[0001] La présente invention se rapporte à un mouvement d'horlogerie de diamètre inférieur
à 40 mm qui comporte un barillet pour le logement d'un ressort moteur et dont le diamètre
est inférieur au rayon dudit mouvement. Ce barillet comporte une paroi latérale cylindrique
entourée d'une denture. Chaque bord de cette paroi latérale cylindrique est fermé
par un disque traversé axialement d'une ouverture de pivotement d'un arbre de barillet.
L'invention se rapporte aussi à une pièce d'horlogerie comprenant un tel mouvement.
[0002] Dans une montre mécanique, toute l'énergie nécessaire au fonctionnement des rouages
du mouvement est fournie par la détente progressive du ressort du barillet. Ce ressort
se présente sous la forme d'un ruban enroulé en spirale. Après remontage, il est armé
entre ses deux extrémités dont l'une est retenue par la paroi latérale du barillet
et l'autre par l'arbre du barillet. L'énergie du ressort est transmise au rouage de
finissage par la denture du barillet.
[0003] Les documents
FR 1220417 et
EP 1837717 décrivent en détail la construction de barillets pour montres-bracelets. Tel qu'illustré
dans ces publications, le tambour de barillet peut être usiné d'une pièce comprenant
le fond et la paroi latérale cylindrique. Selon les illustrations données dans le
premier document, les parois du tambour et de son couvercle sont d'épaisseurs tout
à fait comparables. Ceci découle notamment du fait que le dispositif vise à réunir
le tambour et son couvercle de manière à obtenir une liaison qui résiste à de fortes
pressions. L'invention décrite dans le second document propose une fixation du couvercle
sur le tambour qui ne modifie, ni l'encombrement extérieur du barillet, ni son volume
intérieur.
[0004] Pour pouvoir usiner dans de bonnes conditions un tambour de barillet d'un seul tenant
qui offre une tenue mécanique adéquate, il est nécessaire de prévoir des parois d'une
épaisseur typiquement de 0.2 mm.
[0005] Une caractéristique majeure des montres mécaniques est la réserve de marche. Pour
une montre de la grandeur d'une montre-bracelet, il en découle un problème consistant
à emmagasiner dans l'organe moteur la plus grande quantité d'énergie possible dans
un faible volume. En raison de leur usage, de telles montres présentent naturellement
des dimensions limitées de sorte qu'il ne devient plus possible d'augmenter la grandeur
du barillet dont l'encombrement est défini par l'espace maximum qui peut lui être
réservé au sein du mouvement. Pour de telles montres, le diamètre du mouvement n'excède
généralement pas 40 mm. Comme l'axe de rotation des aiguilles de la montre se trouve
le plus généralement au centre du mouvement, le diamètre du barillet est de ce fait
nécessairement inférieur au rayon du mouvement.
[0006] Le but de la présente invention est un barillet qui offre une plus grande réserve
de marche qu'un barillet conventionnel de même encombrement.
[0007] A cet effet, l'invention a pour objet un mouvement d'horlogerie selon la revendication
1.
[0008] Selon l'invention, ce but est atteint en maximisant la hauteur utile à disposition
du ressort de barillet pour un barillet de hauteur donnée. Plus la proportion de hauteur
utile à disposition du ressort est élevée, plus grande sera la réserve de marche du
mouvement. Cette dernière est en effet directement conditionnée, entre autres, par
la hauteur du ruban formant le ressort. Selon la présente invention, l'augmentation
de la hauteur réservée au ressort au sein du barillet est obtenue en réduisant les
épaisseurs des parois, en particulier l'épaisseur d'au moins un des deux disques formant
le fond et le couvercle du barillet.
[0009] Un avantage de l'invention est de permettre d'augmenter sensiblement la réserve de
marche sans accroître l'encombrement du barillet.
[0010] D'autres avantages et spécificités apparaîtront à la lumière de la description détaillée
qui va suivre qui présente une forme d'exécution et une variante de l'invention illustrées
schématiquement et à titre d'exemple par les figures annexées dans lesquelles:
La figure 1 est une vue en plan très schématique d'un mouvement de montre.
