[0001] La présente invention est relative à la production d'azote gazeux. Elle concerne
plus particulièrement la satisfaction de besoins modérés (typiquement 100 à 1000 Nm³/h)
et variables en azote à pureté élevée, c'est à dire contenant typiquement moins de
0,1 % d'oxygène. Dans le présent mémoire, les débits considérés sont des débits massiques.
[0002] L'azote à pureté élevée est habituellement obtenu par voie cryogénique. Pour les
faibles consommations, la construction d'une unité de production autonome classique
représente un investissement prohibitif, dans le cas d'installations automatisées,
et un investissement plus limité mais des dépenses en personnel élevées dans le cas
inverse, ce qui se traduit toujours par un prix de revient élevé de l'azote.
[0003] Une solution plus économique consiste à utiliser un évaporateur, c'est-à-dire un
réservoir d'azote liquide de grande capacité, par exemple de plusieurs dizaines de
milliers de litres, d'où l'azote liquide est soutiré et vaporisé. Cette solution est
peu satisfaisante du point de vue énergétique, car l'énergie frigorifique contenue
dans l'azote liquide est perdue, et, en outre, elle nécessite la présence à une distance
relativement faible d'une unité de production d'azote liquide, pour que le coût du
ravitaillement de l'évaporateur par camion-citerne reste modéré.
[0004] L'invention a pour but de fournir une technique permettant de produire des quantités
variables et modérées d'azote gazeux à coût réduit, à des distances accrues d'une
unité de production d'azote liquide.
[0005] A cet effet, l'invention a pour but un procédé de production d'azote gazeux à débit
variable au moyen d'une installation de distillation d'air comprenant une colonne
de distillation d'air du type HPN adaptée pour produire un débit nominal d'azote gazeux
et dont la tête est reliée à une source d'azote liquide, caractérisé par le fait que
l'on introduit en tête de la colonne, dès le démarrage de l'installation, un débit
d'azote liquide au moins égal au débit nominal d'azote gazeux, puis on régule le débit
d'azote liquide suer une faible fraction de ce débit nominal.
[0006] Dans le présent mémoire, on entend par "colonne de distillation d'air du type HPN"
une simple colonne de distillation munie d'un condenseur de tête. Dans une telle colonne,
l'air à traiter, comprimé sous une pression de l'ordre de 6 à 12 bars, épuré en eau
et en CO₂ et refroidi au voisinage de son point de rosée, est introduit à la base
de la colonne. Le "liquide riche" (air enrichi en oxygène) recueilli en cuve de colonne
est détendu et vaporisé dans le condenseur de tête, puis évacué en tant que résiduaire.
L'azote gazeux produit est soutiré en tête de colonne.
[0007] Suivant des caractéristiques avantageuses de l'invention :
- on introduit ledit débit nominal pendant un temps au moins égal à une durée prédéterminée
et suffisant pour garantir un niveau prédéterminé de liquide réfrigérant dans le condenseur
de tête de la colonne ;
- pour produire un débit d'azote gazeux supérieur au débit nominal, on vaporise à l'extérieur
de la colonne un débit d'appoint d'azote liquide provenant de ladite source ;
- au moins une partie du débit d'appoint est vaporisé par échange de chaleur avec l'air
entrant, en amont de l'entrée de cet air dans le compresseur de l'installation.
[0008] L'invention a également pour objet une installation de production d'azote gazeux
à débit variable destinée à la mise en oeuvre d'un tel procédé. Cette installation,
du type comprenant une colonne de distillation d'air du type HPN et un réservoir d'azote
liquide relié par une conduite de liquide à la tête de la colonne, est caractérisée
en ce que ladite conduite est équipée de moyens de commande de débit adaptés d'une
part pour laisser passer un fort débit de liquide au moins égal au débit nominal d'azote
gazeux de la colonne, et d'autre part pour réguler le débit de liquide sur une valeur
moyenne égale à une faible fraction de ce débit nominal.
