[0001] La présente invention concerne un mécanisme pour l'affichage du quantième dans une
pièce d'horlogerie telle qu'une montre ou une pendulette, et plus particulièrement
un mécanisme permettant l'affichage du quantième dans un grand format. L'invention
concerne également une pièce d'horlogerie incorporant le mécanisme précité.
[0002] On connaît par le document WO 98/50829 un mécanisme de quantième selon le préambule
de la revendication 1 annexée.
[0003] Un tel mécanisme a pour inconvénient le fait que les pignons desquels sont solidaires
les organes indicateurs des dizaines et des unités peuvent se désindexer, c'est-à-dire
changer de position de manière indésirée, sous l'effet de chocs. Lorsqu'un tel désindexage
se produit, la date affichée devient inexacte et les organes indicateurs peuvent même
se désynchroniser, rendant nécessaire une intervention manuelle à l'intérieur de la
boîte de montre et/ou du mouvement pour rétablir la synchronisation. Il est certes
possible, pour atténuer ces problèmes, d'augmenter la force qu'exercent des sautoirs
sur les pignons mais dans ce cas l'on augmente également l'énergie requise pour faire
fonctionner le mécanisme, ce qui n'est pas acceptable.
[0004] La présente invention vise à remédier à l'inconvénient précité, ou au moins à en
réduire l'importance, autrement qu'en augmentant la force des sautoirs et propose,
pour ce faire, les caractéristiques énoncées dans la partie caractérisante de la revendication
1, des modes de réalisation particuliers de l'invention étant définis dans les revendications
dépendantes.
[0005] D'autres avantages et caractéristiques de la présente invention apparaîtront à la
lumière de la description détaillée suivante faite en référence aux dessins annexés
dans lesquels :
- la figure 1 est une vue de dessus du mécanisme selon l'invention ;
- la figure 2 est une vue de dessus d'un mobile en forme de couronne faisant partie
du mécanisme illustré à la figure 1 ;
- la figure 3 est une vue de dessus du mobile illustré à la figure 2, duquel a été retirée
une couronne supérieure pour mieux faire apparaître les dentures d'une couronne inférieure
et d'une couronne intermédiaire de ce mobile ;
- la figure 4 est une vue en coupe du mécanisme selon l'invention, prise suivant la
ligne IV-IV de la figure 1 ; et
- la figure 5 est une vue en coupe du mécanisme selon l'invention, prise suivant la
ligne V-V de la figure 1.
[0006] Dans tout ce qui suit, on entendra par « désindexage d'un pignon » un changement
indésiré de la position du pignon, d'une première position stable à une seconde position
stable, dans l'un ou l'autre des sens de rotation du pignon. Par « empêcher le désindexage
du pignon », on entendra que le pignon est empêché de se désindexer dans les deux
sens de rotation.
[0007] En référence aux figures 1 à 5, un mécanisme d'affichage du quantième disposé entre
le mouvement de base et le cadran d'une pièce d'horlogerie comprend, montés dans une
platine 1, deux disques indicateurs 2, 3 coplanaires et juxtaposés portant respectivement,
régulièrement répartis le long de leur circonférence, des chiffres 0 à 3 ou 1 à 3
plus un espace blanc indiquant les dizaines du quantième et des chiffres 0 à 9 indiquant
les unités du quantième. Ces chiffres apparaissent à travers un grand guichet 4, représenté
schématiquement sur la figure 1, ménagé dans le cadran de la pièce d'horlogerie. Les
disques indicateurs 2, 3 sont solidaires respectivement d'un pignon 5 en forme de
croix et d'un pignon 6 en forme d'étoile, entraînés tous deux par un mobile en forme
de couronne 7. Les pignons 5, 6 ont le même nombre de dents ou branches que le nombre
de chiffres portés par les disques 2, 3, soit respectivement quatre dents et dix dents.
[0008] Le mobile en forme de couronne 7 comporte trois couronnes 70, 71, 72 superposées
et assemblées entre elles par des goupilles 8 (cf. figures 2, 3). La couronne inférieure
70 est la couronne de quantième du mouvement de base. Elle porte une denture intérieure
73 de trente et une dents entraînée pas à pas à raison d'un pas par jour, c'est-à-dire
par vingt-quatre heures, et d'une révolution complète par trente et un jours par une
chaîne cinématique (non représentée) du mouvement de base. Par « denture intérieure
» on entend une denture dont la partie active est orientée, en vue de dessus, vers
l'intérieur de la couronne, en particulier une denture située sur la périphérie intérieure
de la couronne, comme représenté sur les figures. L'entraînement de la denture intérieure
73, et donc du mobile 7, se produit à la fin de chaque jour, aux alentours de minuit.
De façon connue en soi, cet entraînement est soit « traînant », c'est-à-dire qu'il
dure environ une à deux heures par jour, soit « semi-instantané » (durée d'environ
vingt à quarante minutes par jour), soit « instantané » (durée d'environ dix minutes
par jour).
