DOMAINE TECHNIQUE
[0001] La présente invention appartient au domaine de la maintenance de voies de circulation
pour des systèmes de transport guidés. Elle concerne plus particulièrement un procédé
de détermination de ripages d'un rail d'une voie ferrée en domaine absolu. La présente
invention trouve une application particulièrement avantageuse, bien que nullement
limitative, dans la maintenance du tracé de voies ferrées.
ÉTAT DE LA TECHNIQUE
[0002] Au cours de leur utilisation, les rails de chemins de fer, qui assurent aussi bien
le guidage transversal et le soutien vertical de trains, sont soumis à diverses contraintes
pouvant affecter leur structure, et donc a fortiori leur trajectoire. En particulier,
l'accroissement au cours du temps du trafic ferroviaire, mais aussi de la charge des
convois, impactent de manière défavorable les profils notamment transversaux et longitudinaux
des rails. C'est aussi le cas de facteurs externes à l'exploitation des rails, comme
par exemple les mouvements de terrain ou encore des gradients de température élevés.
[0003] En résulte alors l'apparition de défauts, bien que faibles (de l'ordre de quelques
millimètres) mais modifiant notamment localement la courbure des rails, limitant alors
l'exploitation de la voie ferrée à une vitesse inférieure à une vitesse prescrite,
et impactant la stabilité des trains avec des conséquences importantes sur le confort
des utilisateurs voire potentiellement sur la sécurité des circulations.
[0004] Dans l'optique d'un comportement optimal de roulement sur les rails, il importe donc
de corriger ces défauts, par exemple par rectification des rails de la voie ferrée.
Par rectification d'un rail ferroviaire, on entend ici le fait de lui imposer localement
des déplacements selon des directions privilégiées de l'espace.
[0005] De manière conventionnelle, de tels déplacements sont déterminés au moyen d'un procédé
comportant une étape préliminaire de détermination de paramètres géométriques caractéristiques
de la courbure dudit rail, ainsi qu'une étape de calcul de déplacements à imposer
en des points dudit rail, dits points de contrôle, dans le but de calibrer ces paramètres
géométriques sur des valeurs correspondantes d'un profil de référence, généralement
archivées lors de la pose de la voie ferrée.
[0006] On connait différents procédés selon le principe général décrit ci-avant, notamment
ceux visant à déterminer lors de ladite étape préliminaire des distances caractéristiques,
dite flèches, mesurant l'écart entre le rail et des cordes réelles ou virtuelles sous-tendant
chaque arc reliant deux points de contrôle répartis de part et d'autre, et de manière
adjacente, d'un troisième point de contrôle. L'objectif à atteindre étant alors la
détermination de distances correctives, dites ripages, à appliquer auxdits points
de contrôle afin de modifier lesdites flèches. La méthode dite « Hallade », connue
de l'homme du métier, repose sur ce principe général, tout comme par exemple le procédé
décrit dans la demande de brevet
FR 15 53409.
[0007] Il est à noter que lesdites flèches sont déterminées le long du rail au moyen d'un
dispositif de mesure, comme par exemple un lorry. Ce dernier est assimilable à un
système mécanique comportant un signal d'entrée et un signal de sortie qui sont respectivement
une représentation de la géométrie intrinsèque du rail le long duquel il se déplace
et lesdites flèches relevées, ces signaux d'entrée et de sortie étant mises en correspondance
au moyen d'une fonction de transfert.
[0008] L'utilisation du formalisme des flèches dans des procédés de ripages est certes avantageuse,
et donc largement répandue, car elle permet de décrire des défauts de petites dimensions
(quelques millimètres) relativement à certaines grandes distances caractéristiques
du rail (plusieurs centaines de mètres pour des rayons de courbure), ce que ne permettent
pas des relevés topographiques le long du rail pour ces raisons de rapports de distances,
mais aussi de temps et de main d'oeuvre.
[0009] Il convient néanmoins de tenir compte du fait que ces flèches ne constituent pas
une représentation la plus fidèle possible de la géométrie intrinsèque du rail. Elles
sont en effet obtenues par application de ladite fonction de transfert à des paramètres
de la géométrie intrinsèque du rail, ladite fonction de transfert étant classiquement
basée sur un modèle théorique de mesure à trois points, et non pas sur les caractéristiques
mécaniques propres dudit dispositif de mesure. Ledit modèle théorique introduit donc
un biais entre la géométrie réelle du rail et sa représentation au moyen des flèches.
En outre, ce biais peut se propager à la détermination des ripages puisque ces derniers
sont calculés à partir desdites flèches, de sorte que la correction des défauts du
rail peut être entachée d'erreurs et peut être différente de celle qu'il conviendrait
d'appliquer au regard de la géométrie du rail.
[0010] En outre, l'efficacité des procédés de détermination de ripages connus de l'homme
de métier est limitée par le fait que les flèches sont obtenues par une seule fonction
de transfert telle que décrite ci-dessus. En effet, certaines caractéristiques fréquentielles
de ladite fonction de transfert, telle que sa bande passante, font qu'elle se comporte
comme un filtre coupant certaines longueurs d'onde, se révélant ainsi inadaptée à
la représentation de défauts du rail associés auxdites longueurs d'onde coupées. Ces
défauts ne sont donc pas pris en compte dans lesdits procédés de détermination de
ripages et ne peuvent donc pas être corrigés.
[0011] Le document
US 5,012,413 A divulgue un procédé de détermination de ripages similaire.
EXPOSÉ DE L'INVENTION
[0012] La présente invention a pour objectif de remédier à tout ou partie des inconvénients
de l'art antérieur, notamment ceux exposés ci-avant, en proposant un procédé qui permette
de déterminer les ripages d'un rail d'une voie ferrée en domaine absolu et qui présente
des étapes adaptées au calcul des ripages à partir d'une représentation fidèle du
rail, ainsi qu'à la prise en compte dans le calcul desdits ripages de défauts du rail
répartis sur un spectre étendu (longueurs d'onde de l'ordre du mètre aux longueurs
d'onde de l'ordre de la centaine de mètres) grâce à l'utilisation de plusieurs fonctions
de transfert.
[0013] A cet effet, l'invention concerne un procédé de détermination de ripages d'un rail
de voie ferrée en domaine absolu, ledit rail étant assimilable à une courbe échantillonnée
en des points de contrôle successifs en lesquels ont été obtenues des flèches au moyen
d'un nombre N de fonctions de transfert distinctes les unes des autres, N étant supérieur
ou égal à 1, et chaque flèche étant associée à une seule desdites fonctions de transfert
de sorte à former N ensembles de flèches.
[0014] En outre, ledit procédé de détermination de ripages d'un rail de voie ferrée en domaine
absolu comporte les étapes successives suivantes de :
- modélisation du rail par un signal dit profil absolu estimé au moyen desdites flèches
obtenues,
- décomposition du profil absolu en un premier sous-signal dit tracé visé du rail et
représentatif de la trajectoire du rail telle qu'adaptée à satisfaire des conditions
améliorées d'exploitation du rail, ainsi que d'un deuxième sous-signal dit dressage
du rail et représentatif des déformations subies par ledit tracé visé du rail au cours
du temps,
- détermination auxdits points de contrôle de ripages de sorte qu'en chaque point de
contrôle la somme dudit ripage et dudit dressage du rail est nulle.
[0015] Dans des modes particuliers de mise en oeuvre, le procédé de détermination de ripages
d'un rail de voie ferrée en domaine absolu comporte l'une ou plusieurs des caractéristiques
suivantes, prises isolément ou selon toutes les combinaisons techniquement possibles.
[0016] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, ladite décomposition du profil absolu
estimé selon le tracé visé du rail et le dressage du rail est obtenue à partir d'un
filtrage fréquentiel prédéterminé dudit profil absolu estimé selon respectivement
une première fenêtre fréquentielle et une deuxième fenêtre fréquentielle, chacune
desdites fenêtres fréquentielles comportant une borne inférieure et une borne supérieure.
[0017] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, lesdites première et deuxième fenêtres
fréquentielles sont respectivement un premier intervalle de longueurs d'onde et un
deuxième intervalle de longueurs d'onde, la borne supérieure et la borne inférieure
respectivement dudit premier intervalle et dudit deuxième intervalle étant égales
à une borne asservie à l'abscisse curviligne le long du rail ainsi qu'à une valeur
prédéterminée de couloir de ripages.
[0018] Dans un mode particulier, une épure du rail a été obtenue lors de la pose ou de la
maintenance dudit rail au moyen d'une fonction de transfert associée à ladite épure,
et dans lequel l'étape de décomposition du profil absolu comporte les sous-étapes
successives suivantes de :
- détermination du tracé visé par application à une épure du rail d'une fonction de
transfert inverse de la fonction de transfert associée à ladite épure du rail,
- détermination d'un dressage intermédiaire par différence entre ledit profil absolu
estimé et ledit tracé visé,
- détermination dudit dressage du rail par filtrage fréquentiel dudit dressage intermédiaire.
