[0001] L'invention est relative à un réflecteur d'ondes électromagnétiques et à son procédé
de fabrication.
[0002] Elle concerne plus particulièrement un réflecteur utilisable dans des conditions
variables de température, notamment dans un environnement spatial.
[0003] Un réflecteur d'ondes électromagnétiques assure une fonction analogue à celle d'un
miroir optique, c'est-à-dire que les ondes reçues selon une certaine direction doivent
être réfléchies selon une autre direction bien déterminée. Ces réflecteurs exigent
que la direction réfléchie soit définie avec précision, ce qui implique, lors de la
fabrication, de faibles tolérances sur la forme du réflecteur et, lors de l'utilisation,
une grande stabilité de forme, notamment quand la température varie.
[0004] Un réflecteur d'ondes électromagnétiques pour applications spatiales comporte, le
plus souvent, une âme ou espaceur comprenant une structure de type nid d'abeille et,
de chaque côté de cette âme, des peaux mécaniquement porteuses constituées par des
fibres de carbone imprégnées de résine époxyde ou de résine cyanate ester.
[0005] Ces laminés composites à base de fibres de carbone et de résine ont une très grande
stabilité en température et peuvent être utilisés directement comme surfaces réfléchissantes.
Mais aux fréquences élevées, en général supérieures à 30 GHz, ils engendrent des pertes
importantes, supérieures à 0,2 dB. C'est pourquoi, à ces fréquences élevées la surface
réfléchissante est habituellement recouverte par un dépôt métallique permettant d'abaisser
les pertes.
[0006] L'invention résulte de la constatation que ce dépôt métallique altère la forme du
réflecteur, notamment sa courbure, et, qu'en particulier, il induit une variation
de forme provoquée par un effet de bilame, tant lors de la fabrication qu'en cours
d'utilisation, notamment dans l'espace où les variations de température sont importantes.
[0007] En effet, on sait qu'un matériau formé par la superposition de deux couches en matières
différentes ayant des coefficients de dilatation thermique différents présente une
courbure qui varie quand la température varie.
[0008] Cet effet bilame peut être particulièrement gênant pour des applications spatiales
dans lesquelles, comme indiqué ci-dessus, les températures varient de façon importante.
Par exemple, pour des satellites mobiles en orbite basse (ou moyenne), la température
peut varier entre -60°C et +60°C environ. Pour un satellite géostationnaire la température
peut varier entre -180°C (en cas d'éclipse de soleil) et +150°C.
[0009] En outre, la fabrication du réflecteur s'effectue à une température qui dépend de
la cinétique de polymérisation de la résine. Cette température est par exemple voisine
de 175°C. Ainsi, même en l'absence de variation de température lors de l'utilisation,
il est difficile d'obtenir la courbure désirée en raison de l'effet de bilame résultant
de la différence entre les températures de fabrication et d'utilisation.
[0010] L'invention vise à supprimer, ou au moins à réduire de manière importante, les variations
de courbure du réflecteur en cas d'utilisation de ce dernier à des températures variables,
et/ou de modifier la courbure d'un réflecteur.
[0011] A cet effet, la présente invention a pour objet un procédé de fabrication d'un réflecteur
d'ondes électromagnétiques pour antenne de télécommunication, notamment pour une antenne
embarquée à bord d'un satellite, comprenant un substrat recouvert d'une couche métallique
réflectrice sur une face avant du dit réflecteur, cette couche réflectrice présentant
un coefficient de dilatation thermique différent du coefficient de dilatation thermique
du substrat, procédé dans lequel on dépose sur une zone arrière du substrat, une autre
couche présentant un coefficient de dilatation thermique différent de celui du substrat,
cette étape de dépôt prenant en compte au moins l'un des paramètres parmi lesquels
la température de dépôt, la nature du matériau de la couche et son épaisseur, pour
compenser les variations, en fonction de la température, de la forme du réflecteur.
[0012] On a constaté qu'avec cette disposition on pouvait améliorer de façon significative
la qualité de la forme du réflecteur sans augmentation du coût.
[0013] Selon un mode de réalisation, la couche de la zone arrière est déposée sur la face
arrière du substrat.
[0014] Selon un mode de réalisation, la couche de la zone arrière est métallique.
[0015] Selon un mode de réalisation, la couche de la zone arrière est en un métal de même
nature que celui constituant la couche réflectrice de la face avant.
[0016] L'invention a également pour objet, un réflecteur d'ondes électromagnétiques pour
antenne de télécommunication obtenu par ce procédé.
