[0001] L'invention concerne un procédé de fabrication d'aciers inoxydables stabilisés permettant
d'obtenir de façon économique une dispersion très fine de carbonitrures après solidification,
avec un risque minimisé de bouchage de busette lors de la coulée.
[0002] L'invention concerne également des aciers inoxydables stabilisés, coulés en continu,
présentant une dispersion très fine de carbonitrures répartis de façon homogène. Pour
stabiliser ces aciers inoxydables, on procède à des additions d'éléments stabilisants,
en poche. On sait en effet qu'une précipitation éventuelle de carbures de chrome aux
joints de grains peut conduire à un appauvrissement local en chrome et donc à une
sensibilisation à la corrosion intergranulaire. Des éléments tels que le titane, le
zirconium, le niobium, le vanadium qui forment des carbures, nitrures ou carbonitrures
plus stables que les carbures de chrome, sont donc utilisés comme éléments stabilisants
pour fixer le carbone et l'azote.
[0003] Les additions de titane ou de ferro-titane en poche se font par exemple sous forme
de fil fourré ou d'éponge. Il existe cependant des inconvénients à ces additions précoces,
c'est à dire au stade de la poche :
- compte tenu du délai s'écoulant entre les additions et la solidification en lingotière,
une partie des précipités a le temps de coalescer et de s'agglomérer au sein du métal
liquide, conduisant à un accroissement de la taille moyenne des précipités et à la
présence de certains précipités de taille plus importante. Ceci a une influence néfaste
sur les propriétés mécaniques car l'amorçage de l'endommagement intervient en premier
lieu sur les précipités de plus grande taille. De plus, certains agglomérats de précipités
peuvent se retrouver sur la peau des demi-produits après coulée et entraîner des défauts
de surface qui doivent être éliminés par des traitements mécaniques coûteux.
- Par ailleurs, une oxydation partielle des éléments stabilisants peut intervenir et
un certain nombre de précipités a le temps de décanter, ce qui diminue notablement
le rendement des additions de ces éléments.
[0004] Il est envisagé de stabiliser les aciers inoxydables au stade de la coulée continue.
La coulée continue d'acier est un procédé bien connu : celui-ci consiste à couler
à partir d'une poche, un métal liquide dans un panier répartiteur destiné à réguler
le débit puis, à partir de ce dernier, d'effectuer une coulée dans la partie supérieure
d'une lingotière en cuivre sans fond refroidie à l'eau et animée d'un mouvement vertical
alternatif. On extrait au moyen de rouleaux le demi-produit solidifié de la partie
inférieure de la lingotière.
[0005] L'acier liquide est introduit dans la lingotière au moyen d'un conduit tubulaire
appelé busette disposé entre le répartiteur et la lingotière.
[0006] On a ainsi proposé un dispositif de coulée permettant des additions au stade de la
lingotière, décrit dans le brevet
EP269180 du Centre de Recherches Métallurgiques : le métal liquide est coulé sur le sommet
d'un dôme en matériau réfractaire d'un organe répartiteur. La forme de ce dôme provoque
un écoulement du métal vers sa périphérie, l'écoulement étant dévié vers la paroi
interne de la busette ou d'un organe tubulaire vertical intermédiaire. On crée ainsi,
dans la partie centrale de la busette sous l'organe répartiteur, un volume sans métal
liquide au sein duquel il est possible d'effectuer des additions par un canal d'injection.
Le dispositif ainsi décrit porte le nom de busette à jet creux ou « Hollow Jet Nozzle
».
[0007] Utilisant ce dispositif, le brevet
BE1014063 décrit un procédé d'addition de poudres métalliques pour former des oxydes lors de
la solidification. Dans ce but, on coule un acier présentant un taux d'oxygène dissous
(O
2) donné à partir du répartiteur vers la lingotière, on effectue une addition (M) de
poudre métallique, on contrôle le rapport M/O
2 et on mélange la poudre au métal liquide de façon à former des oxydes métalliques.
[0008] Même si la formation de ces oxydes peut jouer un rôle favorable en augmentant la
fraction de zone équiaxe sur le demi-produit solidifié, ce procédé ne permet cependant
pas d'apporter une réponse à la stabilisation des aciers inoxydables puisqu'il ne
concerne pas le piégeage du carbone et de l'azote. L'application d'un tel procédé
aux aciers inoxydables n'est d'ailleurs pas mentionnée dans ce brevet.
