[0001] La présente invention se rapporte à un procédé de formation d'une armure pour renforcer
la résistance à la déchirure d'un tissu à armure de base sergé ou satin et leurs dérivés.
[0002] Plusieurs solutions ont été proposées pour améliorer la résistance à la déchirure
d'un tissu.
[0003] C'est ainsi que l'on a proposé de modifier l'armure toile en introduisant une discontinuité
dans l'homogénéité de l'armure sous la forme de deux fils tous les x fils en chaîne
et en trame, ces deux fils travaillant selon la même évolution. On obtient ainsi la
formation de lignes de flottés de 2 permettant d'offrir tous les x fils une résistance
double à celle des fils de la toile.
[0004] La propagation de la déchirure subit des coups d'arrêt à chaque ligne de résistance
plus forte qu'elle rencontre sous la forme des flottés de deux introduits dans l'armure
toile de base.
[0005] La limite de tissabilité de cette solution est relativement proche de celle de la
toile, qui est la plus basse de toutes les armures, compte tenu qu'elle correspond
à l'imbrication maximale possible des fils. Cette solution n'est donc techniquement
pas applicable sur tous les articles. En particulier les articles fortement contexturés.
[0006] Le relief de la grille formée par les flottés de 2 est important par rapport à celui
de la toile relativement plate. Pour beaucoup d'applications, comme celles des vêtements
de travail ou de protection par exemple, ce relief pose un problème d'abrasion précoce
au niveau des flottés de 2, qui réduit fortement la longévité du produit. Par ailleurs,
ce relief, quand il est important, devient gênant en cas d'enduction du tissu, ou
de contrecollage avec une membrane ou un film.
[0007] Dans certains domaines comme le vêtement de travail ou de protection, le grammage
et la contexture des articles donnent des tissus très peu souples et peu confortables
quand on veut les réaliser avec cette armure. Une enduction ou une membrane contrecollée
sur un tissu de ce type donne alors un complexe extrêmement raide et inconfortable.
[0008] Au lieu de chercher à obtenir une résistance accrue à la déchirure par le groupage
de deux fils, on a également proposé de substituer tous les x fils en chaîne et en
trame un fil si possible de même titre et de même couleur, pour ne pas changer l'aspect
du tissu, dans une matière plus résistante.
[0009] Cette solution, qui donne un tissu hétérogène, entraîne plusieurs inconvénients.
Le fil en matière plus résistante est souvent plus cher, augmentant ainsi le prix
de l'article. Sur le plan pratique, le tisseur devra gérer deux stocks de fils différents,
rendant l'approvisionnement plus complexe, en particulier pour la production de petites
quantités.
[0010] Les deux types de fils n'ont pas les mêmes caractéristiques mécaniques et/ou physico-chimiques.
[0011] Si l'allongement à la rupture des deux fils est trop éloigné, ils travaillent séparément
en résistance à la rupture, ce qui entraîne généralement une chute de performance
par rapport au tissu sans incorporation des fils plus résistants.
[0012] En outre, les deux fils ont souvent un retrait différent à la température ou au lavage,
qui se traduit par un cloquage de l'article à l'usage.
[0013] On a également proposé d'améliorer la résistance à la déchirure par le type d'armure
complexe connu sous le nom d'armures réformes, qui ont été spécialement étudiées pour
faire apparaître un grand nombre de flottés, combinés entre eux de manière à pouvoir
glisser, ce qui permet d'obtenir un effet de tassement très important.
[0014] Cette solution a comme inconvénients de nécessiter de fortes contextures, donc l'utilisation
de fils fins, pour éviter les problèmes de glissement aux coutures et donner un tissu
qui ait de la tenue. C'est donc une solution qui augmente aussi bien le coût du fil
que celui de la production.
[0015] La présence de longs flottés génère des problèmes de tenue à l'abrasion et aux éraillures
qui ne sont pas forcément compatibles avec certaines utilisations comme les vêtements
de travail et de protection par exemple.