[0017] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront avec la description
de certains de ses modes de réalisation, celle-ci étant effectuée en se référant aux
dessins ci-annexés sur lesquels :
la figure 1 est une vue en coupe partielle d'un réflecteur conforme à l'invention,
la figure 2 est un schéma servant à expliquer comment est définie la qualité de forme
d'une surface, et
les figures 3 et 4 sont des diagrammes montrant certains effets et certaines propriétés
du réflecteur conforme à l'invention.
[0018] Le réflecteur représenté sur la figure 1 est destiné à être intégré dans une antenne
de télécommunication embarquée à bord d'un satellite afin de réfléchir des ondes en
bande Ka de 20 GHz à 44 GHz, voire à des fréquences supérieures, jusqu'à 80 GHz ou
plus.
[0019] Ce réflecteur comporte, de façon classique, une âme 10 en forme de nid d'abeille
aluminium ou aramide, rigidifiée sur chacun de ses côtés par des laminés en fibres
de carbone imprégnées de résine époxyde. Dans cet exemple, on prévoit, de chaque côté
de l'âme 10, un empilage 12, 14 de quatre couches élémentaires carbone/époxyde, chaque
couche élémentaire étant unidirectionnelle. Dans chacun des laminés d'un même empilement,
les fibres de carbone ont des directions différentes. Par exemple, les fibres du pli
le plus extérieur ont une première orientation, dite de référence à 0°, le pli immédiatement
inférieur présente des fibres orientées à -45° par rapport à la direction des fibres
du premier pli, le troisième pli présente des fibres orientées à +45° par rapport
aux fibres du premier pli et les fibres du quatrième pli, les plus proches de l'âme
10, sont orientées à 90° par rapport aux fibres du premier pli. Le laminé arrière
14 du sandwich présente des couches élémentaires ou plis dont les fibres ont les mêmes
orientations relatives, le pli le plus extérieur ayant des fibres orientées parallèlement
à celles du pli le plus extérieur du laminé avant 12.
[0020] Sur la surface extérieure du laminé avant 12, est déposée une couche d'aluminium
16, cette couche d'aluminium étant par exemple déposée en phase vapeur. Elle permet
de réfléchir les ondes électromagnétiques avec un minimum de pertes radioélectriques.
[0021] Selon l'invention, sur la face arrière du réflecteur on dépose une autre couche 18,
par exemple métallique, et, par exemple dans le même matériau, c'est-à-dire l'aluminium,
que la couche 16 de la face active.
[0022] Cette couche 18 a pour effet de compenser l'effet de bilame résultant des différences
de coefficients de dilatation entre, d'une part, la couche métallique 16 et, d'autre
part, l'ensemble, ou sandwich, formé de l'âme 10 et des laminés 12 et 14 dont le coefficient
de dilatation thermique est très faible. L'effet de bilame se traduit par le fait
que, lorsque la température du réflecteur varie, sa courbure se modifie, ce qui altère
la précision de forme. Autrement dit, la couche 18 forme avec le sandwich 10, 12,
14 un autre bilame contrecarrant les effets du premier bilame.
[0023] Ainsi, si, à une température déterminée, la courbure du réflecteur dépourvu de la
couche 18 ne correspond pas exactement à la courbure souhaitée, le procédé de dépôt
de la couche 18, selon l'invention, permet de modifier cette courbure à cette température
déterminée. Cette modification de courbure dépend de la température à laquelle le
dépôt de la couche métallique est effectué et de l'épaisseur de ce dépôt.
[0024] On a constaté qu'avec le réflecteur selon l'invention, si son diamètre est de l'ordre
du mètre, on peut obtenir une erreur de RMS (pour Root Mean Square en terminologie
anglo-saxonne, c'est à dire racine carrée de la moyenne des carrés en français) sur
une forme de l'ordre de 15 µm en fabrication et de l'ordre de 30 µm lors de l'utilisation
à bord d'un satellite. Ces erreurs de RMS sont environ trois fois inférieures à celles
obtenues quand la couche 18 n'est pas présente. On rappelle ici que le facteur RMS
est défini de la façon suivante : on part d'une surface parfaite souhaitée 20 (figure
2) et on détermine, en n points de la surface réelle 22, les écarts dz
1, dz
2 ..., dz
n entre la surface réelle 22 et la surface souhaitée 20. L'erreur de RMS a alors pour
valeur :
[0025] Dans le cas d'un réflecteur d'un mètre de diamètre, on prévoit en général 500 points
environ répartis de façon régulière.
