[0001] La présente invention se rapporte à un procédé de traitement de sols secs sensibles
à l'eau.
[0002] D'une manière générale, les sols présentant un déficit hydrique par rapport à la
teneur en eau optimale, doivent, pour pouvoir être utilisés dans la construction des
ouvrages de travaux publics, dans la partie remblai, plate-forme supérieure de terrassement,
arase de terrassement, couches de forme et couches de chaussées, être traités par
un procédé de traitement de sols permettant l'amélioration et/ou la stabilisation
de ces derniers.
[0003] De nombreux sols naturels contiennent des argiles à des teneurs très variables. Les
argiles représentent une famille de minéraux qui deviennent instables en présence
d'eau ; le sol passe alors de l'état solide à l'état plastique. Les argiles sont ainsi
responsables de l'instabilité dans les ouvrages construits.
[0004] On entend par « traitement des sols », au sens de la présente invention, un procédé
consistant à modifier le sol afin qu'il remplisse les fonctions auxquelles on le destine,
en particulier l'amélioration et la stabilisation des sols. Un traitement de sol n'inclut
donc pas par exemple l'insertion dans le sol d'une couche imperméable, car une telle
opération ne modifie pas le sol en soi.
[0005] On entend par « amélioration » des sols, l'insensibilisation à l'eau des sols par
floculation des argiles, qui permet une circulation à court terme, voire immédiate
des engins de chantiers et une modification à long terme, rendant les sols traités
insensibles à l'eau.
[0006] "L'insensibilité" à l'eau signifie que le sol n'évolue plus vers l'état plastique,
lors d'apport ultérieur d'eau, soit par capillarité naturelle, soit par les pluies
ou les inondations ; on évite ainsi le passage à l'état plastique (pâteux) du sol
et la diminution de la portance du sol qui entraîne la destruction de l'ouvrage. L'amélioration
concerne surtout les remblais et la préparation des sols en vue de leur stabilisation.
[0007] On entend par "stabilisation" des sols, l'augmentation des performances mécaniques
pour une réutilisation dans les couches supérieures de l'ouvrage : plate-forme supérieure
de terrassement, arase de terrassement, couches de forme et couches de chaussées.
La stabilisation peut être obtenue sur des matériaux ayant subi la phase d'amélioration
par augmentation du dosage en chaux, qui entraîne une réaction avec les composés présents
dans les sols ou de syntaxie dans les sols calcaires.
[0008] Le terme de "chaux" représente un ensemble de composés qui sont la chaux vive, principalement
composée d'oxyde de calcium, la chaux éteinte ou hydratée, principalement composée
d'hydroxyde de calcium, ou une suspension aqueuse fabriquée à base de chaux vive ou
de chaux hydratée, par exemple du lait de chaux.
[0009] Pour stabiliser et améliorer les sols secs, les procédés connus à ce jour sont des
traitements qui s'effectuent classiquement à la chaux vive ou, dans le cas de sols
secs fins comme les limons argileux, le traitement peut s'effectuer au lait de chaux.
[0010] Pour un sol sec traité à la chaux, le procédé de traitement de sol sec nécessite
les étapes suivantes :
- 1. une préparation du sol, qui consiste en un fractionnement et un ameublissement
du sol compact ;
- 2. une pré-humidification du sol, généralement par un arrosage ; cette pré-humidification
ayant deux objectifs :
- a) compenser le déficit hydrique du sol pour l'amener à sa densité optimale ;
- b) apporter l'eau nécessaire à l'extinction de la chaux et/ou au développement des
réactions pouzzolaniques ;
- 3. un malaxage du sol afin de répartir l'eau d'apport ; dans de nombreux cas, cette
opération est réalisée la veille du traitement à la chaux ;
- 4. un épandage de la chaux sur le sol pré-humidifié ;
- 5. un malaxage du sol avec la chaux;
- 6. un épandage d'eau, afin d'ajuster la teneur à l'optimum pour le type de sol traité
;
- 7. un malaxage de finition.
[0011] En présence de sols fins, sensibles à l'eau, par exemple les limons argileux, le
traitement peut s'effectuer au lait de chaux. Ce type de traitement est par exemple
très répandu aux Etats-Unis. Le traitement comprend alors les étapes suivantes :
- 1. une préparation du sol, qui consiste en un ameublissement du sol compact ;
- 2. une pré-humidification du sol, par arrosage, afin de compenser en partie le déficit
hydrique ;
- 3. un malaxage du sol, afin de répartir l'eau d'apport ;
- 4. un épandage du lait de chaux sur le sol pré-humidifié ;
- 5. un malaxage du sol traité au lait de chaux ;
- 6. un épandage d'eau éventuel, afin d'ajuster la teneur à l'optimum pour le type de
sol traité ;
- 7. un malaxage de finition.