[0009] La couronne intermédiaire 71 porte une denture intérieure 74 à quatre dents située
au-dessus de la denture 73 et coopérant avec le pignon des dizaines 5 pour faire avancer
ce dernier d'un pas lors du passage du neuvième jour de chaque mois au dixième jour,
du dix-neuvième jour au vingtième jour, du vingt-neuvième jour au trentième jour et
du trente et unième jour au premier jour du mois suivant.
[0010] La couronne supérieure 72, enfin, porte une denture intérieure 75 située au-dessus
des dentures 73 et 74 et comprenant trente dents et un espace libre 750 occupant la
place d'une dent, cette denture intérieure 75 coopérant avec le pignon des unités
6 pour faire avancer ce dernier d'un pas chaque jour, sauf lors du passage du trente
et unième jour d'un mois au premier jour du mois suivant où le . pignon des unités
6 est en regard de l'espace libre 750 et n'est par conséquent pas entraîné.
[0011] Pour les mois de moins de trente et un jours, la correction de l'indication des quantièmes
s'effectue manuellement au moyen de la tige de mise à l'heure de la pièce d'horlogerie.
[0012] Des sautoirs 9a, 9b, représentés partiellement à la figure 1, maintiennent en position
les pignons 5, 6 lorsque ceux-ci ne sont pas entraînés par les dentures respectives
74, 75, de façon conventionnelle en soi. Si ces sautoirs 9a, 9b permettent un maintien
efficace de la position angulaire des pignons 5, 6 lors d'un usage normal de la pièce
d'horlogerie, leur seule présence ne suffit pas à garantir que les pignons 5, 6 ne
changeront pas de position sous l'effet de chocs, sauf à faire exercer par ces sautoirs
9a, 9b une force très élevée sur les pignons 5, 6, ce qui n'est pas envisageable en
pratique car cela accroîtrait de façon inacceptable l'énergie nécessaire pour le fonctionnement
du mécanisme.
[0013] Dans la présente invention, une amélioration importante de la résistance aux chocs
du mécanisme est obtenue autrement qu'en augmentant la force exercée par les sautoirs
9a, 9b, à savoir par une forme particulière des dentures 74, 75 permettant à ces dernières
de servir également de butées pour les dentures des pignons 5, 6 empêchant le désindexage
des pignons 5, 6 de préférence au moins à tout instant de chaque mois où le mobile
7 est immobile.
[0014] Ainsi, la denture 74 comporte entre ses quatre dents quatre espaces libres 740 (cf.
figure 3) ayant chacun une partie 741 définissant un diamètre D1 de la denture 74
qui est inférieur au diamètre D2 défini par le fond de la denture 74. Le diamètre
D1 est suffisamment grand pour permettre à la couronne 71 et donc au mobile 7 de tourner
sans entraîner le pignon des dizaines 5 lorsque celui-ci ne doit pas être entraîné
et suffisamment petit pour que, lorsque le pignon 5 est en regard d'une partie 741,
cette partie 741 serve de butée pour la denture du pignon 5 empêchant le désindexage
de ce dernier. Ces parties 741 sont par ailleurs de préférence suffisamment longues
pour qu'à tout instant, y compris lorsque le pignon 5 est entraîné, l'une de ces parties
741 soit en regard du pignon 5 et puisse ainsi remplir sa fonction de butée. L'on
observera en particulier qu'au début de chaque phase d'entraînement du pignon 5, le
pignon 5 est empêché de se désindexer dans son sens d'entraînement par une première
partie d'extrémité 741 a (cf. figure 1) d'une partie 741 qui forme une butée pour
la dent du pignon 5 en contact avec une dent de la denture 74. A la fin de chaque
phase d'entraînement du pignon 5, le pignon 5 est empêché de se désindexer dans son
sens d'entraînement par une seconde partie d'extrémité 741 b d'une partie 741 consécutive,
qui s'étend jusqu'à un flanc de la dent précitée de la denture 74 et forme une butée
pour une dent consécutive du pignon 5.
[0015] L'on notera qu'avec cette forme de la denture 74, le débattement du pignon 5 sous
l'effet d'un choc est très faible. Après un tel choc, le pignon 5 est ramené dans
sa position angulaire stable d'avant le choc par le sautoir 9a.
[0016] La denture 75, quant à elle, est telle que, à tout instant où le mobile 7 est immobile,
une dent du pignon des unités 6 soit située dans un espace libre entre deux dents
consécutives de la denture 75 et l'une au moins de ces deux dents consécutives fasse
office de butée pour la denture du pignon des unités 6 de manière à empêcher le désindexage
du pignon des unités 6. Plus particulièrement, et de manière avantageuse, lorsque,
comme montré à la figure 1, une dent 10
i du pignon 6 se trouve centrée dans un espace libre 11
j de la denture 75 autre que l'espace libre 750, ce qui correspond à une position de
repos du pignon 6 et du mobile 7, les deux dents consécutives 12
k, 12
k+1 délimitant l'espace libre 11
j font office de butée, respectivement, pour les deux dents du pignon 6, référencées
10
i-1, 10
j+1, adjacentes à la dent 10
i. Ainsi, le débattement du pignon 6 sous l'effet d'un choc est très faible. Après
un tel choc, le pignon 6 est ramené dans sa position angulaire stable par le sautoir
associé 9b.
