[0001] La présente invention concerne un procédé pour transférer une nappe de fibres, en
particulier pour l'introduire dans une machine de consolidation telle qu'une aiguilleteuse,
plus particulièrement une pré-aiguilleteuse.
[0002] La présente invention concerne également un dispositif pour un transfert de nappe.
[0003] La présente invention concerne encore une machine de consolidation ainsi équipée,
en particulier une aiguilleteuse ou, plus particulièrement encore, une pré-aiguilleteuse.
[0004] Les nappes de fibres sont des produits textiles continus formés typiquement de couches
de fibres. Dans chaque couche, les fibres sont sensiblement parallèles entre elles,
suivant une direction oblique par rapport à la direction longitudinale de la nappe.
La direction oblique des fibres d'une couche forme un angle avec la direction oblique
des fibres de chaque couche voisine. En règle générale, ces directions obliques font
un angle peu inférieur à 90° avec la direction longitudinale de la nappe.
[0005] Une telle structure textile est particulièrement fragile car les fibres ne sont pas
liées entre elles, ni à l'intérieur d'une couche, ni d'une couche à l'autre. La nappe
de fibres constitue un produit intermédiaire qui doit ensuite passer par au moins
une machine de consolidation reliant les fibres entre elles, par exemple une aiguilleteuse
dont la fonction est d'entrelacer les fibres et de compacter la nappe, pour produire
une nappe consolidée ayant une excellente tenue mécanique.
[0006] Avant sa consolidation, la nappe non consolidée est difficile à transférer le long
d'une ligne de production, notamment dans l'intervalle entre le convoyeur d'acheminement
et la zone où la nappe est en prise avec les moyens d'avance de la machine de consolidation.
Ces moyens d'avance ne peuvent avoir qu'un effet de traction pour faire avancer la
nappe. Or, compte-tenu de la structure décrite précédemment pour la nappe non consolidée,
la nappe non consolidée n'a pratiquement aucune résistance mécanique à la traction.
Il est également impossible de pousser la nappe dans l'aiguilleteuse car la nappe
n'a pas non plus de résistance mécanique à la compression.
[0007] Dans une aiguilleteuse, lorsque les aiguilles sont dégagées de la nappe, des rouleaux
extracteurs placés en aval du trajet d'aiguilletage tirent la nappe vers l'aval pour
que la nappe effectue un pas d'avancement. Cette traction, transmise par la zone de
la nappe située dans le trajet d'aiguilletage, tend à étirer de façon indésirable
et irrégulière la zone de la nappe située juste en amont du trajet d'aiguilletage.
[0008] Pour résoudre ce problème, le
US-A-5 031 289 décrit un système de tapis convoyeurs convergents, inférieur et respectivement supérieur,
qui pincent la nappe entre eux, en la compactant dans le sens de l'épaisseur, pour
la délivrer quasiment à l'intérieur de la machine de consolidation. Pour que le dispositif
ait un encombrement aussi réduit que possible dans le sens de l'épaisseur de la nappe,
et puisse ainsi pénétrer aussi loin que possible dans la machine de consolidation,
chaque tapis convoyeur contourne, à l' extrémité aval du dispositif, non pas un cylindre
rotatif, mais une sorte de bec fixe dont le profil présente à son extrémité contournée
par le tapis un rayon de courbure choisi aussi faible que possible en vue d'une longévité
raisonnable du tapis.
[0009] Le but de la présente invention est de proposer un procédé et un dispositif de transfert
plus simples et/ou plus efficaces pour transférer une nappe de fibres, notamment en
vue de son introduction dans la première machine de consolidation d'une ligne de production.
[0010] Un autre but de la présente invention est de proposer une machine de consolidation,
notamment une aiguilleteuse, encore plus particulièrement une pré-aiguilleteuse, ainsi
équipée.
[0011] Suivant l'invention, le procédé pour le transfert d'une nappe de fibres le long d'un
trajet de transfert formant un angle par rapport à la verticale, par exemple sensiblement
horizontal, est caractérisé en ce qu'on introduit au contact de la face inférieure
de la nappe un flux d'air sous-jacent dont au moins une partie a une composante de
mouvement dans le sens du transfert.
[0012] Ainsi, suivant l'invention, on utilise un flux d'air sous-jacent qui à la fois allège
ou annule le poids apparent de la nappe, réduit ou annule le frottement contre un
support mécanique, et propulse la nappe par friction de l'air sur la face intérieure
de la nappe ou respectivement dans la zone de la couche inférieure de la nappe. Il
est avantageux de mettre en oeuvre le procédé à l'entrée d'une aiguilleteuse. Le flux
d'air selon l'invention porte la nappe non-consolidée vers le trajet d'aiguilletage.