[0009] L'invention a encore pour objet un système de fourniture d'azote gazeux à de multiples
utilisateurs, ce système comprenant :
- une unité de production d'azote liquide ;
- au moins un camion-citerne ;
- dans un premier rayon autour de l'unité de production, une série d'évaporateurs d'azote
liquide pouvant être ravitaillés par le camion-citerne ; et
- entre le premier rayon et un second rayon supérieur au premier, une série d'installations
telles que définies ci-dessus, les réservoirs de ces installations pouvant être ravitaillés
par le camion-citerne.
[0010] Un exemple de mise en oeuvre de l'invention va maintenant être décrit en regard des
dessins annexés, sur lesquels :
- la Fig. 1 illustre schématiquement un système de production d'azote gazeux conforme
à l'invention ;
- la Fig. 2 représente schématiquement une installation conforme à l'invention ; et
- la Fig. 3 est un diagramme illustrant le procédé suivant l'invention.
[0011] Le système de fourniture d'azote gazeux représenté à la Fig. 1 comprend essentiellement
:
- une unité 1 de production d'azote liquide;
- dans un rayon R1 autour de cette unité, un certain nombre d'évaporateurs d'azote liquide
2, constitués chacun d'un stockage d'azote liquide 3 de grande capacité équipé d'une
conduite de soutirage de liquide 4 reliée à une conduite d'utilisation 5 via un vaporiseur
6, par exemple du type atmosphérique. De tels évaporateurs sont bien connus dans la
technique ;
- entre le rayon Rl et un rayon R2 > R1 autour de l'unité 1, un certain nombre d'installations
7 telles que celles de la Fig. 2, chacune de ces installations comprenant un réservoir
d'azote liquide 8 ;
- au moins un camion-citerne 9, et généralement une flottille de tels camions, adapté
pour ravitailler en azote liquide produit par l'unité 1 les évaporateurs 2 et les
réservoirs 8 des installations 7 ; et éventuellement
- un système de télétransmission (non représenté) reliant chaque évaporateur 2 et chaque
installation 7 à l'unité 1 pour assurer la gestion des livraisons d'azote liquide
par le ou les camions-citernes.
[0012] L'installation 7 représentée à la Fig. 2 comprend essentiellement :
- le réservoir 8 précité ;
- une boîte froide 9 contenant d'une part une colonne de distillation d'air 10 du type
HPN (High Purity Nitrogen), d'autre part une ligne d'échange thermique 11 ;
- un appareil 12 d'épuration d'air par adsorption ;
- un échangeur de chaleur auxiliaire 13 ;
- un compresseur d'air 14 ; et
- un aéroréfrigérant 15.
[0013] Le fonctionnement de l'installation 7 va maintenant être décrit en regard des Fig.
2 et 3. Sur le diagramme de la Fig. 3, on a porté en abscisses le temps
t, et en ordonnées plusieurs paramètres, dont la signification apparaîtra dans la suite.
[0014] On s'intéresse d'abord au fonctionnement nominal de l'installation, c'est-à-dire
à un régime permanent où la colonne 10 produit via la conduite de soutirage 16, piquée
en tête de colonne, un débit d'azote gazeux constant égal au débit nominal DN pour
lequel la colonne est conçue. La conduite 16 débouche dans une conduite d'utilisation
17 équipée d'une capacité tampon 18 et, en aval de celle-ci, d'un capteur de pression
19.
[0015] Dans ce fonctionnement (correspondant à
t < t0 sur la Fig.3), la consommation d'azote C (Fig.3(a)) est constante et égale au
débit nominal DN, et le capteur 19 indique une pression constante P (Fig.3 (e)). Via
une conduite 20 équipée d'une électrovanne 21 de régulation en tout ou rien, un débit
moyen faible d'azote liquide, égal par exemple à environ 5 % de DN (Fig.3(b)), est
introduit en tête de la colonne 10 et sert à assurer le maintien en froid et également
à augmenter le taux de reflux de la colonne. L'échangeur 13 est inactif. L'air entrant,
comprimé par le compresseur 14, prérefroidi par l'aéroréfrigérant 15, épuré dans l'appareil
12 et refroidi jusqu'au voisinage de son point de rosée dans la ligne d'échange 11,
est introduit à la base de la colonne 10. Le liquide riche recueilli en cuve de colonne
est détendu dans une vanne de détente 22, vaporisé dans le condenseur de tête 23 de
la colonne, réchauffé à contre-courant de l'air dans la ligne d'échange, puis utilisé
pour régénérer l'appareil 12 avant d'être évacué via une conduite 24 en tant que gaz
résiduaire de l'installation.
