la commande des organes
de traction 9 en fonction de l'armure du tissu à réaliser. A chaque coulisseau 9
a est associé un dispositif de transmission qui comprend un poussoir 13 associé à un
levier coudé 14, les deux leviers 14 étant commandés par des tiges 15 déplacées verticalement
par des aiguilles de lecture 16 de manière à coopérer avec un couteau 17 à mouvement
alternatif ou à échapper à celui-ci. La base des aiguilles 16 est supportée par un
papier perforé 18 dont le dessin ou programme correspond à l'armure désirée.
[0008] On conçoit qu'un tel système se prête mal à un fonctionnement à vitesse élevée et
que les risques de défaut sont relativement importants. En outre, la complexité de
la construction renchérit le coût de la ratière. On notera par ailleurs que les ressorts
19 associés aux leviers coudés 14 tendent à dégager les coulisseaux 9
a hors des pièces 8 des organes d'attelage 7, si bien qu'il y a lieu, pour éviter toute
désolidarisation intempestive, de prévoir des doigts élastiques de verrouillage 9
c qui compliquent encore l'agencement. Enfin, tout défaut de synchronisation entre
le mouvement oscillant des platines 10 (arbre 11) et celui des couteaux 17 est de
nature à entraîner des défauts de tissage ou des avaries à la mécanique.
[0009] C'est à ces inconvénients qu'entend principalement remédier la présente invention,
laquelle a pour objet la ratière définie à la revendication 1.
[0010] Suivant l'invention, les éléments de lecture et de transmission qui, en combinaison
avec le mécanisme d'actionnement à programme prévu à poste fixe, commandent l'accouplement
des organes de traction avec les organes d'attelage de chaque balance, sont portés
par les platines oscillantes.
[0011] On comprend qu'un tel agencement simplifie considérablement la construction du système
de sélection du fait que celui-ci n'a aucun effort à exercer pour assurer le contrôle
de la balance considérée ; ce sont en effet les platines oscillantes formant supports
pour l'ensemble des éléments de lecture et de transmission de la ratière qui fournissent
cet effort en même temps que l'effort de traction.
[0012] Dans ces conditions, le mécanisme d'actionnement à programme du système de sélection
peut être constitué soit par une simple roue à pédonnes, soit par un ensemble unique
d'électro-aimants associés à des poussoirs à déplacement axial alternatif.
[0013] Le dessin annexé, donné à titre d'exemple, permettra de mieux comprendre l'invention
:
Comme indiqué ci-dessus, fig. 1 est une coupe tranversale illustrant la structure
d'une ratière à balances tirées de construction classique.
Fig. 2 est une coupe analogue illustrant l'agencement d'une ratière suivant l'invention.
Fig. 3 montre une variante de mise en oeuvre dans laquelle le système de sélection
est constitué, non plus par une roue à pédonnes comme en fig. 2, mais par un ensemble
d'électro-aimants.
Fig. 4 illustre un autre mode de mise en oeuvre de l'invention.
[0014] En fig. 2, on retrouve la référence 4 désignant le levier oscillant qui est relié
par le câble 3 à l'un des cadres de lisses de la machine à tisser et qui est articulé
en 5 sur le bâti de la ratière. Comme en fig. 1, chaque levier 4 porte une balance
oscillante 6 aux extrémités de laquelle sont montés deux organes d'attelage 7 formés
par des crochets pivotants de tirage qui coopérent avec les organes de traction 9
assurant la commande de la balance 6 considérée.
[0015] En fig. 2, ces organes de traction sont constitués par des verrous 20 montés fous
sur des axes 21 disposés entre le bec des crochets 7 et le pivot 22 de chacun de ceux-ci
sur l'extrémité de la balance 6, à la manière décrite dans le Brevet français N
o 87 00297 déposé le 9 Janvier 1987 au nom de la Demanderesse. Les axes 21 sur lesquels
tourillonnent l'ensemble des verrous 20 des différentes balances 6 de la ratière sont
supportés par les platines oscillantes 10, étant observé qu'en fig. 2 la balance 6
considérée est représentée en position haute pour laquelle son pivot 23 sur le levier
oscillant 4 coïncide avec l'arbre 11 qui anime les platines 10 du mouvement oscillant,
ce qui favorise le fonctionnement.
