[0001] L'invention concerne les outils d'emboutissage de tôles d'acier en béton hydraulique
et les procédés de fabrication de ces outils.
[0002] L'emboutissage consiste à fabriquer, à partir d'une feuille prédécoupée de métal
de faible épaisseur appelée « flan », une pièce de forme complexe non développable
appelée «embouti».
[0003] Une installation d'emboutissage comporte plusieurs outils d'emboutissage : un « poinçon
» doté d'une « tête », une « matrice » dotée d'un « fond » et un « serre-flan » ;
la tête de poinçon et le fond de matrice sont façonnés selon la forme complexe de
l'embouti à obtenir, et selon une forme complémentaire adaptée pour pouvoir obtenir
un emboîtement complet de la tête de poinçon dans le fond de matrice.
[0004] Pour obtenir un embouti selon l'empreinte du fond de matrice (ou de la tête de poinçon)
à partir d'un flan prédécoupé, pendant que l'on maintient le flan dans le serre-flan,
à l'aide de la tête de poinçon, on entraîne le flan vers le fond de matrice jusqu'à
engagement et emboîtement complet de la tête dans le fond.
[0005] Pour la production d'emboutis en grande série, on utilise généralement des outils
d'emboutissage en fonte ou en acier.
[0006] Pour la production d'emboutis en petite et moyenne série, on peut utiliser des outils
d'emboutissage moins onéreux, par exemple en résine, directement moulée ou usinée
selon la forme de l'outil, ou en béton hydraulique ou de résine coulé sur un « gel
coat » (en langue anglaise) de surface.
[0007] Cependant, étant donné les faibles caractéristiques mécaniques de ces matériaux au
niveau de la « surface travaillante » de ces outils, ces outils s'usent rapidement
au contact des tôles à emboutir, ce qui conduit à des séries trop courtes d'emboutissage.
[0008] Pour améliorer l'état de surface et la résistance à l'usure de ces outils, il est
donc nécessaire de renforcer ces matériaux, au niveau des surfaces travaillantes,
en les dotant d'une « peau » ou « coque » métallique, comme décrit par exemple :
- dans le document FR 2 669 842 pour du béton de résine,
- dans le document US 1 935 916 pour du béton hydraulique,
- ou dans l'article intitulé «A functional approach to die and process development :
the « composite » die and hydroforming » - Auteurs : G.GALLINARO - Revue : ATA - Ingegneria
Automotoristica, Novembre-Décembre 1997, vol.50, n°11/12, pp.635-646.
[0009] La « peau » ou « coque » métallique sert alors de support au béton hydraulique ou
de résine et forme, au moins partiellement, la « surface travaillante » de l'outil
qui vient au contact de la tôle en cours d'emboutissage.
[0010] La coque métallique peut être préparée par emboutissage, par projection de particules
métalliques comme décrit dans le document FR 2 669 842, par électrodéposition, ou
par dépôt en phase vapeur, voire par d'autres méthodes.
[0011] Cette coque métallique présente en général plus de 1 mm d'épaisseur.
[0012] L'invention concerne un outil d'emboutissage en béton hydraulique doté d'une peau
métallique.
[0013] Pour fabriquer un outil d'emboutissage en béton hydraulique dont la surface destinée
à venir au contact du flan de tôle à emboutir est couverte au moins partiellement
d'un coque métallique, on connaît un procédé comprenant les étapes consistant à :
- préparer une coque métallique présentant une face dite « externe » correspondant à
la forme prédéterminée de l'embouti et une face opposée dite «interne»,
- préparer un moule pour l'outil d'emboutissage en utilisant ladite coque comme fond
ou élément de moule, face interne tournée vers l'intérieur du moule, et en utilisant,
le cas échéant, d'autres éléments de moulage,
- couler dans ledit moule une composition de préparation dudit béton, et solidifier
ladite composition,
- démouler ladite composition solidifiée en enlevant les éventuels autres éléments de
moulage, tout en maintenant la coque en place liée par collage au béton solidifié.
[0014] La coque métallique et le béton ont des caractéristiques mécaniques très différentes
; au cours d'un cycle d'emboutissage, notamment en fin de cycle, l'interface coque-béton
est sollicité par des contraintes de cisaillement très importantes, notamment dans
les zones présentant un petit rayon de courbure ; ces fortes sollicitations peuvent
provoquer des ruptures locales de liaison entre le béton et la coque, ce qui limite
les performances de l'outil.
[0015] Pour renforcer la liaison coque-béton dans le cas où on utilise du béton de résine,
selon le document FR 2 669 842, avant de couler le béton de résine, on coule une couche
intermédiaire de résine de liaison compatible avec la résine du béton (voire page
4, lignes 27 à 32).
[0016] Pour renforcer la liaison coque-béton dans le cas où on utilise du béton hydraulique,
selon le document US 1 935 916, la face interne de la coque métallique est dotée de
moyens mécaniques d'ancrage du béton (voir page 2, lignes 61 à 67) ; préalablement
au coulage du béton, on n'applique pas de composition de collage.
[0017] Si le collage est une technique de liaison bien adaptée au béton de résine, elle
est mal adaptée au béton hydraulique car, en coulant du béton hydraulique sur une
couche de colle, l'eau de la composition de béton empêcherait d'obtenir une liaison
suffisamment résistante à l'interface colle-béton.
[0018] On a effet constaté que la liaison entre une colle et un béton « frais » ou « humide
» présentait en général des performances bien moindres, en termes de résistance au
cisaillement, que la liaison entre la même colle et un béton « ancien », c'est à dire
béton « pris » et sec : l'exemple 1 ci-après illustre cette dégradation de performance.
[0019] On est donc dissuadé d'utiliser la technique de collage lorsqu'on utilise du béton
hydraulique.
[0020] Par ailleurs, le document US 1 935 916 décrit des moyens mécaniques d'ancrage directement
arrimés à la coque métallique (référence 16 sur les figures) ; un tel mode de liaison
coque-béton est donc très onéreux.
[0021] L'invention a pour but d'améliorer économiquement la liaison coque-béton d'un outil
d'emboutissage en béton hydraulique et d'améliorer les performances de cet outil.
[0022] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de fabrication d'un outil d'emboutissage
en béton hydraulique, adapté à la préparation d'emboutis de forme prédéterminée à
partir de flans de tôle, outil dont la surface destinée à venir au contact du flan
de tôle à emboutir est couverte au moins partiellement d'une coque métallique, comprenant
les étapes consistant à :
- préparer ladite coque métallique de manière à ce qu'elle présente une face dite «externe»
correspondant à la forme prédéterminée de l'embouti et une face opposée dite « interne
»,
- préparer un moule pour l'outil d'emboutissage en prenant ladite coque comme fond ou
élément de moule, face interne tournée vers l'intérieur du moule,
- couler dans ledit moule une composition de préparation dudit béton comprenant des
granulats,
- solidifier ladite composition,
caractérisé en ce que, préalablement à l'étape de coulage, on applique, sur ladite
face interne, une composition de collage comprenant une phase liquide de colle et
une phase solide adaptée pour former des moyens mécaniques d'ancrage au béton.