La solution selon l'invention est doublement surprenante. D'une part il s'est avéré
qu'un débit d'air relativement modéré suffisait pour obtenir l'effet de transfert
attendu. D'autre part, l'homme de métier était dissuadé d'envisager une telle solution
car usuellement, dans le domaine des non-tissés, on cherche au contraire à abriter
la nappe textile de tout courant d'air, a priori susceptible d'éparpiller les fibres
de la nappe.
[0013] Il est avantageux d'introduire le flux sous forme de jets. On obtient de cette manière
une combinaison appropriée entre le débit du flux, la vitesse de l'air et la surface
sur laquelle le flux d'air est distribué.
[0014] On peut également pulser les jets. Ceci augmente la vitesse pour un débit donné et
fait subir à la nappe des chocs ou vibrations qui renforcent l'efficacité du procédé.
[0015] Les jets d'air peuvent comprendre des jets d'air de sustentation dirigés essentiellement
verticalement, qui ont pour effet de soulever la nappe, et des jets de propulsion,
orientés obliquement vers le haut et dans le sens du transfert de la nappe. Les jets
de propulsion ont un effet de propulsion, en plus d'un certain effet de sustentation.
De préférence, les jets d'air de sustentation agissent au voisinage de l'extrémité
amont de la zone de transfert selon l'invention, et les jets d'air de propulsion agissent
plus en aval.
[0016] Il est avantageux de mettre en oeuvre le procédé à la sortie d'un convoyeur à lattes,
c'est-à-dire dont la surface porteuse destinée à supporter la nappe est définie par
une succession de lattes qui s'étendent chacune transversalement à la direction de
transfert. Ces lattes sont typiquement portées par des courroies qui tournent autour
de cylindres de guidage. Le procédé selon l'invention permet, notamment lorsque les
jets d'air de sustentation sont placés en amont, de soulever la nappe avant qu'elle
aborde le virage des lattes autour d'un moyen de renvoi, tel que cylindre, du convoyeur
à lattes. On évite ainsi que la partie inférieure de l'épaisseur de la nappe soit
étirée sous l'effet des lattes qui s'écartent les unes des autres autour du virage.
[0017] De préférence, on dirige également sur la face supérieure de la nappe un flux d'air
supérieur, sensiblement en regard du flux d'air sous-jacent, de préférence en donnant
à au moins une partie du flux d'air supérieur une composante de mouvement dans le
sens du transfert de la nappe.
[0018] Ainsi, on exerce une action globale qui tend à comprimer la nappe entre le flux d'air
sous-jacent et le flux d'air supérieur, et on la propulse par friction de flux d'air
sur chacune de ses deux faces. Toutefois, il est préférable de donner au flux d'air
sous-jacent une puissance plus grande qu'au flux d'air supérieur dans la direction
verticale. Ainsi, la résultante verticale des deux flux d'air équilibre une partie
au moins du poids de la nappe.
[0019] Suivant un second aspect de l'invention, le dispositif de transfert de nappe est
caractérisé en ce qu'il comprend des moyens de soufflage pour introduire au contact
de la face inférieure de la nappe un flux d'air dont au moins une partie a une composante
de mouvement dans le sens de transfert.
[0020] Il est avantageux de prévoir des moyens pour régler différemment au moins un paramètre,
parmi pression et débit, en différents points de la longueur du trajet de la nappe
occupée par le dispositif. Ces moyens peuvent consister en des moyens d'alimentation
différents pour différentes zones de la longueur du dispositif, et/ou des moyens d'alimentation
réglables indépendamment, et/ou des orifices de géométries ou dimensions différentes.
Il peut également y avoir plus d'orifices par unité de surface dans certaines zones
que dans d'autres.
[0021] Il est avantageux que le dispositif définisse pour la nappe un trajet d'abord ascendant
puis sensiblement horizontal. Ainsi, le soulèvement initial de la nappe par le flux
de sustentation, même si celui-ci est à peu près vertical, peut en même temps contribuer
à la propulsion de la nappe le long de la partie ascendante du trajet.
[0022] Il est avantageux que les orifices dont sont issus les jets d'air, débouchent dans
au moins un évidement d'une surface. De préférence, au moins un évidement présente,
relativement au sens de transfert, une face amont en pente raide et une face aval
en pente douce. Les évidements sont de préférence des rainures transversales à la
direction de transfert. Ces évidements facilitent le perçage des orifices lors de
la fabrication du dispositif. En outre, ils ont sur la nappe un effet anti-retour
lors des interruptions du soufflage lorsque les jets sont pulsés à une cadence liée
à la cadence de frappe de l'aiguilleteuse, le soufflage étant interrompu lorsque les
aiguilles sont engagées dans la nappe.