[0019] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, lorsque le nombre N de fonctions de transfert
est strictement supérieur à 1, ladite étape de modélisation du rail comporte les sous-étapes
successives suivantes de:
- estimation de N profils absolus intermédiaires par application à chaque ensemble de
flèches d'une fonction de transfert inverse de la fonction de transfert associée audit
ensemble de flèches,
- filtrage fréquentiel desdits N profils absolus intermédiaires selon respectivement
N sous-fenêtres fréquentielles de sorte à obtenir N profils absolus intermédiaires
filtrés,
- recomposition dudit profil absolu estimé à partir desdits N profils absolus intermédiaires
filtrés.
[0020] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, lorsque le nombre N de fonctions de transfert
est strictement supérieur à 1, ladite étape de modélisation du rail comporte les sous-étapes
successives suivantes de:
- filtrage fréquentiel desdits N ensembles de flèches selon respectivement N sous-fenêtres
fréquentielles de sorte à obtenir N ensembles de flèches filtrés,
- estimation de N profils absolus intermédiaires filtrés par application à chaque ensemble
de flèches filtré d'une fonction de transfert inverse de la fonction de transfert
associée à l'ensemble de flèches dont le filtrage lors de la sous-étape de filtrage
fréquentiel fournit ledit ensemble de flèches filtré,
- recomposition dudit profil absolu estimé à partir desdits N profils absolus intermédiaires
filtrés.
[0021] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, une valeur seuil est associée à chaque
sous-fenêtre fréquentielle lors de ladite sous-étape de filtrage fréquentiel, chacune
desdites sous-fenêtres fréquentielles comportant en outre une borne inférieure et
une borne supérieure déterminant une plage fréquentielle au cours de laquelle la variation
du module de ladite fonction de transfert inverse associée à ladite sous-fenêtre fréquentielle
est bornée autour de 1 par ladite valeur seuil.
[0022] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, les bornes inférieure et supérieure respectives
desdites sous-fenêtres fréquentielles sont déterminées de manière itérative de sorte
que la réunion desdites sous-fenêtres fréquentielles décrivent un spectre fréquentiel
continu similaire au spectre du rail.
[0023] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, lesdits profils absolus intermédiaires
filtrés sont additionnés composante fréquentielle par composante fréquentielle au
cours de ladite sous-étape de recomposition dudit profil absolu estimé.
[0024] Dans un mode particulier de mise en oeuvre, lorsque le nombre N de fonctions de transfert
est strictement supérieur à 1, ladite étape de modélisation du rail comporte les sous-étapes
successives suivantes de:
- filtrage fréquentiel desdits N ensembles de flèches selon respectivement N sous-fenêtres
fréquentielles de sorte à obtenir N ensembles de flèches filtrés,
- détermination d'un signal de flèches filtré par recomposition desdits N ensembles
de flèches filtrés,
- détermination dudit profil absolu estimé par application audit signal de flèches filtré
d'une fonction de transfert inverse d'une fonction de transfert théorique admettant
en entrée et sortie respectivement un profil absolu, représentatif de la géométrie
réelle du rail, et ledit signal de flèches filtré.
PRÉSENTATION DES FIGURES
[0025] Les caractéristiques et avantages de l'invention seront mieux appréciés grâce à la
description qui suit, description qui expose les caractéristiques de l'invention au
travers de modes de mise en oeuvre préférés, qui n'en sont nullement limitatifs.
[0026] La description s'appuie sur les figures annexées qui représentent :
- Figure 1 : une représentation d'un organigramme d'un exemple de mise en oeuvre d'un
procédé de détermination de ripages d'un rail d'une voie ferrée en domaine absolu.
- Figure 2 : une représentation d'un organigramme d'un exemple de mise en oeuvre du
procédé de la figure 1 au cours duquel, lors d'une étape 100, le tracé visé est obtenu
par déconvolution d'une épure du rail, et le dressage est obtenu par filtrage fréquentiel
d'un dressage intermédiaire obtenu quant à lui par différence entre ledit profil absolu
estimé et ledit tracé visé.
- Figure 3 : une représentation d'un organigramme d'un exemple de mise en oeuvre du
procédé de la figure 1 au cours duquel, lors de l'étape 50, le profil absolu estimé
du rail est modélisé grâce à des flèches relevées le long du rail au moyen d'un nombre
N de fonctions de transfert, N étant strictement plus grand que 1.
- Figure 4 : une représentation d'un organigramme d'un exemple de mise en oeuvre du
procédé de la figure 1, lors de l'étape 50, le profil absolu estimé du rail est modélisé
grâce à N ensembles de flèches filtrés, N étant strictement plus grand que 1.
- Figure 5 : une représentation d'un organigramme d'un exemple de mise en oeuvre du
procédé de la figure 1, lors de l'étape 50, le profil absolu estimé du rail est modélisé
par déconvolution d'un signal de flèches filtré obtenu par recomposition de N ensembles
de flèches filtrés, N étant strictement plus grand que 1.
DESCRIPTION DÉTAILLÉE D'UN MODE DE MISE EN OEUVRE DE L'INVENTION
[0027] La
figure 1 représente un organigramme d'un exemple de mise en oeuvre d'un procédé de détermination
de ripages d'un rail d'une voie ferrée en domaine absolu.
[0028] L'invention, telle que décrite dans le présent exemple de réalisation, vise spécifiquement
un rail ferroviaire, mais reste applicable à tous types de rails, notamment ceux de
systèmes de transports guidés destinés à circuler sur un réseau monorail ou multirails.
[0029] En particulier, une voie ferrée est un réseau double rails. Dès lors, ladite invention
s'applique à l'un quelconque des deux rails de ladite voie ferrée, sans perte de généralité,
et étant entendu qu'une fois des ripages déterminés pour un desdits deux rails (préférentiellement
le rail de plus grand rayon pour l'homme du métier dans la mesure où ledit rail de
plus grand rayon est en pratique le rail de guidage en courbe), ces ripages sont aussi
reliables à l'autre desdits deux rails grâce à la connaissance de l'entre rail desdits
deux rails.
[0030] De manière classique, un rail de ladite voie ferrée est assimilable dans un plan
longitudinal relativement au sens de déplacement le long dudit rail à une courbe s'étendant
entre une première extrémité et une deuxième extrémité, et comportant des éléments
successifs tels que des alignements ainsi que des arcs de cercles reliés entre eux
par des raccordements progressifs, chacun desdits éléments comportant une origine
et une fin. En particulier, ces différents éléments participent à la caractérisation
de la géométrie du rail dans la mesure où ils présentent une courbure, fonction du
déplacement suivant leur trajectoire respective, qui est :
- nulle pour les alignements,
- constante non nulle pour les arcs de cercles,
- de variation linéaire pour les raccordements progressifs.
[0031] De plus, on note que chaque point de ladite courbe du rail est associé, de manière
connue en soi, à un repère de Frenet comportant, d'une part, un vecteur unitaire tangent
à ladite courbe en ledit point, et d'autre part un vecteur unitaire normal audit vecteur
tangent.
[0032] On définit pour la suite de la description les côtés gauche et droit dudit rail comme
étant les côtés situés sur la gauche et la droite de tout système de transport guidé
circulant, le long du rail dans le sens du kilométrage, de ladite première extrémité
à ladite deuxième extrémité.
[0033] Il est à noter que dans la suite de la description, la distance entre deux points
de ladite courbe est comprise au sens de la longueur du segment reliant lesdits deux
points. Ainsi, ladite distance est différenciée de la distance curviligne séparant
lesdits deux points, cette dernière étant comptée le long de la courbe du rail au
moyen de l'abscisse curviligne s ayant pour origine l'un desdits deux points.
[0034] En munissant ledit plan longitudinal d'un repère cartésien comportant une origine
quelconque fixe, notée O, ainsi que deux axes, un axe des abscisses X et un axe des
ordonnées Y, lesdits deux axes passant par O et étant non parallèles entre eux, ladite
courbe admet une représentation sous forme d'un signal (autrement dit d'une fonction
numérique) donnant une ordonnée de ladite courbe dans ledit repère cartésien selon
l'abscisse X, et est noté dans la suite de la description R(X). Il est cependant important
de noter que dans ledit repère cartésien, et pour certaines configurations géométriques
du rail, ledit signal R(X) ne correspond pas à une représentation explicite de la
courbe du rail, ce qui peut encore être formulé d'un point de vue mathématique en
constatant que ladite fonction R(X) est multivaluée, ou encore non univoque (dit encore
autrement, il existe au mois une droite parallèle à l'axe des ordonnées Y et qui intersecte
la courbe du rail en au moins 2 points). Il est connu de l'homme du métier qu'une
telle représentation est désavantageuse lorsqu'il importe d'étudier d'un point de
vue numérique la géométrie du rail.
