[0001] La présente invention concerne le découpage d'une pièce dans un flan de tôle.
[0002] Le découpage de pièces dans un flan de tôle est souvent réalisé sur un dispositif
à découper comportant essentiellement des organes à arêtes tranchantes, déplaçables
l'un vers l'autre. Généralement les dispositifs à découper comportent également un
serre-flan permettant de maintenir le flan de tôle en position entre la matrice et
le poinçon.
[0003] Les organes à arêtes tranchantes sont formés, d'une part, par un poinçon de forme
correspondant au périmètre à découper dont le mouvement est asservi à celui d'un coulisseau
mobile et, d'autre part, par une matrice fixe. La matrice comporte une empreinte de
forme conjuguée audit poinçon pour obtenir la découpe désirée.
[0004] Le poinçon et la matrice sont, en règle générale, métalliques et en particulier réalisés
en acier à outil pour découper les tôles métalliques et le plus souvent en carbure.
[0005] Cette technique de découpage de pièces dans un flan de tôle au moyen d'un dispositif
comportant un poinçon et une matrice est très souvent utilisée, par exemple pour réaliser
les divers éléments constitutifs du stator des moteurs électriques, ou encore pour
réaliser les circuits magnétiques, ou encore dans le domaine automobile dans le cadre
de la réalisation de trous pour alléger les structures.
[0006] Un des inconvénients majeurs de cette technique de découpage réside dans l'usure
rapide du poinçon et de la matrice ce qui diminue considérablement la durée de vie
de ces outils.
[0007] Cette usure est due à l'effort de découpage important qu'il est nécessaire de foumir
pour découper la pièce et à l'effet de frottement qui se produit entre le bord de
la découpe réalisée dans le flan de tôle et le poinçon, au moment de la descente et
de la remontée dudit poinçon.
[0008] Cette usure est d'autant plus importante et rapide que l'acier constitutif de la
tôle est difficile à découper.
[0009] Ainsi par exemple, les aciers dont le rapport entre la limite d'élasticité et la
charge à la rupture R
e/R
m est inférieur à 0,8 et dont l'allongement pour-cent à la rupture A% est supérieur
à 30, sont très difficiles à découper, et les aciers dont le rapport R
e/R
m est compris entre 0,9 et 1 et dont l'allongement pour-cent à la rupture est inférieur
à 20 sont plus faciles à découper.
[0010] Cette usure est également fonction de la géométrie de la pièce à découper. En effet,
les pièces dont la forme est très tourmentée et présente des angles vifs, par exemple
du type stator d'un moteur électrique, sont plus difficiles à découper que des pièces
de forme géométrique simple.
[0011] Dans le cas de la découpe d'une pièce dans un acier présentant des caractéristiques
mécaniques le rendant difficile à découper ou d'une pièce à géométrie complexe du
type "dentelle", on se heurte à un problème de frottements importants entre le bord
de la découpe et le poinçon, et on est contraint d'exercer un effort très important
pour faire passer le poinçon et pour l'extraire de la tôle après découpe.
[0012] Ceci introduit des contraintes importantes dans la tôle et ces contraintes en se
relaxant induisent une déformation de la pièce réalisée, ce qui oblige souvent à la
rebuter, surtout lorsqu'il s'agit de pièces de précision comme des stators de moteur
électrique ou des circuits magnétiques.
[0013] De plus, l'augmentation des efforts de frottement lors de la découpe accroît l'usure
du poinçon et de la matrice.
[0014] Pour éviter ce problème de frottements importants entre le métal découpé et les parties
actives du poinçon et de la matrice, on augmente généralement le jeu entre le poinçon
et la matrice.
[0015] Mais lorsque l'on augmente le jeu entre le poinçon et la matrice, on se heurte à
deux types de problèmes.
[0016] D'abord, dès que l'arête tranchante des outils commence à s'user légèrement, on crée
une bavure sur le bord de la découpe ce qui oblige également à rebuter les pièces
réalisées.
[0017] Ensuite, cette augmentation du jeu entre le poinçon et la matrice accroît de manière
significative la composante horizontale des contraintes générées dans la tôle, c'est
à dire les contraintes de traction. Cette augmentation des contraintes de traction
a des conséquences sur la géométrie des pièces et accroît les risques d'apparition
de micro fissures au niveau du bord de découpe.
