[0001] La présente invention concerne de manière générale le domaine de la lunetterie et
plus précisément l'usinage des lentilles ophtalmiques.
[0002] Elle concerne plus particulièrement un dispositif de détourage d'une lentille ophtalmique
en vue de son montage dans un drageoir d'un cercle d'une monture de lunettes, pour
former sur son champ une nervure d'emboîtement présentant un profil transversal non
uniforme le long du contour de la lentille.
ARRIÈRE-PLAN TECHNOLOGIQUE
[0003] La partie technique du métier de l'opticien consiste à monter une paire de lentilles
ophtalmiques sur une monture sélectionnée par un porteur. Ce montage se décompose
en trois opérations principales :
- l'acquisition de la forme du drageoir de chacun des deux cercles de la monture de
lunettes choisie par le futur porteur, en particulier de la forme des rainures qui
parcourent l'intérieur de chaque cercle de la monture,
- le centrage de chaque lentille qui consiste à déterminer la position qu'occupera chaque
lentille sur la monture afin d'être convenablement centrée en regard de la pupille
de l'oeil du porteur de manière à ce qu'elle exerce convenablement la fonction optique
pour laquelle elle a été conçue,
- le détourage de chaque lentille qui consiste à usiner ou à découper son contour à
la forme souhaitée, compte tenu de la forme du drageoir et des paramètres de centrage
définis, avec, en fin d'usinage, le biseautage qui consiste à réaliser sur la tranche
de la lentille une nervure d'emboîtement destinée à maintenir la lentille dans le
drageoir que comporte la monture.
[0004] Dans le cadre de la présente invention, on s'intéresse principalement à la troisième
opération d'usinage du champ de la lentille.
[0005] Il est bien connu de réaliser cette opération au moyen d'un dispositif de détourage
qui comporte un support de blocage de lentille, un outil de détourage mobile relativement
au support, et une unité électronique et/ou informatique de pilotage de la position
de l'outil d'usinage relativement au support. Cette unité électronique et/ou informatique
est alors adaptée à acquérir les coordonnées d'une pluralité de points palpés le long
du drageoir de chaque cercle de la monture, puis à en déduire une consigne de pilotage
de l'outil d'usinage relativement au support pour former sur le champ de la lentille
une nervure d'emboîtement profilée.
[0006] Il est également connu d'utiliser un dispositif de palpage et de détourage optimisé,
conçu pour former sur le champ de la lentille une nervure d'emboîtement non uniforme,
afin de tenir compte des variations de forme des drageoirs des cercles de montures
de lunettes.
[0007] Un tel dispositif permet en particulier de tenir compte du versage du drageoir, c'est-à-dire
des variations de l'inclinaison du drageoir le long du contour de chaque cercle. Cette
inclinaison n'est en effet pas négligeable dans les zones temporales et nasales des
cercles, d'autant plus lorsque la monture est particulièrement allongée ou galbée.
[0008] Ce dispositif permet en outre de tenir compte des variations sensibles de la forme
du drageoir dues au raccordement du pontet, de la branche et de la plaquette nasale
sur le cercle de la monture.
[0009] Pour cela, le dispositif est apte à palper une pluralité de sections transversales
de la face intérieure de chaque cercle et à en déduire par calcul une approximation
de la forme tridimensionnelle du drageoir et de ses rebords avant et arrière.
[0010] Il est ensuite apte à détourer la lentille ophtalmique de manière que sa nervure
d'emboîtement présente un profil non uniforme qui soit adapté à la forme du profil
correspondant du drageoir du cercle, en chaque section axiale de la lentille. Ainsi,
une fois la lentille emboîtée dans la monture, aucun interstice disgracieux n'apparaît
entre le cercle de la monture et la lentille ophtalmique.
[0011] Un tel dispositif de palpage est toutefois onéreux. Son utilisation est en outre
particulièrement consommatrice de temps. Ce dispositif présente par ailleurs des performances
contestables puisqu'il ne permet pas de déterminer les positions des plaquettes nasales
et des branches de la monture, au risque de laisser subsister des problèmes d'interférences
mécaniques entre la lentille et la monture lorsque la lentille est particulièrement
épaisse.
OBJET DE L'INVENTION
[0012] Le but de la présente invention est de proposer un dispositif de détourage d'une
lentille ophtalmique simple et compensant les défauts des dispositifs de palpage des
cercles de montures de lunettes.
[0013] A cet effet, on propose selon l'invention un dispositif de détourage tel que défini
dans la revendication 1.
[0014] L'utilisation d'un simple appareil de palpage, peu onéreux, permet uniquement d'acquérir
la forme de l'arête de fond du drageoir de chaque cercle de la monture de lunettes
sélectionnée par le porteur. Il n'est généralement pas possible de déterminer avec
un tel dispositif les positions relatives des rebords avant et arrière qui bordent
le drageoir.
[0015] L'invention permet à l'utilisateur du dispositif de détourage de mesurer ou d'approximer
par lui-même les différences de hauteurs entre les rebords avant et arrière du drageoir
en un nombre réduit de sections distinctes du cercle, celles qui lui semblent pertinentes,
de manière que la nervure d'emboîtement soit usinée en fonction de ces différences
de hauteurs.
[0016] La mesure des différences de hauteurs présente alors l'avantage de pouvoir être réalisée
sans outillage particulier et d'être peu consommatrice de temps.
[0017] Les mesures réalisées sont ensuite saisies sur le dispositif de détourage de manière
que ce dernier usine la nervure d'emboîtement suivant un profil non uniforme permettant,
d'une part, d'éviter les problèmes d'interférences mécaniques entre la lentille et
la monture, et, d'autre part, d'éviter que le champ de la lentille ne s'étende à distance
du cercle en faisant apparaître un intervalle disgracieux (également appelé effet
de facettage).
[0018] Plus précisément, on constate généralement que la différence de hauteurs entre les
rebords avant et arrière du drageoir varie continûment le long du cercle. Cette différence
de hauteurs peut donc être aisément approximée en chaque section axiale du cercle,
à partir d'une mesure des différences de hauteurs en trois sections distinctes du
cercle.
[0019] Par ailleurs, la différence de hauteurs peut être mesurée soit entre les rebords
avant et arrière du drageoir, soit entre le rebord avant du drageoir et un obstacle
du cercle (branche, pontet, plaquette nasale), de manière à s'assurer que la lentille,
une fois détourée, ne vienne pas interférer avec cet obstacle. L'utilisateur dispose
ainsi de toute latitude pour optimiser le détourage de la lentille ophtalmique à sa
convenance.
[0020] D'autres caractéristiques avantageuses et non limitatives du dispositif de détourage
selon l'invention sont énoncées dans les autres revendications.