[0035] Aussi, on définit pour la suite de la description une paramétrisation de la courbe
du rail sous la forme d'un signal (autrement dit d'une fonction numérique) noté Y
t dépendant de l'abscisse curviligne s le long de la courbe du rail. En notant C la
courbure locale de la courbe du rail, qui est également une fonction de s de manière
connue en soi, ledit signal Y
t(
s) est défini au moyen de la formule suivante :
[0036] Une telle paramétrisation de la courbe du rail est bien connue de l'homme du métier
et présente l'avantage d'être explicite, c'est-à-dire que la fonction Y
t(
s) est monovaluée, ou encore univoque. De cette manière, la fonction Y
t(
s) est définie uniquement à partir d'invariants euclidiens qui sont respectivement
l'abscisse curviligne le long de la courbe du rail ainsi que la courbure de ladite
courbe. Cette paramétrisation du rail est par conséquent qualifiée d'absolue intrinsèque
car elle constitue une représentation de la géométrie du rail qui est indépendante
de son orientation dans ledit plan longitudinal. Dans la suite de la description,
ladite paramétrisation absolue intrinsèque est nommée profil absolu du rail. Par ailleurs,
ledit profil absolu est classiquement représenté dans un repère orthogonal ayant pour
abscisse s et pour ordonnée Y
t(
s), et dit repère orthogonal absolu.
[0037] On définit également pour la suite de la description une flèche en un point déterminé
du rail, dit point de la flèche, comme étant la distance entre ledit point de la flèche
et un point auxiliaire d'une corde, de longueur prédéfinie, sous-tendant un sous-ensemble
dudit rail contenant ledit point de la flèche. En outre, ledit point auxiliaire de
la corde est la projection, sur ladite corde, du point de la flèche selon la direction
du vecteur normal du repère de Frenet associé audit point de la flèche (qui est encore
la direction selon l'ordonnée du repère de Frenet).
[0038] Ladite flèche est une mesure algébrique, c'est-à-dire une longueur affectée d'un
signe positif ou négatif selon que le point de flèche est, conventionnellement, situé
sur un élément de la courbe du rail dont le centre de courbure est positionné respectivement
à droite ou à gauche du rail. De plus ladite flèche participe aussi à la caractérisation
de la géométrie du rail dans la mesure où son sens de variation, eu égard à la position
du point de la flèche le long du rail, est identique à celui de la courbure, tel que
décrit ci-avant.
[0039] On comprend ainsi que la caractérisation d'une flèche relève non seulement du point
du rail en lequel celle-ci est mesurée, mais aussi tout autant de la longueur de la
corde associée. Il est donc virtuellement possible de définir une infinité de flèches
en un même point d'un rail, en fonction de la longueur de la corde employée et de
la position dudit point du rail relativement aux deux points d'intersection de la
corde et dudit rail.
[0040] Par exemple, et à titre d'exemple nullement limitatif, la corde utilisée pour déterminer
une flèche est de longueur adaptée de telle sorte que les deux points du rail positionnés
à l'intersection de la corde et dudit rail, dits points adjacents, sont équidistants
dudit point de la flèche de 10m (en conséquence la corde a une longueur inférieure
à 20m). Une telle configuration est classiquement utilisée en ingénierie ferroviaire,
c'est-à-dire connue de l'homme du métier, et est avantageuse lorsque, par exemple,
un cordeau est utilisé pour mesurer les flèches sur le terrain, ce dernier ne subissant
dès lors pas de déformations sensibles sous l'effet de son poids. Rien n'exclut cependant
d'avoir d'autres configurations de longueur de corde, par exemple avec une longueur
de corde de 10m et des points adjacents positionnés, de manière nullement limitative,
à équidistance du point de la flèche. Dans d'autres exemples, ledit point de la flèche
n'est pas équidistant desdits points adjacents.
[0041] Une flèche est mesurée (ou, de manière équivalente, relevée) par des moyens de mesure
connus de l'homme du métier, dont le fonctionnement peut être automatique, tel que
par exemple des capteurs de déplacement linéaire, ou bien nécessitant une intervention
humaine. La mesure de la flèche est par conséquent dépendante de la géométrie du rail,
mais aussi surtout desdits moyens de mesure mis en oeuvre et de leurs déplacements
le long du rail de sorte qu'elle fournit une paramétrisation du rail qualifiée de
relative, par opposition au profil absolu décrit ci-avant.
[0042] Ledit profil absolu et les flèches relevées le long du rail sont mis en correspondance
dans cet ordre au moyen d'une fonction de transfert caractéristique desdits moyens
de mesure mis en oeuvre. De cette manière, le profil absolu du rail constitue un signal
d'entrée des moyens de mesure, ladite fonction de transfert réalisant des opérations
mathématiques à partir de quantités géométriques caractéristiques dudit profil absolu
de sorte à fournir un signal de sortie desdits moyens de mesure, à savoir lesdites
flèches. Il est à noter que, comme c'est déjà le cas pour le profil absolu, ledit
signal de flèches est fonction de l'abscisse curviligne le long de la courbe du rail.
Ledit signal de flèches est classiquement représenté dans un repère orthogonal ayant
pour abscisse s et pour ordonnée la valeur de la flèche, et dit repère orthogonal
des flèches.
[0043] Dans la suite de la description, on adopte la convention qu'un signal est une fonction
numérique qui satisfait les conditions nécessaires et suffisantes (régularité, périodicité)
à un développement en harmoniques sinusoïdales, lesdites harmoniques allant des basses
aux hautes fréquences (respectivement, de manière équivalente, des grandes aux petites
longueurs d'onde) selon un pas prédéterminé, chacune desdites harmoniques sinusoïdales
étant en outre caractérisée par son amplitude et sa phase. Dans la suite de la description,
on emploie aussi l'expression « composante fréquentielle » au lieu de celle d'harmonique
sinusoïdale sans que cela n'entraîne de confusion. En outre, le fait de se placer
en régime harmonique en ce qui concerne la description de signaux équivaut de façon
connue de l'homme du métier à décrire ces derniers en régime fréquentiel.
[0044] Dans le présent mode de mis en oeuvre de l'invention, le profil absolu du rail (respectivement
le signal de flèches) est une fonction continue s'étendant entre lesdites première
et deuxième extrémités du rail, cette fonction pouvant en outre être définie comme
la restriction d'une fonction périodique de période égale à la longueur du rail. A
cet effet, le profil absolu du rail (respectivement le signal de flèches) satisfait
bien les conditions nécessaires et suffisantes à un développement en harmoniques sinusoïdales.
[0045] On adopte aussi la convention selon laquelle lesdits moyens de mesure, mettant en
correspondance le profil absolu du rail avec le signal de flèches, sont des systèmes
linéaires, continus et invariants de sorte qu'un signal de sortie est une fonction
linéaire du signal d'entrée qui lui est associé, et que le principe de superposition
s'applique. Les correspondances qui en découlent entre amplitudes des signaux d'entrée
et de sortie d'une part, et phases des signaux d'entrée et de sortie d'autre part,
sont connues de l'homme du métier. Il est à noter qu'une telle convention est mise
en défaut, et donc non applicable, dans l'hypothèse où lesdits moyens de mesure ont
pour entrée non pas ledit profil absolu, mais ledit signal R(X). En effet, le caractère
non univoque du signal R(X) implique que les moyens de mesure ne peuvent être modélisés
au moyen de systèmes linéaires. Dès lors, le fait d'utiliser ledit profil absolu est
clairement un avantage dans la perspective de développements numériques.
[0046] Il est par ailleurs avantageux d'utiliser le profil absolu Y
t(
s) pour décrire le rail à la place de la fonction R(X) puisqu'il permet d'estimer une
flèche en un point du rail de manière simple à partir d'une mesure de distance directement
dans ledit repère orthogonal absolu. En effet, une flèche en un point du rail d'abscisse
curviligne
sf, définie à partir d'une corde de longueur L prédéterminée ainsi que par les distances
respectives des points adjacents au point de la flèche, s'obtient dans ledit repère
orthogonal absolu en mesurant directement un écart d'ordonnée, à l'abscisse
sf, entre la courbe Y
t(
s) et une corde annexe. Ladite corde annexe étant définie de sorte que sa projection
sur l'axe des abscisses s dans le repère orthogonal absolu est de longueur L, et que
ses deux extrémités se projettent sur l'axe des abscisses s en deux points d'abscisses
respectives égales aux abscisses curvilignes desdits deux points adjacents. De telles
caractéristiques sont bien connues de l'homme du métier.
[0047] On comprend donc ainsi que le profil absolu Y
t(
s) est une représentation avantageuse du rail et de sa géométrie. Plus particulièrement,
le lien entre ledit profil absolu et les mesures de flèches le long du rail, tel qu'exposé
ci-avant, fait qu'on entend par « détermination de ripages en domaine absolu » la
détermination de ripages dudit profil absolu Y
t(
s), ces ripages étant destinés à faire varier l'amplitude dudit profil absolu Y
t(
s) de sorte à corriger les défauts du rail.
