[0001] La présente invention se rapporte au domaine des produits pyrotechniques composites
et notamment des poudres composites pour armes à tube, des propergols composites pour
moteurs de fusée et des explosifs composites pour chargements de munitions. Plus précisément
l'invention concerne un procédé continu de fabrication sans solvant de tels produits
pyrotechniques comportant un liant thermodurcissable.
[0002] Les produits pyrotechniques composites constitués par un liant organique et par une
charge énergétique pulvérulente qui peut être une charge minérale comme par exemple
le nitrate d'ammonium, le perchlorate d'ammonium ou le perchlorate de potassium ou
encore une charge organique et notamment une nitramine comme par exemple l'hexogène,
l'octogène, la nitroguanidine ou le 2,4,6,8,10,12 hexanitro-2,4,6,8,10,12 hexaazatétracyclo
(5.5.O.O
5,9.0
3,11) dodécane encore appelé hexanitro-hexaaza-isowurtzitane sont très recherchés par
l'homme de métier en raison de leur grande stabilité chimique et de leur faible vulnérabilité
aux impacts et aux agressions thermiques.
[0003] Par ailleurs, pour des raisons de sécurité et de reproductibilité des fabrications,
l'homme de métier préfère les procédés continus aux procédés discontinus.
[0004] Les liants utilisables pour la fabrication de produits pyrotechniques composites
peuvent être des liants thermoplastiques ou des liants thermodurcissables.
[0005] Les liants thermoplastiques présentent l'intérêt de se prêter relativement facilement
à une mise en oeuvre en continu grâce au fait qu'ils se ramollissent par élévation
de la température. Ainsi la demande de brevet français FR-A-2 723 086 décrit un procédé
de fabrication en continu et sans solvant de produits pyrotechniques composites à
base de liants de type thermoplastique. Néanmoins les liants de type thermoplastique
présentent l'inconvénient de conduire à des produits qui ont une mauvaise tenue en
température en raison même du ramollissement du liant lorsqu'il y a élévation de la
température. Or pour certaines applications, comme par exemple les armes à grande
cadence de tir, l'homme de métier a besoin de produits pyrotechniques présentant une
bonne tenue en température.
[0006] De ce point de vue les produits pyrotechniques à liant thermodurcissable offrent
l'avantage de présenter une bonne tenue en température.
[0007] Mais, en raison même du fait que leur liant se durcit de manière irréversible à chaud
par réticulation, ces produits présentent l'inconvénient de ne pas bien se prêter
aux procédés continus.
[0008] Ces produits sont donc souvent mis en oeuvre au moyen de procédés discontinus. Ainsi
le brevet US-A-4 128 441 décrit un procédé de fabrication discontinue par "coulée"
de blocs de propergols. Ce procédé convient bien pour fabriquer des gros chargements
pour moteurs de fusée, mais ne convient pas pour fabriquer industriellement en séries
de petits objets.
[0009] Le brevet US-A- 4,405,534 décrit quant à lui un procédé de fabrication d'explosifs
composites par compression à froid de granulés d'explosifs enrobés par un film en
polyuréthanne rendu plastique grâce à la présence de plastifiants. Ce procédé, hormis
le fait qu'il soit discontinu, présente l'inconvénient supplémentaire de nécessiter
la présence d'une forte teneur en plastifiant ce qui n'est pas toujours favorable
au plan énergétique.
[0010] Il a été proposé par la demande WO94/05607 un procédé semi-continu de fabrication
avec solvant pour de tels produits, mais la nécessité d'avoir recours à un solvant
qu'il faut ensuite éliminer limite l'intérêt de ce procédé.
[0011] Lorsque l'homme de métier veut mettre en oeuvre avec des liants thermodurcissables
un procédé continu sans solvant il est confronté au problème de la courte "vie de
pot" de ces compositions qui fait qu'après mélange des ingrédients de la composition,
il ne dispose que de très peu de temps pour effectuer la mise en forme géométrique
du produit avant que la réticulation du liant ne rende impossible tout travail mécanique
de la pâte contenant les différents ingrédients.
[0012] Il a bien été proposé d'allonger la "vie de pot" en retardant la réticulation finale
par exemple par addition fractionnée de l'agent réticulant comme décrit dans le brevet
US-A-4,657,607 ou encore en utilisant un double système de liants dont un des systèmes
n'est réticulable que par un apport énergétique différent de la chaleur comme décrit
dans la demande de brevet EP-A-0 367 445.