[0023] Il est avantageux que les orifices soient disposés en quinconce pour répartir au
mieux l'action des jets d'air sur toute la surface de la nappe concernée par l'action
du dispositif.
[0024] Selon un troisième aspect de l'invention, la machine de consolidation, notamment
une aiguilleteuse, en particulier une pré-aiguilleteuse, est équipée d'un dispositif
selon le deuxième aspect.
[0025] D'autres particularités et avantages de l'invention ressortiront encore de la description
ci-après, relative à des exemples non-limitatifs.
[0026] Aux dessins annexés :
- la figure 1 est une vue d'une pré-aiguilleteuse équipée d'un dispositif de transfert
selon l'invention, en coupe dans un plan vertical parallèle à la direction longitudinale
de la nappe ;
- la figure 2 est un agrandissement du dispositif de transfert de la figure 1, et de
son environnement entre un convoyeur à lattes et la pré-aiguilleteuse ;
- la figure 3 est une vue schématique en perspective en coupe d'une partie du dispositif
de transfert dans une variante de réalisation ;
- la figure 4 est une vue analogue à la figure 2, mais dans une deuxième variante de
réalisation ;
- la figure 6 est une vue analogue à la figure 2, dans un deuxième mode de réalisation.
[0027] Dans l'exemple représenté à la figure 1, la pré-aiguilleteuse 1 constitue la première
machine de consolidation d'une nappe textile 17 (Fig 2) sortant par exemple d'un étaleur-nappeur.
On aperçoit une partie du tablier de sortie, constitué par un convoyeur à lattes 18
de l'étaleur-nappeur. Le convoyeur 18 achemine la nappe 17 à l'entrée 14 de la pré-aiguileteuse.
La pré-aiguilleteuse 1 comprend un trajet d'aiguilletage 2 qui s'étend dans un plan
sensiblement horizontal avec une direction de transfert des fibres qui est dans le
plan de figure 1. Le trajet 2 est défini du côté inférieur par une table d'aiguilletage
3 et du côté supérieur par un débourreur 4, tous deux perforés (de manière non représentée)
pour permettre le passage d'aiguilles inférieures 5 et d'aiguilles supérieures 6,
respectivement. Seules certaines aiguilles 5 et 6 sont représentées.
[0028] En dessous de la table d'aiguilletage 3, les aiguilles inférieures 5 sont fixées
à une planche à aiguilles 7 elle-même fixée à une poutre 8, qui est actionnée en va-et-vient
vertical par un mécanisme bielle-manivelle 9 dont on n'aperçoit qu'une partie de la
bielle.
[0029] De façon similaire, au dessus du débourreur 4, les aiguilles supérieures 6 sont fixées
à une planche à aiguilles supérieure 11, elle-même fixée à une poutre 12, actionnée
en va-et-vient vertical par un mécanisme à bielle-manivelle qui n'est que partiellement
représenté.
[0030] Le mouvement de va-et-vient des aiguilles inférieures 5 et des aiguilles supérieures
6 fait alternativement pénétrer les extrémités des aiguilles dans le trajet d'aiguilletage
2 et respectivement fait sortir lesdites extrémités dudit trajet 2, pour entrelacer
les fibres de la nappe (non représentée) arrivant par un côté introduction 14 pour
ressortir sous forme de nappe au moins partiellement consolidée du côté extraction
16. Le sens de défilement de la nappe le long du trajet est défini par la flèche 27.
Les extrémités des aiguilles sont garnies de conformations appropriées pour entraîner
les fibres avec elles pendant la course de pénétration et/ou pendant la course de
retrait.
[0031] Plus généralement, on appelle pré-aiguilleteuse une aiguilleteuse dans laquelle le
nombre, la répartition, la course de travail et la cadence des aiguilles, ainsi que
l'écartement et l'angle de convergence entre table 3 et débourreur 4 sont adaptés
à conférer un premier compactage et une première tenue à une nappe entrant non-consolidée.
[0032] La figure 1 représente chaque planche à aiguilles 7 ou 11 dans sa position de pénétration
maximale ainsi que, sous les désignations 7r et 11r, dans sa position de retrait maximal.
Les deux poutres 8 et 12 sont principalement représentées en position de retrait maximal.