[0048] Enfin, on introduit pour la suite de la description la notion de couloir de ripages
qui correspond à l'écart maximal admissible entre des ripages effectués respectivement
à gauche et à droite du rail. Ledit couloir de ripages est typiquement une contrainte
technique fixée par un opérateur de maintenance du rail dans le but de respecter,
par exemple, des contraintes de gabarits ainsi que d'obstacles imposées audit rail.
[0049] Le procédé de détermination de ripages en domaine absolu se décompose en plusieurs
étapes successives.
[0050] La courbe du rail est échantillonnée en des points de contrôle successifs en lesquels
ont été préalablement obtenues des flèches au moyen d'un nombre N de fonctions de
transfert distinctes les unes des autres, N étant supérieur ou égal à 1, et chaque
flèche étant associée à une seule desdites fonctions de transfert de sorte à former
N ensembles de flèches.
[0051] Lesdites fonctions de transfert sont respectivement associées à des moyens de mesure
distincts les uns des autres. Par exemple, et à titre d'exemple de mise en oeuvre
nullement limitatif, les flèches sont obtenues au moyen de deux fonctions de transfert
:
- une première fonction de transfert, préférentiellement associée à des premiers moyens
de mesure configurés de sorte que la corde a une longueur de 4,4m, et chaque flèche
obtenue par ladite première fonction de transfert est associée à un point de flèche
équidistant desdits deux points adjacents,
- une deuxième fonction de transfert, préférentiellement associée à des seconds moyens
de mesure configurés de sorte que la corde a une longueur de 7,4m, et chaque flèche
obtenue par ladite deuxième fonction de transfert est associée à un point de flèche
distant de 2,2m d'un desdits deux points adjacents.
[0052] Préférentiellement, ces deux fonctions de transfert sont respectivement associées
à deux moyens de mesure différents, comme par exemple, et à titre nullement limitatif,
deux lorries.
[0053] Rien n'exclut cependant d'avoir d'autres fonctions de transfert respectivement associées
à des moyens de mesure configurés différemment, comme par exemple des moyens de mesure
dits configurés en base 10, c'est-à-dire de sorte que chaque flèche est relevée en
un point de flèche équidistant de 5m desdits points adjacents.
[0054] De manière plus générale, tout moyen de mesure de flèches est caractérisé par la
longueur de corde utilisée ainsi que par la position relative d'un point de flèche
par rapport aux points adjacents audit point de flèche. Aussi, la présente invention
est décrite avec pour seule limitation théorique le fait qu'un point de flèche ne
peut être confondu avec un point adjacent qui lui est associé. Cela revient à dire
que, pour chaque moyen de mesure, ladite longueur de corde ainsi que ladite position
relative du point de flèche, hors points adjacents, sont a priori laissées libres.
Toutefois, il convient de noter qu'il existe des configurations des moyens de mesure
présentant des caractéristiques connues et, dans certains cas, recherchées par l'homme
du métier. Par exemple, pour des moyens de mesure configurés de sorte qu'un point
de flèche est positionné à équidistance des points adjacents audit point de la flèche,
la fonction de transfert desdits moyens de mesure présente un déphasage nul. A contrario,
si ledit point de la flèche n'est pas équidistant desdits points adjacents, la fonction
de transfert desdits moyens de mesure présente un déphasage non nul. De préférence,
lorsqu'il s'agit d'effectuer des opérations de convolution/déconvolution sur un signal,
comme cela est décrit ultérieurement, il est connu de l'homme du métier que l'utilisation
de fonctions de transfert présentant un déphasage nul ou constant, de module présentant
des zéros isolés ainsi que décroissant lentement aux grandes longueurs d'onde, est
avantageux.
[0055] De cette manière, on comprend que lesdits points de contrôle en lesquels les flèches
sont préalablement relevées sont répartis le long du rail sans nécessairement être
équidistant les uns des autres. On comprend aussi que si lesdites fonctions de transfert
ont toutes en commun le même signal d'entrée, à savoir le profil absolu de la voie,
chaque flèche relevée correspond à une sortie d'une unique fonction de transfert.
Ainsi, les flèches se répartissent en N ensembles distincts, dits ensembles de flèches,
selon les fonctions de transfert dont elles dépendent respectivement.
[0056] Dans un mode de mise en oeuvre, lesdits points de contrôle sont matérialisés physiquement
sur la voie ferrée au moyen de marques identifiables visuellement, comme par exemple
des bornes mises en place lors de la pose de ladite voie ferrée, et sont destinés
à repérer les emplacements où le rail sera rectifié au moyen d'une modification de
flèche, donc d'un ripage, lesdits emplacements étant dès lors confondus avec les points
de flèches tels que définis ci-avant.
[0057] Dans un autre mode de mise en oeuvre, lorsque des dégradations sont subies par le
rail, que ce soit pour causes naturelles ou bien d'origine humaine, il arrive que
tout ou partie des points de contrôle disparaisse de sorte que la pérennisation de
la maintenance de la voie ferrée nécessite l'implantation de nouveaux points de contrôle.
A cet effet, et en référence à la demande de brevet
FR 14 61093 de la demanderesse, il est connu un procédé de mesure de la courbe du rail adapté
à réaliser des mesures justes et fidèles de la géométrie de la courbe du rail, ainsi
qu'à mettre en forme lesdites mesures de sorte à fournir lesdits points de contrôle.
[0058] Dans un exemple de mise en oeuvre dudit procédé de mesure de la courbe du rail, la
localisation des points de contrôle est réalisée au moyen du dispositif de mesure
décrit dans la demande de brevet
FR 14 50897 de la demanderesse.
[0059] Le procédé de détermination de ripages en domaine absolu comporte dans un premier
temps une étape 50, consécutive à l'obtention des flèches en lesdits points de contrôle
du rail, de modélisation du rail par un signal dit profil absolu estimé au moyen desdites
flèches obtenues. A cet effet, et en référence à la demande de brevet
EP 2 806 065 de la demanderesse, il est connu un procédé d'estimation du profil absolu du rail
adapté à la détermination, pour une fonction de transfert associée à des moyens de
mesure, d'une fonction de transfert inverse de sorte que l'application de ladite fonction
de transfert inverse auxdites flèches obtenues fournie une estimation juste et fidèle
du profil absolu du rail.
[0060] On comprend donc que lorsque le nombre N de fonctions de transfert est strictement
plus grand que 1, le procédé décrit dans la demande de brevet
EP 2 806 065 est adapté à l'estimation de N profils absolus grâce en premier lieu à la détermination
de N fonctions de transfert inverses respectivement associées auxdites N fonctions
de transfert. Aussi, on adopte dans la suite de la description la convention que ledit
profil absolu estimé lors de l'étape 50 correspond à l'une desdites N estimations
du profil absolu ou bien encore à une combinaison desdites N estimations du profil
absolu. Dans ce dernier cas, ladite combinaison sera détaillée ultérieurement dans
un mode préféré de mise en oeuvre de l'invention.
[0061] Ainsi, à l'issue de l'étape 50 de modélisation du rail par un profil absolu estimé,
est supposée disponible à tout instant une base de données comportant les points de
contrôle le long de la courbe du rail, des flèches relevées en lesdits points de contrôle
et réparties selon N ensembles de flèches, N fonctions de transfert ainsi que le profil
absolu estimé du rail. En outre, lorsque le nombre N est strictement supérieur à 1,
lesdites N fonctions de transfert sont toutes distinctes puisqu'associées à des moyens
de mesure distincts, de sorte que parmi lesdites N fonctions de transfert, il en existe
une et une seule, dite fonction de transfert passante, ayant une fréquence de coupure
supérieure aux fréquences de coupure respectives des autres fonctions de transfert.
Lorsque N est égal à 1, l'unique fonction de transfert utilisée au cours de l'étape
50 est aussi ladite fonction de transfert passante.
[0062] Le procédé de détermination de ripages d'un rail en domaine absolu comporte ensuite
une
étape 100 de décomposition du profil absolu estimé en :
- un premier sous-signal dit tracé visé du rail et représentatif de la trajectoire du
rail telle qu'adaptée à satisfaire des conditions améliorées d'exploitation du rail,
- un deuxième sous-signal dit dressage du rail et représentatif des déformations subies
par ledit tracé visé du rail au cours du temps
[0063] Les conditions améliorées d'exploitation du rail ont trait à la sécurité de déplacement
de transports guidés le long du rail à vitesse prescrite ainsi qu'au confort de voyageurs
desdits systèmes de transports guidés selon un ensemble de normes, dont notamment
la norme NF EN 13848-1. Le dressage du rail, quant à lui, est représentatif de défauts
du rail qui s'opposent au respect des conditions de sécurité, et dans une moindre
mesure au respect du confort des utilisateurs.
