[0001] L'invention concerne un ensemble de type "micro-casque", comprenant un casque audio
muni d'un système de "contrôle actif de bruit", combiné avec un ensemble microphonique
apte à capter la voix du porteur du casque. Le casque audio comprend généralement
deux écouteurs réunis par un arceau. Chaque écouteur comprend une coque fermée, logeant
un transducteur de reproduction sonore et destinée à être appliquée autour de l'oreille
de l'utilisateur avec interposition d'un coussinet circumaural isolant l'oreille de
l'environnement sonore extérieur.
[0002] Il existe également des écouteurs de type dit "intra-auriculaire" avec un élément
à placer dans le conduit auditif et ne comportant donc pas de coussinet entourant
ou recouvrant l'oreille, ou encore "intra-conque", où cet élément déborde dans le
creux du pavillon de l'oreille au-delà du conduit auditif.
[0003] Dans la suite, on fera principalement référence à des écouteurs de type "casque"
avec un transducteur logé dans une coque entourant l'oreille (casque "circum-aural")
ou en appui sur celle-ci (casque "supra-aural"), mais cet exemple ne doit pas être
considéré comme limitatif, l'invention pouvant être aussi bien appliquée, comme on
le comprendra, à des écouteurs de type "intra-auriculaire", "intra-conque" ou analogues.
[0004] Dans tous les cas, le casque peut être utilisé pour l'écoute d'une source audio (musique
par exemple) provenant d'un appareil tel qu'un lecteur MP3, radio,
smartphone, etc. auquel il est relié par une liaison filaire ou bien par une liaison sans fil,
notamment une liaison de type
Bluefooth (marque déposée).
[0005] Grâce à l'ensemble microphonique, il est également possible d'utiliser ce casque
pour des fonctions de communication telles que des fonctions de téléphonie "mains
libres", en complément de l'écoute de la source audio. Le transducteur du casque reproduit
alors la voix du locuteur distant avec lequel le porteur du casque est en conversation.
[0007] Lorsque le casque est utilisé dans un environnement bruyant (métro, rue passante,
train, avion, etc.) le porteur est partiellement protégé du bruit par les écouteurs
du casque, qui l'isolent grâce à la coque fermée et au coussinet circumaural. En effet,
de par sa structure mécanique le casque atténue de manière passive le niveau du bruit
ambiant comme un filtre passe-bas, atténuant plus fortement les hautes fréquences.
Le niveau d'atténuation est directement lié aux paramètres mécaniques du casque, essentiellement
sa masse et sa raideur. Des documents tels que les
EP 0 414 479 A2 et
US 8 358 799 B1 décrivent diverses techniques d'optimisation de cette fonction de filtrage passif.
[0008] Toutefois, cette protection purement passive n'est que partielle, une partie des
sons, notamment dans la partie basse du spectre de fréquences, pouvant être transmis
jusqu'à l'oreille au travers de la coque des écouteurs, ou encore via la boite crânienne
du porteur.
[0009] C'est pour cette raison qu'ont été développées des techniques dites de "contrôle
actif de bruit" ou ANC (
Active Noise Control), dont le principe consiste à capter la composante de bruit incidente et à superposer,
temporellement et spatialement, à cette composante de bruit une onde acoustique qui
est idéalement la copie inversée de l'onde de pression de la composante de bruit.
Il s'agit de créer de cette manière une interférence destructive avec la composante
de bruit et réduire, idéalement neutraliser, les variations de pression de l'onde
acoustique parasite.
[0010] Le
EP 2 597 889 A1 (Parrot) décrit un casque muni d'un tel système ANC combinant des filtrages de type
feedback, en boucle fermée, et
feed-forward, en boucle ouverte. La voie de filtrage
feedback reçoit un signal recueilli par un microphone disposé à l'intérieur de la coque de
l'écouteur à proximité de l'oreille, captant le son produit par le transducteur et
le bruit résiduel, non neutralisé, encore perceptible dans la cavité de l'écouteur.
La voie de filtrage
feedforward utilise le signal capté par un microphone externe recueillant le bruit parasite régnant
dans l'environnement immédiat du porteur du casque. Enfin, une troisième voie de filtrage
traite le signal audio issu de la source musicale à reproduire. Les signaux de sortie
des trois voies de filtrage sont combinés et appliqués au transducteur pour reproduire
le signal de la source musicale associé à un signal de suppression du bruit environnant
(le signal du microphone interne, duquel est soustrait le signal audio de la source
musicale, constituant un signal d'erreur pour la boucle de rétroaction du système
ANC).
[0011] Mais dans certaines situations l'atténuation du bruit environnant par le système
ANC peut être gênante, rendant alors l'utilisation du casque inadaptée :
- ainsi, l'utilisateur souhaite parfois percevoir de manière naturelle sa propre voix
: par exemple, lorsque le casque offre une fonctionnalité de téléphonie "mains libres",
le porteur du casque souhaite pouvoir converser avec le locuteur distant, ou avec
une personne physiquement présente près de lui, en percevant sa propre voix de la
même manière que s'il ne portait pas de casque ;
- dans d'autres situations, l'utilisateur souhaite percevoir parfaitement son environnement,
afin d'entendre par exemple la circulation automobile, évaluer la distance des véhicules
ou entendre un signal d'alarme, un message diffusé par le conducteur d'un transport
en commun, etc.
[0012] Ces deux phénomènes sont propres aux casques de type isolant ou "fermé". En effet,
on distingue les casques dits "fermés" des casques dits "ouverts" par le fait que
les premiers possèdent une cavité arrière fermée totalement (ou partiellement, en
cas de présence d'un évent), créant alors un certain niveau d'isolation, tandis que
les seconds ne présentent qu'une impédance très faible à l'arrière du transducteur.
Les casques ouverts n'ont qu'une faible isolation et de ce fait ne créent que peu
d'occlusion. Mais du fait de leur caractère peu isolant, ils sont rarement utilisés
de manière nomade, mais le sont plutôt comme casque haute-fidélité de salon ou comme
casque de studio ; de plus, le transducteur radie vers l'extérieur une partie du son
qui est reproduit, et ce son peut être entendu et perçu comme gênant par l'entourage.
[0013] Concernant le premier inconvénient précité, à savoir la perception de sa propre voix
par l'utilisateur, lorsqu'une personne émet une composante de parole une vibration
se propage depuis les cordes vocales jusqu'au pharynx et à la cavité bucco-nasale,
où elle est modulée, amplifiée et articulée. La bouche, le voile du palais, le pharynx,
les sinus et les fosses nasales servent de caisse de résonance à ce son et, leurs
parois étant élastiques, elles vibrent à leur tour et ces vibrations sont transmises
par conduction osseuse interne directement jusqu'à l'oreille du sujet.