[0023] Le terme « phase liquide de colle » désigne une colle classique applicable sous forme
liquide.
[0024] Le terme « phase solide » désigne des éléments d'ancrage qui sont dispersés de manière
homogène dans la composition de collage.
[0025] Grâce à ce procédé de fabrication, on obtient une liaison économique et très résistante
entre la coque métallique et le béton.
[0026] Comme moyen mécanique d'ancrage, on peut utiliser des granulats minéraux classiques,
ce qui est très économique ; pour renforcer encore la liaison coque-béton, on utilise
de préférence des granulats de même nature que ceux de la composition de béton ; la
granulométrie des granulats de la composition de collage est adaptée pour que les
granulats émergent partiellement de la phase liquide de la composition de collage,
après application.
[0027] D'autres caractéristiques avantageuses du procédé selon l'invention sont indiquées
dans les revendications dépendantes.
[0028] Dans le cas où la coque est préparée par électrodéposition, l'invention peut également
présenter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :
- l'étape de préparation de la coque comprend les étapes consistant à :
- réaliser une réplique présentant une surface correspondant à la forme prédéterminée
de l'embouti,
- le cas échéant, rendre conductrice ladite surface de la réplique,
- revêtir ladite surface de réplique ou, le cas échéant, ladite surface conductrice,
d'une couche métallique par électrodéposition jusqu'à former une coque métallique,
la face interne de la coque correspondant alors au dépôt métallique de fin d'électrodéposition.
- ladite couche métallique est à base de nickel et l'électrodéposition est réalisée
dans un bain d'électrodéposition à base de sulfamate de nickel.
- ladite couche métallique est à base de cuivre.
- ladite réplique est en matériau polymère et/ou la surface conductrice de la réplique
comprend du graphite.
[0029] L'invention a également pour objet un outil d'emboutissage en béton hydraulique dont
la surface destinée à venir au contact du flan de tôle à emboutir est couverte, au
moins partiellement, d'une coque métallique liée au béton, susceptible d'être obtenu
par le procédé selon l'invention, caractérisé en ce que ladite coque est liée au béton
à l'aide de moyens de collage comprenant des moyens mécaniques d'ancrage au béton.
[0030] D'autres caractéristiques avantageuses de l'outil d'emboutissage selon l'invention
sont indiquées dans les revendications dépendantes.
[0031] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre où la
coque est préparée par électrodéposition, cette description étant donnée à titre d'exemple
non limitatif.
[0032] Les exemples qui suivent cette description servent à l'illustrer plus précisément,
toujours à titre non limitatif et en référence :
- à la figure 1 qui est un schéma de principe des essais de cisaillement de l'exemple
1.
- aux figures 2 à 4 qui correspondent à différentes étapes de fabrication d'un outil
d'emboutissage par le procédé selon l'invention tel que décrit à l'exemple 2 : figure
2 : réalisation de la réplique - figure 3 : fabrication de la coque - figure 4 : outil
d'emboutissage selon l'invention.
[0033] Le procédé de fabrication d'outil d'emboutissage selon l'invention comprend donc
principalement les étapes suivantes : préparation de la coque métallique, préparation
d'un moule de coulée du béton intégrant cette coque, préparation d'une composition
de béton, préparation et application d'une composition de collage pour la liaison
béton-coque, coulée du béton, solidification du béton et réticulation de la colle,
démoulage du béton.
[0034] Pour préparer une coque métallique par électrodéposition ou électroformage, le document
DE 40 21 384 décrit un procédé comprenant les étapes consistant à :
- réaliser une réplique présentant une surface correspondant à la forme prédéterminée
de l'embouti,
- le cas échéant, rendre conductrice ladite surface de la réplique,
- revêtir ladite surface conductrice d'une couche métallique par électrodéposition jusqu'à
former une coque métallique,
la face interne de la coque correspondant alors à l'épaisseur de couche métallique
déposée en fin d'électrodéposition.
[0035] On peut réaliser une réplique par exemple en pré-découpant un bloc de matériau tendre
puis en l'usinant pour l'amener exactement et précisément aux dimensions souhaitées.
[0036] Comme matériau tendre, on peut utiliser un matériau composite à matrice organique,
préparé par exemple à partir d'une résine thermodurcissable additionnée de charges
; si ces charges sont conductrices, on peut obtenir un matériau composite conducteur
du courant électrique.
[0037] On peut également réaliser une réplique par moulage sur un « maître-modèle » d'une
résine, d'un béton de résine ou d'un béton hydraulique sur un « gel-coat » (en langue
anglaise) ou de tout autre matériau compatible avec les contraintes de l'électroformage
; ces contraintes concernent en particulier la température et la chimie du bain d'électrodéposition
et l'état de surface de la réplique.
[0038] L'une des faces de la réplique doit donc correspondre à la forme prédéterminée de
l'embouti ; l'état de cette surface va conditionner celui de la surface de l'outil
d'emboutissage et aussi la facilité de séparation réplique-coque, généralement après
coulée du béton ; il est donc particulièrement important de contrôler cet état de
surface, et des traitements de surface, comme par exemple de polissage, peuvent se
révéler utiles à cette fin.
[0039] Afin de garantir la géométrie de la pièce électroformée, et en particulier lorsque
le dépôt électrolytique est réalisé dans un bain à température différente de la température
ambiante, pour la réplique, il convient d'utiliser un matériau dont le coefficient
de dilatation est proche de celui du métal de la coque, ou de tenir compte de ce coefficent
dans les dimensions initiales de la réplique.
[0040] Ainsi, il est courant de réaliser des coques en cuivre dans des bains d'électrodéposition
à température ambiante, alors que les coques en nickel sont préparées par électrodéposition
à des températures en général plus élevées de l'ordre de 55°C.
[0041] Si le matériau utilisé pour réaliser la réplique n'est pas conducteur, il convient
alors de rendre conductrice la face de la réplique qui correspond à la forme de l'embouti,
de manière à ce que, en plongeant cette surface dans un bain d'électrodéposition,
on puisse faire passer un courant d'électrodéposition entre cette surface et une contre-électrode
plongée dans le bain.
[0042] On peut rendre la surface conductrice par exemple par application d'une couche de
peinture conductrice ou par dépôt chimique ou physique d'un matériau conducteur (argent
ou palladium, par exemple) ; de préférence, le matériau conducteur comprend du graphite.