[0018] On connaît également un procédé de découpage d'une pièce dans un flan de tôle dans
lequel on effectue le découpage en trois passes.
[0019] Le procédé consiste à réaliser une première passe au cours de laquelle on effectue
une indentation dans une direction, par exemple de haut en bas, puis une seconde passe
au cours de laquelle on effectue une contre-indentation dans la direction opposée
à la direction de l'indentation, par exemple de bas en haut et enfin une troisième
passe de découpe totale dans le sens de la contre-indentation.
[0020] Ce procédé présente des inconvénients, car il ne permet pas de réduire l'effort de
découpage et l'usure des outils.
[0021] En effet, et comme représenté à la figure 11 qui montre l'orientation des grains
du métal après le découpage par le procédé selon l'état de la technique, ces grains
sont tout d'abord orientés suivant la direction de l'indentation et le métal est fortement
écroui. Ensuite, il faut inverser l'orientation de ces grains ce qui est d'autant
plus difficile étant donné que le métal a été écroui.
[0022] Par conséquent, les efforts mis en oeuvre pour la réalisation de la contre-indentation
sont importants ce qui accroît l'usure des outils.
[0023] La présente invention vise à remédier à ces inconvénients en proposant un procédé
de découpage qui permette de prolonger la durée de vie du poinçon et de la matrice,
en réduisant de manière significative l'effort de découpage et l'effet de frottement,
tout en conservant un jeu très faible entre le poinçon et la matrice.
[0024] La présente invention a ainsi pour objet un procédé de découpage d'une pièce dans
un flan de tôle au moyen de deux organes déplaçables l'un vers l'autre et comportant
des arêtes tranchantes, un poinçon et une matrice, caractérisé en ce qu'il consiste
à réaliser une indentation d'une profondeur p déterminée selon une direction et un
sens définis, et à réaliser la découpe de ladite pièce dans ledit flan de tôle selon
la direction et le sens de formation de l'indentation.
[0025] Selon d'autres caractéristiques de l'invention :
- le procédé consiste à réaliser une indentation d'une profondeur p déterminée au moyen
d'un poinçon d'indentation selon une direction et un sens définis, et à réaliser la
découpe de la pièce dans le flan de tôle au moyen d'un poinçon de découpe selon la
direction et le sens de formation de l'indentation ;
- le procédé consiste à réaliser une indentation d'une profondeur p déterminée au moyen
du poinçon selon une direction et un sens définis, à relever ledit poinçon, et à réaliser
la découpe de la pièce dans la tôle au moyen dudit poinçon selon la direction et le
sens de formation de l'indentation;
- le procédé consiste à réaliser l'indentation sur un premier flan de tôle d'une profondeur
p1 déterminée, à réaliser l'indentation sur un second flan de tôle d'une profondeur
p2 déterminée, à positionner l'un sur l'autre les flans de tôle en superposant les
indentations, et à découper simultanément les deux flans de tôle au moyen dudit poinçon
de découpe,
- on arrête la course du poinçon de découpe au moment où la portion découpée dans le
flan de tôle en contact avec ledit poinçon est ajustée dans l'orifice formé dans le
flan de tôle en contact avec la matrice,
[0026] Les caractéristiques et avantages apparaîtront mieux à la suite de la description
qui va suivre, donnée uniquement à titre d'exemple et faite en référence aux dessins
annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique en élévation d'un dispositif de découpage pour
la mise en oeuvre du procédé de l'invention,
- la figure 2 est une vue schématique montrant la phase de réalisation de l'indentation
sur le flan de tôle,
- la figure 3 représente une courbe montrant le domaine de profondeur de l'indentation
en fonction de l'épaisseur du flan de tôle à découper,
- les figures 4a à 4c sont des vues schématiques du bord de découpe de la tôle selon
les procédés de découpage utilisés,
- les figures 5 à 7 sont des demi-vues en coupe du profil de découpe d'une pièce à insert
réalisée par un procédé selon l'état de la technique,
- les figures 8 et 9 sont des vues en élévation d'un dispositif pour la mise en oeuvre
du procédé de l'invention et la réalisation d'une pièce avec un insert,
- les figures 10 et 11 sont des vues schématiques du bord de découpe de la tôle montrant
l'orientation des grains du métal avec respectivement le procédé selon l'invention
et le procédé selon l'état de la technique.