[0009] Le brevet
WO2006096942 décrit une addition de nanoparticules de céramique technique au sein d'une busette
à jet creux. Ces particules de céramique peuvent être des oxydes, nitrures, carbures,
borures, siliciures. Ces particules sont caractérisées par une grande stabilité thermique,
si bien qu'aucune réaction n'intervient pratiquement entre celles-ci et le métal liquide.
Ce procédé est cependant difficile à mettre en oeuvre en raison d'une agglomération
des nanoparticules qui ont tendance à former des particules de plus grande taille
provoquant éventuellement les défauts mentionnés ci-dessus. Là encore, l'application
d'une telle technique aux aciers inoxydables n'est pas mentionnée dans le brevet.
[0010] Le but de l'invention est de proposer un procédé pour la fabrication d'aciers inoxydables
stabilisés présentant une dispersion fine et régulière de nitrures et/ou de carbonitrures.
On cherche en particulier à obtenir un grand nombre de fins précipités, de taille
inférieure à 2,5 micromètres, tout en limitant le nombre de précipités grossiers de
taille supérieure à 10 micromètres.
[0011] Un autre but de l'invention est de proposer un procédé présentant une meilleure efficacité
concernant le rendement des additions d'éléments stabilisants, comparés aux procédés
d'addition en poche.
[0012] Un autre but de l'invention est de disposer d'un procédé permettant de minimiser
le risque de bouchage de busettes en coulée continue d'aciers inoxydables.
[0013] Un autre but de l'invention est de disposer de demi-produits d'aciers inoxydables
présentant une structure de solidification équiaxe à l'issue de la coulée continue,
même sans mise en oeuvre de techniques de brassage électromagnétique.
[0014] Un autre but de l'invention est de disposer de demi-produits d'aciers inoxydables
présentant une bonne homogénéité sur une section transversale par rapport à la direction
de coulée continue.
[0015] L'invention a ainsi pour objet un procédé de fabrication d'un demi-produit en acier
inoxydable stabilisé comportant une étape de coulée au moyen d'une busette à jet creux
disposée entre un panier répartiteur et une lingotière de coulée continue, la busette
comprenant dans sa partie supérieure un organe répartiteur permettant de dévier le
métal liquide arrivant à l'entrée de la busette, définissant ainsi un volume intérieur
sans métal liquide. Le procédé est caractérisé en ce qu'on approvisionne, sous forme
de métal liquide dans le panier répartiteur, un acier inoxydable non stabilisé ne
contenant pas de précipités de nitrures, de carbures et de carbonitrures, puis on
coule le métal liquide au moyen de la busette en effectuant simultanément une addition
de poudre métallique dans le volume intérieur du jet creux, la poudre métallique contenant
au moins un élément permettant la stabilisation de l'acier inoxydable, l'addition
étant réalisée à une température de l'acier liquide comprise entre T
liquidus+10°C et T
liquidus+40°C. On solidifie le métal liquide, la solidification débutant moins de 2 secondes
à partir de l'addition, pour obtenir le demi-produit
[0016] L'invention a également pour objet un procédé selon l'un des modes ci-dessus caractérisé
en ce que l'élément permettant la stabilisation est choisi parmi un ou plusieurs des
éléments suivants : titane, niobium, zirconium, vanadium.
[0017] Préférentiellement, l'élément permettant la stabilisation est le titane, les teneurs
en titane, carbone et azote de l'acier inoxydable, exprimées en pourcentage massique,
satisfaisant à : Ti≥0,15+ 4 (C+N)
[0018] Selon un mode particulier, l'acier est un acier inoxydable ferritique, ou inoxydable
austénitique, ou inoxydable martensitique ou inoxydable austéno-ferritique.
[0019] L'invention a également pour objet un produit en acier inoxydable fabriqué à partir
d'un demi-produit élaboré par un procédé selon l'un des modes ci-dessus, caractérisé
en ce que l'élément permettant la stabilisation est le titane et que le nombre de
précipités de nitrures ou de carbonitrures de titane de taille inférieure à 2,5 micromètres,
est supérieur à 15000/cm
2.
[0020] Le nombre de nitrures ou de carbonitrures de titane de taille supérieure à 10 micromètres,
est préférentiellement inférieur à 50/cm
2.