[0016] Le tissage de telles armures nécessite un grand nombre de lames sur les métiers à
tisser. Les armures les plus efficaces de cette famille demandent une mécanique Jacquard.
[0017] Comme on le voit, aucune des solutions proposées jusqu'ici n'apporte de réponse satisfaisante
au problème à résoudre.
[0018] Le but de la présente invention est de remédier au moins en partie, aux inconvénients
susmentionnés.
[0019] A cet effet, la présente invention a pour objet un procédé de formation d'une armure
pour renforcer la résistance à la déchirure d'un tissu à armure de base sergé ou satin
et leurs dérivés, caractérisé en ce qu'on divise la surface du tissu en motifs de
base quadrangulaires adjacents, chacun délimité par deux fils de chaîne adjacents
respectivement à deux côtés opposés du motif et deux fils de trame, adjacents respectivement
à deux autres côtés opposés du motif, que l'on ajoute au moins un fil à chacun des
fils de chaîne et de trame délimitant lesdits motifs, et que l'on fait évoluer le
fil ainsi ajouté de la même manière que le fil de trame ou de chaîne auquel il a été
ajouté.
[0020] Les avantages du procédé objet de l'invention sont de permettre la production d'un
tissu dont la souplesse n'est pas sensiblement modifiée par rapport à l'armature fondamentale,
dont la résistance à la déchirure est meilleure que celle de l'armure fondamentale,
dont les autres caractéristiques ne subissent pas de dégradation notable par rapport
à celles du tissu en armure fondamentale et dont le coût de fabrication est voisin
de celui du tissu en armure fondamentale.
[0021] Le dessin annexé illustre, schématiquement et à titre d'exemple, diverses formes
et variantes de mise en oeuvre du procédé objet de la présente invention.
[0022] Les figures 1 à 4 sont des représentations schématiques d'armures illustrant une
première forme de mise en oeuvre de ce procédé.
[0023] Les figures 5 à 8 sont des représentations schématiques d'armures selon des variantes
de la première forme d'exécution.
[0024] Les figures 9 à 13 sont des représentations schématiques d'armures illustrant une
seconde forme de mise en oeuvre du procédé.
[0025] Les figures 14 et 15 sont des représentations schématiques d'armures de deux variantes
de la forme de réalisation des figures 9 à 13.
[0026] La figure 16 est une représentation schématique d'armure selon une autre forme de
mise en oeuvre.
[0027] Les figures 17 et 18 sont des représentations schématiques d'armures faites à titre
de comparaison.
[0028] Les figures 19 à 21 sont des représentations encore plus schématiques des seuls groupes
de fils évoluant ensemble dans l'armure.
[0029] Pour obtenir les caractéristiques précitées, on transforme les armures fondamentales
à flottés, à savoir les sergés et leurs dérivés chevrons etc.. qui offrent à l'origine
une bonne souplesse, une bonne résistance à l'abrasion et à la déchirure.
[0030] Cependant dans le cas de contextures fortes on peut également prendre comme base
les satins.
[0031] Pour renforcer la résistance à la déchirure de ces armures de base, sans utiliser
de mélange de matière, la solution proposée consiste à introduire dans l'armure une
discontinuité donnant un coup d'arrêt à la propagation de la déchirure.
[0032] Cette discontinuité qui est constituée d'un groupement d'au moins deux fils doit
permettre aux fils qui la constituent, de travailler ensemble sous la contrainte.
Pour cela, il est nécessaire de les tisser dans la même évolution de manière qu'ils
soient naturellement groupés et sollicités ensemble simultanément de la même manière.
[0033] L'armure selon la présente invention résulte donc de la transformation opérée sur
des armures de base sergé, satin ou leurs dérivés, pour leur incorporer des groupements
de fils évoluant ensemble en chaîne et en trame entourant des motifs de base adjacents
qui conservent l'armure de base choisie. Il en résulte un effet de quadrillage du
tissu où la grille est constituée par ces groupements de fils évoluant ensemble.
[0034] Le nombre de fils en chaîne et en trame de chaque motif de base correspond à la formule
:

avec
x : entier
R : rapport de l'armure de base
a : entier compris entre O et R-1
[0035] Nous allons maintenant décrire à l'aide des figures 1 à 4 le procédé de formation
d'une armure renforcée selon l'invention à partir d'une armure de base sergé 2/1 avec
des groupements de deux fils évoluant ensemble autour de motifs de tailles irrégulières.
[0036] Pour obtenir l'armure illustrée par la figure 4 en partant du sergé 2/1 illustré
par la figure 1, un certain nombre de conditions doivent être observées pour garantir
la tissabilité d'un tissu exempt de défauts. Il est important en particulier que l'embuvage
des différents fils de chaîne de l'armure soit identique. En effet, si l'évolution
d'un des fils de l'armure donne un embuvage nettement plus fort que celui des autres,
ce fil est soumis à une tension plus forte qui engendre un défaut d'aspect pouvant
conduire finalement à la rupture de ce fil.
[0037] Dans le cas contraire, si l'embuvage d'un fil est plus faible que celui des autres
fils, la tension de ce fil devient de plus en plus faible entraînant un défaut de
tissage aboutissant finalement à l'arrêt du métier à tisser par les détecteurs de
casse des fils de chaîne.
[0038] Dans les deux cas, l'armure est intissable.
[0039] Il est à noter toutefois, que lorsque les différences d'embuvage sont faibles, l'armure
peut s'avérer tissable selon le titre des fils, la matière et la contexture. Seul
un essai de tissage permet de le savoir.
[0040] Pour obtenir l'armure renforcée de la figure 4 qui constitue le cas idéal sur la
base de motifs de base à flottés irréguliers il faut respecter les conditions suivantes.
On appelle motif de base à flottés irréguliers, les motifs de base qui forment un
flotté de longueur différente à celle de l'armure de base à la transition motif de
base, fils groupés de même évolution :
A. L'armure doit comporter au rapport, un nombre de motifs de base en chaîne et en trame,
multiple du rapport de l'armure de base choisie. Dans le présent exemple, avec le
sergé 2/1 comme armure de base, le rapport est 3. Le nombre minimum de motifs de chaîne,
NbMch est donc de 3 et celui de motifs de trame, NbMtr est aussi de trois ce qui donne
pour l'armure selon l'invention un nombre minimum de 3 x 3 = 9 motifs de base.
Chaque motif de base de l'armure est repéré par la notation MLC où L est le numéro de ligne du motif et C est le numéro de colonne du motif. L et
C étant chacun un nombre entier compris entre 1 et le nombre de motif de la trame,
respectivement de la chaîne.
En reprenant la formule (1) précédente le nombre de fils trame du motif de base MLC = XLC · R + ALC
et le nombre de fils chaîne du motif de base MLC = YLC · R + BLC
avec
XLC, YLC : entier positif
ALC, BLC : entier positif compris entre 0 et R - 1
B. Selon la deuxième condition, les motifs de base sur une même colonne C, respectivement
une même ligne L, doivent comporter un même nombre de fils en chaîne, respectivement
en trame. Ce qui donne donc




