Arrière-plan de l'invention
[0001] La présente invention concerne un balancier pour mouvement d'horlogerie, comportant
un axe, une serge et des bras reliant la serge à l'axe, et destiné à être associé
à un ressort spiral pour constituer de manière classique l'oscillateur mécanique qui
détermine la fréquence de base du mouvement d'une pièce d'horlogerie, en particulier
d'une montre. Une construction connue d'un balancier de ce genre est illustrée par
exemple dans le brevet CH 494 992.
[0002] Actuellement, dans un balancier pour mouvement de montre, la pièce en forme de roue
comprenant la serge (ou jante) et les bras est faite d'un alliage à base de cuivre,
notamment en cupro-béryllium ou en maillechort, ou en nickel. Un tel alliage offre
une combinaison avantageuse de qualités qui comprennent, en particulier, sa nature
amagnétique, une bonne stabilité chimique et des caractéristiques mécaniques suffisantes.
La densité de ces alliages est supérieure à 8 kg/dm
3. Leur coefficient de dilatation thermique, qui est d'environ 17·10
-6/°C pour le CuBe, d'environ 15·10
-6/°C pour le nickel et d'environ 21·10
-6/°C pour le maillechort, n'est pas particulièrement favorable. La fréquence d'oscillation
f d'un oscillateur à balancier-spiral est donnée par :

où I est le moment d'inertie du balancier autour de son axe de rotation et M est
le couple élastique du spiral, exprimé en Nm/rad. Les fréquences usuelles des oscillateurs
de montre s'échelonnent de 2,5 Hz à 5 Hz, par pas de 0,5 Hz afin qu'une durée d'une
seconde corresponde à un nombre entier d'alternances de l'oscillateur. Un mouvement
est donc conçu pour une fréquence donnée et l'ensemble balancier-spiral doit avoir
cette fréquence-là. Dans la formule ci-dessus, on voit que le paramètre pertinent
du balancier est le moment d'inertie. Comme la part des bras du balancier est très
faible dans le moment d'inertie, celui-ci dépend avant tout des dimensions (diamètre
et section transversale) et de la densité de la serge.
[0003] Dans certains cas, le concepteur d'un mouvement d'horlogerie peut souhaiter utiliser
un balancier de relativement grand diamètre, par exemple pour des raisons d'esthétique.
Augmenter le diamètre sans changer le moment d'inertie peut se faire soit en diminuant
la section de la serge, soit en utilisant un matériau de moindre densité. Dans les
deux cas, le balancier aura une moindre masse, ce qui réduit les frottements dans
les paliers, donc les perturbations de l'isochronisme du balancier en fonction des
positions (verticales et horizontales) du mouvement. Cependant, une serge de section
réduite devient trop faible, surtout si elle doit porter des vis de réglage. On peut
alors envisager l'utilisation d'un matériau plus léger.
[0004] Le brevet FR 1 275 357 prévoit de réaliser un balancier de montre allégé, par combinaison
d'une serge faite d'un métal léger tel que l'aluminium avec un élément de support
élastique en forme de roue, constitué par un cercle et des rayons, le cercle ayant
des pattes extérieures pour sa fixation à la serge. Ceci permet de réaliser la roue
en un matériau à propriétés mécaniques élevées, par exemple un acier à ressort. Une
solution similaire, mais sans pattes de fixation, est prévue dans le brevet FR 1 301
938.
[0005] Toutefois, une telle construction de balancier en deux pièces faites de matériaux
différents n'offre pas les mêmes garanties de durabilité et de stabilité de forme
qu'une construction en une seule pièce, notamment à cause des grandes différences
de dilatation thermique entre l'acier, les alliages à base d'aluminium et les alliages
à base de cuivre. Ces dilatations et les déformations qu'elles peuvent induire modifient
notablement le moment d'inertie et donc la fréquence d'oscillation, surtout dans le
cas d'une serge en aluminium. D'autre part, avec cette construction en deux pièces,
il est difficile de bien centrer la serge par rapport à l'axe de rotation.
Résumé de l'invention
[0006] La présente invention vise à permettre de réaliser un oscillateur à balancier-spiral
ayant un plus grand diamètre que d'habitude pour une même fréquence, ou ayant une
fréquence plus élevée avec les mêmes dimensions qu'un oscillateur habituel, en évitant
les inconvénients susmentionnés. L'invention vise notamment à alléger le balancier
en lui conservant une résistance mécanique suffisante et une bonne stabilité dimensionnelle
vis-à-vis des variations de température.
[0007] A cet effet, un balancier selon l'invention est caractérisé en ce que la serge et
les bras sont en titane ou en un alliage à base de titane. De préférence, la serge
et les bras sont faits d'une seule pièce, ce qui est un grand avantage par rapport
aux deux brevets français précités, mais il n'est pas exclu de fabriquer ces pièces
séparément, puis les assembler par soudage ou un autre moyen.
