Domaine technique
[0001] La présente invention se rapporte au domaine de l'horlogerie mécanique. Elle concerne,
plus particulièrement, un mécanisme de sonnerie comportant un barillet muni d'un arbre
pour son remontage par un remontoir conventionnel et des râteaux destinés à être entraînés
par le barillet pour sonner l'heure courante. Ce mécanisme comprend un système de
déclenchement automatique et un système de déclenchement manuel doté d'un organe de
commande actionnable par le porteur. Un tel mécanisme comporte sa propre source d'énergie
et possédant un système de remontage indépendant de l'enclenchement de la sonnerie.
Etat de la technique
[0002] On connaît ce genre de dispositif, notamment dans les montres appelées grandes sonneries.
Celles-ci donnent la possibilité de sonner les heures au passage, c'est-à-dire automatiquement
tous les quarts et/ou toutes les heures. II est donc évident que, pour ce faire, le
porteur n'a pas besoin d'armer un barillet à chaque sonnerie, comme c'est le cas dans
les répétitions à minutes les plus courantes, qui ne sonnent l'heure que sur demande
et dans lesquelles un barillet de sonnerie est armé par l'intermédiaire d'une crémaillère
lorsque l'utilisateur actionne la targette de commande. On pourra trouver une description
complète d'un mécanisme de grande sonnerie conventionnel dans l'ouvrage "
Les montres compliquées" de F. Lecoultre, aux Editions Horlogères, pages 182-205.
[0003] Le barillet peut être armé par le porteur, par le biais d'un système de remontage
manuel conventionnel comportant principalement une tige de remontoir coopérant avec
l'arbre de barillet. Dans certaines pièces, le barillet de sonnerie peut également
être armé automatiquement, par le biais d'un système de remontage automatique conventionnel
comportant principalement une masse oscillante coopérant avec l'arbre de barillet.
[0004] Ce barillet fournit l'énergie nécessaire aux sonneries, qu'elles soient déclenchées
sur demande ou au passage. Le barillet étant respectivement libéré soit manuellement,
soit automatiquement.
[0005] Lorsque le porteur d'une grande sonnerie déclenche manuellement une sonnerie, il
prélève de l'énergie qui manquera, à un moment ou à un autre, pour les prochaines
sonneries au passage. Il n'est pas très heureux d'obliger l'utilisateur à réarmer
le barillet de sonnerie par la tige de remontoir à chaque fois qu'il fait sonner sa
montre, de manière à ce qu'il soit sûr que les prochaines sonneries au passage pourront
s'effectuer.
[0006] Pour permettre au moins à l'utilisateur de pouvoir contrôler la réserve de marche
du barillet de sonnerie, certaines pièces comportent un indicateur spécialement dédié
à afficher cette information. Bien qu'apportant un certain confort au porteur, cet
affichage ne résout pas le problème de consommation supplémentaire de l'énergie du
barillet de sonnerie qu'engendre une sonnerie déclenchée manuellement.
[0007] La présente invention a pour but de résoudre ce problème en proposant un mécanisme
de grande sonnerie dans lequel les déclenchements manuels ne sont pas préjudiciables
à la réserve de marche du barillet de sonnerie.
Divulgation de l'invention
[0008] De façon plus précise, l'organe de commande d'un mécanisme de sonnerie selon l'invention
est relié cinématiquement à l'arbre de barillet par l'intermédiaire d'un système d'embrayage
agencé de manière à ce que :
- l'organe de commande et l'arbre soient liés cinématiquement lors du déplacement dudit
organe dans un premier sens pour charger le barillet, et
- que l'organe de commande et l'arbre soient indépendants cinématiquement l'un de l'autre
lors du déplacement de l'organe dans un deuxième sens, ou lors du pivotement de l'arbre
dans le deuxième sens.
[0009] Avantageusement, un rouage relié cinématiquement à l'arbre de barillet, est entraîné
par l'organe de commande.
[0010] Selon un mode de réalisation préféré, le système d'embrayage est un système d'encliquetage
intercalé entre le rouage et l'arbre de barillet.
[0011] En outre, l'organe de commande comporte un système de rappel indépendant du barillet.
