Domaine technique
[0001] La présente invention concerne une palette d'ancre d'échappement, en particulier
une palette d'ancre réalisée en diamant. La présente invention concerne aussi un procédé
de fabrication d'une telle palette.
Etat de la technique
[0002] Les pièces mécaniques pour mouvements de montre mécaniques sont le plus souvent réalisées
en métal. Les pièces mobiles, par exemple les axes, les roues, les pignons, l'ancre
d'échappement, la roue d'échappement, le balancier, les ressorts et le spiral sont
fréquemment réalisés en acier, ou en acier elinvar pour le spiral. La platine et les
ponts sont généralement réalisés en laiton ou en acier. D'autres matériaux sont employés
de manière plus marginale, par exemple le rubis pour les paliers ou les palettes,
ou la céramique pour certains roulements.
[0003] Des recherches intensives ont été menées afin de remplacer ces matériaux conventionnels
et d'éviter certains de leurs inconvénients. A titre d'exemple, le silicium est aujourd'hui
utilisé de manière industrielle pour la fabrication des organes de l'échappement ou
du spiral notamment.
EP732635A1 (CSEM) décrit une pièce micro-mécanique, par exemple une ancre pour mouvement d'horlogerie,
découpée dans une plaque en silicium par attaque au moyen d'un gaz plasma autour d'un
masque de forme ménagé préalablement sur la face de la plaque.
[0004] Le silicium a l'avantage d'être facile à usiner, de manière reproductible, avec des
technologies parfaitement maîtrisées pour la fabrication de circuits intégrés ou de
MEMS notamment. Il présente cependant certains inconvénients, notamment un état de
surface tribologique insuffisant et un coefficient de frottement relativement élevé.
[0005] CH669109A1 (The Swatch Group R&D Ltd) suggère d'améliorer cet état de surface en déposant une
couche de carbone DLC (« Diamond Like Carbon ») sur le silicium. De manière similaire,
US2002/114225 (Damasko) décrit notamment une ancre d'échappement en acier revêtu d'une couche DLC
(« Diamond Like Carbon »).
US2012/0263909 (Diamaze Microtechnology SA et al.) décrit un autre exemple de pièce mécanique revêtue
de diamant ou d'une couche DLC.
[0006] Les revêtements DLC possèdent certaines des propriétés du diamant naturel, bien que
leur structure cristalline soit très différente. De manière générale, ces revêtements
sont produits à l'aide d'un procédé de déposition de carbone par plasma, par arcs
filtrés, par faisceaux ioniques, par pulvérisation cathodique etc. Ces procédés rapides,
à haute énergie, ne permettent pas aux atomes de carbones de s'arranger selon la disposition
cubique sp3 typique du diamant ; l'arrangement des atomes est globalement amorphe,
avec un enchevêtrement de micro-structures cristallines orientées différemment les
unes des autres.
[0007] Par ailleurs, les procédés de déposition de revêtement DLC connus génèrent un matériau
comportant des proportions importantes, supérieure à 10%, d'hydrogène, de carbone
graphitique ou d'autres composants.
[0008] Une pièce en acier ou en silicium revêtue d'une couche DLC présente donc des états
de surface tribologiques qui sont certes améliorés, mais encore loin d'être parfaits.
L'adhésion du revêtement DLC sur le substrat constitue en outre un point de faiblesse.
En tous les cas, l'étape supplémentaire nécessaire pour la déposition de cette couche
DLC complique la fabrication. Par ailleurs, il est difficile de contrôler précisément
la forme de la pièce après le dépôt du revêtement.
[0009] Les ancres dans l'échappement des mouvements mécaniques sont en particulier soumises
à des contraintes sévères. Il est tout d'abord souhaitable de réduire leur masse et
leur moment d'inertie au maximum afin de limiter l'énergie nécessaire à l'oscillation
à fréquence élevée de ces pièces mobiles, et donc d'augmenter la réserve de marche
de la montre. L'ancre, en particulier la palette d'ancre, est cependant soumise à
des chocs répétés à chaque alternance, ou lors de chocs de la montre, et doit donc
présenter une solidité suffisante. On désire en outre généralement une ancre rigide
et qui ne se déforme pas à chaque alternance, ce qui limite également l'épaisseur
minimale de la pièce.
[0010] D'autre part, l'ancre et en particulier les palettes montées sur l'ancre doivent
à la fois être capables de recevoir une impulsion de la roue d'échappement à chaque
alternance, puis de bloquer cette même roue d'échappement. Un coefficient de frottement
aussi réduit que possible entre le plan d'impulsion de palettes et les dents de la
roue d'échappement permet d'augmenter l'efficacité énergétique de l'échappement et
donc d'augmenter la marche de la montre. L'état tribologique du plan d'impulsion des
palettes doit donc être aussi bon que possible. Les palettes doivent en outre être
suffisamment dures pour absorber les chocs transmis par la roue d'ancre sans déformation.
[0011] Dans ce but, l'usage de palettes en rubis est répandu. Par ailleurs,
DE102008029429A1 suggère en relation avec la figure 20 une ancre en silicium qui intègre les palettes
et qui peut être revêtue d'une couche de DLC. Cette ancre souffre cependant des défauts
inhérents au silicium, à savoir une grande fragilité.
[0012] Il serait donc souhaitable de réaliser des ancres et des palettes d'ancres dans des
matériaux plus solides, plus légers et présentant un meilleur coefficient de frottement
que le rubis ou les revêtements DLC conventionnels. Selon un premier aspect de l'invention,
cette ancre et/ou en tous cas les palettes sont réalisés en diamant. on connaît certes
déjà des pièces micromécaniques en diamant. Ainsi,
WO2004/029733A2 (Fore Eagle Co Ltd) décrit des composants horlogers réalisés au moins partiellement
dans ce matériau. Ce document énumère différents avantages du diamant, notamment sa
dureté, un faible coefficient de frottement, une bonne résistance aux chocs, une résistance
mécanique élevée, un module d'élasticité élevé, un faible coefficient de dilatation
thermique, la transparence et la capacité de ne pas se rayer.