[0021] Selon un mode préféré, la distance moyenne interprécipités est inférieure à 15 micromètres.
[0022] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront au cours de la
description ci-dessous donnée à titre d'exemple et faite en référence à la figure
1 jointe qui représente schématiquement un exemple de dispositif pour mettre en oeuvre
le procédé selon l'invention.
[0023] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront au cours de la
description ci-dessous donnée à titre d'exemple.
[0024] L'invention qui va être exposée s'adresse à une large gamme d'aciers inoxydables
susceptibles d'être stabilisés par des additions de titane, de niobium ou de zirconium,
de vanadium ou d'autres éléments stabilisants, ces éléments étant utilisés seuls ou
en combinaison.
[0025] On met en particulier avantageusement l'invention en oeuvre dans la fabrication d'aciers
inoxydables ferritiques du type X 3CrTi17, de composition selon la norme NF.EN 10.088-1
et 2 : C<0,050, Si<1,00%, Mn<1,00%, P<0,040%, S<0,015%, Cr:16,00-18,00%, N<0,045%,
0,15+4(C+N) <Ti<0,080%, les teneurs étant exprimées en pourcentage massique.
[0026] Le procédé selon l'invention est le suivant :
- On élabore au moyen d'un procédé connu en soi, un métal liquide destiné à la fabrication
d'acier inoxydable ferritique, ou inoxydable austénitique, ou inoxydable martensitique
ou inoxydable austéno-ferritique. Au stade de la poche, avant coulée, l'acier liquide
peut faire l'objet de différentes opérations métallurgiques :
- additions complémentaires pour mise à la nuance de l'acier
- désoxydation du métal liquide
- brassage du bain par un gaz neutre de façon à assurer l'homogénéisation thermique
avant coulée
[0027] A ce stade, même si le métal liquide peut éventuellement contenir une faible quantité
d'élément permettant la stabilisation de l'acier inoxydable, aucune précipitation
de cet élément n'intervient. L'addition principale d'élément stabilisant et sa précipitation
interviennent ultérieurement, comme décrit ci-dessous.
[0028] On coule à partir de la poche vers le panier répartiteur un métal liquide contenant
une teneur en azote N et en carbone C, présents sous forme d'éléments dissous : la
composition et la température du métal liquide sont telles qu'il n'existe pas de précipités
de nitrures, carbures, de carbonitrures, dans ces conditions. Les teneurs en carbone
et en azote permettent d'ajuster les quantités d'éléments stabilisants qui seront
ajoutés ultérieurement.
[0029] La poche est coulée dans un panier répartiteur 1 comportant un fond avec un dispositif
de fermeture 2 dont l'obturation plus ou moins complète permet de réguler le débit
vers une busette de coulée 3. A ce stade, la température de l'acier liquide ne doit
pas être trop importante. On verra en effet plus loin que les additions effectuées
au sein de la busette à jet creux doivent être effectuées à une température présentant
un écart limité par rapport à la température de liquidus (désignée par T
liquidus) de l'acier.
[0030] Au moyen de ses connaissances générales et des spécificités du dispositif de coulée
qui conditionnent la perte de température entre le panier répartiteur et la busette,
l'homme du métier saura ajuster la température de coulée en fonction des caractéristiques
de l'invention exposées ci-dessous.
[0031] Comme on l'a exposé, le procédé selon l'invention nécessite l'utilisation d'une busette
à jet creux. Cette busette comporte un dôme répartiteur 4 en matériau réfractaire
percé d'un ou de plusieurs canaux d'injection qui débouchent dans la partie inférieure
centrale du dôme sous forme de tubes d'injection 5. Il est ainsi possible d'ajouter
une poudre métallique entraînée par un gaz vecteur. La poudre injectée 6 se mélange
avec le métal liquide qui a été dévié par la partie supérieure du dôme vers les parois
de la busette ou d'un organe tubulaire intermédiaire entre la busette proprement dite
et le panier répartiteur.