En outre, dans la position de retrait maximal 7r et 11r, la moitié gauche de chaque
planche est illustrée à l'état desserré lors des opérations de montage ou démontage.
[0033] Le convoyeur à lattes 18 (Fig 2) comprend, comme élément actif pour le convoyage,
des lattes transversales 19 fixées sur au moins une courroie 20 continue. La courroie
20 circule autour de cylindres de guidage et d'entraînement parmi lesquels seul un
cylindre de renvoi aval 21 précédant l'entrée dans l'aiguilleteuse est représenté.
[0034] La figure 2 montre schématiquement que les surfaces supérieures des lattes s'écartent
les unes des autres lorsque les lattes passent d'un trajet rectiligne précédant le
cylindre 21 à un trajet courbe autour du cylindre 21.
[0035] Un dispositif de transfert 22, conforme à l'invention, est installé sous le trajet
de la nappe 17, entre le convoyeur à lattes 18 et l'entrée 14 dans l'aiguilleteuse
1.
[0036] Le dispositif de transfert 22 comprend une table de transfert 23 dont la face supérieure
24 qui est tournée vers la face inférieure 26 de la nappe 17, est une surface de transfert
fixe, de préférence revêtue d'un revêtement anti-friction tel qu'un polytétrafluoréthylène.
Ainsi, la face 24 délimite le côté inférieur d'un trajet de transfert 15 de la nappe
17. Le trajet 15 s'intercale entre le trajet de convoyage 25, situé en amont, sur
le convoyeur à lattes 18, et le trajet d'aiguilletage 2 situé en aval.
[0037] La surface de transfert 24 possède, de l'amont vers l'aval relativement au sens de
transfert 27 des fibres, une partie ascendante 24a du trajet de transfert et une partie
sensiblement horizontale 24h, qui délimitent des parties correspondantes, ascendante
et respectivement horizontale, de la zone inférieure du trajet de transfert 15.
[0038] La table 23 s'étend au moins sur toute la largeur de la nappe.
[0039] A l'amont, la partie ascendante 24a se raccorde, avec un jeu de fonctionnement approprié
choisi aussi faible que possible, à une région du début de la descente des lattes
19 autour de la courbure du cylindre 21.
[0040] L'extrémité aval de la partie 24h de la surface de transfert 24 se raccorde de façon
quasiment jointive avec la face supérieure de la table d'aiguilletage 3.
[0041] La table de transfert 23 forme avec un caisson inférieur 28 fixé sous la table 23
une chambre d'accumulation d'air 29. La chambre 29 est raccordée à la sortie, schématisée
par la flèche 31, d'un ventilateur de soufflage 32 s'alimentant lui-même en 33 dans
l'atmosphère extérieure, au besoin à travers des filtres non représentés.
[0042] Le caisson 28 est fixé à un prolongement amont 34 de la table d'aiguilletage 3. L'ensemble
constitué par le caisson 28 et la table 23 est ainsi rendu solidaire du bâti de l'aiguilleteuse.
Le dispositif de transfert 22 peut être proposé seul pour équiper une pré-aiguilleteuse
ou une aiguilleteuse usuelle, le cas échéant après démontage d'un dispositif introducteur
qui équipait antérieurement cette aiguilleteuse. Le dispositif de transfert 22 pour
aussi faire partie intégrante d'une pré-aiguilleteuse conçue d'emblée avec ce dispositif
introducteur selon l'invention.
[0043] La table 23 est traversée par quatre rangées d'orifices d'éjection d'air 36, 37,
38, 39. Comme le montre la figure 3, les rangées sont orientées suivant la largeur
de la nappe, et s'étendent sur toute cette largeur. Les rangées sont disposées de
façon à être sensiblement équidistantes lorsqu'elles sont vues sur la face supérieure
24 de la table 23. D'une rangée à l'autre, les orifices 36, 37, 38, 39 sont disposés
en quinconce (figure 3). C'est donc de façon schématique que les orifices 36, 37,
38, 39 sont représentés dans un même plan aux figures 1 et 2 ainsi qu'aux figures
4 à 6 qui seront décrites plus loin. Toutefois, la disposition en quinconce n'est
pas obligatoire et la disposition représentée à titre schématique à la figure 2 pourrait
également être adoptée.
[0044] Les orifices 36 à 39 sont destinés à introduire, entre la face supérieure 24 de la
table 23 et la face inférieure 26 de la nappe, des jets d'air alimentés grâce à une
certaine surpression régnant dans la chambre 29. Plus particulièrement, chaque orifice
36, 37, 38, 39 relie la chambre 29 avec la région comprise entre la table 23 et la
nappe 17, de sorte que l'air alimentant la chambre 29 en provenance du ventilateur
32 s'écoule sous forme de jets 46 à 49 respectivement, à la sortie des orifices 36
à 39. Ces jets se combinent pour former un flux d'air, une sorte de lit pneumatique
mobile vers l'aval sous la nappe 17.