[0043] Si l'épaisseur de la couche déposée est trop importante au regard des tolérances
dimensionnelles de l'outil, il conviendra d'effectuer auparavant une dépouille de
la surface de la réplique sur une profondeur correspondant à celle de la couche de
peinture ; la qualité de surface de la couche déposée est aussi importante que celle
de la réplique comme précédemment décrit.
[0044] Afin de limiter l'épaisseur de cette couche et d'obtenir une surface conductrice
reproduisant plus fidèlement celle de la réplique, on préfère procéder par dépôt chimique
ou physique, plutôt que par peinture.
[0045] L'étape suivante comprend une opération d'électrodéposition adaptée pour revêtir
la surface conductrice d'une couche métallique d'une épaisseur apte à former la coque
métallique de l'outil d'emboutissage.
[0046] Comme matériau d'électrodéposition apte à former une coque d'outil d'emboutissage,
on peut utiliser du nickel, ou du cuivre, ou des alliages de ces métaux comme de alliages
de nickel-cobalt.
[0047] L'épaisseur de la coque métallique est fonction de la forme de l'embouti, des caractéristiques
mécaniques du béton de l'outil et du métal de sa coque, et des conditions prévues
d'utilisation de l'outil ; ainsi par exemple, des formes complexes d'embouti, présentant
de faibles rayons de courbure, vont provoquer des contraintes importantes sur la coque
et nécessiter une épaisseur plus importante ; l'épaisseur qu'il convient de donner
à la coque peut être évaluée par des méthodes connue en elles-mêmes qui ne seront
pas décrites ici en détail ; cette épaisseur est en général supérieure à 1 mm.
[0048] Pour l'électrodéposition, on plonge donc la surface conductrice dans un bain d'électrodéposition
et on fait passer un courant d'électrodéposition entre cette surface et une contre-électrode
plongée dans le bain.
[0049] Les conditions d'électrodéposition, comme la composition et la température du bain,
comme la densité de courant et la charge d'électrodéposition sont adaptées d'une manière
connue en elle-même en fonction de la composition et de l'épaisseur de la couche métallique
à déposer ; cette couche déposée forme la coque métallique de l'outil d'emboutissage.
[0050] Ainsi, dans le cas de coques en nickel, on utilise de préférence des bains contenant
principalement du sulfamate et du chlorure de nickel, et de l'acide borique ; on peut
ajouter à ces bains des additifs organiques adaptés pour améliorer les propriétés
mécaniques de la coque métallique.
[0051] Le dépôt de début d'électrodéposition étant destiné à constituer la surface travaillante
de l'outil d'emboutissage, les conditions de dépôt sont particulièrement importantes
pendant cette phase ; en particulier, en cas de faible conductivité de la couche conductrice
de la réplique et/ou de manière à obtenir une électrodéposition homogène de bonne
qualité et de faible rugosité, il convient d'appliquer pendant cette phase une densité
de courant très faible, très inférieure à 1 A/dm2 ; on augmente ensuite la densité
de courant selon les performances autorisées par le bain et selon les limites de contraintes
internes autorisées dans l'épaisseur déposée.
[0052] Les bains contenant du sulfamate de nickel permettent d'atteindre des vitesses de
dépôt élevées, ce qui permet de diminuer le coûts de fabrication.
[0053] Pour des densités de courant moyennes généralement inférieures à 10 A/dm2, on peut
ainsi obtenir des couches métalliques épaisses de nickel présentant une dureté Vickers
comprise entre 150 et 250 HV, une contrainte limite d'élasticité comprise entre 250
et 660 MPa, une contrainte limite de rupture comprise entre 370 et 1050 MPa.
[0054] L'addition de cobalt dans le bain permet d'augmenter la dureté du métal obtenu ;
l'augmentation de la densité de courant provoque en général une diminution de la dureté.
[0055] Après électrodéposition, on obtient une coque métallique appliquée contre la réplique
par sa face dite «externe», la surface libre de la coque constituant la face dite
«interne» de la coque qui correspond à l'épaisseur de couche métallique déposée en
fin d'électrodéposition.
[0056] A ce stade, on peut séparer la coque de la réplique ; on préfère cependant effectuer
cette séparation ultérieurement.
[0057] A partir d'éléments de moulage, on prépare alors un moule pour l'outil d'emboutissage,
la coque métallique étant utilisée comme fond ou élément de moule, face « interne
» tournée vers l'intérieur du moule ; d'autres éléments de moulage sont disposés sur
le pourtour de la coque de manière à former un moule adapté aux dimensions de l'outil
d'emboutissage à fabriquer; ces autres éléments peuvent être fixés sur la réplique
de la coque.
[0058] On prépare alors d'une manière connue en elle-même une composition de béton hydraulique
adaptée à la fabrication d'un outil d'emboutissage ; il s'agit en général de composition
dites « BHP » ou Béton Hautes Performances qui contiennent, outre les composants classiques
du béton, à savoir un liant hydraulique et des granulats, de la silice pyrogénée et
un superplastifiant.
[0059] Les granulats sont par exemple constitués de sable et/ou de graviers.
[0060] Pour ces compositions « BHP », la proportion d'eau de gâchage et le retrait à la
solidification sont très faibles.
[0061] La solidification complète de ces bétons peut être obtenue par stockage à température
ambiante pendant au moins 28 jours ; elle peut également être obtenue de manière accélérée
par traitement thermique.
[0062] Pour ces compositions, après solidification complète, on obtient des bétons dont
la contrainte limite de rupture dépasse 50 MPa en compression et 7 MPa en traction.
[0063] De préférence, la composition de préparation de béton qu'on utilise contient des
fibres de renforcement ; ces fibres métalliques permettent de limiter les propagations
de fissures dans le béton, ce qui permet d'augmenter sa résistance à la compression,
surtout à la traction et à la fatigue et d'améliorer encore les performances de l'outil
d'emboutissage.
[0064] On prépare et on applique ensuite une composition de collage sur la face interne
de la coque métallique, en fond ou en élément de moule.
[0065] On procède par exemple comme décrit dans les essais n°4 à 6, ou n°13 à 15 de l'exemple
1 ; selon ces essais conformes à l'invention, pour préparer la composition de collage,
on disperse, dans la phase liquide constituée par une colle classique adaptée au collage
sur béton, une phase solide adaptée pour former des moyens mécaniques d'ancrage au
béton.
[0066] De préférence, cette colle est à base de polymères thermodurcissables, par exemple
de type époxy ; ces types de colles sont généralement bi-composants, le mélange des
composants organiques étant effectué juste avant l'application ; de préférence, cette
colle est adaptée pour réticuler complètement dans les conditions de solidification
du béton.
[0067] Il convient d'éviter l'utilisation de colles à base de polymères thermoplastiques,
car la cohésion coque-béton de l'outil risquerait d'être dégradée par l'échauffement
de l'outil d'emboutissage en cours d'utilisation à cadence élevée, ce qui nuirait
gravement aux performances de cet outil.