[0026] L'effet de compensation de la courbure s'obtient en déposant la couche 18, selon
un mode de réalisation particulier de l'invention, à une température déterminée, par
exemple de l'ordre de 50°C. A cette température, la contrainte qui s'exerce est nulle
; par contre à une température différente, par exemple à la température ambiante de
20°C, il s'exercera une contrainte qui pourra compenser un défaut de courbure présent
avant que ne soit déposée cette couche 18.
[0027] L'épaisseur et, éventuellement, la nature du revêtement 18 peuvent être déterminées
à l'aide de calculs classiques de résistance des matériaux. On tient, en effet, compte
du fait qu'on annule le couplage membrane/flexion de l'assemblage constitué par les
diverses couches du réflecteur.
[0028] La nature et l'épaisseur de la couche 18 peuvent également être déterminées de façon
empirique.
[0029] Pour obtenir l'effet voulu, c'est-à-dire une minimisation de la déformation de la
surface active du réflecteur lors de variations de température, on peut choisir les
paramètres suivants : l'épaisseur des dépôts avant et arrière, la nature des dépôts
avant et arrière et les températures auxquelles sont déposées les couches avant 16
et arrière 18.
[0030] La figure 3 est un diagramme comparatif montrant des défauts de RMS obtenus pour
plusieurs types de matériaux et, dans chaque cas, avec et sans la couche arrière 18.
Dans cet exemple, on utilise un réflecteur de diamètre 600 mm avec des peaux en pré
imprégné de type M55J/914 (M55J est une référence caractérisant la nature des fibres
et 914 est une référence caractérisant la résine époxyde utilisée), et une âme en
nid d'abeille aluminium d'épaisseur 15 mm.
[0031] On a porté en abscisses, l'épaisseur e en micromètres, du dépôt métallique sur la
face avant et, le cas échéant, sur la face arrière et, en ordonnées, l'erreur de RMS,
également en micromètres. La droite 30 correspond à la courbe de variation en fonction
de l'épaisseur de l'erreur de RMS pour un dépôt d'aluminium seulement sur la face
avant tandis que la droite 32 correspond à un dépôt d'aluminium sur les faces avant
et arrière du réflecteur.
[0032] La figure 4 est un diagramme correspondant à un réflecteur de diamètre 600 mm avec
des peaux M55J et une âme d'épaisseur 15 mm en nid d'abeille aluminium. Dans ce cas,
le dépôt métallique en face avant présente une épaisseur de 4 µm d'aluminium. Sur
la face arrière de ce réflecteur, on a prévu des dépôts métalliques d'épaisseurs diverses
et on a analysé l'erreur de RMS résultante. Sur ce diagramme, on a porté en abscisses,
l'épaisseur e du dépôt métallique en face arrière et, en ordonnées, l'erreur de RMS,
toutes les deux étant exprimées en micromètres.
[0033] Sur la figure 4, la courbe 34 montre que l'erreur de RMS est minimale quand l'épaisseur
de la couche arrière est de l'ordre de 9 µm, alors que l'épaisseur du dépôt en face
avant est de 4 µm. Autrement dit, l'optimum n'est pas forcément obtenu avec des épaisseurs
de dépôts 16 et 18 qui sont égales.
[0034] Il n'est pas indispensable que le revêtement métallique 18, destiné à compenser l'effet
de bilame résultant des différences de coefficient de dilatation entre la couche 16
et l'âme et les laminés, soit constitué par un dépôt extérieur. En variante (non montrée),
ce revêtement 18 est disposé entre deux plis du laminé arrière 14.
1. Procédé de fabrication d'un réflecteur d'ondes électromagnétiques pour antenne de
télécommunication, notamment pour une antenne embarquée à bord d'un satellite, comprenant
un substrat recouvert d'une couche métallique (16) réflectrice sur une face avant
du dit réflecteur, cette couche réflectrice présentant un coefficient de dilatation
thermique différent du coefficient de dilatation thermique du substrat, procédé dans
lequel on dépose sur une zone arrière du substrat, une autre couche (18) présentant
un coefficient de dilatation thermique différent de celui du substrat (10, 12, 14),
cette étape de dépôt prenant en compte au moins l'un des paramètres parmi lesquels
la température de dépôt, la nature du matériau de la couche (18) et son épaisseur,
pour compenser les variations, en fonction de la température, de la forme du réflecteur.
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel la couche de la zone arrière est déposée
sur toute la face arrière du substrat.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel la couche
de la zone arrière est métallique.
4. Procédé selon la revendication 3, dans lequel la couche de la zone arrière est en
métal, de même nature que celui constituant la couche réflectrice de la face avant.
5. Réflecteur d'ondes électromagnétiques pour antenne de télécommunication obtenu par
le procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes.