[0001] La présente invention a pour objet l'utilisation en tant que fluide d'usinage aqueux
de compositions comprenant au moins un corps gras et au moins une cyclodextrine.
[0002] Elle vise également un procédé de traitement de pièces mettant en oeuvre de tels
fluides.
[0003] Les deux principales fonctions recherchées dans un fluide de coupe sont l'augmentation
de la durée de vie de l'outil par un pouvoir lubrifiant et par un pouvoir de refroidissement,
et la contribution à l'obtention d'un bon état de surface par un pouvoir anti-soudure.
[0004] D'autres qualités sont également demandées à ces fluides, comme une protection des
pièces usinées et de la machine-outil contre la corrosion, un traitement et une élimination
convenables par des procédés simples, l'absence de risques d'irritation ou de toxicité
pour l'utilisateur, l'absence d'odeur désagréable.
[0005] Il existe deux types de fluides d'usinage, par ailleurs bien décrits dans la littérature,
les fluides d'usinage entiers et les fluides d'usinage aqueux.
[0006] Les fluides d'usinage entiers sont anhydres et constitués en grande partie de corps
gras. Ils présentent généralement d'excellentes caractéristiques de lubrification.
[0007] Cependant, leur utilisation entraîne plusieurs inconvénients tels que le dégagement
de fumée à haute température, le risque d'inflammabilité, les problèmes de dermatoses
provoqués par leur manipulation, la difficulté de leur recyclage et enfin, le coût
même de ces produits.
[0008] Ces inconvénients ont favorisé le développement des fluides d'usinage aqueux.
[0009] Ceux-ci, grâce à la chaleur spécifique élevée de l'eau qu'ils contiennent, possèdent
une capacité de refroidissement supérieure à celle des fluides entiers.
[0010] Ils présentent en outre un pouvoir de lubrification suffisant et un faible coût.
[0011] Par ailleurs, leur tendance à provoquer des développements de corrosion sur les pièces
travaillées et les outils peut être facilement endiguée par l'utilisation d'agents
anticorrosion adaptés.
[0012] Par conséquent, les fluides aqueux sont préférés aux fluides entiers.
[0013] Les fluides aqueux se répartissent en trois catégories : les fluides solubles, les
fluides semi-synthétiques et les fluides synthétiques.
[0014] Les fluides solubles ou émulsionnables se présentent généralement sous forme d'une
émulsion laiteuse.
[0015] Les fluides semi-synthétiques se présentent sous la forme d'une micro-émulsion ou
pseudo-émulsion translucide, devenant opaque en service.
[0016] Enfin, les fluides synthétiques sont des solutions transparentes qui, contrairement
aux deux catégories précédentes, ne contiennent pas d'huile minérale ou de synthèse.
[0017] En ce qui concerne les deux premières catégories, leur formulation nécessite la présence
d'agents émulsifiants afin d'obtenir des fluides stables et efficaces.
[0018] L'emploi de ces émulsifiants pose un problème important au moment du retraitement
de ces fluides. En effet, ils s'opposent au cassage de l'émulsion, étape indispensable
à son recyclage. Or, le travail des métaux produit une quantité de déchets parmi les
plus importants de ceux de l'industrie, ces déchets étant, de plus, parmi les plus
difficiles à retraiter.
[0019] En outre, certains émulsifiants couramment utilisés représentent un risque d'irritation
pour le manipulateur.
[0020] Afin de limiter les frottements entre l'outil et le copeau, d'augmenter la durée
de vie des outils et de contribuer à une amélioration de l'état de surface des pièces
usinées, les fluides d'usinage, notamment aqueux, peuvent être adjuvantés de divers
additifs tels que par exemple des agents d'onctuosité, des agents anti-usure et/ou
des agents extrême pression.
[0021] Plus particulièrement, les additifs extrême pression (ci-après dénommés EP) ont pour
rôle de réduire les risques de grippage entre les surfaces, dans des conditions très
sévères de frottement et à des températures élevées, par la formation d'un film protecteur
régulièrement éliminé des surfaces.
[0022] Ces composés EP sont le plus souvent des composés chimiques organo-soufrés, organo-chlorés,
organo-phosphorés et/ou des combinaisons de ces composés, les paraffines chlorées
étant les principaux additifs EP utilisés. Leur utilisation est cependant limitée
en pratique par les risques de corrosion et de toxicité qui résultent de la formation
de chlore en présence d'eau.
