[0001] La présente invention concerne un dispositif de suppression, partielle voire totale,
d'un panache de fumées. Elle concerne également une installation de rejet de fumées
à l'atmosphère, comprenant un tel dispositif de suppression de panache. Elle concerne
aussi un navire marin comprenant une telle installation.
[0002] Les installations brûlant des combustibles fossiles, que ce soit pour une combustion
de fioul dans un moteur, ou bien de charbon ou de fioul dans des centrales de production
d'énergie, rejettent des fumées contenant de la vapeur d'eau ainsi que, généralement,
des polluants tels que des oxydes de soufre résultant de la présence de soufre dans
les combustibles brûlés. La simple présence de vapeur d'eau à des concentrations bien
supérieures à celle qu'il y a dans l'atmosphère fait que, quand les fumées de combustion
rejetées, chaudes et chargées en humidité, rencontrent une masse d'air froide, une
condensation se produit, en formant un nuage de vapeur d'eau condensée, ce qui fait
apparaître un panache visible au-dessus de la sortie du conduit, typiquement une cheminée,
par lequel les fumées sont rejetées à l'atmosphère. La figure 1 illustre cette situation,
les fumées à rejeter, le conduit d'évacuation de ces fumées et le panache étant respectivement
référencés F, C et P sur la figure 1.
[0003] La formation d'un tel panache est dans certaines circonstances inadmissible de sorte
que des mesures doivent être prises pour supprimer au moins partiellement, voire totalement
ce panache.
[0004] Il est connu de l'homme du métier que pour atténuer ou supprimer un panache de vapeur
d'eau, il suffit de remonter suffisamment la température des fumées pour que, lors
de leur mélange avec l'air froid de l'atmosphère, le panache soit réduit, voire ne
se forme pas. Cette élévation de température peut se faire soit avec des brûleurs
ou des échangeurs de chaleur, qui réchauffent directement les fumées à rejeter, soit
par mélange entre ces fumées et un gaz, par exemple de l'air, prévu plus chaud que
les fumées. Il est également possible de retirer des fumées de l'eau par condensation,
préalablement au rejet de ces fumées. En pratique, lorsque l'élévation de température
des fumées à rejeter est modérée et/ou que l'humidité de ces fumées reste importante,
le panache en sortie du conduit d'évacuation subsiste, mais apparait décollé en ce
sens qu'il existe un espace vide de condensation, entre la bouche de sortie du conduit
C et le nuage de condensation formant le panache P, comme illustré sur la figure 2.
Par contraste, sur la figure 1, le panache P se forme immédiatement au-dessus de la
bouche de sortie du conduit d'évacuation C, les fumées à rejeter F étant substantiellement
humides et très peu ou pas réchauffées. En revanche, la figure 3 montre une situation
de suppression totale du panache, obtenue par un accroissement plus important de température
ou bien par un prémélange des fumées F avec beaucoup d'air sec et chaud : le panache
n'apparait jamais.
[0005] WO 2012/100074 propose ainsi de réchauffer des fumées de combustion en utilisant de la chaleur résiduelle.
En pratique, la suppression complète du panache exige une dépense énergétique importante
lorsque les fumées contiennent plus de 15% d'eau ou que l'air ambiant est très froid.
Ce document permet donc de réduire le panache, comme à la figure 2, plutôt que de
le supprimer complètement comme à la figure 3. De son côté,
US 8 721 771 décrit un système de condensation, permettant de retirer des fumées de l'eau par
condensation. Toutefois, en particulier dans le cas d'installations embarquées, par
exemple à bord d'un navire ayant un moteur diesel, un tel système n'est pas commode
et il est souvent préféré, voire quasi obligé de réchauffer les fumées par mélange.