[0045] Chaque orifice 36 à 39 est un conduit typiquement cylindrique formé dans la masse
de la table 23 et débouchant perpendiculairement dans la face amont 56, 57, 58 ou
59 respectivement d'un évidement 41 formé dans la face supérieure 24 de la table 23.
Il y a pour chaque rangée d'orifices 36, 37, 38, 39 un évidement 41, en forme de rainure
s'étendant transversalement à la direction de transfert 17.
[0046] Les orifices 36, 37, 38, 39 présentent tous une inclinaison de l'amont vers l'aval,
lorsqu'on suit l'orifice de la chambre 29 à la face supérieure 24 de la table 23,
et par rapport à l'inclinaison locale de cette face 24. En outre cette inclinaison
est croissante depuis la rangée d'orifices 36 située le plus en amont jusqu'à la rangée
d'orifices 39 située le plus en aval. Chaque rainure 41 présente une forme de V plus
ou moins dissymétrique définie par la face amont 56, 57, 58 ou respectivement 59,
et une face aval 42. Les faces amont 58 et 59 sont en pente plus raide que les faces
aval 42 associées, relativement à l'orientation locale de la surface 24.
[0047] Les orifices 36 situés le plus en amont sont orientés verticalement et débouchent
à travers la partie ascendante 24a de la surface 24. Ils définissent des jets de sustentation
46 qui ont essentiellement pour fonction de soulever la nappe 17 en l'empêchant sensiblement
de suivre la partie incurvée du trajet des lattes 19 du convoyeur à lattes 18 autour
du cylindre 21.
[0048] Les orifices 37, 38, 39 sont, dans cet ordre, de plus en plus inclinés vers l'aval
et débouchent à travers la partie horizontale 24h de la surface de transfert. Ils
définissent des jets de propulsion 47, 48, 49, ayant une composante de mouvement dans
le sens 27 de transfert de la nappe 17, c'est-à-dire une composante orientée horizontalement
vers l'aval relativement au sens de transfert des fibres. Ces jets ont une double
fonction de supporter au moins partiellement le poids de la nappe 17 et de propulser
la nappe 17 par friction entre les jets d'air 47, 48, 49 d'une part et les fibres
composant la face inférieure de la nappe 17 ou plus concrètement les fibres composant
le bas de l'épaisseur de la nappe 17.
[0049] Dans un exemple de réalisation typique, les orifices 36, 37, 38, 39 ont un diamètre
de 1mm, et sont espacés entre eux de 20 mm le long de leurs rangées respectives. L'écartement
entre les rangées successives peut être de l'ordre de 10 mm. La pression relative
régnant dans la chambre d'accumulation 29 peut être de l'ordre de 20 hPa.
[0050] Dans l'exemple représenté aux figures 1 et 2, les jets d'air 46, 47, 48, 49 sont
continus.
[0051] La figure 3 représente une variante de réalisation dans laquelle des obturateurs
43 sont placés contre la face intérieure 44 de la table de transfert 23 en regard
de chaque rangée d'entrées d'orifices 36, 37, 38 ou 39. Chaque obturateur 43 a dans
l'exemple représenté la forme d'un tiroir allongé et plat 51 s'étendant parallèlement
à la rangée d'orifices. Des lumières 52 pratiquées dans chaque tiroir sont capables
de coïncider simultanément avec les entrées de tous les orifices de la rangée et les
faire ainsi communiquer avec la chambre 29. Chaque tiroir 51 est associé avec des
moyens d'actionnement respectifs 53 illustrés très schématiquement par une double
flèche, capables d'actionner les tiroirs 51 en va-et-vient parallèlement à la rangée
d'orifices correspondants pour alternativement ouvrir et fermer la communication de
la chambre 29 avec les orifices de la rangée de manière à produire des jets d'air
qui sont non plus continus mais pulsés.
[0052] Il est possible de commander les obturateurs 43 de façon que tous les orifices 36
à 39 soient ouverts simultanément et fermés simultanément. On peut également commander
les obturateurs 43 de façon que les jets d'une rangée soient décalés par rapport aux
jets d'au moins une autre rangée, par exemple pour réaliser une sorte de propulsion
péristaltique de la nappe.
