[0001] L'invention concerne les dispositifs permettant à des personnes même non entraînées
d'atteindre des sites rocheux peu accessibles.
[0002] Le terme de "patrimoine culturel" a longtemps été réservé à des bâtiments à haute
valeur historique, ou à des sites prestigieux. Ce n'est que depuis peu que l'on s'est
rendu compte que ce concept un peu abstrait pouvait s'appliquer à une multitude de
supports plus concrets.
[0003] On considère désormais comme faisant également partie du patrimoine culturel, des
réserves naturelles, des sites propices à la pratique de sports particuliers, des
curiosités dites "locales", etc.
[0004] Certains de ces sites sont pourvus d'une valeur touristique non négligeable, et il
y a lieu de les préserver.
[0005] L'invention a pour but à la fois la mise en valeur et la préservation de sites rocheux.
[0006] Soumis à l'agression permanente des conditions atmosphériques, des installations
artisanales ne résistent souvent que quelques saisons devenant ensuite par elles-mêmes
une source d'accident possible.
[0007] On a cherché à développer, dans le cadre d'un tourisme respectueux des cadres et
des paysages, un dispositif qui permet à des personnes non spécialement formées d'emprunter
en toute sécurité des parois rocheuses jusqu'à présent inaccessibles par tout autre
moyen d'accès.
[0008] Le principe des échelles fixes est largement connu et exploité dans des secteurs
qui n'ont que peu de rapports avec le cadre de l'invention.
[0009] On connaît notamment des échelles d'incendie qui sont placées de façon à permettre
l'évacuation de bâtiments.
[0010] On connaît également des échelles utilisées sur des sites industriels, tels que les
usines, les mines etc. Ces échelles sont conçues pour répondre à des normes et à des
structures standardisées, elles ne posent donc pas de réels problèmes ni de placement
ni de poids ni surtout de configuration.
[0011] Poser des échelles permanentes dans des sites touristiques implique qu'on puisse
adapter ces échelles à des parois rocheuses existantes par essence inégales.
[0012] Le premier but de l'invention est la mise au point d'un dispositif d'escalade fixe
qui soit intrinsèquement sûr et fiable.
[0013] En effet, comme il s'agit d'un dispositif fixe, il doit pouvoir se passer d'entretien,
résister à l'usage... et surtout aux mauvais traitements que lui infligeraient, délibérément
ou par ignorance, des usagers peu respectueux, ce qui est rendu par le terme anglais
"foolproof" (à l'épreuve des inconscients).
[0014] Un autre but de l'invention est que le dispositif soit discret: il doit pouvoir s'intégrer
dans le paysage en y causant un minimum de fausses notes.
[0015] Un autre but est qu'il soit d'un placement aisé, puisqu'il est destiné à des sites
à priori peu accessibles et qu'il ne peut dégrader.
[0016] L'objet de l'invention est un dispositif destiné à être fixée de façon permanente
à une paroi rocheuse qui comprend une succession de modules articulables les uns par
rapport aux autres. Ces modules comprennent une échelle, une cage de protection, une
rambarde supérieure, au moins un clapet de sécurité apte à se rabattre vers le haut,
des pattes de fixation aptes à les solidariser à la paroi rocheuse par des moyens
d'ancrage.
[0017] D'autres particularités et avantages de l'invention ressortiront de la description
ci-après d'une série de réalisations particulières, référence étant faite aux dessins
annexés dans lesquels:
la Fig. 1 est une vue latérale schématique d'une échelle suivant l'invention accrochée
à une paroi rocheuse;
la Fig. 2 est une vue en perspective de certains éléments de l'échelle de la Fig.
1;
la Fig. 3 est une vue latérale des éléments supérieurs de l'échelle de la Fig. 1;
la Fig. 4 est une vue d'en haut de l'échelle de la Fig. 1.
[0018] La Fig. 1 est une représentation schématique du dispositif suivant l'invention 1
mis en place contre une paroi rocheuse 2.
[0019] La paroi rocheuse 2 assumant sa forme naturelle, le dispositif est formé de modules
4, 6, 8 reliés les uns aux autres par des articulations de façon à suivre la pente
naturelle de la paroi 2.
[0020] La séparation en modules permet un acheminement aisé du dispositif à l'état démonté
vers le site choisi.