[0064] Dans un mode de mise en oeuvre de l'étape 100, ladite décomposition du profil absolu
estimé selon le tracé visé du rail et le dressage du rail est obtenue à partir d'un
filtrage fréquentiel prédéterminé dudit profil absolu estimé selon respectivement
une première fenêtre fréquentielle et une deuxième fenêtre fréquentielle, chacune
desdites première et deuxième fenêtres fréquentielles comportant une borne inférieure
et une borne supérieure. Ledit filtrage fréquentiel selon lesdites première et deuxième
fenêtres fréquentielles correspond ainsi à respectivement un premier et deuxième filtrages
passe-bande du profil absolu estimé, de sorte à isoler les contributions de longueurs
d'onde, respectivement contenues dans lesdites fenêtres fréquentielles, à l'amplitude
et à la phase dudit profil absolu estimé.
[0065] Par exemple, et à titre nullement limitatif, lesdites première et deuxième fenêtres
fréquentielles sont respectivement un premier intervalle de longueurs d'onde [3m,
70m] et un deuxième intervalle de longueurs d'onde [70m, 150m], de sorte que la borne
supérieure dudit premier intervalle de longueurs d'ondes est égale à la borne inférieure
dudit deuxième intervalle de longueurs d'ondes. Cela signifie que le tracé visé du
rail (respectivement le dressage du rail) se décompose selon une somme d'harmoniques
sinusoïdales, ces dernières étant de longueurs d'onde respectives comprises entre
3m et 70m (respectivement comprises entre 70m et 150m), ainsi que d'amplitudes et
de phases identiques respectivement aux amplitudes et phases des harmoniques sinusoïdales
du profil absolu estimé ayant mêmes longueurs d'onde. On comprend donc que la somme
algébrique des harmoniques sinusoïdales du tracé visé et du dressage correspond au
développement en harmoniques sinusoïdales du profil absolu estimé.
[0066] En outre, un tel choix des bornes desdits premier et deuxième intervalles de longueurs
d'onde est avantageux car représentatif des harmoniques du profil absolu estimé contribuant
majoritairement, d'une part, à s'opposer aux normes de sécurité, et d'autre part à
représenter la trajectoire du rail en conditions améliorées. En effet, il est connu
de l'homme du métier que la délimitation entre sécurité et confort se fonde sur le
spectre des défauts dans la mesure où se sont les harmoniques des paramètres mesurés,
donc ici les flèches, mais donc de manière équivalente le profil absolu estimé par
linéarité des fonctions de transfert, qui excitent des modes propres des véhicules
circulant sur le rail. Ainsi, il est notamment connu que :
- ledit premier intervalle de longueurs d'onde correspond à de courtes longueurs d'onde
au regard de la longueur totale du rail (plusieurs kilomètres), et sont ainsi les
plus contraignantes en termes de sécurité, et dans une moindre mesure en terme de
confort,
- ledit deuxième intervalle de longueurs d'onde correspond à des longueurs d'onde suffisamment
grandes pour être représentatives de la trajectoire du rail en conditions améliorées
[0067] Rien n'exclut, suivant d'autres exemples non détaillés ici, d'avoir d'autres intervalles
de longueurs d'onde au moyen desquelles sont obtenus par filtrage fréquentiel du profil
absolu estimé ledit tracé visé et ledit dressage.
[0068] Par exemple, le premier intervalle de longueurs d'onde peut être séparé en deux sous-intervalles
qui sont respectivement [3m, 25m] et [25m, 70m], de sorte à isoler avec précision,
si la maintenance du rail le nécessite, les harmoniques sinusoïdales de longueurs
d'onde comprises entre 3m et 25m représentatives de défauts particulièrement problématiques
du point de vue des normes de sécurité.
[0069] Dans un mode préférentiel de mise en oeuvre de l'étape 100, lesdites première et
deuxième fenêtres fréquentielles sont respectivement un premier intervalle de longueurs
d'onde et un deuxième intervalle de longueurs d'onde dont respectivement la borne
supérieure et la borne inférieure sont égales à une borne asservie à l'abscisse curviligne
le long du rail ainsi qu'à une valeur prédéterminée de couloir de ripages. A cet effet,
il convient dans un premier temps de déterminer l'abscisse curviligne des origines
et fins respectives des éléments composant le rail, ces éléments étant de type alignements,
arcs de cercle et raccordements progressifs comme évoqué ci-avant. Les origines et
fins desdits éléments, ainsi que leurs abscisses curvilignes respectives, s'obtiennent
par exemple visuellement au moyen d'un signal de flèches représenté dans ledit repère
orthogonal des flèches, ledit signal de flèche étant alors avantageusement, et de
manière connue de l'homme du métier, celui qui est obtenu au moyen de ladite fonction
de transfert passante. En effet, ladite fonction de transfert passante est adaptée
à fournir un signal de flèches dont la représentation dans le repère orthogonal des
flèches laisse apparaître, de manière suffisante nette pour être notée visuellement,
l'enchaînement des différents éléments composant le rail.
[0070] Dès lors, la borne asservie est obtenue selon une règle d'asservissement stipulant
que lorsque l'abscisse curviligne le long du rail est comprise dans un intervalle
dont les bornes sont les abscisses curvilignes d'un élément du rail (alignement, cercle,
raccordement progressif), ladite borne asservie est égale à :
- la longueur le long du rail dudit élément (soit donc la longueur curviligne dudit
élément) si l'amplitude crête à crête du dressage du rail, obtenu par filtrage fréquentiel
du profil absolu estimé selon ledit premier intervalle de longueurs d'onde dont la
borne supérieure est égale à ladite borne asservie, reste inférieure à ladite valeur
prédéterminée du couloir de ripages,
- sinon une valeur de longueur d'onde obtenue par descente itérative par rapport à la
longueur curviligne dudit élément jusqu'à ce que l'amplitude crête à crête du dressage
du rail, obtenu par filtrage fréquentiel du profil absolu estimé selon ledit premier
intervalle de longueurs d'onde dont la borne supérieure est égale à ladite borne asservie,
reste inférieure à ladite valeur prédéterminée du couloir de ripages.
[0071] Aussi, il convient d'observer que le filtrage fréquentiel du profil absolu estimé,
selon ledit mode préférentiel de mise en oeuvre de l'étape 100, se fait par éléments
successifs du rail. Or, comme lesdits éléments sont a priori de nature géométrique
différente, et que de plus ils comportent chacun des défauts qui leur sont propres,
ladite borne asservie est a fortiori différente selon qu'elle est associée à tel ou
tel élément du rail. Autrement dit, dans ledit mode préférentiel de mise en oeuvre
de l'étape 100, le dressage du rail est un signal fonction de l'abscisse curviligne
et défini par morceaux, chaque morceau étant associé à un élément, si bien que ledit
signal comporte des discontinuités entre deux morceaux consécutifs. Dès lors, il est
connu de l'homme du métier que ledit dressage peut être rendu continu au moyen d'une
interpolation linéaire deux morceaux consécutifs présentant une discontinuité, ce
qui est effectivement réalisé.
[0072] Il convent de noter que ledit mode préférentiel de mise en oeuvre de l'étape 100
est particulièrement avantageux dans la mesure où il constitue un filtrage passe-bande
adaptatif, c'est-à-dire qu'il permet de sélectionner pour chaque élément du rail des
bornes de fenêtres fréquentielles adaptées à isoler au mieux les défauts du rail.
[0073] La
figure 2 représente un autre mode particulier de mise en oeuvre du procédé de la figure 1
au cours duquel, lors de l'étape 100, le tracé visé est obtenu par déconvolution d'une
épure du rail, et le dressage est obtenu par filtrage fréquentiel d'un dressage intermédiaire
obtenu quant à lui par différence entre ledit profil absolu estimé et ledit tracé
visé.
[0074] Par épure, on entend un ensemble de flèches (et donc de manière équivalente un signal
de flèches) mesurées en des points de contrôle, ledit ensemble ayant été relevé lors
de la pose initiale ou la maintenance du rail. Une telle épure est représentative
de la géométrie du rail telle que dimensionnée à son origine, c'est-à-dire avant que
ledit rail ne subisse des déformations en raison de son exploitation, et est donc
représentative d'une géométrie optimale dudit rail. En outre, il est connu de l'homme
du métier qu'une épure du rail est typiquement consignée dans des cahiers d'exploitation
et de maintenance du rail lors de la pose dudit rail, lesdits cahiers étant rendus
accessibles à des personnes habilitées à les consulter.
[0075] Par ailleurs, il convient de noter qu'en tant que signal de flèches, une épure du
rail est mise en correspondance avec le profil absolu dudit rail au moyen d'une fonction
de transfert, ladite fonction de transfert étant associée à des moyens de mesure utilisés
lors de la pose du rail pour relever ladite épure. Typiquement, les moyens de mesure
utilisés pour fournir une épure du rail sont de type 3 points purs, avec une corde
de longueur 20m et le point de la flèche positionné à équidistance desdits points
adjacents, de sorte que la fonction de transfert et la fonction de transfert inverse
associées auxdits moyens de mesure sont connues analytiquement. Rien n'exclut cependant
qu'une épure du rail puisse être obtenue avec des moyens de mesure configurés selon
des caractéristiques techniques différentes. Néanmoins, dans ledit mode particulier
de mise en oeuvre de l'étape 100, sont supposées connues la fonction de transfert
et la fonction de transfert inverse associées aux moyens de mesure d'une épure du
rail.