[0014] En l'absence de casque, lorsque l'oreille n'est pas obstruée, les sons de voix transmis
par conduction osseuse au canal auditif sont très faiblement perçus, car ils sont
évacués vers l'extérieur de l'oreille, qui présente l'impédance acoustique la plus
faible par rapport à celle de la membrane tympanique.
[0015] En revanche, lorsqu'un casque est porté, ce casque obstrue totalement ou partiellement
le canal auditif, c'est-à-dire qu'il introduit une impédance acoustique importante
à l'extrémité externe du canal auditif : cette impédance entraine la mise en résonance
au sein du canal auditif des sons transmis par conduction osseuse, et ainsi une amplification
de la partie basse fréquence du signal de voix par rapport à une situation où le conduit
auditif est ouvert, avec une élévation du niveau de l'ordre de 20 dB au-dessous de
500 Hz. L'utilisateur perçoit alors sa voix de manière beaucoup plus sourde.
[0016] Ce phénomène, ci-après désigné "occlusion" affecte de manière connue les porteurs
de prothèses auditives et diverses solutions ont déjà été proposées pour y remédier
dans ce contexte.
[0017] Une solution passive consiste à prévoir un évent d'égalisation de la pression entre
la cavité du canal auditif et l'environnement extérieur, sous la forme d'un tube traversant
la prothèse auditive.
[0018] Il a été également proposé des solutions actives, par utilisation d'un microphone
et d'un filtrage
feedback, comme dans le
US 2006/0120545 A1 (
US 7 477 754 B2), avec éventuellement un réglage adaptatif, comme dans le
WO 2006/037156 A1 (
EP 1 795 045 B1) : lorsque le filtrage
feedback est activé pour supprimer l'effet d'occlusion, la branche de filtrage
feedforward est alors modifiée de manière à ne pas être influencée par le filtrage
feedback introduit.
[0019] De façon générale, si ces diverses méthodes permettent de supprimer l'effet d'occlusion,
elles ne permettent pas de restituer les sons extérieurs à l'utilisateur comme s'il
ne portait pas de casque.
[0020] En ce qui concerne la possibilité, dans certaines circonstances, de percevoir l'environnement
sonore malgré le port du casque, il a été proposé diverses techniques comme, par exemple
dans le
US 2009/0034748 A1, qui adaptent le niveau d'atténuation active de la branche
feedforward en fonction d'une évaluation automatique d'évènements extérieurs. Dans un mode sécurisé,
le niveau d'atténuation peut être réduit par exemple suite à la détection d'un niveau
de bruit extérieur dépassant un seuil prédéfini, afin de permettre à l'utilisateur
de percevoir plus clairement cet environnement extérieur. Cette fonctionnalité est
également proposée par le
US 2010/0272284 A1 (
US 8 155 334 B2) où, à la suite d'une commande de l'utilisateur, seules les fréquences situées à
l'extérieur de la bande passante de la parole restent atténuées, de manière à permettre
à l'utilisateur d'entendre un locuteur extérieur. Dans une mise en oeuvre plus simple,
il est également possible, par appui sur un bouton, de supprimer à la fois l'atténuation
active du bruit et la musique diffusée par les écouteurs pour mieux percevoir l'environnement.
[0021] Mais ces diverses techniques, si elles permettent de compenser en partie l'atténuation
passive du casque, sont sans effet sur le phénomène d'occlusion.
[0022] La difficulté du problème tient au fait que les palliatifs aux deux inconvénients
précités (amplification de sa propre voix par l'utilisateur et atténuation variable
du bruit extérieur) donnent lieu à des solutions contradictoires s'ils sont mis en
oeuvre par des méthodes statiques.
[0023] Par exemple, si l'on désire atténuer l'amplification de la propre voix de l'utilisateur,
il sera typiquement nécessaire d'atténuer (via les filtrages
feedbacklfeedforward) d'au moins 15 dB les fréquences au-dessous de 300 Hz. Et dans ce cas, la correction
jouera également sur les bruits extérieurs situés dans ces fréquences, qui sont généralement
des bruits parasites que l'on souhaite éliminer (bruit de roulement de voiture ou
de train), de sorte qu'en palliant l'un des phénomènes, on va dégrader l'atténuation
automatique des bruits parasites.
[0024] Le
US 2014/0126736 A1 (
US 8 798 283 B2) propose une solution dans laquelle le filtre
feedback utilisé dans un mode de "restitution naturelle d'ambiance" (où l'utilisateur souhaite
percevoir l'environnement sonore) est le même que celui d'un mode dit "d'annulation
de bruit" (où le casque opère en mode ANC conventionnel), tandis que le filtre
feedforward est modifié par rapport au mode ANC afin d'atteindre au mieux une réponse-cible dite
"d'ambiance naturelle" telle qu'elle serait sans le port du casque. Le filtre
feedback est principalement efficace au-dessous de 1 000 Hz et atténue l'effet d'occlusion,
mais également tous les bruits extérieurs. Pour compenser cela, le filtre
feedforward réinjecte le bruit extérieur à la fois dans toute la bande des fréquences audibles
(au-dessous et au-dessus de 1 kHz).
[0025] Cette solution présente toutefois deux inconvénients majeurs :
- d'une part, la présence d'un filtre feedback de gain élevé (généralement plus de 20 dB dans un mode d'annulation de bruit) a pour
effet de produire un souffle audible important, typique des systèmes ANC, dû au bruit
introduit par le système électrique du microphone, et par le convertisseur analogique/numérique
dans le cas d'un système numérique. D'autre part, réinjecter le bruit extérieur via
le filtre feedforward va nécessiter également un gain élevé dans cette branche pour compenser l'atténuation
du filtre feedback, ce qui va introduire un souffle supplémentaire ;
- un second inconvénient tient au fait qu'en réinjectant du bruit via un filtre feedforward à fort gain, le système devient très sensible aux effets engendrés par le vent :
en effet, le signal produit par le microphone externe utilisé pour le filtrage feedforward sera dégradé en présence de vent, car ce dernier perturbe le déplacement de la membrane
du microphone, notamment dans les fréquences situées au-dessous de 1 kHz. Cette dégradation
produit des effets d'autant plus importants que le filtre feedforward i) a un gain élevé et ii) qu'il opère sur une plage de fréquences étendue - ce qui
est précisément le cas en l'espèce.
[0026] Le
US 2014/0126734 A1 décrit une variante du
US 2014/0126736 A1 précité, où est prévue une détection automatique de la présence ou de l'absence de
parole par analyse des ondes acoustiques captées par le microphone
feedback interne (qui, du fait d'une transmission par conduction osseuse entre le larynx et
le canal auditif, recueille des pressions acoustiques accrues lorsque l'utilisateur
parle). En cas de parole détectée, le système anti-occlusion est activé, avec modification
des réponses des filtres
feedforward et
feedback. Mais les inconvénients exposés ci-dessus demeurent irrésolus.