[0006] EP 0 040 166,
US 4 149 453 et
DE 21 23 220 proposent d'agencer un plénum autour d'une partie intermédiaire d'un conduit d'évacuation
de fumées : ce plénum communique avec l'intérieur du conduit par des ouvertures traversant
la paroi de la partie précitée de ce conduit. En envoyant vers le haut de l'air chaud
en surpression à la base de plénum, cet air chaud se répartit uniformément dans le
plénum, puis pénètre dans le conduit, via les ouvertures, sous forme de jets respectifs
qui sont dirigés vers le centre du conduit. Par effet de pression, ces jets d'air
chaud tendent à faire converger les fumées vers le centre du conduit, tout en se mélangeant
en totalité avec les fumées pour en élever la température. Ces solutions nécessitent
donc une source d'air chaud conséquente et s'avère relativement encombrante, ce qui
est difficilement exploitable à bord d'un navire.
[0007] US 3 566 768,
DE 22 38 790 et
EP 2 609 995 proposent, quant à eux, d'agencer aussi un plénum autour d'un conduit d'évacuation
de fumées, mais en plaçant ce plénum autour du débouché supérieur de ce conduit. Le
plénum ne communique pas avec l'intérieur du conduit, mais son extrémité supérieure
débouche sur l'extérieur de sorte qu'en envoyant vers le haut de l'air chaud en surpression
à la base de ce plénum, cet air chaud sort du plénum au travers de son extrémité supérieure,
en formant, uniquement au-dessus du conduit, une veine de gaz chaud ceinturant le
jet de fumées sortant du conduit. Ces solutions sont particulièrement encombrantes,
nécessitent d'être implantées à la sortie du conduit et ne sont performantes du point
de vue de la surpression du panache que sous réserve de disposer d'une source d'air
chaud considérable afin de stabiliser, au-dessus du débouché supérieur du conduit,
la veine de gaz chaud précitée vis-à-vis du jet de fumées sortant du conduit et, le
cas échéant, vis-à-vis du vent de l'atmosphère environnante.
[0009] Le but de la présente invention est de proposer un dispositif permettant de supprimer
le panache au moins partiellement voire totalement, dans des conditions économiques
et pratiques.
[0010] A cet effet, l'invention a pour objet un dispositif de suppression, partielle voire
totale, d'un panache de fumées, tel que défini à la revendication 1.
[0011] L'invention a également pour objet une installation de rejet de fumées à l'atmosphère,
telle que définie à la revendication 2.
[0012] Une des idées à la base de l'invention est de chercher à retarder autant que faire
se peut le contact entre les fumées à rejeter et l'air froid de l'atmosphère. Pour
ce faire, l'invention propose qu'un gaz chaud, c'est-à-dire un gaz, par exemple de
l'air, qui est plus chaud que les fumées à rejeter, soit canalisé par une gaine dédiée
autour du conduit d'évacuation des fumées dans l'atmosphère, de manière que ce gaz
chaud tourne tout autour du conduit, plus précisément autour d'une partie de ce dernier
ayant un profil sensiblement circulaire. De plus, via des ouvertures dédiées qui traversent
le conduit d'évacuation au niveau de sa partie ceinturée par la gaine, le gaz chaud
passe du volume interne de la gaine à l'intérieur du conduit : en prévoyant que ces
ouvertures sont réparties tout autour de la partie à profil circulaire du conduit
et que la somme totale de leur section de passage est comprise entre 0,05 et 0,4 fois
la section de passage de la partie précitée du conduit, le gaz chaud pénètre dans
le conduit en conservant partiellement sa cinématique tournante, mais à l'intérieur
du conduit, ce qui forme, directement contre la face intérieure du conduit, une veine
gazeuse périphérique qui est chaude comparativement à une veine froide centrale par
laquelle passe l'axe longitudinal central du conduit. Ainsi, le mouvement tournant
du gaz chaud dans la gaine fait que ce gaz chaud n'entre pas de manière radiale dans
le conduit, mais avec une composante tangentielle qui maintient l'effet tournant à
l'intérieur du conduit et qui stabilise la couche de gaz chaud ainsi créée contre