[0032] L'alimentation en poudre est réalisée par un ou plusieurs tubes 7 reliés eux-mêmes
à un ou plusieurs réservoirs 8. La partie supérieure 9 de ces réservoirs de poudre
est mise sous pression grâce à un gaz neutre vecteur tel que l'argon, ce qui permet
de protéger la poudre de l'oxydation. Un débit de gaz adapté force la poudre à s'écouler
vers la busette à jet creux avec un débit correspondant à la quantité que l'on souhaite
ajouter. L'écoulement de la poudre peut être également facilité par un dispositif
mécanique tel qu'une vis sans fin. La granulométrie de la poudre doit être choisie
de manière à assurer un écoulement facile entre les réservoirs et la busette ainsi
qu'une fusion quasi-immédiate dans le métal liquide. Une granulométrie sphérique,
de taille comprise entre 100 et 200 micromètres, est ainsi bien adaptée à ces exigences.
[0033] Cette poudre contient un ou plusieurs éléments métalliques destinés à assurer la
stabilisation de l'acier inoxydable, ainsi :
- le titane, qui peut être utilisé pur ou sous forme de ferro-titane pour des raisons
de coût. Ces additions sont destinées à former des nitrures de titane TiN d'une grande
stabilité ou des carbonitrures Ti(C,N)
- le zirconium, formant lui aussi des nitrures et des carbonitrures très stables.
- le niobium, destiné essentiellement à former des carbonitrures Nb(C,N)
- le vanadium, formant également des carbonitrures
[0034] Des poudres de ces éléments métalliques peuvent être naturellement mélangées de façon
à réaliser une combinaison particulière telle que par exemple une bi-stabilisation
titane-niobium. Il est également possible de mélanger les poudres ci-dessus avec des
ferro-alliages ou de la poudre de fer dans le but de diminuer la température de surchauffe
à la sortie de la busette à jet creux de façon à augmenter la fraction de zone équiaxe
du demi-produit après solidification.
[0035] Simultanément à la coulée, on effectue l'addition de la poudre comportant le ou les
éléments stabilisants dans un métal liquide à une température comprise entre T
liquidus+10°C et T
liquidus+40°C. Cette gamme particulière de température d'addition permet tout à la fois :
- d'obtenir une précipitation fine et intense de nitrures et de carbonitrures
- de favoriser la solidification sous une forme équiaxe.
[0036] Lorsque la température d'addition est trop élevée par rapport au liquidus, le temps
qui s'écoule entre la formation des nitrures ou des carbonitrures et la fin de la
solidification s'accroît, ce qui entraine une augmentation de leur taille, phénomène
non désiré.
[0037] Par contre, lorsque la température d'addition est trop faible par rapport au liquidus,
le procédé devient plus sensible à une variation intempestive des paramètres de fabrication,
il existe un risque de bouchage de la busette.
[0038] Dès l'addition au sein de la busette à jet creux, l'élément stabilisant est fondu
par contact du métal liquide en quelques dixièmes de seconde. La poudre étant protégée
de l'oxydation par le gaz neutre jusqu'à son contact avec le métal liquide, le rendement
de l'addition est élevé.
[0039] On ajoute une quantité suffisante d'éléments stabilisants pour que l'azote et le
carbone soient totalement précipités et pour que le produit de solubilité correspondant
à la formation de ces précipités soit atteint ou dépassé à la température où on réalise
l'addition. Les nitrures et/ou les carbonitrures précipitent alors immédiatement sous
une forme très fine.
[0040] Après addition, on débute la solidification du métal liquide en moins de 2 secondes,
celle-ci débutant sur les parois de la lingotière 10. Ce temps de maintien très limité
des précipités dans le métal liquide permet d'éviter une augmentation de leur taille.
L'homme du métier saura adapter les différents paramètres à sa disposition tels que
: hauteur du dispositif d'injection par rapport à la lingotière, débit d'injection,
mise en oeuvre plus ou moins importante des échangeurs thermiques, vitesse d'extraction
du demi-produit, température de surchauffe, injection complémentaire de poudre de
ferro-alliage pour accélérer la solidification, pour que le délai entre l'addition
et le début de la solidification soit inférieur à 2 secondes.
[0041] Un mode préféré de réalisation repose sur l'utilisation de titane dans le but de
former une précipitation de nitrures et/ou de carbonitrures fins et dispersés. Selon
l'invention, les teneurs en titane, en carbone et en azote de l'acier inoxydable,
exprimées en pourcentage massique, sont telles que : Ti≥0,15 +4(C+N). Dans ces conditions,
la quantité de titane ajoutée permet une stabilisation totale de l'acier.