[0023] Par ailleurs, les additifs extrême pression, qu'il s'agisse de composés chlorés,
soufrés ou phosphorés, présentent l'inconvénient majeur d'être polluants pour l'environnement,
ce qui entraîne de ce fait des coûts de traitement élevés pour leur élimination.
[0024] L'invention a pour but de remédier aux inconvénients des fluides d'usinage aqueux
de l'art antérieur et a pour objet l'utilisation en tant que fluide d'usinage aqueux
du compositions caractérisées par le fait qu'elles comprennent au moins un corps gras
et au moins une cyclodextrine.
[0025] Dans le cadre de la présente invention, le terme "corps gras" désigne toute huile
ou graisse, liquide, solide ou pâteuse à température ambiante, qu'elle soit d'origine
végétale, animale, minérale ou synthétique, qu'elle soit utilisée en l'état ou modifiée
chimiquement, ainsi que tout extrait issu d'un de ces corps gras tel que par exemple
les phytostérols, le cholestérol, l'acide undécylénique, ou encore un mélange de plusieurs
de ces composés.
[0026] De préférence, ledit corps gras est un ester ou un sel d'acide gras ou un mélange
d'esters d'acides gras et/ou de sels d'acides gras d'origine végétale.
[0027] Dans le cadre de l'invention, on entend par le terme "cyclodextrine" l'alpha, la
béta ou la gamma cyclodextrine, ou leurs mélanges, ainsi que les dérivés de ces cyclodextrines.
On peut rappeler que l'α, la β et la γ cyclodextrine sont des macrocycles contenant
respectivement six, sept et huit motifs glucose. Le terme "dérivé" doit être compris
comme comprenant tout macrocycle tel qu'il vient d'être défini, dans lequel l'un au
moins des motifs glucose constitutifs est substitué, au moins en un endroit, par un
groupement ou une molécule qui peuvent être de taille et de fonctionnalité très diverses,
comme par exemple un groupement alcoylé ou hydroxyalcoylé, et notamment un groupement
hydroxypropyle, ou une molécule de mono- ou di-saccharide telle qu'une molécule de
maltose, glucose, fructose ou saccharose. Le terme "dérivé" englobe également les
"polymères" de cyclodextrines obtenus par exemple par réaction des cyclodextrines
avec des réactifs polyfonctionnels.
[0028] De préférence, on met en oeuvre, dans le cadre de l'invention, au moins une cyclodextrine
choisie dans le groupe constitué par l'α-cyclodextrine et la β-cyclodextrine et leurs
dérivés. La mise en oeuvre de β-cyclodextrine (ci-après désignée BCD) apparait particulièrement
avantageuse.
[0029] La composition utilisée selon l'invention en tant que fluide d'usinage aqueux, de
préférence de 30 à 99 % et plus préférentiellement encore de 50 à 95 % de corps gras,
et de 0,5 à 95 %, de préférence de 1 à 70 % et plus préférentiellement encore de 5
à 50 % de cyclodextrine, ces pourcentages étant exprimés en poids sec/sec.
[0030] Cette composition se présente de préférence sous une forme concentrée, afin de rendre
plus faciles sa conservation et son transport vers les lieux d'utilisation. La quantité
d'eau présente dans la composition ne constitue pas un paramètre particulièrement
important et on peut même envisager de préparer la composition conforme à l'invention
en l'absence d'eau, l'eau nécessaire à la constitution des fluides d'usinage aqueux
eux-mêmes n'étant ajoutée que lors de l'étape de préparation desdits fluides. On préfère
cependant préparer la composition utilisée conformément à l'invention sous la forme
d'une suspension ou dispersion homogène, comportant une certaine quantité d'eau, généralement
comprise entre 22 et 70 % en poids, de préférence entre 30 et 60 % en poids.
[0031] Les différents adjuvants habituellement utilisés dans les fluides d'usinage, tels
que les inhibiteurs de corrosion, les agents épaississants, les agents antimousse,
les agents mouillants, les agents bactéricides et/ou fongicides et les agents extrême-pression
peuvent être ajoutés, totalement ou partiellement, dès le stade de la préparation
des compositions, ou ils peuvent être incorporés lors de la préparation finale des
fluides d'usinage aqueux.