[0013] Néanmoins les possibilités d'application de ces techniques sont limitées et l'homme
de métier ne dispose pas d'un procédé général de fabrication en continu et sans solvant
de produits pyrotechniques composites à liant thermodurcissable.
[0014] L'objet de la présente invention est précisément de proposer un tel procédé ainsi
qu'une installation industrielle permettant la mise en oeuvre de ce procédé.
[0015] L'invention concerne donc un procédé continu de fabrication sans solvant de produits
pyrotechniques composites terminés dont les constituants de départ comprennent notamment
un liant liquide qui est réticulable à une température supérieure à 40°C et au moins
une charge énergétique oxydante solide, ledit procédé consistant notamment :
i) à mélanger les constituants de départ des dits produits de manière à obtenir une
pâte composite homogène de viscosité suffisante pour pouvoir conserver des cotes géométriques
stables,
ii) à mettre la pâte ainsi obtenue sous forme de produits intermédiaires ayant les cotes
géométriques des produits terminés,
iii) à figer la forme et la composition des produits intermédiaires ainsi obtenus par
réticulation du liant,
et étant caractérisé en ce que :
iv) ledit liant liquide de départ est d'abord mélangé à une charge épaississante solide
sous forme pulvérulente de manière à obtenir un pré-mélange de consistance graisseuse
qui est ensuite mélangé aux dites charges énergétiques,
v) les opérations de mélange et de mise en forme sont conduites à une température inférieure
à 40°C.
[0016] Par rapport aux procédés connus de l'art antérieur, l'originalité majeure du procédé
selon l'invention réside dans le fait qu'à l'exception de la phase finale au cours
de laquelle la structure et la composition des produits intermédiaires sont figées
par réticulation, les différentes opérations sont conduites à une température à laquelle
le liant est, au plan chimique, quasiment non évolutif. Ainsi la formulation de la
composition des produits est parfaitement reproductible dans la mesure où elle est
intégralement effectuée en début de procédé sans nécessiter aucun ajustement ultérieur.
L'homme de métier n'est confronté à aucune condition de "vie de pot" et les produits
intermédiaires dont les cotes géométriques seraient imparfaites peuvent être recyclés
dans la fabrication.
[0017] Il faut enfin observer que grâce à l'emploi de charges épaississantes solides qui
donnent au liant liquide non évolutif une tenue mécanique suffisante, aucun plastifiant
n'est nécessaire dans le cadre du présent procédé qui permet ainsi d'obtenir des produits
pyrotechniques de très hautes performances.
[0018] On peut également dire que contrairement aux procédés antérieurs qui utilisent un
liant thermodurcissable évolutif en cours de procédé dont on cherche à abaisser la
viscosité par l'emploi d'un solvant et/ou d'un plastifiant, le procédé selon l'invention
utilise un liant thermodurcissable liquide non évolutif en cours de procédé dont on
élève la viscosité apparente par emploi de charges épaississantes.
[0019] Selon une première variante préférée de l'invention ladite charge épaississante solide
est constituée par un matériau poreux dont la granulométrie est comprise entre 0,1
et 10 µm (microns) et dont la surface spécifique est comprise entre 60 et 500 m
2/g.
Avantageusement ce matériau possédera également des propriétés modificatrices de combustion
et sera choisi dans le groupe constitué par le noir de carbone, la silice colloïdale,
l'alumine, l'oxyde de titane ou le polynorbornène.
Selon cette première variante le rapport pondéral entre ladite charge épaississante
et ledit liant réticulable est compris entre 0,05 et 0,25.
[0020] Selon une seconde variante préférée de l'invention ladite charge épaississante solide
est constituée par un polymère thermoplastique à motifs hydrocarbonés pouvant comporter,
en plus des atomes de carbone et d'hydrogène, des atomes d'oxygène et d'azote et dont
la masse moléculaire moyenne en poids est comprise entre 3x10
5 et 3x10
6.
[0021] Un premier groupe de polymères thermoplastiques utilisables comme charge épaississante
solide dans le cadre de la présente invention est ainsi constitué par les copolymères
styrène/butadiène/styrène, styrène/isoprène/styrène, styrène/éthylène/butylène/styrène
et styrène/éthylène/propylène.