[0008] Si le choix du titane parmi d'autres métaux légers, pour réaliser une roue de balancier
de montre, n'avait jamais été envisagé jusqu'ici alors que l'aluminium l'a été depuis
des décennies, c'est probablement à cause des difficultés d'usinage attendues. Dans
le modèle d'utilité DE 1 987 070 publié en 1968, il avait été mentionné la possibilité
d'utiliser un métal léger tel que l'aluminium ou le titane au lieu du cupro-béryllium
pour réaliser une roue d'échappement de montre, qui est une roue plate et tournant
assez lentement. Toutefois, aucune utilisation industrielle du titane dans une roue
de ce genre n'a été faite à notre connaissance. D'autre part, les propriétés physiques
exigées des matériaux d'une roue de balancier sont bien différentes ou plus élevées
que pour une autre roue d'un mouvement d'horlogerie. Il s'avère de manière surprenante
que la sélection du titane pour cette application particulière présente un ensemble
d'avantages techniques qui permettent de réaliser une roue de balancier à la fois
légère et de haute qualité : nature amagnétique, faible densité, résistance mécanique
élevée, faible coefficient de dilatation thermique, résistance à la corrosion. Par
rapport au cupro-béryllium, le titane est presque deux fois plus léger et se dilate
thermiquement deux fois moins, tout en offrant d'aussi bonnes caractéristiques mécaniques.
Par rapport à l'aluminium, le titane est un peu plus lourd, mais présente de bien
meilleures caractéristiques mécaniques et une dilatation thermique trois fois moindre.
L'invention permet donc de réaliser une roue de balancier en une pièce dont la serge
est relativement légère malgré des dimensions relativement grandes, tandis que les
bras sont minces et élastiques tout en étant suffisamment solides.
[0009] D'autre part, en comparaison avec un balancier en matériau classique ayant une serge
relativement mince, un balancier de même diamètre en titane peut avoir une serge plus
haute (dans la direction parallèle à l'axe de rotation), ce qui permet de ménager
dans la serge des trous taraudés pour des vis d'équilibrage dans des cas où ce ne
serait pas possible dans la serge en matériau classique.
Description sommaire des dessins
[0010] D'autres particularités de l'invention apparaîtront dans la description suivante
d'un mode de réalisation d'un balancier pour mouvement de montre ayant une roue de
balancier en titane, présenté à titre d'exemple non limitatif de l'invention en référence
aux dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en perspective du balancier, et
- la figure 2 est une vue en coupe suivant la ligne II-II de la figure 1.
Description détaillée d'un mode de réalisation de l'invention
[0011] Le balancier 1 représenté dans les figures 1 et 2 comporte un axe classique 2 en
acier qui supporte une roue de balancier comprenant une serge 3 et par exemple trois
bras 4 faits d'une seule pièce avec la serge. Cette pièce est en titane ou en alliage
à base de titane, pour les motifs de légèreté exposés plus haut. Les bras 4 rayonnent
à partir d'une partie centrale percée 5 qui est chassée sur une portée 6 de l'axe
2 en butant contre un épaulement 7. De manière classique, l'axe 2 supporte en outre
une virole 8, destinée à la fixation d'un spiral non représenté, et un double plateau
d'échappement 9 destiné à coopérer avec une ancre.
[0012] Les alliages suivants, par exemple, peuvent être utilisés :
Titane grade 2 : AFNOR T40 (Fe 0,25%, O 0,048%, C 0,06%, N 0,05%, H 0,013%,
Ti pour le reste)
Titane grade 5 : AFNOR TA6V6E2 (Al 5,5%, V 5,5%, Fe 0,6%, N 0,04%, Sn 2%,
Cu 0,6%, Ti pour le reste).
[0013] Grâce à la faible densité du titane, la serge 3, ayant en l'occurrence une section
transversale trapézoïdale, est suffisamment haute, épaisse et résistante pour comporter
des trous taraudés destinés à recevoir des vis de réglage s'il le fallait. Dans le
cas présent, l'équilibrage du balancier n'est pas réalisé au moyen de vis de réglage,
mais par fraisage de creux 11 dans la face extérieure de la serge.
[0014] En partant de l'idée que le balancier 1 est réalisé en titane (densité 4,5 kg/dm
3) afin d'avoir un plus grand diamètre qu'un balancier classique en cupro-béryllium
(densité 8,25 kg/dm
3) ayant le même moment d'inertie, en conservant en outre la même section transversale
de la serge, on peut calculer que le diamètre moyen de la serge du balancier en titane
sera agrandi de 22%. L'effet obtenu du point de vue de l'esthétique est donc significatif,
sans entraîner de perte sur les caractéristiques mécaniques de la serge.