[0001] La présente invention concerne la finition des surfaces de zinc, d'alliage de zinc,
ou de cadmium en vue de leur conférer une haute résistance à la corrosion.
[0002] Il est connu depuis longtemps qu'on peut améliorer la résistance à la corrosion desdites
surfaces en les soumettant après zingage à un traitement de passivation à l'aide de
bains de chromatation. Cependant, pour les pièces utilisées sous capot moteur et donc
soumises lors de l'utilisation à des chocs thermiques et à la corrosion, les exigences
de l'industrie automobile sont récemment devenues plus sévères puisque les constructeurs
demandent maintenant que la résistance à la corrosion soit conforme après que lesdites
surfaces aient subi un choc thermique d'une heure à 120°C, voire 180°C.
[0003] La résistance à la corrosion est appréciée en laboratoire par un test accéléré au
brouillard salin, exécuté selon la norme AFNOR NFX41002/ASTM B117-73/DIN40046-11.
L'industrie automobile demande que les pièces ayant subi un choc thermique ne présentent
aucun point de sel de zinc (ou rouille blanche) après 200 heures d'exposition au brouillard
salin et aucun point de rouille rouge après 400 heures, voire 600 heures. De plus,
également après choc thermique, lesdites pièces doivent aussi subir avec succès des
tests de corrosion naturelle.
[0004] D'autre part, les pièces destinées à l'industrie automobile doivent satisfaire des
exigences esthétiques de couleur: jaune, vert, et plus particulièrement noir. Cette
couleur noire qui doit être profonde, brillante et uniforme, est particulièrement
difficile à obtenir lorsqu'on exige en même temps une haute résistance à la corrosion
après choc thermique d'une heure à 120°C.
[0005] Dans le brevet FR 2 522 023 sont décrits des bains de chromatation à base de chrome,
de cuivre et d'argent ou de molybdène qui permettent d'obtenir un revêtement noir
brillant. Cependant, après choc thermique d'une heure à 120°C, ce type de revêtement
ne tient pas plus de 48 heures au test de corrosion en brouillard salin.
[0006] L'emploi d'un bain de chromatation comprenant un polymère acrylique et un phosphate
permet selon le brevet EP 264 472 d'obtenir une belle coloration noire résistant à
la corrosion en brouillard salin après choc thermique. Cependant, la mise en oeuvre
d'un tel bain est plus délicate que celle d'un bain de chromatation classique. D'autre
part, le film obtenu s'avère instable (formation de sels de chrome jaunes) et l'emploi
d'un polymère entraîne l'apparition de "gouttes" sur les pièces traitées à l'attache
et des difficultés pour nettoyer l'appareillage (montages et paniers d'essoreuse)
utilisé pour le traitement.
[0007] Il a également été proposé de soumettre les pièces à une chromatation classique,
puis à les traiter dans un bain séparé contenant le polymère acrylique et le phosphate.
Ce procédé en deux étapes ne donne pas des résultats reproductibles et, comme le procédé
précédent, présente l'inconvénient de conduire à la formation de "gouttes".
[0008] Il a maintenant été trouvé qu'en utilisant un bain de chromatation comprenant du
cobalt au lieu de cuivre et un bain de finition à base de silice colloïdale, on peut
obtenir sur des surfaces de zinc, d'alliage de zinc, ou de cadmium, un revêtement
d'une belle coloration noire présentant une excellente résistance à la corrosion en
brouillard salin après choc thermique.
[0009] La présente invention a donc pour objet un procédé pour la finition des surfaces
de zinc, d'alliage de zinc, ou de cadmium, caractérisé en ce que les pièces à traiter
sont mises en contact d'abord avec un bain de chromatation acide à base de sels de
chrome, de cobalt et d'argent, puis avec un bain de finition aqueux comprenant une
silice colloïdale, un inhibiteur de corrosion, un agent complexant, un agent tensio-actif
et un colorant noir.