[0042] Une particularité des aciers inoxydables obtenus selon l'invention réside dans la
grande homogénéité de la dispersion des nitrures et des carbonitrures avec une plus
faible distance moyenne inter-précipités, si bien qu'une éventuelle sensibilisation
en raison d'une zone appauvrie localement est réduite.
[0043] Selon un autre mode préféré de réalisation de l'invention, les paramètres ci-dessus,
et notamment le débit d'injection de poudre et la température de surchauffe, sont
adaptés de façon à obtenir une structure de solidification totalement équiaxe sur
demi-produit. Ce dernier terme désigne par exemple une brame (épaisseur de l'ordre
de 200mm), une brame mince (épaisseur de l'ordre de 50-80mm), une bande mince (épaisseur
de l'ordre de 1-3 mm), une billette, non encore déformée mécaniquement à chaud. Une
telle structure équiaxe est particulièrement avantageuse dans le domaine des aciers
inoxydables ferritiques pour minimiser le défaut de chiffonnage (« roping ») On sait
que ce défaut se manifeste par la formation d'irrégularités de surface après emboutissage
parallèles à la direction de laminage. Il est dû à la présence de structures hétérogènes
avant laminage à froid et recuit, elles-mêmes résultant de structures de solidification
colonnaire.
[0044] L'addition de poudre s'avère avantageuse pour obtenir une structure totalement équiaxe
car les précipités jouent le rôle de sites de germination, empêchant ainsi la formation
d'une solidification de type colonnaire ou basaltique moins favorable. L'invention
permet donc d'éviter éventuellement de mettre en oeuvre des techniques de brassage
électromagnétique qui sont utilisées usuellement à ce dessein.
[0045] Après fabrication du demi-produit, celui-ci peut être laminé à chaud ou à froid,
décapé, recuit, selon les procédés conventionnels, pour obtenir de la sorte un produit
qui peut prendre des formes variées telles que bande à chaud, tôle mince, ou produit
long de formes diverses.
[0046] En l'absence de traitement de remise en solution, les caractéristiques de la précipitation
sont pratiquement identiques sur les demi-produits et les produits obtenus à partir
de ces demi-produits. Les avantages conférés par l'invention sur les demi-produits
se retrouvent donc sur les produits obtenus. A titre d'exemple non limitatif, les
résultats suivants vont montrer les caractéristiques avantageuses conférées par l'invention.
Exemple:
[0047] On a élaboré deux coulées d'acier inoxydable ferritique stabilisées au titane dont
les compositions, exprimées en pourcentage pondéral, figurent au tableau 1. L'acier
A a été élaboré selon l'invention dans des conditions qui vont être exposées, l'acier
B a été fabriqué selon une technique de coulée continue conventionnelle.
Tableau 1 Compositions des aciers
|
C |
Mn |
Si |
Cr |
Cu |
Ni |
S |
Ti |
V |
N |
A |
0,016 |
0,34 |
0,38 |
16,27 |
0,05 |
0,10 |
0,006 |
0,30 |
0,12 |
0,015 |
B |
0,02 |
0,34 |
0,38 |
16,16 |
0,04 |
0,16 |
0,006 |
0,45 |
0,08 |
0,012 |
A= Fabriqué selon l'invention
B= Fabriqué selon une technique conventionnelle |
[0048] Dans la nuance B, l'addition de titane a été réalisée en poche, sous forme d'éponge
de titane.
[0049] Dans l'élaboration de la nuance A selon l'invention, le métal liquide dans le panier
répartiteur ne contient pas de titane. Cet élément a été ajouté au sein d'une busette
à jet creux sous forme de poudre de ferro-titane (titane 70%-fer 30%) de granulométrie
comprise entre 100 et 200 micromètres. La température d'addition de la poudre est
de T
liquidus+35° C. La solidification du métal débute moins de deux secondes après addition, sur
les parois de la lingotière. Différentes coulées sous forme de brames ont été effectuées
selon l'invention sans rencontrer de problème de bouchage de busette. Ceci est une
conséquence de la précipitation tardive caractéristique du procédé, du faible temps
de maintien des précipités au sein du métal liquide et un avantage vis-à-vis des procédés
d'addition conventionnels.
[0050] Après laminage à chaud des brames pour obtenir des bandes de 3 mm d'épaisseur, on
a relevé la présence de précipités de nitrures de titane sur des coupes polies. La
distribution de taille de ces précipités est mesurée par analyse d'images selon la
procédure définie dans la norme ASTM E1245. La densité des précipités est exprimée
en nombre de précipités par cm
2.