la face intérieure du conduit en aval des ouvertures. En pratique, on comprend que
la veine centrale est constituée quasi exclusivement, voire exclusivement des fumées
à rejeter tandis que la veine périphérique est constituée d'un mélange entre les fumées
et le gaz chaud distribué par la gaine, la part du gaz chaud dans ce mélange étant
significative, voire majoritaire, voire quasi exclusive. Bien entendu, entre la veine
périphérique chaude et la veine centrale froide, une veine constituée d'un mélange
entre les fumées et le gaz chaud est présente, un gradient de température s'établissant
dans cette veine intercalaire. Bien que les trois veines précitées ne soient pas matériellement
séparées les unes des autres, la veine périphérique chaude créée, en quelque sorte,
un blindage gazeux qui retarde le moment du contact entre les fumées à rejeter, majoritairement
maintenue à l'intérieur de ce blindage gazeux dans la veine centrale, et l'air froid
de l'atmosphère extérieure. Ce blindage augmente d'autant l'espace vide de panache
entre la bouche de sortie du conduit et la zone d'apparition du panache, comme sur
la figure 2, voire permet d'éviter l'apparition visible d'un panache, comme sur la
figure 3. On comprend que le dispositif et l'installation conformes à l'invention
ne cherchent pas à réaliser un mélange homogène entre les fumées à rejeter et le gaz
chaud en vue d'élever la température commune de ce mélange, mais, au contraire, stratifient
le profil de température du flux gazeux circulant dans le conduit d'évacuation en
aval de la gaine, ce flux gazeux présentant des températures, densités et viscosités
inhomogènes dans le sens où la veine périphérique, s'apparentant à un fourreau gazeux
externe, protège la veine centrale, s'apparentant à un coeur gazeux interne, pour
retarder le contact entre ce dernier et l'air de l'atmosphère, ce contact étant situé
bien au-delà de la bouche de sortie du conduit. Ainsi, le dispositif et l'installation
conformes à l'invention sont particulièrement compacts, l'ensemble du dispositif étant
léger et peu encombrant, et ils permettent de supprimer partiellement voire totalement
le panache des fumées de manière efficace et peu onéreuse, notamment en employant
le moins de gaz chaud possible.
[0013] Des caractéristiques additionnelles du dispositif et/ou de l'installation conformes
à l'invention sont spécifiées aux revendications 2 à 12.
[0014] L'invention a également pour objet un navire marin, tel que défini à la revendication
13.
[0015] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre, donnée
uniquement à titre d'exemple et faite en se référant aux dessins sur lesquels :
- les figures 1 à 3 sont des schémas illustrant trois situations différentes pour un
panache de fumées, entre une situation sans contrôle du panache, montrée à la figure
1, et une situation de suppression complète du panache, montrée à la figure 3, en
passant par une situation de suppression partielle du panache, montrée à la figure
2 ;
- la figure 4 est une vue en perspective d'un dispositif et d'une installation conformes
à l'invention ;
- la figure 5 est une section selon le plan V de la figure 4 ;
- la figure 6 est une coupe selon la ligne VI-VI de la figure 5 ; et
- les figures 7 et 8 sont des vues respectivement similaires aux figures 4 et 6, illustrant
le fonctionnement du dispositif et de l'installation.
[0016] Sur les figures 4 à 6 est représenté un dispositif de suppression de panache 10 associé
à un conduit d'évacuation de fumées 20.
[0017] Le conduit 20 est centré sur un axe longitudinal X-X, le dispositif 10 étant situé
à un niveau axial du conduit 20, entre la bouche d'entrée de ce dernier, non représentée,
et sa bouche 21 de sortie à l'atmosphère. En pratique, la localisation, le long de
l'axe X-X, du niveau du conduit 20 où est situé le dispositif 10 est sans importance,
le dispositif 10 pouvant aussi bien être situé à proximité de la bouche d'entrée qu'à
proximité de la bouche de sortie 21, ou bien à une hauteur intermédiaire entre ces
bouches.