Brève description des dessins
[0012] D'autres caractéristiques apparaîtront plus clairement à la lecture de la description
qui suit, faite en référence au dessin annexé, dans lequel:
- la figure 1 est une vue d'ensemble d'un mécanisme de sonnerie selon l'invention,
- la figure 2 représente le système de remontage manuel du barillet de sonnerie, et
- la figure 3 illustre en particulier le dispositif de déclenchement manuel d'une sonnerie
selon l'invention.
Mode(s) de réalisation de l'invention
[0013] Le mécanisme représenté au dessin est décrit en détail dans les demandes
EP 06121650.3 et
EP 06124443.0. L'homme du métier pourra s'y référer pour une meilleure compréhension de l'ensemble
du mécanisme dans lequel le dispositif selon l'invention prend place. L'invention
n'est pas limitée au mécanisme de sonnerie proposé mais peut s'adapter à tout type
de grande sonnerie.
[0014] Un mécanisme de grande sonnerie comporte généralement
- une série de limaçons 10 entraînés par un mouvement de base d'une pièce d'horlogerie
dans laquelle le mécanisme est monté, et fournissant des informations sur le temps
courant,
- des râteaux 12 agencés pour coopérer avec ces limaçons 10 pour actionner des marteaux
frappant sur des timbres afin de produire une sonnerie identifiant le temps courant,
et
- un barillet 14 pour fournir, par l'intermédiaire d'un rouage 16 terminé par un organe
régulateur 18, de l'énergie destinée à entraîner les râteaux 12 pour produire la sonnerie.
[0015] Le barillet 14 est généralement de type conventionnel et comporte:
- un tambour de barillet 14a, qui est une sorte de boîte cylindrique munie d'une denture
extérieure pour entraîner le rouage,
- un arbre de barillet 14b pivotant entre pont et platine et muni d'un crochet disposé
sur sa bonde,
- un ressort lame, non visible et fixé, par une première extrémité à un dégagement opéré
sur le diamètre intérieur du tambour 14a et, par une deuxième extrémité au crochet
de l'arbre de barillet, et
- un couvercle 14c fermant le tambour.
[0016] Pour armer le ressort de barillet afin que celui-ci emmagasine de l'énergie, il faut
faire pivoter l'arbre de barillet 14b de manière à enrouler autour de lui le ressort.
[0017] Le barillet 14 peut être remonté par un système de remontage conventionnel représenté
sur la figure 2 et actionné par une tige de remontoir 20 destinée à être logée dans
la carrure de la boîte dans laquelle prend place le mouvement. La boîte de montre
n'a pas été représentée au dessin. Au moyen d'un ensemble bien connu de l'homme du
métier comprenant une tirette 22 et un pignon coulant 24, la tige de remontoir 20
peut occuper une première position poussée, permettant généralement la mise à l'heure
et dans laquelle elle n'interagit pas avec le barillet et une deuxième position tirée
dans laquelle elle est reliée cinématiquement avec l'arbre de barillet 14b. Cette
liaison cinématique entre la tige de remontoir 20 et l'arbre de barillet 14b se fait
par l'intermédiaire d'un train de rouage 26 se terminant par un rochet monté à carré
sur l'arbre de barillet, à une première de ses extrémités. Un cliquet 28 empêche le
ressort de se dévider par l'arbre 14b, forçant ainsi l'énergie emmagasinée à sortir
par le tambour 14a du barillet. Bien entendu, un système de remontage automatique
peut tout à fait être utilisé pour remonter le barillet.
[0018] Lorsque le mécanisme de sonnerie est au repos, le tambour 14a du barillet est verrouillé,
par exemple au niveau du régulateur 18, et le ressort ne libère pas d'énergie. Lors
du déclenchement d'une sonnerie, qu'il soit manuel ou au passage, l'une des étapes
principales du déroulement de la sonnerie est le déverrouillage du tambour 14a du
barillet. On pourra se référer aux demandes de brevet ou aux ouvrages précités pour
la description de la manière dont le barillet est déverrouillé au cours de la sonnerie.
Cet aspect n'étant pas l'essentiel de l'invention, il ne sera pas décrit en détail
dans la présente.
[0019] Naturellement, lorsque l'utilisateur utilise beaucoup le déclenchement manuel de
la sonnerie, il peut arriver que le barillet 14 ne conserve pas suffisamment d'énergie
pour les sonneries au passage suivantes.
[0020] Pour pallier cet inconvénient, il est proposé, pour le déclenchement manuel, que
l'utilisateur actionne un organe de commande, typiquement une targette 30 se déplaçant
solidairement avec une crémaillère 32, à l'instar d'une répétition à minutes conventionnelle.