La figure 2a est une vue éclatée en perspective du barillet de ce mouvement et de
son arbre en coupe axiale.
La figure 2b correspond à une vue assemblée des éléments illustrés à la figure 2a.
La figure 3 est une vue en perspective et en coupe axiale d'une variante du barillet,
organe principal de l'objet de l'invention.
[0011] En référence à la figure 1, celle-ci représente une pièce d'horlogerie, en particulier
son mouvement. Ce dernier comprend un barillet 1, un rouage de finissage 10, un échappement
11 et un régulateur 12.
[0012] Tel que représenté dans les figures 2a et 2b, le barillet 1 consiste en une mince
boîte cylindrique dont le logement intérieur est destiné à recevoir un ressort moteur
(non illustré). A sa périphérie, ce barillet comporte une denture 3 destinée à entraîner
le rouage de finissage 10. Le barillet est formé de trois parties distinctes, à savoir
une paroi latérale cylindrique 2 entourée de la denture 3, et deux disques 4, 4',
l'un faisant office de couvercle et l'autre faisant office de fond. Ces deux disques
sont destinés à fermer l'espace délimité par la paroi latérale cylindrique 2 en prenant
chacun appui sur un des deux bords 21, 21' de cette paroi. De préférence, les disques
prennent appui sur une portée circulaire 22, 22' ménagée sur le bord de la paroi.
Ainsi et comme mieux illustré à la figure 2b, la surface extérieure de chaque disque
peut avantageusement venir à fleur du bord 21, 21'.
[0013] Chaque disque 4, 4' comporte une ouverture axiale 5, 5' pour le passage d'un arbre
de barillet 7 dont l'axe longitudinal 8 est perpendiculaire au plan des disques. Chaque
ouverture axiale 5, 5' est bordée d'une saillie annulaire 6, 6' servant de palier
pour l'arbre 7.
[0014] La hauteur du logement que ce barillet réserve pour le ressort moteur est comprise
entre 85% et 97% de la hauteur totale du barillet, à savoir de la distance qui sépare
les faces extérieures des deux disques 4, 4' à la périphérie du barillet, donc sans
tenir compte d'éventuelles surépaisseurs des surfaces extérieures des disques à proximité
de l'axe. Pour répondre à cette caractéristique, au moins l'un des disques 4, 4' doit
avoir une épaisseur sensiblement inférieure à ce qui est connu de l'art antérieur.
Selon l'état de la technique, l'épaisseur du fond ou du couvercle d'un tambour de
barillet de grandeur comparable est typiquement de l'ordre de 0.2 mm.
[0015] Il a été constaté que, pour un barillet d'un diamètre de 11.6 mm avec une hauteur
du logement de 73% par rapport à la hauteur totale, destiné à équiper un mouvement
de montre-bracelet d'un diamètre de 29 mm, une augmentation de 0.1 mm de la hauteur
du ruban formant le ressort de barillet se traduisait par un gain de réserve de marche
de l'ordre de 11%. Pour une montre standard dont l'autonomie est typiquement de 55
h, le gain constaté permet donc d'accroître la durée de fonctionnement de la montre
de 6 heures. Avantageusement, en augmentant la hauteur du logement du ressort de 0.2
mm par un amincissement de 0.1 mm de chaque disque du barillet, le gain de réserve
de marche de la montre peut être porté à 22% (hauteur du logement de 86%). Une telle
valeur permet d'obtenir une confortable autonomie de 67 heures, par comparaison avec
les 55 heures qu'offrait jusqu'à présent la même montre équipée d'un barillet standard
de même encombrement. En utilisant un disque 4' d'une épaisseur de 0.1 mm et un disque
4 de 0.05 mm d'épaisseur (hauteur de logement de 90%), le gain de réserve de marche
est de 27% ce qui correspond à une autonomie de 70 heures. Si les deux disques 4,
4' ont une épaisseur de 0.05 mm (hauteur de logement de 93%), ce gain est porté à
31% et l'autonomie à 72 heures.