[0012] Malheureusement ces deux procédés de traitement respectivement à la chaux ou au lait
de chaux présentent de multiples inconvénients, parmi lesquels un nombre élevé de
passages des différents engins, ce qui augmente les coûts et le délai de réalisation
et entraîne une forte consommation énergétique.
[0013] Dans les chantiers où les sols sont traités à la chaux vive, la qualité du mélange
obtenu est en outre pénalisée par un surdosage d'eau lors de la pré-humidification.
Ce surdosage fait passer le sol à l'état plastique, ce qui perturbe la circulation
des engins de terrassement et entraîne la formation de grumeaux de chaux, qui ne sont
pas répartis dans le sol traité, lors du malaxage du sol. Par ailleurs, l'épandage
de chaux pulvérulente peut être générateur de poussières, en cas de vent trop important,
et nécessiter l'arrêt du chantier.
[0014] L'apport d'eau par épandage sur le sol provoque aussi des ruissellements sur les
sols en pente ainsi que dans les empreintes laissées par le passage des roues des
engins d'épandage, entraînant une irrégularité dans les teneurs en eau du sol.
[0015] L'épandage de lait de chaux conduit également à un surdosage d'eau lors de la pré-humidification
dans les points où il y a accumulation - dans les ornières des roues des engins, aux
bas de pentes... Ce phénomène réduit la portance du sol et perturbe le passage ultérieur
des engins de chantier. De surcroît, lors de l'épandage du lait de chaux, le ruissellement
sur sol en pente ou dans les ornières des engins conduit également à une irrégularité
des teneurs en chaux dans les sols traités.
[0016] De plus, le contrôle de l'épandage est traditionnellement réalisé par le balisage
d'une surface sur laquelle doit être épandu le contenu d'un camion citerne. La difficulté
d'ajuster le débit à la vitesse de progression du camion conduit fréquemment à ne
pas atteindre la balise (surdosage) ou à l'atteindre avant que la citerne ne soit
vide (sous-dosage). Cette mauvaise maîtrise du débit épandu pour une surface donnée,
entraîne un apport hétérogène de chaux et d'eau sur le sol.
[0017] Il existe aussi dans le domaine de l'agriculture des enfouisseurs d'eau, munis de
dents distributrices ou de lames de charruage, également distributrices, et qui permettent
un enfouissement de liquides chargés, tels les lisiers, dans les sillons formés dans
les sols agricoles. Ces équipements, quant à eux, présentent des limites d'utilisation
dans plusieurs domaines. Notamment, ils ne sont pas utilisables sur des sols rocailleux
; en présence de gros blocs (>150 à 200 mm), qui créent une résistance à la pénétration
des dents. Un mécanisme incorporé à l'épandeur fait alors sortir les dents du sol
et le liquide se retrouve en surface avec tous les problèmes liés au ruissellement.
Par ailleurs, leur profondeur d'enfouissement est limitée à environ 15 cm, et l'apport
de liquide est limité à 25 à 30 dm
3/m
2.
[0018] Enfin, la distribution transversale du liquide n'est pas régulière sur toute la largeur
de passage des engins. Le liquide se retrouve essentiellement au voisinage direct
des dents ou lames. Cette hétérogénéité ne sera pas corrigée lors des étapes suivantes
du traitement du sol, même pas lors d'un malaxage. En effet, les malaxeurs travaillent
le sol dans le sens d'avancement du matériel et non transversalement.
[0019] Comme équipement de ce type on peut citer celui décrit dans la demande de brevet
britannique
GB-A-2180431. Dans ce document, le procédé de traitement de sols comprend
- un creusement dans le sol, jusqu'à une profondeur déterminée, de simultanément plusieurs
tranchées parallèles, et
- une distribution dans lesdites tranchées d'un liquide de traitement, éventuellement
chargé d'une matière en suspension.
Cet équipement présente les mêmes inconvénients que ceux précédemment indiqués.
[0020] Le document
DE 94 21 169 U1 divulgue un procédé selon le préambule de la revendication 1. L'invention a pour
but de pallier les inconvénients de l'état de la technique en procurant un procédé
de traitement de sols secs sensibles à l'eau, qui permette un enfouissement approprié
et homogène de liquide de traitement dans le sol, en vue de son amélioration et/ou
de sa stabilisation.