[0068] Les moyens mécaniques d'ancrage ont au moins une dimension qui s'étend perpendiculairement
à la surface de la coque métallique de manière à dépasser de la surface de la phase
liquide de la composition de collage après application sur cette coque, de façon à
ce que, après coulée du béton, ces moyens d'ancrage soient noyés pour une partie dans
la couche de colle et pour l'autre partie dans le béton.
[0069] Comme moyens mécaniques d'ancrage, on peut utiliser :
- des éléments isolés, comme les granulats minéraux ou les clous métalliques cités en
exemple 1 ;
- un fil « bi-dimensionnel » du type « fil de fer barbelé » ou un treillis « tridimensionnel
», présentant des éléments régulièrement espacés s'étendant transversalement à la
direction générale respectivement du fil ou du treillis, dont au moins une extrémité
est destinée à être noyée dans le béton.
[0070] L'utilisation de granulats présente un avantage économique et un avantage sur le
plan de l'ancrage dans le béton, notamment quand ces granulats sont de même nature
que ceux du béton.
[0071] Pour appliquer la composition de collage, on commence en général par enduire la face
interne de la coque métallique d'une couche uniforme de colle classique à l'état fluide
et on applique ensuite les moyens d'ancrage en les faisant pénétrer dans la couche
de colle à l'état fluide ; il est très important que ces moyens d'ancrage soient noyés
pour une partie dans la couche de colle et que l'autre partie émerge de la surface
libre de la couche de colle de manière à pouvoir être noyée ultérieurement dans le
béton ; après coulage du béton, les moyens d'ancrage doivent se trouver insérés à
la fois dans l'épaisseur de la couche de colle et dans le béton.
[0072] De préférence, la dimension des moyens d'ancrage qui s'étend perpendiculairement
à la surface de la coque ou à la surface de la couche de colle est supérieure à l'épaisseur
de la couche de colle appliquée.
[0073] Dans le cas de l'utilisation d'éléments d'ancrage isolés, on applique de préférence
ces éléments en les répartissant d'une manière uniforme sur et dans la couche de colle.
[0074] L'avantage de l'utilisation d'un fil ou d'un treillis comme moyen d'ancrage est que
les éléments d'ancrage portés par ce fil ou ce treillis sont régulièrement pré-répartis.
[0075] On peut ensuite procéder à l'opération de coulage de la composition de béton dans
le moule.
[0076] Avant coulage :
- selon la nature de la colle classique utilisée, on peut, d'une manière connue en elle-même,
laisser réticuler partiellement la colle ;
- si besoin, on peut prévoir des armatures de renforcement du béton et des inserts métalliques
que l'on dispose alors dans le moule.
[0077] On coule ensuite la composition de béton dans le moule, on fait vibrer le béton à
l'état fluide de manière à le dégazer et à le densifier, puis on laisse solidifier
ce béton d'une manière connue en elle-même et adaptée à la composition de béton utilisée
; dans les conditions de solidification, la colle de la composition de collage est
complètement réticulée.
[0078] Après solidification ou au moins après début de solidification, alors que la colle
de la composition de collage est complètement réticulée, on peut démouler en enlevant
si nécessaire les autres éléments de moulage, sauf la coque métallique qui est solidarisée
par collage et ancrage avec le béton.
[0079] Lorsque la colle est adaptée pour réticuler complètement dans les conditions de solidification
du béton, il n'est pas nécessaire de prévoir une étape séparée de réticulation après
coulage du béton.
[0080] La colle assure alors une liaison chimique entre la coque et le béton, alors que
les moyens mécaniques d'ancrage assurent essentiellement une liaison mécanique puisqu'ils
sont noyés à la fois dans la couche de colle réticulée et dans le béton solidifié.
[0081] L'avantage à utiliser des granulats comme moyens d'ancrage est que les distances
entre les points d'ancrage sont très faibles, notamment lorsque le diamètre moyen
de ces granulats est relativement faible, c'est à dire par exemple compris entre 1,5
et 3 fois l'épaisseur de la phase liquide de la composition de collage, après application.
[0082] On peut aussi utiliser des granulats non seulement de même nature mais aussi de même
granulométrie que ceux de la composition de béton, ce qui est plus économique.
[0083] Il convient également, si cela n'a pas encore été fait, de séparer la réplique de
la coque métallique, ce qui découvre la surface externe de la coque qui correspond
à la surface travaillante de l'outil d'emboutissage.
[0084] Avantageusement, lorsque la réplique est en matériau polymère et/ou lorsque la couche
conductrice appliquée sur cette réplique est à base de graphite, cette séparation
est facilitée.
[0085] On obtient ainsi un outil d'emboutissage en béton hydraulique, adapté à la préparation
d'emboutis de forme prédéterminée à partir de flans de tôle, outil dont la surface
destinée à venir au contact du flan de tôle à emboutir est couverte, au moins partiellement,
d'un coque métallique.
[0086] La fabrication de l'outil peut être complétée par un léger usinage pour corriger
si besoin les dimensions de l'outil et/ou par un traitement de la surface travaillante
pour la durcir et/ou pour adapter sa rugosité et/ou pour améliorer l'effet de la lubrification
en emboutissage.
[0087] On peut pratiquer sur la coque métallique de l'outil les mêmes traitements de surface
que ceux qu'on utilise sur des outils d'emboutissage classiques en fonte ; pour des
traitements thermiques, il convient de veiller à ne pas atteindre des températures
qui risqueraient de détériorer la colle réticulée de la composition de collage qui
assure la liaison entre la coque et le béton.
[0088] Grâce à l'invention, l'outil d'emboutissage qu'on obtient offre des performances
nettement améliorées par rapport à ceux de même type de l'art antérieur, parce que
la liaison entre la coque et le béton est très résistante, notamment aux contraintes
de cisaillement ; l'amélioration de la résistance de cette liaison par rapport à l'art
antérieur est illustrée à l'exemple 1 ci-dessous.
[0089] Grâce à l'invention, on peut fabriquer, à coût réduit, des outils d'emboutissage
utilisables pour des séries plus importantes de fabrication d'emboutis et/ou pour
des emboutis de formes plus complexes, c'est à dire des formes présentant de petits
rayons de courbure.
[0090] Les exemples suivants complètent la description.
Exemple 1:
[0091] Cet exemple a pour but d'illustrer l'effet des moyens solides d'ancrage ajoutés à
la colle sur la résistance de la liaison entre la coque d'un outil d'emboutissage
et le béton que l'on coule dans cette coque.
[0092] Pour évaluer cet effet, on mesure la résistance au cisaillement de joints de colle
appliqués entre un bloc en béton et une plaque métallique selon le protocole défini
en §1 ci-dessous, pour plusieurs types de joints collés définis en §2 ci-dessous ;
les résultats sont reportés au §3.