[0051] On a également mesuré la distance moyenne inter-précipités. Les résultats de ces
mesures sont les suivants :
Tableau 2 : Caractéristiques de répartition des précipités
|
Nombre de TiN de taille inférieure à 2,5µm (N/cm2) |
Nombre de TiN de taille supérieure à 10µm (N/cm2) |
Distance moyenne inter-précipités (micromètres) |
Acier A (invention) |
17560 |
30 |
14,2 |
Acier B (référence) |
9320 |
110 |
24,6 |
Valeurs soulignées : non conformes à l'invention |
[0052] Une densité de fins précipités (<2,5µm) supérieure à 15000/cm
2 garantit une répartition très homogène des nitrures de titane. De la sorte, le piégeage
du carbone et de l'azote est assuré de façon très complète et uniforme.
[0053] Une densité de précipités grossiers (>10µm) inférieure à 50/cm
2 permet d'assurer qu'un amorçage de la rupture n'intervient pas de façon prématurée
lors d'une sollicitation mécanique.
[0054] Ces deux caractéristiques sont observées pour l'acier fabriqué selon le procédé de
l'invention. Par rapport à un procédé conventionnel, l'invention permet de multiplier
par un facteur d'environ 2 le nombre de fins précipités et de diviser par un facteur
d'environ 3 le nombre de précipités grossiers.
[0055] Des observations ont été effectuées sur une section transversale par rapport à la
direction de coulée sur une bande de 1m de large et de 3 mm d'épaisseur fabriquée
selon l'invention. Les mesures réalisées au centre, 1/3 largeur, 2/3 largeur et au
bord de la bande révèlent que la précipitation est très uniforme. En particulier,
la distance moyenne inter-précipités est pratiquement identique entre le centre et
la rive de la bande. Les demi-produits ou les produits fabriqués selon l'invention
présentent donc une grande homogénéité de structures et de propriétés.
[0056] De plus, la structure de solidification examinée sur des coupes polies et attaquées
transversales de brames est totalement équiaxe. L'absence de zones colonnaires se
révèle favorable pour éviter le défaut de chiffonnage. Le rendement de l'addition
de titane (rapport entre le titane présent dans le produit final et le titane ajouté
sous forme de poudre) est de 95 à 100% dans le procédé selon l'invention. Ce rendement
est donc très supérieur à celui du procédé conventionnel, de l'ordre de 60%.
[0057] Le procédé selon l'invention permet donc de fabriquer de façon économique et fiable
des nuances d'acier inoxydables stabilisées présentant une dispersion très fine de
nitrures ou de carbonitrures.
1. Procédé de fabrication d'un demi-produit en acier inoxydable stabilisé comportant
une étape de coulée au moyen d'une busette à jet creux disposée entre un panier répartiteur
(1) et une lingotière de coulée continue (10), ladite busette comprenant dans sa partie
supérieure un organe répartiteur (4) permettant de dévier le métal liquide arrivant
à l'entrée de ladite busette, définissant ainsi un volume intérieur sans métal liquide,
caractérisé en ce que :
- on approvisionne, sous forme de métal liquide dans ledit panier répartiteur, un
acier inoxydable non stabilisé ne contenant pas de précipités de nitrures, de carbures
et de carbonitures, puis
- on coule ledit métal liquide au moyen de ladite busette en effectuant simultanément
une addition de poudre métallique (6) dans ledit volume intérieur dudit jet creux,
ladite poudre métallique contenant au moins un élément permettant la stabilisation
dudit acier inoxydable, ledit au moins un élément étant choisi parmi le titane, le
zirconium, le niobium, le vanadium, ladite addition étant réalisée à une température
de l'acier liquide comprise entre Tliquidus+10°C et Tliquidus+40°C, et en quantité suffisante pour que l'azote et le carbone soient entièrement
précipités et pour que le produit de solubilité correspondant à la formation de ces
précipités soit atteint ou dépassé à la température où on réalise l'addition, puis
- on solidifie ledit métal liquide, la solidification dudit métal liquide débutant
moins de 2 secondes à partir de ladite addition, pour obtenir ledit demi-produit.