[0013] EP2407831A1 (Rolex SA) décrit un spiral pour oscillateur horloger qui peut être réalisé dans
un matériau à faible densité comme le silicium, le diamant ou le quartz. Le spiral
peut être réalisé par un procédé de gravage chimique à l'aide d'un plasma (« DRIE,
Deep Reactive Ion Etching »).
[0014] CH701155B1 (Complitime SA) décrit un balancier pour pièce d'horlogerie comportant une planche
qui peut être en diamant, en quartz, en silicium ou en corindon.
[0015] WO2005/017631 (Fore Eagle Co Ltd) décrit un autre balancier constitué de diamant et obtenu par
gravage chimique à l'aide d'un plasma.
[0016] EP2107434A1 décrit une pièce mécanique, notamment une roue d'ancre pour l'horlogerie, en silicium
ou en diamant.
[0017] EP2233989 (Ulysse Nardin Le Locle SA) décrit un ressort spiral en diamant obtenu par gravure
profonde.
[0018] CH701369 décrit un ressort de barillet en diamant.
[0019] Même si l'usage de diamant pour la fabrication de pièces mécaniques est connu, son
usage est réservé à la fabrication de roues, de spiraux, de balanciers, ou comme revêtement
DLC pour des ancres.
[0020] D'autre part, le type de diamant utilisé pour les pièces ci-dessus n'est généralement
pas précisé dans ces documents. En pratique, il s'agit toujours de diamant synthétique
polycristallin dont le coût est 10 à 50% plus bas que celui du diamant naturel, et
qui peut être produit dans des formes convenant à l'usage prévu.
[0021] On connaît différentes méthodes de fabrication de diamant synthétique.
US8088221 B2 (Z. Shapiro) décrit un procédé de fabrication de diamant synthétique à basse température et relativement
basse pression.
EP2189555A2 (Appollo Diamond Inc) décrit un autre procédé de production de diamant synthétique.
Des procédés par croissance CVD ou par détonation d'explosifs ont aussi été suggérés
notamment dans
US2003/205190.
Bref résumé de l'invention
[0022] Il existe cependant un besoin, notamment dans l'horlogerie de moyen de gamme et de
haut de gamme, pour des composants micromécaniques réalisés dans des matériaux offrant
un meilleurs compromis entre les propriétés recherchées de dureté, résistance mécanique,
légèreté, faible dilatation thermique, stabilité du module d'élasticité, et facilité
d'usinage à haute précision.
[0023] En particulier, il existe un besoin pour des palettes d'ancres plus durables, plus
légères et présentant un meilleur coefficient de frottement.
[0024] Un but de la présente invention est donc de proposer une palette d'ancre pour échappement
de mouvement de montre mécanique qui offre un tel compromis entre ces différentes
propriétés.
[0025] Selon l'invention, ces buts sont atteints notamment au moyen d'une palette pour échappement
de mouvement de montre, comportant un plan d'impulsion comme surface active, réalisée
intégralement en diamant monocristallin avec un plan d'impulsion sensiblement parallèle
au plan cristallin {001} ou de préférence au plan {011} du diamant.
[0026] Par « palette », on entend dans la présente demande la pièce à l'interface entre
l'organe réglant et l'échappement, du côté organe réglant, qui reçoit de l'échappement
l'énergie destinée à faire osciller l'organe réglant et/ou qui permet de bloquer l'échappement
à chaque alternance. La palette peut être encastrée dans un bras de l'ancre, par exemple
une ancre suisse. Les palettes ont souvent une forme parallélépipédique, avec un plan
incliné du côté de la roue d'échappement et destiné à recevoir l'impulsion de la roue
d'échappement; d'autres formes de palettes peuvent cependant être imaginées, y compris
des palettes avec une face courbe du côté de la roue d'échappement. La palette peut
aussi faire partie intégrale de l'ancre ou d'une autre pièce de l'échappement, qui
dans ce cas peut être réalisée de manière monolithique en diamant monocristalin. La
palette peut être rigide ou même flexible.
[0027] Une palette est dite « réalisée intégralement en diamant » si elle est constituée
par un seul cristal de diamant, sans substrat dans une autre matière, sans revêtement
de surface et généralement sans assemblage. Des impuretés en faible quantité, par
exemple moins de 3%, peuvent tout au plus être présentes notamment dans le cas de
diamants naturels, mais aussi de diamants synthétiques. Les impuretés peuvent par
exemple être constituées par un dopage.
[0028] Un diamant est considéré monocristallin s'il est constitué d'un seul cristal, ou
essentiellement d'un seul cristal à l'exception d'un nombre limité de cristaux distincts,
souvent plus petits que le cristal principal, non désirés mais qui résultent par exemple
du processus de fabrication ou d'une cristallisation imparfaite autour des impuretés
ou des bords.
[0029] L'invention part notamment de la constatation que le diamant monocristallin présente
de nombreux avantages par rapport au diamant polycristallin plus répandu, et encore
davantage par rapport aux revêtements DLC.