[0027] Le dispositif de découpage représenté sur la figure 1 est constitué par un dispositif
de type connue utilisable pour la découpe d'un flan de tôle 1.
[0028] Ce dispositif comporte deux organes à arêtes tranchantes, déplaçables l'un vers l'autre
qui sont formés, d'une part, par un poinçon 2 dont le mouvement est asservi à celui
d'un coulisseau mobile 3 et de forme correspondante au périmètre à découper et, d'autre
part, par une matrice 4 liée à une table fixe 5 et de forme conjuguée audit poinçon
2 pour obtenir la découpe désirée.
[0029] Dans l'exemple de réalisation représenté, le dispositif de découpe comporte également
un serre-flan 6 pour plaquer le flan de tôle 1 sur la matrice 4.
[0030] Le poinçon 2 et la matrice 4 comportent chacun une arête tranchante respectivement
7 et 8 destinée à coopérer l'un avec l'autre au moment de la descente dudit poinçon
pour découper le flan de tôle 1.
[0031] La pièce peut être constituée soit par la partie découpée 1a dans le flan de tôle
1, la partie restante 1b du flan de tôle constituant la chute, soit par la partie
restante 1b dudit flan de tôle 1, la partie découpée 1a constituant la chute.
[0032] Le procédé selon la présente invention consiste :
- à plaquer le flan de tôle 1 contre la matrice 4,
- à réaliser une indentation 9 d'une profondeur p déterminée selon une direction et
un sens définis,
- et à réaliser la découpe de ladite pièce dans ledit flan de tôle 1 selon la direction
et le sens de formation de l'indentation 9.
[0033] La direction de formation de l'indentation 9 est perpendiculaire aux faces principales
du flan de tôle 1 et le sens de formation de cette indentation 9 est dirigé d'une
première face principale vers l'autre face principale, indépendamment du choix de
la première face principale et par exemple pour un flan de tôle positionné horizontalement,
de bas en haut ou de haut en bas.
[0034] Comme représenté sur la figure 2, le serre-flan 6 et le poinçon 2 descendent sous
l'action du coulisseau.
[0035] Le serre-flan plaque le flan de tôle 1 sur la matrice 4 et le poinçon 2 entre en
contact avec le flan de tôle 1.
[0036] La course du poinçon 2 est maîtrisée afin de ne réaliser qu'une indentation 9 sur
le flan de tôle, c'est à dire de déformer le flan de tôle 1 sans en effectuer la découpe.
[0037] La profondeur p de l'indentation 9 est comprise entre
0,416(1 - e-
1,279E) - 0,05E et 0,416(1 -
e-1,279E) + 0,1E E étant l'épaisseur du flan de tôle 1.
[0038] Comme on peut le constater sur la figure 2, la représentation graphique de la profondeur
p de l'indentation 9 a été volontairement exagérée dans un soucis de clarté de représentation.
[0039] Ce n'est qu'après avoir réalisé une indentation 9 sur le flan de tôle 1 que l'on
réalise le découpage dudit flan de tôle par les arêtes tranchantes 7 et 8 dans la
même direction et dans le même sens que la direction et le sens de formation de l'indentation
9.
[0040] L'indentation 9 réalisée préalablement à l'opération de découpe permet de modifier
localement les caractéristiques mécaniques du métal constitutif du flan de tôle afin
d'améliorer son découpage final.
[0041] Selon un premier mode de réalisation, on peut utiliser deux poinçons 2 différents,
le premier étant exclusivement réservé à l'opération d'indentation du flan de tôle
1 et le second étant exclusivement réservé à l'opération de découpe du flan de tôle
1 après indentation.
[0042] Dans ce cas le procédé selon la présente invention consiste :
- à plaquer le flan de tôle 1 contre la matrice 4,
- à réaliser une indentation 9 d'une profondeur p déterminée au moyen d'un poinçon d'indentation
selon une direction et un sens définis,
- à réaliser la découpe de la pièce dans la tôle 1 au moyen d'un poinçon de découpe
selon la direction et le sens de formation de l'indentation 9.
[0043] Ce mode de réalisation permet, lorsque l'étape d'indentation et l'étape de découpe
sont réalisés sur deux dispositifs différents, de conserver une cadence de découpe
identique à la cadence du procédé de l'état de la technique dans lequel on réalise
la découpe en une seule étape.