[0027] Le but de l'invention est de remédier à ces différents inconvénients et limitations,
en proposant une technique permettant, par des moyens purement électroniques et numériques,
de transformer un casque de type "fermé" pour simuler un casque "ouvert" avec :
- suppression du phénomène d'occlusion lorsque l'utilisateur parle, afin qu'il perçoive
sa voix de manière naturelle comme s'il ne portait pas de casque et non plus de manière
sourde ; et
- suppression active, à volonté, de l'isolation passive du casque, pour que l'utilisateur
dispose d'une faculté soit d'utiliser normalement son casque fermé, avec l'isolation
qui l'accompagne, soit d"'ouvrir" le casque fermé, par des moyens purement électroniques
et numériques en activant une fonction lui permettant de percevoir fidèlement l'environnement
pour écouter un message diffusé par un haut-parleur, mieux entendre la circulation
automobile, etc.
[0028] Comme on le verra, la présente invention repose sur l'utilisation d'un système de
détection d'activité vocale commandant une adaptation adaptée des couples de filtres
feedback et
feedforward en présence ou en absence de voix détectée.
[0029] L'invention s'applique à tous les casques fermés, qu'ils soient de type "circum-aural",
"supra-aural", ou aux écouteurs de type "intra-auriculaire" comprenant un contrôle
actif de bruit ANC hybride, incluant à la fois une voie de filtrage
feedback et une voie de filtrage
feedforward.
[0030] Plus précisément, l'invention a pour objet un tel casque comprenant, de manière en
elle-même connue d'après le
US 2014/0126734 A1 précité, deux écouteurs comportant chacun un transducteur de reproduction sonore
d'un signal audio à reproduire, ce transducteur étant logé dans une cavité acoustique
d'oreille.
[0031] Ce casque comprend un système de contrôle actif de bruit avec :
- un microphone interne, placé à l'intérieur de la cavité acoustique et apte à délivrer
un premier signal ;
- un microphone externe, placé à l'extérieur de la cavité acoustique et apte à délivrer
un second signal, et
- un processeur numérique de signal, comprenant :
une branche feedback en boucle fermée, comprenant un filtre feedback apte à appliquer une fonction de transfert HFB de filtrage feedback audit premier signal délivré par le microphone interne ;
une branche feedforward en boucle ouverte, comprenant un filtre feedforward apte à appliquer une fonction de transfert HFF de filtrage feedforward audit second signal délivré par le microphone externe ; et
des moyens de mixage, recevant en entrée les signaux délivrés par la branche feedback en sortie du filtre feedback et par la branche feedforward en sortie du filtre feedforward, ainsi qu'un éventuel signal audio à reproduire, et délivrant en sortie un signal
apte à piloter le transducteur.
[0032] Ce casque comprend en outre des moyens propres à opérer un contrôle anti-occlusion
et d'annulation de l'atténuation passive introduite par le casque, comprenant :
- des moyens de détection d'activité vocale de l'utilisateur du casque, aptes à discriminer
entre une situation de présence et une situation d'absence d'activité vocale de l'utilisateur
du casque ; et
- des moyens de commutation dynamique, sélectivement en fonction du résultat courant
de la détection d'activité vocale, entre deux couples de fonctions de transfert {HFB,HFF} différentes appliqués aux filtres feedback et feedforward.
[0033] De façon caractéristique de l'invention, en l'absence d'activité vocale les paramètres
de la fonction de transfert de filtrage
feedforward appliquée au filtre
feedforward par les moyens de commutation dynamique pour opérer ladite annulation de l'atténuation
passive sont choisis de manière à procurer, dans une plage de fréquences comprise
au moins entre 100 et 300 Hz, un premier gain de filtrage
feedforward inférieur à un second gain de filtrage
feedforward de la fonction de transfert de filtrage
feedforward appliquée au filtre
feedforward par les moyens de commutation dynamique pour opérer ledit contrôle anti-occlusion
en présence d'activité vocale.
[0034] Inversement, en présence d'activité vocale les paramètres de la fonction de transfert
de filtrage
feedback appliquée au filtre
feedback par les moyens de commutation dynamique pour opérer ledit contrôle anti-occlusion
peuvent être choisis de manière à procurer, dans une plage de fréquences comprise
au moins entre 100 et 300 Hz, un premier gain de filtrage
feedback supérieur à un second gain de filtrage
feedback de la fonction de transfert de filtrage
feedback appliquée au filtre
feedback par les moyens de commutation dynamique en l'absence d'activité vocale.
[0035] Le premier gain de filtrage
feedforward en l'absence d'activité vocale peut être notamment d'au plus 8 dB pour les fréquences
au-dessous de 1 kHz, et le second gain de filtrage
feedforward en présence d'activité vocale peut être notamment d'au moins 10 dB dans une plage
de fréquences comprises au moins entre 100 et 300 Hz.
[0036] Le premier gain de filtrage
feedback en présence d'activité vocale peut être notamment d'au moins 15 dB dans une plage
de fréquences comprises au moins entre 100 et 300 Hz, et le second gain
feedback en l'absence d'activité vocale peut être notamment d'au plus 5 dB pour les fréquences
comprises entre 200 Hz et 1 kHz.
[0037] Par ailleurs, les paramètres des fonctions de transfert de filtrage feed
forward et
feedback appliquées par les moyens de commutation dynamique aux filtres
feedforward et
feedback en l'absence d'activité vocale peuvent être choisis de manière à procurer ensemble,
pour les fréquences en deçà de 1 kHz, un souffle inférieur à celui procuré par les
fonctions de transfert de filtrage
feedforward et
feedback appliquées par les moyens de commutation dynamique en présence d'activité vocale.
[0038] En particulier, les paramètres des fonctions de transfert de filtrage
feed-forward et
feedback appliquées par les moyens de commutation dynamique aux filtres
feedforward peuvent être choisis de manière à procurer ensemble, pour les fréquences en deçà
de 1 kHz, une restitution finale des bruits extérieurs voisine de celle procurée par
les fonctions de transfert de filtrage
feedforward et
feedback appliquées par les moyens de commutation dynamique en absence d'activité vocale,
de manière à éviter une discontinuité audible lors d'une commutation.