Dans l'exemple représenté, la targette 30 et la crémaillère 32 forment une unique
pièce, mais elles pourraient aussi bien être séparées, la targette 30 poussant la
crémaillère 32 lorsqu'elle est déplacée.
[0021] La crémaillère 32 engrène avec l'arbre de barillet 14b par l'intermédiaire d'un système
d'embrayage, de manière à ce que la crémaillère 32 et l'arbre 14b soient liés cinématiquement
lors du déplacement de la crémaillère 32 dans un premier sens, mais que ces éléments
soient indépendants cinématiquement lors du déplacement de la crémaillère 32 dans
le deuxième sens, ou lors du pivotement de l'arbre 14b dans ce deuxième sens.
[0022] Ce système d'encliquetage peut être formé d'un anneau 34 coaxial avec le barillet
14, muni d'une denture extérieure 34a et d'une denture intérieure 34b de type dents
de loup. Cet anneau 34 est relié à l'arbre de barillet 14b par un ressort radial 36
possédant un moyeu 36a monté à carré sur l'arbre 14b, à sa deuxième extrémité et typiquement
deux lames élastiques 36b, exerçant une pression radiale vers l'extérieure de l'anneau
et se terminant par une portion dentée coopérant avec la denture intérieure 34b. On
notera qu'une seule lame élastique de longueur suffisante peut également convenir.
Toutefois, l'utilisation de plusieurs lames permet de partager le couple entre les
différentes dents. L'anneau peut être guidé en rotation au moyen d'une plaque, non
représentée, chassée dans une creusure que comporte la partie supérieure ou la partie
inférieure de l'anneau. La plaque est pivotée sur l'axe du barillet pour assurer la
fonction de guidage.
[0023] Les portions dentées des lames élastiques 36b sont agencées pour coopérer avec les
dents de loup de la denture intérieure 34b de manière à ce que le pivotement de l'anneau
engendré par le déclenchement de la sonnerie au moyen de la targette 30 entraîne l'arbre
de barillet 14b en rotation. En revanche, ni le pivotement de l'arbre de barillet
14b dans l'autre sens, par exemple lors du démontage du mouvement, ni l'entraînement
de l'arbre 14b lors du remontage normal, manuel ou automatique, du barillet 14 ne
provoque de déplacement de la targette 36.
[0024] II va de soi que l'homme du métier pourra utiliser d'autres types d'embrayage ou
d'inverseurs, connus de l'état de la technique pour transmettre un mouvement lorsqu'ils
sont entraînés dans un sens et pour débrayer une liaison cinématique lorsqu'ils sont
entraînés dans l'autre sens. On peut citer, sans qu'il soit besoin de les décrire
davantage, des embrayages à galets ou avec ressort débrayeur. Un dispositif de type
pignon baladeur peut également être envisagé. Toutefois, le système proposé est particulièrement
bien adapté à l'application envisagée, car il est capable de fonctionner avec un couple
important, ce qui est le cas ici, tout en ayant un jeu angulaire faible avant le blocage.
En outre, le décliquetage est particulièrement léger.
[0025] La denture extérieure 34b de l'anneau 34 transmet le mouvement de la targette 30
à une roue 38 avec laquelle elle engrène. Cette roue 38 est munie d'un système de
rappel, par exemple un ressort spiral 40, permettant le retour de la targette 30 à
sa position de repos puisqu'il ne peut être assuré par l'arbre de barillet, comme
c'est le cas dans les répétitions à minutes classiques. Lors du retour de la targette
30 à sa position initiale, l'arbre 14b et la crémaillère 32 sont également indépendants
cinématiquement l'un de l'autre.
[0026] La roue 38 porte également un bras 42 monté sur son axe et se terminant par une zone
d'appui destinée à coopérer avec un organe de commande pour déclencher la sonnerie.
Cet organe de commande peut être un mobile d'entraînement d'un arbre à came, comme
dans la demande
EP 06124443.0 déjà citée. Cet organe de commande peut également être une bascule libérant un cliquet
dans un mécanisme conventionnel.