[0021] Le dispositif est placé de façon à permettre à des grimpeurs de franchir des sites
trop dangereux pour grimpeurs surtout néophytes. Il s'agit notamment de passages et
de falaises en roches de mauvaise qualité. Ces roches, tels les schistes et phyllades,
sont trop friables pour permettre une bonne escalade, mais assez solides néanmoins
pour accepter des ancrages de qualité. Vu la nature des roches, on n'utilise en général
pas des ancrages à expansion mais des forages avec tiges filetées d'une longueur suffisante.
Des pattes 12 permettent de relier chaque module 4, 6, 8 à la paroi rocheuse 2 en
dépit de ses irrégularités de surface.
[0022] On voit sur la Fig. 1 trois modules présentant des caractéristiques différentes:
un module inférieur 4, un module médian 6 et un module supérieur 8 débouchant sur
une plate-forme 14.
[0023] Les éléments de chaque module seront décrits en se référant plus particulièrement
aux Figs. 2, 3 et 4.
[0024] Le dispositif 1 se présente grosso modo comme une échelle industrielle. Il est réalisé
en pliant et soudant entre eux des tiges en acier de type Torbar®. Bien qu'il soit
possible d'utiliser d'autres types de matériaux métalliques (éléments en général galvanisés
par bain ou métallisés à chaud), ces tiges présentent l'avantage d'offrir outre une
bonne résistance aux conditions climatiques, une excellente surface de préhension.
La longueur du dispositif 1 peut atteindre, à la demande, 10 à 15 mètres, avec des
modules de longueur adaptée à la configuration et au type de rocher. On prévoit généralement
des modules en progression de 1 m depuis 3,2 m jusqu'à 15 m (15 m étant la limite
prévue par la législation du travail). 4,20 m par module constitue un bon compromis
du point de vue du poids et de la facilité de placement.
[0025] Le module inférieur 4 se termine par une échelle 16 proprement dite; la cage de protection
18 qui équipe les modules médians et supérieurs commencent à une hauteur d'environ
2 m du sol, de façon à permettre un engagement dans les deux sens de progression,
vers le bas et vers le haut.
[0026] Le dispositif comprend, suivant la longueur de la cage 18, une série de clapets de
sécurité 20.
[0027] Le module supérieur 8 du dispositif est surmonté par une rambarde supérieure complexe
22 qui comprend un garde corps 24 perpendiculaire à la roche, destiné à guider l'usager
hors de la zone dangereuse que constitue, à la montée, la sortie de l'échelle 16,
qui jouxte le dessus de la falaise 2. A la descente, ce garde-corps 24 guide l'usager
vers un marche-pied 26 où il est obligé de pivoter, exécutant un demi-tour qui le
place face à l'échelle 16 pour entamer la descente. La présence d'une rampe inclinée
27 l'oblige également à adopter une position de descente correcte.
[0028] Comme on le voit à la Fig. 2, deux ailes 28 sont disposées en garde-fou à environ
35° d'angle par rapport au plan des échelons; elles forment un "V" ayant pour fonction
d'empêcher le grimpeur d'approcher plus qu'il n'est nécessaire le dessus de la falaise
2 et/ou de rater le dessus de l'échelle 16 avec les conséquences que l'on peut imaginer.
Ces accessoires assurent la sécurité passive du dispositif 1 en obligeant le grimpeur
à adopter une position correcte pour entamer sa descente dans la cage 18 en empoignant
les barres supérieures.
[0029] Pour empêcher une chute arrière, il est prévu un dispositif de sécurité active en
l'occurrence un "clapet de sécurité" 20.
[0030] Ce clapet 20 s'ouvre uniquement vers le haut pour laisser passer quelqu'un (le cas
échéant, avec un sac à dos).
[0031] Ce clapet 20 comporte à son extrémité une barre 21 en forme de lyre.
[0032] Comme on le remarque plus particulièrement à la Fig. 4, le clapet 20 n'occupe pas
toute la longueur du passage entre l'échelle 16 et la cage de protection 18. Il ne
constitue pas un obstacle lorsqu'un grimpeur monte ou descend en se servant normalement
de l'échelle 16. Il ne s'oppose pas au passage d'un grimpeur, même chargé d'un sac
à dos, progressant vers le haut.