[0018] De manière non représentée sur les figures, la bouche d'entrée du conduit 20, par
laquelle des fumées à rejeter à l'atmosphère pénètrent à l'intérieur du conduit 20,
est, en amont du conduit, raccordée à la sortie d'un équipement produisant les fumées
à rejeter, par exemple à la sortie d'un laveur de désulfuration auquel sont envoyés
les gaz d'échappement d'un moteur de propulsion d'un navire marin. En pratique, l'axe
X-X du conduit 20 s'étend, en service, sensiblement à la verticale, les fumées circulant
dans le conduit entre sa bouche d'entrée et sa bouche de sortie 21 étant verticalement
ascendantes. Le conduit 20 constitue ainsi typiquement une cheminée.
[0019] Dans l'exemple de réalisation considéré sur les figures, le conduit 20 présente un
profil transversal, c'est-à-dire un profil dans un plan perpendiculaire à l'axe X-X,
qui est à la fois circulaire, tant intérieurement qu'extérieurement, et constant sur
toute la hauteur axiale du conduit. Ainsi, au niveau axial du conduit 20 où est situé
le dispositif 10, le conduit 20 inclut une partie axiale 22 à profil transversal circulaire.
A titre de variante non représentée, le profil transversal du conduit 20, en dehors
de la partie précitée 22, peut présenter d'autres géométries et/ou ne pas être constant
dans la direction de l'axe X-X.
[0020] Pour des raisons qui apparaitront plus loin, la partie 22 du conduit 20 est pourvue
d'ouvertures traversantes 23 qui sont visibles sur les figures 5 et 6. Chacune de
ces ouvertures 23 relie l'une à l'autre les faces intérieure et extérieure de la partie
22 du conduit 20. Comme bien visible sur la figure 5, les ouvertures 23 sont réparties,
de préférence de manière régulière, tout autour de la partie 22. Selon une caractéristique
avantageuse de l'invention, entre six et vingt-quatre, de préférence entre huit et
douze, ouvertures 23 sont prévues.
[0021] Suivant une forme de réalisation préférentielle, qui est mise en oeuvre dans l'exemple
considéré sur les figures, chacune des ouvertures 23 présente une section de passage
rectangulaire. A titre de variante non représentée, d'autres formes géométriques sont
envisageables pour les sections de passage des ouvertures 23. Dans tous les cas, selon
une caractéristique de l'invention, le rapport entre, d'une part, la somme totale
des sections de passage respectives des ouvertures 23 et, d'autre part, la section
de passage de la partie 22 du conduit 20, autrement dit la section interne circulaire
de cette partie 22 valant π fois le carré de son rayon interne, est compris entre
0,05 et 0,4.
[0022] Le dispositif 10 comprend une gaine 11 qui, comme bien visible sur les figures 4
à 6, est conçue pour entourer en totalité la partie 22 du conduit 20. Le volume interne
V11 de la gaine 11 est ainsi enroulé extérieurement autour de la partie 22 du conduit
20, en recouvrant toutes les ouvertures 23.
[0023] Cette gaine 11 est pourvue d'une bouche 12 d'entrée dans son volume interne V11,
comme bien visible sur les figures 4 et 5 : selon une caractéristique avantageuse
de l'invention, la section de passage de cette bouche d'entrée 12 est comprise entre
0,05 et 0,4 fois la section de passage de la partie 22 du conduit 20.
[0024] Suivant une forme de réalisation préférentielle, qui est mise en oeuvre dans l'exemple
de réalisation considéré ici, le volume interne V11 de la gaine 11 forme une spirale
enroulée autour de la partie 22 du conduit 20, le volume interne V11 se rétrécissant
progressivement au fur et à mesure qu'on s'éloigne de sa bouche d'entrée 12, comme
bien visible sur la figure 5. Autrement dit, le volume interne V11 s'enroule préférentiellement
en colimaçon ou en escargot autour de la partie 22 du conduit 20, sa section se réduisant
au fur et à mesure de l'enroulement de la gaine 11 autour du conduit 20 depuis sa
bouche d'entrée 12. Ainsi, une certaine similitude existe entre cette forme préférentielle
de l'invention et ce qui se fait pour les entrées des séparateurs cycloniques. Ceci
étant, plutôt que d'être conformé en spirale, le volume interne V11 de la gaine 11
peut, en variante non représentée, être annulaire, à section sensiblement constante
autour du conduit 20.