C. Pour garantir un embuvage identique de tous les fils de chaîne, tous les ALC respectivement tous les BLC doivent être égaux entre eux et compris entre 0 et R - 1.
D. Les XLC, YLC, ALC et BLC doivent respecter les formules suivantes :
Pour L = 1 à NbMtr

Pour C = 1 à NbMch

zL,wC : entiers positifs.
[0041] Nous allons voir maintenant comment on construit une armure renforcée selon l'invention
en observant les conditions susmentionnées.
[0042] Pour éviter de faire une armure trop grande, l'exemple comporte un nombre de motifs
minimum soit :

[0043] On détermine la taille des motifs de base que l'on veut réaliser en respectant les
conditions énoncées ci-dessus. Dans le cas présent cela donne :
Fils de chaîne |
Fils de trame |
Y11 = Y12 = Y13 = 1 |
X11 = X12 = X13 = 1 |
Y21 = Y22 = Y23 = 1 |
X21 = X22 = X23 = 1 |
Y31 = Y32 = Y33 = 1 |
X31 = X32 = X33 = 2 |
BLC = O |
ALC = 1 |
[0044] On détermine alors le nombre de fils de chaîne et de trame au rapport de l'armure
de départ selon les formules (6) et (7). Dans cet exemple, il y a au rapport 12 fils
de chaîne x 18 duites comme illustré par la figure 1.
[0045] On sélectionne alors dans cette armure de base les fils que l'on va doubler en entourant
les motifs de base. On commence par convention depuis le bord gauche en haut et on
dessine en trame grise tous les pris du premier fil de chaîne sur la figure 2. On
laisse un espace égal au rapport en chaîne des motifs de base M11, M21 et M31 et on
sélectionne un second fil de chaîne dont les pris sont représentés en trame grise.
On laisse ensuite un nouvel espace égal au rapport de chaîne des motifs de base M12,
M22, M23 et on sélectionne le fil de chaîne suivant. Il reste alors jusqu'au bord
droit de l'armure le rapport en chaîne des motifs M13, M23, M33. Par effet de répétition
de l'armure le bord droit de l'armure devient adjacent à son bord gauche, de même
que le bord inférieur de cette même armure est adjacent à son bord supérieur, de sorte
que tous les motifs de base M
LC sont entourés sur leur quatre côtés par des fils de chaîne respectivement de trame
que l'on veut doubler. La sélection des fils de trame que l'on veut doubler s'effectue
de la même manière en partant du bord supérieur de l'armure et en dessinant en trame
grise, pour faciliter la compréhension, tous les pris des duites sélectionnées en
vue d'être doublées.
[0046] La figure 3 illustre l'opération qui consiste à doubler les fils sélectionnés de
la figure 2 en leur donnant la même évolution que les fils respectifs qu'ils doublent.
On a donc dessiné les pris de ces fils en trame grise pour faciliter la compréhension
et les distinguer des motifs de base dessinés en carrés noirs et blancs conventionnels.
[0047] Enfin la figure 4 illustre, selon la représentation conventionnelle, l'armure renforcée
obtenue selon le procédé objet de la présente invention.
[0048] L'armure de la figure 4 correspond donc à des motifs de bases dont les rapports en
trame ne sont pas égaux mais observant les conditions A, B, C et D susmentionnées.
[0049] Si ces conditions sont idéales, l'invention n'est toutefois pas limitée au respect
de toutes ces conditions. Nous allons examiner maintenant et à titre d'exemple, différentes
variantes possibles n'obéissant pas à l'ensemble des conditions énoncées précédemment.
[0050] Dans l'exemple qui suit on part à nouveau d'un sergé 2/1 et on respecte la condition
A c'est-à-dire que l'on a trois motifs de base en chaîne et trois en trame
Fils de chaîne |
Fils de trame |
Y11 = Y12 = Y13 = 1 |
X11 = X12 = X13 = 1 |
Y21 = Y22 = Y23 = 1 |
X21 = X22 = X23 = 1 |
Y31 = Y32 = Y33 = 1 |
X31 = X32 = X33 = 1 |
BLC = 0 |
A1C = 2 A2C = 1 A3C = O |
[0051] Comme on le voit, les motifs ne respectent pas en trame la condition C. La figure
5 illustre comme expliqué précédemment les 9 motifs de base entourés par les fils
de chaîne et de trame sélectionnés et doublés dont les pris ont été illustrés en trame
grise pour faciliter la compréhension et permettre de distinguer les groupes de deux
fils de même évolution des motifs de base.
[0052] Le tableau ci-dessous permet de contrôler si l'embuvage de tous les fils est identique
en vérifiant pour chaque fil, que son évolution comporte le même nombre d'évolutions
de base. On voit que les fils 2, 3, et 4 n'ont pas la même évolution