[0039] Dans une forme de réalisation particulière, avantageuse, de l'invention, le filtre
feedforward est l'un d'entre une pluralité de filtres
feedforward préconfigurés, sélectivement commutables. Le processeur numérique de signal comprend
alors en outre : des moyens d'analyse dudit premier signal (e) délivré par le microphone
interne, aptes à vérifier si des caractéristiques courantes de ce premier signal vérifient
ou non un ensemble de critères prédéterminés ; et des moyens de sélection, aptes à
sélectionner l'un des filtres
feedforward préconfigurés en fonction du résultat de la vérification de l'ensemble de critères
effectuée par les moyens d'analyse sur les caractéristiques du premier signal.
[0040] Les caractéristiques courantes du premier signal peuvent notamment comprendre des
valeurs d'énergie de ce premier signal dans une pluralité de bandes de fréquences,
les critères prédéterminés comprenant une série de seuils respectifs auxquels sont
comparées lesdites valeurs d'énergie.
[0041] Enfin, l'ensemble de critères prédéterminés peut comprendre en outre un critère de
présence ou non d'un signal audio à reproduire. Il est alors prévu deux séries différentes
desdits seuils respectifs auxquels sont comparées lesdites valeurs d'énergie, l'une
ou l'autre de ces deux séries étant sélectionnée selon qu'un signal audio à reproduire
est ou non présent.
[0042] On va maintenant décrire un exemple de mise en oeuvre de l'invention, en référence
aux dessins annexés où les mêmes références désignent d'une figure à l'autre des éléments
identiques ou fonctionnellement semblables.
La Figure 1 illustre de façon générale un combiné micro-casque reposant sur la tête
d'un utilisateur.
La Figure 2 est une représentation schématique montrant les différents signaux acoustiques
et électriques ainsi que les blocs fonctionnels essentiels impliqués dans le fonctionnement
d'un casque audio à contrôle actif de bruit.
La Figure 3 est une coupe en élévation de l'un des écouteurs du casque selon l'invention,
montrant la configuration des divers éléments mécaniques et organes électromécaniques
de celui-ci.
Les Figures 4a et 4b illustrent les spectres de signal acoustique, respectivement
de parole et de bruit environnant, obtenus avec et sans casque porté par l'utilisateur
et en l'absence de tout traitement électronique du signal.
La Figure 5 illustre de façon schématique, sous forme de blocs fonctionnels, les principaux
éléments permettant de réaliser le traitement anti-occlusion selon l'invention.
La Figure 6 est un schéma de principe illustrant la manière dont sont combinés entre
eux les différents signaux recueillis par le dispositif, ainsi que les fonctions de
transfert appliquées.
Les Figures 7a et 7b illustrent des spectres de signal acoustique, respectivement
de parole et de bruit environnant, captés au niveau de l'oreille du porteur du casque,
avec et sans le traitement électronique selon l'invention permettant d'obtenir l'effet
anti-occlusion et d'annulation de l'atténuation passive.
La Figure 8 illustre, en amplitude et en phase, le diagramme d'un filtre feedback mis en oeuvre par l'invention, en situation de présence de parole et en situation
d'absence de parole.
La Figure 9 illustre, en amplitude et en phase, le diagramme d'un filtre feedforward mis en oeuvre par l'invention, en situation de présence de parole et en situation
d'absence de parole.
La Figure 10 illustre de façon schématique, sous forme de blocs fonctionnels, les
principaux éléments permettant, dans un perfectionnement de l'invention, d'adapter
dynamiquement le traitement anti-occlusion en fonction du type et du niveau de bruit
ambiant.
La Figure 11 illustre plus précisément les éléments mettant en oeuvre la fonction
d'analyse du signal microphonique recueilli sur la branche feedback et de sélection des filtres à appliquer aux signaux traités dans la branche feedforward.
La Figure 12 est un organigramme décrivant le fonctionnement de la machine d'états
de la fonction d'analyse et de sélection de la Figure 11.
[0043] On va maintenant décrire un exemple de mise en oeuvre de la technique de l'invention.
[0044] Sur la Figure 1, on a représenté un combiné micro-casque audio posé sur la tête de
son utilisateur. Le casque comporte, de manière en elle-même classique, deux écouteurs
10, 10' réunis par un arceau de maintien 12, et chaque écouteur comprend une coque
extérieure 14 venant s'appliquer sur le contour de l'oreille de l'utilisateur, avec
interposition entre la coque 14 et la périphérie de l'oreille d'un coussinet souple
circumaural 16 destiné à assurer une étanchéité satisfaisante, du point de vue acoustique,
entre la région de l'oreille et l'environnement sonore extérieur.
[0045] Comme on l'a indiqué en introduction, cet exemple de configuration de type "casque"
avec un transducteur logé dans une coque entourant l'oreille ou en appui sur celle-ci
ne doit pas être considéré comme limitatif, l'invention pouvant être aussi bien appliquée
à des écouteurs de type intra-auriculaire ou intra-conque comprenant un élément à
placer dans le conduit auditif, donc des écouteurs dépourvus de coque et de coussin
entourant ou recouvrant l'oreille.
[0046] La Figure 2 est une représentation schématique montrant les différents signaux acoustiques
et électriques ainsi que les blocs fonctionnels essentiels impliqués dans le fonctionnement
d'un casque audio ANC (à contrôle actif de bruit).
[0047] L'écouteur 10 enferme un transducteur de reproduction sonore 18, ci-après dénommé
simplement "transducteur", porté par une cloison 20 définissant deux cavités, à savoir
une cavité avant 22 du côté de l'oreille et une cavité arrière 24 du côté opposé.
[0048] La cavité avant 22 est définie par la cloison intérieure 20, la paroi 14 de l'écouteur,
le coussinet 16 et la face externe de la tête de l'utilisateur dans la région de l'oreille.
Cette cavité est une cavité fermée, à l'exception des inévitables fuites acoustiques
dans la région de contact du coussinet 16. La cavité arrière 24 est une cavité fermée,
à l'exception d'un évent acoustique 26 permettant d'obtenir un renforcement des fréquences
basses dans la cavité avant 22 de l'écouteur.
[0049] Pour le contrôle actif du bruit, un microphone interne 28 est disposé au plus près
du conduit auditif de l'oreille pour capter le signal acoustique dans la cavité interne
22, signal dans lequel est présente une composante de bruit résiduel qui sera perçue
par l'utilisateur. La neutralisation du bruit n'étant jamais parfaite, ce microphone
interne permet d'obtenir un signal d'erreur e qui est appliqué à une branche de filtrage
feedback 30 en boucle fermée.
[0050] D'autre part, un (ou plusieurs) microphone(s) externe(s) 32 est(sont) placé(s) sur
la coque des écouteurs du casque, pour capter les signaux acoustiques environnants
présents à l'extérieur de l'écouteur. Le signal recueilli par le microphone externe
32 est appliqué à un étage de filtrage
feedforward 34 du système de contrôle actif du bruit. Les signaux issus de la branche
feedback 30 et de la branche
feedforward 34 sont combinés en 36 pour piloter le transducteur 18.