[0021] Pour résoudre ce problème, il est prévu suivant l'invention, un procédé comprenant
:
un creusement dans le sol, jusqu'à une profondeur déterminée, de simultanément plusieurs
tranchées parallèles, chacune desdites tranchées comportant un sillon vertical présentant
une première largeur (L1) et, à ladite profondeur déterminée, un sillon horizontal ayant une deuxième largeur
(L2) supérieure à la première, les sillons horizontaux des tranchées voisines étant au
moins latéralement adjacents, et
un dépôt dans lesdites tranchées d'une veine continue de liquide, ledit dépôt ayant
lieu dans l'ensemble des sillons horizontaux des tranchées sur toute leur largeur,
caractérisé en ce que ledit procédé est un procédé d'amélioration et/ou de stabilisation
de sols secs sensibles à l'eau contenant de l'argile, dans lequel ledit dépôt d'une
veine continue de liquide est une distribution d'un liquide de traitement, choisi
parmi un lait de chaux et une suspension aqueuse à base de chaux,
ledit procédé comprenant en outre un affaissement du sol qui recouvre la veine de
liquide de traitement déposée dans les sillons horizontaux avec enfouissement uniforme
de celui-ci dans le sol à traiter.
[0022] Par les termes « creusement d'une tranchée ou creusement de tranchées », il faut
entendre une formation d'une ou de plusieurs tranchées temporaires, ce qui implique
un ameublissement de la terre environnante et a pour conséquence que la tranchée temporaire
s'éboule ou s'affaisse rapidement une fois que le liquide de traitement est déposé,
cet affaissement permet l'enfouissement uniforme du liquide et il est pratiquement
simultané au creusement.
[0023] Par les termes « sillon horizontal ayant une deuxième largeur L2 », il faut entendre
un tunnel dont la largeur est L
2. Selon l'invention, une veine continue de liquide de traitement est déposée dans
le sillon horizontal. Donc dans le tunnel susdit.
[0024] Puis, le procédé comprend un affaissement du sol qui recouvre la veine de liquide
de traitement déposée dans le tunnel et celui-ci s'affaisse quasi immédiatement par
sa partie supérieure, le liquide de traitement étant enfoui de manière uniforme dans
le sol à traiter. Le procédé selon l'invention permet ainsi une dispersion latérale
homogène du liquide de traitement puisque les tranchées, dans lesquelles le liquide
de traitement est introduit, sont creusées de manière que les sillons horizontaux
soient latéralement adjacents ou même se recouvrent éventuellement l'un l'autre et
qu'il n'y ait plus d'espace mort non traité ou différemment traité entre deux tranchées
voisines.
[0025] Le procédé selon l'invention recourt donc à un système d'enfouissement qui permet
d'introduire le liquide de traitement à une profondeur prédéterminée avec une répartition
régulière en largeur, ce qui facilite le dosage approprié du liquide de traitement
et permet de limiter le nombre de passages d'engins, ce qui réduit considérablement
les coûts. Dès lors, en enfouissant le liquide de traitement qui peut être un lait
de chaux ou une suspension aqueuse à base de chaux, les risques de surdosage d'eau
ou de matière en suspension éventuelle sont éliminés. En effet, l'enfouissement d'un
liquide de traitement selon l'invention peut remplacer les étapes d'humidification
préalable, de malaxage et d'épandage du lait de chaux, élimine le problème de ruissellement
d'eau sur les sols en pente et dans les empreintes des engins et, de cette façon,
régularise la teneur en eau du sol.
[0026] Avantageusement, la profondeur prédéterminée d'enfouissement selon l'invention est
une profondeur de 20 à 75 cm, de préférence de 35 à 60 cm.
[0027] Dans le domaine de l'amélioration et de la stabilisation de sols secs, par exemple,
les couches successives de remblais peuvent atteindre 50 cm de hauteur et une profondeur
d'enfouissement, éventuellement supérieure à 50 cm, peut être nécessaire. Dès lors,
le procédé selon l'invention prévoit un enfouissement à une profondeur allant de 20
à 75 cm, de préférence de 35 à 60 cm.
[0028] Avantageusement, dans une forme préférentielle de réalisation selon l'invention,
le liquide de traitement présente une teneur en solide allant jusque 1000 g/dm
3, de préférence d'environ 400 g/dm
3. Comme liquide traitement, on peut envisager un lait de chaux par exemple.
[0029] Dans d'autres cas de sols, on trouve certains matériaux rocheux compacts, par exemple
les pélites qui nécessitent un fractionnement important avant leur traitement pour
utilisation en remblai, plate-forme supérieure de terrassement, arase de terrassement,
voire couche de forme ou couche de chaussée. A l'état naturel, ces matériaux se présentent
sous forme de dalles compactes. Un apport d'eau permet en partie le délitage de ces
roches. Cependant, après fractionnement, il subsiste des blocs qui ont une taille
allant jusqu'à 600 mm. Cette taille importante rend inadaptés les moyens existants
d'apport d'eau. Par ailleurs, un broyage plus fin, nécessaire afin de respecter les
spécifications du cahier des charges qui imposent de ne pas dépasser 200 mm pour les
arases, est prohibitif en raison du caractère abrasif de ces roches, qui entraîne
une usure rapide des équipements.