[0016] Il convient ici d'observer que les axes 21 qui forment pivots pour les deux ensembles
de verrous 20 de la ratière sont avantageusement portés par des éléments de guidage
ou peignes réalisés conformément au brevet français N
o 86 07354/2 599 056 du 20 Mai 1986 au nom de la Demanderesse.
[0017] On notera par ailleurs que les platines 10 supportent également des guides 24 destinés
à maintenir la trajectoire des crochets de tirage 7 lorsque le talon de ceux-ci n'est
plus en appui contre les traverses fixes 12, constituées par de simples éléments à
section carrée ou rectangulaire.
[0018] A chaque verrou 20 est attelé un élément de transmission ou tirant 25 propre à agir
à l'encontre d'un ressort 26 qui tend à maintenir ledit verrou engagé contre le bec
du crochet correspondant 7. Les deux tirants opposés 25 se croisent à l'intérieur
d'un guide central 27 pour venir s'articuler sur des éléments de lecture formés par
des doigts 28, à profil coudé dans l'exemple considéré, montés fous sur deux arbres
29 qui sont communs à toutes les balances de la ratière et dont les extrémités sont
portées, à la manière décrite au brevet français N
o 86 07354/2 599 056 précité, par les deux platines oscillantes 10, de la même manière
que le guide central 27 sus-mentionné.
Le système de sélection de la ratière comprend encore un mécanisme d'ac tionnement
à programme, constitué par une roue à pédonnes 30 convenablement entraînée en rotation
et dont l'agencement correspond à l'armure du tissu à obtenir.
[0019] Le fonctionnement de la ratière décrite découle des explications qui précèdent et
se comprend aisément.
[0020] Au terme de chacune des courses oscillantes des platines 10, l'un des deux doigts
coudés 28 de chaque balance 6 vient disposer sa queue d'actionnement au niveau de
la roue à pédonnes 30. Si à ce moment celle-ci ne présente pas de pédonne 30
a, le doigt 28 n'est pas actionné, si bien que le verrou correspondant 20 reste engagé
contre le crochet de tirage 7 conjugué qui poursuit son déplacement oscillant. Si
au contraire la roue 30 présente un pédonne 30
a à la queue du doigt 28, celui-ci pivote sur l'axe 29 en exerçant une traction axiale
sur le tirant 25 (cas du doigt supérieur 28 en fig. 2) ; le verrou 20 s'éclipse par
basculement à l'encontre de son ressort de rappel 26, en libérant de la sorte le
crochet 7 qui ne sera alors plus entraîné avec les platines 10.
[0021] On peut constater que comme indiqué plus haut, l'effort de sélection est supporté
de manière pratiquement intégrale par les platines motrices 10 puisque la rotation
cyclique de la roue à pédonnes 30 n'intervient que lorsque les doigts 28 ne sont pas
en appui sur sa périphérie. Les pédonnes 30
a se comportent en fait comme de simples butées.
[0022] Bien entendu et en dépit de la fiabilité du système, il est avantageux de faire comporter
à chaque tirant 25 un ressort de sécurité 25
a apte à conférer audit tirant une certaine déformabilité élastique.
[0023] Dans la variante de mise en oeuvre de l'invention illustrée en fig. 3, le système
de sélection comprend un boîtier fixe unique 31 qui renferme un nombre d'électro-aimants
32 égal à celui des balances 6 de la ratière. Chaque électro-aimant 32 commande une
palette articulée 33 qui est attelée à un poussoir 34 à déplacement axial dont l'extrémité
libre est avantageusement coiffée d'un embout 35. A la façon en soi connue dans la
technique des ratières électroniques, les électro-aimants 32 sont commandés sélectivement
en fonction du programme d'armure.
[0024] On conçoit dans ces conditions que lorsqu'un électro-aimant 32 est ali menté, l'attraction
de sa palette 33 à l'encontre d'un ressort de rappel tel que 36 provoque le déplacement
axial du poussoir 34 dont l'embout 35 vient se positionner sur la trajectoire de fin
de course de l'un ou l'autre des deux doigts basculants 28 de la balance 6 correspondante,
de sorte que ledit doigt et son verrou 20 sont commandés par l'intermédiaire du tirant
25 envisagé. En revanche, lorsque l'électroaimant 32 n'est pas excité, la palette
33 et le poussoir 34 restent en retrait, si bien que l'embout 35 ne vient pas se placer
sur la trajectoire des queues d'actionnement des doigts 28.