[0051] Le transducteur 18 peut en outre recevoir un signal audio à reproduire issu d'une
source musicale (baladeur, radio, etc.), ou bien un signal de voix provenant d'un
locuteur distant dans une application de téléphonie. Comme ce signal subit les effets
de la boucle fermée qui le distord, il devra être prétraité par une égalisation de
manière à présenter la fonction de transfert désirée, déterminée par le gain de la
boucle ouverte et la réponse cible sans contrôle actif.
[0052] Le casque comporte en outre un autre microphone externe 38 (Figure 1) destiné à des
fonctions de communication, notamment pour assurer des fonctions de téléphonie "mains
libres". Ce microphone externe additionnel 38 est destiné à capter la voix du porteur
du casque, il n'intervient pas dans le contrôle actif du bruit et, dans la suite,
on ne considèrera comme microphone externe utilisé par le système ANC que le microphone
32 dédié au contrôle actif du bruit.
[0053] La Figure 3 illustre, en coupe, un exemple de réalisation des différents éléments
mécaniques et électroacoustiques représentés schématiquement sur la Figure 2 pour
l'un des écouteurs 10 (l'autre écouteur 10' étant réalisé identiquement). On y retrouve
la cloison 20 divisant l'intérieur de la coque 14 en une cavité avant 22 et une cavité
arrière 24 avec, montés sur cette cloison, le transducteur 18 et le microphone interne
28 porté par une grille maintenant celui-ci à proximité du conduit auditif de l'utilisateur.
[0054] Un capteur de vibrations 40 (capteur accélérométrique) est avantageusement incorporé
au coussinet 16 de l'un des écouteurs du casque de manière à venir en contact avec
la mâchoire de l'utilisateur à travers la matière recouvrant ce coussinet. Il joue
ainsi un rôle de capteur physiologique permettant de recueillir des vibrations vocales
au niveau de la joue et de la tempe, vibrations qui présentent la caractéristique
d'être, par nature, très peu corrompues par le bruit environnant : en effet, en présence
de bruits extérieurs, les tissus de la joue et de la tempe ne vibrent quasiment pas
et ceci, quelle que soit la composition spectrale du bruit extérieur.
[0055] L'intérêt d'un tel capteur de vibrations 40 tient aussi au fait qu'il permet d'obtenir
un signal dans les basses fréquences (en raison du filtrage engendré par la propagation
des vibrations jusqu'à la tempe), et que ce signal est naturellement dépourvu de composante
parasite de bruit, alors même que les bruits généralement rencontrés dans un environnement
habituel (rue, métro, train...) sont majoritairement concentrés dans les basses fréquences.
[0056] Les Figures 4a et 4b illustrent les spectres des signaux acoustiques, respectivement
de parole et de bruit environnant, recueillis au niveau de l'oreille avec et sans
casque porté par l'utilisateur et en l'absence de tout traitement électronique du
signal.
[0057] Plus précisément, la Figure 4a illustre le spectre d'un signal de voix de l'utilisateur,
mesuré à l'emplacement de son oreille : la caractéristique en tiretés correspond à
une situation où aucun casque n'est porté, et la caractéristique en trait plein à
celle où un casque est porté, mais sans aucun traitement anti-occlusion selon l'invention
: on note que dans les basses fréquences, jusqu'à environ 550 Hz, le signal de voix
est amplifié jusqu'à +20 dB du fait du phénomène d'occlusion. Au contraire, au-delà
de cette fréquence, le signal de voix est principalement transmis par voie aérienne,
et il se trouve atténué de l'ordre de -15 dB par les éléments mécaniques passifs du
casque.
[0058] La Figure 4b illustre les spectres d'un signal de bruit rose généré à l'extérieur
du casque, et mesuré à l'emplacement de l'oreille de l'utilisateur. La caractéristique
en trait plein correspond à la situation où aucun casque n'est porté, et la caractéristique
en tiretés à celle où un casque est porté, mais toujours sans aucun traitement anti-atténuation
selon l'invention : on note que le bruit extérieur est atténué d'environ -15 dB au-delà
d'une fréquence d'environ 200 Hz.
[0059] La Figure 5 illustre de façon schématique, sous forme de blocs fonctionnels, le système
de contrôle actif du bruit ANC et de traitement anti-occlusion et anti-atténuation
selon l'invention. Il s'agit avantageusement d'un système ANC de type numérique, mis
en oeuvre par un processeur numérique de signal (DSP) 42. On notera que, bien que
ces schémas soient présentés sous forme de circuits interconnectés, la mise en oeuvre
des fonctions est essentiellement logicielle, cette représentation n'étant qu'illustrative.
[0060] On retrouve la branche
feedback dont le principe a été décrit plus haut en référence à la Figure 2, avec numérisation
au moyen d'un convertisseur analogique-numérique (ci-après "ADC") 44 du signal d'erreur
e capté par le microphone interne 28. Ce signal d'erreur numérisé est traité par un
filtre 46, puis converti en analogique par un convertisseur numérique-analogique ("ci-après
"DAC") 48 afin d'être restitué par le transducteur 18 dans la cavité 22 de l'écouteur
10. Le signal reproduit est éventuellement combiné à un signal audio M (par exemple
un signal de musique, ou encore le signal de voix d'un locuteur distant lorsque la
fonction de téléphonie est active) qui, après conversion éventuelle par un ADC 50
et égalisation en 52, est combiné en 54 au signal d'annulation du bruit pour conversion
par le DAC 48 et reproduction par le transducteur 18.
[0061] On retrouve également la branche
feedforward dont le principe a été décrit plus haut en référence à la Figure 2, avec numérisation
au moyen d'un ADC 56 du signal capté par le microphone externe 32. Le signal numérisé
est traité par un filtre 58, puis combiné en 52 au signal de la branche
feedback et au signal audio égalisé éventuellement présent.
[0062] Le DSP 42 met par ailleurs en oeuvre un détecteur d'activité vocale (ci-après "VAD")
60 dont la fonction consiste à analyser l'activité de parole de l'utilisateur du casque
sur la base des signaux numériques fournis par un capteur qui peut être :
- le microphone interne 28, et/ou
- le microphone externe 32, et/ou
- l'accéléromètre (capteur physiologique) 40.