[0030] Pour cette raison, ces roches doivent, selon l'état antérieur de la technique être
évacuées, ce qui nécessite un chargement, un transport et une mise en stock coûteux.
Par ailleurs, le matériau rocheux doit être remplacé par un matériau de substitution
fin, ce qui complique le traitement du sol et en augmente encore le coût, en raison
des nombreux mouvements de matériaux et de l'énergie nécessaire à la réduction granulométrique
des roches.
[0031] Afin de résoudre ce problème, le procédé selon l'invention, dans de tels cas de sols,
comprend en outre:
- un creusement préalable dans le sol à traiter, jusqu'à une profondeur prédéterminée,
de simultanément plusieurs tranchées préalables, comportant un sillon vertical préalable
présentant une première largeur et, à ladite profondeur prédéterminée, un sillon horizontal
préalable ayant une deuxième largeur supérieure à la première, les tranchées préalables
étant creusées parallèlement de façon que les sillons horizontaux préalables soient
au moins latéralement adjacents,
- Une distribution d'eau dans l'ensemble des sillons horizontaux préalables sur toute
leur largeur, par dépôt dans ceux-ci d'une veine continue d'eau, et
- Un affaissement du sol qui recouvre la veine d'eau déposée dans les sillons horizontaux
préalables avec un enfouissement uniforme de l'eau dans le sol à traiter.
[0032] Dès lors, le procédé de traitement selon l'invention permet également de traiter
à l'eau ces roches ou ces pélites décrites ci-dessus, directement au départ de roches
ayant une taille pouvant atteindre 600 mm. Le procédé permet leur délitage avec de
l'eau, évite leur évacuation et leur remplacement par un matériau de substitution.
Ce sol pourra ultérieurement être traité au liquide de traitement avec le même système
d'enfouissement.
[0033] Pour la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, on peut prévoir un dispositif,
qui ne fait pas partie de l'objet revendiqué, qui comprend :
- un châssis véhiculable,
- au moins deux dents distributrices creuses, et
- un réservoir de liquide de traitement, prévu pour distribuer ledit liquide de traitement
à un canal de distribution logé dans chacune desdites dents distributrices. Ce dispositif
est caractérisé en ce que
lesdites dents distributrices comprenant chacune:
une partie de support verticale qui relie la dent distributrice au châssis, présente
ladite première largeur et comporte ledit canal de distribution,
une partie de soc horizontale, comprenant une pointe avant de pénétration dans le
sol, et un distributeur arrière qui est pourvu d'un orifice de sortie présentant ladite
deuxième largeur supérieure à ladite première largeur et qui communique avec ledit
canal de distribution de ladite partie de support,
lesdites parties de soc horizontales de dents voisines étant capables de former dans
le sol des sillons horizontaux au moins latéralement adjacents et lesdits orifices
de sortie étant prévus pour déposer dans les sillons horizontaux une veine continue
de liquide de traitement.
[0034] Le dispositif, doté de dents distributrices creuses, incorpore en profondeur le liquide
de traitement.
[0035] Le type de dent a dès lors été conçu pour permettre à la partie de soc de rester
à la profondeur prédéterminée, même en présence de roches d'une taille supérieure
à 600 mm, en particulier en présence de pélites et d'y distribuer sans débordement
en surface, les quantités suffisantes de liquide de traitement, comme par exemple
un lait de chaux, jusqu'à des teneurs en solide de 400 g/dm
3 voire 1000 g/dm
3, lorsque ces suspensions contiennent des agents fluidifiants. Le dispositif sert
pour des débits à partir de 20 à 30 dm
3/m
2, mais le débit peut aussi atteindre facilement 90 dm
3/m
2, voire même jusqu'à 300 dm
3/m
2. Ce résultat est obtenu sans risque de bouchage de l'alimentation en liquide de traitement,
ni par le solide de la suspension ni par les particules de sols.
[0036] De plus, la conception unique de la partie de soc permet premièrement de remonter
les roches de grande taille à la surface du sol fractionné, grâce à sa pointe de pénétration
du sol de type soc de charrue, ceci permet ensuite leur délitage et deuxièmement,
elle permet une distribution équivalente de liquide de traitement dans chacune des
dents au départ du réservoir grâce au distributeur arrière qui présente un orifice
de sortie présentant ladite deuxième largeur supérieure à ladite première largeur
et qui communique avec ledit canal de distribution de ladite partie de support. Cela
nécessite notamment un bon équilibre des pressions entre les alimentations des différentes
dents, au départ du réservoir.