1 - Protocole de mesure de la résistance au cisaillement de joints de colle appliqués entre un bloc en béton et une plaque métallique :
Le principe de la mesure est illustré à la figure 1.
1.1- Préparation de l'assemblage d'un bloc 1 de béton et d'une plaque métallique 2 solidarisés à l'aide d'un joint
de colle 3, à caractériser.
La plaque métallique 2 est constituée d'une tôle d'acier nu d'épaisseur 1,5 mm ; la
plaque est dégraissée à l'aide de trichloréthylène.
Après avoir, le cas échéant, mélangé les différents composants de la colle, on enduit
de colle l'une des faces de la plaque 2, le mode d'enduction étant adapté au type
de colle utilisé (voir ci-après).
On applique ensuite, le cas échéant, les moyens mécaniques d'ancrage selon l'invention
(voir ci-après) ; la composition de collage comprend alors la colle elle-même et les
moyens mécaniques d'ancrage.
La préparation de l'assemblage diffère alors selon qu'il s'agit d'assemblage sur béton
« ancien » ou d'assemblage sur béton « humide ».
1.1.1 - Assemblage sur béton « ancien » :
A partir de la composition de béton n°1 (sans fibres) décrite à l'exemple 2 (Tableau
III), on prépare un bloc de béton 1 à faces parallèles ; après maintien au moins 28
jours en salle de conservation, le bloc obtenu présente une résistance à la compression
de l'ordre de 55 MPa.
Pour obtenir l'assemblage, on applique alors la plaque 2 encollée sur l'une des faces
du bloc 1.
Après séchage dans des conditions adaptées à la colle utilisée, la liaison 3 entre
le bloc 1 et la plaque 2 est alors assurée par la composition de collage.
1.1.2 - Assemblage sur béton « humide » :
Sur la face encollée de la plaque 2, et après un début de polymérisation de la colle
(1 à 2 heures suivant le type de colle utilisée), on moule un bloc 1 de béton à partir
d'une composition de béton identique à celle décrite au paragraphe 1.1.1 ci-dessus.
Après vibrage de la composition à l'état fluide, on laisse prendre le béton en masse
et sécher dans les mêmes conditions que celles décrites au paragraphe 1.1.1 ci-dessus,
c'est à dire qu'on maintient l'assemblage au moins 28 jours en salle de conservation.
Comme au paragraphe 1.1.1, la liaison 3 entre le bloc 1 et la plaque 2 est alors assurée
par la composition de collage.
1.2 - Mesure de résistance au cisaillement :
On effectue alors la mesure de résistance au cisaillement du joint de liaison 3 de
la manière suivante : en maintenant le bloc 1 entre un appui 4 sous sa face inférieure
et un autre appui 5 sur sa face supérieure, on applique une force F verticale à la
plaque 2 (voir flèche sur la figure 1) et on mesure la force de rupture Fr de la liaison du joint 3.
La sollicitation du joint 3 est alors essentiellement en cisaillement.
Pour obtenir une évaluation plus précise de la résistance au cisaillement d'un joint
3 de liaison, on réalise au moins trois assemblages à l'aide du même joint de liaison
et on mesure la résistance à la rupture Fr1, Fr2, Fr3 de chaque assemblage ; la moyenne des trois mesures obtenues donne une évaluation
plus précise de la résistance au cisaillement du joint 3.
Le choix d'une tôle métallique en acier s'explique comme suit : des essais de rupture
ont été préalablement effectués en prenant, comme plaque métallique, des plaques électroformées
dans les mêmes conditions que celles de la coque métallique de l'outil d'emboutissage
selon l'invention ; on a alors observé que la rupture de la liaison du joint de colle
se faisait toujours à l'interface béton-colle ; on a donc déduit que des mesures effectuées
à l'aide de plaque métalliques en acier donneraient les mêmes résultats que celles
effectuées sur des plaques électroformées ; pour simplifier les essais, on a donc
effectué ensuite la plupart des mesures sur des plaques d'acier.
2 - Type de liaisons béton-métal testées :
2.1 - Nature des colles utilisées et mode d'application adapté : Trois colles ont été testées :
- « Sikadur 31»® de la Société SIKA : il s'agit d'une colle époxy bi-composants, adaptée
au collage de métaux et de béton frais sur béton ancien ; cette colle peut être considérée
comme un mortier de résine ; cette colle est appliquée à l'aide d'une raclette à dents
triangulaires de 2 mm de hauteur.
- « Sikadur Imprégnation »® de la Société SIKA : colle époxy bi-composants, fluide,
adaptée au collage de béton frais sur béton ancien et à la reprise de bétonnage ;
il s'agit d'une résine pure s'imprégnant bien dans le béton ; cette colle est appliquée
au pinceau.
- « Mybond Epiphen »® 1800 » de la Société LAMBIOTTE : résine époxy bi-composants, fluide
; il s'agit d'une résine pure généralement employée pour la fabrication de composites
stratifiés et de bétons de résine ; cette colle est appliquée sur 1 à 2 mm d'épaisseur
par coulage dans un moule dont le fond est la plaque métallique ; avant application
sur la plaque, on laisse réticuler partiellement pendant 2 heures environ, de manière
à obtenir une colle de viscosité plus élevée mais encore suffisamment fluide pour
être coulée dans le moule.
2.2 -Préparation de joints « composites » de liaison sur béton « humide »: Trois types de liaisons composites ont été testées sur béton « humide », les deux
dernières correspondant à des compositions de collage selon l'invention :
- Double couche de colle : colle « Sikadur 31 » + « Sikadur Imprégnation » : on applique
d'abord sur la plaque métallique une couche de « Sikadur 31 », on laisse cette colle
réticuler partiellement pendant environ 2 h, puis on applique sur cette couche partiellement
réticulée une couche de « Sikadur Imprégnation », bien adaptée au collage sur matériaux
poreux.
- colle « Sikadur 31 » + liaison « minérale » : la polymérisation de la colle étant
plus difficile en milieu humide, l'objectif poursuivi est de compléter la liaison
par des liaisons mécaniques de même nature que le béton ; après application de la
couche de colle sur la plaque métallique, on disperse des granulats sur cette couche,
avant le début de polymérisation ; le diamètre moyen des granulats est largement supérieur
à l'épaisseur de la couche de colle appliquée ; le taux de couverture des granulats
dispersés est adapté pour que l'espace moyen entre les granulats soit du même ordre
de grandeur que la taille moyenne des granulats ; on fait pénétrer les granulats dans
la couche de colle.