[0053] Ces armures peuvent cependant s'avérer tissables. En effet, la différence d'embuvage
résulte toujours d'une re-combinaison particulière à la transition entre les motifs
de base et les groupes de fils évoluant ensemble.
[0054] Lorsque les motifs de base sont petits (X
LC = 1 par exemple), cette re-combinaison particulière a un poids important compte tenu
du faible nombre d'évolutions du fil au rapport.
[0055] Par contre, plus les motifs de base sont grands et plus l'embuvage tend vers l'embuvage
de l'armure de base qui est prédominante. La différence d'embuvage provenant de la
re-combinaison particulière est alors minime.
[0056] Seul un essai de tissage permet dans ce cas de confirmer la tissabilité ou non de
l'armure.
[0057] Si le respect de la règle C garantit un embuvage identique des fils, son non respect
ne signifie pas forcément une différence d'embuvage entre les fils de l'armure. Dans
certains cas particuliers d'armures sans envers par exemple, on parvient à conserver
un embuvage identique malgré le non respect de ces équations. C'est par exemple le
cas de l'armure à motifs irréguliers sur base sergé 2/2 avec 3 fils évoluant ensemble
illustré par la figure 6.
[0058] Le non respect de la condition A (nombre de motifs en chaîne et en trame respectivement
multiples du rapport de l'armure de base) a les mêmes conséquences que celui du non
respect de la condition C. Le respect de cette condition A conduit souvent à des rapports
d'armures importants. En ne respectant pas cette condition, il est alors possible
de réduire le rapport de l'armure, par exemple en ne mettant que deux motifs de base
en chaîne en trame au rapport au lieu de trois pour une armure selon l'invention à
base sergé 2/1.
[0059] Le non respect simultané de ces conditions A et C conduit également aux mêmes conséquences
et exceptions. Un tel exemple est illustré par la figure 7.
[0060] Le non respect de la quatrième condition D entraîne forcément le non respect de la
condition C. La condition D garantit qu'il n'y aura pas formation de flottés plus
long que la longueur des flottés de l'armure de base + le nombre de fils évoluant
ensemble - 1. Dans le cas d'une armure selon l'invention à base sergé 2/1 avec 2 fils
évoluant ensemble, il n'y aura donc pas de flottés > 3.
[0061] Le non respect de cette condition D conduit donc à la formation de grands flottés
qui rendent encore plus problèmatique la tissabilité de l'armure en aggravant les
problèmes d'embuvage comme le montre la figure 8 avec un flotté de 5 aux fils 4 et
7 (voir tableau ci-dessous). De plus, la formation de grands flottés au milieu de
flottés nettement plus petits nuit à l'aspect du tissu, mais pose surtout le problème
de l'abrasion précoce de ces grands flottés.

[0062] Après les armures composées de motifs de base à flottés irréguliers, nous examinerons
celles composées de motifs de base à flottés réguliers.
[0063] On appelle armures composées de motifs de base à flottés réguliers, celles dont les
motifs de base ne forment pas de flottés avec les fils groupés de même évolution.
[0064] Lorsque ces armures ne sont pas construites dans le respect des quatre règles qui
suivent, elles peuvent perdre ce caractère régulier. Cependant de par leur principe
de construction, on parlera quand même d'armures à motifs de base à flottés réguliers.
[0065] Les conditions A et B susmentionnées restent valables ici. Pour la condition C les
A
LC et B
LC doivent être différents de 1 tout en étant respectivement égaux entre eux.
[0066] Par contre pour la condition D, les Y
LC, X
LC, B
LC et A
LC doivent respecter les formules suivantes :
Pour L = 1 à NbMtr