[0017] L'on observera que la forme de la denture 75 telle que décrite ci-dessus empêche
le désindexage du pignon 6 non seulement lorsque le mobile 7 est immobile mais également
pendant les déplacements du mobile 7 entre le 1
er et le 31 de chaque mois.
[0018] De préférence, afin d'empêcher, ou à tout le moins réduire le risque, que les dents
triangulaires et pointues du pignon ou étoile des unités 6 se bloquent dans la denture
75 à cause de l'ébat de la couronne inférieure 70 et donc du mobile 7 dû notamment
aux tolérance de fabrication, la denture 75 a un profil sinusoïdal comme représenté
aux figures 1 et 2.
1. Mécanisme pour l'affichage du quantième dans une pièce d'horlogerie, comprenant un
premier organe indicateur (2) solidaire d'un premier pignon (5) et indiquant les dizaines
du quantième, un second organe indicateur (3) solidaire d'un second pignon (6) et
indiquant les unités du quantième, un mobile en forme de couronne (7) comprenant des
première et seconde dentures intérieures (74, 75) coopérant respectivement avec les
premier et second pignons (5, 6) pour les entraîner, caractérisé en ce que les première et seconde dentures intérieures (74, 75) servent par ailleurs de butées
pour les dentures des premier et second pignons (5, 6) empêchant le désindexage des
premier et second pignons (5, 6).
2. Mécanisme selon la revendication 1, caractérisé en ce que le mobile en forme de couronne (7) est entraîné pas à pas et en ce que les première et seconde dentures intérieures (74, 75) sont agencées pour empêcher
le désindexage des premier et second pignons (5, 6) à tout instant où le mobile (7)
est immobile.
3. Mécanisme selon la revendication 2, caractérisé en ce que les première et seconde dentures intérieures (74, 75) sont agencées pour empêcher
le désindexage des premier et second pignons (5, 6) également pendant les déplacements
du mobile (7) entre le 1er et le 31 de chaque mois.
4. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que les première et seconde dentures intérieures (74, 75) s'étendent dans deux plans
différents.
5. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que la seconde denture intérieure (75) a un profil sinusoïdal.
6. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que le mobile en forme de couronne (7) est entraîné pas à pas à raison d'un pas par jour
et d'une révolution complète par trente et un jours.
7. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 6 caractérisé en ce que la première denture (74) comporte quatre dents.
8. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que chaque espace libre (740) entre deux dents consécutives de la première denture (74)
comporte une partie (741) définissant un diamètre (D1) de la première denture (74)
qui est inférieur au diamètre (D2) défini par le fond de la première denture (74),
et en ce que ces parties (741) servent de butée pour la denture du premier pignon (5) empêchant
le désindexage de ce dernier.
9. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que la seconde denture (75) comporte trente dents et un espace libre (750) occupant la
place d'une dent, cet espace libre (750) permettant au mobile (7) de tourner sans
entraîner le second pignon (6) lors du passage du 31 d'un mois au 1er du mois suivant.
10. Mécanisme selon la revendication 9, caractérisé en ce que la seconde denture (75) est telle que, lorsqu'une dent (10i) du second pignon (6) se trouve centrée dans un espace libre (11j) de la seconde denture (75) autre que ledit espace libre (750) occupant la place
d'une dent, deux dents consécutives (12k, 12k+1) délimitant cet autre espace libre (11j) fassent office de butée pour, respectivement, deux dents (10i-1, 10i+1) du second pignon (6) adjacentes à ladite dent (10i) du second pignon (6).
11. Mécanisme selon la revendication 10, caractérisé en ce que le second pignon (6) est une étoile.
12. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 11, caractérisé en ce qu'un sautoir (9a, 9b) est associé à chacun des premier et second pignons (5, 6).
13. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 12, caractérisé en ce que le mobile (7) comporte des première et seconde couronnes (71, 72) superposées, solidaires
l'une de l'autre et portant respectivement les première et seconde dentures intérieures
(74, 75).
14. Mécanisme selon la revendication 13, caractérisé en ce que le mobile (7) comporte en outre une troisième couronne (70) portant trente et une
dents, solidaire des première et seconde couronnes (71, 72), et entraînée pas à pas
à raison d'un pas par jour et d'une révolution complète par trente et un jours par
un mouvement d'horlogerie.
15. Mécanisme selon l'une quelconque des revendications 1 à 14, caractérisé en ce que les premier et second organes indicateurs (2, 3) sont des disques coplanaires et
juxtaposés.
16. Pièce d'horlogerie comprenant un cadran à grand guichet (4) et un mécanisme selon
l'une quelconque des revendications 1 à 15 pour afficher le quantième à travers le
grand guichet (4).