[0010] Le bain de chromatation selon l'invention est une solution aqueuse ayant un pH compris
entre 1 et 2 et contenant par litre:
[0011]
- 5 à 40 g (de préférence 7 à 15 g) d'ions chrome hexavalent,
- 5 à 20 g (de préférence 7 à 12 g) d'ions sulfate,
- 0,1 à 0,3 g (de préférence 0,1 à 0,2 g) d'ions cobalt,
- 0,1 à 0,65 g (de préférence 0,15 à 0,3 g) d'ions argent, et
- 50 à 150 ml (de préférence 70 à 120 ml) d'au moins un acide organique faible.
[0012] Pour préparer le bain de chromatation selon l'invention, on utilise de préférence
du bichromate de sodium, du sulfate de cobalt et du nitrate d'argent, mais on ne sortirait
pas du cadre de la présente invention en utilisant d'autres sels hydrosolubles de
chrome hexavalent, de cobalt ou d'argent. Comme acide organique faible dont le rôle
est de réduire le chrome hexavalent et de réguler l'attaque du zinc, on utilise de
préférence l'acide acétique, l'acide formique ou l'acide oxalique. Le pH du bain de
chromatation, avantageusement réglé au moyen d'acide sulfurique, est de préférence
compris entre 1,2 et 1,8.
[0013] Le bain de finition doit pouvoir fonctionner à un pH compris entre 1 et 5, de préférence
entre 2,5 et 4, et présenter une excellente stabilité chimique sans aucune gélification
de la silice colloïdale au cours du stockage ou du travail. Pour ce faire, dans le
bain de finition à utiliser selon l'invention, la silice colloïdale est présente à
une concentration telle que l'on ait de 20 à 40 g/l exprimé en Si0
2. Le complexant faible, utilisé en une concentration de 0,1 à 2 g/l, peut être par
exemple l'acide gluconique, l'acide oxalique, l'acide citrique, l'acide maléïque,
l'acide phtalique, ou un sel de potassium, de sodium ou d'ammonium d'un tel acide.
L'inhibiteur de corrosion est utilisé à une concentration de 0,01 à 1g/l et peut être,
par exemple, l'hydrate d'hydrazine ou un benzoate comme le benzoate de sodium. L'agent
tensio-actif utilisé à une concentration de 0,01 à 2 g/l peut être de nature non ionique
ou anionique.
[0014] Pour améliorer l'aspect final et sans aucune incidence négative sur la résistance
à la corrosion on peut ajouter dans le bain de finition un colorant noir soluble dans
l'eau, de préférence un colorant du type complexe métallifère azoïque, à une concentration
de 1 à 8 g/l.
[0015] Lorsqu'on veut que la surface en fin de traitement présente une résistance à l'abrasion
importante, on peut ajouter dans le bain de finition des particules de PTFE d'environ
0,1 à 0,2 microns. Ce produit doit être compatible avec le pH du milieu d'utilisation;
pour une dispersion aqueuse à 60% de PTFE, la concentration peut aller de 1 à 10 ml/l.
Ceci permet aussi, lors du traitement au tonneau des pièces de visserie, d'obtenir
un coefficient de frottement adéquat.
[0016] Lorsque l'on veut une résistance au gravillonnage améliorée, on peut incorporer au
bain de finition un polymère acrylique, par exemple une émulsion aqueuse de masse
volumique 1,055 g/ml à une concentration de 10 à 100 ml/l ; on peut également utiliser
un polyéthylène glycol.
[0017] La mise en contact des pièces avec le bain de chromatation, puis avec le bain de
finition peut être faite par pulvérisation, mais on opère de préférence par immersion.
Selon la nature des pièces à traiter, cette opération peut être effectuée à l'attache
(bain mort) ou au tonneau (en vrac), avec ou non reprise au panier dans le cas du
traitement au tonneau.
[0018] Le traitement peut être effectué à une température allant de 15 à 40°C, mais on opère
de préférence à une température comprise entre 20 et 30°C. La durée de mise en contact
des pièces avec chacun des bains peut varier dans de larges limites. Elle est généralement
comprise entre 10 secondes et 10 minutes, mais est de préférence d'une à deux minutes.