[0044] Selon un second mode de réalisation, on peut utiliser le même poinçon 2 pour réaliser
l'opération d'indentation du flan de tôle 1 et l'opération de découpe du flan de tôle
1 après indentation.
[0045] Dans ce cas le procédé selon la présente invention consiste :
- à plaquer le flan de tôle 1 contre la matrice 4,
- à réaliser une indentation 9 d'une profondeur p déterminée au moyen du poinçon 2 selon
une direction et un sens définis,
- à relever ledit poinçon 2,
- à réaliser la découpe de la pièce dans la tôle 1 au moyen dudit poinçon 2 selon la
direction et le sens de formation de l'indentation 9.
[0046] Ce mode de réalisation permet de réaliser la découpe selon le procédé de l'invention
sans nécessiter d'investir dans un dispositif à découper plus complexe.
[0047] Dans ce qui précède, le flan de tôle 1 est plaqué contre la matrice 4. Dans ce cas,
le poinçon 2 se déplace.
[0048] Selon une variante, le flan de tôle 1 peut être plaqué contre le poinçon 2 et, dans
ce cas, la matrice 4 se déplace.
[0049] Des essais ont été réalisés et ont permis de montrer l'influence du procédé de découpage
selon l'invention sur l'usure des outils de découpe.
[0050] Ces essais ont consisté à réaliser une découpe sur des flans de tôle de différents
types d'acier en faisant varier la profondeur de l'indentation 9 réalisée avant découpage.
[0051] Dans la phase de découpage du flan de tôle 1, l'énergie dissipée par frottement sur
la partie latérale du poinçon 2 a été mesurée. Cette énergie dissipée est représentative
de la propension à l'usure dudit poinçon.
[0052] Le tableau ci-dessous regroupe les compositions en % poids et les caractéristiques
mécaniques (en sens travers) des différents types d'acier essayés.
Acier |
C |
N |
Si |
Al |
Mn |
P |
Ni |
Cr |
S |
Re (MPa) |
Rm (MPa) |
Re/Rm |
A% |
A |
0,004 |
0,004 |
2,9 |
0,38 |
0,19 |
- |
- |
- |
- |
387 |
535 |
0,72 |
25 |
B |
0,003 |
0,005 |
1,26 |
0,094 |
0,283 |
0,05 |
- |
- |
0,003 |
295 |
426 |
0,68 |
36 |
C |
0,002 |
- |
0,345 |
- |
0,407 |
0,175 |
- |
- |
0,005 |
321 |
436 |
0,73 |
35 |
D |
0,002 |
- |
1,34 |
- |
1,275 |
0,013 |
- |
- |
0,003 |
299 |
432 |
0,69 |
35 |
E |
0,004 |
- |
0,321 |
0,002 |
0,372 |
0,170 |
- |
- |
0,007 |
255 |
397 |
0,64 |
37 |
F |
0,029 |
0,006 |
0,007 |
0,057 |
0,177 |
0,005 |
0,015 |
0,032 |
- |
295 |
351 |
0,84 |
31 |
[0053] L'acier de type A est un acier électrique, la tôle ayant subi un recuit final. Cette
tôle est recouverte d'un revêtement du type constitué d'une ou plusieurs résines organiques
comportant un polymère inorganique (vernis de classe C5 selon la classification ASTM
A 345), d'épaisseur comprise entre 1 et 2 microns.
[0054] L'acier de type B est un acier qui présente un palier de limite élastique égal à
2,2% et la tôle a également subi un recuit final.
[0055] L'acier C est également revêtu d'un vernis de classe C5.
[0056] Le tableau ci-après donne les résultats expérimentaux obtenus en fonction de la profondeur
p de l'indentation 9. Les essais ont été réalisés sur un dispositif dont le poinçon
2 est en carbure, de diamètre égal à 12 mm, et la matrice 4, également en carbure,
de diamètre égal à 12,05 mm, soit un jeu j entre le poinçon 2 et la matrice 4 égal
à 0,05 mm.