[0016] On supposera qu'à l'instant
t0, la consommation (ou demande) d'azote gazeux commence à augmenter (Fig.3(a)). La
pression en 19 diminue (Fig.3(e)), ce qui déclenche l'ouverture d'une vanne 25 prévue
dans une conduite 26 qui relie le fond du réservoir 8 au bout froid de l'échangeur
13. Un débit DV
l d'azote (Fig.3(c)) est ainsi vaporisé en refroidissant à contre-courant l'air entrant
jusqu'à une température modérée, par exemple de l'ordre de - 20°C, puis cet azote
gazeux est conduit dans la capacité 18. Par suite, le compresseur aspire un débit
massique accru d'air, et la production DD (débit distillé) de la colonne augmente
(Fig.3(d)). Simultanément, le débit d'azote liquide admis par la conduite 20 augmente
quelque peu (Fig.3(b)), pour maintenir constant le niveau de liquide riche dans le
condenseur 23.
[0017] Si, de
t1 à
t2, la consommation continue d'augmenter (Fig.3(a)), une vaporisation supplémentaire
d'azote liquide (Fig.3(c)) s'effectue dans un vaporiseur auxiliaire 27, par ouverture
d'une vanne 28, sans modifier le débit produit par distillation (Fig.3(d)), puis cet
azote gazeux est conduit également dans la capacité 18. Cette ouverture de la vanne
28 se produit lorsque la pression atteint une valeur basse P1 (Fig.3(e)). Le débit
total vaporisé DV2, somme des débits vaporisés dans l'échangeur 13 et dans le vaporiseur
27, correspond à l'appoint d'azote nécessaire pour satisfaire la demande. Cette vaporisation
d'azote liquide ramène la pression en 19 à la valeur nominale P (Fig.3(e)).
[0018] Il est à noter qu'après un certain temps, un début de givrage peut se produire dans
l'échangeur 13. Ceci est détecté par un capteur de température 29 disposé sur la sortie
d'azote de cet échangeur et provoque la fermeture de la vanne 25.
[0019] Lorsque, après une phase de stabilisation (de
t2 à
t3), la consommation baisse, la pression en 19 monte, ce qui déclenche l'arrêt de la
vaporisation d'azote (fermeture des vannes 25 et 28), puis, quand la pression atteint
une valeur haute P2, l'arrêt de l'installation, notamment du compresseur 14 (instant
t4).
[0020] Lorsque la consommation d'azote gazeux reprend (instant
t5), la pression baisse, et lorsqu'elle atteint la valeur nominale P1 (instant
t6), une électrovanne de démarrage 30, montée en by-pass de l'électrovanne 21 et normalement
fermée, s'ouvre. Cette électrovanne 30 est adaptée pour, en position ouverte, laisser
passer un débit d'azote liquide au moins égal au débit nominal DN. Sa fermeture a
lieu lorsque deux conditions sont remplies :
(a) un temps prédeterminé T s'est écoulé depuis son ouverture ; et
(b) le niveau du liquide riche dans le condenseur 23 est au moins égal à une valeur
prédéterminée.
[0021] Le temps T est déterminé de façon à assurer que, quel que soit l'état, chaud ou froid,
de l'intallation au moment du redémarrage, la mise en froid et la charge correcte
de liquide à chaque niveau de la colonne sont obtenus. On peut par exemple choisir
un temps T de l'ordre de 2 minutes.
[0022] L'électrovanne 30 se ferme ainsi à l'instant
t7 indiqué sur la Fig. 3.
[0023] On a également représenté à la Fig. 3 des instant
t8 <
t7 et
t9 >
t7 pour lesquels, respectivement, la consommation C augmente au delà de la valeur nominale
puis se stabilise, les mêmes phénomènes que décrits ci-dessus se reproduisant alors
automatiquement (vaporisation d'azote et variations de la pression et du débit d'azote
produit par la colonne).