Pour C = 1 à NbMch

z
L,w
C : entiers positifs
[0067] Le respect de ces conditions garantit la construction d'une armure parfaitement tissable.
[0068] Nous nous proposons de construire une armure à résistance à la déchirure renforcée
selon la présente invention sur la base d'un sergé 2/1 avec 2 fils évoluant ensemble
entourant les motifs de base. Pour expliquer la construction de cette armure, reportons-nous
aux figures 9 à 13.
[0069] Le sergé 2/1 conduit, selon la condition A, à ce que l'armure comporte au minimum
3 motifs de base en chaîne et 3 en trame soit 9 motifs au total.
[0070] Une fois que la taille des motifs de base a été déterminée, on détermine le nombre
de fils de chaîne et de trame au rapport de l'armure renforcée selon l'invention.
[0071] Dans notre exemple, X
LC = Y
LC = 1 et A
LC = B
LC = 0.
[0072] Le nombre de fils de chaîne au rapport correspond à la somme : fils de chaîne des
motifs de base + (nombre de fils groupés évoluant ensemble en chaîne x NbMch), soit
15 fils dans notre exemple.
[0073] Le nombre de fils de trame au rapport correspond à la somme: fils de trame des motifs
de base + (nombre de fils groupés évoluant ensemble en trame x NbMtr), soit 15 fils
également.
[0074] On dessine alors une grille de 15 x 15 (figure 9). On commence par laisser libre
du côté gauche un nombre de colonnes égal au nombre de fils groupés évoluant ensemble
en chaîne. De même on laisse libre depuis le bord supérieur de la grille un nombre
de lignes égal au nombre de fils groupés évoluant ensemble en trame. On trace alors
en trait double un cadre correspondant au premier motif de base. On positionne le
motif suivant en chaîne au même niveau après un nouvel intervalle de deux colonnes
dans cet exemple, correspondant au nombre de fils groupés évoluant ensemble en chaîne.
On procède de même en trame et on obtient les emplacements des 9 motifs de base.
[0075] On remplit le premier motif de base M11 (figure 9) dans l'armure de base choisie,
dans notre exemple en sergé 2/1. Le remplissage du motif de base suivant M12, en chaîne,
se fait dans l'armure de base, mais en commençant par la dernière colonne du motif
de base M11 adjacent. On répète cette opération aux motifs de chaîne suivants, jusqu'au
dernier motif de chaîne. On procède de même en trame en reprenant pour chaque motif
suivant la dernière ligne du motif précédent. On étend cette méthode à tous les motifs
et on obtient la figure 10.
[0076] En ce qui concerne les chemins de fils groupés évoluant ensemble, on établit en cases
noires des pontages entre deux cases blanches des motifs de base qui se font face,
sans oublier que, dans le tissu, l'armure se répète et on obtient la figure 11.
[0077] Enfin, aux intersections entre les chemins de fils groupés évoluant ensemble on donne
la couleur opposée à celle des cases des chemins adjacents à chaque intersection comme
illustré par la figure 12. L'armure correspondante est illustrée par la figure 13.
[0078] La dérogation à certaines des conditions énoncées pour la construction de l'armure
qui vient d'être décrite permet de réduire sensiblement le rapport d'armure, tout
en obtenant, dans certains cas, une armure tissable de la même manière qu'expliqué
en relation avec les armures à motifs de base à flottés irréguliers. Le respect de
la condition D est fondamental si l'on veut conserver le caractère régulier de l'armure,
comme défini précédemment.
[0079] Si l'une des conditions A ou C, n'est pas respectée, on n'a plus la garantie que
l'embuvage de tous les fils de chaîne est identique. Ces inconvénients affecteront
la grande majorité des cas.
[0080] La figure 14 illustre un cas de non respect des conditions A et C sur la base d'un
satin de 4 avec des chemins de fils groupés évoluant ensemble de 3. Le tableau ci-dessous
montre le problème d'embuvage qui en résulte

[0081] Comme signalé précédemment, plus les motifs de base seront grands, plus l'embuvage
des fils tendra vers l'embuvage de l'armure de base, qui elle est tissable. C'est
pourquoi dans certains cas il est possible et même avantageux de déroger à ces deux
conditions. Notamment sur une base sergé 2/1, on obtient avec un seul motif de la
forme x.R + 1, une armure parfaitement tissable avec un rapport extrêmement réduit
(figure 18).
[0082] Comme on l'a déjà dit, le non respect de la condition D fait perdre son caractère
régulier à l'armure par l'apparition de flottés parasites résultant de la re-combinaison
de certains flottés de l'armure de base avec des flottés des chemins de fils groupés
évoluant ensemble, qui donnent de grands flottés, pénalisant le tissu aussi bien en
ce qui concerne son aspect que sa résistance à l'abrasion. Bien que les conditions
d'embuvage identique ne soient plus respectées, l'armure peut s'avérer tissable avec
de grands motifs de base.
[0083] La figure 15 illustre cette possibilité. On constate que le fil de chaîne No 6 forme
un flotté de 5 (voir tableau ci-dessous).