[0025] Avantageusement, notamment pour des raisons économiques et pratiques, en particulier
d'allégement de poids, le dispositif 10 et/ou le conduit 20 sont réalisés principalement,
voire intégralement en une résine qui résiste à une température d'au plus 250°C.
[0026] En pratique, le dispositif 10 et le conduit 20 peuvent former un ensemble intégré
d'un seul tenant ou bien le dispositif 10 peut être rapporté sur une cheminée préexistante
qui constitue alors le conduit 20 du moment que les ouvertures 23 puissent être pratiquées
dans une partie à profil circulaire de cette cheminée, au niveau axial de laquelle
le dispositif 10 sera agencé.
[0027] L'utilisation du dispositif 10 et du conduit 20 va maintenant être décrit en regard
des figures 7 et 8.
[0028] Des fumées à rejeter F, typiquement des fumées de combustion chargées en humidité
et présentant par exemple une température comprise entre 20°C et 65°C, circulent de
manière verticale et ascendante dans le conduit 20, depuis sa bouche d'entrée vers
sa bouche de sortie 21, comme indiqué par les flèches associées à la référence F sur
les figures 7 et 8.
[0029] Dans le même temps, un gaz G, de préférence de l'air, alimente la bouche d'entrée
12 de la gaine 11. Ce gaz G est chaud, dans le sens où il présente une température
strictement supérieure à celle des fumées F, l'écart de température entre le gaz G
et les fumées F étant de plusieurs dizaines de degrés, par exemple compris entre 45°C
et 125°C. En pratique, ce gaz chaud G alimente la gaine 11 par l'intermédiaire de
moyens d'alimentation ad hoc, notamment conçus pour envoyer jusqu'à la bouche d'entrée
12 de l'air chauffé à une température comprise entre 80°C et 250°C, de préférence
entre 100°C et 150°C.
[0030] A l'intérieur du volume interne V11, le gaz chaud G est canalisé par la gaine 11
de manière à tourner autour de la partie 22 du conduit 20. On comprend que le gaz
chaud G circulant dans le dispositif 10 présente un mouvement tournant par rapport
aux fumées F circulant dans le conduit 20, ce mouvement tournant étant orienté dans
un seul sens de rotation autour de l'axe X-X. Une partie de cette composante cinématique
tournante du gaz chaud G est conservée lorsque le gaz chaud passe du volume interne
V11 de la gaine 11 à l'intérieur du conduit 20, via les ouvertures 23 : le gaz chaud
G pénètre dans le conduit 20 avec une composante tangentielle à l'axe X-X et, à l'intérieur
du conduit 20, le gaz chaud G forme ainsi, en se mélangeant seulement de manière marginale
voire quasi nulle avec les fumées F, une veine gazeuse périphérique V1 constituant
un fourreau annulaire qui est centré sur l'axe X-X et qui recouvre la face intérieure
du conduit 20 en aval de la partie 22, comme représenté sur les figures 7 et 8. La
forme en spirale permet avantageusement de conserver une vitesse sensiblement constante
dans le volume interne V11 de la gaine 11 au fur et à mesure que le gaz chaud G s'échappe
à l'intérieur du conduit 20 par les ouvertures 23.