[0022] Un second groupe de polymères thermoplastiques utilisables comme charges épaississantes
solides dans le cadre de la présente invention est constitué par les polyuréthannes
à motifs polyéthers et polycarbonates et par les copolymères blocs polyéthers/polyamides.
[0023] Selon cette seconde variante le rapport pondéral entre ladite charge épaississante
et ledit liant réticulable est compris entre 10:90 et 50:50.
[0024] En plus des charges énergétiques oxydantes solides on pourra également incorporer
au pré-mélange, constitué par le liant liquide et lesdites charges épaississantes,
au moins une charge énergétique réductrice solide comme, par exemple, de l'aluminium
ou du bore en poudre.
[0025] Ce n'est que lorsque les opérations de mélange et de mise en forme des produits intermédiaires
sont terminées et sont jugées satisfaisantes que l'on fait évoluer le liant en provoquant
sa réticulation par chauffage à une température supérieure à 40°C de manière à obtenir
des produits terminés réticulés.
[0026] Le procédé selon l'invention permet ainsi d'obtenir en continu, sans contrainte de
temps liée à des questions de "vie de pot" et sans emploi de solvants ou de plastifiants
indésirables au plan énergétique, des produits pyrotechniques composites à liant réticulé.
Ces produits trouvent leurs applications préférentielles comme poudres propulsives
en brins ou en sticks pour les munitions destinées aux armes à tube, comme blocs de
propergols pour les moteurs de roquettes et de fusées, comme chargements explosifs
pour les munitions explosives ou encore comme chargements pyrotechniques pour les
générateurs de gaz destinés aussi bien aux applications militaires qu'aux applications
civiles comme la sécurité automobile.
[0027] L'invention concerne également une installation convenant particulièrement bien à
la mise en oeuvre du procédé selon l'invention.
[0028] Cette installation est caractérisée en ce qu'elle comprend dans le sens de progression
de la matière :
i) un laminoir à cisaillement constitué par deux rouleaux cylindriques de longueur identique
portant des rainures hélicoïdales et dont les axes sont parallèles et situés dans
un même plan horizontal en étant espacés de manière à laisser subsister une fente
entre les deux rouleaux qui tournent en sens contraire l'un de l'autre,
ii) une pompe volumétrique qui amène à l'extrémité, d'entrée de matière du laminoir le
pré-mélange constitué par le liant liquide et la charge épaississante,
iii) au moins une trémie doseuse déversant, entre l'extrémité d'entrée de matière et l'extrémité
de sortie de matière du laminoir, les charges énergétiques solides sur les rouleaux
de ce dernier,
iv) un dispositif de granulation de la pâte homogène ainsi constituée qui est situé à
l'extrémité de sortie du laminoir,
v) une extrudeuse dans laquelle sont repris les granulés provenant du dispositif de
granulation,
vi) un dispositif de découpage en produits intermédiaires des joncs extrudés sortant
de l'extrudeuse,
vii) un tapis roulant qui assure le transport et le passage dans un four thermique des
produits intermédiaires ainsi découpés.
[0029] On donne ci-après une description détaillée de la mise en oeuvre préférée du procédé
selon l'invention en se référant à la figure 1 qui représente, de manière schématique,
l'installation préférée présentée ci-dessus. La figure 2 représente, pour des raisons
de clarté, une vue de dessus simplifiée du laminoir à cisaillement utilisé.
[0030] L'invention consiste donc à mélanger, à température ambiante les constituants de
départ d'une composition pyrotechnique composite réticulable jusqu'à obtention d'une
pâte composite homogène présentant une viscosité suffisante pour pouvoir, toujours
à température ambiante, être mise sous forme de produits intermédiaires présentant
déjà, de manière stable, la forme et les dimensions finales du produit terminé que
l'on veut obtenir. La forme et la composition de ces produits intermédiaires sont
alors figés par réticulation à chaud de manière à obtenir les produits terminés voulus.
[0031] Pour ce faire on commence, comme représenté à la figure 1 par fabriquer dans un mélangeur
à bras multiples 1 un pré-mélange 2 constitué principalement par le liant 3 thermodurcissable
à l'état liquide et par des charges solides épaississantes 4.