[0030] En particulier, les diamants monocristallins ont l'avantage par rapport aux diamants
polycristallins d'être extrêmement solides; aucune amorce de fente n'existe en effet
entre les différents grains. Cette solidité permet de réaliser avec la même solidité
des pièces plus fines et donc plus légères. Par exemple, il est possible de réaliser
en diamant monocristallin des pièces telles que, sans limitation, des roues d'ancres
ou des ancres avec une épaisseur inférieure à 120 microns, de préférence inférieure
à 100 microns, par exemple entre 20 et 60 microns. Dans le cas d'une palette, l'épaisseur
est avantageusement comprise entre 100 et 400 microns, par exemple 320 microns, ou
entre 100 et 160 microns, de préférence entre 100 et 120 microns. De telles épaisseurs
ne seraient pratiquement pas réalisables avec des pièces en acier, en silicium ou
en diamant polycristallin, car ces pièces seraient trop fragiles et très difficiles
à monter sans les casser.
[0031] Grâce à cette finesse extrême, il est possible d'une part de réduire l'épaisseur
du mouvement, et surtout de réduire l'inertie des pièces en mouvement. Cela permet
d'augmenter la réserve de marche de la montre, et d'augmenter la fréquence d'oscillation
de l'organe réglant.
[0032] D'autre part, les diamants monocristallins ont généralement un état de surface plus
lisse que les diamants polycristallins ou les revêtements DLC, dont la structure en
grains ne permet pas d'obtenir une surface tribologique optimale.
[0033] Les diamants polycristallins connus dans l'art antérieur pour la fabrication de pièces
mécaniques sont extrêmement durs, plus durs que les diamants naturels monocristallins
usuels. Cependant, contrairement aux préjugés, une dureté aussi importante n'est pas
toujours nécessaire ni même avantageuse pour un composant horloger. Cette dureté entraîne
un coût de polissage élevé, et une usure plus rapide des pièces moins dures en contact.
[0034] L'invention part aussi de la constatation que le plan d'impulsion parallèle au plan
cristallin {001} ou de préférence {011} permet d'obtenir un meilleur état tribologique
après polissage qu'un plan cristallin parallèle au plan {111} ou oblique par rapport
à ces plans.
[0035] La palette peut être réalisée par découpe à partir d'une plaque plate.
[0036] La découpe des plaques peut être effectuée par laser à partir d'un diamant non plat.
Le laser peut être incliné pendant la découpe. La direction du laser peut être modifiée
au moyen d'un miroir pendant la découpe. La découpe peut être effectuée depuis les
deux extrémités de la pièce.
[0037] La découpe des pièces plates dans une plaque peut être effectuée à partir d'un laser
orienté perpendiculairement à la plaque. La trajectoire de découpe peut être définie
au moyen d'un logiciel de contrôle de trajectoire du laser. La trajectoire peut être
optimisée pour minimiser le risque de fissure dans toute direction autre que la direction
de découpe. La trajectoire peut être optimisée en tenant compte de la forme et de
la dimension du faisceau laser. Des témoins d'épaisseur de polissage peuvent être
découpés, afin de contrôler la profondeur à laquelle la pièce doit être polie ultérieurement.
[0038] La palette peut être réalisée en diamant monocristallin naturel ou synthétique.
[0039] Les diamants naturels monocristallins de dimension compatibles avec la fabrication
de pièces mécaniques ont la réputation d'être très onéreux, en sorte qu'il existait
un préjugé très important à l'encontre de leur utilisation pour la fabrication de
telles pièces. Il a cependant été constaté que de nombreux diamants naturels monocristallins
sont découverts chaque année avec des formes qui ne permettent pas de les tailler
afin de les utiliser en joaillerie par exemple. De tels diamants sont le plus souvent
fendus pour les réduire en diamants utilisables plus petits, ou réduits en poudre
de diamants pour des applications industrielles. La valeur de telles pièces est donc
nettement plus faible que celle des diamants employés habituellement dans l'horlogerie
et la bijouterie.
[0040] Les diamants synthétiques sont dans la vaste majorité des cas polycristallins; il
est généralement considéré difficile de réaliser des diamants synthétiques monocristallins,
surtout des diamants de grandes dimensions. Il a cependant été observé plus récemment
que l'évolution des technologies permet de fabriquer des diamants synthétiques monocristallins
de plus de 1 carat à des coûts relativement bas.
[0041] Des diamants synthétiques monocristallins peuvent par exemple être obtenus en faisant
croître du carbone par croissance CVD autour d'une amorce en diamant monocristallin.
L'amorce en diamant monocristallin peut être réutilisée pour faire croître successivement
plusieurs diamants synthétiques monocristallins. Il est important que l'amorce soit
en diamant monocristallin pour que la structure qui se dépose soit elle-méme monocristalline.
Le carbone peut être obtenu à partir de méthane dans un réacteur CVD.
[0042] Le diamant synthétique monocristallin peut aussi être obtenu par compression de carbone
à haute pression et haute température. Cette solution résulte cependant en des coûts
plus élevés, notamment pour la fabrication de diamants monocristallins de grandes
dimensions.
[0043] Les diamants polycristallins sont le plus souvent transparents ou gris; en raison
des multiples interfaces entre les différents grains de cristaux avec différentes
orientations, ils produisent peu ou pas de reflets, et pratiquement pas d'effets d'irisation.
[0044] Par contraste, les diamants monocristallins, notamment les diamants naturels monocristallins,
existent dans une grande variété de couleur, notamment transparent, noir, bleu, jaune,
rouge etc. D'autre part, les jeux de lumière qui se reflètent sur différentes faces
orientées de diverses façons produisent des effets d'irisation très appréciés.
[0045] Le diamant monocristallin synthétique peut être dopé. Le diamant monocristallin naturel
peut être dopé.
[0046] Le diamant monocristallin dopé est obtenu en introduisant volontairement un élément
dopant dans le diamant, soit lors de la croissance d'un diamant synthétique, soit
dans un diamant synthétique ou naturel déjà formé.