[0032] Les fluides d'usinage aqueux utilisés conformément à l'invention sont préparés à
partir des compositions décrites précédemment.
[0033] Cette préparation est effectuée par la mise sous agitation énergique de la composition
pour fluide d'usinage, le plus souvent après addition d'eau et le cas échéant après
addition de certains adjuvants dans le cas où ces derniers ne sont pas déjà inclus
dans ladite composition. Le temps d'agitation est choisi de manière à permettre l'obtention
d'émulsions. Ces dernières se présentent sous la forme d'émulsions laiteuses ou de
microémulsions, dans lesquelles la cyclodextrine joue le rôle d'émulsifiant.
[0034] Tout comme pour les compositions utilisées selon l'invention, la quantité d'eau présente
dans les fluides d'usinage, obtenus donc essentiellement par dilution, adjuvantation
et mise sous agitation desdites compositions, ne constitue pas un paramètre particulièrement
important. Il faut toutefois s'assurer que les fluides d'usinage contiennent suffisamment
d'eau pour pouvoir assurer la mise en émulsion de la matière grasse par le composé
cyclodextrine.
[0035] En outre, la quantité d'eau présente dans les fluides d'usinage varie en fonction
de l'opération à laquelle ces fluides sont destinés, les opérations de coupe nécessitant
des fluides moins concentrés que les opérations de déformation par exemple. Le plus
généralement, la quantité d'eau présente dans les fluides d'usinage selon l'invention
est comprise entre 22 % et 99 %, de préférence entre 30 et 99 % et plus préférentiellement
encore entre 35% et 98 %.
[0036] L'un des avantages de l'utilisation, conformément à l'invention, d'une cyclodextrine
dans la constitution des fluides d'usinage aqueux réside dans le fait qu'il est possible
d'obtenir une capacité lubrifiante sensiblement équivalente, tout en diminuant légèrement
la quantité de corps gras et en augmentant corrélativement la quantité d'eau.
[0037] La Société Demanderesse a constaté par ailleurs que, de façon surprenante et inattendue,
les fluides d'usinage aqueux utilisés conformément a l'invention se présentent sous
la forme d'une émulsion métastable dont les performances techniques sont cependant
remarquables et dont le retraitement, après utilisation, est grandement facilité.
[0038] En outre, les compositions utilisés en tant que fluides d'usinage conformes à l'invention,
sont parfaitement stables bactériologiquement sans qu'il soit obligatoire de faire
appel à la présence d'agents bactéricides et/ou fongicides, ceci contrairement aux
fluides d'usinage aqueux et aux compositions de l'art antérieur. Ceci constitue bien
évidemment un autre avantage, non prévisible, conféré par la présente invention. Les
risques d'irritations cutanées et d'allergies souvent provoqués par contact avec de
tels agents sont en outre, et par voie de conséquence, fortement réduits, voire éliminés.
[0039] Enfin, une autre caractéristique remarquable et surprenante fluide d'usinage aqueux
du compositions comprenant au moins un corps gaz et au moins un cyclodextrine conforme
à l'invention réside dans le fait qu'il permet de réduire considérablement la quantité
d'agents extrême-pression présents.
[0040] Le brevet DE-A-550 871 décrit l'utilisation d'émulsions aqueuses couine fluide d'usinage,
plus particulièrement il décrit un procédé d'inhibition de la rouille sur des métaux
par utilisation d'huiles ou de matières grasses de coupe dans des émulsions aqueuses
fortement diluées, caractérisé par le fait qu'avant utilisation des huiles ou matières
grasses de coupe, on ajoute à l'eau utilisée pour l'émulsion, une substance colloïdale
d'origine végétale ou animale.
[0041] L'utilisation de cyclodextrines a déjà été proposée dans des fluides entiers tels
que des compositions lubrifiantes et en particulier des huiles de coupe; ainsi le
brevet américain n° 3.314.884 accordé à MOBIL OIL CORP. revendique leur utilisation
afin d'améliorer les performances de ces compositions grâce à leurs propriétés complexantes
vis-à-vis des additifs chimiques qui y sont introduits. Dans ce cas, les cyclodextrines
ont pour rôle de protéger les additifs complexés contre une dégradation anticipée
(oxydative ou bactériologique) et constituent un moyen de contrôler leur libération.