[0037] Par "véhiculable", on entend que le châssis peut être poussé ou tracté ou bien encore
même être automobile.
[0038] Avantageusement, le dispositif comprend un élément de renforcement reliant ladite
partie de support et la partie de soc, ce qui permet de résister à un éventuel choc
avec des roches d'une taille supérieure à 600 mm, en particulier avec des pélites,
comme décrit ci-dessus.
[0039] Dans une forme de réalisation, le châssis présente une largeur de châssis et les
orifices de sorties desdites dents distributrices reliées audit châssis sont, dans
une vue arrière, directement adjacents l'un à l'autre, lesdits orifices de sortie
occupant de préférence une largeur au moins équivalente à ladite largeur de châssis.
[0040] Dès lors, les dents sont alignées de telle façon que la largeur couverte par chaque
dent soit complémentaire des autres et couvre ainsi sans zone morte, toute la largeur
du châssis. On évite ainsi la variation transversale de liquide de traitement enfoui,
rencontrée lors du traitement avec des équipements classiques qui n'est traditionnellement
pas rectifiée par un passage transversal. Il est prévu que dans une vue en plan, les
dents distributrices reliées audit châssis soient placées en quinconce, de manière
alignée en au moins deux rangées parallèles. Ceci permet une répartition homogène
du liquide de traitement. Il est clair que les orifices de sortie des dents ne peuvent
être parfaitement adjacents étant donné l'épaisseur de leur paroi et que dès lors
placer les dents en quinconce permet le creusement de sillons parfaitement adjacents.
Lorsque des pélites sont présentes et qu'elles rencontrent une dent distributrice,
la roche est déviée latéralement et ne rencontre pas une autre dent puisque les dents
sont placées en quinconce. De plus, les dents alignées sur deux rangées resteront
bien mieux enfoncées dans le sol lors de l'avancée du châssis véhiculable. Cette disposition
réduit le soulèvement éventuel du châssis lors de la progression du dispositif selon
l'invention dans un sol à traiter. Pour cette même raison d'équilibrage de la résistance
lors de la progression, les dents seront avantageusement au nombre de 5.
[0041] Dans une forme de réalisation, les dents ont une longueur permettant d'enfouir le
liquide de traitement à une profondeur de 20 à 75 cm, de préférence de 35 à 60 cm.
[0042] Dès lors, l'enfouissement à la profondeur prédéterminée selon l'invention et la forme
des sillons creusés ne posent pas de problème en cas de rencontre de roches d'une
taille inférieure à environ 600 mm. Les roches passent entre les sillons verticaux
et, puisque les dents ne remontent pas, les sillons horizontaux adjacents restent
adjacents et l'épandage reste uniforme. L'enfouissement du liquide de traitement selon
l'invention n'est pas dévié de sa trajectoire par des blocs. Le type de sillon permet
de rester à la profondeur voulue et d'y distribuer sans débordement en surface, les
quantités suffisantes de liquide de traitement.
[0043] Avantageusement, chaque canal de distribution est pourvu d'un élément régulateur
de débit. L'élément régulateur de débit peut être un diaphragme capable d'ajuster
la section de passage de liquide dans le canal de distribution. On obtient ainsi une
répartition homogène du débit dans tous les canaux de distribution.
[0044] D'autres formes de réalisation du procédé sont indiquées dans les revendications
annexées.
[0045] D'autres caractéristiques, détails et avantages de l'invention ressortiront de la
description donnée ci-après, à titre non limitatif et en faisant référence aux dessins
annexés.
[0046] Sur les figures, les éléments identiques ou analogues portent les mêmes références.
[0047] La figure 1 est une vue arrière d'une forme de réalisation préférentielle du dispositif,
qui ne fait pas partie de l'objet revendiqué, dans laquelle le châssis comprend cinq
dents creuses distributrices enfoncées dans le sol.
[0048] La figure 2 est une vue en élévation de la forme de réalisation illustrée à la figure
1.
[0049] La figure 3 est une vue de profil de la forme de réalisation illustrée à la figure
1.
[0050] Comme on peut le voir à la figure 1, des dents 1 sont fixées sur le châssis 2. Chaque
dent comprend une partie de support verticale 3 et une partie de soc horizontale 4.
La partie de soc 4 comprend une pointe avant 5 (figure 3) de pénétration dans le sol
et un distributeur arrière 6 qui présente un orifice de sortie 6a. Comme susdit, la
partie de support 3 de chaque dent 1 comprend un canal de distribution 7 et elle présente
une largeur L
1 qui est inférieure à la largeur L
2 des orifices de sortie de la partie de soc de ladite dent. La largeur L
2 est telle que dans une vue arrière (figure 1), les orifices de sortie 6a de liquide
de traitement des distributeurs 6 soient directement adjacents l'un à l'autre. Dès
lors, sur la largeur de châssis, les orifices de sortie 6a des distributeurs 6 se
rejoignent pour permettre le dépôt d'une veine continue de liquide de traitement.