[0047] L'opération de dopage permet ainsi de produire un diamant différent des diamants
que l'on trouve dans la nature, et différents des diamants monocristallins synthétiques
non dopés. La différence provient du type d'impuretés, de leur répartition et/ou de
leur concentration. Le dopage est choisi de manière à modifier les propriétés mécaniques
et tribologiques de la pièce en diamant.
[0048] Le dopage du diamant monocristallin synthétique peut être obtenu lors de sa fabrication
en ajoutant des impuretés dans le gaz du réacteur CVD. Ce dopage peut être effectué
pratiquement sans coût additionnel lors de la croissance d'un diamant synthétique
monocristallin.
[0049] Le dopage du diamant monocristallin synthétique ou naturel peut aussi être obtenu
par implantation d'ions au moyen d'un faisceau à haute énergie.
[0050] Le dopage peut être homogène dans tout le volume de la pièce.
[0051] Le dopage peut être limité à la surface, ou différent en surface et en profondeur.
Le dopage peut être choisi de manière à contrôler la dureté et/ou la couleur et/ou
l'élasticité et/ou la sensibilité du module d'Young à la température. Différentes
pièces en diamant monocristallin du même mouvement peuvent être dopées différemment.
[0052] L'invention concerne aussi un mouvement d'horlogerie comportant une ou plusieurs
pièces mécaniques fonctionnelles en diamant monocristallin.
[0053] Différents pièces mécaniques du même mouvement peuvent être réalisées en différentes
variétés de diamant monocristallin. Par exemple, différentes pièces mécaniques du
même mouvement peuvent être réalisées en différentes couleurs de diamant monocristallin.
Il a été relevé dans le cadre de l'invention que la couleur du diamant monocristallin,
qui est due aux impuretés, influence sa dureté. Par exemple, le diamant monocristallin
transparent est moins dur que le diamant monocristallin noir dopé avec des ions de
bore. Le type ou la couleur de diamant monocristallin choisi pour différentes pièces
d'un même mouvement est donc déterminé en fonction de la dureté désirée, ou en fonction
d'autres propriétés mécaniques dépendant de cette couleur.
[0054] Afin de réduire l'usure, il est avantageux que les palettes de l'ancre d'échappement,
ou l'ancre complète si les palettes sont intégrées, soient plus dures que la roue
d'ancre avec laquelle elles collaborent; une roue d'ancre moins dure que les palettes
permet d'amortir les chocs. Dans un mode de réalisation, le mouvement de montre comporte
par exemple une ancre ou une palette d'ancre dans un diamant monocristallin dur, et
une roue d'ancre dans un diamant monocristallin moins dur. L'ancre ou les palettes
peuvent être par exemple en diamant monocristallin noir dopé au bore tandis que la
roue d'ancre peut être en diamant monocristallin transparent ou jaune.
[0055] Le plan d'impulsion de la palette est obtenu en polissant les surfaces latérales
de la palette après sa découpe dans une plaque de diamant monocristallin. Le polissage
peut être effectué mécaniquement, par exemple avec une meule selon une direction parallèle
à la direction d'impulsion.
[0056] Au moins une partie de ces surfaces mécaniques latérales de la palette peut être
polie ou corrigée, par exemple avec un faisceau laser ou un faisceau d'ions. De manière
avantageuse, au moins une portion de ces surfaces est corrigée afin d'avoir un état
tribologique meilleur qu'avant la correction. Au moins une portion peut être corrigée
de manière à ce que cette portion soit sensiblement perpendiculaire aux faces inférieures
et supérieures de la pièce.
[0057] La palette peut être tenue par vacuum pendant le polissage. On peut ainsi la positionner
très précisément en hauteur, et on évite les imprécisions sur l'épaisseur de la pièce
qui résultent d'une épaisseur de colle non maitrisée dans les procédés de polissage
de pièces collées employés dans l'art antérieur.
[0058] La palette peut être montée dans l'ancre avant polissage, l'ancre étant alors utilisée
pour tenir la palette pendant le polissage.
[0059] Au moins une des surfaces de la palette peut être traitée thermiquement, par exemple
en l'exposant à une température entre 600° et 750°C, de préférence entre 650 et 680°C,
afin de brûler le carbone sous forme de graphite produit par la découpe du diamant
et qui subsiste éventuellement en surface. Ce traitement thermique permet en outre
de polir le diamant, par brûlure des pointes en surface, sans toutefois dégrader l'état
de surface par une attaque à haute température.
[0060] Au moins une des surfaces peut être rectifiée au moyen d'un laser.
[0061] L'état d'au moins une surface du diamant est avantageusement traité à la fois par
traitement thermique, par polissage mécanique et par rectification laser.
[0062] La pièce peut être polie jusqu'à ce que la surface arrive à niveau avec des marques
de polissage préalablement découpées.
[0063] La pièce peut être polie aux ultrasons. Elle peut être nettoyée avec de l'essence.
Brève description des figures
[0064] Des exemples de mise en oeuvre de l'invention sont indiqués dans la description illustrée
par les figures annexées dans lesquelles :
[0065] Les figures 1A à 1E illustrent différentes étapes successives d'un procédé de fabrication
d'une ancre d'échappement intégrant des palettes selon l'invention.
[0066] La figure 2 illustre une ancre d'échappement intégrant des palettes selon l'invention.
[0067] Les figures 3A à 3B illustrent schématiquement une opération de polissage ou de rectification
d'au moins une portion des flancs latéraux d'une palette selon l'invention.
[0068] Les figures 4A à 4C illustrent un procédé de découpe laser d'une surface plane dans
un diamant au moyen d'un laser orienté selon différentes directions.
[0069] La figure 5 illustre une palette fabriquée selon le procédé de l'invention.