DESCRIPTION DÉTAILLÉE D'UN EXEMPLE DE RÉALISATION
[0021] La description qui va suivre, en regard des dessins annexés, donnée à titre d'exemple
non limitatif, fera bien comprendre en quoi consiste l'invention et comment elle peut
être réalisée.
[0022] Sur les dessins annexés :
- la figure 1 est une vue en perspective d'une monture de lunettes cerclée ;
- la figure 2 est une vue en perspective d'une portion d'un cercle de la monture de
lunettes de la figure 1 ;
- la figure 3 est une vue en perspective d'une lentille ophtalmique ;
- la figure 4 est une vue en perspective d'une portion de la lentille ophtalmique de
la figure 3 ;
- la figure 5 est une vue en perspective d'un appareil de lecture de contour de cercle
de monture de lunettes, dans lequel est installée la monture de lunettes de la figure
1 ;
- la figure 6 est une vue schématique d'un appareil de détourage d'une lentille ophtalmique,
dans lequel est bloquée la lentille ophtalmique de la figure 3 ;
- la figure 7A est une vue schématique d'une meulette de finition de l'appareil de détourage
de la figure 6 ;
- les figures 7B et 7C sont des vues schématiques de deux variantes de réalisation de
la meulette de finition de la figure 7A ;
- les figures 8 et 9 sont des vues de l'écran d'affichage de l'appareil de détourage
de la figure 6 ;
- les figures 10 à 15 sont des vues en coupe, en différentes sections transversales,
de la lentille ophtalmique de la figure 3 et de la monture de lunettes de la figure
1 emboîtées l'une dans l'autre.
Monture de lunettes
[0023] Sur la figure 1, on a représenté une monture de lunettes 10 cerclée, comportant deux
cercles 11 (ou entourages) destinés chacun à accueillir une lentille ophtalmique et
à être positionnés en regard de l'un des deux yeux du porteur lorsque ce dernier porte
ladite monture. Les deux cercles 11 sont reliés l'un à l'autre par un pont ou pontet
12. Ils sont en outre chacun équipés d'une plaquette nasale 13 apte à reposer sur
le nez du porteur et d'une branche 14 apte à reposer sur l'une des oreilles du porteur.
Chaque branche 14 est articulée sur le cercle correspondant au moyen d'un barillet
15.
[0024] Comme le montre la figure 2, les deux cercles 11 de la monture de lunettes 10 présentent
une face intérieure comportant une rainure intérieure, communément appelée drageoir
16. Ce drageoir 16 présente ici une section transversale en forme de dièdre, avec
deux flancs avant 16A et arrière 16B et une arête de fond 17. Il est bordé de deux
rebords avant 18 et arrière 19. En variante, le drageoir pourrait bien sûr présenter
une forme différente, par exemple en arc de cercle.
[0025] On définit ici par rapport à chacun des cercles 11 un plan moyen P1 et un axe moyen
A1. Le plan moyen P1 est défini comme le plan qui passe au plus près de l'ensemble
des points de l'arête de fond 17 du drageoir 16. Les coordonnées de ce plan peuvent
par exemple être obtenues en appliquant la méthode des moindres carrés aux coordonnées
d'une pluralité de points du fond du drageoir. L'axe moyen A1 est défini comme l'axe
normal au plan moyen P1, qui passe par le barycentre des points de l'arête de fond
17 du drageoir 16.
[0026] On définit également la section transversale S
j de chaque cercle 11 comme l'intersection de ce cercle 11 avec un plan P2 qui passe
par l'axe moyen A1 et qui présente une orientation TETA
j autour de cet axe.
[0027] Chaque section transversale S
j définit un profil de cercle P
j. Chacun de ces profils P
j comprend ici deux segments parallèles correspondant aux traces des rebords avant
18 et arrière 19 dans le plan P2, et deux segments en V correspondant aux traces des
flancs avant 16A et arrière 16B dans ce plan P2.
[0028] Les profils de cercle P
j présentent des formes variables le long du contour de chaque cercle 11.
[0029] En particulier, comme le montrent les figures 10 et 12, les rebords avant 18 et arrière
19 présentent respectivement des première et seconde distances à l'axe moyen A1 dont
la différence, appelée hauteur de décalage D
j, varie le long du contour de chaque cercle 11.
[0030] La hauteur de décalage D
j est plus précisément définie comme la différence entre, d'une part, la distance minimum
à l'axe moyen A1 de la trace du rebord avant 18 dans la section transversale S
j considérée, et, d'autre part, la distance minimum à l'axe moyen A1 de la trace du
rebord arrière 19 dans cette section transversale S
j.
[0031] La monture de lunettes 10 est par ailleurs cambrée. Les drageoirs 16 sont donc versés,
c'est-à-dire vrillés. Par conséquent, comme le montre la figure 2, chaque transversale
S
j du drageoir 16 présente une inclinaison propre. Cette inclinaison, qui varie le long
des drageoirs 16, est quantifiée, en chaque section transversale S
j, à l'aide d'un angle appelé angle de versage C
j. L'angle de versage C
j correspond à l'angle formé entre la bissectrice F
j du drageoir 16 et le plan moyen P1 du cercle 11. Cet angle de versage C
j est généralement nul dans les zones nasales des cercles 11 de la monture 10 et maximum
dans les zones temporales. On comprend, à l'aide des figures 10 et 11, que le versage
des cercles 11 a une influence sur la hauteur de décalage D
j.
[0032] En considérant, comme le montre la figure 13, que les plaquettes nasales 13 (et les
barillets 15) appartiennent et s'étendent dans le prolongement des rebords arrière
19, on comprend également que ces plaquettes nasales 13 (et barillets 15) ont une
influence sur la hauteur de décalage D
j.
Lentille ophtalmique
[0033] Comme le montrent les figures 3 et 4, la lentille ophtalmique 20 présente deux faces
optiques avant 21 et arrière 22, et une tranche 23.
[0034] Cette lentille ophtalmique 20 présente des caractéristiques optiques et des caractéristiques
géométriques.
[0035] Parmi ces caractéristiques optiques, on définit en particulier la puissance de réfringence
sphérique de la lentille comme la grandeur qui caractérise et quantifie l'effet «
loupe » de la lentille sur le faisceau de rayons considéré. Le point de la lentille
où l'effet loupe est nul (c'est-à-dire, dans le cas d'une lentille ayant une puissance
optique exclusivement sphérique, le point où le rayon incident et le rayon transmis
ont même axe) est appelé centre optique. L'axe correspondant est appelé axe optique
A2.
[0036] La tranche 23 de la lentille présente un contour initial circulaire (figure 3). La
lentille est toutefois destinée à être détourée à la forme du cercle correspondant
de la monture de lunettes 10, de manière à pouvoir être emboîtée dans ce dernier.