[0063] L'analyse de l'activité vocale peut mettre en oeuvre des algorithmes de type connu,
par exemple ceux décrits dans les
WO 2007/099222 A1 (Parrot SA) et
EP 2 772 916 A1 (Parrot SA), auxquels on pourra se référer pour de plus amples détails. Ces algorithmes délivrent
en temps réel, en fonction des signaux analysés, une valeur de probabilité de présence
(ou absence) de parole comprise entre 0 et 100 % pour chaque trame du signal numérique
analysé. La comparaison de la valeur courante de cette probabilité à un seuil donné,
prédéterminé ou dynamique, permet d'obtenir pour chaque trame une indication binaire
de présence/absence de parole dans le signal recueilli.
[0064] Le détecteur d'activité vocale 60 pilote les filtres
feedback 46 et
feedforward 58 de manière à en modifier les caractéristiques selon que l'on est, ou non, en présence
d'une activité vocale de l'utilisateur du casque, c'est-à-dire selon que celui-ci
est en train de parler ou non, situation typique d'une conversation téléphonique en
fonction "mains libres" avec un interlocuteur distant, ou d'une conversation avec
un interlocuteur physiquement présent à proximité.
[0065] La Figure 6 est un schéma de principe illustrant la manière dont sont combinés entre
eux les différents signaux recueillis par le dispositif, ainsi que les fonctions de
transfert appliquées.
[0066] Le signal capté par le microphone extérieur 32 (microphone
feedforward FF) est formé de la combinaison des éléments suivants :
- le bruit extérieur environnant, noté B par la suite ; et
- le signal de voix de l'utilisateur transmis par voie aérienne, noté Va.
[0067] Le signal capté par le microphone interne 28 (microphone
feedback FB) est formé de la combinaison des éléments suivants :
- le bruit extérieur atténué passivement par les éléments mécaniques du casque, soit
B*Hext, Hext étant la fonction de transfert entre la source externe et le microphone interne 28
;
- le signal de voix, dont i) une partie, notée Vc, est transmise par conduction osseuse jusqu'au canal auditif et ii) l'autre partie
Va est transmise par voie aérienne et atténuée passivement par les éléments mécaniques
du casque, soit Va*Hext; et
- le signal généré par le transducteur 18, combinant le signal audio M égalisé et les signaux issus des filtres feedforward 58 et feedback 46, dont on notera les fonctions de transfert respectivement HFF et HFB.
[0068] Par ailleurs, l'accéléromètre 40 capte sur plusieurs axes un signal
Am issu des micromouvements de la mâchoire,
[0069] De façon caractéristique, le principe de l'invention consiste à opérer un réglage
différencié des filtres
HFB et
HFF en fonction de la présence ou de l'absence d'une activité vocale, de manière à en
optimiser le fonctionnement.
[0070] Tout d'abord, en présence d'activité vocale, il convient d'opérer un ajustement des
deux filtres
feedback 46 et
feedforward 58 pour :
- privilégier la réduction du niveau du signal de voix Vc transmis par conduction osseuse à un niveau tel qu'il serait entendu sans casque,
en d'autres termes d'annuler Vc; et
- dans le même temps, augmenter le niveau du signal de voix Va transmis par voie aérienne à un niveau tel qu'il serait entendu sans casque en annulant
l'atténuation passive liée aux éléments mécaniques par compensation de l'effet de
Hext.
[0071] On notera
HFB1 et
HFF1 le couple de filtres
HFB et
HFF réglés pour cette première situation.
[0072] En l'absence d'activité vocale, on cherchera en revanche à :
- privilégier l'augmentation du bruit extérieur B à un niveau tel qu'il serait perçu si l'utilisateur ne portait pas de casque, en
compensant l'effet de Hext par un autre couple de filtres HFB et HFF.
[0073] On notera
HFB2 et
HFF2 le couple de filtres
HFB et
HFF réglés pour cette seconde situation.
[0074] Le couple de filtres
HFB2 et
HFF2 devra garantir :
- un niveau de souffle acoustique inférieur à celui du couple HFB1 et HFF1, typiquement un niveau inférieur d'au moins 10 dB ; et
- une immunité au vent meilleure que celle du couple HFB1 et HFF1, typiquement une immunité telle que le rapport signal/bruit de vent SWNR soit amélioré
d'au moins 12 dB.
[0075] On définit SWNR comme étant le rapport signal/bruit de vent ressenti par l'utilisateur
ou mesuré par le microphone interne lorsqu'un mode d'anti-occlusion ou annulation
de l'atténuation est activé.
[0076] L'invention repose sur la différentiation des signaux captés par le microphone interne
feedback 28 et ceux captés par le microphone externe
feedforward 32.
[0077] En effet, le premier est sensible à l'amplification dans les basses fréquences liées
au signal de voix transmis au canal auditif par conduction osseuse, tandis que cette
amplification, liée à l'occlusion du canal, n'est pas perçue par le microphone externe
feedforward 32, qui est monté sur la partie externe du casque.
[0078] D'un point de vue mathématique, on peut écrire :

[0079] Ha étant la fonction de transfert acoustique entre le transducteur 18 et le microphone
feedback 28 et
M étant le signal audio.
[0080] Les résultats obtenus par la mise en oeuvre de l'invention sont présentés par les
flèches sur les Figures 7a et 7b, qui sont des spectres de signal acoustique, respectivement
de parole et de bruit environnant, captés au niveau de l'oreille du porteur du casque,
avec (en trait plein) et sans (en tiretés) le traitement électronique de l'invention
permettant d'obtenir de manière optimisée l'effet anti-occlusion et d'annulation de
l'atténuation passive.
[0081] Pour atténuer l'effet d'occlusion (Figure 7a), le traitement applique le couple de
filtres
HFF1 et
HFB1 : le filtre
feedback HFB1 a pour effet d'atténuer cet effet d'occlusion, et le filtre
feedforward HFF1 opère i) la réinjection des basses fréquences de bruit et de voix extérieurs qui
avaient été atténués par le filtre
feedback, en plus de ii) la réinjection de ces sons dans les fréquences plus hautes, qui avaient
été atténuées par les éléments mécaniques passifs du casque (Figure 7b).
[0082] Dans ce mode, c'est-à-dire dans le cas où on a détecté une présence de voix de l'utilisateur,
le souffle dû au bruit électrique des microphones, ainsi que la sensibilité au vent,
sont supérieurs à ce qu'ils sont dans l'autre mode, c'est-à-dire dans le cas où aucune
voix d'utilisateur n'a été détectée.
[0083] En revanche, en l'absence de détection d'activité vocale de l'utilisateur, un couple
de filtres
HFB2 et
HFF2 avec des gains plus faibles permettra de réinjecter les sons extérieurs sur toute
la bande des fréquences audibles, avec l'avantage de présenter moins de souffle et
moins de sensibilité au vent que pour le couple
HFF1 et
HFB1.