Type d'acier |
Epaisseur E de la tôle |
Profondeur p de l'indentation en mm |
Energie dissipée en kJ/mm |
A |
0,2 |
0 |
158 |
A |
0,2 |
0,10 |
96 |
A |
0,35 |
0 |
1215 |
A |
0,35 |
0,15 |
875 |
B |
0,5 |
0 |
2451 |
B |
0,5 |
0,20 |
1928 |
C |
0,65 |
0 |
3647 |
C |
0,65 |
0,10 |
2772 |
C |
0,65 |
0,20 |
2898 |
C |
0,65 |
0,30 |
2182 |
C |
0,65 |
0,40 |
3336 |
D |
0,65 |
0 |
3161 |
D |
0,65 |
0,25 |
2518 |
E |
1,00 |
0 |
5134 |
E |
1,00 |
0,20 |
5170 |
E |
1,00 |
0,30 |
3728 |
E |
1,00 |
0,35 |
3415 |
E |
1,00 |
0,40 |
2807 |
F |
1,00 |
0 |
5035 |
F |
1,00 |
0,30 |
4609 |
[0057] D'autres essais ont été réalisés, dont les résultats sont reproduits dans le tableau
ci-après. Ces essais ont été réalisés sur un dispositif dont le poinçon 2 est en carbure,
de diamètre égal à 50 mm, et la matrice 4, également en carbure, de diamètre égal
à 50,05 mm, soit un jeu j entre le poinçon 2 et la matrice 4 égal à 0,05 mm.
Type d'acier |
Epaisseur E de la tôle |
Profondeur p de l'indentation en mm |
Hauteur cisaillée en mm |
Energie dissipée en kJ/mm |
C |
0,65 |
0 |
0,55 |
904 |
C |
0,65 |
0,10 |
0,53 |
709 |
C |
0,65 |
0,20 |
0,47 |
635 |
C |
0,65 |
0,25 |
0,41 |
- |
C |
0,65 |
0,35 |
0,35 |
- |
C |
0,65 |
0,30 |
- |
712 |
C |
0,65 |
0,40 |
- |
696 |
E |
1 |
0 |
0,88 |
1496 |
E |
1 |
0,20 |
0,84 |
1231 |
E |
1 |
0,25 |
0,8 |
- |
E |
1 |
0,30 |
0,79 |
1231 |
E |
1 |
0,35 |
- |
1207 |
E |
1 |
0,4 |
- |
1368 |
[0058] On constate une diminution significative de l'énergie dissipée par frottement sur
la partie latérale du poinçon lorsque l'on réalise la découpe selon le procédé de
découpage selon l'invention. La valeur de cette énergie dissipée est fonction de la
profondeur p de l'indentation réalisée.
[0059] En effet, si l'on observe en détail par exemple le cas de la tôle en acier de type
C, cette énergie est égale à 3647 kJ/mm lorsque l'on réalise la découpe selon le procédé
de découpe de l'état de la technique sans indentation préalable (p = 0) et celle-ci
diminue en fonction de la profondeur p de l'indentation, pour atteindre un minimum
égal à 2182 kJ/mm, soit une diminution de 60%, pour une indentation dont la profondeur
est égale à 0,30 mm. Ensuite, cette énergie augmente si on dépasse un certain seuil
de profondeur de l'indentation.
[0060] Les nombreux essais réalisés, dont seulement une petite partie est reproduite dans
le tableau ci-avant, ont permis de déterminer une valeur optimale de la profondeur
p de l'indentation, qui permet de diminuer de manière significative l'usure des outils
de découpe.
[0061] Cette valeur p est fonction de l'épaisseur E du flan de tôle à découper doit de préférence
être comprise entre :
0,416(1 - e
-1,279E) - 0,05E et 0,416(1 - e
-1,279E) + 0,1E (voir domaine hachuré sur la figure 3).
[0062] On constate également en analysant les valeurs de la hauteur cisaillée du bord de
découpe, que celle-ci diminue selon la valeur de la profondeur p de l'indentation.
[0063] Ce phénomène mérite une explication détaillée.
[0064] Lorsque l'on réalise la découpe d'un flan de tôle 1 au moyen d'un dispositif comportant
un poinçon et une matrice à arêtes tranchantes, le bord de découpe présente deux zones
: une première zone 10 cisaillée située coté poinçon, et une seconde zone 11 rompue
située côté matrice.
[0065] Lorsque l'on effectue la découpe avec un jeu j entre le poinçon et la matrice faible,
de l'ordre de 0,05 mm pour un diamètre moyen du poinçon égal à 50 mm, sans réaliser
d'indentation préalable, la zone cisaillée 10 est grande, présentant une hauteur H
de l'ordre de 70% de l'épaisseur du flan de tôle, et la zone rompue 11 est petite,
de l'ordre de 30% de l'épaisseur du flan de tôle. Cette zone rompue 11 présente un
profil général sensiblement droit et dans le prolongement de la zone cisaillée 10
(voir figure 4a).
[0066] Dans le cas du découpage de flans de tôle en un acier dont les caractéristiques mécaniques
sont défavorables, il est connu d'augmenter le jeu j entre le poinçon et la matrice,
la valeur de ce jeu j étant alors de l'ordre de 15% de l'épaisseur de la tôle pour
un diamètre moyen du poinçon égal à 50 mm.
[0067] Dans ce cas, la zone cisaillée 10 est moins importante, présentant une hauteur H
généralement inférieure à 50% de l'épaisseur du flan de tôle, et la zone rompue 11
est plus importante, généralement supérieure à 50% de l'épaisseur du flan de tôle.
[0068] De plus, la zone cisaillée 10 présente un bombé important 12 au niveau de son raccordement
avec la face principale du flan de tôle, et la zone rompue 11 est oblique (voir figure
4b).
[0069] L'utilisation du procédé de découpage selon l'invention dans lequel on réalise préalablement
une indentation sur le flan de tôle permet de conserver un jeu faible entre le poinçon
et la matrice malgré les caractéristiques de l'acier défavorables à l'opération de
découpage, tout en obtenant un bord de découpe qui présente une zone cisaillée 10
qui reste importante, sans bombé au niveau de son raccordement avec la face principale
du flan de tôle, et dont la zone rompue 11 reste droite dans le prolongement de la
zone cisaillée 10 (voir figure 4c).
[0070] Comme on peut le constater dans le tableau récapitulatif des essais réalisés, le
procédé de découpage selon l'invention donne des résultats quelque soit le type d'acier
utilisé, que le flan de tôle soit nu (cas des aciers B, D, E et F) ou revêtu (cas
des aciers A et C).
[0071] Ce procédé de découpage est particulièrement intéressant dans le cas des aciers dits
magnétiques, car l'utilisation de ce procédé permet, à caractéristiques mécaniques
de l'acier égales, de réaliser la découpe avec un jeu j entre le poinçon et la matrice
plus faible, ce qui permet de moins dégrader les propriétés magnétiques du flan de
tôle.
[0072] Le procédé selon l'invention est également particulièrement bien adapté pour la réalisation
d'une pièce à insert soudé.
[0073] Pour réaliser ce type de pièce à insert, il est connu de superposer deux flans de
tôle sur une matrice et de découper simultanément les deux flans de tôles à l'aide
d'un poinçon de découpe pour que la portion découpée dans le flan de tôle supérieur
vienne se positionner dans l'orifice ménagé dans le flan de tôle inférieur.
[0074] Mais, ce procédé présente des inconvénients.
[0075] En effet, les deux flans de tôles sont cisaillés au niveau des arrêtes vives de l'outil,
c'est à dire au niveau des arrêtes vives de la matrice et du poinçon de découpe. Par
contre, au niveau de leur interface, la déformation s'apparente plus à de l'emboutissage
qu'à du cisaillement.
[0076] Sur la figure 5, on a représenté une demi-vue en coupe du profil de découpe d'une
pièce à insert obtenue par un procédé classique tel que mentionné ci-dessus.
[0077] A titre d'exemple l'insert 15 est réalisé à partir d'un flan de tôle plus épais que
le flan de tôle dans lequel est ménagé l'orifice 16 de réception de cet insert.
[0078] Comme on peut le voir sur cette figure, la zone C de contact entre l'insert 15 et
l'orifice 16 ménagé dans le flan de tôle 17 est réduite.
[0079] Compte tenu de cette faible zone de contact, l'insert 15 risque donc de se détacher
du flan de tôle 17, avant de pouvoir réaliser le soudage.
[0080] Du fait du pseudo-emboutissage qui se produit à l'interface des deux flans de tôle,
on constate qu'avec le procédé selon l'état de la technique l'un des flans de tôle
n'est pas découpé.
[0081] Sur la figure 6, on a représenté un insert 15 réalisé dans un flan de tôle 18 qui
est plus épais que le flan de tôle 17 destiné à recevoir cet insert 15.
[0082] Pour positionner l'insert 15 dans l'orifice 16 ménagé dans le flan de tôle 17, la
course du poinçon de découpe est déterminée pour que la surface supérieure de l'insert
15 soit dans le même plan que la surface supérieure du flan de tôle 17 destiné à le
recevoir.