[0076] Tel qu'illustré par la figure 2, ladite étape 100 se décompose en plusieurs sous-étapes
successives.
[0077] Dans un premier temps, l'étape 100 comporte une
sous-étape 101 de détermination du tracé visé par application à une épure du rail d'une fonction
de transfert inverse de la fonction de transfert associée à ladite épure du rail.
[0078] A l'issue de ladite sous-étape 101, ledit tracé visé est donc différent du profil
absolu estimé, et est représentatif de la géométrie intrinsèque du rail lors de la
pose de la voie ferrée.
[0079] L'étape 100 comporte ensuite une
sous-étape 102 de détermination d'un dressage intermédiaire par différence entre ledit profil absolu
estimé et ledit tracé visé.
[0080] Ledit dressage intermédiaire est un signal représentatif des variations subies par
le rail au cours du temps du fait de son exploitation. Autrement dit, il représente
la variation de géométrie intrinsèque du rail entre la date de pose du rail et une
date ultérieure à ladite date de pose du rail. Il convient toutefois de noter que
le spectre fréquentiel du dressage intermédiaire est aussi étendu que celui du tracé
visé, ou bien encore du profil absolu estimé. Cela signifie notamment que ledit dressage
intermédiaire comporte des harmoniques sinusoïdales dont la fréquence n'est pas représentative
de fréquences caractéristiques de défauts du rail tels que recherchés par l'homme
du métier.
[0081] Aussi, l'étape 100 comporte une
sous-étape 103 de détermination dudit dressage du rail par filtrage fréquentiel dudit dressage intermédiaire.
[0082] Dans un mode de mise en oeuvre de ladite sous-étape 103, ledit filtrage fréquentiel
s'effectue au moyen d'une fenêtre fréquentiel de sorte à isoler des défauts du rail
considérés comme étant d'intérêt dans l'optique de corriger le rail au moyen de ripages.
Autrement dit, ledit filtrage fréquentiel correspond à un filtrage passe-bande. Par
exemple, et à titre nullement limitatif, ladite fenêtre fréquentielle correspond à
un intervalle de longueurs d'onde [3m, 70m] ou bien encore [3m, 25m] comme exposé
ci-avant. Dans un autre exemple, la borne supérieure de ladite fenêtre fréquentielle
est déterminée selon des caractéristiques techniques identiques à celles exposées
ci-avant dans ledit mode préférentiel de mise en oeuvre de l'étape 100.
[0083] A l'issue de l'étape 100, est ainsi disponible le tracé visé du rail représentatif
de la trajectoire du rail telle que désirée dans des conditions améliorées d'exploitation.
Est aussi disponible le dressage du rail qui traduit les défauts du rail, c'est-à-dire
les déformations subies par ce dernier au cours du temps et qui, une fois ajoutées
audit tracé visé dans le sens algébrique du terme, fournissent le profil absolu estimé
du rail tel que calculé au cours de ladite étape 50.
[0084] Le procédé de détermination de ripages en domaine absolu comporte enfin une
étape 200 de détermination auxdits points de contrôle de ripages de sorte qu'en chaque point
de contrôle la somme dudit ripage et du dressage du rail est nulle.
[0085] Dans un mode de mise en oeuvre de l'étape 200, la détermination desdits ripages consiste
dans un premier temps à créer une fonction dite fonction de ripages comme étant l'opposé,
au sens algébrique du terme, du dressage du rail. Ledit dressage du rail étant une
fonction de l'abscisse curviligne, la fonction de ripages est obtenue en multipliant
ledit dressage par - 1 de sorte qu'en chaque point de l'abscisse curviligne le long
du rail, la somme du dressage et de la fonction de ripages est nulle. Puis, dans un
deuxième temps, la détermination des ripages auxdits points de contrôle est donnée
par la valeur de ladite fonction de ripages évaluée aux abscisses curvilignes desdits
points de contrôle.
[0086] Une telle façon de déterminer les ripages auxdits points de contrôle est avantageuse
car elle est effectuée à partir d'une véritable description géométrique du rail, à
savoir le profil absolu estimé de ce dernier. Il s'agit donc d'un avantage par rapport
aux méthodes traditionnelles de détermination de ripages, telle que par exemple la
méthode Hallade, au cours desquelles des ripages sont calculés à partir de valeurs
de flèches qui sont une paramétrisation relative et non absolue du rail, lesdites
flèches étant en outre obtenues par application d'au moins une fonction de transfert
de moyens de mesure au profil absolu du rail. Or, il convient de noter que l'expression
de ladite au moins une fonction de transfert utilisée au cours desdites méthodes traditionnelles
de détermination de ripages se base sur le principe de mesure tel que théoriquement
mis en oeuvre par lesdits moyens de mesure, s'éloignant ainsi de la réalité empirique
découlant des contraintes mécaniques subies par lesdits moyens de mesure. Par exemple,
et à titre nullement limitatif, ladite au moins une fonction de transfert est celle,
connue de l'homme du métier, d'un dispositif de type 3 points purs.
[0087] Ainsi, on comprend que les ripages obtenus à l'issue de l'étape 200 ont été avantageusement
calculés à partir du profil absolu estimé décrivant avec précision le rail tel que
posé sur la voie, et non pas à partir de sa représentation au moyen des flèches. Une
telle manière de procéder permet de gagner en précision (de l'ordre du millimètre)
dans la détermination des valeurs des ripages.
[0088] Par ailleurs, l'opération mathématique permettant de déterminer les ripages à partir
du profil absolu estimé est simple à effectuer dans la mesure où elle consiste à prendre
l'opposé du dressage du rail. Il s'agit là encore d'un avantage au regard des calculs
itératifs coûteux en temps réalisés au sein des méthodes traditionnelles (un ripage
en un point de contrôle fixé du rail étant dépendant des valeurs des flèches en tous
les autres points de contrôle situés de par et d'autre dudit point de contrôle fixé).
[0089] Enfin, la détermination des ripages telle que décrite dans l'étape 200 est avantageuse
car elle permet de corriger les défauts du rail de sorte que la position de ce dernier
avant et après correction des défauts n'est pas modifiée. Ce qui permet notamment
de respecter les contraintes de gabarits ainsi que d'obstacles imposées à la voie
ferrée. En effet, dans la mesure où le dressage du rail consiste en une somme d'harmoniques
sinusoïdales, la périodicité desdites harmoniques sinusoïdales impliquent que pour
que le dressage du rail soit annulé, les ripages sont répartis de manière uniforme
à gauche et à droite du rail. Comme les ripages sont des distances algébriques, on
en déduit que la somme des ripages à droite du rail est égale à l'inverse de la somme
des ripages à gauche du rail. Dit autrement, le procédé est adapté à avoir autant
de ripages à droite du rail qu'à gauche du rail.
[0090] Alternativement, dans un autre mode de mise en oeuvre de l'étape 200, et lorsqu'il
n'est pas nécessaire d'obtenir une fonction de ripages permettant de déterminer des
ripages en des points autres que lesdits points de contrôle par continuité de ladite
fonction de ripages, les ripages sont déterminés directement à partir des valeurs
du dressage du rail en lesdits points de contrôle multipliées par -1. Cette manière
de procéder se révèle avantageuse dans l'optique d'un gain de temps de calcul puisque
la fonction de ripages toute entière n'est pas calculée. Toutefois, on note qu'une
estimation de la fonction de ripages peut être obtenue ultérieurement, sans faire
usage du dressage du rail, en interpolant lesdits ripages déterminés en les points
de contrôle du rail (interpolation linéaire, splines, etc.). La qualité de cette estimation
est classiquement dépendante du pas d'échantillonnage du rail en lesdits points de
contrôle.
[0091] La
figure 3 représente un mode préféré de mise en oeuvre du procédé de la figure 1 au cours duquel,
lors de l'étape 50, le profil absolu estimé du rail est modélisé grâce à des flèches
relevées le long du rail au moyen d'un nombre N de fonctions de transfert, N étant
strictement plus grand que 1.
[0092] Dans ledit mode préféré de mise en oeuvre, et tel qu'illustré par la figure 3, ladite
étape 50 se décompose en plusieurs sous-étapes successives.
[0093] Dans un premier temps, l'étape 50 comporte une
sous-étape 51a d'estimation de N profils absolus intermédiaires par application à chaque ensemble
de flèches d'une fonction de transfert inverse de la fonction de transfert associée
audit ensemble de flèches. Chaque fonction de transfert inverse est par exemple déterminée
au moyen du procédé d'estimation de profil absolu décrit dans la demande de brevet
EP 2 806 065.