[0042] Les propriétés émulsifiantes des cyclodextrines et notamment des formes α, β et γ,
ont par ailleurs déjà été décrites, en particulier par K. SHIMADA & al, dans NIPPON
SHOKUHIN KOGYO GAKKAISHI, vol. 38 n° 1 (1991).
[0043] Ces propriétés ont été essentiellement utilisées pour la formulation d'émulsions
cosmétiques et alimentaires qui doivent impérativement demeurer stables à température
ambiante sur une longue période. Pour ces applications cosmétiques et alimentaires,
cette stabilité est garantie par l'utilisation d'agents épaississants et/ou d'émulsifiants
conventionnels.
[0044] Or, il n'était absolument pas évident que des émulsions métastables, voire instables,
contenant un composé cyclodextrine comme agent émulsifiant soient utilisables comme
fluide d'usinage aqueux et répondent de manière tout à fait satisfaisante aux exigences
de cette application, telles qu'en particulier le maintien des propriétés, en particulier
lubrifiantes, aux températures d'utilisation qui peuvent atteindre 700°C au niveau
de l'outil et des pièces usinées lors de l'opération d'usinage.
[0045] Par ailleurs, l'instabilité de ces émulsions, qui se traduit par une séparation en
deux phases au repos, l'une essentiellement huileuse et l'autre aqueuse, présente
un intérêt notable en ce qui concerne le traitement et le recyclage de ces fluides,
qui constituent aujourd'hui, comme exposé précédemment, une préoccupation majeure.
[0046] En outre, la cyclodextrine est d'une innocuité totale pour le manipulateur, contrairement
aux émulgateurs classiquement utilisés, et enfin l'utilisation en tant que fluide
d'usinage de compositions comprenant au moins un corps gras et au moins une cyclodextrine
conformes à l'invention se révèle particulièrement intéressante dans des conditions
d'usinage difficile car ils permettent de s'exonérer en tout ou partie de la présence
d'agents extrême-pression dont les effets néfastes pour l'environnement sont notoires.
[0047] Les fluides d'usinage aqueux utilisés selon l'invention sont préparés selon une méthode
simple qui ne nécessite aucun appareillage ou moyen technique coûteux et/ou délicat,
ce qui constitue un autre avantage de l'invention.
[0048] Ils peuvent être utilisés dans des procédés de traitement de pièces, en particulier
métalliques, qui consistent à usiner ces pièces avec arrosage simultané de la partie
active de l'outil par un fluide d'usinage aqueux contenant au moins un corps gras
et au moins une cyclodextrine, puis à récupérer le fluide en fin d'opération d'usinage,
à le laisser au repos le temps nécessaire pour qu'il y ait séparation des phases,
à récupérer chacune des phases, à les filtrer afin d'éliminer les impuretés en suspension
et enfin à les recycler selon un traitement de régénération approprié.
[0049] L'utilisation en tant que fluide d'usinage aqueux du compositions comprenant au moins
un corps gaz et au moins un cyclodextrine permet à la fois une meilleure réfrigération,
une meilleure lubrification dans des conditions d'usinage difficiles, des coûts de
recyclage diminués par l'absence, ou à tout le moins la présence en quantité moins
importante, d'agents extrême-pression soufrés, chlorés ou phosphorés, et possède une
bonne résistance au développement bactérien ou fongique.
[0050] De plus, les cyclodextrines étant issues de matières végétales renouvelables, à savoir
des matières amylacées, leur biodégradabilité et leur non-toxicité en font des produits
parfaitement tolérés par l'environnement.
[0051] Si l'on choisit en outre un corps gras d'origine végétale ou animale, l'utilisation
selon l'invention présente un caractère biodégradable.
[0052] L'utilisation selon l'invention trouve son application dans toutes les opérations
d'usinage, notamment des métaux, qu'il s'agisse de coupe (opérations de décolletage,
fraisage...) ou de déformation (emboutissage, tréfilage, laminage...). Elle peut également
être appliquée aux opérations de protection temporaire des surfaces d'objets tels
que pièces d'automobiles, tuyauteries, cadres en aluminium, articles moulés et autres,
qui consistent essentiellement à leur appliquer un revêtement protecteur généralement
sous la forme d'un film ou pellicule qui peut être éliminé au moment de la vente ou
juste avant l'utilisation.