[0084] On peut encore imaginer une autre famille d'armures renforcées, objet de l'invention,
en ne respectant que la condition A susmentionnée, c'est-à-dire que les motifs de
base sur une même colonne, respectivement une même ligne, doivent comporter le même
nombre de fils en chaîne, respectivement en trame.
[0085] On parlera d'armure à motifs de base à flottés aléatoires, car le principe de construction
de ces armures entraîne la formation de flottés de longeurs aléatoires à la transition
motifs de base, fils groupés de même évolution.
[0086] Pour réaliser cette armure on détermine le nombre et la taille des motifs de base
en respectant la condition A. On remplit les différents motifs de base, avec l'armure
de base sans suivre de règle, de manière aléatoire. On réalise de la même manière
les pontages entre les motifs de base à travers les chemins de fils groupés évoluant
ensemble. La figure 16 illustre cette possibilité sur la base d'une armure sergé 3/1
avec deux fils groupés évoluant ensemble.
[0087] On peut aussi imaginer, dans cette méthode, de remplir les motifs de base avec des
armures de bases différentes. Bien entendu avec cette variante du procédé il n'est
pas possible de savoir à l'avance si l'armure sera réellement tissable ou non, si
le tissu résultant sera résistant à l'abrasion et aura un aspect satisfaisant.
[0088] Comme on le sait, la limite de tissabilité et la souplesse d'un tissu sont étroitement
liées. Toutes deux résultent du degré de liberté des fils, qui dépend, pour un choix
de fil donné de l'armure et de la contexture.
[0089] Pour montrer l'avantage de l'armure réalisée à l'aide du procédé objet de l'invention,
en termes de souplesse et de limite de tissabilité nous allons nous appuyer sur une
approche théorique du calcul du degré d'imbrication des fils dans un tissu. Ce calcul
est basé sur une modélisation du tissu.
[0090] La difficulté de tissage d'un tissu d'armure donnée peut provenir de la contexture
en chaîne, de la contexture en trame, de la conjugaison des deux. Il est donc nécessaire
de considérer isolément chacun de ces facteurs.
[0091] A la condition de définir clairement un compte en chaîne, respectivement en trame,
maximal correspondant à un titre de fil donné, la difficulté de tissage en chaîne
I
C et en trame I
T peut être exprimée en % :


[0092] La difficulté de liage liée à la conjugaison de I
C et I
T est donnée par un indice d'ensemble I
E
[0093] Pour déterminer le compte en chaîne maximal on suppose que les filés de titre connu
sont de section cylindrique et que dans le cas de la contexture la plus resserrée,
les fils de chaîne sont jointifs sous les flottés de trame et ne sont écartés que
d'une épaisseur de trame lors des changements de face.
[0094] La largeur x occupée par l'ensemble des fils d'un rapport d'armure liant sur la duite
faisant le plus d'évolution est :

où
Rc est le rapport d'armure en chaîne
n
T le nombre de changements de faces de la duite
dc le diamètre de la chaîne
d
T le diamètre de la trame
[0095] Par ailleurs et à condition que x soit exprimé dans la même unité de compte que la
chaîne, c'est-à-dire en cm, on a :

C
M étant le compte maximal en chaîne
1/c
M est le pas moyen en chaîne
[0096] Des équations (9) et (10) on tire :

d'où


où C, est le compte en chaîne réel
[0097] Par analogie :

où
- D
- : duitage réel
- nc
- : nombre de changement de faces du fil de chaîne faisant le plus d'évolutions sur
le rapport de trame
- RT
- : rapport de trame
[0098] Le titre et la masse volumique ρ du fil sont supposés connus et homogènes.
[0099] En considérant un cylindre ayant le diamètre d du fil, 1 mètre de hauteur, on a


avec
d en cm
en g/cm³
T en tex


[0100] Si les limites théoriques maximum de I
C, I
T et I
E sont 100, les limites pratiques suivant les auteurs, sont < 94 ou < 80 à 85 pour
I
C et I
T et pour I
E < 74 respectivement < 64 à 72, pour des articles parfaitement tissables.
[0101] Pour I
C ou I
T compris entre 94 et 120 et I
E ≦ 74 on peut envisager le tissage.
[0102] En effet, compte tenu des approximations faites dans l'approche théorique, on peut
obtenir des indices > 100 pour des articles qui s'avèrent tissables.
[0103] En se basant sur cette théorie on a comparé une armure toile renforcée dite "Rip
stop" (indice RP) à une armure renforcée sur base sergé 2/1 avec deux fils groupés
de même évolution du procédé objet de l'invention (indice A). Il est à noter qu'en
terme d'amélioration de la résistance aux déchirures et de souplesse, il s'agit de
l'armure la moins performante obtenue à l'aide de ce procédé. Les deux armures sont
représentées par les figures 17 respectivement 18.
[0104] Les rapports en chaîne R
CRP et R
CA et en trame R
TRP et R
TA des deux armures sont identiques, respectivement 27 et 22.
n
TRP = 26 n
CRP = 20 n
TA = 18 n
CA = 14
s'agissant d'une comparaison, on réalise le calcul sur l'hypothèse de l'utilisation
du même fil en chaîne et en trame pour les deux articles soit : d
TRP = d
TA = d
CRP = d
CA = d