[0053] Il est également possible qu'au moins une rangée, par exemple la rangée des orifices
36 formant les jets de sustentation, soit alimentée en continu, auquel cas l'obturateur
correspondant est maintenu en position ouverte, ou même supprimé, tandis qu'au moins
une autre rangée produit des jets pulsé.
[0054] Il est également possible qu'un obturateur présente des lumières 52 dont le pas est
différent de celui des orifices de la rangée, par exemple un pas irrégulier si le
pas des orifices de la rangée est régulier, de façon que les jets pulsés d'une même
rangée ne soient pas produits simultanément. Notamment si l'on souhaite pouvoir sélectivement
réaliser des jets simultanés ou non dans une rangée, on peut prévoir pour cette rangée
au moins deux obturateurs commandés indépendamment et à chacun desquels est respectivement
affecté un ou plusieurs orifices de la rangée. Il peut par exemple y avoir deux obturateurs
montés côte à côte et présentant chacun des dents latérales venant sélectivement masquer
l'entrée des orifices correspondants. Les dents de chaque obturateur occupent des
créneaux interdentaires de l'autre obturateur.
[0055] Dans une version au contraire plus simple, tous les obturateurs pourraient être réunis
en une plaque unique reliée à un seul moyen d'actionnement. On aurait encore, comme
dans les exemples précédents, la liberté de sélectionner la durée des jets pulsés,
l'intervalle de temps entre deux jets pulsés.
[0056] Dans ce mode de réalisation et dans les précédents, il est également possible de
prévoir pour certains orifices une lumière allongée au lieu d'un orifice local pour
prolonger la durée du jet de certains orifices ou même pour rendre certains jets permanents.
[0057] Dans l'exemple représenté à la figure 1, la face supérieure de la nappe 17 est guidée
au dessus de la table 23 par un système 61 comprenant des disques rotatifs 62 qui,
le long de leur axe orienté transversalement par rapport à la nappe, alternent avec
des doigts de guidage fixe 63 se prolongeant vers l'aval jusqu'à l'entrée 14 dans
l'aiguilleteuse 1. La vitesse périphérique des disques 62 est de préférence légèrement
supérieure à celle de la nappe 17.
[0058] Dans l'exemple représenté à la figure 4, le système de guidage 61 est remplacé par
un second dispositif de transfert par soufflage 64.
[0059] Plus particulièrement, dans l'exemple représenté, le second dispositif de transfert
64 est symétrique du dispositif 22 par rapport au plan de la nappe 17. Le dispositif
64 comprend ainsi une plaque 66, symétrique de la table 23. Par des orifices 67 pratiqués
dans la plaque 66, des jets d'air 69 s'échappent vers la face supérieure 68 de la
nappe 17. Le premier jet d'air 69 est dirigé verticalement vers le bas, les suivants,
relativement au sens de transfert 27, sont de plus en plus inclinés vers l'aval et
de moins en moins vers le bas.
[0060] Ainsi, dans ce mode de réalisation, la nappe 17 est comprimée dans le sens de l'épaisseur
entre les deux flux d'air, inférieur et respectivement supérieur. La nappe est propulsée
par friction d'air à la fois par contact avec sa face inférieure 26 et par contact
avec sa face supérieure 68.
[0061] Il est préféré que les jets d'air 69 soient moins puissants en direction verticale
que les jets d'air inférieurs 46 à 49. La résultante verticale des forces aérodynamiques
est donc dirigée vers le haut, et compense au moins une partie du poids de la nappe
17. Le frottement de la face inférieure 26 de la nappe 17 sur la table 23 est alors
réduit ou annulé, comme dans les modes de réalisation précédents.
[0062] Dans l'exemple représenté, la géométrie des orifices 67 est la même que celle des
orifices à travers la table 23. La moindre puissance verticale est obtenue par une
moindre pression dans la chambre supérieure 71 définie entre la plaque 66 et un caisson
72 fixé à un prolongement 73 du débourreur 4.
[0063] Mais il serait également envisageable que les orifices supérieurs 67 soient plus
inclinés, et/ou en moins grand nombre, et/ou de plus petit diamètre et/ou, dans le
cas de jets pulsés, commandés avec des pulsations moins longues ou moins fréquentes.
[0064] Les exemples des figures 5 et 6 ne seront décrits que pour leurs différences par
rapport à ceux de la figure 3 et respectivement de la Figure 2.