[0016] Selon l'invention, au moins un des disques 4, 4' est un disque aminci qui présente
une épaisseur inférieure à 0.2 mm, de préférence une épaisseur comprise entre 0.04
mm et 0.12 mm. Avantageusement, cette épaisseur d'au moins un des disques 4, 4' est
donc inférieure ou égale à 0.12 mm, voire inférieure ou égale à 0.10 mm, voire même
inférieure ou égale à 0.09 mm, voire même inférieure ou égale à 0.08 mm.
[0017] Si le gain et l'intérêt qui découlent dudit constat sont manifestes, l'amincissement
des parois circulaires du barillet engendre cependant plusieurs difficultés du point
de vue de la réalisation et de la résistance mécanique du barillet.
[0018] La première difficulté réside dans l'obtention de disques fortement amincis qui de
ce fait présentent une très faible épaisseur, typiquement inférieure à 0.08 mm, par
exemple de l'ordre de 0.04 mm seulement. En dessous de cette première valeur, il devient
quasiment impossible d'obtenir une pièce de qualité à partir d'un usinage mécanique.
[0019] Pour obtenir des disques très minces, on peut avantageusement utiliser des matériaux
comme la céramique, obtenue par frittage, le rubis, ou le Phynox
®, alliage métallique à haute performance à base de cobalt qui est inoxydable, présente
une grande résistance mécanique et permet d'obtenir les disques susmentionnés par
étampage, ou encore le Toughmet
® ou le Pfinodal
®, qui sont des alliages spinodaux à base de cuivre avec addition de nickel et d'étain.
On peut aussi utiliser des matériaux susceptibles d'être mis en forme par des procédés
de microfabrication comme l'électroformage (par exemple, alliages Ni, NiP, NiCo obtenus
par un procédé de type LIGA, abréviation de « Lithographie, Galvanoformung, Abformung
») ou la gravure profonde (par exemple, le silicium, le quartz ou le diamant par un
procédé de type DRIE, abréviation de « Deep Reactive Ion Etching »).
[0020] La seconde difficulté, qui découle de la première, réside dans l'usinage de la saillie
annulaire 6, 6' qui, pour fournir un pivotement adéquat du barillet 1 par rapport
à l'arbre 7, devient d'autant plus nécessaire que l'épaisseur du disque auquel elle
est associée est fine. Pour cette raison, la saillie annulaire 6, 6' peut être rapportée
à la surface du disque 4, 4' après avoir été usinée à part. De ce fait, cette saillie
annulaire peut avantageusement être réalisée en un matériau différent de celui du
disque. Ceci permet de choisir un matériau pour la saillie qui offre de bonnes caractéristiques
tribologiques pour optimiser le pivotement, mais qui n'est pas forcément adapté à
la réalisation du disque. Typiquement, on privilégiera pour la réalisation de cette
saillie l'utilisation d'alliages classiques comme le CuBe ou le laiton, ou d'un métal
tel que le nickel qui prévient tout grippage tout en présentant une excellente résistance
à l'usure. L'assemblage de la saillie annulaire sur le disque peut être obtenu par
soudage, par rivetage, par brasage ou par collage. De préférence, l'appui du disque
4, 4' sur la saillie annulaire se fait par l'intermédiaire d'une portée circulaire
62, 62' qui, notamment, permet de protéger le bord de l'ouverture axiale 5 situé à
proximité directe de l'arbre de barillet.
[0021] En référence à la figure 3, celle-ci illustre une variante du barillet selon l'invention.
On remarque d'une part que la saillie annulaire 6, 6' n'est pas nécessairement rapportée
au disque 4, 4' mais peut être formée d'un seul tenant avec le disque auquel elle
est associée. D'autre part, on remarque qu'il peut en être de même pour la denture
3 qui constitue ou est ménagée dans une surépaisseur de la périphérie du disque. On
peut encore constater que l'un des disques 4, 4', en l'occurrence le disque 4, peut
être formé d'un seul tenant avec la paroi latérale cylindrique 2. Dans ce cas, l'emboîtement
des deux parties ainsi formées du barillet pourra par exemple être constitué par la
face interne d'un épaulement 9 dans lequel est ménagée la denture 3 et par une portée
ménagée dans le bord de la paroi latérale circulaire 2, comme illustré à la figure
3. Les deux parties peuvent être liées l'une à l'autre par collage ou par soudage
lors de l'assemblage et de la fermeture du barillet, comme peuvent aussi l'être les
disques 4, 4' de la figure 2. On peut aussi réaliser un tel assemblage par chassage,
rivetage ou clipsage.