[0053] L'invention pourra être encore mieux comprise à l'aide des exemples qui suivent et
qui font état de certains modes de réalisation particulièrement avantageux, exemples
qui sont cependant donnés sans aucun caractère limitatif.
EXEMPLES
1. PREPARATION DE COMPOSITIONS ET DE FLUIDES D'USINAGE AQUEUX
[0054] Deux compositions sont préparées de la manière suivante :
[0055] Dans un homogénéisateur à turbine contenant déjà 80 litres d'eau déminéralisée préchauffée
à 30°C, on ajoute successivement :
- de la β-cyclodextrine, sous agitation, jusqu'à dilution complète, la β-cyclodextrine
utilisée étant celle commercialisée par la société demanderesse sous la marque KLEPTOSE,
- une huile, le mélange obtenu étant maintenu sous agitation jusqu'à obtention d'une
émulsion,
- un inhibiteur de corrosion, une agitation étant alors maintenue pendant environ quinze
minutes.
[0056] Les compositions ainsi obtenues se présentent sous la forme d'émulsions concentrées.
A partir de ces compositions, on prépare deux fluides d'usinage A et B, par dilution
avec 70 litres d'eau déminéralisée pour chacun des deux fluides.
[0057] La tension superficielle est ensuite, le cas échéant, réglée par ajout d'un acide
gras de Tall Oil saponifié par une triéthanolamine, de façon à obtenir une tension
superficielle d'environ 35 mN/m.
[0058] En final, on ajoute de la gomme xanthane et le volume est ajusté avec de l'eau déminéralisée.
[0059] Les formulations de deux fluides aqueux, A et B, sont rassemblées dans le tableau
I.
TABLEAU I
FORMULATIONS |
MARQUE DE FABRICATION |
A % EN POIDS |
B % EN POIDS |
Huile minérale |
ENERPAR (BP) |
4,07 |
- |
Huile végétale |
METILOIL A (ATO) |
- |
4,12 |
β-cyclodextrine |
KLEPTOSE (ROQUETTE) |
1,4 |
2,04 |
Inhibiteur de corrosion |
LUBRIZOL 5329 (LUBRIZOL) |
1,05 |
1,01 |
Gomme xanthane |
|
0,09 |
0,09 |
Savon de tall oil |
(DAUDRUY) |
- |
0,06 |
Eau |
|
93,39 |
92,68 |
Tension superficielle |
|
40 mN/m |
35 mN/m |
[0060] Le fluide de coupe qui sera pris en référence ci-après (REF 1) est une huile minérale
émulsionnable qui forme avec l'eau une émulsion laiteuse stable dans le temps. Elle
est adjuvantée anticorrosion, antirouille, antimousse et extrême-pression. Sa matière
sèche est de 3 %.
2. EVALUATION DES PERFORMANCES TECHNIQUES DES FLUIDES D'USINAGE
[0061] Les fluides d'usinage A et B sont testés en décolletage.
[0062] Les tests de décolletage sont effectués sur un tour automatique monobroche à poupée
fixe MANURHIN type Combimat 42.
[0063] Les opérations effectuées sur une production de 6 heures sont les suivantes : perçage,
chariotage, taraudage, fonçage chanfrein, fonçage de gorge (1,5 mm), filetage, fonçage
gorge trapézoïdale et tronçonnage.
[0064] A chaque opération, des critères de tolérance sont préétablis concernant le diamètre,
le pas de filetage, la coaxialité, la rugosité ou l'aspect visuel des pièces. Sur
les outils, la durée de vie par évaluation de l'effondrement de l'arête tranchante
et l'usure sont mesurées.
[0065] Sur les copeaux, on évalue la fragmentation; on juge ainsi, à leur aspect, la qualité
de la lubrification et de la réfrigération. En effet, selon qu'ils sont droits et
longs, enchevêtrés, sous forme d'hélice de grand diamètre, ou d'hélice de petit diamètre,
droits et courts, en arc, en spirale, en aiguille ou en grains, la qualité des pièces
sera différente.
[0066] L'acier usiné est un acier de construction faiblement allié 18 CD4U, fourni par ASCOMETAL.
a. Pour les opérations de chariotage, de fonçage trapézoïdal, de tronçonnage ou de
fonçage de gorge, le critère étudié a été la rugosité des pièces usinées.
[0067] La rugosité est mesurée à l'aide d'un appareil d'état de surface PERTHEN M4P.