donc


[0105] De la même façon on peut calculer

[0106] De sorte que l'indice d'ensemble donne

[0107] Ce qui signifie que l'armure "Rip stop" est 37 % plus difficile à tisser que l'armure
sergé 2/1 obtenue selon le procédé objet de la présente invention.
[0108] A fil et contexture égaux, cette différence de 37 % est nettement perceptible au
toucher, la souplesse de l'armure, selon la figure 18, étant plus grande. En outre,
lorsque l'armure selon la figure 17 n'est plus tissable, en raison d'une contexture
trop forte, l'armure obtenue selon le procédé objet de la présente invention permet
encore de tisser dans des conditions parfaitement satisfaisantes.
[0109] Différents essais comparatifs de tissage ont été réalisés en vue de vérifier l'approche
théorique ci-dessus.
[0110] On a tissé un article 50 % Kermel ® 50 % Viscose FR Nm 45/2 chaîne et trame, 32 fils/cm
et 22 duites/cm. Armure sergé 2/1.
[0111] Les caractéristiques de ce tissu sont les suivantes :
Résistance à la rupture selon la norme NF G07-001
- chaîne
- : 110 daN
- trame
- : 80 daN
Résistance à la déchirure amorcée force vive NF G07-148
- chaîne
- : 5,5 daN
- trame
- : 4,9 daN
[0112] On a réalisé le même article en armure obtenue selon le procédé objet de l'invention
avec des motifs de base réguliers à base sergé 2/1 avec des chemins de deux fils groupés
de même évolution dans un dessin correspondant à celui de la figure 18. Les résultats
sont les suivants :
Résistance à la rupture selon la norme NF G07-001
- chaîne
- : 112 daN
- trame
- : 83 daN
Résistance à la déchirure amorcée vive selon norme NF G07-148
- chaîne
- : 9,3 daN
- trame
- : 8,9 daN
[0113] On constate la très nette amélioration de la résistance aux déchirures amorcées.
La souplesse du tissu de base sergé 2/1 est intégralement conservée, et même légèrement
améliorée, comme le montre le calcul des indices des deux tissus.
Sergé 2/1 |
Base sergé 2/1 renforcé par 2 fils groupés |
IC = 106 |
IC = 106,6 |
IT = 73,3 |
IT = 72 |
IE = 77,7 |
IE = 76,3 |
[0114] Nous avons décrit jusqu'ici trois familles d'armures obtenues selon le procédé objet
de l'invention. Les familles à motifs de base à flottés irréguliers, à motifs de base
à flottés réguliers et à motifs de base à flottés aléatoires. On peut encore imaginer
une famille à motifs décalés en chaîne ou en trame. C'est cette quatrième famille
qui est illustrée par les figures 19 à 21. Les rectangles dessinés sur la figure 19
représentent les chemins de groupes de fil de même évolution entourant les motifs
de base. On voit que si ces motifs sont alignés en chaîne, ils sont décalés en trame.
Pour obtenir ce résultat il suffit que les groupes de fils de trame évoluant ensemble
cessent d'évoluer ensemble pour s'intégrer à l'armure de base du motif de base adjacent
décalé, de la deuxième colonne. Lorsque ces fils de trame ressortent de ce motif de
base, ils évoluent à nouveau ensemble sur toute la largeur de la troisième colonne
pour être à nouveau intégrés à l'armure du motif de base adjacent de la quatrième
colonne. D'autres groupes de fils de trames bordent les motifs de base des deuxième
et quatrième colonnes en évoluant ensemble et sont intégrés au motifs de base des
première et troisième colonne. Ce même principe est utilisé dans le cas des figures
20 et 21. Dans cette dernière figure, le décalage s'effectue en appliquant le même
principe aux fils de chaîne décalant ainsi les motifs de base dans le sens des colonnes
et non dans celui des lignes.
[0115] Les essais réalisés ont montré que la résistance à la déchirure augmente sensiblement
à partir d'un écartement entre les chemins de fils groupés évoluant ensemble de 10
à 70 mm. Au-dessous de 10 mm l'augmentation est bonne et les résultats deviennent
excellents au-dessous de 5 mm.