[0065] Dans l'exemple de la Figure 5, les tiroirs coulissants 51 sont remplacés par des
tiroirs rotatifs 151 constitués chacun d'un arbre monté rotatif dans un alésage respectif
formé dans la table 23 parallèlement à la largeur de la nappe 17. L'alésage passe
à travers les orifices d'une rangée respective d'orifices 36 à 39. Chaque arbre comprend
pour chaque orifice de la rangée, un conduit diamétral 152 qui coïncide avec l'orifice
correspondant, et qui ouvre ainsi l'orifice, dans une position angulaire ou une plage
de positions angulaires de l'arbre. L'arbre obture l'orifice dans d'autres positions
angulaires de l'arbre. Dans cette réalisation, les arbres 151 sont en rotation continue
(motorisation schématisées par les flèches 153) et peuvent assurer une cadence synchronisée
avec la cadence de frappe des aiguilles de l'aiguilleteuse.
[0066] Dans L'exemple de la figure 6, le dispositif de transfert 82 est placé non plus directement
derrière le convoyeur à lattes 18, mais derrière un dispositif d'entraînement 74 intercalé
entre le convoyeur à lattes 18 et le dispositif de transfert 82. Le dispositif d'entraînement
74 comprend un cylindre inférieur 76 et un cylindre supérieur 77, contra-rotatifs,
entre lesquels la nappe 17 est comprimée et entraînée par friction.
[0067] Dans les versions des figures 1 à 5, il serait également possible d'intercaler un
tel dispositif d'entraînement intermédiaire 74 entre le convoyeur à lattes 18 et le
dispositif de transfert inférieur 22.
[0068] Selon une autre particularité, indépendante par conséquent de la présence du dispositif
d'entraînement 74, le dispositif de transfert 82 comprend non plus une chambre unique
telle que 29 pour alimenter tous les orifices mais trois chambres 86, 88, 89 qui alimentent
respectivement les jets 46 et 47 d'une part, 48 d'autre part, et 49 en ce qui concerne
la chambre 89.
[0069] Il est ainsi possible de commander séparément les pressions appliquées pour la production
des différents jets. Par exemple, on peut produire avec plus de pression les jets
46 et 47 qui contribuent le plus à la sustentation si la nappe 17 est relativement
lourde, ou au contraire avec plus de pression les jets 48 et 49 si la vitesse d'avance
de la nappe 17 doit être relativement rapide.
[0070] Les chambres 86, 88 et 89 étant de relativement petit volume, il est possible de
pulser le jet par une électrovanne ou un obturateur tournant qui serait installé(e)
sur chacun des conduits d'alimentation d'air 87. Ceux-ci peuvent être raccordés non
plus à la sortie d'un ventilateur, mais à un réseau d'air comprimé.
[0071] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux exemples décrits et représentés.
[0072] Le flux d'air pourrait être créé à travers des ouies en forme de fente s'étendant
parallèlement à la largeur de la nappe, en recherchant une sorte de flottaison de
la nappe sur un flux quasi laminaire, plutôt qu'un soulèvement dynamique par des jets.
[0073] L'invention est applicable à l'introduction d'une nappe non-tissée dans d'autres
machines textiles, par exemple une étireuse.
[0074] L'invention s'applique au transfert d'une nappe suivant un trajet « sensiblement
horizontal », c'est-à-dire un trajet dont l'orientation a normalement pour conséquence
une résistance de la nappe à l'avancement, en raison de la gravité et/ou de l'inertie
et/ou des frottements. Par exemple, l'invention présenterait un intérêt tout particulier
si le trajet était oblique dans le sens ascendant.
[0075] Le raccordement à un réseau d'air comprimé n'est pas limité à la réalisation de la
Figure 6.
1. Procédé pour le transfert d'une nappe de fibres (17) le long d'un trajet de transfert
(15)formant un angle par rapport à la verticale, caractérisé en ce qu'on introduit au contact de la face inférieure (26) de la nappe (17) un flux d'air
sous-jacent dont au moins une partie a une composante de mouvement dans le sens (27)
du transfert.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on introduit le flux sous forme de jets (46, 47, 48, 49).
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que certains au moins des jets sont pulsés.
4. Procédé selon la revendication 2 ou 3, caractérisé en ce que certains au moins des jets d'air sont des jets d'air de propulsion (47, 48, 49) orientés
obliquement vers le haut et dans le sens (27) du transfert de la nappe.
5. Procédé selon l'une des revendications 2 à 4, caractérisé en ce que certains au moins des jets d'air sont des jets d'air de sustentation (46) dirigés
essentiellement verticalement.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce qu'il est mis en oeuvre à la sortie d'un convoyeur à lattes (18).