[0068] Les résultats obtenus avec les fluides et l'huile de référence sont rassemblés dans
les tableaux II, III, IV et V.
[0069] Ces résultats montrent que d'une façon générale, les valeurs moyennes des rugosités
obtenues avec les fluides A et B sont très voisines de celles obtenues avec le fluide
d'usinage de l'art antérieur.
TABLEAU II
Rugosité en chariotage |
COMPOSITION |
RUGOSITE Ra en µm |
|
MINI |
MAXI |
MOYENNE |
REF 1 |
2,5 |
7,6 |
4,2 |
A |
2,5 |
5,3 |
3,3 |
B |
1,8 |
3,9 |
2,5 |
TABLEAU III
Rugosité en fonçage trapézoïdale |
COMPOSITION |
RUGOSITE Ra en µm |
|
MINI |
MAXI |
MOYENNE |
REF 1 |
2,7 |
10 |
6,6 |
A |
4,3 |
8 |
6,0 |
B |
5,8 |
9 |
7,3 |
TABLEAU IV
Rugosité en tronçonnage |
COMPOSITION |
RUGOSITE Ra en µm |
|
MINI |
MAXI |
MOYENNE |
REF 1 |
1,9 |
6,2 |
3,8 |
A |
3,6 |
7,5 |
5,1 |
B |
1,8 |
3,8 |
2,8 |
TABLEAU V
Rugosité en fonçage cône 15° |
COMPOSITION |
RUGOSITE Ra an µm |
|
MINI |
MAXI |
MOYENNE |
REF 1 |
4,5 |
5,6 |
5,2 |
A |
4,6 |
7,4 |
6,0 |
B |
4 |
7,5 |
6,1 |
b. Notation des copeaux
[0070] Pour chacune des opérations les copeaux obtenus ont été notés. La description de
l'aspect des copeaux et les appréciations ont été rassemblées dans le tableau IV
TABLEAU VI
|
OPERATION |
PERLAGE |
CHARIOTAGE |
FONÇAGE CONE 15° |
FONÇAGE GORGE |
TRONÇONNAGE |
FONÇAGE TRAPEZOIDALE |
REF 1 |
DESCRIPTION DES COPEAUX |
hélice de petit φ long., hélice cyl. court |
hélice cyl. court |
enroule conique court |
hélice cyl. court |
hélice de petit φ long. hélice cyl. court |
spirale |
APPRECIATION |
mauvais à acceptable |
acceptable |
acceptable |
acceptable |
mauvais à acceptable |
bon |
A |
DESCRIPTION DES COPEAUX |
hélice cyl. court |
hélice cyl. court |
enroulé conique court |
spirale |
hélice cyl. court |
spirale |
APPRECIATION |
acceptable |
acceptable |
acceptable |
bon |
acceptable |
bon |
B |
DESCRIPTION DES COPEAUX |
hélice cyl. court |
hélice cyl. court |
enroulé conique |
spirale |
hélice cyl. court |
spirale |
APPRECIATION |
acceptable |
acceptable |
acceptable |
bon |
acceptable |
bon |
[0071] Les copeaux obtenus avec les fluides d'usinage aqueux A et B sont de qualité au moins
équivalente et souvent meilleure que celle des copeaux obtenus avec le fluide d'usinage
de l'art antérieur.
[0072] La bonne qualité des copeaux obtenus avec les fluides d'usinage A et B démontre bien
les propriétés tout à fait satisfaisantes de réfrigération et de lubrification de
ceux-ci.
c. Pour les opérations de filetage et de taraudage, les filets obtenus ont été évalués.
[0073]
TABLEAU VII
|
|
TARAUDAGE |
FILETAGE |
REF 1 |
DESCRIPTION FILET |
faible arrachement sur flancs de filet |
faible arrache-ment sur flancs de filet |
APPRECIATION |
assez bon |
assez bon |
A |
DESCRIPTION FILET |
faible arrachement sur flancs de filet |
faible arrachement sur flancs de filet |
APPRECIATION |
assez bon |
assez bon |
B |
DESCRIPTION FILET |
faible arrachement sur flancs de filet |
faible arrachement sur flancs de filet |
APPRECIATION |
assez bon |
assez bon |
[0074] Au regard de l'aspect des filets en filetage et en taraudage, après examen au microscope
de la pièce usinée, les fluides d'usinage A et B se révèlent tout à fait comparables
à ceux de l'art antérieur.
d. On peut encore comparer les fluides d'usinage A et B et les fluides d'usinage selon
l'art antérieur en production réelle et par opérations principales.