[0037] Comme le montre la figure 4, elle est plus précisément destinée à être détourée pour
présenter sur sa tranche 23 une nervure d'emboîtement 26 (ou biseau) bordée de deux
rebords avant 28 et arrière 29 (également appelés pieds de biseau). La nervure d'emboîtement
26 présente ici une section en forme de V, avec une arête de sommet 27 qui court le
long de la tranche 23 de la lentille, et, de part et d'autre de cette arête de sommet
27, deux flancs avant 26A et arrière 26B.
[0038] En variante, la tranche de la lentille ophtalmique pourrait être détourée de manière
à présenter un profil de forme différente. La lentille pourrait par exemple être détourée
pour présenter une nervure d'emboîtement usinée du côté de son seul flanc arrière
et bordée d'un seul côté par un rebord arrière (figure 7B). Dans cet exemple, le flanc
avant de la nervure d'emboîtement est alors formé par la face avant de la lentille,
et n'est donc pas usiné (ou seulement chanfreiné). On comprend alors que l'arête de
sommet de la nervure d'emboîtement est constitué par la ligne qui joint la face avant
de la lentille et le flanc arrière de la nervure d'emboîtement. Une telle lentille
est plus précisément décrite dans le document
FR 2 904 703.
[0039] On définit par ailleurs la section axiale S'
i de la lentille ophtalmique 20 comme l'intersection de cette lentille avec un demi-plan
P3 qui est délimité par l'axe optique A2 et qui présente une orientation TETA'
i autour de cet axe.
[0040] Chaque section axiale S'
i de la lentille ophtalmique 20 définit un profil de lentille P'
i. Chacun de ces profils P'
i comprend ici deux segments parallèles correspondant aux traces des rebords avant
28 et arrière 29 dans le demi-plan P3, et deux segments en V correspondant aux traces
des flancs avant 26A et arrière 26B dans ce demi-plan P3.
[0041] Les sections axiale S'
i de la lentille 20 et transversale Si de la monture 10 sont dites « correspondantes
» lorsque les positions angulaires TETA'
i et TETA
j des plans qui les définissent sont égales.
Appareil de lecture
[0042] Pour la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, on peut disposer d'un appareil
de lecture de forme. Cet appareil de lecture de forme est un moyen bien connu de l'homme
du métier et ne fait pas en propre l'objet de l'invention décrite. Il est par exemple
possible d'utiliser un appareil de lecture de forme tel que décrit dans le brevet
EP 0 750 172 ou commercialisé par Essilor International sous la marque Kappa ou sous la marque
Kappa CT.
[0043] La figure 5 est une vue générale de cet appareil de lecture de forme 100, tel qu'il
se présente à son utilisateur. Cet appareil comporte un capot supérieur 101 recouvrant
l'ensemble de l'appareil à l'exception d'une portion supérieure centrale dans laquelle
est disposée une monture de lunettes 10.
[0044] L'appareil de lecture de forme 100 est destiné à relever la forme de l'arête de fond
du drageoir de chaque cercle 11 de cette monture de lunettes 10.
[0045] L'appareil de lecture de forme 100 représenté sur la figure 5 comporte un jeu de
deux mâchoires 102 dont au moins une des mâchoires 102 est mobile par rapport à l'autre
de sorte que les mâchoires 102 peuvent être rapprochées ou écartées l'une de l'autre
pour former un dispositif de serrage. Chacune des mâchoires 102 est de plus munie
de deux pinces formées chacune de deux plots 103 mobiles pour être adaptés à serrer
entre eux la monture de lunettes 10 afin de l'immobiliser.
[0046] Dans l'espace laissé visible par l'ouverture supérieure centrale du capot 101, un
châssis 104 est visible. Une platine (non visible) peut se déplacer en translation
sur ce châssis 104 selon un axe de transfert A3. Un plateau tournant 105 est monté
pivotant sur cette platine. Ce plateau tournant 105 est donc apte à prendre deux positions
sur l'axe de transfert A3, dont une première position dans laquelle le centre du plateau
tournant 105 est disposé entre les deux paires de plots 103 fixant le cercle droit
de la monture de lunettes 10, et une seconde position dans laquelle le centre du plateau
tournant 105 est disposé entre les deux paires de plots 103 fixant le cercle gauche
de la monture de lunettes 10.
[0047] Le plateau tournant 105 possède un axe de rotation A4 défini comme l'axe normal à
la face avant de ce plateau tournant 105 et passant par son centre. Il est adapté
à pivoter autour de cet axe par rapport à la platine. Le plateau tournant 105 comporte
par ailleurs une lumière 106 oblongue en forme d'arc de cercle à travers laquelle
saille un palpeur 110. Ce palpeur 110 comporte une tige support 111 d'axe perpendiculaire
au plan de la face avant du plateau tournant 105 et, à son extrémité libre, un doigt
de palpage 112 d'axe perpendiculaire à l'axe de la tige support 111. Ce doigt de palpage
112 est destiné à suivre par glissement ou éventuellement roulement l'arête de fond
du drageoir de chaque cercle 11 de la monture de lunettes 10.
[0048] L'appareil de lecture de forme 100 comporte des moyens d'actionnement (non représentés)
adaptés, d'une première part, à faire glisser la tige support 111 le long de la lumière
106 afin de modifier sa position radiale par rapport à l'axe de rotation A4 du plateau
tournant 105, d'une deuxième part, à faire varier la position angulaire du plateau
tournant 105 autour de son axe de rotation A4, et, de troisième part, à positionner
le doigt de palpage 112 du palpeur 110 à une altitude plus ou moins importante par
rapport au plan de la face avant du plateau tournant 105.
[0049] En résumé, le palpeur 110 est pourvu de trois degrés de liberté, dont un premier
degré de liberté R constitué par l'aptitude du palpeur 110 à se mouvoir radialement
par rapport à l'axe de rotation A4 grâce à sa liberté de mouvement le long de l'arc
de cercle formé par la lumière 106, un deuxième degré de liberté TETA constitué par
l'aptitude du palpeur 110 à pivoter autour de l'axe de rotation A4 grâce à la rotation
du plateau tournant 105 par rapport à la platine, et un troisième degré de liberté
Z constitué par l'aptitude du palpeur 110 à se translater selon un axe parallèle à
l'axe de rotation A4 du plateau tournant 105.
[0050] Chaque point lu par l'extrémité du doigt de palpage 112 du palpeur 110 est repéré
dans un système de coordonnées correspondant R
j, TETA
j, Z
j.
[0051] L'appareil de lecture de forme 100 comporte en outre un dispositif électronique et/ou
informatique 120 permettant, d'une part, de piloter les moyens d'actionnement de l'appareil
de lecture de forme 100, et, d'autre part, d'acquérir et d'enregistrer les coordonnées
de l'extrémité du doigt de palpage 112 du palpeur 110.