[0051] La partie de support 3 de chaque dent 1 comprend donc un canal de distribution 7
qui communique avec un réservoir (non illustré) de liquide de traitement par l'intermédiaire
d'une nourrice de répartition 8 qui permet que le dosage du liquide de traitement
soit identique dans chaque dent 1.
[0052] La nourrice de répartition 8 est équipée, dans la forme de réalisation préférentielle
illustrée, de cinq sorties 9 raccordées à un tuyau flexible 10 qui vient alimenter
le canal de distribution 7 de chaque partie de support 3 de chaque dent creuse distributrice
1.
[0053] Le liquide de traitement, provenant du réservoir arrive dans la nourrice 8 qui le
répartit entre les canaux de distribution 7 de chaque dent 1, il s'écoule et pénètre
dans la partie de soc horizontale 4 de chaque dent 1, plus précisément dans le distributeur
6, et il est ensuite amené au niveau de l'orifice de sortie 6a de celui-ci. C'est
seulement après le passage de l'orifice de sortie 6a dans le sillon horizontal creusé
à l'avant par la partie de soc 4 de la dent 1 que le terrain naturel s'affaisse grâce
à l'ameublissement de la terre environnante et qu'il vient recouvrir la veine de liquide
de traitement déposée. La séquence de creusement de la tranchée, de dépôt de liquide
dans les sillons horizontaux adjacents et d'affaissement du sol s'effectue dans cet
ordre au fur et à mesure de l'avancement de l'équipement. Néanmoins, en raison de
la vitesse d'avancement, on peut dire que ces 3 phases sont presque simultanées.
[0054] Lorsque le débit du liquide de traitement, par exemple de lait de chaux, est inférieur
à 100 dm
3/m
2, une réduction de la section de passage dans le canal de distribution par un diaphragme
11 peut être intercalée à l'entrée du canal de distribution 7 pour équilibrer le débit
sur chaque dent 1. Des diaphragmes interchangeables peuvent être prévus ou encore
des diaphragmes à sections ajustables par commande à distance.
[0055] La hauteur de la partie de support peut atteindre 75 cm, de préférence 60 cm, et
la hauteur du châssis par rapport au sol permet le passage de blocs de 600 mm (60
cm). Les blocs de 600 mm peuvent dès lors également passer entre les dents.
[0056] Comme on peut le voir à la figure 2, le châssis 2 comprend cinq dents creuses distributrices
1 alignées en deux rangées, en quinconce. Dans cette forme de réalisation, le châssis
est supporté par des roues 12.
[0057] La rangée avant comprend deux dents 1 et la rangée arrière en comprend trois. Cette
disposition permet une meilleure répartition de l'effort de traction sur le châssis
et de maintenir en permanence les dents 1 dans le sol. Eventuellement, on peut ajouter
un dispositif de contrepoids latéraux simplement accrochés au châssis pour le maintenir
appuyé et pour bien maintenir les dents enfoncées dans le sol.
[0058] A la figure 3, on peut voir plus en détail le profil des dents creuses distributrices
1. La partie de support 3 comprend une plaque de support 14 et une pièce de renforcement
13 attachée par des moyens de fixation 15 appropriés, comme par exemple, des boulons,
des vis, des écrous et analogues. Ces moyens de fixations sont situés sur la plaque
support 14. Cette pièce de renforcement 13, la rigidité du châssis 2 et les moyens
de fixation des dents sur celui-ci permettent de maintenir en permanence les dents
dans le sol et renforce le dispositif dans le but de lui conférer une résistance suffisante
contre les efforts dus aux roches et aux pélites qu'il pourrait éventuellement rencontrer.
Comme on l'a déjà dit ci-avant, la partie de soc 4 est équipée d'une pointe soudée
5 à l'avant qui assure la pénétration dans le sol. Cette pointe de pénétration de
sol 5 est remplaçable en cas d'usure.
[0059] L'invention va maintenant être décrite plus en détail au moyen d'exemples non limitatifs
qui sont insérés ici uniquement à des fins illustratives.
Exemple comparatif 1
[0060] Un chantier d'autoroute traversant des argiles à silex, sèches, compactes et sensibles
à l'eau, nécessite l'enfouissement de lait de chaux à 400 g/dm
3 pour apporter 30 g d'eau et 20 g de chaux vive par kg de sol, soit 12 kg de chaux
au m
2 et 22 dm
3 d'eau au m
2.