[0027] Avantageusement, la position du bras 42 par rapport à la roue peut être réglée simplement,
lors de son assemblage de manière à ce que la sonnerie ne soit déclenchée que si la
targette a été suffisamment déplacée pour charger le barillet d'une quantité d'énergie
au moins sensiblement égale à celle consommée par le déroulement de la sonnerie. II
est donc possible de réarmer le barillet sans déclencher la sonnerie, ce qui offre
une alternative pour le remontage du barillet de sonnerie. L'homme du métier pourrait,
naturellement, disposer ce bras 42 sur une autre roue que celle proposée, la roue
choisie devant simplement être reliée cinématiquement à l'organe de commande lorsqu'il
est actionné pour l'enclenchement de la sonnerie.
[0028] Ainsi est proposé un mécanisme de sonnerie combinant certains intérêts d'une grande
sonnerie, à savoir de pouvoir sonner les heures au passage, et d'une répétition à
minutes à armage par crémaillère, à savoir de ne pas être tributaire de l'état de
charge d'un barillet de sonnerie pour déclencher la sonnerie. La présence du dispositif
d'embrayage permet que l'organe de commande pour le déclenchement manuel de la sonnerie
ne soit pas influencé par le déroulement des sonneries au passage ou par le remontage
du barillet de sonnerie, problème qui ne se pose évidemment pas dans le cas d'une
répétition à minutes conventionnelle.
[0029] La description ci-dessus a été donnée à titre d'illustration non limitative de l'invention.
Ainsi, même si, pour des raisons évidentes d'encombrement, il est plus facile que
l'arbre de barillet soit entraîné, à une première extrémité, par le système de remontage
normal et, à son autre extrémité, par l'organe de commande du déclenchement manuel
de la sonnerie, cela n'est absolument pas obligatoire.
1. Mécanisme de sonnerie comportant un barillet (14) muni d'un arbre (14b) pour l'armage
du barillet au moyen d'un système de remontage, et des râteaux (12) destinés à être
entraînés par le barillet (14) pour sonner l'heure courante, ledit mécanisme comprenant
un système de déclenchement automatique et un système de déclenchement manuel doté
d'un organe de commande (30), caractérisé en ce que l'organe de commande (30) est relié cinématiquement à l'arbre de barillet (14b) par
l'intermédiaire d'un système d'embrayage agencé de manière à ce que l'organe de commande
(30) et l'arbre (14b) soient liés cinématiquement lors du déplacement dudit organe
dans un premier sens pour charger le barillet et que ledit organe et ledit arbre soient
indépendants cinématiquement l'un de l'autre lors du déplacement dudit organe dans
un deuxième sens, ou lors du pivotement de l'arbre dans le deuxième sens.
2. Mécanisme selon la revendication 1, dans lequel le système de remontage est lié cinématiquement
à une première extrémité de l'arbre (14b), caractérisé en ce qu'un rouage (34) relié cinématiquement à une deuxième extrémité de l'arbre (14b) de
barillet, est entraîné par l'organe de commande (30).
3. Mécanisme selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que ledit système d'embrayage est un système d'encliquetage intercalé entre ledit rouage
(34) et l'arbre de barillet (14b).
4. Mécanisme selon la revendication 3, caractérisé en ce que le rouage est un anneau (34) coaxial avec l'arbre de barillet (14b), muni d'une denture
extérieure (34a), le système d'encliquetage étant formé d'une denture (34b) que comporte
l'intérieur de l'anneau et par un ressort (36) possédant un moyeu (36a) solidaire
de l'arbre (14b) et une lame élastique (36b), exerçant une pression radiale vers l'extérieure
de l'anneau (34) lors de l'entraînement.
5. Mécanisme selon la revendication 4, caractérisé en ce que lesdites lames élastiques (36b) se terminent par une portion dentée coopérant avec
la denture (34b) que comporte l'intérieur de l'anneau (34).
6. Mécanisme selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que l'organe de commande (30) comporte un système de rappel indépendant du barillet.
7. Mécanisme selon la revendication 6, caractérisé en ce que le système de rappel est un ressort (40) coopérant avec une roue (38) engrenant avec
ledit rouage (34).
8. Mécanisme selon l'une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce qu'une roue (38) reliée cinématiquement à l'organe de commande (30) porte un bras (42)
pour déclencher la sonnerie, ledit bras étant positionné de manière à ne déclencher
la sonnerie que lorsque ledit organe de commande (30) a effectué une course suffisante
pour charger le barillet (14) d'une quantité d'énergie au moins sensiblement égale
à celle consommée par le déroulement de la sonnerie.