[0024] On voit donc que l'installation peut très facilement fonctionner de façon entièrement
automatique malgré une structure et des moyens d'automatisation très peu coûteux.
En particulier, dès le démarrage, un débit d'azote au moins égal à la demande est
vaporisé dans la colonne, ce qui assure à la fois l'apport de froid nécessaire et
la production d'azote gazeux demandée, et de plus empêche l'air entrant de monter
dans la colonne. Par suite, l'azote arrivant dans la capacité 18 a immédiatement la
pureté requise.
[0025] En variante, les deux électrovannes 21 et 30 peuvent être remplacées par une vanne
cryogénique unique à débit variable.
[0026] On remarque que l'installation n'a besoin, pour fonctionner, que d'un branchement
électrique, ce qui a été symbolisé sur la Fig. 1.
1. Procédé de production d'azote gazeux à débit variable au moyen d'une installation
de distillation d'air (7) comprenant une colonne (10) de distillation d'air du type
HPN adaptée pour produire un débit nominal (DN) d'azote gazeux et dont la tête est
reliée à une source d'azote liquide (8), caractérisé en ce qu'on introduit en tête
de la colonne, dès le démarrage de l'installation, un débit d'azote liquide au moins
égal au débit nominal (DN) d'azote gazeux, puis on régule le débit d'azote liquide
sur une faible fraction de ce débit nominal.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce qu'on introduit ledit débit
nominal (DN) pendant un temps au moins égal à une durée prédéterminée et suffisant
pour garantir un niveau prédéterminé de liquide réfrigérant dans le condenseur de
tête (23) de la colonne (10).
3. Procédé suivant la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que pour produire un débit
d'azote gazeux supérieur au débit nominal (DN), on vaporise à l'extérieur de la colonne
un débit d'appoint d'azote liquide provenant de ladite source (8).
4. Procédé suivant la revendication 3, caractérisé en ce qu'au moins une partie du débit
d'appoint est vaporisé par échange de chaleur avec l'air entrant, en amont de l'entrée
de cet air dans le compresseur (14) de l'installation.
5. Installation de production d'azote gazeux à débit variable, du type comprenant une
colonne de distillation d'air (10) du type HPN et un réservoir d'azote liquide (8)
relié par une conduite de liquide (20) à la tête de la colonne, caractérisée en ce
que ladite conduite (20) est équipée de moyens de commande de débit (21, 30) adaptés
d'une part pour laisser passer un fort débit de liquide au moins égal au débit nominal
(DN) d'azote gazeux de la colonne, et d'autre part pour réguler le débit de liquide
sur une valeur moyenne égale à une faible fraction de ce débit nominal.
6. Installation suivant la revendication 5, caractérisée en ce que lesdits moyens de
commande de débit comprennent, en parallèle, d'une part une première électrovanne
(30) adaptée pour laisser passer, en position ouverte, ledit fort débit de liquide,
et d'autre part une seconde électrovanne (21) adaptée pour laisser passer, en position
ouverte, un débit de liquide nettement plus faible.
7. Installation suivant la revendication 5 ou 6, caractérisée en ce qu'elle comprend
une conduite de vaporisation d'azote d'appoint reliant le fond du réservoir (8) à
une conduite de production (17) de l'installation via un vaporiseur (13, 27).
8. Installation suivant la revendication 7, caractérisée en ce que le vaporiseur comprend
un échangeur de chaleur (13) traversé d'une part par l'azote à vaporiser, d'autre
part par l'air entrant, avant l'entrée de celui-ci dans le compresseur (14) de l'installation.
9. Système de fourniture d'azote gazeux à de multiples utilisateurs, caractérisé en ce
qu'il comprend :
- une unité (1) de production d'azote liquide ;
- au moins un camion-citerne (9) ;
- dans un premier rayon (R1) autour de l'unité de production, une série d'évaporateurs
d'azote liquide (2) pouvant être ravitaillés par le camion-citerne ; et
- entre le premier rayon (R1) et un second rayon (R2) supérieur au premier, une série
d'installations (7) conformes à l'une quelconque des revendications 5 à 8, les réservoirs
(8) de ces installations pouvant être ravitaillés par le camion-citerne.