[0061] La procédure classique suivante de traitement du sol a été adoptée.
- 1. Fractionnement et ameublissement du sol par trois passages successifs d'un fractionneur
d'une profondeur de 40 cm, assurant une mouture de 500 à 600 mm.
- 2. Réduction par broyage de la mouture en surface, à moins de 150 à 200 mm sur une
profondeur de 15à 20 cm.
- 3. Enfouissement de lait de chaux par citerne agricole, équipée d'un enfouisseur classique
à disque combiné et patte d'oie, à raison de 25 dm3/m2, soit 17 g de chaux et 25 g d'eau par kg de sol.
- 4. Malaxage à 40 cm de profondeur avec une mouture à moins de 30 mm en un passage.
[0062] A l'issue du traitement, des prélèvements de sols ont été effectués afin d'évaluer
en laboratoire la qualité du traitement.
[0063] Ce procédé de traitement par équipement traditionnel d'enfouissement a nécessité
l'étape 2 de réduction complémentaire de la mouture à moins de 200 mm, afin d'éviter
les pertes de lait de chaux, consécutive au soulèvement fréquent des dents de l'enfouisseur.
[0064] Par ailleurs, les essais de laboratoire montrent que la teneur en eau dans le sol
est très hétérogène et parfois inférieure au seuil d'alerte, qui est de 95% de la
teneur en eau à la densité optimale, voire même du seuil de refus (90% de la teneur
en eau à la densité optimale). En effet, la teneur cible en eau est comprise entre
144 g et 177 g par kg de sol. Après un passage de l'enfouisseur traditionnel, la teneur
en eau variait entre 119 g et 177 g/kg de sol, montrant des déficits certains par
endroit. Par contre, un second passage de l'enfouisseur conduit à des teneurs trop
élevées, comprises entre 193 g et 219 g/kg de sol.
[0065] Un seul passage d'enfouisseur ne permet donc pas d'atteindre la teneur en eau recherchée.
Certaines valeurs sont trop faibles et ne permettent pas de réceptionner la plate-forme.
Le travail doit être repris. Il faudrait donc pouvoir augmenter la quantité enfouie
à chaque passage
[0066] Par ailleurs, on relève la présence de ruissellement en surface au droit des sillons
d'enfouissement. La profondeur de pénétration est trop faible ; il faudrait l'augmenter
afin de supprimer le ruissellement.
[0067] Enfin, on constate que la dispersion des valeurs de teneur en eau est trop grande,
jusqu'à plus de 30% de la valeur ciblée : près de 60 g d'écart par kg de sol (119
g/kg à 177 g/kg) entre les valeurs extrêmes, lors d'un seul passage. La répartition
du liquide de traitement dans le sol n'est pas assez régulière.
Exemple comparatif 2
[0068] Un chantier d'autoroute traversant des matériaux évolutifs, du type pélites, roches
très compactes qui se délitent toutefois en présence d'eau, nécessite un enfouissement
de 50 dm
3 d'eau au m
2, avant traitement à la chaux.
[0069] Pour la réalisation d'une arase de terrassement, la procédure classique suivante
de traitement du sol a été adoptée.
- 1. Fractionnement et ameublissement du sol par un passage d'un fractionneur d'une
profondeur de 40 cm, assurant une mouture à moins de 600 mm.
- 2. Chargement, évacuation et mise en stock des pélites.
- 3. Apport du matériau de substitution.
- 4. Humidification du matériau d'apport par enfouisseur traditionnel.
- 5. Apport de chaux vive.
- 6. Malaxage du sol.
- 7. Ajustement de la teneur en eau.
- 8. Malaxage du sol.
[0070] Ce procédé de traitement par équipement traditionnel d'enfouissement a nécessité
les étapes 2 et 3 d'évacuation des pélites et d'apport d'un matériau de substitution.
[0071] En effet, les équipements traditionnels d'ajout d'eau ne permettent pas de traiter
directement la fraction granulométrique allant jusqu'à 600 mm de ces roches (soulèvement
des dents...). Par ailleurs, le nombre de passages nécessaires des engins de fractionnement
(bulldozers ou compacteurs équipés de dents de fractionnement) pour réduire la taille
des roches à moins de 200 mm serait prohibitif. De plus, des roches de grande taille
restent enfouies dans les matériaux, rendant impropre le sol à l'usage recherché,
exigeant une granulométrie inférieure à 200 mm. Les pélites sont donc évacuées et
remplacées par un matériau fin de substitution, ce qui retarde le chantier et augmente
considérablement les coûts.
[0072] Il faudrait donc un équipement qui permette d'enfouir l'eau suffisamment profondément
dans le sol afin d'entraîner le délitage des pélites dans la masse du sol travaillé.