Exemple(s) de mode de réalisation de l'invention
[0070] Les figures 1 à 3 illustrent schématiquement un procédé de fabrication d'une palette
selon l'invention, ici intégrée à une ancre d'échappement. Un procédé similaire peut
être mis en oeuvre pour fabriquer une palette discrète et séparée de l'ancre.
[0071] La figure 1A illustre un diamant monocristallin 1 non taillé employé pour fabriquer
une ou plusieurs pièces selon l'invention. Le diamant monocristallin peut être un
diamant naturel ou un diamant synthétique, d'un poids avantageusement supérieur à
1 carat, de préférence supérieur à 3 carats.
[0072] Dans le cas d'un diamant naturel, il peut s'agir d'un diamant ayant une forme ou
d'autres propriétés le rendant impropre à une valorisation pour un usage en joaillerie.
[0073] Un diamant monocristallin synthétique peut être produit par exemple au moyen d'un
arc filtré afin de déposer du carbone sur une amorce de diamant monocristallin, sans
apport d'hydrogène ou d'autres matériaux. Une autre possibilité est d'effectuer un
dépôt CVD de carbone produit à partir d'un hydrocarbure tel que le méthane sur une
amorce de diamant monocristallin. L'amorce peut être réutilisée après découpe de plaques
dans la masse déposée au-dessus de l'amorce.
[0074] Une troisième possibilité, moins avantageuse, est de produire un diamant monocristallin
synthétique en soumettant une source de carbone à une haute température et à une haute
pression simultanée. D'autres procédés pourront être utilisés.
[0075] Le diamant monocristallin ainsi formé peut être dopé. Dans un mode de réalisation,
le produit dopant peut être introduit au cours de la formation du diamant synthétique,
par exemple en ajoutant des traces de produit dopant dans l'arc filtré respectivement
dans le réacteur CVD. Dans un autre mode de réalisation, le produit dopant est ajouté
après la formation du diamant synthétique, par exemple au moyen d'un faisceau d'ions
à haute énergie. Le dopage peut être effectué de manière homogène dans toute la masse
du diamant, et/ou uniquement en surface. Un premier dopage peut être effectué dans
la masse et un dopage différent, par exemple avec un autre produit dopant et/ou avec
une autre concentration, peut être effectué en surface.
[0076] Le dopage peut être sélectionné afin de modifier la dureté des pièces produites à
partir de ce diamant; selon le produit dopant, il est possible d'augmenter ou de réduire
cette dureté. Par exemple, l'inclusion d'azote comme produit dopant permet de réduire
la dureté d'une pièce, tandis que l'inclusion d'ions bores permet de l'augmenter.
[0077] Dans un mode de réalisation, la dureté de la palette est augmentée par dopage, par
exemple en incluant des ions bores, tandis qu'une roue d'ancre en diamant monocristallin
destinée à collaborer avec cette palette dans l'échappement est non dopée, ou dopée
de manière à réduire sa dureté, par exemple à l'azote, afin d'obtenir une dureté inférieure
à celle de la palette. Il est en effet avantageux de disposer de palettes très dures,
pour réduire leur usure et le coefficient de frottement sur le plan d'impulsion, et
d'une roue d'échappement moins dure pour absorber le choc de l'ancre à chaque oscillation.
Dans un autre mode de réalisation, la roue d'ancre est dopée avec une concentration
relativement élevée d'azote, tandis que la palette est dopée avec une concentration
moins élevée d'azote. L'inclusion d'azote lors de la fabrication du diamant monocristallin
synthétique par croissance CVD permet en effet d'augmenter la vitesse de fabrication,
et donc de réduire le coût, tout en obtenant des palettes qui restent plus dures que
les palettes en rubis conventionnelles.
[0078] Le dopage peut aussi être sélectionné de manière à contrôler la couleur du diamant.
Le dopage peut être choisi de manière à contrôler le module d'Young du diamant. Le
dopage peut être choisi de manière à réduire la sensibilité du module d'Young à la
température, afin de produire des pièces dont la rigidité soit aussi indépendante
que possible de la température. Le dopage peut être choisi de manière à réduire le
coefficient de dilatation du diamant, afin de produire des pièces dont les dimensions
soient aussi indépendantes que possible de la température.
[0079] Le produit dopant et la concentration de ce produit sont en outre choisis de manière
à ne pas interférer avec la structure monocristalline du diamant, ou à limiter au
maximum cette interférence. Dans un mode de réalisation, le diamant est dopé avec
des ions de bore. Différents diamants utilisés pour la production de différentes pièces
dans une même montre peuvent être dopés différemment en fonction des propriétés recherchées.
[0080] Le dopage au bore effectué lors de la croissance organique du diamant synthétique
a l'avantage de produire un diamant noir non radioactif, au contraire des procédés
de dopage par introduction d'ions à haute énergie.
[0081] Le diamant monocristallin 1 est ensuite découpé comme illustré sur la figure 1B,
par exemple au moyen d'une scie à diamant, ou fendu à l'aide d'un marteau et d'une
lame, d'un arc électrique, d'un faisceau ionique, ou de préférence découpé au moyen
d'un laser de façon à obtenir une surface 10 plane. Le laser est avantageusement un
laser pulsé, par exemple un laser pulsé à une fréquence de 5 à 40 GHz.
[0082] Dans le mode de réalisation illustré sur les figures 4A à 4C, le diamant est découpé
en tranche depuis un premier côté au moyen d'un premier faisceau laser 20. Le faisceau
laser est pivoté au moyen d'un miroir mobile, de manière à émettre dans un cône avec
un angle d'ouverture inférieur à 5°. Le diamant est ensuite attaqué depuis l'autre
côté au moyen d'un autre faisceau laser 21 pivoté dans un cône (figure 4B). Il est
aussi possible d'utiliser le même faisceau laser pour attaquer les deux côtés de la
pièce, en la retournant entre les deux découpes. Cet usinage en cône permet d'élargir
la zone d'ablation et d'éviter les mauvais états de surface et la destruction de la
structure cristalline qui risque de se produire si l'ablation était effectuée dans
un canal étroit, en provoquant une élévation de température excessive. Le procédé
est comparable, toutes proportions gardées, à celui d'un bûcheron tronçonnant un tronc
au moyen de deux entailles en biais depuis chaque côté du tronc.
[0083] La surface convexe ainsi produite par ce tronçonnage est ensuite rectifiée ou aplatie,
comme illustré sur la figure 4C, au moyen d'un faisceau laser orienté parallèlement
à la surface de la plaque que l'on souhaite produire. La fréquence de pulsation de
ce laser peut être par exemple entre 10 et 100 KHz, afin d'obtenir une découpe précise
sans les problèmes de modifications de la structure cristalline causés par la haute
énergie des lasers pulsés plus rapidement.
[0084] Il est possible de scanner le diamant brut au préalable à l'aide d'un scanner 3D
afin de déterminer le plan de coupe optimal permettant d'obtenir le maximum de pièces
3 et/ou de faciliter le clivage ; par exemple, une coupe selon un plan tétraédrique
du cristal sera préférée car elle est plus rapide et permet d'obtenir une surface
plus propre.
[0085] Dans un premier mode de réalisation, le plan de coupe est déterminé afin d'obtenir
une surface active de la pièce orientée selon le plan cristallin {111} qui est généralement
le plus dur. Dans le cas d'une plaque destinée à la fabrication de palettes pour ancre
d'horlogerie, le plan de coupe est de préférence distinct du plan {111} et choisi
de manière à permettre la découpe de palettes dont la surface d'impulsion, obtenue
dans la tranche des plaques découpées, est parallèle au plan d'orientation cristalline
{111}.
[0086] Il a cependant été constaté dans le cadre de l'invention que même si le plan cristallin
{111} est le plus dur, cette dureté décroit très brusquement en cas de légère déviation
par rapport à ce plan idéal. Par exemple, une pièce découpée ou polie selon un plan
qui dévie ne serait-ce que de quelques degrés par rapport au plan {111} présente une
dureté et un état de surface nettement diminués. Il est cependant difficile, notamment
dans le cadre d'une fabrication industrielle, de fabriquer des pièces comportant des
surfaces orientées précisément selon le plan {111}, sans aucune déviation. On souhaite
par ailleurs parfois réaliser des palettes dont la surface d'impulsion est non plane.
[0087] Par conséquent, dans un mode de réalisation préférentiel, le plan de coupe est déterminé
afin de d'obtenir une surface active de la pièce orientée sensiblement selon le plan
cristallin {001} ou de préférence selon le plan {011} qui est particulièrement dur;
ces plans sont en effet moins sensibles aux déviations par rapport à la surface idéale.
Dans le cas d'une plaque destinée à la fabrication de palettes pour ancre d'horlogerie,
le plan de coupe est de préférence choisi de manière à permettre la découpe de palettes
dont la surface d'impulsion, obtenue dans la tranche des plaques découpées, est sensiblement
parallèle au plan d'orientation cristalline {001} ou de préférence {011}. Sensiblement
parallèle signifie ici que la déviation après polissage est au maximum de +-5°.
[0088] Il est possible de maintenir le diamant 1 pendant la coupe par exemple en le cimentant
ou en le collant sur un support temporaire.
[0089] La face brute 10 obtenue au terme de cette découpe est ensuite rectifiée et/ou polie
de manière à obtenir une face plane polie 11 comme illustrée sur la figure 1C.
[0090] La rectification de la face 11 peut être effectuée, comme indiqué, au moyen d'un
laser, par exemple d'un laser pulsé entre 10 et 100KHz.
[0091] Le polissage de la face 11 peut être effectué sur une meule rotative couverte de
poudre de diamant synthétique, par exemple de poudre de diamant polycristallin.
[0092] La rugosité de la face 11 peut aussi être réduite au moyen d'un faisceau d'ions à
haute énergie parallèle à la surface.
[0093] Le diamant est ensuite découpé selon une nouvelle coupe parallèle à la première coupe,
de manière à obtenir une plaque fine 2 comme illustrée sur la figure 1D. Cette découpe
délicate est avantageusement effectuée par laser pour éviter des chocs qui pourraient
casser la plaque. Comme la découpe de la face supérieure, cette découpe peut être
effectuée selon le procédé illustré sur les figures 4a à 4c, c'est-à-dire au moyen
d'un ou deux faisceaux lasers déviés par un miroir pour produire une zone d'ablation
conique.
[0094] Selon le type de pièce désiré, ce procédé permet de tailler des plaques extrêmement
fines dans un diamant monocristallin, par exemple des plaques d'une épaisseur inférieure
à 400 microns, par exemple des plaques d'une épaisseur comprise entre 100 et 400 microns,
par exemple 320 microns, ou entre 100 et 160 microns, idéalement entre 100 et 120
microns, dans le cas de plaques destinées à l'usinage de palettes, et des plaques
d'une épaisseur comprise entre 20 et 120 microns, par exemple entre 40 et 80 microns,
par exemple de 60 microns, dans le cas de fabrication de roues d'ancres ou d'ancres.
[0095] Cette caractéristique permet de fabriquer des pièces extrêmement légères et donc
de réduire l'énergie nécessaire pour les mettre en déplacement.
[0096] La face inférieure 12 de la plaque 2 est relativement brute. Pour beaucoup d'applications,
notamment en horlogerie, cet aspect non parfaitement poli est entièrement satisfaisant
puisque cette face est non visible. Il est cependant envisageable en réalisant une
pièce légèrement plus épaisse de polir également cette face 12, par exemple par polissage
mécanique sur une meule et/ou laser. Dans un mode de réalisation, la pièce est tenue
sans colle lors de son polissage, de préférence par vacuum. Il est ainsi possible
de contrôler très précisément l'épaisseur de la pièce après polissage, sans que cette
épaisseur ne dépende de l'épaisseur de la colle.