[0032] Il est impératif dans le cadre de la présente invention que le liant thermodurcissable
soit liquide à température ambiante et que sa réticulation ne puisse commencer qu'à
une température supérieure à 40°C de manière à être certain que, tant que l'on restera
à une température ambiante inférieure à 40°C, ce liant demeurera non évolutif au plan
chimique.
On entend dans la présente description par "liant liquide" l'ensemble des constituants
réactifs liquides qui, après réticulation, donneront le liant réticulé solide.
La réaction de réticulation peut être du type réaction de polycondensation, auquel
cas les liants seront notamment du type polyuréthannes, polyesters ou polyamides.
[0033] La réaction de réticulation peut être du type réaction de polyaddition avec ouverture
d'insaturations éthyléniques, auquel cas les liants seront notamment du type polyalkylènes,
polyacrylates ou polyméthacrylates. Dans ce dernier cas la composition devra contenir
des catalyseurs de réticulation, comme par exemple des peroxydes.
[0034] Comme il a déjà été indiqué plus haut dans la description, lesdites charges épaississantes
peuvent être constituées par des matériaux solides poreux de faible granulométrie.
Dans ce cas on utilisera avantageusement comme charges épaississantes certains additifs
employés habituellement comme modificateurs de combustion comme le noir de carbone
; le procédé selon l'invention offre dans ce cas l'avantage de permettre l'obtention
en continu de compositions pyrotechniques déjà connues mais qui n'étaient accessibles
que par des procédés discontinus.
[0035] Les dites charges épaississantes peuvent également être constituées par des polymères
thermoplastiques solides de haute masse moléculaire de manière à obtenir un produit
final dont le liant est constitué par un alliage de polymères thermoplastiques et
de polymères réticulés. Ce type d'alliages permet l'obtention de produits composites
présentant des caractéristiques mécaniques particulièrement élevées.
[0036] Le pré-mélange 2 ainsi constitué pourra également contenir d'autres additifs de la
composition finale. Il devra avoir la consistance d'une graisse épaisse de manière
à pouvoir être transporté en continu au moyen d'une pompe volumétrique tout en adhérant,
sans couler, à la surface d'un cylindre tournant avec une vitesse angulaire de quelques
dizaines de tours par minute.
[0037] Ce pré-mélange est donc transporté au moyen d'une pompe de circulation 34, par exemple
une pompe à engrenage, dans une réserve 35 munie d'un couvercle-piston 36. Le pré-mélange
est alors repris par une pompe doseuse 5 à engrenage pour être conduit, dans un appareillage
où seront effectuées les opérations de mélange avec les charges énergétiques solides
et de mise en forme de la pâte composite ainsi obtenue sous forme de produits intermédiaires
possédant déjà les cotes géométriques des produits terminés. Ces deux opérations peuvent
être effectuées dans un appareillage unique comme par exemple une extrudeuse bi-vis
dont la tête d'extrusion sera associée à un dispositif de découpage. Mais, préférentiellement,
ces deux opérations seront effectuées par deux appareillages distincts placés l'un
à la suite de l'autre.
[0038] Le pré-mélange 2 est transporté par la pompe 5 dans un mélangeur qui peut être un
mélangeur traditionnel comme un co-malaxeur "BUSS" mais qui, préférentiellement et
comme représenté à la figure 1, est un laminoir à cisaillement 6 constitué par deux
rouleaux cylindriques 7 et 8 de longueur identique et portant des rainures hélicoïdales.
Les axes 9 et 10 de ces deux cylindres sont parallèles et situés dans un même plan
horizontal en étant espacés de manière à laisser une fente 11 entre les deux rouleaux.
Les axes 9 et 10 sont supportés par des blocs supports 12 et 13, le bloc 12 étant
un bloc moteur entraînant en rotation les deux cylindres 7 et 8 qui tournent en sens
contraire l'un de l'autre à des vitesses différentes. Un tel laminoir à cisaillement
est connu de l'homme de métier et décrit dans de nombreuses publications, par exemple
dans la demande de brevet FR-A-2 723 086 déjà citée.
[0039] La pompe 5 amène ainsi le pré-mélange 2 sur le rouleau 7 qui tourne le plus vite,
le pré-mélange formant sur ce rouleau une feuille qui enrobe ce dernier. Le pré-mélange
est amené à l'extrémité 14 d'entrée de matière du laminoir 6.