[0033] Un grimpeur progressant vers le bas peut s'y engager jusqu'à la taille et le rabattre
aisément vers le haut. Cette manoeuvre n'est même pas nécessaire si le grimpeur est
de corpulence mince. Il s'oppose par contre à une descente "anormale", limitant de
façon draconienne les possibilités de chutes et leurs conséquences.
[0034] Il est à remarquer que les dimensions et la forme du clapet 20 lui permettent de
se refermer sans toucher la tête du grimpeur.
[0035] L'extrémité des "cornes" de la lyre 21, arrondie, s'étend à l'extérieur du périmètre
délimité par la cage de protection 18, ce qui exclut tout risque d'accrocher un grimpeur.
Le débattement angulaire alloué au clapet 20 et la position de son centre de gravité
l'empêchent d'atteindre un point d'équilibre en position ouverte, ce qui implique
qu'il est toujours en position active, c'est-à-dire en substance horizontal. Par ailleurs,
cette conception empêche que des grimpeurs situés en amont ne le fassent retomber
sur la tête d'un grimpeur en aval. La lyre est aussi la seule pièce creuse, ce qui
en limite la force d'inertie susceptible sinon d'occasionner des blessures. Un contre-poids
ou un dispositif à friction peut également limiter son énergie cinétique.
[0036] On prévoit généralement un clapet 20 dans des modules de 4,20 mètres, deux dans des
modules de 6,2 mètres et trois lorsque les modules atteignent 9,20 mètres de façon
à parer à tout danger de chutes à tout niveau.
[0037] L'ensemble de ces systèmes de protection permet d'assurer la sécurité des grimpeurs
et de diffuser une image positive du parcours à effectuer. Ce dernier peut multiplier
les éléments de protection pour aider les néophytes (touristes, etc)à aborder des
zones de progression qui leur semblaient inaccessibles auparavant, augmentant progressivement
leur confiance en soi sans leur faire courir de risques excessifs.
[0038] Un avantage de l'invention est d'offrir à la fois une sécurité active et passive.
Le dispositif 1 a de surcroît un rôle sélectif dans ce sens que s'il doit être accessible
à la majorité des personnes concernées, il ne doit cependant pas permettre l'accès
à des personnes qui n'ont pas la condition physique minimum nécessaire.
[0039] La cage de protection 18 peut être soudée à l'origine à l'échelle 16 de son module
comme représenté aux Figs. 1 et 2. Toutefois, pour des raisons de poids et de maniabilité,
on prévoit généralement (voir Fig. 3) un montage par brides 30.
[0040] La cage de protection 18 présente un nombre de barres transversales restreintes,
ce qui limite la possibilité de l'escalader par l'extérieur et autres utilisations
abusives, et rend sa présence aussi discrète que possible pour les grimpeurs immergés
dans un cadre naturel. Le nombre de barreaux verticaux est déterminé en fonction des
impératifs de sécurité.
[0041] Les essais pratiques privilégient une dimension de la cage de ± 80 cm de largeur
et de 90 cm de long (distance par rapport aux échelons). Ces dimensions permettent
à des personnes corpulentes d'emprunter les itinéraires prévus sans éprouver de sensation
de coincement, et de même pour des personnes d'une conformation normale munies d'un
sac à dos de 40 litres convenablement bouclé.
[0042] Des biellettes 31 sont disposées entre les éléments de cages 18 des modules 6 et
8 successifs, de façon à assurer une continuité de la protection et la reprise des
sollicitations.
[0043] Certains sites doivent pouvoir être rendus inaccessibles à certaines périodes, par
ordre des administrations chargées de la gestion du patrimoine naturel (notamment,
les Eaux et Forêts pendant la période de reproduction des animaux) ou en cas de conditions
climatiques défavorables (verglas, chutes de neige..). En conséquence, le premier
segment de la cage de protection 18 est pourvu à sa base d'une grille de fermeture
32 qui peut être verrouillée par tout moyen approprié.
[0044] Le rocher décidant de sa forme souverainement, c'est au dispositif 1 dans son ensemble
qu'il échoit de s'adapter à sa silhouette.