[0083] Mais, dans ce cas et comme représenté à la figure 6, l'insert 15 n'est pas découpé
du reste du flan de tôle 18.
[0084] Dans le cas où l'insert est moins épais que le flan de tôle destiné à le recevoir,
c'est la portion du flan de tôle le plus épais, située au-dessous de l'insert qui
n'est pas découpée.
[0085] Pour éviter cela, il est par conséquent nécessaire d'augmenter la pénétration du
poinçon de découpe.
[0086] Mais, l'augmentation de la pénétration du poinçon de découpe entraîne d'autres inconvénients.
[0087] En effet, la face supérieure de l'insert 15 se trouve au-dessous de la face supérieure
du flan de tôle 17, comme représenté à la figure 7.
[0088] Par conséquent, la zone C de contact entre l'insert 15 et le bord de l'orifice 16
ménagé dans le flan de tôle 17 est très réduite si bien que la tenue de cet insert
15 dans l'orifice 16 est très précaire.
[0089] Il en est de même pour un insert mince dans un flan de tôle épais.
[0090] On pourrait envisager de découper séparément un insert de diamètre D dans un premier
flan de tôle et un orifice de diamètre d dans un second flan de tôle et ensuite de
positionner cet insert dans ledit orifice.
[0091] Pour obtenir un bon contact entre le bord de l'insert et le bord de l'orifice, il
faut par définition que le diamètre D de l'insert moins le diamètre d de l'orifice
soit supérieur à 0.
[0092] La Demanderesse a donc réalisé différents essais en voulant insérer un insert de
diamètre D = 150mm et d'épaisseur de 0,65mm en tôle raide dans un orifice ménagé dans
un flan de tôle relativement ductile et de même épaisseur.
[0093] Le premier essai a consisté à découper séparément l'insert dans un premier flan de
tôle et l'orifice dans un second flan de tôle, mais avec le même outil.
[0094] La Demanderesse a constaté que systématiquement le diamètre d de l'orifice moins
le diamètre D de l'insert est inférieur à 0 ce qui signifie que l'insert est plus
grand que l'orifice qui doit le recevoir.
[0095] Par conséquent, la solution de découper séparément l'insert et l'orifice avec le
même outil n'est pas envisageable.
[0096] Le second essai a consisté à découper l'insert dans un premier flan de tôle et l'orifice
dans un second flan de tôle avec des outils différents.
[0097] La Demanderesse a constaté que, dans ce cas, le diamètre D de l'insert découpé mécaniquement
fluctue d'environ 0,08mm suivant la dispersion d'épaisseur du métal, l'état d'usure
du poinçon de découpe, la dispersion des caractéristiques mécaniques du métal ou les
phénomènes d'ovalisation.
[0098] Par ailleurs, pour un acier ductile, le diamètre de l'orifice découpé mécaniquement
fluctue d'environ 0,12mm.
[0099] Par conséquent, le diamètre d de l'orifice moins le diamètre D de l'insert varie
entre 0 et 0,2mm.
[0100] Cette fourchette de variations est trop étendue pour pouvoir garantir une bonne tenue
de l'insert dans l'orifice.
[0101] Ces essais montrent donc que si on envisage de découper séparément l'insert et l'orifice,
il faut impérativement utiliser deux outils différents.
[0102] Mais, le maintien de l'insert dans l'orifice ne peut pas être garanti même si toutes
les précautions sont prises au moment de la découpe.
[0103] Le procédé selon l'invention permet de résoudre ce problème.
[0104] Le dispositif représenté sur les figures 8 et 9 pour la mise en oeuvre du procédé
selon l'invention comporte, comme pour les précédents modes de réalisation, deux organes
à arrêtes tranchantes, déplaçables l'un vers l'autre qui sont formés, d'une part,
par un poinçon 2 dont le mouvement est asservi à celui d'un coulisseau mobile 3 et
de forme correspondant au périmètre à découper et, d'autre part, par une matrice 4
liée à une table fixe 5 et de forme conjuguée audit poinçon 2 pour obtenir la découpe
désirée.
[0105] Le dispositif comporte également un serre-flan 6 pour plaquer les flans de tôle sur
la matrice 4, comme on le verra ultérieurement.
[0106] Le poinçon 2 et la matrice 4 comportent chacun une arrête tranchante, respectivement
7 et 8, destinée à coopérer l'une avec l'autre au moment de la descente du poinçon
2.
[0107] Le procédé selon l'invention consiste, tout d'abord, à réaliser une indentation 20a
sur un premier flan de tôle 20 d'une profondeur p1 déterminée, puis à réaliser une
indentation 21a sur un second flan de tôle 21 d'une profondeur p2 déterminée.
[0108] Ensuite et comme représenté à la figure 8, les deux flans de tôle 20 et 21 sont positionnés
l'un sur l'autre en superposant les indentations 20a et 21b et en plaçant lesdits
flans de tôles 20 et 21 sur la matrice 4.
[0109] La profondeur de chaque indentation 20a et 21a sur chaque flan de tôle 20 et 21 est
comprise entre 0,075E et 0,90E, E étant l'épaisseur du flan de tôle correspondant.
[0110] Comme on peut le constater sur les figures 8 et 9, les épaisseurs des flans de tôle
20 et 21 ont été volontairement exagérées dans un soucis de clarté de représentation.
[0111] Après avoir positionné les flans de tôles 20 et 21 sur la matrice 4 en superposant
les indentations 20a et 21a, le serre-flan 6 et le poinçon 2 descendent sous l'action
du coulisseau 3.
[0112] Le serre-flan 6 plaque les flans de tôle 20 et 21 sur la matrice 4 et le poinçon
2 entre en contact avec la face supérieure de l'indentation 20a, comme représenté
à la figure 8.
[0113] Ensuite, on poursuit la descente du poinçon 2, comme représenté à la figure 9.
[0114] Au cours de cette descente du poinçon 2, on découpe simultanément les deux flans
de tôle 20 et 21.
[0115] On arrête la course du poinçon 2 au moment où la portion 23 découpée dans le flan
de tôle 20 en contact avec ledit poinçon 2 est ajustée dans l'orifice 24 formé dans
le flan de tôle 21 en contact avec la matrice 4.
[0116] Ainsi, après avoir réalisé les indentations 20a et 21a sur les flans de tôles 20
et 21, on réalise au cours d'une seule opération la découpe simultanée des deux flans
de tôles 20 et 21 et le positionnement de l'insert 23 dans l'orifice 24 formé dans
le flan de tôle 21.
[0117] Des essais ont été réalisés et ont permis de montrer l'influence des indentations
sur le maintien de l'insert 23 dans l'orifice 24.
[0118] Au cours de ces essais, un seul outil a été utilisé pour les différentes opérations,
c'est à dire pour les indentations et le découpage simultanés des deux flans de tôle
20 et 21.
[0119] Cet outil comprend par exemple un poinçon de découpe de 50,02mm de diamètre et une
matrice de 50,05mm de diamètre.
[0120] Le tableau ci-dessous regroupe les différentes configurations utilisées au cours
de ces essais.

[0121] A la lecture de ce tableau, on constate qu'avec des flans de tôle de différentes
épaisseurs, c'est à dire avec un insert plus épais que le flan de tôle dans lequel
est formé l'orifice de réception de cet insert ou inversement, le procédé selon l'invention
en réalisant préalablement à la découpe une indentation dans chacun des flans de tôle,
donne de bons résultats.
[0122] En effet, la réalisation d'une indentation dans chacun des flans de tôle avant le
découpage permet de s'affranchir du phénomène de pseudo-emboutissage rencontré dans
des procédés utilisés jusqu'à présent.
[0123] Avec le procédé selon l'invention, le contact entre l'insert et l'orifice est donc
meilleur et la pénétration du poinçon de découpe nécessaire au découpage est plus
faible.
[0124] Grâce au procédé selon l'invention, il est donc possible d'implanter des inserts
épais dans des supports minces ou des inserts minces dans des supports épais et/ou
d'implanter un insert de nuance différente de celle du support.
[0125] Ainsi que représenté à la figure 10, avec le procédé selon l'invention, les grains
du métal au niveau de la découpe sont tous déformés suivant une même direction car
le découpage est réalisé dans la même direction que celle de l'indentation.
[0126] Dans ce cas, les efforts sont moindres que ceux à exercer avec un procédé de découpage
selon l'état de la technique, comme cela a été précédemment expliqué.
[0127] De plus, avec le procédé selon l'invention l'usure des outils est moins rapide.