[0040] Au moins une trémie doseuse 16 déverse, entre l'extrémité d'entrée de matière 14
et l'extrémité de sortie de matière 15 du laminoir 6, les charges énergétiques solides
17 sur la feuille de pré-mélange enrobant le rouleau 7. Ces charges énergétiques solides
sont alors intimement mélangées au pré-mélange 2 grâce à l'action de cisaillement
du laminoir 6 de manière à former sur le rouleau 7 une feuille de pâte composite homogène
qui présente déjà une viscosité suffisante pour pouvoir conserver des cotes géométriques
stables.
[0041] Les charges énergétiques solides seront principalement constituées par les charges
oxydantes de la composition qui peuvent être des charges minérales comme par exemple
le perchlorate d'ammonium, le perchlorate de potassium ou le nitrate d'ammonium, ou
des charges organiques et notamment des nitramines comme l'hexogène, l'octogène, la
nitroguanidine ou l'hexanitro-hexaazaisowurtzitane.
[0042] A côté des charges oxydantes solides, il pourra y avoir des charges énergétiques
réductrices solides comme l'aluminium ou le bore et même des additifs solides qui
n'auraient pas été incorporés au pré-mélange 2.
[0043] Dans ce cas les différentes charges pourront être apportées soit en mélange par une
trémie unique, soit séparément par une succession de trémies.
[0044] La feuille de pâte composite ainsi obtenue est récupérée sous forme de granulés 19
par un dispositif de granulation 18 situé à l'extrémité de sortie 15 du laminoir 6.
Préférentiellement comme représenté sur la figure 1, les extrémités de sortie des
rouleaux 7 et 8 ne sont pas rainurées mais sont lisses.
[0045] Les granulés 19 sont alors repris en continu dans une extrudeuse 20, par exemple
une extrudeuse à deux vis, munie d'une tête d'extrusion 21 pour être profilés en joncs
23 entraînés par un tapis roulant 25.
Un dispositif de découpage 22 découpe les joncs profilés 23 sortant de la tête d'extrusion
21 en produits intermédiaires 24 possédant déjà les cotes définitives des produits
terminés. Le dispositif de découpage 22 a un déplacement asservi à la vitesse de progression
du tapis 25 sur lequel reposent les joncs 23.
[0046] Il est à observer que jusqu'à cette opération de découpage, aucun chauffage de la
composition pyrotechnique n'a eu lieu, l'extrudeuse 20 pouvant même être refroidie.
Le liant de la composition pyrotechnique n'a donc pas évolué et les produits intermédiaires
24 peuvent, s'il sont jugés non satisfaisants, être recyclés dans le circuit de fabrication.
[0047] Ces produits intermédiaires 24, lorsqu'ils sont jugés satisfaisants, sont alors repris
en continu par le tapis roulant 25 qui assure leur transport et leur passage dans
un four thermique 26 où leur forme géométrique et leur composition sont définitivement
figées par réticulation de leur liant, à une température supérieure à 40°C. Avec les
compositions usuelles connues de l'homme de métier la réticulation sera souvent effectuée
à une température voisine de 120°C pendant environ 5 minutes.
[0048] Les produits terminés 27 sortant du four 26 peuvent alors être conditionnés dans
leur emballage 28.
[0049] Le procédé selon l'invention permet ainsi de fabriquer en séries continues des produits
pyrotechniques composites à liant réticulé, et notamment des produits de petites dimensions,
sans contrainte de "vie de pot", sans solvant et sans plastifiant indésirable.
[0050] Les exemples qui suivent illustrent certaines possibilités de mise en oeuvre de l'invention.
[0051] Dans ces exemples, on a utilisé les abréviations suivantes :
- PBHT =
- liant à base de polybutadiène à terminaisons hydroxyles réticulé par un polyisocyanate.
- PAG =
- liant à base de polyazoture de glycidyle à terminaisons hydroxyles réticulé par un
polyisocyanate
- S.B.S. =
- copolymère styrène/butadiène/styrènes
- S.I.S. =
- copolymère styrène/isoprène/styrène
- PE-PA =
- copolymère bloc polyéther/polyamide 60/40
- RDX =
- hexogène
- PA =
- perchlorate d'ammonium
[0052] Tous les pourcentages indiqués dans les exemples sont des pourcentages en masse,
les pourcentages indiqués pour le liant incluant les additifs éventuels utilisés.