[0019] La chromatation est avantageusement effectuée sous agitation, celle-ci étant de préférence
obtenue au moyen d'une rampe à air. Après chromatation, les pièces ne sont pas séchées,
mais seulement rincées à l'eau avant leur mise en contact avec le bain de finition,
ce traitement étant de préférence effectué sans agitation. Finalement, les pièces
sont séchées pendant 5 à 15 minutes à une température allant de 60 à 100°C. Leur résistance
à la corrosion n'est testée qu'après un stockage d'au moins 48 heures afin que le
film formé soit stabilisé.
[0020] L'exemple suivant illustre l'invention sans la limiter.
EXEMPLE
[0021] Pour traiter des pièces en acier zingué électrolytique, on a préparé un bain de chromatation
aqueux avec 30 g/l de bichromate de sodium dihydraté, 5 g/l de sulfate de sodium anhydre,
8 g/l d'acide sulfurique, 0,6 g/l de sulfate de cobalt heptahydraté, 0,37 g/l de nitrate
d'argent et 85 ml/l d'acide acétique.
[0022] Les pièces ont été immergées pendant 90 secondes dans ce bain maintenu à une température
de 24°C et sous agitation d'air, puis rincées à l'eau et immergées pendant une minute
à 20-22°C dans un bain de finition aqueux qui contient par litre:
- silice colloïdale(*) 27 g (exprimé comme SiO2)
- gluconate de sodium 0,2 g
- benzoate de sodium 0,02 g
- tensio-actif fluoré(**) 0,1 g
- dispersion aqueuse à 60 % de PTFE 5 ml
- colorant noir (***) 4 g
[0023] A la sortie de ce bain, les pièces noires brillantes n'ont pas été rincées, mais
directement séchées à 80°C pendant 10 minutes.
(*) Silice colloïdale sodique présentant un diamètre particulaire moyen de 12 nm,
une surface spécifique de 230 m2/g et une viscosité à 25°C de 9 mPa.s
(**) Perfluorooctanesulfonate de tétraéthyl ammonium
(***) Complexe métallifère azoïque.
1. Bain de chromatation caractérisé en ce qu'il consiste d'une solution aqueuse ayant
un pH compris entre 1 et 2 et contenant par litre 5 à 40 g d'ions chrome hexavalent,
5 à 20 g d'ions sulfate, 0,1 à 0,3 g d'ions cobalt, 0,1 à 0,65 g d'ions argent, et
50 à 150 ml d'au moins un acide organique faible.
2. Bain de chromatation selon la revendication 1, ayant un pH compris entre 1,2 et 1,8
et contenant par litre 7 à 15 g d'ions chrome hexavalent, 7 à 12 g d'ions sulfate,
0,1 à 0,2 g d'ions cobalt, 0,15 à 0,3 g d'ions argent, et 70 à 120 ml d'acide organique
faible.
3. Bain de chromatation selon la revendication 1 ou 2 dans lequel l'acide organique est
l'acide acétique, l'acide formique ou l'acide oxalique.
4. Bain de chromatation selon l'une des revendications 1 à 3 préparé à partir de bichromate
de sodium, de sulfate de cobalt et de nitrate d'argent.
5. Procédé pour la finition des surfaces de zinc, d'alliage de zinc, ou de cadmium, caractérisé
en ce que les pièces à traiter sont mises en contact d'abord avec un bain de chromatation
selon l'une des revendications 1 à 4, puis avec un bain de finition ayant un pH compris
entre 1 et 5 et contenant dans l'eau et par litre 20 à 40 g (exprimé comme SiO2) d'une silice colloïdale, 0,1 à 2 g d'un complexant faible, 0,01 à 1 g d'un inhibiteur
de corrosion, 0,01 à 2 g d'un agent tensio-actif, et 1 à 8 g d'un colorant noir hydrosoluble.
6. Procédé selon la revendication 5, dans lequel le bain de finition contient en outre
des particules de PTFE et/ou un polymère acrylique.
7. Procédé selon la revendication 5 ou 6, dans lequel le traitement est effectué à une
température allant de 15 à 40°C et, de préférence, comprise entre 20 et 30°C.