Ce matériel devra permettre de travailler en présence de blocs de taille jusqu'à 600
mm.
Exemple conforme à l'invention 3
[0073] On traite un sol pour la réalisation de l'arase de terrassement d'un chantier d'autoroute,
similaire à celui de l'exemple comparatif 2 et comprenant des matériaux du type pélites,
très compactes mais se délitant en présence d'eau. On prévoit un enfouissement d'eau
avant traitement à la chaux.
[0074] Une procédure de traitement du sol selon l'invention a été adoptée.
- 1. Fractionnement et ameublissement du sol par un passage d'un fractionneur d'une
profondeur de 40 cm, assurant une mouture à moins de 600 mm.
- 2. Passage d'un compacteur, équipé de dents de fractionnement.
- 3. Passage d'un équipement, d'enfouissement, qui participe au décompactage du sol
et ajoute 20 dm3 d'eau par m2. Lors de cette même opération d'enfouissement, les blocs de grande taille sont remontés
en surface.
- 4. Passage d'un compacteur, équipé de dents de fractionnement ou enlèvement de gros
blocs.
- 5. Enfouissement de lait de chaux avec un équipement, afin d'effectuer un ajout complémentaire
de 30 dm3 d'eau par m2 et un apport de chaux correspondant à un dosage de 1,5% par rapport à la matière
sèche du sol.
- 6. Malaxage du sol.
[0075] A l'issue du traitement, des prélèvements de sols ont été effectués afin d'évaluer
en laboratoire la qualité du traitement.
[0076] Ce procédé de traitement selon l'invention évite tout d'abord les étapes 2 et 3 de
l'exemple comparatif 2 d'évacuation des pélites et d'apport d'un matériau de substitution.
L'ensemble des étapes 2 à 4 de l'exemple comparatif 2 sont remplacées par une humidification
directe des roches grossières au moyen de l'équipement, encadrées par deux opérations
de compactage. Le procédé selon l'invention s'avère donc plus simple, plus rapide
et moins coûteux, pour les étapes 2 à 4 du procédé.
[0077] Par ailleurs, dans le procédé selon l'invention, l'apport d'eau peut facilement être
limité à l'étape 3, en évitant tout risque de ruissellement tout en apportant assez
d'eau pour le délitage des roches. En effet, le complément d'eau est apporté en réutilisant
l'équipement d'enfouissement pour ajouter un lait de chaux plutôt qu'une chaux vive,
comme à l'exemple comparatif 2. En effet, l'équipement d'enfouissement permet d'injecter
à la profondeur suffisante (35 à 55 cm) un lait de chaux sans risque de ruissellement,
présent à l'exemple comparatif 1, avec un équipement traditionnel. Il n'y a pas de
correction hydrique nécessaire après l'étape 6, comme c'est le cas dans la solution
traditionnelle, aux étapes 7 et 8 de l'exemple comparatif 2.
[0078] Le procédé de traitement des sols selon l'invention permet donc la valorisation sur
place de pélites qui se présentent initialement sous forme de roches compactes, traditionnellement
non réutilisées.
[0079] De même, contrairement au traitement traditionnel de l'exemple comparatif 1, le procédé
selon l'invention permet de respecter scrupuleusement les teneurs en eau recherchées
sur TOUTE la largeur de l'équipement, sans zone morte (zone non traitée). Il n'y a
donc pas de dispersion importante des valeurs des teneurs en eau selon l'invention,
comme c'était le cas avec l'équipement traditionnel de l'exemple comparatif 1. En
effet, la teneur en eau du sol variait à peine de ± 2 g/kg sol, pour une cible de
175 g/kg
[0080] L'équipement d'enfouissement remplit donc plusieurs rôles :
- l'aide au fractionnement du sol ;
- l'apport d'eau dans un sol rocailleux, avec une répartition constante dans le sol
;
- l'enfouissement de la quantité de chaux, nécessaire au traitement du sol.
[0081] Pour un apport d'eau limité à 50 dm
3/m
2, le procédé selon l'invention économise un passage d'enfouisseur (en comparaison
avec l'exemple comparatif 1). Par ailleurs, le procédé selon l'invention permet d'éviter
l'épandage avec la chaux pulvérulente (en comparaison avec l'exemple comparatif 2)
; il évite également la correction hydrique finale et un passage de malaxage. L'équipement
augmente les performances de malaxage, en participant à la réduction de la taille
des blocs dans le sol, évite l'usure prématurée ou la rupture des rotors, en permettant
l'extraction des blocs de taille importante.
[0082] Il est bien entendu que la présente invention n'est en aucune façon limitée aux formes
de réalisations décrites ci-dessus et que bien des modifications peuvent y être apportées
sans sortir du cadre des revendications annexées.