[0031] Les fumées F provenant de l'amont de la partie 22 se trouvent, au niveau de la partie
22 puis en aval de celle-ci, forcées vers le milieu du conduit 20, en formant une
veine gazeuse centrale V2 dans laquelle le mélange avec le gaz chaud G est uniquement
marginal, voire sensiblement inexistant. Comme illustré schématiquement sur les figures
7 et 8, une veine gazeuse intercalaire V3 se forme radialement entre la veine périphérique
V1 et la veine centrale V2, par mélange substantiel entre les fumées F et le gaz chaud
G. Du fait de leurs compositions respectives en fumées F et en gaz chaud G, les veines
V1, V2 et V3 présentent des températures respectives différentes : la veine périphérique
V1 est bien plus chaude que la veine centrale V2, la veine V3 présentant, quant à
elle, un gradient de température entre la température haute de la veine V1 et la température
basse de la veine V2. En d'autres termes, en aval de la partie 22, il s'établit naturellement
dans le conduit 20 un profil de température inhomogène, la partie du flux gazeux,
située près de la face intérieure du conduit 20 étant plus chaude que la partie du
flux, située au centre du conduit. Ce profil de température inhomogène est maintenu
de la partie 22 du conduit 20 jusqu'à sa bouche de sortie 21 et, par conservation
de la quantité de mouvement, le blindage thermique de la veine centrale V2 par la
veine périphérique V1 se prolonge à l'extérieur du conduit 20, au-delà de la bouche
de sortie 21, en retardant voire en évitant l'apparition d'un panache.
[0032] Sur les figures 7 et 8, les veines précitées V1, V2 et V3 sont schématisées par des
niveaux de gris différents, en étant séparées par des traits pointillés : cette illustration
est bien entendu symbolique dans le sens où, en pratique, les veines V1, V2 et V3
ne sont pas matériellement séparées les unes des autres. Toutefois, cette illustration
permet de bien comprendre la stratification du flux gazeux dans le conduit 20 en aval
du dispositif 10, étant remarqué que, comme bien visible sur la figure 7, cette stratification
se traduit, dans des plans de coupe perpendiculaires à l'axe X-X, par des profils
circulaires concentriques à l'interface entre les veines V1 et V3 et à l'interface
entre les veines V3 et V2.
[0033] Par ailleurs, un avantage supplémentaire apporté par l'invention est que le gaz chaud
G, distribué par la gaine 11, contribue à augmenter la vitesse d'éjection en sortie
du conduit 20, facilitant donc la dispersion des fumées. En effet, de par le gainage
des fumées F par la veine périphérique V1 résultant du passage du gaz chaud à l'intérieur
du conduit 20 par les ouvertures 23, la section de passage effective que peuvent occuper
les fumées F en aval de la partie 22 est diminuée comparativement à l'amont de cette
partie 22 : comme les fumées F n'occupent plus, à elles seules, la totalité de la
section de passage du conduit 20, elles acquièrent une vitesse plus importante et,
après être sorties du conduit 20, se dispersent plus facilement.
Exemple :
[0034] Le dispositif 10 et le conduit 20 sont utilisés pour limiter le panache des fumées
émises par le moteur diesel de propulsion d'un navire. Les fumées à rejeter F présentent
un débit de 125 000 Nm
3/h et une température de 20 à 50°C environ, en étant saturée en humidité à cette température.
Le gaz chaud G est de l'air présentant un débit de 20 000 Nm
3/h et une température comprise entre 100 et 120°C.
[0035] Le conduit 20 est constitué d'une résine résistante à la température et présente
un diamètre interne de 1800 mm. Sa section de passage est ainsi de 2,54 m
2.
[0036] La gaine 11 est constituée d'une résine résistante à la température. Cette gaine
présente une forme en spirale, comme sur la figure 5. La section de passage de sa
bouche d'entrée 12 vaut 0,78 m
2.
[0037] Onze ouvertures rectangulaires 23, de dimension 125 mm par 300 mm chacune, sont prévues
dans la partie 22 du conduit 20. Le total cumulé des sections de passage respectives
de ces ouvertures 23 est égal à 0,41 m
2.