[0094] Chacun desdits N profils absolus intermédiaires fournit une approximation du profil
absolu réel du rail, les différences entre ces N profils absolus intermédiaires résultant
des différences entre les N fonctions de transfert, et donc N fonctions de transfert
inverses, auxquelles ils sont respectivement associés. Que lesdites N fonctions de
transfert, et donc aussi lesdites N fonctions de transfert inverses, soient distinctes
les unes par rapport aux autres est par exemple dû au fait qu'elles sont associées
à des moyens de mesure ayant des configurations distinctes, comme évoqué ci-avant
dans les exemples où la longueur de corde utilisée et/ou la position du point de la
flèche par rapport auxdits points adjacents varient.
[0095] L'étape 50 comporte ensuite une
sous-étape 52a de filtrage fréquentiel desdits N profils absolus intermédiaires selon respectivement
N sous-fenêtres fréquentielles de sorte à obtenir N profils absolus intermédiaires
filtrés.
[0096] Dans un mode principal de mise en oeuvre de ladite sous-étape 52a, ledit filtrage
fréquentiel selon lesdites N sous-fenêtres fréquentielles correspond à N filtrages
passe-bande des N profils absolus intermédiaires. Il s'agit là, pour chaque profil
absolu intermédiaire, d'isoler les contributions de longueurs d'onde contenues dans
la sous-fenêtre fréquentielle associée audit profil absolu intermédiaire.
[0097] De manière classique, le profil absolu du rail ne peut être déterminé de manière
parfaite à partir d'un ensemble de flèches associées à une fonction de transfert,
et donc aussi à une fonction de transfert inverse, dans la mesure où ladite fonction
de transfert inverse comporte une bande passante de sorte qu'elle se comporte comme
un filtre atténuant, voire coupant, certaines longueurs d'onde. La fonction de transfert
inverse est ainsi inadaptée à la restitution de paramètres géométriques et de défauts
du rail associés auxdites longueurs d'onde trop atténuées et coupées, et donc au final
du profil absolu du rail dans son entièreté. En revanche, il est connu de l'homme
du métier que ladite fonction de transfert inverse est adaptée à restituer correctement
les harmoniques sinusoïdales (amplitudes et phases) du profil absolu dans un intervalle
de longueurs d'onde au cours duquel son module est à variation bornée autour de 1afin
de minimiser tout phénomène de distorsion fréquentielle. Il est en outre connu de
l'homme du métier qu'il est avantageux d'imposer une contrainte de monotonie de la
variation du module de la fonction de transfert inverse sur ledit intervalle de longueurs
d'onde. Cela n'est pas envisagé dans la suite de la description.
[0098] Par exemple, une valeur seuil
pour i appartenant à l'ensemble discret [1,N], est associée à chaque sous-fenêtre
fréquentielle lors de ladite sous-étape de filtrage fréquentiel de sorte que la largeur
de chaque sous-fenêtre fréquentielle détermine une plage fréquentielle (et donc de
manière équivalente un intervalle de longueurs d'onde) au cours de laquelle la variation
du module de la fonction de transfert inverse associée à ladite sous-fenêtre fréquentielle
est bornée autour de 1 par ladite valeur seuil de sorte que l'amplitude crête à crête
dudit module reste inférieure ou égale au double de ladite valeur seuil. Autrement
dit, le module de la fonction de transfert inverse est compris dans l'intervalle
Une telle mise en oeuvre revient donc à appliquer, pour chaque valeur seuil, un filtrage
passe-bande selon ledit intervalle de longueurs d'onde, les bornes dudit intervalle
étant déterminées par ladite valeur seuil. Dans un autre exemple, le module de la
fonction de transfert inverse est compris dans un intervalle [0,8 , 1,3].
[0099] On comprend dès lors que choisir de façon adaptée la valeur seuil de chaque sous-fenêtre
fréquentielle permet avantageusement lors de ladite sous-étape 52a de déterminer N
profils absolus intermédiaires filtrés, chaque profil absolu intermédiaire filtré
se décomposant selon des harmoniques sinusoïdales de fréquences (ou de manière équivalente
de longueurs d'onde) comprises dans la sous-fenêtre fréquentielle associée audit profil
absolu intermédiaire filtré, ces harmoniques sinusoïdales restituant de manière fidèle
les amplitudes et phases des harmoniques de mêmes fréquences appartenant au profil
absolu du rail.
[0100] Il est à noter que par « choisir de façon adaptée la valeur seuil de chaque sous-fenêtre
fréquentielle », on entend choisir la valeur seuil de chaque sous-fenêtre fréquentielle
de sorte que, d'une part, le module de chacune desdites fonctions de transfert inverses
soit borné autour de 1 comme évoqué ci-avant, et aussi que, d'autre part, lesdites
sous-fenêtres fréquentielles ne se chevauchent pas et permettent de décrire de manière
continue un spectre fréquentiel similaire au spectre du profil absolu, dit spectre
du rail.
[0101] Ainsi, dans un mode préférentiel de mise en oeuvre dudit mode principal de mise en
oeuvre de la sous-étape 52a, les bornes inférieure et supérieure respectives desdites
sous-fenêtres fréquentielles sont déterminées de manière itérative au moyen de valeurs
seuils associées respectivement auxdites sous-fenêtres fréquentielles et de sorte
que la réunion desdites sous-fenêtres fréquentielles décrivent un spectre fréquentiel
continu similaire au spectre du rail.
[0102] Par exemple, et dans un premier temps, lesdites N fonctions de transfert sont triées
par ordre d'intérêt, ledit intérêt étant fonction du moyen de mesure le plus approprié
au type de rail dont on souhaite obtenir un profil absolu estimé. Ce choix est laissé
à l'appréciation de l'homme du métier, et peut par exemple consister à trier lesdites
fonctions de transfert inverses par longueur de corde décroissante des moyens de mesure
qui leur sont associés, ou inversement. On remarque par ailleurs que trier lesdites
N fonctions de transfert est équivalent à trier selon le même ordre lesdites fonctions
de transfert inverses ainsi que lesdits N profils absolus intermédiaires obtenus à
l'issue de l'étape 51a. Dans la suite de la description, lesdits N profils absolus
intermédiaires sont triés par ordre d'intérêt décroissant, et sont nommés dans cet
ordre : premier profil absolu intermédiaire, deuxième profil absolu intermédiaire,
etc. Dès lors, et dans un deuxième temps, un premier profil absolu intermédiaire filtré
est déterminé par filtrage dudit premier profil absolu intermédiaire au moyen d'une
première sous-fenêtre fréquentielle. Les bornes inférieure et supérieure de ladite
première sous-fenêtre fréquentielle sont quant à elles déterminées au moyen d'une
première valeur seuil selon des caractéristiques techniques identiques à celles décrites
ci-avant pour que le module de la fonction de transfert inverse associée audit premier
profil absolu intermédiaire soit borné autour de 1. Puis, dans un troisième temps,
un deuxième profil absolu intermédiaire filtré est déterminé par filtrage dudit deuxième
profil absolu intermédiaire au moyen d'une deuxième sous-fenêtre fréquentielle. Les
bornes inférieure et supérieure de ladite deuxième sous-fenêtre fréquentielle sont
quant à elles déterminées au moyen d'une deuxième valeur seuil selon des caractéristiques
techniques identiques à celles décrites ci-avant pour que le module de la fonction
de transfert inverse associée audit deuxième profil absolu intermédiaire soit borné
autour de 1, et par ailleurs sous la contrainte que la borne inférieure de ladite
deuxième sous-fenêtre fréquentielle soit égale à la borne supérieure de ladite première
sous-fenêtre fréquentielle. Les bornes inférieure et supérieure des autres sous-fenêtres
fréquentielles sont ensuite déterminées itérativement, en suivant l'ordre d'intérêt
choisi, selon le même principe de sorte que la réunion desdites sous-fenêtres fréquentielles
décrivent un spectre fréquentiel continu similaire au spectre du rail.
[0103] On comprend en effet que lorsque par exemple au moins deux sous-fenêtres fréquentielles
se chevauchent de sorte à définir une plage fréquentielle commune auxdites au moins
deux sous-fenêtres fréquentielles, les profils absolus intermédiaires filtrés respectivement
associés auxdites au moins deux sous-fenêtres fréquentielles comportent des harmoniques
sinusoïdales de fréquences respectives identiques puisque comprises dans ladite plage
fréquentielle commune. Dès lors, les amplitudes desdites harmoniques sinusoïdales
de fréquences respectives communes s'ajoutent lors de la recomposition du profil estimé,
comme décrit ci-après, ce qui conduit à une contribution énergétique, aux dites fréquences
communes, surévaluée pour ledit profil absolu estimé.