7. Procédé selon les revendications 5 et 6, caractérisé en ce qu'on place les jets d'air de sustentation (46) juste derrière le convoyeur à lattes
(18) pour soulever la nappe d'une région du convoyeur à lattes qui se courbe autour
d'un moyen de renvoi (21).
8. Procédé selon l'une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce qu'il est mis en oeuvre à l'entrée (14) dans une machine de consolidation, en particulier
une aiguilleteuse (1).
9. Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce qu'on dirige sur la face supérieure (68) de la nappe (17) un flux d'air supérieur, sensiblement
en regard du flux d'air sous-jacent.
10. Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce qu'on donne à au moins une partie du flux d'air supérieur une composante de mouvement
dans le sens (27) du transfert de la nappe (17).
11. Procédé selon la revendication 9 ou 10, caractérisé en ce qu'on donne au flux d'air sous-jacent plus de puissance qu'au flux d'air supérieur dans
la direction verticale, pour que la résultante verticale des deux flux d'air équilibre
une partie au moins du poids de la nappe.
12. Dispositif de transfert de nappe, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens de soufflage pour introduire au contact de la face inférieure
(26) de la nappe (17) un flux d'air dont au moins une partie a une composante de mouvement
dans le sens (27) du transfert.
13. Dispositif selon la revendication 12, caractérisé en ce que les moyens de soufflage sont répartis sur la largeur de la nappe.
14. Dispositif selon la revendication 12 ou 13, caractérisé en ce que les moyens de soufflage sont répartis sur une certaine longueur du trajet de la nappe.
15. Dispositif selon la revendication 14, caractérisé en ce que les moyens de soufflage sont orientés plus vers le haut dans une partie amont de
ladite certaine longueur que dans une partie aval de ladite longueur, relativement
au sens (27) de transfert de la nappe (17).
16. Dispositif selon la revendication 14 ou 15, caractérisé par des moyens pour régler différemment au moins un paramètre parmi pression et débit
en différents points de ladite longueur.
17. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 16, caractérisé en ce qu'il délimite pour la face inférieure (26) de la nappe un trajet d'abord ascendant puis
sensiblement horizontal.
18. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 16, caractérisé en ce que les moyens de soufflage comprennent des orifices d'éjection (36 à 39).
19. Dispositif selon l'unes des revendications 12 à 18, caractérisé en ce que certains au moins des orifices (37 à 39) sont orientés pour définir des jets d'air
(47 à 49) allant vers l'aval relativement au sens (27) de transfert de la nappe (17).
20. Dispositif selon la revendication 18 ou 19, caractérisé en ce que certains des orifices (36) sont orientés pour définir des jets d'air (46) sensiblement
verticaux.
21. Dispositif selon l'une des revendications 18 à 20, caractérisé en ce que les orifices (36 à 39) débouchent dans au moins un évidement (41) d'une surface (24),
cet évidement ayant, relativement au sens de transfert, une face amont (58, 59) en
pente raide et une face aval (42) en pente douce.
22. Dispositif selon la revendication 21, caractérisé en ce que les évidements sont des rainures transversales à la direction de transfert.
23. Dispositif selon l'une des revendications 19 à 22, caractérisé en ce que les orifices (36 à 39) sont disposés en quinconce.
24. Dispositif selon l'une des revendications 19 à 23, caractérisé en ce que les orifices ont une entrée communiquant avec au moins une chambre d'accumulation
(29) reliée à un moyen d'alimentation en air (32).
25. Dispositif selon l'une des revendications 19 à 24, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens obturateurs mobiles (43, 143) pour les orifices.
26. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 24, caractérisé par des moyens obturateurs placés dans le trajet d'air (87) des moyens de soufflage.
27. Dispositif selon la revendication 25 ou 26, caractérisé par des moyens (53, 153) pour commander les moyens obturateurs (43, 152) de façon à générer
un écoulement d'air pulsé.
28. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 27, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens de soufflage (64) sur la face supérieure (68) de la nappe (17),
pour générer un flux d'air supérieur dont une partie au moins a une composante de
mouvement dans le sens (27) de transfert de la nappe (17).
29. Dispositif selon l'une des revendications 12 à 28, caractérisé en ce qu'il comprend une table (23) sous le trajet de la nappe.
30. Dispositif selon la revendication 29, caractérisé en ce que la table (23) comporte un revêtement anti-friction.
31. Machine de consolidation comprenant une entrée de nappe équipée d'un dispositif selon
l'une des revendications 12 à 30.
32. Machine selon la revendication 31, caractérisée en ce que la machine est une aiguilleteuse, en particulier une pré-aiguilleteuse (1).