1. Dispositif (10) de suppression, partielle voire totale, d'un panache de fumées,
caractérisé en ce qu'il comprend une gaine (11) de distribution d'un gaz chaud (G), qui est adaptée pour
entourer en totalité une partie (22), ayant un profil transversal sensiblement circulaire,
d'un conduit (20) d'évacuation des fumées (F) de sorte que du gaz chaud (G) entrant
dans le volume interne (V11) de la gaine (11) est canalisé par la gaine de manière
à:
- tourner autour de ladite partie (22) du conduit (20) en circulant dans la gaine
selon un mouvement tournant par rapport aux fumées circulant dans le conduit, et
- passer à l'intérieur du conduit via des ouvertures traversantes (23) de ladite partie
du conduit, qui sont réparties tout autour de ladite partie et dont la somme totale
des sections de passage est comprise entre 0,05 et 0,4 fois la section de passage
de ladite partie, de sorte que le gaz chaud qui passe ainsi à l'intérieur du conduit
via les ouvertures conserve une partie dudit mouvement tournant et forme une veine
gazeuse périphérique (V1), qui recouvre la face intérieure du conduit en aval de ladite
partie et à l'intérieur de laquelle les fumée forment une veine gazeuse centrale (V2).
2. Installation de rejet de fumées à l'atmosphère, comprenant :
- un conduit (20) d'évacuation des fumées (F) vers l'atmosphère, qui inclut une partie
(22) ayant un profil transversal sensiblement circulaire et étant pourvue d'ouvertures
traversantes (23) qui sont réparties tout autour de ladite partie et dont la somme
totale des sections de passage est comprise entre 0,05 et 0,4 fois la section de passage
de ladite partie, et
- un dispositif (10) de suppression, partielle voire totale, d'un panache des fumées
(F), qui est conforme à la revendication 1 et dont la gaine (11) entoure en totalité
ladite partie (22) du conduit (20).
3. Dispositif ou installation suivant l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que le volume interne (V11) de la gaine (11) forme une spirale enroulée autour de ladite
partie (22) du conduit (20), en se rétrécissant dans le sens de circulation tournante
du gaz chaud (G) dans la gaine autour de ladite partie du conduit.
4. Dispositif ou installation suivant l'une quelconque des revendications précédentes,
caractérisé en ce que la gaine (11) est pourvue d'une bouche (12) d'entrée du gaz chaud (G) dans son volume
interne (V11), cette bouche d'entrée présentant une section de passage qui est comprise
entre 0,05 et 0,4 fois la section de passage de ladite partie (22) du conduit (20).
5. Dispositif ou installation suivant l'une quelconque des revendications précédentes,
caractérisé en ce qu'entre six et vingt-quatre ouvertures (23) sont prévues dans ladite partie (22) du
conduit (20).
6. Dispositif ou installation suivant la revendication 5, caractérisé en ce qu'entre huit et douze ouvertures (23) sont prévues dans ladite partie (22) du conduit
(20).
7. Dispositif ou installation suivant l'une quelconque des revendications précédentes,
caractérisé en ce que chacune des ouvertures (23) présente une section de passage rectangulaire.
8. Dispositif ou installation suivant l'une quelconque des revendications précédentes,
caractérisé en ce que la gaine (11) est constituée d'une résine qui résiste à une température d'au plus
250°C.
9. Installation suivant l'une quelconque des revendications 2 à 8, caractérisée en ce que le conduit (20) est constitué d'une résine qui résiste à une température d'au plus
250°C.
10. Installation suivant l'une quelconque des revendications 2 à 9, caractérisée en ce que l'installation comprend en outre des moyens d'alimentation de la gaine (11), adaptés
pour alimenter la gaine avec de l'air chauffé à une température comprise entre 80°C
et 250°C.
11. Installation suivant la revendication 10, caractérisée en ce que les moyens d'alimentation sont adaptés pour alimenter la gaine (11) avec de l'air
chauffé à une température comprise entre 100°C et 150°C.
12. Installation suivant la revendication 10 ou la revendication 11, caractérisée en ce que les moyens d'alimentation sont conçus pour chauffer l'air alimentant la gaine (11)
à une température strictement supérieure à celle des fumées (F), l'écart de température
entre l'air et les fumées étant compris entre 45°C et 125°C.
13. Navire marin, comprenant :
- un moteur de propulsion,
- un laveur de désulfuration auquel sont envoyés les gaz d'échappement du moteur de
propulsion, et
- une installation suivant l'une quelconque des revendications 2 à 12, qui rejette
à l'atmosphère les fumées (F) sortant du laveur de désulfuration.