Domaine technique
[0001] La présente invention concerne un procédé de fabrication d'un oscillateur mécanique
thermocompensé d'un mouvement d'horlogerie, d'un senseur MEMS ou d'un autre instrument
de précision, tel que notamment un ressort spiral thermocompensé qui est destiné à
équiper un résonateur mécanique balancier-spiral. La présente invention concerne également
un oscillateur obtenu par le procédé.
Etat de la technique
[0002] Un oscillateur ou résonateur mécanique balancier-spiral d'une montre mécanique est
conventionnellement composé d'un volant d'inertie, appelé balancier et d'un ressort
en spirale, appelé spiral ou ressort spiral, fixé par une extrémité sur l'axe du balancier
et par l'autre extrémité sur un pont, appelé coq, dans lequel pivote l'axe du balancier.
Plus précisément, le ressort spiral équipant, à ce jour, les mouvements de montres
mécaniques est une lame métallique élastique de section rectangulaire enroulée sur
elle-même en spirale d'Archimède et comportant de 12 à 15 tours.
[0003] Le balancier-spiral oscille autour de sa position d'équilibre (ou point mort). Lorsque
le balancier quitte cette position, il arme le spiral. Cela crée un couple de rappel
qui, lorsque le balancier est libéré, le fait revenir à sa position d'équilibre. Comme
il a acquis une certaine vitesse, donc une énergie cinétique, il dépasse son point
mort jusqu'à ce que le couple contraire du spiral l'arrête et l'oblige à tourner dans
l'autre sens. Ainsi, le spiral régule la période d'oscillation du balancier.
[0004] La précision des montres mécaniques dépend de la stabilité de la fréquence propre
de l'oscillateur formé du balancier-spiral. Lorsque la température varie, les dilatations
thermiques du spiral et du balancier, ainsi que la variation du module de Young du
spiral, modifient la fréquence propre de cet ensemble oscillant, perturbant la précision
de la montre.
[0005] La plupart des méthodes proposées pour compenser ces variations de fréquence sont
basées sur la considération que cette fréquence propre dépend exclusivement du rapport
entre la constante du couple de rappel exercé par le spiral sur le balancier et le
moment d'inertie de ce dernier, comme indiqué dans la relation suivante:

où F est la fréquence propre de l'oscillateur, C est la constante du couple de rappel
exercé par le spiral de l'oscillateur, et I est le moment d'inertie du balancier de
l'oscillateur.
[0006] Par exemple, depuis la découverte des alliages à base de Fe-Ni possédant un coefficient
thermique du module de Young (ci-après CTE) positif, la compensation thermique de
l'oscillateur mécanique est obtenue en ajustant le CTE du spiral en fonction des coefficients
de dilatation thermique du spiral et du balancier. En effet, en exprimant le couple
et l'inertie à partir des caractéristiques du spiral et du balancier, puis en dérivant
l'équation (1) par rapport à la température, on obtient la variation thermique de
la fréquence propre :

où l'expression "1/E dE/dT" correspond au coefficient thermique du module de Young
du spiral (CTE), c
s est le coefficient de dilatation thermique du spiral, et c
b est le coefficient de dilatation thermique du balancier.
[0007] En ajustant le terme d'autocompensation A = ½ (CTE + 3c
s) à la valeur du coefficient de dilatation thermique du balancier c
b, il est possible d'annuler l'équation (2). Ainsi, la variation thermique de la fréquence
propre de l'oscillateur mécanique peut être éliminée.
[0008] Actuellement, on utilise des alliages complexes, tant par le nombre des composants
que par les procédés métallurgiques utilisés dans le but d'obtenir une autocompensation
des variations du module d'élasticité du métal en combinant deux influences contraires:
celle de la température et celle de la magnétoconstriction (contraction des corps
magnétiques sous l'effet de l'aimantation).
[0009] Cependant, les spiraux composés de ces alliages sont difficiles à fabriquer. Tout
d'abord, en raison de la complexité des procédés utilisés pour réaliser les alliages,
les propriétés mécaniques intrinsèques du métal ne sont pas constantes d'une production
à l'autre. Ensuite, le réglage de l'organe régulateur, qui est la technique permettant
de faire en sorte que la montre indique en tout temps l'heure la plus juste, est fastidieux
et long. Cette opération nécessite de nombreuses interventions manuelles et beaucoup
de pièces défectueuses doivent être éliminées. Pour ces raisons, la production est
coûteuse et le maintien d'une qualité constante est un défi permanent.
[0010] Dans le document
JP6117470, un ressort en forme de spiral est réalisé en silicium monocristallin. Il est dimensionné
de manière à avoir un couple de rappel constant, pour fournir un appareil de mesure
électrique de grande précision. Toutefois, ce document est muet quant à la stabilité
thermique de la constante du couple de rappel de ce ressort. Il ne peut donc être
utilisé directement comme ressort spiral dans une pièce d'horlogerie.
[0011] Dans le document
DE10127733, un ressort spiral est fabriqué en silicium monocristallin revêtu de dioxyde de silicium
de sorte à obtenir une bonne stabilité de la forme du spiral avec des variations de
température. La stabilité thermique de la constante du couple de rappel de ce ressort
n'est non plus pas mentionnée dans ce document.
[0012] Le CTE du silicium est fortement influencé par la température et une compensation
de cet effet est nécessaire pour son utilisation dans des applications horlogères.
En effet, le CTE du silicium est de l'ordre de -60 x 10
-6/°C et la dérive thermique d'un ressort spiral en silicium est ainsi d'environ 155
secondes/jour, pour une variation de température de 23°C +/-15°C. Cela le rend incompatible
avec les exigences horlogères qui sont de l'ordre de 8 secondes/jour.
[0013] Le document
EP1422436 décrit un ressort spiral découpé dans une plaque {001} de silicium monocristallin.
Le spiral comporte une couche de SiO
2, présentant un CTE opposé à celui du silicium et formée autour de la surface extérieure
du spiral, afin de minimiser la dérive thermique de l'ensemble balancier-spiral.
[0014] Le document
WO2013064351 décrit un résonateur thermocompensé comportant un corps formé par de la céramique
où au moins une partie du corps comporte au moins un revêtement dont les variations
du module d'Young en fonction de la température (CTE) sont de signe opposé à celles
(CTE) du matériau utilisé pour l'âme afin de permettre audit résonateur d'avoir une
variation de fréquence en fonction de la température au moins au premier ordre sensiblement
nulle. Selon ce document, les céramiques peuvent comporter aussi bien des coefficients
thermoélastiques positifs que négatifs au premier ordre et au deuxième ordre, et le
ou les revêtements utilisés peuvent incidemment comporter aussi bien des coefficients
thermoélastiques négatifs que positifs au premier ordre et au deuxième ordre. L'oxyde
de germanium (GeO
2) ou l'oxyde de tantale (Ta
2O
5) et/ou des oxydes de zirconium ou d'hafnium sont utilisables comme revêtements. De
préférence, les revêtements forment également une barrière contre l'humidité, et une
couche d'accrochage peut être déposée entre l'âme et le revêtement.
[0015] Le document
EP2395662B1 décrit un résonateur thermocompensé comportant un corps formé à partir d'une plaque
de coupe dans un cristal de quartz et comportant un revêtement, par exemple en oxyde
de germanium ou en oxyde de tantale, déposé au moins partiellement contre l'âme.
Bref résumé de l'invention
[0016] La présente invention concerne un procédé de fabrication d'un oscillateur mécanique
tel qu'un ressort spiral destiné à équiper un résonateur mécanique balancier-spiral
d'un mouvement d'horlogerie ou autre instrument de précision. Le ressort spiral comprend
une âme fabriquée dans un matériau choisi parmi les métaux et leurs alliages, les
métalloïdes dont le silicium (amorphe, monocristallin ou polycristallin), les céramiques,
le carbone est ses différentes formes allotropiques, ou les matériaux composites ayant
un premier coefficient thermoélastique d'un premier signe. Le ressort comprend également
un revêtement périphérique en un oxyde, de préférence le SiO
2, présentant un second coefficient thermoélastique d'un second signe opposé au premier
signe du premier coefficient thermoélastique, le procédé comprenant la déposition
du revêtement à une température inférieure à 500°C, et un traitement thermique de
recuit du revêtement à une température d'au moins 550°C.
[0017] Dans un mode de réalisation, le traitement thermique de recuit du revêtement peut
être précédé d'un accroissement progressif de la température.
[0018] Dans un autre mode de réalisation, le procédé peut comprendre la déposition d'une
couche d'accrochage de Al
2O
3 entre l'âme et le revêtement. La couche d'accrochage peut être déposée avec une épaisseur
d'environ 5 nm.
[0019] Encore dans un autre mode de réalisation, le procédé peut comprendre la déposition
d'une couche externe de Al
2O
3 sur le revêtement. La couche externe peut être déposée avec une épaisseur d'environ
300 nm. La couche externe peut alors contrôler la fréquence de l'oscillateur et/ou
protéger l'ensemble formé par l'âme et le revêtement contre l'humidité.
[0020] La présente invention concerne un ressort spiral obtenu par le procédé ainsi qu'un
résonateur mécanique balancier-spiral comprenant un tel ressort spiral. La présente
invention concerne également d'autres types d'oscillateurs mécaniques tels que des
diapasons et senseurs MEMS.
[0021] La solution proposée permet de fabriquer un ressort spiral dont l'âme est constituée
d'un matériau dont la maitrise du comportement thermoélastique, en particulier l'évolution
anormale de la valeur du module de Young, n'est pas ou ne peut être obtenue pour diverses
raisons par la croissance d'un oxyde thermique à sa surface, mais à la place implique
la déposition d'un oxyde sur la surface de l'âme par un procédé de déposition. Ceci
est le cas, par exemple, où un revêtement SiO
2 est formé sur une âme ne comportant pas le silicium. Cependant la solution de la
présente invention est également applicable, par exemple, à un oscillateur comprenant
une âme en silicium et un revêtement en SiO
2 où le revêtement est formé par un procédé de déposition proprement dit et pas par
la croissance d'un oxyde thermique. L'obtention d'un oscillateur revêtu par un tel
procédé peut être avantageux où il est désiré de mieux contrôler les dimensions et
la fréquence de l'oscillateur, car avec une croissance d'un oxyde thermique à la surface
d'une âme en silicium une portion de l'âme devient oxydée durant l'étape d'oxydation.
Cette solution est applicable à un ensemble de matériaux compatibles avec les procédés
traitement thermiques utilisés pour stabiliser la compensation, et est destinées entre-autres
à des fonctions exploitant la stabilité des propriétés mécaniques, et en particulier
élastiques, comme les oscillateurs et résonateurs.
Brève description des figures
[0022] Des exemples de mise en oeuvre de l'invention sont indiqués dans la description illustrée
par les figures annexées dans lesquelles :
la figure 1 montre une vue du dessus d'un ressort spiral selon l'invention; et
les figures 2a et 2b montrent une vue en coupe transversale droite (figure 2a) et
longitudinale (figure 2b) du ressort spiral comprenant une âme et un revêtement, selon
un mode de réalisation.
Exemple(s) de mode de réalisation de l'invention
[0023] La figure 1 montre une vue du dessus d'un ressort spiral 1 et les figures 2a et 2b
montrent une vue en coupe longitudinale et transversale du ressort spiral 1 selon
l'invention. Le ressort spiral 1 comprend une âme 2 formée dans un matériau présentant
un premier coefficient thermoélastique β
1 d'un premier signe (typiquement négatif ou normal). Le ressort spiral 1 comprend
également un revêtement périphérique 4 d'un oxyde, préférablement de dioxyde de silicium
(SiO
2), déposé et couvrant au moins partiellement la surface extérieure de l'âme 2. Une
couche d'accrochage 3 peut également être déposée entre l'âme 2 et le revêtement 4.
Dans l'exemple des figures 1 et 2, l'âme a une forme hélicoïdale et comprend au moins
une spire de section rectangulaire d'épaisseur w et de hauteur h. On comprendra cependant
que la géométrie de l'âme peut être autre que celle illustrée dans cet exemple, par
exemple, l'âme peut avoir une section droite ou circulaire.
[0024] L'âme 2 peut être fabriquée dans le silicium monocristallin, avec une orientation
telle que {001}, {111} ou autre, ou encore elle peut être fabriquée dans un matériau
polycristallin ou amorphe (silicium polycristallin ; silicium amorphe, verre de quartz,
verre de silice). Le matériau de l'âme peut également être un matériau métallique
dont le point de fusion reste compatible avec l'étape de traitement thermique (décrite
ci-dessous) de la présente invention. Par ailleurs, le matériau de l'âme peut comprendre
un matériau céramique, notamment un nitrure de silicium, un carbure de silicium, ou
un oxynitrure de silicium. Le matériau de l'âme peut en outre comprendre un matériau
composite ou un matériau de polymère ou carbone. Par exemple, l'âme 2 peut être un
composite de fibres de carbone, la liste des matériaux mentionnes ici n'étant absolument
pas exhaustive. De préférence, l'âme est en un matériau dont le coefficient thermoélastique
est normal et le point de fusion est compatible avec les traitements thermiques appliqués
comme indiqués ci-dessous.
[0025] Dans un mode de réalisation, un procédé de fabrication du ressort spiral 1 comprend
les étapes de:
fournir l'âme 2 dans le matériau ayant le premier coefficient thermoélastique β1; et
déposer le revêtement oxyde 4 d'un second coefficient thermoélastique β2 au moins partiellement sur la surface extérieure de l'âme 2.
[0026] Dans un mode de réalisation, le revêtement 4 est déposé à l'aide d'un procédé de
déposition à basse température, c'est-à-dire, à une température sensiblement inférieure
à celle utilisée pour le post traitement, notamment en dessous de 500°C. De façon
préférée, la déposition du revêtement 1 est réalisée à une température inférieure
à 300°C, encore plus privilégiée à une température inférieure à 200°C et selon une
variante à une température d'environ 100°C. La température de déposition peut varier,
et notamment elle peut descendre, lors de cette étape de déposition.
[0027] En particulier, le revêtement 4 peut être déposé à l'aide d'un procédé de déposition
de couches minces pouvant comprendre, de façon non exhaustive, des procédés tels que
la déposition physique en phase vapeur (PVD) ou encore d'un procédé de déposition
chimique en phase vapeur (CVD). D'autres procédés de déposition de couches minces
sont également envisageables pour la déposition du revêtement 4 pourvu que la température
de dépôt reste égale ou inférieure à 500°C. Par exemple, le revêtement 4 peut être
déposé à l'aide d'un procédé de dépôt chimique en phase vapeur assisté par plasma
(PECVD), plasma de haute densité (HDPCVD), dépôt moléculaire en phase vapeur (molecular
vapour deposition, MVD), déposition de couches atomiques (Atomic Layer Deposition,
ou ALD), ou encore des dépôts obtenus à l'aide de sol-gels.
[0028] Nos résultats expérimentaux, tel qu'indiqué dans le Tableau A ci-dessous, démontrent
cependant que le revêtement 4 déposé par un procédé de déposition physique ou chimique
à basse température, tel que décrit ci-dessus, ne permet pas nécessairement d'obtenir,
tel quel, une compensation suffisante de l'effet de la variation du CTE de l'âme avec
la température. Dans le Tableau A, la variation du CTE pour une âme en carbone amorphe
sur une base journalière en fonction de la température est comparée pour un ressort
spiral ne comportant pas le revêtement (colonne 0), un ressort spiral comprenant une
couche d'accrochage 3 de Al
2O
3 déposé par ALD (colonne 1) et avec le revêtement 4 de SiO
2 déposé par PECVD (colonne 2). Dans tous les cas, la variation du CTE avec la température
reste importante. La variation du CTE sur une base journalière en fonction de l'humidité
relative (RH%) est également montré dans la Tableau A.
Tableau A
|
Essais |
Etape de procédé |
0 |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
étape 1 |
- |
ALD Al2O3 |
ALD Al2O3 |
ALD Al2O3 |
ALD Al2O3 |
ALD Al2O3 |
étape 2 |
- |
- |
PECVD SiO2 |
PECVD SiO2 |
PECVD SiO2 |
PECVD SiO2 |
étape 3 |
- |
- |
- |
recuit 800°C |
recuit 1050°C |
ALD Al2O3 |
étape 4 |
- |
- |
- |
ALD Al2O3 |
ALD Al2O3 |
recuit 800°C |
variation en temp. [s/d/°C] |
-3.7 |
-4.2 |
-5.2 |
-1.8 |
-1.8 |
-3.9 |
variation en himidité [s/d/RH%] |
-0.2 |
-0.05 |
-0.2 |
-0.02 |
-0.03 |
-1.5 |
[0029] En effet, le revêtement de SiO
2 obtenu d'un tel procédé de déposition à basse température est en principe structurellement
ou chimiquement différent d'un revêtement de SiO
2 obtenu par oxydation thermique du silicium à des températures substantiellement plus
élevées, par exemple, de l'ordre de 1000°C. Le revêtement 4 de SiO
2 peut également comprendre un faible pourcentage d'hydrogène ou d'autres impuretés.
Dans ces conditions, le coefficient thermoélastique du SiO
2 n'est pas nécessairement (ou n'est pas suffisamment) anormal pour obtenir la thermocompensation
désirée.
[0030] Selon la présente invention, le procédé de fabrication du ressort spiral 1 comprend
un traitement thermique de recuit du revêtement 4, permettant de rendre le coefficient
thermoélastique suffisamment compensatoire (voire suffisamment anormal dans le cadre
de SiO
2) et de le stabiliser. En particulier, le traitement thermique de recuit peut être
réalisé avec une température de recuit d'au moins 550°C, et de préférence une température
comprise entre environ 800°C et 1050°C. Selon un mode d'exécution, la température
de recuit est soit d'environ 800°C soit d'environ 1050°C. De préférence, le temps
de recuit est entre 2 à 6 heures, et dans une forme d'exécution il est aux environs
de quatre heures. Par ailleurs, cette opération de recuit peut se dérouler en continuité
à l'opération de déposition du revêtement 4 ou indifféremment espacée d'un intervalle
de temps de plusieurs jours.
[0031] Selon les matériaux utilisés pour l'âme 2 et le revêtement 4, le traitement thermique
de recuit du revêtement 4 peut permettre de modifier le revêtement 4 de sorte à ce
que le second coefficient thermoélastique β
2 du revêtement 4 ait un second signe opposé au premier signe du premier coefficient
thermoélastique β
1 de l'âme 2 afin d'ajuster le second coefficient thermoélastique β
2 pour que ce dernier compense l'effet de la variation du premier coefficient thermoélastique
β
1 de l'âme avec la température.
[0032] Le traitement thermique de recuit peut être réalisé sous atmosphère inerte, par exemple
sous atmosphère d'azote. La température de recuit peut être atteinte par une montée
progressive en température de l'ordre de 10°C/min à partir d'une température de chargement,
par exemple de 200°C. Après le recuit, la température peut être diminuée à une vitesse
de l'ordre de 3°C/min, jusqu'à une température de déchargement, par exemple d'environ
200°C.
[0033] Le traitement thermique de recuit permet de modifier la structure, notamment de densifier
le revêtement et de réduire les contraintes internes du revêtement 4. Le traitement
thermique de recuit du revêtement 4 déposé par le procédé de déposition à basse température
peut donc modifier le comportement thermoélastique du revêtement 4 et permettre d'obtenir
une compensation de l'effet de la variation du CTE de l'âme avec la température. En
particulier, selon les expérimentations des inventeurs, l'effet de compensation recherché
est préférablement obtenu lorsque la température de recuit est comprise entre environ
800°C et 1050°C. Cet effet n'est pas aussi important lorsque l'on s'éloigne de ces
températures de recuit et il n'est généralement pas obtenu en dessous d'une température
de 550°C. Le traitement thermique de recuit permet également de stabiliser les propriétés
du revêtement 4 de SiO
2 obtenu par le procédé de déposition à basse température.
[0034] L'effet du traitement thermique de recuit sur le revêtement 4 d'oxyde peut s'expliquer
par la modification de la valeur du coefficient de dilation thermique du revêtement
[
Cao Z. et al., J. Appl. Phys. 96 (8), 2004, p 4273-4280]. Hiller et. al. [
Hiller D. et al. J. Appl. Phys, 107, 064314, 2010, p 1-10], discute de l'effet d'un traitement thermique de type RTA (Rapid Thermal Annealing)
sur la concentration d'hydrogène dans un dépôt de SiO
2. Jansen et. al. [
Jansen F. et al. Appl. Phys. Lett, 50 (16), 1987, p 1059-1061] rapporte l'effet de la concentration résiduelle d'hydrogène sur les propriétés thermoélastiques
du SiO
2.
[0035] Dans une variante, le revêtement 4 d'oxyde peut être déposé en présence d'un flux,
incluant notamment l'un de Na
2O, K
2O, Li
2O, CaO, MgO, Al
2O
3, B
2O
3 ou une combinaison de ces flux, de manière à réduire la température de fusion du
SiO
2 ce qui modifie d'autant la température de post traitement. On notera que l'utilisation
de flux tels que l'Al
2O
3 ou le B
2O
3 peut augmenter la valeur du module de Young. L'utilisation du flux CaO peut de même
augmenter la résistance à la traction du revêtement 4 et agir comme un stabilisateur
contre l'absorption de l'eau par le SiO
2.
[0036] L'épaisseur du revêtement 4 peut être ajustée de manière à obtenir une valeur souhaitée
du coefficient thermoélastique du ressort spiral. En effet, le coefficient thermoélastique
du ressort spiral dépend de la combinaison du premier coefficient thermoélastique
β
1 du matériau de l'âme 2 et du second coefficient thermoélastique β
2 du revêtement 4. En pratique, l'épaisseur du revêtement 4 est comprise entre 0.1
µm et 10 µm, et préférablement entre 1 µm et 5 µm. Dans un mode de réalisation, le
revêtement 4 est déposé avec une épaisseur d'environ 2 µm.
[0037] Comme l'âme 2 du ressort spiral 1 est une structure flexible soumise à des sollicitations
mécaniques, une désolidarisation du revêtement 4 déposé sur l'âme 2 est possible.
La désolidarisation peut être causée, par exemple, suite à une délamination. Une telle
désolidarisation est d'autant plus possible que les propriétés mécaniques, telles
que le coefficient de dilatation thermique, le module de Young, du matériau composant
l'âme 2 de celui du revêtement 4 diffèrent. De plus, les contraintes internes dans
le revêtement 4 déposé peuvent être élevées.
[0038] Dans un mode de réalisation, le procédé de fabrication du ressort spiral 1 comprenant
la déposition d'une couche d'accrochage 3 entre l'âme 2 et le revêtement 4. De façon
préférée, la couche d'accrochage 3 est constituée d'un oxyde d'aluminium (Al
2O
3). La couche d'accrochage 3 peut être déposée à l'aide d'un procédé de déposition
ALD. Le procédé de déposition ALD a un très bon pouvoir de répartition microscopique.
Autrement dit, la déposition ALD a l'avantage de pouvoir déposer l'oxyde d'aluminium
de façon conforme à la surface de l'âme 2, y compris dans les pores présents sur la
surface de l'âme 2. La qualité de l'ancrage de la couche d'accrochage 3 est d'autant
meilleure.
[0039] Le dépôt de la couche d'accrochage 3 en Al
2O
3 permet de former des liaisons fortes entre l'oxyde d'aluminium et les groupes fonctionnels
actifs disponibles à la surface de l'âme 2, notamment des différentes formes de carboxyles
et hydroxyles présentes à la surface de l'âme 2 (ce qui dépend du matériau constituant
l'âme).
[0040] De façon préférée, la couche d'accrochage 3 est déposée avec une épaisseur d'environ
5 nm. Une faible épaisseur de la couche d'accrochage 3 a l'avantage de ne pas modifier
significativement les propriétés mécaniques de l'âme 2, et en particulier la fréquence
de l'oscillateur balancier spiral. Une faible épaisseur de la couche d'accrochage
3 permet en outre de rendre le procédé de fabrication du ressort spiral 1 économiquement
plus intéressant.
[0041] Le revêtement 4, surtout lorsqu'il comprend le SiO
2, peut avoir des propriétés hydrophiles, même si le traitement thermique de recuit
diminue le caractère hydrophile du revêtement 4. Encore dans un mode de réalisation,
le procédé de fabrication du ressort spiral 1 comprend la déposition d'une couche
externe 5 d'un oxyde d'aluminium (Al
2O
3) couvrant au moins partiellement la surface extérieure du revêtement 4. La couche
externe 5 est préférablement déposée avec une épaisseur d'environ 300 nm. L'étape
de déposition de la couche externe 5 permet de rendre l'ensemble âme 2 et revêtement
4 moins sensible aux effets de l'humidité. En particulier, les propriétés mécaniques
du revêtement 4 en SiO
2 peuvent être défavorablement affectées en présence d'humidité. La demanderesse a
découvert au cours d'expérimentations élaborées que pour maintenir à la fois les effets
de compensation thermoélastique et de protection contre les effets de l'humidité,
l'étape de traitement thermique doit préférablement être conduite avant la déposition
de la couche externe 5. Un traitement thermique en fin de déposition de la couche
5 ne produit pas les effets recherchés.
[0042] A titre illustratif, le Tableau A reporte des valeurs de variation du CTE avec la
température et l'humidité relative, pour un ressort spiral comprenant la couche d'accrochage
3 de Al
2O
3 déposé par ALD le revêtement 4 de SiO
2 déposé par PECVD et la couche externe 5 de Al
2O
3 déposé par ALD. (colonnes 3 à 5). Dans le cas où un recuit à 200°C et à 1050°C est
effectué après le dépôt du revêtement, la variation du CTE avec la température et
l'humidité relative est minimale. Une augmentation notable de la variation du CTE
est cependant observée lorsque le recuit est effectué après l'étape de déposition
de la couche externe 5.
Numéros de référence employés sur les figures
[0043]
- 1
- ressort spiral
- 2
- âme
- 3
- couche d'accrochage
- 4
- revêtement périphérique
- 5
- couche externe
- β1
- premier coefficient thermoélastique
- β2
- second coefficient thermoélastique
- h
- hauteur
- w
- épaisseur
1. Procédé de fabrication d'un oscillateur mécanique (1) destiné à équiper un résonateur
mécanique d'un mouvement d'horlogerie, un senseur MEMS ou un autre instrument de précision;
l'oscillateur (1) comprenant une âme (2) fabriquée dans un matériau ayant un premier
coefficient thermoélastique (β
1) et un revêtement périphérique (4) en un oxyde présentant un second coefficient thermoélastique
(β
2) ;
caractérise en ce que le procédé comprend :
la déposition du revêtement (4) à une température qui reste inférieure ou égale à
500°C ; et
un traitement thermique de recuit du revêtement (4) à une température d'au moins 550°C,
afin d'ajuster le second coefficient thermoélastique (β2) du revêtement (4) pour que ce dernier compense l'effet de la variation du premier
coefficient thermoélastique (β1) de l'âme avec la température.
2. Procédé selon la revendication 1,
dans lequel le revêtement (4) est déposé à l'aide d'un procédé de déposition de couches
minces.
3. Procédé selon la revendication 2,
dans lequel ledit procédé de déposition de couches minces comprend un dépôt physique
en phase vapeur (PVD) ou un dépôt chimique en phase vapeur (CVD) ou leurs procédés
dérivés tels que dépôt chimique en phase vapeur assisté par plasma (PECVD) ou assisté
par plasma de haute densité (HDPCVD), des dépôts de type moléculaire (MVD) ou atomiques
(ALD), ou des dépôts obtenus à l'aide de sol-gels.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3,
dans lequel la déposition du revêtement (4) est réalisée à une température qui reste
inférieure ou égale à 300°C, ou qui reste inférieure ou égale à 200°C ou à une température
d'environ 100°C.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4,
dans lequel le traitement thermique de recuit du revêtement (4) a lieu à une température
d'au moins environ 600°C, préférablement supérieur à 800°C.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5,
dans lequel le traitement thermique de recuit du revêtement (4) a lieu à une température
inférieure à environ 1050°C.
7. Procédé selon l'une des revendications 1 à 6,
dans lequel le traitement thermique de recuit du revêtement (4) est appliqué pendant
pour une durée de 2 à 6 heures.
8. Procédé selon l'une des revendications 1 à 7,
dans lequel le revêtement (4) est déposé avec une épaisseur de l'ordre du micron,
de préférence 2 µm.
9. Procédé selon l'une des revendications 1 à 8,
comprenant en outre la déposition d'une couche d'accrochage (3) de Al2O3 entre l'âme (2) et le revêtement (4).
10. Procédé selon la revendication 9,
dans lequel couche d'accrochage (3) est déposés à l'aide d'un procédé de déposition
de couches atomiques (ALD).
11. Procédé selon l'une des revendications 1 à 10,
comprenant en outre la déposition d'une couche externe (5) de Al2O3 sur le revêtement (4).
12. Procédé selon la revendication 11,
dans lequel la couche externe (5) est déposée après le traitement thermique de recuit
du revêtement (4).
13. Procédé selon l'une des revendications 1 à 12,
dans lequel le matériau composant l'âme comprend le carbone, le silicium ou une céramique.
14. Procédé selon l'une des revendications 1 à 22,
dans lequel le revêtement comprend le dioxyde de silicium.
15. Oscillateur en forme de ressort spiral (1) obtenu à l'aide du procédé selon l'une
des revendications 1 à 14.
16. Résonateur mécanique balancier-spiral comprenant le ressort spiral selon la revendication
15.