[0075] Les valeurs en production réelle sont rassemblées dans le tableau VIII.
TABLEAU VIII
|
NBRE DE PIECES USINEES |
INDICE DE PRODUCTION |
INCIDENTS |
REF 1 |
40 |
100 % |
Morts d'outil en taraudage |
A |
35 |
88 % |
Morts d'outil en taraudage |
B |
73 |
182,5 % |
Morts d'outil en fonçage gorge trapézoïdal |
[0076] Le tableau VIII met en évidence le nombre de pièces usinées jusqu'à la mort d'un
des outils, ainsi que la nature de l'outil défaillant et donne une classification
en terne de performances des fluides d'usinage A et B par rapport au fluide d'usinage
de référence.
[0077] Les valeurs par opérations principales sont rassemblées dans le tableau IX.
[0078] On constate donc que sur le critère de ruptures d'outils le fluide A, en comparaison
du fluide selon l'art antérieur, permet des gains de productivité en fonçage de gorge
1,5, et de bons résultats en perçage.
[0079] On constate également que, toujours sur le critère de ruptures d'outils, le fluide
B, comparativement au fluide d'usinage selon l'art antérieur, permet des gains de
productivité en perçage, en taraudage, en fonçage de gorge 1,5 et en tronçonnage,
et des performances équivalentes en chariotage.
3. RETRAITEMENT DES FLUIDES D'USINAGE
[0080] Les fluides d'usinage selon l'invention ont l'avantage de présenter une séparation
spontanée de phases après un stockage de quelques jours.
[0081] Ceci est illustré par les courbes présentées sur la figure 1, obtenues pour deux
fluides d'usinage aqueux : le fluide B dont la composition a déjà été donnée dans
le tableau I, et le fluide C dont la composition est la suivante :
|
% en poids |
Huile minérale ENERPAR (BP) |
4,07 |
β-cyclodextrine KLEPTOSE (ROQUETTE FRERES) |
1 |
LUBRIZOL 5329 (LUBRIZOL) |
1,05 |
Gomme de xanthane |
0,09 |
Eau |
93,79 |
[0082] Le mode de préparation de ce fluide C est identique à celui des fluides A et B.
[0083] Ainsi, on observe sur la courbe relative au fluide B qu'après 20 jours au repos,
80 % du volume ce ce fluide est constitué d'une phase aqueuse, sur laquelle surnage
donc une émulsion concentrée huile/BCD.
[0084] De même, la courbe relative au fluide C montre qu'après 20 jours au repos, la phase
aqueuse représente 50% du volume de ce fluide.
[0085] Chacune des phases peut donc être facilement récupérée pour être filtrée.
[0086] L'émulsion surnageante concentrée est alors cassée selon des moyens connus : il peut
s'agir d'un moyen chimique (rupteur d'émulsion tel que l'acide sulfurique), mécanique,
enzymatique et/ou thermique.
[0087] Ainsi, les émulsions surnageantes des fluides B et C ont été additionnées de 1,5
% d'acide sulfurique pur, puis chauffées à 118°C pendant 15 minutes et enfin soumises
à une action centrifuge (centrifugeuse SORVALL RC5C - 1200 m/s2), ce qui a permis
la récupération totale de l'huile.
[0088] L'huile ainsi récupérée peut éventuellement être réutilisée dans la même application.
4. EVALUATION DE LA STABILITE MICROBIOLOGIQUE DES FLUIDES D'USINAGE
[0089] Outre les performances techniques et la facilité de retraitement des fluides d'usinage,
leur stabilité vis-à-vis des microorganismes a été étudiée. Cette stabilité a été
suivie sur les fluides A et B qui ne contiennent pas d'agent conservateur, mis en
service pendant environ six mois.
[0090] Le fluide d'usinage aqueux pris en référence est obtenu par dilution d'une huile
paraffinique adjuvantée extrême-pression et contenant un agent conservateur. Sa matière
sèche est de 5 % (REF 2).
[0091] Le nombre de germes aérobies, de moisissures, de levures, de bactéries anaérobies
et de bactéries anaérobies sulfatoréductrices a été évalué. Les valeurs sont rassemblées
dans le tableau X.