Appareil de détourage
[0052] L'appareil de détourage selon l'invention peut être réalisé sous la forme de toute
machine de découpage ou d'enlèvement de matière apte à modifier le contour de la lentille
ophtalmique 20 pour l'adapter à celui du cercle 11 d'une monture sélectionnée et/ou
à toute machine de perçage adaptée à percer des trous dans la lentille ophtalmique
pour la fixer à une monture de lunettes de type sans cercle.
[0053] Dans l'exemple schématisé sur la figure 6, l'appareil de détourage est constitué,
de manière connue en soi, par une meuleuse 200 automatique, communément dite numérique.
Cette meuleuse comporte en l'espèce :
- une bascule 201 qui est montée librement pivotante autour d'un axe de référence A5,
en pratique un axe horizontal, sur un châssis non représenté, et qui supporte la lentille
ophtalmique 20 à usiner ;
- au moins une meule 210, qui est calée en rotation sur un axe de meule A6 parallèle
à l'axe de référence A5, et qui est elle aussi dûment entraînée en rotation par un
moteur non représenté ;
- un module de finition 220 qui est monté à rotation autour de l'axe de meule A6, et
qui embarque des moyens de perçage 221 de la lentille ophtalmique 20.
[0054] La bascule 201 est équipée d'un support de lentille ici formé par deux arbres de
serrage et d'entraînement en rotation 202, 203 de la lentille ophtalmique 20 à usiner.
[0055] Ces deux arbres 202, 203 sont alignés l'un avec l'autre suivant un axe de blocage
A7 parallèle à l'axe A5. Chacun des arbres 202, 203 possède une extrémité libre qui
fait face à l'autre et qui est équipée d'un nez de blocage de la lentille ophtalmique
20.
[0056] Un premier des deux arbres 202 est fixe en translation suivant l'axe de blocage A7.
Le second des deux arbres 203 est au contraire mobile en translation suivant l'axe
de blocage A7 pour réaliser le serrage en compression axiale de la lentille ophtalmique
20 entre les deux nez de blocage.
[0057] Telle que représentée schématiquement sur la figure 6, la meuleuse 200 ne comporte
qu'une meule cylindrique 210.
[0058] En pratique, elle comporte plutôt un train de plusieurs meules montées coaxialement
sur l'axe de meule A6, chaque meule étant utilisée pour une opération d'usinage spécifique
de la lentille ophtalmique 20 à usiner.
[0059] Pour l'ébauche de la lentille, on utilise la meule cylindrique 210.
[0060] Pour la finition de la lentille, on utilise une meulette de finition 212 accolée
à la meule cylindrique 210.
[0061] Telle que représentée sur la figure 7B, la meulette de finition 212 comporte en particulier
une face de travail cylindrique 213 encadrée par deux faces de travail coniques 214,
215, toutes trois de révolution autour de l'axe de meule A6. Une moitié gauche de
cette meulette de finition 212 est conformée pour simultanément usiner le flanc arrière
et le rebord arrière de la lentille ophtalmique 20, tandis que la moitié droite de
cette meulette de finition 212 est conformée pour simultanément usiner le flanc avant
et le rebord avant de la lentille ophtalmique 20. Cette meulette de finition 212 permet
ainsi de détourer la lentille ophtalmique 20 de telle manière que ses rebords avant
18 et arrière 19 présentent respectivement des première et seconde distances L1
i, L2
i à l'axe de blocage A7 dont la différence est une fonction, dite de dénivelé, non
entièrement uniforme le long du champ de la lentille.
[0062] En variante, on pourra utiliser une meulette de finition 216 comportant une unique
face de travail conique (figure 7B) permettant d'usiner le flanc arrière de la nervure
d'emboîtement de la lentille 20 (le flanc avant de la nervure d'emboîtement étant
alors formé par la face avant de la lentille).
[0063] Encore en variante, on pourra prévoir d'utiliser une meule de forme 217 montée rotative
autour d'un axe A61 inclinable relativement à l'axe de blocage A7 (figure 7C). Une
telle meule de forme 217 présente un profil dont la forme est, en négatif, identique
à la forme du profil que l'on souhaite générer sur la tranche de la lentille. Elle
présente en particulier une gorge dite de biseautage, permettant de générer la nervure
d'emboîtement sur la tranche de la lentille 20. L'inclinaison de cette meule de forme
217 permet d'usiner le champ de la lentille de manière que ses rebords avant et arrière
soient tous deux inclinés par rapport à l'axe de blocage et qu'ils présentent ainsi
des distances à l'axe de blocage A7 différentes. Il est alors possible de modifier
ces distances en réglant l'inclinaison de l'axe A61 de la meule de forme relativement
à l'axe de blocage A7.
[0064] Comme le montre la figure 6, le train de meules est porté par un chariot, non représenté,
monté mobile en translation suivant l'axe de meule A6. Le mouvement de translation
du chariot porte-meules est appelé « transfert » TRA.
[0065] On comprend qu'il s'agit ici de réaliser un mouvement relatif des meules par rapport
à la lentille et que l'on pourra prévoir, en variante, une mobilité axiale de la lentille,
les meules restant fixes.
[0066] La meuleuse 200 comporte, en outre, une biellette 230 dont une extrémité est articulée
par rapport au châssis pour pivoter autour de l'axe de référence A5, et dont l'autre
extrémité est articulée par rapport à une noix 231 pour pivoter autour d'un axe A8
parallèle à l'axe de référence A5.
[0067] La noix 231 est elle-même montée mobile en translation suivant un axe de restitution
A9 perpendiculaire à l'axe de référence A5. Telle que schématisée sur la figure 6,
la noix 231 est une noix taraudée en prise à vissage avec une tige filetée 232 qui,
alignée suivant l'axe de restitution A9, est entraînée en rotation par un moteur 233.
[0068] La biellette 230 comporte par ailleurs un capteur de contact 234, par exemple constitué
par une cellule à effet Hall, qui interagit avec un élément correspondant de la bascule
201. On a noté B1 l'angle de pivotement de la biellette 230 autour de l'axe de référence
A5 par rapport à l'horizontale. Cet angle B1 est linéairement associé à la translation
verticale, notée RES (pour « restitution »), de la noix 231 suivant l'axe de restitution
A9.
[0069] Le module de finition 220 présente une mobilité de pivotement autour de l'axe de
meule A6, appelée mobilité d'escamotage ESC. Concrètement, le module de finition 220
est pourvu d'une roue dentée (non représentée) qui engrène avec un pignon équipant
l'arbre d'un moteur électrique solidaire du chariot porte-meules. Cette mobilité lui
permet de se rapprocher ou de s'éloigner de la lentille ophtalmique 20.