[0045] Des points d'articulation 10 permettent un débattement angulaire positif ou négatif
d'environ 20° permettant de maintenir le centre de gravité du dispositif le plus près
possible de la paroi, élément important de la sécurité et de la pérennité du dispositif.
[0046] Il est important aussi psychologiquement que les grimpeurs restent en proche contact
avec la roche.
[0047] La roche présentant par nature une surface irrégulière et souvent de qualité inégale,
chaque module y est fixé par une série de pattes 12 dont la longueur et l'orientation
peuvent être ajustés au montage. Dans leur forme la plus simple (voir Fig. 2) ces
pattes 12 se présentent sous la forme de fers perforés en L; la hampe de ce L a une
longueur suffisante pour atteindre un point d'accrochage distant de 0,5 m de l'échelle.
[0048] Des orillons 34 perforés sont disposés en quinconce sur la face des montants de l'échelle
16 tournée vers la roche. Les pattes 12 nécessaires pour assurer une bonne assise
de chaque module sont reliées à ces orillons 34.
[0049] On peut également prévoir des rotules. Le système d'ancrage doit évidemment être
adapté à la qualité de la roche. Pour parer à tout risque de dégradation volontaire
ou non, les boulons utilisés sont de type autobloquant. On peut également utiliser
tous types de tête non démontables et/ou un blocage à l'époxyde.
[0050] La sécurité des parcours desservis par des dispositifs 1 tels que décrits ci-dessus
peut être complétée par l'adjonction d'éléments modulaires de la même conception (rampes,
rambardes) assortis, rendus solidaires de ces dispositifs 1.
[0051] L'ensemble des composants du dispositif, après application du traitement anti-corrosion,
est peint en reprenant un ton de base proche de celui de la roche environnante, complété
le cas échéant de motifs reprenant des techniques de camouflage. La structure, au
demeurant très légère, devient ainsi pratiquement indécelable à une distance de 15
mètres.
[0052] On conçoit que le dispositif décrit ci-dessus pour une paroi rocheuse peut également
être utilisé dans des sites similaires tels que des grottes etc.
1. Un dispositif d'escalade fixe pour fixation à une paroi irrégulière (2) qui comprend
une succession de modules (4, 6, 8) articulés entre eux, ce dispositif (1) comprenant
une échelle (16), une cage de protection (18), une rambarde supérieure (22), des pattes
de fixation (12) aptes à solidariser chaque module à la paroi (2) par des moyens d'ancrage.
2. Dispositif d'escalade suivant la revendication 1, caractérisé en ce que la cage de
protection (18) comprend au moins un clapet de sécurité (20).
3. Dispositif d'escalade suivant la revendication 2, caractérisé en ce que chaque clapet
de sécurité (20) comprend un axe de rotation situé sur la paroi de la cage (18) opposée
à l'échelle (16) un organe en forme de lyre (21) à son extrémité distale, la pointe
des cornes de cette lyre (21) dépassant de la largeur de la cage (18), des moyens
de butée lui imposant, au repos, une position transverse par rapport à l'axe de la
cage (18) le rayon de la base de la lyre (21) étant inférieur à la longueur de la
cage (18).
4. Dispositif d'escalade suivant la revendication 3, caractérisé en ce que le dispositif
dans son ensemble comprend au moins un clapet de sécurité (20) par module (6, 8).
5. Dispositif d'escalade suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que la cage (18) d'un module (8, 6, 4) est solidarisée à l'échelle (16) de ce
module par des brides (30).
6. Dispositif d'escalade suivant l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé
en ce que la cage (18) d'un module (8, 6) est soudée à l'échelle (16) de ce module.
7. Dispositif d'escalade suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que les cages (18) de deux modules successifs (8, 6) sont solidarisées entre
elles par des biellettes (31).
8. Dispositif d'escalade suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que le module supérieur (8) comprend une rambarde (22) comprenant deux garde-corps
(24) perpendiculaires au plan de l'échelle (16) une rampe inclinée (27) se raccordant
à la cage (18) et des ailes en V (18).
9. Dispositif d'escalade suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que son module inférieur (4) comprend une échelle (16) dépourvue de cage (18)
sur un minimum de 1,5 mètre.
10. Dispositif d'escalade suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que chaque patte de fixation (12) est reliée à un support (34) disposé en quinconce
le long des rampes de l'échelle (16).