[0092] A travers ce tableau on constate la bonne stabilité vis-à-vis des microorganismes
des fluides d'usinage A et B.
5. EVALUATION DES CARACTERISTIQUES EXTREME-PRESSION DES FLUIDES D'USINAGE
[0093] De nouveaux fluides d'usinage conformes à l'invention sont préparés selon un mode
identique à celui utilisé pour les fluides A et B.
[0094] La formulation de ces fluides est donnée ci-dessous:
TABLEAU XI
FORMULATIONS |
MARQUE DE FABRIQUE |
D % pds |
E % pds |
F % pds |
G % pds |
Huile végétale |
METILOIL (ATO) |
1,79 |
1,62 |
- |
4,12 |
Extrait de corps gras du lait * |
|
- |
- |
1,75* |
- |
β-cyclodextrine |
KLEPTOSE B ROQUETTE |
0,88 |
0,8 |
3,25* |
2,04 |
Inhibiteur de corrosion |
LUBRIZOL 5323 |
0,26 |
0,23 |
0,60 |
0,6 |
Gomme de xanthane |
|
0,039 |
0,035 |
0,09 |
0,09 |
Savon de Tall-oil |
DAUDRUY |
0,026 |
0,023 |
- |
0,06 |
Agent extréme pression Paraffine chlorée |
ANGLOMOL 40 (LUBRIZOL) |
- |
0,27 |
- |
0,69 |
Eau |
|
97 |
97 |
94,3 |
92,4 |
* L'extrait de corps gras du lait du fluide F est constitué essentiellement par du
cholestérol, des acides gras et des triglycérides obtenus selon la technique décrite
par exemple dans la demande de brevet européen n° 406 101 et utilisant la β-cyclodextrine
comme agent d'extraction. Selon cette technique, l'extrait de corps gras se trouve
en grande partie inclus dans la β-cyclodextrine, et ce sont ces composés d'inclusion
qui sont utilisés tels quels dans le fluide d'usinage F. |
[0095] Les caractéristiques extrême-pression des fluides D à G, ainsi que du fluide B, sont
évaluées selon la méthode FALEX (norme ASTM D3233). Le test consiste à faire tourner
un arbre en acier à 290 tours par minute entre deux blocs stationnaires en forme de
V, l'ensemble étant immergé dans la formulation à tester. Une charge est appliquée
sur les blocs en forme de V, cette charge augmentant régulièrement avec un incrément
de 250 lbs et étant maintenue constante pendant 1 minute à chaque incrément. La charge
de grippage obtenue permet d'évaluer les propriétés lubrifiantes de la formulation
testée et sa résistance à la détérioration.
[0096] Les performances des fluides B, D, E, F et G sont rassemblées dans le tableau XII.
[0097] Les deux références retenues ici sont d'une part le fluide de coupe adjuvanté extrême-pression
REF 1, et d'autre part le fluide de coupe adjuvanté extrême-pression défini au point
4, et dont la matière sèche est à présent de 3 % (REF 3).
TABLEAU XII
|
REF 1* |
REF 3* |
B |
D |
E* |
F |
G* |
ESSAI 1 (en lbs) |
2 200 |
1 600 |
1 550 |
1 800 |
1 600 |
1 600 |
1 950 |
ESSAI 2 (en lbs) |
2 100 |
1 650 |
1 550 |
1 850 |
1 500 |
1 500 |
1 850 |
* présence d'adjuvants extrême-pression. |
[0098] A la lecture de ces résultats, on constate que les fluides d'usinage aqueux B, D
et F, qui ne sont pas adjuvantés extrême-pression, présentent des performances parfaitement
similaires à celles des fluides de coupe selon l'art antérieur REF 1 et REF 3 adjuvantés
extrême-pression.
[0099] On constate également que pour une matière sèche donnée (environ 7 %), l'adjuvantation
en agent extrême-pression du fluide G n'apporte pas d'amélioration remarquable des
performances par rapport à celles du fluide B.
[0100] Enfin, il faut noter que l'absence d'adjuvants extrême-pression dans les fluides,
constitue un avantage supplémentaire car ceux-ci ne développent pas d'odeurs nauséabondes
après un repos prolongé de quelques jours, odeurs caractéristiques des fluides de
coupe adjuvantés extrême-pression.