[0097] La plaque 2 produite peut être contrôlée visuellement afin d'éliminer les plaques
qui présentent trop d'impuretés ou une structure non monocristalline. Dans un mode
de réalisation, ce contrôle est effectué en illuminant la plaque avec une lumière
polarisée faisant ressortir les imperfections. Le contrôle peut être manuel ou effectué
à au moyen d'une caméra et d'un logiciel d'analyse d'images.
[0098] Au cours de l'étape illustrée sur la figure 1E, la palette 3 (ou une ancre intégrant
une ou plusieurs palettes) est découpée dans la surface de la plaque 2. Cette découpe
est par exemple obtenue au moyen d'un faisceau laser perpendiculaire à l'une des surfaces
11, 12 ou au plan médian de la plaque 2. Comme la découpe des face inférieurs et supérieures,
cette découpe peut être effectuée selon le procédé illustré sur les figures 4a à 4c,
c'est-à-dire au moyen d'un ou deux faisceaux lasers déviés par un miroir pour produire
une zone d'ablation conique.
[0099] Plusieurs ancres ou plusieurs palettes peuvent être découpées dans une seule plaque.
[0100] La figure 5 illustre un exemple de trajectoire possible du faisceau laser 6 lors
de l'usinage d'une palette dans une plaque 11. Le faisceau laser peut avoir une dimension
relativement grande, par exemple un diamètre maximal de l'ordre de 20 microns. La
forme de ce faisceau 6 est généralement non circulaire, par exemple elliptique. La
trajectoire de découpe est donc avantageusement déterminée par un logiciel agencé
pour déterminer une trajectoire du faisceau lumineux qui tienne compte de la dimension,
de la forme et de l'orientation de ce faisceau par rapport à la pièce à découper,
de manière à obtenir une pièce après libération dont les dimensions correspondent
aux dimensions souhaitées.
[0101] La trajectoire est de préférence entamée à distance de la pièce à produire, sur une
portion 32 qui n'appartient pas à la pièce produite. On évite ainsi les déformations
dues au perçage initial. La trajectoire est en outre de préférence optimisée, en tenant
compte de l'orientation cristalline du diamant, de manière à ce que les fissures éventuelles
qui se propagent depuis le point d'ablation aient un maximum de chances de suivre
le bord de la pièce, ou de s'éloigner de cette pièce. Par exemple, sur la figure 5,
les risque de fissures maximal se produisent à partir du point de perçage initial
32 ; la position de ce point est donc de préférence choisie de manière à ce que la
direction de fissure la plus probable suive exactement la ligne suivie par le faisceau.
[0102] Comme indiqué plus haut, la pièce à découper est orientée sur la plaque de diamant
11 de manière à ce que la surface active de la pièce se trouve dans le plan cristallin
{111}. Dans le cas illustré d'une palette, la surface active 31 est constituée par
la surface d'impulsion (plan ou non plan) destinée à être mise en contact avec la
roue d'ancre. La palette est donc découpée dans la plaque 11 de façon à ce que cette
surface 31 se trouve précisément dans le plan {111}.
[0103] Les éléments 33 sur la figure 5 sont des témoins de découpe utilisés pendant l'étape
ultérieure de polissage afin de définir la profondeur idéale de polissage. Le polissage
sera donc effectué précisément jusqu'au moment où ces marques disparaissent complètement.
[0104] D'autres plaques similaires à la plaque 2 peuvent ensuite être découpées dans le
même diamant 1, afin de réaliser d'autres pièces identiques à, ou différentes de la
pièce 3.
[0105] Le procédé de découpe dans une plaque 2 de la pièce 3 au moyen d'un laser a l'inconvénient
de produire des flancs latéraux 13 non perpendiculaires aux faces 11, 12, comme représenté
de façon exagérée sur la figure 3A. Le diamant étant plus ou moins transparent, la
découpe est en fait obtenue par l'attaque du plasma produit par l'interaction entre
la lumière laser et l'air. Il en résulte des flancs non perpendiculaires et peu lisses.
Cette qualité de surface est problématique notamment pour une palette 3 dont la surface
d'impulsion, destinée à entrer en contact avec la roue d'ancre, est formée par une
portion de cette tranche.
[0106] Afin de remédier à ce problème, une opération optionnelle de rectification des flancs
13, ou d'au moins une portion de ces flancs, peut être effectuée au moyen d'une meule
afin d'obtenir des flancs 14 plus lisses et perpendiculaires aux surfaces 11, 12,
comme illustré sur la figure 3B. Dans le cas d'une palette, au moins la surface d'impulsion
31 peut être meulée jusqu'à la profondeur de la marque 33 au moyen d'une meule recouverte
de poudre de diamant polycristallin. Le meulage est de préférence effectué en orientant
la meule par rapport à la surface d'impulsion de manière à meuler selon une direction
sensiblement parallèle à la direction d'impulsion, c'est-à-dire à la direction de
déplacement de la roue d'ancre par rapport à la palette. Bien que ce meulage soit
plus lent qu'un meulage dans la direction transversale de la palette, il permet d'obtenir
une micro-structuration de la surface d'impulsion avec des nervures extrêmement fines
orientées parallèlement à la direction de déplacement relatif de la roue d'ancre et
de la palette. On observe ainsi sur la surface d'impulsion de la palette des micro-rainures
orientées dans la direction d'impulsion.
[0107] Il est possible de maintenir la palette 3 pendant le polissage par exemple en la
cimentant ou en la collant sur un support temporaire, ou en la tenant par vacuum,
ou de préférence en la montant avant polissage dans l'ancre aussi utilisée pour tenir
les palettes pendant leur polissage.
[0108] Un polissage de la surface active 31 par sablage, faisceau ionique, ultrasons, laser
pulsé (par exemple femtolaser), etc, peut aussi être envisagé, en plus ou en remplacement
du polissage par meulage.
[0109] Les surfaces de la pièce 3 ainsi obtenue ne sont de préférence pas revêtue ; le diamant
monocristallin présente un état de surface pratiquement idéal aussi bien d'un point
de vue esthétique que pour ce qui est du coefficient de frottement ou de la résistance
aux chocs par exemple. Il arrive cependant que les surfaces 11, 12, 13 ou 14 soient
recouvertes de traces de carbone graphité résultant de la destruction de la structure
en diamant lors des opérations de découpe ou de polissage. Afin d'éliminer ces traces,
il est possible dans le cadre de l'invention de soumettre la pièce 3 à un traitement
thermique, par exemple en la laissant quelques secondes ou quelques minutes dans un
four entre 600° et 750°C, de préférence entre 650 et 680°C , de préférence à l'air
ambiant; cette opération permet de brûler le graphite résiduel en surface sans affecter
le carbone sous forme de diamant, et d'améliorer ainsi l'état de surface de la pièce.
Il est aussi possible d'utiliser une température plus basse avec un taux d'oxygène
plus élevé, ou d'oxyder le carbone non cristallin sans attaquer le diamant en employant
par exemple un plasma oxygéné ou fluoré.
[0110] Cette opération permet aussi de polir la palette par brulure des pointes en surface.
[0111] La pièce produite peut aussi être polie au moyen d'un faisceau d'ions (« ion etching
»), par exemple d'un faisceau d'ions parallèle à la surface à polir, par exemple parallèle
au plan d'impulsion 31. Dans un mode de réalisation, ce polissage ionique est effectué
après le polissage par traitement thermique.
[0112] La pièce produite peut aussi être polie au moyen d'ultrasons. Elle peut être nettoyée
à l'essence pour améliorer l'aspect du diamant.
[0113] Un mouvement de montre mécanique dans le cadre de l'invention peut comporter une
ou plusieurs pièces en diamant monocristallin. Comme mentionné, il est possible de
choisir la dureté de chaque pièce 3 en sélectionnant le type et le couleur de diamant.
1. Palette pour échappement de mouvement de montre, comportant un plan d'impulsion comme
surface active (31), caractérisée en ce qu'elle est réalisée intégralement en diamant monocristallin.
2. Palette selon la revendication 1, le diamant étant un diamant synthétique obtenu par
procédé CVD.
3. Palette selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisée en ce que ledit plan d'impulsion est sensiblement parallèle au plan cristallin {001} ou {011}
du diamant.
4. Palette selon la revendication 3, dans laquelle ladite surface active {31} se trouve
dans le plan cristallin {111} du diamant.
5. Palette selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisée en ce qu'elle est réalisée par découpe d'une plaque (2) de diamant monocristallin.
6. Palette selon l'une des revendications 1 à 5, le diamant comportant au maximum 3%
d'impuretés de dopage, sans affecter sa structure monocristalline.
7. Palette selon la revendication 6, le dopage étant homogène dans la masse de la pièce.
8. Palette selon la revendication 6, le dopage étant différent en surface que dans la
profondeur de la pièce.
9. Palette selon l'une des revendications 1 à 8, l'épaisseur étant inférieure à 160 microns.
10. Mouvement d'horlogerie comportant au moins une palette selon l'une des revendications
1 à 9.
11. Le mouvement selon la revendication 10, ladite palette d'ancre étant réalisée dans
un premier type de diamant monocristallin, le mouvement comportant une roue d'ancre
dans un matériau plus mou que ledit premier type de diamant monocristallin.
12. Le mouvement selon la revendication 11, la roue d'ancre étant réalisée dans un deuxième
type de diamant monocristallin dopé à l'azote et plus mou que ledit premier type.
13. Procédé de fabrication d'une palette en diamant selon l'une des revendications 1 à
9, comprenant les étapes suivantes :
découpe d'un diamant monocristallin (1) selon un premier plan (10) ;
découpe du diamant monocristallin (1) selon un deuxième plan parallèle au premier
plan de manière à produire une plaque (2) de diamant monocristallin ;
au moyen d'un laser, découpe dans ladite plaque (2) de ladite palette,
polissage du plan d'impulsion de la palette.
14. Procédé selon la revendication 13, le diamant étant fabriqué par procédé CVD à partir
d'une amorce de diamant monocristallin.
15. Procédé selon la revendication 14, comportant une étape d'introduction d'impureté
de dopage lors de la croissance du diamant par procédé CVD.
16. Procédé selon la revendication 13, la découpe étant effectuée de manière à ce que
ledit plan d'impulsion (31) soit sensiblement parallèle au plan cristallin {011} du
diamant.
17. Procédé selon l'une des revendications 13 à 16, ledit polissage du plan d'impulsion
étant effectué mécaniquement avec une meule selon une direction sensiblement parallèle
à la direction d'impulsion.
18. Procédé selon la revendication 13, ledit polissage du plan d'impulsion étant effectué
par sablage, faisceau ionique, ultrason, ou laser pulsé.
19. Procédé selon l'une des revendications 13 à 18, le polissage étant effectué avec la
palette fixée solidairement à une ancre d'échappement.
20. Procédé selon l'une des revendications 13 à 19, comportant une étape de polissage
d'une surface par traitement thermique à une température comprise entre 600°C et 750°C,
de préférence comprise entre 650°C et 680°C.