[0104] Par ailleurs, on comprend qu'il est aussi avantageux que lesdites sous-fenêtres fréquentielles
soient contigües de sorte qu'aucune harmonique sinusoïdale, potentiellement porteuse
d'énergie à une fréquence appartenant au spectre du rail, ne soit omise lors de la
recomposition du profil absolu estimé, comme décrit ci-après.
[0105] L'étape 50 comporte ensuite une
sous-étape 53a de recomposition dudit profil absolu estimé à partir desdits N profils absolus intermédiaires
filtrés.
[0106] Dans un mode de mise en oeuvre de ladite sous-étape 53a, lesdits profils absolus
intermédiaires filtrés sont additionnés composante fréquentielle par composante fréquentielle
au cours de ladite sous-étape de recomposition dudit profil absolu estimé.
[0107] Dans un exemple de mise en oeuvre, lorsque les N profils absolus intermédiaires filtrés
se décomposent selon des harmoniques sinusoïdales de fréquences (ou de manière équivalente
de longueurs d'onde) comprises dans les sous-fenêtres fréquentielles associées respectivement
auxdits N profils absolus intermédiaires filtrés, de sorte que lesdites sous-fenêtres
fréquentielles ne se chevauchent pas et permettent de décrire de manière continu un
spectre fréquentiel similaire au spectre du rail, le profil absolu estimé du rail
est obtenu en sommant toutes les harmoniques sinusoïdales desdits N profils absolus
intermédiaires filtrés. De cette manière, le profil absolu estimé obtenu par sommation
est avantageusement adapté à décrire la géométrie réelle du rail.
[0108] On comprend donc que l'utilisation d'une pluralité de fonctions de transfert, telle
que décrite ci-avant dans l'étape 50 et illustré par la figure 2, permet de contourner
des difficultés inhérentes à l'utilisation d'une seule fonction de transfert, dont
notamment le fait que ladite une seule fonction de transfert est inadaptée à la représentation
de l'ensemble des défauts du rail, et donc a fortiori à la détermination de ripages
ajustés à la géométrie réelle du rail tout entier.
[0109] La
figure 4 représente un autre mode particulier de mise en oeuvre du procédé de la figure 1
au cours duquel, lors de l'étape 50, le profil absolu estimé du rail est modélisé
grâce à N ensembles de flèches filtrés, N étant strictement plus grand que 1.
[0110] Tel qu'illustré par la figure 4, ladite étape 50 se décompose en plusieurs sous-étapes
successives.
[0111] Dans un premier temps, l'étape 50 comporte une
sous-étape 51b de filtrage fréquentiel desdits N ensembles de flèches selon respectivement N sous-fenêtres
fréquentielles de sorte à obtenir N ensembles de flèches filtrés.
[0112] Dans un mode de mise en oeuvre de ladite sous-étape 51b, ledit filtrage fréquentiel
selon lesdites N sous-fenêtres fréquentielles correspond à N filtrages passe-bande
des N ensembles de flèches. Il s'agit là, pour chaque ensemble de flèches, d'isoler
les contributions de longueurs d'onde contenues dans la sous-fenêtre fréquentielle
associée audit ensemble de flèches. Un tel filtrage fréquentiel est réalisé selon
des caractéristiques techniques identiques à celles décrites ci-avant dans la sous-étape
52a, à savoir que lesdits ensembles de flèches de ladite sous-étape 51b remplacent
lesdits profils absolus intermédiaires de ladite sous-étape 52a.
[0113] L'étape 50 comporte ensuite une
sous-étape 52b d'estimation de N profils absolus intermédiaires filtrés par application à chaque
ensemble de flèches filtré d'une fonction de transfert inverse de la fonction de transfert
associée à l'ensemble de flèches dont le filtrage lors de l'étape 51b fournit ledit
ensemble de flèches filtré. Une telle estimation desdits N profils absolus intermédiaires
filtrés est réalisée selon des caractéristiques techniques identiques à celles décrites
ci-avant dans la sous-étape 51a, à savoir que lesdits profils absolus intermédiaires
filtrés et ensembles de flèches filtrés de ladite sous-étape 51b remplacent respectivement
lesdits profils absolus intermédiaires et ensembles de flèches de ladite sous-étape
51b.
[0114] Enfin, l'étape 50 comporte une
sous-étape 53b de recomposition dudit profil absolu estimé à partir desdits N profils absolus
intermédiaires filtrés. Une telle recomposition dudit profil absolu estimé est réalisée
selon des caractéristiques techniques identiques à celles décrites ci-avant dans la
sous-étape 53a.
[0115] La
figure 5 représente un autre mode particulier de mise en oeuvre du procédé de la figure 1
au cours duquel, lors de l'étape 50, le profil absolu estimé du rail est modélisé
par déconvolution d'un signal de flèches filtré obtenu par recomposition de N ensembles
de flèches filtrés, N étant strictement plus grand que 1.
[0116] Tel qu'illustré par la figure 5, ladite étape 50 se décompose en plusieurs sous-étapes
successives.
[0117] Dans un premier temps, l'étape 50 comporte une
sous-étape 51c de filtrage fréquentiel desdits N ensembles de flèches selon respectivement N sous-fenêtres
fréquentielles de sorte à obtenir N ensembles de flèches filtrés. Ladite sous-étape
51c est strictement identique à ladite sous-étape 51b décrite ci-avant. En conséquence,
chaque ensemble de flèches filtré, et donc aussi chaque fonction de transfert associée
audit ensemble de flèches filtrés, est associé à une plage fréquentielle comportant
une borne inférieure et une borne supérieure.
[0118] L'étape 50 comporte ensuite une
sous-étape 52c de détermination d'un signal de flèches filtré par recomposition desdits N ensembles
de flèches filtrés. Une telle détermination dudit signal de flèches filtré est réalisée
selon des caractéristiques techniques identiques à celles décrites ci-avant dans la
sous-étape 53a, à savoir que ledit signal de flèches filtré et lesdits N ensembles
de flèches filtrés de ladite sous-étape 52c remplacent respectivement ledit profil
absolu estimé et lesdits N profils absolus intermédiaires filtrés de ladite sous-étape
53a.
[0119] Il convient de noter que le spectre fréquentiel dudit signal de flèches filtré couvre
l'ensemble du spectre du rail. Il s'agit néanmoins d'un signal de flèches artificiel
dans la mesure où il consiste en un assemblage de signaux de flèches obtenus respectivement
à partir de moyens de mesure distincts. Toutefois, dans le domaine fréquentiel, il
est théoriquement possible de considérer ledit signal de flèches filtré comme un signal
obtenu à partir de moyens de mesure théoriques dont l'entrée est le profil absolu
du rail. De tels moyens de mesure théoriques établissent la correspondance entre ledit
profil absolu du rail et ledit signal de flèches filtré au moyen d'une fonction de
transfert théorique.
[0120] Ainsi, l'étape 50 comporte une
sous-étape 53c de détermination dudit profil absolu estimé par application audit signal de flèches
filtré d'une fonction de transfert inverse d'une fonction de transfert théorique admettant
en entrée et sortie respectivement ledit profil absolu du rail et ledit signal de
flèches filtré.
[0121] Dans un mode préféré de mise en oeuvre de ladite sous-étape 53c, et dans un premier
temps, les modules des fonctions de transfert associées auxdits ensembles de flèches
filtrés sont restreints aux plages fréquentielles déterminées lors de ladite sous-étape
51c de sorte à former respectivement des modules restreints. Lesdits modules restreints
sont ensuite concaténés de sorte à former le module de ladite fonction de transfert
théorique. On comprend donc qu'ainsi le module de la fonction de transfert théorique
est défini morceau par morceau, chaque morceau étant associé à une seule desdites
plages fréquentielles, et qu'il couvre bien l'ensemble du spectre du rail. Dès lors,
et dans un deuxième temps, le module de la fonction de transfert inverse est déterminé
par inversion desdits modules restreints sur leurs plages fréquentielles respectives.
Enfin, dans un troisième temps, ledit profil absolu estimé est déterminé selon des
caractéristiques techniques identiques à celles décrites la demande de brevet
EP 2 806 065.
[0122] De manière plus générale, il est à noter que les exemples de mise en oeuvre considérés
ci-dessus ont été décrits à titre d'exemples non limitatifs, et que d'autres variantes
sont par conséquent envisageables.
[0123] Par exemple, quelques modifications mineures dudit procédé permettent la détermination
de relevages d'un rail d'une voie ferrée, c'est-à-dire de déplacements correctifs
verticaux adaptés à corriger des défauts relevés sur le profil en long dudit rail.
[0124] Par ailleurs, l'invention a été décrite en considérant un procédé de détermination
de ripages d'un rail d'une voie ferrée. Rien n'exclut, suivant d'autres exemples,
d'avoir un procédé de rectification, selon des caractéristiques sensiblement similaires,
appliqué à la rectification de poutres métalliques utilisées dans des structures de
bâtiment ou bien encore de rails guidés d'ascenseur.