- colle « Sikadur 31 » + liaison « métallique » : la polymérisation de la colle étant
plus difficile en milieu humide, l'objectif poursuivi est de compléter la liaison
par des liaisons métalliques comparables à des armatures de béton ; après application
de la couche de colle sur la plaque métallique et avant le début de polymérisation,
on disperse des clous de 40 mm de long environ sur cette couche, en noyant la tête
de ces clous dans la couche de colle , la direction générale des clous étant transversale
à la surface de la plaque ; le taux de couverture des clous dispersés est adapté pour
que l'espacement minimum entre chaque clou soit supérieur au diamètre minimum des
graviers du béton.
3 - Résultats des mesures de résistance au cisaillement des différentes liaisons béton-métal
:
[0093] Les résultats obtenus ainsi que le type et la localisation de la rupture après test
sont reportés au tableau I ci-dessous.
Tableau I -
Résistance au cisaillement de différentes liaisons béton-métal. |
Type de LIAISON |
essai n° |
Effort à la rupture (kN) |
Type et localisation de rupture |
Sikadur 31 |
25 |
11,5 |
à l'interface colle/béton ancien |
sur béton |
26 |
14,4 |
idem |
« ancien » |
27 |
17,2 |
idem |
Sikadur 31 |
1 |
7,9 |
progressive - à l'interface colle/béton |
sur béton |
2 |
9,2 |
idem |
« humide » |
3 |
6,5 |
idem |
Sikadur |
22 |
8,6 |
à l'interface colle/acier |
Imprégnation sur |
23 |
6,3 |
idem |
béton « humide » |
24 |
10,1 |
idem |
Résine Lambiotte |
16 |
9,4 |
à l'interface colle/acier |
sur béton |
17 |
13,5 |
idem |
« humide » |
18 |
10,2 |
idem |
Sikadur 31 + |
19 |
10,6 |
progressive - à l'interface colle/colle |
Imprégnation ... sur |
20 |
15,5 |
idem |
béton « humide » |
21 |
14,3 |
idem |
Sikadur 31 + liaison |
4 |
19,2 |
à l'interface colle/acier et colle/béton |
« minérales » sur |
5 |
18,2 |
à l'interface colle/béton |
béton « humide » |
6 |
19,4 |
à l'interface colle/acier |
Sikadur 31 + liaison |
13 |
20,3 |
à l'interface colle/acier |
« métalliques » sur |
14 |
22,6 |
idem |
béton « humide » |
15 |
22,6 |
idem |
[0094] La comparaison des résultats des essais n°1, 2 et 3 à ceux des essais n°25, 26 et
27 montre bien qu'une colle appliquée sur béton « frais » ou « humide » présente en
général des performances bien moindres, en termes de résistance au cisaillement, que
la même colle appliquée sur béton « ancien », c'est à dire béton « pris » et sec.
[0095] C'est précisément un but essentiel de l'invention que d'éviter ou de compenser cette
détérioration des performances.
[0096] Les performances obtenues avec d'autres colles sur béton humide (essais n°16 à 18
et n°22 à 24) peuvent être légèrement supérieures mais encore insuffisantes pour supporter
les fortes sollicitations entre le béton et la coque métallique d'un outil d'emboutissage.
[0097] C'est également un but de l'invention que de proposer une liaison béton-métal résistant
beaucoup mieux au cisaillement.
[0098] Ainsi les essais n°4 à 6 et n°13 à 15, conformes à l'invention, montrent que les
liaisons composites selon l'invention résistent beaucoup mieux au cisaillement que
les liaisons « colle » selon l'art antérieur, sur béton humide (essais n°1 à 3 et
n°16 à 24) ; l'invention porte donc sur l'utilisation d'une composition de collage
comprenant des moyens mécaniques d'ancrage comme des granulats (essais n°4 à 6) ou
des clous métalliques (essais n°13 à 15).
[0099] En utilisant ce type de liaison composite pour la fabrication d'un outil d'emboutissage
en béton doté d'une coque métallique, on améliore sensiblement la cohésion entre la
coque et le béton et, par conséquent, les performances de l'outil.
[0100] Un avantage de la liaison composite selon l'invention réside dans la fiabilité de
la résistance de cette liaison : la dispersion des résultats des essais effectués
sur liaison composite est en effet beaucoup plus faible que celle des résultats des
essais effectués sur liaison collée classique (voir Tableau I) ; cet avantage améliore
donc la fiabilité des outils d'emboutissage fabriqués selon l'invention.
Exemple 2:
[0101] Cet exemple a pour but d'illustrer la fabrication d'un moule en béton hydraulique
selon l'invention, en référence aux figures 2 à 4.
1.-
Réalisation de la réplique 6 en référence à la figure 2.
On pré-découpe un bloc de matériau tendre puis on l'usine pour l'amener exactement
et précisément aux dimensions souhaitées et de manière à ce qu'une des faces 7 corresponde
à la forme prédéterminée de l'embouti.
Comme matériau tendre, on peut prendre l'un des matériaux polymère décrits au Tableau
II ci-dessous.
Tableau II -
Exemples de matériaux polymères pour la réplique. |
Polymère de base : poly-
Référence commerciale : |
-carbonate
Lexan® |
époxy
LAB 900 |
-uréthanne
Ren Shape® 540 |
Caractéristiques Société : |
|
Axson |
CIBA |
Masse volumique (g/cm3) |
1,2 |
1,62 |
1,65 |
Absorption d'eau à 24 h : |
0,3 % |
0,2 % |
0 |
Résistance en compression (MPa) |
77 |
120 |
73 |
Allongement à la rupture (%) |
60-100 |
50 |
90 |
Module d'élasticité en flexion (GPa) |
2,24 |
4,5 |
5 |
Dureté |
M70 - R118 |
88 Shore D |
90 Shore D |
Température de résistance à la chaleur (°C) (Tg : transition vitreuse) |
120 |
123 (Tg) |
110 (Tg) |
Coefficient dilatation thermique (/°C) |
70.10-6 |
55.10-6 |
45.10-6 |
Action des acides faibles |
nulle |
- |
résistant |
Action des acides forts |
attaque lente |
- |
attaque |
Les matériaux décrits dans ce tableau Il présentent les caractéristiques suivantes
:
- coefficient de dilatation supérieur mais relativement proche de celui du nickel (17.10-6 environ) dans la gamme de température 20 - 100°C,
- densité supérieure à 1 kg/dm3 pour faciliter l'immersion dans le bain d'électrodéposition,
température de transition vitreuse largement supérieure à la température d'utilisation
du bain, bonne résistance à l'action chimique acide du bain et au gonflement à l'eau,
- bonne usinabilité à cause des propriétés mécaniques (résistance à la compression,
allongement à la rupture, dureté).
- excellent état de surface après usinage, notamment au niveau de la rugosité et de
la porosité, ce qui facilite la séparation coque-réplique.