[0070] Les moyens de perçage 221 embarqués sur le module de finition 220 comportent ici
une perceuse munie d'un foret 222 adapté à réaliser des trous de perçage dans la lentille
ophtalmique 20 enserrée entre les deux arbres 202, 203. Cette perceuse est adaptée
à pivoter autour d'un axe de perçage A10, orthogonal à l'axe de meule A6. Cette mobilité,
appelée mobilité de perçage PER, permet d'orienter le foret 222 par rapport à la lentille.
[0071] Lorsque, dûment enserrée entre les deux arbres 202, 203, la lentille ophtalmique
20 à usiner est amenée au contact de la meule 210 ou de la meulette de finition 212,
elle est l'objet d'un enlèvement effectif de matière jusqu'à ce que la bascule 201
vienne buter contre la biellette 230 suivant un appui qui, se faisant au niveau du
capteur de contact 234, est dûment détecté par celui-ci.
[0072] Pour l'usinage de la lentille ophtalmique 20 suivant un contour donné, il suffit,
donc, d'une part, de déplacer en conséquence la noix 231 le long de l'axe de restitution
A9, sous le contrôle du moteur 233, pour commander le mouvement de restitution RES
et, d'autre part, de faire pivoter conjointement les arbres de support 202, 203 autour
de l'axe de blocage A7. Le mouvement de restitution de la bascule 201 et le mouvement
de rotation des arbres 202, 203 sont pilotés en coordination par une unité de pilotage
251, dûment programmée à cet effet, pour que tous les points du contour de la lentille
ophtalmique 20 soient successivement ramenés au bon diamètre.
[0073] Cette unité de pilotage 251 est de type électronique et/ou informatique et permet
en particulier de piloter :
- le moteur d'entraînement en translation du deuxième arbre 203 ;
- le moteur d'entraînement en rotation des deux arbres 202, 203 ;
- le moteur d'entraînement en translation du chariot porte-meules suivant la mobilité
de transfert TRA ;
- le moteur 233 d'entraînement en translation de la noix 231 suivant la mobilité de
restitution RES ;
- le moteur d'entraînement en rotation du module de finition 220 suivant la mobilité
d'escamotage ESC ;
- le moteur d'entraînement en rotation de la perceuse 221 suivant la mobilité de perçage
PER.
[0074] La meuleuse 200 comporte enfin une Interface Homme-Machine 252 qui comprend ici un
écran d'affichage 253, un clavier 254 et une souris 255 adaptés à communiquer avec
l'unité de pilotage 251. Cette interface IHM 252 permet à l'utilisateur de saisir
des valeurs numériques sur l'écran d'affichage 253 pour piloter la meuleuse 200 en
conséquence.
[0075] Telle que représentée sur la figure 6, l'unité de pilotage est implémentée sur un
ordinateur de bureau raccordé à la meuleuse 200. Bien sûr, en variante, la partie
logicielle de la meuleuse pourrait être directement implémentée sur un circuit électronique
de la meuleuse. Elle pourrait également être implémentée sur un ordinateur distant,
communiquant avec la meuleuse par un réseau privé ou public, par exemple en utilisant
un protocole de communication par IP (internet).
[0076] On a représenté sur la figure 8 l'image affichée par l'écran d'affichage 253 lorsque
la meuleuse 200 est démarrée.
[0077] Comme le montre la figure 8, l'unité de pilotage 251 est adaptée à simultanément
afficher sur cet écran d'affichage 253 une pluralité d'informations, dont au moins
trois champs de dénivelés 301 - 304 pour la saisie de valeurs numériques via l'interface
IHM 252.
[0078] En variante, elle pourrait également afficher ces informations successivement, les
unes après les autres, sur un écran de dimensions moindres.
[0079] Ici, l'unité de pilotage 251 est adaptée à afficher :
- une première fenêtre 260 dans laquelle s'affichent deux lignes de contour, dont une
première 311 est représentative du contour décrit par l'une des extrémités P'i1du profil de lentille P'i le long du champ de la lentille, et dont une seconde 310 est représentative du contour
décrit par le sommet du profil de lentille P'i le long du champ de la lentille ;
- une seconde fenêtre 261 dans laquelle s'affichent un profil de cercle Pj et un profil de lentille P'i, rapprochés l'un de l'autre ;
- une troisième fenêtre 262 dans laquelle s'affichent quatre champs de dénivelés 301
- 304 et quatre champs dits de largeur 305 - 308 ;
- une quatrième fenêtre 263 dans laquelle s'affichent, d'une part, un champ préalable
309 pour la saisie d'un entier naturel N supérieur ou égal à 3, et, d'autre part,
une ligne de contour 310 illustrant le contour d'un cercle d'une monture de lunettes
ordinaire ;
- une cinquième fenêtre 264 dans laquelle s'affichent quatre champs supplémentaires
311- 314.
[0080] Par représentatif, on entend que les lignes de contours 310, 311 sont des projetées
orthogonales, dans un même plan, avec un même effet d'échelle, des arêtes correspondantes
de la tranche 23 de la lentille ophtalmique 20.
[0081] L'utilisation de ces différentes fenêtres 260 - 264 sera décrit plus en détail dans
la suite de cet exposé.
[0082] Le procédé de préparation de la lentille ophtalmique 20 en vue de son montage dans
le cercle 11 correspondant de la monture de lunettes 10, par exemple le cercle gauche,
est mis en oeuvre de la manière suivante.
Procédé de lecture
[0083] Au cours d'une première opération, l'utilisateur procède à la lecture du cercle gauche
11 de la monture de lunettes 10, au moyen d'un appareil de lecture tel que celui représenté
sur la figure 5.
[0084] Dans un premier temps, la monture de lunettes 10 est insérée entre les plots 103
des mâchoires 102 de l'appareil de lecture 100, de telle sorte que chacun de ses cercles
11 soit prêt à être palpé selon un trajet démarrant par l'insertion du palpeur 110
entre les deux plots 103 qui enserrent la partie inférieure du cercle gauche 11 de
la monture, puis suivant le drageoir 16 du cercle 11, afin de couvrir toute la circonférence
de ce cercle 11.
[0085] En position initiale, lorsque le doigt de palpage 112 est disposé entre les deux
plots 103, le dispositif électronique et/ou informatique 120 définit comme nulles
la position angulaire TETA
j et l'altitude Z
j de l'extrémité du doigt de palpage 112 du palpeur 110.
[0086] Les moyens d'actionnement font ensuite pivoter le plateau tournant 105. Lors de ce
pivotement, les moyens d'actionnement imposent un effort radial constant sur le palpeur
110 en direction du drageoir 16, pour que le doigt de palpage 112 du palpeur 110 glisse
le long de l'arête de fond 17 du drageoir 16 sans remonter le long des flancs avant
et arrière 16A, 16B du drageoir 16.
[0087] Le dispositif électronique et/ou informatique 120 relève pendant la rotation du plateau
tournant 105 les coordonnées spatiales R
j, TETA
j, Z
j d'une pluralité de points de l'arête de fond 17 du drageoir 16 (par exemple 360 points
séparés angulairement de un degré). Chaque point correspond sensiblement à la trace
de l'arête de fond 17 du drageoir dans une section transversale S
j.