[0025] Il convient d'observer que l'effort que doivent exercer les électroaimants 32 pour
assurer la commande de la ratière est minime et se limite en réalité à l'effort résistant
exercé par chaque ressort de rappel 36, du fait que l'attraction de la palette 33
intervient alors que le poussoir 34 n'est soumis à aucun effort résistant ; cet effort
s'exerce uniquement lorsque la palette 33 est appliquée contre le pôle de l'électro-aimant
32, c'est-à-dire au moment du collage qui correspond à l'énergie motrice la plus élevée
de l'électro-aimant.
[0026] On remarquera en outre qu'un tel système de sélection, comprenant un ensemble d'électro-aimants
qui est monté à poste fixe et qui assure à lui seul la commande des organes de traction
du haut et du bas de la ratière, se prête particulièrement bien à la réalisation de
ratières du type synchronisé, susceptibles de fonctionner en marche arrière pour les
opérations de détissage.
[0027] Dans la forme de mise en oeuvre illustrée en fig. 4, les organes de traction 9 sont
constitués par des crochets 37 rigidement fixés sur les platines basculantes 10 et
équipés de petits leviers d'actionnement 38 qui sont articulés en 37
a sur les crochets 37, en étant attelés aux tirants 25 et en recevant l'action de
ressorts de rappel 39. Chaque levier 38 est propre à assurer la commande d'un organe
d'attelage 7 constitué par un verrou basculant 40 porté par l'extrémité libre d'un
bras 40
a articulé sur l'un des deux pivots 22 de chaque balance 6. Un ressort 40
b opère le rappel élastique de chaque verrou 40 à la position d'engagement avec le
bec du crochet de traction 37 qui lui correspond.
[0028] Le fonctionnement est autrement identique à celui décrit en référence à fig. 3.
[0029] On conçoit que l'invention est susceptible d'être mise en oeuvre dans le cas où les
organes mobiles de traction 9 sont constitués, non plus par des verrous travaillant
à la compression, mais par des coulisseaux du type de ceux représentés en fig. 1,
travaillant au cisaillement, ou par des crochets basculants, classiques travaillant
à la flexion.
1. Ratière à double lève pour machines à tisser, du genre dans lequel les organes
d'attelage (7) articulés aux deux extrémités de chaque balance (6) sont destinés
à coopérer, sous le contrôle d'un système de sélection comprenant un mécanisme d'actionnement
à programme (30, 31) associé à des éléments de lecture et de transmission (28-25),
avec des organes mobiles de traction (9) portés par des platines (10) animées d'un
mouvement oscillant, caractérisée en ce que les éléments de lecture et de transmission
(28-25) sont portés par les platines oscillantes (10) de façon à venir à tour de rôle
coopérer avec une butée éclipsable (30d, 34-35) du mécanisme d'actionnement (30, 31) prévu à poste fixe.
2. Ratière suivant la revendication 1, caractérisée en ce que les éléments de transmission
sont constitués par des tirants opposés et croisés (25) qui relient les organes de
traction (9) à deux doigts mobiles (28) portés par les platines oscillantes (10) de
part et d'autre du plan de symétrie des organes précités passant par l'axe d'oscillation
(11) desdites platines.
3. Ratière suivant l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisée en ce
que la butée éclipsable du système de sélection est constituée par l'un des pédonnes
(30a) d'une roue tournante (30).
4. Ratière suivant l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisée en ce
que la butée mobile du système de sélection est constituée par l'extrémité (35) d'un
poussoir (34) à déplacement alternatif, attelé à la palette mobile (33) d'un électro-aimant
(32).
5. Ratière suivant l'une quelconque des revendications qui précèdent, caractérissée
en ce qu'en position haute, le pivot (23) qui assure l'attelage de chaque balance
(6) avec le levier oscillant (4) correspondant coïncide avec l'axe de l'arbre (11)
qui confère aux platines (10) le mouvement oscillant.