Après dégraissage, on rend ensuite la face 7 conductrice par application d'une couche
très fine d'une peinture conductrice contenant des particules d'argent : la réplique
6 est alors dotée d'un film conducteur 8 sur sa surface 7 ; l'épaisseur du film conducteur
8 est de l'ordre du micromètre.
On peut également utiliser une peinture contenant des particules de graphite, ce qui
facilite la séparation coque-réplique.
2.
Fabrication par électrodéposition d'une coque 9 en nickel de 0,8 mm environ d'épaisseur, en référence à la figure 3.
Par électrodéposition dans un bain, on revêt donc le film conducteur 8 d'une couche
de nickel, qui formera la coque métallique 9 de l'outil d'emboutissage.
Composition du bain d'électrodéposition :
- acide borique H3BO3 : 80 g/l
- chlorure de nickel, NiCl2, 6 H2O 5 à 10 g/l
- sulfamate de nickel Ni(NH2 SO3)2 200 g/l
... de manière à obtenir |Ni2+| = 40 g/l
- agent mouillant <1% en poids
Conditions d'électrodéposition :
- Bain : 4,2 < pH < 4,8 et température comprise entre 50 et 55°C,
- densité de courant : 0,1 A/dm2 au début, portée progressivement à 5 A/dm2.
Caractéristiques mécaniques du nickel obtenu :
- contrainte limite d'élasticité (à 0,2%) : 485 MPa,
- Module d'élasticité : 182,5 GPa,
- contrainte limite à la rupture: 840 MPa,
- Allongement à la rupture : 8,3 %
- dureté sur la face externe (vers film 8) : 210 HV
- dureté sur la face interne (fond de moule) 238 HV
On a également évalué la valeur des contraintes résiduelles dans l'épaisseur de la
couche de nickel en effectuant des mesures sur des couches déposées dans les mêmes
conditions, mais sur une tôle d'acier.
Sur ce substrat et contrairement au film conducteur 8 ou à la surface de la réplique
7, le nickel est réputé fortement adhérent ; après dépôt de nickel, on colle sur la
face non revêtue de la tôle une jauge de déformation et on mesure à l'aide de cette
jauge la relaxation qui apparaît lorsqu'on enlève par électroérosion des couches successives
du dépôt de nickel.
Ces mesures ont permis d'estimer que les contraintes résiduelles sont comprises entre
90 et 150 MPa en traction.
Le faible niveau des contraintes résiduelles permet de limiter les risques de « décollements
» de certaines zones de la coque par rapport à la réplique en cours d'électrodéposition
ou avant coulée du béton, ce qui permet de mieux garantir encore le respect des tolérances
géométriques de la surface travaillante de l'outil.
Après électrodéposition, on obtient donc sur la réplique 6, une coque métallique 9
présentant une face dite « externe » au contact du film conducteur 8 et une face opposée
dite « interne ».
Compte tenu de la forme de la coque 9 décrite à la figure 3, aucun élément de moulage
n'est ici à rajouter pour former le moule de coulée du béton.
3 -
Préparation de la composition de béton :
On prépare des compositions avec les constituants suivants :
- liant hydraulique de type ciment et sable : mortier dénommé Clavex ® Lanko 701 de
la Société LAFARGE ; ce mortier est déjà formulé avec des additifs limitant le retrait
comme de la silice pyrogénée.
- graviers de granulométrie comprise entre 3 et 8 mm,
- fibres de renforcement : fibres de fonte amorphe se présentant sous forme de rubans
souples très minces de dimensions 15 x 1 x 0,03 mm environ, dénommées Fibralex de
la Société SEVA.
- fluidifiant ou agent superplastifiant : dénommé Sikament FF86 de la Société SIKA.
- eau de gâchage.
Les granulats sont donc ici formés par le sable du mortier et les graviers.
On prépare trois types de composition différant par les proportions de ces constituants,
comme indiqué au tableau III.
Tableau III -
Compositions de béton pour outil d'emboutissage. |
Béton |
Fibres |
Mortier |
Graviers |
Eau |
E/C |
Fluidifiant |
n°1 |
0 |
1270 |
1250 |
200 |
0,41 |
1,35 (0,3%) |
n°2 |
36 (0,5%) |
1250 |
1133 |
200 |
0,42 |
4,75 (1%) |
n°3 |
72 (1%) |
1500 |
480 |
240 |
0,42 |
5,7 (1%) |
Dans ce Tableau III, les proportions sont indiquées en masse volumique (kg/m3) , les
chiffres en parenthèses indiquent :
- dans la colonne « fibres », le volume de fibres par rapport au volume de béton,
- dans la colonne « fluidifiant », le volume de fluidifiant par rapport au volume de
ciment.
La rapport E/C désigne le poids d'eau divisé par le poids de ciment.
4 -
Préparation et application de la composition de collage sur la face interne de la coque métallique 9.
Dans l'exemple 1, on utilise deux types de composition de collage : la première correspondant
aux essais n°4 à 6, et la seconde correspondant aux essais n°13 à 15 ; la composition
de collage est préparée et appliquée sur la plaque métallique 2.
On utilise ici de la même façon soit la première soit la deuxième composition de collage,
sur la coque métallique 9 toujours supportée par la réplique 6.
5 -
Coulée et solidification du béton en référence à la figure 4 dans le cas de l'utilisation de la première composition
de collage (liaisons minérales).
Avant coulage, on positionne des inserts métalliques 10 et 11.
On coule ensuite la composition de béton dans le moule formé par la coque 9 supportée
par la réplique 6, puis on fait vibrer le béton à l'état fluide à l'aide d'une aiguille
vibrante adaptée à cet effet.
Comme la coque 9 forme le moule correspondant à la forme de l'outil à fabriquer, il
n'y a pas, ici, d'autres éléments de moulage et il n'y a donc pas d'étape ultérieure
de démoulage.
On laisse ensuite prendre le béton dans les conditions suivantes : conservation pendant
28 jours en atmosphère à température constante (≈ 21°C) et taux d'humidité constante
(95% environ), en protégeant de la dessiccation les surfaces de béton frais exposées
à l'atmosphère.
On prépare des éprouvettes du même béton dans des conditions identiques, pour évaluer
les propriétés mécaniques.
On constate que le retrait à 30 jours est de l'ordre de 0,05 mm/m pour les trois compositions
de béton.
On évalue les propriétés mécaniques de la manière suivante :
- résistance à la compression σmax.c : sur des éprouvettes de diamètre 110 mm et de longueur 220 mm ;
- résistance en traction σmax.t1 : par des essais de flexion (de type « trois points ») à déplacement imposé sur des
éprouvettes de dimensions : 70 x 70 x 280 mm ;
- résistance en traction σmax.t2 : par des essais de flexion (de type « trois points ») à force imposée sur des éprouvettes
pré-entaillées de dimensions : 47 x 70 x 280 mm ; ces essais sont effectués à un an.