[0088] A l'issue de la révolution complète du plateau tournant 105, les moyens d'actionnement
stoppent la rotation de ce dernier. Les coordonnées spatiales R
j, TETA
j, Z
j des 360 points palpés sont ensuite transmises par le dispositif électronique et/ou
informatique 120 à l'unité de pilotage 251 de l'appareil de détourage 200.
Procédé de détourage
[0089] Le procédé de détourage est ici mis en oeuvre au moyen d'un appareil de détourage
tel que la meuleuse 200 représentée sur la figure 6.
[0090] Le procédé consiste ici à usiner le champ 23 de la lentille ophtalmique 20 pour le
ramener à la forme du cercle gauche 11 de la monture de lunettes 10, de telle manière
qu'une fois la lentille 20 emboîtée dans son cercle 11, ses rebords avant 28 et arrière
29 s'étendent respectivement à une distance sensiblement constante des rebords avant
18 et arrière 19 du cercle gauche 11, le long du contour de ce cercle.
[0091] En effet, comme cela a été exposé supra, la hauteur de décalage D
j entre les rebords avant 18 et arrière 19 du cercle 11 varie le long du contour de
ce cercle. Il convient donc de détourer la lentille ophtalmique de manière que ses
rebords avant 28 et arrière 29 soient également décalés l'un par rapport à l'autre,
d'un écart radial D'
i par rapport à l'axe optique A2.
[0092] Comme cela sera exposé plus en détail dans la suite, l'écart radial D'
i en chaque section axiale S'
i de la lentille est déduit de la hauteur de décalage D
j du cercle 11 dans la section transversale S
j correspondante. Les variations de cet écart radial D'
i le long du champ 23 de la lentille ophtalmique forment une fonction mathématique
qui est la fonction de dénivelé.
[0093] Pour mettre en oeuvre le procédé de détourage de la lentille, la meuleuse 200 est
tout d'abord démarrée, de manière que son unité de pilotage 251 commande l'affichage
des cinq fenêtres 260 - 264 sur l'écran d'affichage 253.
[0094] La lentille ophtalmique 20, qui présente encore à ce stade le contour circulaire
illustré sur la figure 3, est bloquée entre les deux arbres 202, 203 de la bascule
201 de la meuleuse 200, grâce à la mobilité en translation du deuxième arbre 203.
La lentille ophtalmique 200 est ici plus précisément bloquée de telle manière que
son axe optique A2 se confonde avec l'axe de blocage A7.
[0095] L'utilisateur commence alors la saisie, sur l'interface IHM 252, des informations
qu'il a à sa disposition et qui sont relatives à la monture de lunettes 10, à la lentille
ophtalmique 20 et au futur porteur de la monture de lunettes 10.
[0096] L'utilisateur saisit plus précisément, dans deux des champs 311, 312 de la cinquième
fenêtre 264, l'écart inter-pupillaire Ep du futur porteur et sa hauteur pupillaire
Hp. L'écart inter-pupillaire Ep est défini comme la distance horizontale qui sépare
les pupilles des deux yeux du porteur. La hauteur pupillaire Hp est quant à elle définie
comme la distance verticale qui sépare, lorsque le porteur est équipé de la monture
de lunettes 10 et qu'il se tient droit, la pupille gauche du porteur et le point le
plus bas du cercle gauche 11 de la monture de lunettes 10.
[0097] L'utilisateur saisit également, dans les deux autres champs 313, 314 de la cinquième
fenêtre 264, le matériau M de la lentille (0 pour verre, 1 pour polycarbonate) et
la hauteur T entre le rebord avant 18 du cercle gauche 11 et l'arête de fond 17 du
drageoir 16 de ce cercle. La saisie du matériau M permet d'usiner la lentille à une
vitesse d'usinage adaptée. La hauteur T est préalablement mesurée par l'utilisateur
sur le cercle 11 de la monture de lunettes 10, en une section transversale S
j quelconque. Cette hauteur T est en effet ici supposée constante le long du contour
du cercle gauche 11. En variante, on pourrait prévoir que ce champ 313 soit déjà rempli
par une valeur standard, de manière que l'utilisateur ne soit pas forcé de mesurer
cette hauteur T.
[0098] L'utilisateur saisit ensuite, dans le champ préalable 309 de la quatrième fenêtre
263, un entier naturel N supérieur ou égal à 3. Cet entier naturel N est choisi en
fonction de la forme du cercle gauche 11. Plus précisément, cet entier naturel N est
choisi égal à 3 ou 4 si les variations de la hauteur de décalage D
j le long du contour du cercle gauche 11 sont réduites. Il est en revanche choisi égal
à 5 ou 6 si les variations de la hauteur de décalage D
j le long du contour du cercle gauche 11 sont importantes.
[0099] Tel que représenté sur la figure 8, cet entier naturel N a été choisi égal à 4. Sur
la figure 9, il a été choisi égal à 3.
[0100] Comme le montrent les figures 8 et 9, une fois cet entier naturel N choisi, l'unité
de pilotage 251 pilote l'affichage, sur la ligne de contour 310, d'un nombre de points
P
1 - P
4 égal à l'entier naturel N choisi. Ces points illustrent les positions des sections
transversales S
j du cercle 11 au niveau desquelles l'utilisateur devra manuellement mesurer les hauteurs
de décalage D
j.
[0101] Ces points P
1 - P
4 sont préférentiellement régulièrement répartis le long de la ligne de contour 310
et sont positionnés de telle sorte que l'un au moins d'entre eux est situé dans la
zone de cette ligne correspondant à une zone nasale de cercle.
[0102] Lorsque, comme le montre la figure 8, l'entier naturel N a été choisi égal à 4, les
quatre points P
1 - P
4 affichés sont situés aux quatre points cardinaux de la ligne de contour 310.
[0103] L'unité de pilotage 251 commande par ailleurs l'affichage, dans la troisième fenêtre
262, d'un nombre de champs de dénivelé 301 - 304 égal à l'entier naturel N choisi.
Il commande également l'affichage d'un nombre de champs de largeur 305 - 308 égal
à cet entier naturel N.
[0104] Comme le montre la figure 8, les champs de dénivelé 301 - 304 permettent de saisir
les valeurs de quatre hauteurs de décalage D
j=0, D
j=90, D
j=180, D
j=270 mesurées en quatre sections transversales S
j=0, S
j=90, S
j=180, S
j=270 du cercle gauche 11.
[0105] Les champs de largeur 305 - 308 permettent quant à eux de saisir les valeurs de quatre
largeurs à l'ouverture L
j=0, L
j=90, L
j=180, L
j=270 du drageoir 16 mesurées au niveau des même quatre sections transversales S
j=0, S
j=90, S
j=180, S
j=270 du cercle gauche 11.