Exemples 1 à 3
[0053] On a fabriqué par le procédé continu selon l'invention des brins de poudre cylindriques
multiperforés à 7 trous et à 19 trous à partir des trois compositions suivantes :
|
Composition 1 |
Composition 2 |
Composition 3 |
liant |
PBHT : 9% |
PBHT : 10,5% |
PAG : 13% |
charge épaississante |
S.I.S 6% |
PE-PA : 4,5% |
PE-PA : 7% |
charge oxydante |
RDX 85% |
RDX 85% |
RDX 80% |
granulométrie de la charge oxydante |
100 µm |
150 µm |
80 µm |
charge réductrice |
0 |
0 |
0 |
[0054] Pour une température de matière de 35°C lors de l'extrusion, les géométries suivantes
ont été obtenues :
|
7 trous |
19 trous |
Composition 1 web (mm) |
0,34 ± 0,01 |
1,48 ± 0,01 |
d (mm) |
0,29 ± 0,005 |
0,40 ± 0,01 |
|
Composition 2 web (mm) |
0,35 ± 0,01 |
1,51 ± 0,01 |
d (mm) |
3,30 ± 0,005 |
0,40 ± 0,005 |
|
Composition 3 web (mm) |
0,34 ± 0,01 |
1,49 ± 0,01 |
d (mm) |
0,31 ± 0,005 |
0,39 ± 0,01 |
web = épaisseur à brûler
d = diamètre des trous |
Exemples 4 à 6
[0055] On a fabriqué par le procédé continu selon l'invention des blocs de propergols cylindriques
à canal central pour moteurs de petits missiles à partir des trois compositions suivantes
:
|
Composition 4 |
Composition 5 |
Composition 6 |
liant |
PBHT : 10% |
PBHT : 12,2% |
PBHT : 10,5% |
charge épaississante |
polynorbornène = 4% |
noir de carbone |
alumine poreuse |
|
|
(150m2/g) :1,8% |
(80m2/g:3,5%) |
|
charge oxydante |
PA : 85% |
PA / 85% |
PA : 85% |
|
charge réductrice |
Al : 1% |
Al : 1% |
Al : 1% |
[0056] La filière était une filière cylindrique de diamètre extérieur 30mm et de diamètre
intérieur 14mm.
[0057] Sur 10 mètres de propergol extrudé en continu pour chacune des compositions, les
variations dimensionnelles obtenues après découpage et réticulation à chaud sont les
suivantes :
|
Exemple 4 |
Exemple 5 |
Exemple 6 |
diamètre extérieur en mm |
30,5 ± 0,002 |
30,0 ± 0,02 |
29,9 ± 0,02 |
|
diamètre intérieur en mm |
13,8 ± 0,003 |
13,9 ± 0,02 |
14,05 ± 0,02 |
|
longueur en mm |
121 ± 0,1 |
120,5 ± 0,15 |
120,4 ± 0,1 |
Exemple 7
[0058] On a fabriqué par le procédé continu selon l'invention des bandes d'explosif composite
d'épaisseur comprise entre 2 et 5mm à partir de la composition suivante :
- liant PBHT = 11%
- charge épaississante = SIS = 4%
- charge oxydante : RDX (3µm et 90µm) = 85%
[0059] On extrudé en continu 10 mètres de bande de largeur 90mm avec des épaisseurs de 2,3
et 5mm. Après réticulation du liant la variation dimensionnelle des bandes était de
:
|
épaisseur d'extrusion 2 mm |
épaisseur d'extrusion 3 mm |
épaisseur d'extrusion 5 mm |
épaisseur en mm |
1,98 ± 0,01 |
2,95 ± 0,015 |
4,99 ± 0,02 |
largeur en mm |
89,5 ± 0,05 |
90,2 ± 0,06 |
89,8 ± 0,04 |
Exemple 8
[0060] On a fabriqué par le procédé continu selon l'invention des blocs de propergols pour
générateur pyrotechnique de gaz à partir de la composition suivante :
- liant PBHT : 15,8%
- charge épaississante = SBS : 9,2%
- charge oxydante : PA (90µm, 15µm, 3µm) : 73%
- charge réductrice : Al = 2%
[0061] Les blocs avaient la forme de cylindres pleins de dimensions :
- diamètre : 30mm ± 0,025mm
- longueur : 90mm ± 0,10mm
[0062] Ces blocs ont été tirés au banc d'essai et ont donné les résultats suivants :
- vitesse de combustion à 13 MPa = 25,3mm/s
- exposant de pression = 0,35
1. Procédé continu de fabrication sans solvant de produits pyrotechniques composites
terminés dont les constituants de départ comprennent notamment un liant liquide qui
est réticulable à une température supérieure à 40°C et au moins une charge énergétique
oxydante solide, le procédé consistant notamment :
i) à mélanger les constituants de départ des dits produits de manière à obtenir une
pâte composite homogène de viscosité suffisante pour pouvoir conserver des cotes géométriques
stables,
ii) à mettre la pâte ainsi obtenue sous forme de produits intermédiaires ayant les cotes
géométriques des dits produits terminés,
iii) à figer la forme et la composition des produits intermédiaires ainsi obtenus par
réticulation du liant ,
caractérisé en ce que :
iv) ledit liant liquide de départ est d'abord mélangé à une charge épaississante solide
sous forme pulvérulente de manière à obtenir un pré-mélange de consistance graisseuse
qui est ensuite mélangé aux dites charges énergétiques,
v) les opérations de mélange et de mise en forme sont conduites à une température inférieure
à 40°C.
2. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que ladite charge épaississante
solide est constituée par un matériau poreux dont la granulométrie est comprise entre
0,1 et 10µm et dont la surface spécifique est comprise entre 60 et 500m2/g.
3. Procédé selon la revendication 2 caractérisé en ce que ledit matériau est choisi dans
le groupe constitué par le noir de carbone, la silice colloïdale, l'alumine, l'oxyde
de titane, le polynorbornène.
4. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que ladite charge épaississante
solide est constituée par un polymère thermoplastique à motifs hydrocarbonés pouvant
comporter des atomes d'oxygène et d'azote dont la masse moléculaire moyenne en poids
est comprise entre 3x105 et 3x106
5. Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que ladite charge épaississante
est choisie dans le groupe constitué par les copolymères styrène/ butadiène/styrène,
styrène/isoprène/styrène, styrène/ éthylène/butylène/styrène, styrène/éthylène/propylène.
6. Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que ladite charge épaississante
est choisie dans le groupe constitué par les polyuréthannes à base de polyéthers et
de polycarbonates et par les copolymères blocs polyéthers/polyamides.
7. Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que le rapport pondéral entre ladite
charge épaississante et ledit liant réticulable est compris entre 10:90 et 50:50.
8. Procédé selon la revendication 2 caractérisé en ce que le rapport pondéral entre ladite
charge épaississante et ledit liant réticulable est compris entre 0,05 et 0,25.
9. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que, en plus des dites charges
énergétiques oxydantes solides, est utilisée au moins une charge énergétique réductrice
solide.
10. Procédé selon la revendication 9 caractérisé en ce que ladite charge énergétique réductrice
est constituée par de l'aluminium ou du bore en poudre.
11. Installation pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 10 caractérisée en ce qu'elle comprend dans le sens de progression de la matière
:
i) un laminoir (6) à cisaillement constitué par deux rouleaux cylindriques (7,8) rainurés
de longueur identique portant des rainures hélicoïdales et dont les axes sont parallèles
et situés dans un même plan horizontal en étant espacés de manière à laisser une fente
(11) entre les deux rouleaux qui tournent en sens contraire l'un de l'autre,
ii) une pompe volumétrique (5) qui amène à l'extrémité d'entrée de matière (14) du laminoir
(6) le pré-mélange (2) constitué par le liant liquide et la charge épaississante,
iii) au moins une trémie doseuse (16) déversant, entre l'extrémité d'entrée de matière
(14) et l'extrémité de sortie de matière du laminoir (6), les charges énergétiques
solides (17) sur les rouleaux de ce dernier,
iv) un dispositif de granulation (18) pour la pâte homogène ainsi constituée qui est
situé sur l'extrémité de sortie (15) du laminoir,
v) une extrudeuse (20) dans laquelle sont repris les granulés provenant du dispositif
de granulation,
vi) un dispositif de découpage (22) en produits intermédiaires (24) des joncs (23) extrudés
sortant de l'extrudeuse,
vii) un tapis roulant (25) qui assure le transport et le passage dans un four thermique
(26) des produits intermédiaires ainsi découpés.