- module d'élasticité en compression Ec et en flexion Ef.
Les résultats obtenus sont reportés au Tableau IV pour chaque composition de béton
(cf. §3 ci-dessus)
Tableau IV -
Propriétés mécaniques des bétons du Tab.lll. |
Béton |
smaxc (MPa) |
smaxt1 (MPa) |
smaxt2 (MPa) |
Ec (GPa) |
Et (GPa) |
n°1 |
55,5 |
8,5 |
9,4 |
33,6 |
43,4 |
n°2 |
67,5 |
10,6 |
11,1 |
34,5 |
46,7 |
n°3 |
62,7 |
17,1 |
16,4 |
37,3 |
45,6 |
[0102] Ce tableau illustre l'effet renforçateur des fibres introduites dans la composition
de béton.
[0103] Après coulée et solidification, on sépare la réplique 6 de la coque métallique 9
solidaire de la pièce en béton solidifié 12, et on obtient l'outil d'emboutissage
tel que représenté à la figure 4.
[0104] La figure 4 illustre la liaison entre la pièce en béton 12 et la coque 9 assurée
par la composition de collage comprenant de la colle réticulée 13 et des granulats
14.
[0105] La combinaison de l'effet chimique de liaison assuré par la colle 13 et de l'effet
mécanique de liaison assuré par les granulats 14 permet d'atteindre une très forte
cohésion de la coque 9 et de la pièce en béton.
[0106] Les inserts et la partie de la surface de l'outil qui est en béton sont usinés afin
d'obtenir les cotes et les centrages souhaités ; la coque 9 électroformée ne nécessite
aucun traitement particulier avant utilisation de l'outil sous presse d'emboutissage.
[0107] On obtient ainsi un outil d'emboutissage particulièrement performant, résistant très
bien à l'usure et permettant de réaliser à grandes cadences des emboutis de qualité.
[0108] Une étude complète sur le frottement en emboutissage et en particulier sur l'effet
du nickel comme matériau de surface d'outil a montré qu'on obtenait des conditions
de frottement pratiquement équivalentes avec un matériau de surface d'outil en acier
et avec un matériau de surface d'outil en nickel électroformé ; sur une tôle d'acier
simplement revêtue d'un film de lubrification de protection temporaire contre la corrosion,
le coefficient de frottement a été estimé à 0,22 environ.
[0109] Les outils d'emboutissage obtenus ont été testés sur presse industrielle et ont donné
satisfaction dans des conditions classiques d'emboutissage ; les tests ont montré
qu'un même outil permettait de réaliser plusieurs centaines de milliers d'emboutis.
1. Procédé de fabrication d'un outil d'emboutissage en béton hydraulique (12), adapté
à la préparation d'emboutis de forme prédéterminée à partir de flans de tôle, outil
dont la surface destinée à venir au contact du flan de tôle à emboutir est couverte
au moins partiellement d'une coque métallique (9), comprenant les étapes consistant
à :
- préparer ladite coque métallique (9) de manière à ce qu'elle présente une face dite
« externe » correspondant à la forme prédéterminée de l'embouti et une face opposée
dite « interne »,
- préparer un moule pour l'outil d'emboutissage en prenant ladite coque (9) comme
fond ou élément de moule, face interne tournée vers l'intérieur du moule,
- couler dans ledit moule une composition de préparation dudit béton comprenant des
granulats,
- solidifier ladite composition,
caractérisé en ce que, préalablement à l'étape de coulage, on applique, sur ladite
face interne, une composition de collage comprenant une phase liquide de colle et
une phase solide adaptée pour former des moyens mécaniques d'ancrage (14) au béton.
2. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que ladite phase solide de la composition
de collage est formée par des granulats.
3. Procédé selon la revendication 2 caractérisé en ce que les granulats de la composition
de collage sont de même nature que ceux de la composition de béton.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que
la dimension desdits moyens d'ancrage (14) qui s'étend perpendiculairement à la surface
de la coque (9) est supérieure à l'épaisseur de la phase liquide (13) de la composition
de collage appliquée.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que,
pour appliquer ladite composition de collage, on applique d'abord la phase liquide
(13) de la composition de collage, puis on applique lesdits moyens d'ancrage (14)
en les faisant pénétrer partiellement dans ladite phase liquide (13).
6. Procédé selon la revendication 5 caractérisé en ce qu'on applique les moyens d'ancrage
(14) de manière à ce qu'ils émergent partiellement de la surface libre de ladite phase
liquide (13).
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que
la phase liquide (13) de la composition de collage est thermodurcissable dans les
conditions de solidification de ladite composition de béton.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que
ladite composition de préparation de béton contient des fibres de renforcement.
9. Procédé de fabrication selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé
en ce que ladite coque (9) est préparée par électrodéposition.
10. Procédé selon la revendication 9 caractérisé en ce que ladite préparation de coque
comprend les étapes consistant à :
- réaliser une réplique (6) présentant une surface (7) correspondant à la forme prédéterminée
de l'embouti,
- le cas échéant, rendre conductrice ladite surface (7) de la réplique (6),
- revêtir ladite surface (7) ou, le cas échéant, ladite surface conductrice (8), d'une
couche métallique par électrodéposition jusqu'à former une coque métallique (9),
la face interne de la coque (9) correspondant alors au dépôt métallique de fin
d'électrodéposition.
11. Procédé selon l'une quelconque des revendications 9 à 10, caractérisé en ce que ladite
couche métallique est à base de nickel et en ce que ladite électrodéposition est réalisée
dans un bain d'électrodéposition contenant essentiellement du sulfamate de nickel.
12. Procédé selon l'une quelconque des revendications 9 à 10, caractérisé en ce que ladite
couche métallique est à base de cuivre.
13. Procédé selon l'une quelconque des revendications 9 à 12, caractérisé en ce que ladite
réplique (6) est en matériau polymère.
14. Outil d'emboutissage en béton hydraulique dont la surface destinée à venir au contact
du flan de tôle à emboutir est couverte, au moins partiellement, d'une coque métallique
(9) liée au béton (12), susceptible d'être obtenu par le procédé selon l'une quelconque
des revendications précédentes, caractérisé en ce que ladite coque (9) est liée au
béton (12) à l'aide de moyens de collage comprenant des moyens (14) mécaniques d'ancrage
au béton.
15. Outil selon la revendication 14 caractérisé en ce que lesdits moyens mécaniques (14)
d'ancrage sont noyés pour partie dans le béton (12).
16. Outil selon l'une quelconque des revendications 14 à 15, caractérisé en ce que les
moyens mécaniques d'ancrage (14) sont des granulats.
17. Outil selon la revendication 16 caractérisé en ce que lesdits granulats sont de même
nature que ceux du béton.