[0106] Pour remplir ces champs, l'utilisateur se saisit de la monture de lunettes 10, puis
estime visuellement ou à l'aide d'un réglet les hauteurs de décalage D
j et les largeurs à l'ouverture L
j du drageoir 16 au niveau des quatre sections transversales S
j=0, S
j=90, S
j=180, S
j=270 du cercle gauche 11 situées aux quatre points cardinaux de ce cercle. Il saisit ensuite
ces valeurs dans les champs 301 - 308 prévus à cet effet à l'aide de l'interface IHM
252.
[0107] En variante, l'utilisateur pourrait se contenter de ne mesurer et remplir que les
champs de dénivelé 301 - 304, auquel cas les champs de largeur 305 - 308 seraient
complétés automatiquement par une valeur standard prédéterminée.
[0108] L'unité de pilotage 251 élabore alors une consigne de pilotage pour former la nervure
d'emboîtement 26 sur le champ 23 de la lentille ophtalmique 20, de telle manière qu'en
chaque section axiale S'
i de la lentille 20, les extrémités avant et arrière P'1
i, P'2
i du profil de lentille P'
i présentent respectivement des première et seconde distances L1
i, L2
i à l'axe de blocage A7 (figure 7A) dont la différence D'
i est une fonction non entièrement uniforme le long du champ 23 de la lentille 20,
qui dépend des valeurs numériques saisies dans chacun des champs de dénivelé 301 -
304.
[0109] L'unité de pilotage 251 procède pour cela au calcul des coordonnées spatiales R'
i, TETA'
i, Z'
i de 360 points de l'arête de sommet 27 de la nervure d'emboîtement 26, ainsi qu'au
calcul des secondes distances L2
i et des écarts radiaux D'
i en chacune des 360 sections axiales S'
i considérées de la lentille 20.
[0110] Le calcul des coordonnées spatiales R'
i, TETA'
i, Z'
i des 360 points de l'arête de sommet 27 de la nervure d'emboîtement 26 est réalisé
au moyen des formules suivantes :
[0112] La constante DELTA est calculée de manière classique en fonction de la hauteur T
(entre le rebord avant 18 du cercle gauche 11 et l'arête de fond 17 du drageoir 16
de ce cercle), de la largeur à l'ouverture L
j du drageoir 16, et des angles au sommet des surfaces de travail coniques de la meulette
de finition 212 (comme le montre l'angle C1 sur la figure 10). Cette constante DELTA
permet de tenir compte du fait que, une fois la lentille 20 emboîtée dans le cercle
gauche 11, l'arête de sommet 27 de la nervure d'emboîtement 20 n'est pas au contact
de l'arête de fond 17 du drageoir 16 mais est légèrement décalée par rapport à cette
dernière (voir figures 10 à 15).
[0113] La fonction f(TETA
j) peut être choisie nulle ou constante ou variable, pour prendre en compte une éventuelle
différence entre les cambrures générales de la lentille 20 et du cercle gauche 11
de la monture. Le choix de cette fonction permet en particulier de modifier la position
axiale de la nervure d'emboîtement 26 sur le chant 23 de la lentille ophtalmique 20,
de manière par exemple que la nervure d'emboîtement 26 s'étende le long de la face
optique avant 21 de la lentille 20 ou plutôt au milieu de sa tranche 23.
[0114] L'unité de pilotage 251 procède ensuite au calcul des rayons de détourage du rebord
avant 28 de la lentille ophtalmique, c'est-à-dire au calcul des distances L2
i en chacune des 360 sections axiales S'
i considérées de la lentille 20.
[0115] Ces rayons de détourage L2
i sont déduits de la formule suivante :
L2i = R'i - T - K, K étant une constante positive ou nulle.
[0116] Le rebord avant 28 de la tranche 23 de la lentille ophtalmique 20 est donc conçu
pour s'étendre à une distance radiale de l'arête de sommet 27 de la nervure d'emboîtement
26 constante et égale à une hauteur T + K supérieure ou égale à la hauteur de la nervure
d'emboîtement 26, par exemple égale à 0,6 millimètre.
[0117] En variante, cette distance radiale pourrait bien sûr être choisie différemment.
Elle pourrait en particulier être choisie pour varier en fonction des valeurs numériques
saisies dans chacun des champs de dénivelé 301 - 304.
[0118] L'unité de pilotage 251 procède enfin au calcul de la fonction de dénivelé, c'est-à-dire
ici au calcul des écarts radiaux D'
i au niveau des 360 sections axiales S'
i considérées de la lentille 20.
[0119] Quatre hauteurs de décalage D
j=0, D
j=90, D
j=180, D
j=270 ayant été saisies pour quatre sections transversales S
j=0, S
j=90, S
j=180, S
j=270 du cercle 110, l'unité de pilotage 251 déduit l'écart radial D'
i au niveau des quatre sections axiales correspondantes S'
i=0, S'
i=90, S'
i=180, S'
¡=270 de la lentille 20, au moyen de la formule suivante :
[0120] Pour i = j et i= 0, 90, 180 et 270,
[0121] La constante DELTA2 est une valeur positive proche de 0. Elle est ici choisie égale
à 0,5 millimètre.
[0122] Elle permet, en cas d'erreur de mesure, de s'assurer que l'écart radial D
i entre les rebords avant 28 et arrière 29 du champ 23 de la lentille 20 soit suffisant
pour éviter tout problème d'interférence entre le rebord arrière 29 de la lentille
20 et le rebord arrière 19 du cercle 11 de la monture (voir figure 12).
[0123] Elle permet également, lorsque le cercle 11 de la monture 10 est versé (figure 11),
de s'assurer que la lentille reste montable dans le cercle quand bien même les hauteurs
de décalage D
j n'auraient pas été mesurées au niveau des zones les plus versées du cercle de la
monture.
[0124] Elle permet enfin, lorsque la lentille est épaisse (figures 13 et 14) de s'assurer
que le rebord arrière 29 du champ de la lentille 20 ne vienne pas interférer avec
la plaquette nasale 13 correspondante du cercle 11 de la monture de lunettes.
[0125] Dans le cas où la lentille ophtalmique 20 est identifiée comme étant une lentille
de faible épaisseur (figure 15), la valeur de cette constante DELTA2 pourra être réduite
voir annulée.
[0126] L'unité de pilotage 251 détermine ensuite l'écart radial D'
i en chacune des 256 autres sections axiales S'
i de la lentille ophtalmique 20, par une fonction d'interpolation quelconque. La fonction
d'interpolation est ici une fonction de Lagrange continue, dont la dérivée est continue
et présente une valeur absolue qui reste inférieure à une valeur seuil prédéterminée.