[0022] Un tel mode de fixation, qui rend au moins un des disques solidaire de la paroi cylindrique,
permet d'améliorer la rigidité du barillet.
[0023] Il est également possible de n'amincir qu'un des deux disques ou encore de créer
un barillet à partir de deux demi-tambours, formés par exemple pour l'un d'un disque
et d'une première moitié supérieure de paroi latérale cylindrique et pour l'autre
de l'autre disque et d'une seconde moitié inférieure de paroi latérale cylindrique
entourée de sa denture. Les deux moitiés précitées peuvent être assemblées par l'intermédiaire
d'un moyen identique ou comparable à celui de la figure 3 et liées entre elles par
collage ou par soudage. On peut aussi réaliser un tel assemblage par chassage ou clipsage.
[0024] La forme d'exécution et les variantes décrites ci-avant peuvent être prises, soit
dans leur ensemble, soit en partie ou séparément dans la réalisation du barillet 1.
[0025] Selon l'invention, on remarquera que la paroi circulaire 2, servant notamment de
point d'ancrage pour l'extrémité extérieure du ressort moteur et de surface de glissement
dans le cas d'un ressort à bride glissante, conserve son épaisseur normale qui lui
procure la rigidité nécessaire à la tenue de l'ensemble du barillet.
1. Mouvement d'horlogerie de diamètre inférieur à 40 mm qui comporte un barillet (1)
pour le logement d'un ressort moteur dont le diamètre est inférieur au rayon dudit
mouvement, ce barillet (1) comportant une paroi latérale cylindrique (2) entourée
d'une denture (3) et dont chaque bord (21, 21') est fermé par un disque (4, 4') traversé
axialement d'une ouverture (5, 5') de pivotement d'un arbre (7) de barillet, caractérisé en ce que la hauteur dudit logement est comprise entre 85% et 97% de la hauteur totale à la
périphérie du barillet (1).
2. Mouvement selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'un desdits disques (4, 4') présente une épaisseur comprise entre 0.04 et 0.12 mm.
3. Mouvement selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que l'un desdits disques présente une épaisseur inférieure à 0.10 mm, voire inférieure
à 0.09 mm, voire inférieure à 0.08 mm.
4. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que les deux disques (4, 4') présentent chacun une épaisseur comprise entre 0.04 et 0.12
mm.
5. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que les deux disques (4, 4') présentent chacun une épaisseur inférieure à 0.10 mm, voire
inférieure à 0.09 mm, voire inférieure à 0.08 mm.
6. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'au moins une desdites ouvertures (5, 5') traversant un disque (4, 4') est bordée d'une
saillie annulaire (6, 6') rapportée à la surface dudit disque (4, 4').
7. Mouvement selon la revendication précédente, caractérisé en ce que ladite saillie annulaire (6, 6') est en un matériau différent de celui du disque
(4, 4').
8. Mouvement selon la revendication 6 ou 7, caractérisé en ce que ladite saillie annulaire (6, 6') est rapportée à la surface du disque (4, 4') par
collage, par soudage ou par rivetage.
9. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'au moins l'un des disques (4, 4') est assemblé à ladite paroi latérale cylindrique
(2, 2') par soudage ou par collage.
10. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que ladite denture (3) est ménagée dans une surépaisseur solidaire de l'un des disques
(4, 4') .
11. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'au moins l'un desdits disques (4, 4') est en céramique, en alliage inoxydable haute
performance à base de cobalt, ou en alliages spinodaux à base de cuivre avec addition
de nickel et d'étain.
12. Mouvement selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'au moins l'un desdits disques (4, 4') est en silicium, en quartz ou en diamant.
13. Pièce d'horlogerie comprenant un mouvement selon l'une des revendications précédentes.