2. Procédé suivant la revendication 1,
caractérisé en ce que ledit élément permettant la stabilisation est le titane, les teneurs en titane, carbone
et azote dudit acier inoxydable satisfaisant à, les teneurs étant exprimées en pourcentage
massique :
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 2, caractérisé en ce que ledit acier est un acier inoxydable ferritique, ou inoxydable austénitique, ou inoxydable
martensitique ou inoxydable austéno-ferritique.
4. Produit en acier inoxydable fabriqué à partir d'un demi-produit élaboré par un procédé
selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que sa structure de solidification est totalement équiaxe, en ce que l'élément permettant la stabilisation est le titane, et en ce que le nombre de nitrures ou de carbonitures de titane de taille inférieure à 2,5 micromètres,
est supérieur à 15000/cm2, en ce que la distance moyenne interprécipités est inférieure à 15 micromètres, et en ce que le nombre de nitrures ou de carbonitrures de titane de taille supérieure à 10 micromètres,
est inférieur à 50/cm2.
1. Verfahren zum Herstellen eines Halbzeugs aus stabilisiertem rostfreien Stahl, aufweisend
einen Schritt des Gießens mittels eines Gießrohres mit Hohlstrahl, das zwischen einem
Verteilerbehälter (1) und einer Stranggießkokille (10) angeordnet ist, wobei das Gießrohr
in seinem oberen Abschnitt ein Verteilermittel (4) aufweist, das ermöglicht, das flüssige
Metall, das am Eingang des Gießrohres ankommt, abzulenken, wodurch ein Innenvolumen
ohne Flüssigmetall definiert wird,
dadurch gekennzeichnet, dass:
- ein nicht stabilisierter rostfreier Stahl, der keine Nitrid-, Karbid- und Carbonitrid-Fällungen
enthält, in Form von Flüssigmetall in den Verteilerbehälter zugeführt wird, anschließend
- das Flüssigmetall mittels des Gießrohres gegossen wird, wobei gleichzeitig ein Hinzufügen
von Metallpulver (6) in das Innenvolumen des Hohlstrahls durchgeführt wird, wobei
das Metallpulver mindestens ein Element enthält, welches das Stabilisieren des rostfreien
Stahls ermöglicht, wobei das mindestens eine Element aus Titan, Zirkonium, Niobium,
Vanadium ausgewählt wird, wobei das Hinzufügen bei einer Temperatur des flüssigen
Stahls von zwischen Tliquidus + 10°C und Tliquidus +40°C und in einer Menge erfolgt, die ausreicht, damit der Stickstoff und der Kohlenstoff
vollständig gefällt werden und damit das Löslichkeitsprodukt, das der Ausbildung dieser
Fällungen entspricht, bei der Temperatur, bei der das Hinzufügen durchgeführt wird,
erreicht oder überschritten wird, und anschließend
- das Flüssigmetall verfestigt wird, wobei das Verfestigen des Flüssigmetalls weniger
als zwei Sekunden ab dem Hinzufügen beginnt, um das Halbzeug zu erhalten.
2. Verfahren gemäß Anspruch 1,
dadurch gekennzeichnet, dass das Element, welches das Stabilisieren ermöglicht, Titan ist, wobei die Gehalte an
Titan, Kohlenstoff und Stickstoff des rostfreien Stahls folgendes erfüllen, wobei
die Gehalte in Massenprozent ausgedrückt werden:
3. Verfahren gemäß irgendeinem der Ansprüche 1 bis 2, dadurch gekennzeichnet, dass der Stahl ein rostfreier ferritischer oder rostfreier austenitischer oder rostfreier
martensitischer oder rostfreier austenoferritischer Stahl ist.
4. Produkt aus rostfreiem Stahl, das ausgehend von einem Halbzeug hergestellt wird, das
mittels eines Verfahrens gemäß irgendeinem der Ansprüche 1 bis 3 erstellt wird, dadurch gekennzeichnet, dass seine Verfestigungsstruktur vollständig gleichachsig ist, dass das Element, welches
das Stabilisieren ermöglicht, Titan ist, und dass die Anzahl von Titannitriden oder
Titancarbonitriden mit einer Größe von kleiner als 2,5 Mikrometer größer als 15000/cm2 ist, dass der mittlere Zwischenfällungsabstand kleiner als 15 Mikrometer ist und
dass die Anzahl von Titannitriden oder Titancarbonitriden mit einer Größe von größer
als 10 Mikrometer kleiner als 50/cm2 ist.