[0084] On va maintenant décrire plus en détail les deux modes de fonctionnement alternatif,
en présence ou en absence de parole détectée de l'utilisateur du casque.
[0085] On examinera en premier lieu le cas où le VAD détecte la présence de parole.
[0086] Le traitement anti-occlusion consistera alors en une annulation de l'effet d'occlusion,
tel que caractérisé sur la courbe de la Figure 4a.
[0087] Pour atténuer l'augmentation des basses fréquences sur la voix du locuteur, un contrôle
feedback est utilisé en réglant le filtre
feedback HFB1 de la manière suivante :

[0088] La Figure 8 illustre, en amplitude et en phase, la fonction de transfert d'un tel
filtre
feedback, en trait plein.
[0089] Comme on peut le constater, le filtrage
HFB1 applique un gain d'atténuation maximal dans les basses fréquences, dans cet exemple
un gain d'atténuation d'au moins 15 dB entre 100 Hz et 300 Hz, ce qui permet d'annuler
le signal de voix
Vc transmis par conduction osseuse.
[0090] Le filtre
HFB1 répond également aux contraintes générales des systèmes de type ANC de type
feedback, c'est-à-dire qu'il alloue des marges suffisantes en gain et en phase pour que le
système reste stable dans toutes les conditions d'utilisation, en prévenant ainsi
tout effet d'oscillation (effet Larsen).
[0091] Afin de compenser l'atténuation des basses fréquences contenues dans le signal de
bruit extérieur ambiant et améliorer la transition entre le mode avec parole présente
et sans parole, un contrôle
feedforward HFF1 est ajouté.
[0092] La Figure 9 illustre, en amplitude et en phase, le diagramme d'un tel filtre
feedforward. Dans cet exemple, le
feedforward présente un gain d'au moins 10 dB entre 100 Hz et 300 Hz.
[0093] On va maintenant décrire la situation dans laquelle le VAD ne détecte pas de présence
de parole.
[0094] Le traitement anti-occlusion consiste alors uniquement en une réinjection du bruit
extérieur, tel que caractérisé sur la courbe de la Figure 4b, au moyen d'un contrôle
feedforward.
[0095] Le filtre
feedforward HFF2 est réglé conformément à l'expression suivante :

[0096] Le diagramme en amplitude et en phase d'un tel filtre
feedforward est illustré en tiretés sur la Figure 9. Dans cet exemple, le filtre présente un
gain d'au plus 8 dB pour les fréquences en dessous de 1 kHz.
[0097] Un contrôle par un filtre
feedback HFB2 est ajouté afin de rendre moins dérangeants les effets tels que ceux produits par
les mouvements du corps de l'utilisateur qui porte le casque, sa respiration, les
battements de son coeur, etc.
[0098] Le filtre
feedback HFB2 utilisé à cet effet est choisi spécifiquement pour le mode d'annulation de l'atténuation
passive. La performance souhaitée pour ce contrôle
feedback combiné avec le contrôle
feedforward HFF2 est de diminuer d'environ 5 dB les basses fréquences (au-dessous de 1 kHz) sur la
réponse mesurée par le microphone interne 28, afin de rendre plus confortable l"'expérience
utilisateur" dans ce mode.
[0099] Dans l'exemple illustré, représenté sur la Figure 8 en tiretés, le gain du filtre
feedback HFB2 est d'au plus 5 dB pour les fréquences comprises entre 200 Hz et 1 kHz. On notera
que dans la zone comprise entre 100 Hz et 300 Hz, le gain du filtre
feedback HFB2 utilisé en l'absence de parole est notablement inférieur à celui du filtre
feedback HFB1 utilisé en présence de parole, ceci d'au moins 15 dB.
[0100] On va maintenant exposer un mode de réalisation particulièrement avantageux de l'invention,
mettant en oeuvre un filtrage adaptatif évitant l'apparition d'un souffle perceptible
gênant pour l'utilisateur.
[0101] Ainsi, le système adaptatif anti-occlusion pourra non seulement s'adapter automatiquement
à une situation de présence ou d'absence de voix de l'utilisateur du casque, comme
on l'a expliqué plus haut, mais également s'adapter automatiquement en fonction de
la nature et du niveau du bruit ambiant.
[0102] En effet, l'application de la technique décrite ci-dessus et de l'équation donnant
HFF fait en sorte que plus l'atténuation passive
Hext du casque est importante, plus le gain appliqué dans la branche de filtrage
feedforward devra être élevé, avec pour conséquence que le souffle, c'est-à-dire le bruit électrique
intrinsèque à la chaine de restitution, peut devenir audible lorsque l'utilisateur
se trouve dans un environnement calme - alors que dans un environnement plus bruyant,
le bruit acoustique extérieur masque le bruit électrique intrinsèque, et le souffle
n'est pas perçu.
[0103] Pour pallier cet inconvénient, il est avantageux de compléter le filtrage
feedforward HFF, tel qu'ajusté selon l'invention, par un réglage adaptatif en fonction du bruit extérieur
: si le gain requis par l'application de l'équation ci-dessus donnant
HFF est tel que le bruit électrique devient perceptible, alors un algorithme d'adaptation
ajustera à la baisse le gain en milieu calme et rétablira ce gain dans un milieu plus
bruyant, dès que le bruit acoustique extérieur sera suffisant pour masquer le bruit
électrique intrinsèque de la chaine de restitution.
[0104] La Figure 10 illustre de façon schématique, sous forme de blocs fonctionnels, les
principaux éléments permettant de mettre en oeuvre ce perfectionnement vidant à adapter
dynamiquement le traitement anti-occlusion en fonction du type et du niveau de bruit
ambiant.
[0105] Les différents éléments mis en oeuvre sont les mêmes que ceux illustrés et décrits
plus haut en référence aux Figures 5 et 6, avec en outre un bloc fonctionnel supplémentaire
64 recevant en entrée le signal produit par le microphone interne 28 de la branche
feedback, et délivrant en sortie un signal de commande au filtre
feedforward HFF 58.
[0106] Ce bloc fonctionnel 64 peut être implémenté par une programmation appropriée du DSP
42, en association avec des composants ADC et DAC à très faible délai (retard de quelques
millisecondes) permettant l'utilisation de filtrages numériques efficaces.
[0107] Le réglage adaptatif du filtrage
feedforward 58 peut être très avantageusement obtenu par commutation en temps réel d'une configuration
de filtrage particulière choisie parmi une pluralité de X configurations de filtrage
prédéterminées implémentées au sein du bloc 58, chacun de ces X filtres permettant
d'obtenir une atténuation plus ou moins forte, de manière à réduire le niveau du souffle
en tant que de besoin lorsque celui-ci ne peut être masqué par le bruit extérieur
environnant.