[0127] En variante, l'unité de pilotage 251 pourrait être adaptée à élaborer la consigne
de pilotage de telle manière que la fonction de dénivelé varie par paliers entre chacune
des quatre sections axiales S'
i=0, S'
i=90, S'
i=180, S'
i=270 considérées.
[0128] Encore en variante, la fonction d'interpolation peut être une fonction trigonométrique
calculée de la manière suivante :
Pour i allant de 0 à 90,
Pour i allant de 90 à 180,
Pour i allant de 180 à 270,
Pour i allant de 270 à 360,
[0129] Enfin, l'unité de pilotage 251 déduit des écarts radiaux D'
i les rayons de détourage L1
i du rebord arrière 29 de la lentille ophtalmique 20, au moyen de la formule suivante
:
Pour i allant de 0 à 359,
[0130] L'unité de pilotage 251 commande ensuite l'affichage simultané dans la deuxième fenêtre
261 :
- du profil de cercle Pj=0 qui est défini par la première section transversale Sj=0 du cercle gauche 11 et qui présente une hauteur de décalage Dj=0 et une largeur à l'ouverture Lj=0, et
- du profil de lentille P'i=0 qui est défini par la section axiale Si=0 correspondante de la lentille 20 et dont la forme est déduite des valeurs L1i=0, L2i=0 et R'i=0 précédemment calculées.
[0131] Les deux profils P
j=0, P'
i=0 sont rapprochés l'un de l'autre, de manière à illustrer la manière selon laquelle
la nervure d'emboîtement 26 s'emboîte dans le drageoir 16 du cercle gauche 11.
[0132] L'unité de pilotage 251 commande également l'affichage en superposition dans la première
fenêtre 260 :
- de la première ligne de contour 310 qui est représentative du contour décrit par l'arête
de sommet 27 de la rainure d'emboîtement 26 le long du champ de la lentille ophtalmique
20, et dont les coordonnées sont déduites des coordonnées R'i, TETA'i de l'arête de sommet 27,
- de la seconde ligne de contour 311 qui est représentative du contour décrit par l'extrémité
arrière P'1¡ du profil de lentille P'i le long du champ de la lentille ophtalmique 20, et dont les coordonnées sont déduites
des coordonnées L1i, TETA'i du rebord arrière 27 de la lentille ophtalmique.
[0133] Seule cette seconde ligne de contour 311 présente une forme qui est déduite de la
fonction de dénivelé.
[0134] On pourra prévoir d'afficher cette seconde ligne de contour 311 avec deux couleurs
différentes, dont une première couleur pour les zones où la tranche 23 de la lentille
20 présente une épaisseur suffisante pour présenter deux rebords avant et arrière
28, 29 (figures 10 à 14), et une seconde couleur pour les zones où la tranche 23 de
la lentille ne présente pas une épaisseur suffisante pour présenter un rebord arrière
29 (figure 15).
[0135] L'opticien pourra ainsi modifier les valeurs saisies dans les champs de dénivelé
301 - 304, de manière à s'assurer que le rebord arrière 29 s'étende sur l'ensemble
de la tranche 23 de la lentille 20. Ce rebord assure en effet un montage esthétique
de la lentille dans le cercle gauche 11, ce qui ne serait pas le cas si la lentille
était seulement partiellement pourvue sur sa tranche d'un tel rebord.
[0136] L'utilisateur valide ensuite les valeurs saisies, de manière que l'unité de pilotage
251 puisse procéder au détourage de la lentille ophtalmique 20.
[0137] Lors de cette étape de validation, on peut prévoir de mémoriser l'ensemble des données
saisies dans un nouvel enregistrement d'un registre de base de données accessible
à la meuleuse. Un tel registre comporte une pluralité d'enregistrements chacun associés
à une monture de lunettes précédemment palpée. Chaque enregistrement comprend alors
un identifiant de cette monture, ainsi que les valeurs correspondantes, saisies en
leur temps sur l'écran d'affichage. Ainsi, lorsqu'un nouveau client (ou porteur de
lunettes) sélectionne une monture de lunettes identique à une monture de lunettes
qui avait déjà été choisie par un client précédent, l'utilisateur peut chercher dans
le registre les valeurs correspondant à cette monture de lunettes, de manière à ne
pas devoir les saisir à nouveau sur l'écran d'affichage.
[0138] Le détourage est ensuite réalisé en deux opérations d'ébauche et de finition.
[0139] Pour l'ébauche de la lentille, on utilise la meule cylindrique 210 pour réduire grossièrement
les rayons de la lentille en fonction de la forme calculée de l'arête de sommet 27.
La meule cylindrique 210 et la bascule 201 sont plus précisément pilotées l'une relativement
à l'autre de manière à réduire, pour chaque position angulaire TETA'
i de la lentille autour de l'axe de blocage A7, le rayon de la lentille à une longueur
égale au rayon R'
i.
[0140] Puis, pour la finition de la lentille, on utilise la meulette de finition 212. L'unité
de pilotage 251 pilote alors la position axiale (suivant l'axe de blocage A7) de cette
meulette de finition 212 pour mettre une première de ses faces de travail conique
214, 215 en regard de l'une des arêtes avant et arrière de la tranche 23 de la lentille
ophtalmique 20. Puis, il pilote la position radiale de la meulette de finition 212
(par rapport à l'axe de blocage A7) afin d'usiner l'un des flancs avant et arrière
26A, 26B de la nervure d'emboîtement 26 ainsi que le rebord avant ou arrière 28, 29
adjacent à ce flanc. L'opération est réitérée afin d'usiner l'autre des flancs de
la nervure d'emboîtement 26 et le rebord adjacent à ce flanc.
[0141] L'usinage est réalisé de telle sorte que, en chaque section axiale S'
i de la lentille, le rebord avant 28 de la tranche 23 de la lentille soit situé à une
distance radiale L2
i de l'axe de blocage A7 et que le rebord arrière 29 de la tranche 23 de la lentille
soit situé à une distance radiale L1
i de l'axe de blocage A7.
[0142] Une fois détourée, la lentille est ensuite extraite de la meuleuse 200 à l'aide de
la mobilité de translation du deuxième arbre 203, puis est emboîtée dans le cercle
gauche 11 de la monture de lunettes 10.
[0143] En cas d'échec au montage, l'utilisateur identifie visuellement la ou les zones de
la tranche 23 de la lentille 20 qui interfèrent avec le cercle 11 de la monture, puis
il modifie la ou les valeur(s) saisie(s) dans les champs de dénivelé 301 - 304 pour
usiner le rebord arrière 29 de la lentille 20 plus en profondeur.
[0144] Il bloque alors à nouveau la lentille ophtalmique 20 entre les arbres 202, 203 de
la meule 200, puis lance à nouveau l'usinage de la meuleuse pour supprimer ces zones
d'interférence.