[0108] On notera que le choix d'un système numérique permet de programmer aisément un nombre
élevé de filtres (à la différence d'un système analogique, où un grand nombre de composants
électroniques serait nécessaire pour avoir cette équivalence), et surtout de pouvoir
intégrer une intelligence algorithmique, par exemple de type machine d'états, permettant
d'analyser en temps réel le signal et de commuter avec un très faible temps de réponse
celui des filtres qui procurera le meilleur compromis atténuation/souffle.
[0109] On notera par ailleurs qu'il est important que le basculement entre les différents
filtres sélectionnables soit opéré à partir du signal capté par le microphone interne
28, car c'est celui-ci (et non le microphone externe 32), proche de l'oreille de l'utilisateur,
qui fournit au système ANC une image du bruit résiduel réellement perçu par l'utilisateur,
tenant notamment compte des éventuelles fuites acoustiques entre l'intérieur et l'extérieur
de la coque de l'écouteur : la commutation entre les différents filtres de la branche
feedforward 58, visant à optimiser le compromis atténuation/souffle, dépendra ainsi du niveau
et du contenu spectral à l'intérieur de la cavité avant 22 de l'écouteur du casque.
[0110] La Figure 11 illustre plus précisément les éléments mis en oeuvre par le bloc CTRL
64 pour l'analyse du signal et la sélection des filtres de la branche
feedforward 58.
[0111] Le signal e numérisé recueilli par le microphone interne 28 est soumis à une décomposition
fréquentielle par une batterie de filtres 66 (par exemple
Filtre 1 pourra être un filtre passe-bas,
Filtre 2 un filtre passe-bande, etc.) afin de calculer en 68 l'énergie
Rmsi de ce signal e dans chacune de ses N composantes fréquentielles.
[0112] En particulier, dans le cadre d'un contrôle actif de bruit par un casque audio, il
est très utile de pouvoir étudier la "couleur" du bruit environnant via son analyse
spectrale pour distinguer diverses situations significatives : par exemple, pour une
utilisation du casque dans un environnement bruyant de type transport (avion, train),
le rapport entre basses et hautes fréquences est bien plus important que dans un environnement
plus calme tel que dans un bureau. On peut alors déterminer la puissance
Rms1 du signal en dessous de 100 Hz, la puissance
Rms2 du signal autour de 800 Hz, etc.
[0113] Les valeurs obtenues
Rms1, Rms2 ...
RmsN sont appliquées à une machine d'états 70, qui compare ces valeurs d'énergie à des
seuils respectifs et détermine en fonction de ces comparaisons celui des X filtres
de la branche
feedforward 58 qui doit être sélectionné pour modifier en temps réel les coefficients de filtrage
de la fonction de transfert
HFF du traitement anti-occlusion.
[0114] La Figure 12 illustre plus précisément la manière dont opère cette machine d'états
70.
[0115] La machine d'états décide, en fonction des niveaux courants d'énergie
Rms1, Rms2 ...
RmsN, ainsi que de la présence ou non d'un signal audio tel que de la musique (dont le
signal restitué par le haut-parleur 18 est également restitué par le microphone interne
28) s'il y a lieu ou non de modifier la fonction de transfert
HFF telle qu'elle est à l'état initial.
[0116] La présence ou l'absence d'un signal de musique (test 72) est déduite d'un indicateur
fourni par la chaine de restitution, par exemple par une simple comparaison à un seuil
du signal présent sur le chemin destiné à la musique. En présence de musique, les
seuils qui seront utilisés ensuite sont ajustés à des valeurs respectives différentes
(blocs 74, 74'), pour tenir compte du fait que la musique joue, comme le bruit extérieur,
un rôle de masquage sur la perception du souffle électrique introduit par le contrôle
anti-occlusion et d'annulation de l'atténuation passive.
[0117] Si les niveaux courants d'énergie
Rms1, Rms2 ...
RmsN sont inférieurs à des seuils respectifs prédéfinis (test 76) :

alors l'algorithme considère que le bruit extérieur est faible, ce qui nécessiter
une adaptation du filtre
HFF (bloc 78).
[0118] Dans le cas contraire, c'est-à-dire si la condition précédente n'est pas vérifiée,
une nouvelle comparaison est effectuée (test 76') :

avec des seuils plus hauts, c'est-à-dire que
Seuil(1,2) >
Seuil(1,1),
Seuil(2,2) >
Seuil(2,1) ...
Seuil(N,2) >
Seuil(
N,1).
[0119] Si ce dernier test est positif, alors le filtre
HFF est modifié (bloc 78'), mais avec des paramètres différents du cas précédent.
[0120] Dans la négative, l'algorithme continue de manière itérative de la même façon (test
76", bloc 78" etc.), avec des seuils progressivement plus élevés.
[0121] On peut ainsi déterminer X configurations de filtre
HFF, correspondant à autant de niveaux/types de bruit extérieur, l'algorithme choisissant
le filtre
HFF optimal parmi les X filtres sélectionnables pour la branche feed
forward 58, le principe étant d'appliquer un filtre
feedforward introduisant un souffle imperceptible tout en s'approchant au plus prés de la valeur
de HFF définie par l'équation (2) donnée plus haut.
[0122] On notera enfin que la technique de l'invention que l'on vient de décrire avec ses
différentes mises en oeuvre possibles est parfaitement compatible avec d'autres techniques
agissant sur les fonctions de transfert
HFB et/ou
HFF des boucles de contrôle
feedback et
feedforward.
[0123] On peut ainsi utiliser en complément des fonctions de débruitage (ANR) et anti-occlusion
(AOC) décrites plus haut, une fonction de type "anti-plop" telle que décrite dans
le
EP 2 930 942 A1 précité.
[0124] Cette technique vise à neutraliser un phénomène qui se produit lors de la manipulation
du casque, ou lorsque l'utilisateur marche lourdement ou court : les mouvements du
casque créent alors de brusques surpressions dans la cavité avant de l'écouteur. Ces
surpressions sont captées par le microphone interne et se traduisent par un pic parasite
du signal d'entrée de la branche
feedback, avec une saturation du filtre produisant en sortie par le transducteur un signal
audible ou "plop", désagréable pour l'utilisateur.
[0125] Pour remédier à ce défaut, le DSP analyse concurremment le signal microphonique délivré
par le microphone interne et le signal accélérométrique délivré par le capteur physiologique,
de manière à commuter de façon temporaire et sélective un filtre anti-saturation prévu
en amont du filtre ANC
feedback, de manière à ramener le niveau du signal appliqué en entrée de ce filtre
feedback à un niveau compatible avec un fonctionnement normal de ce dernier. On pourra se
référer au document précité pour de plus amples détails d'implémentation.