[0001] L'invention concerne des électrodes pour électrolyse, en particulier de chlorure
de sodium, dont Ir revêtement est constitué par des composés du cobalt et du titane.
[0002] On sait que depuis une vingtaine d'années, les anodes métalliques sont employées
de plus en plus couramment pour l'électrolyse du chlorure de sodium, aussi bien dans
les cellules à mercure que dans les cellules à diaphragme ou membrane et tant pour
la production de chlore et de soude que pour celle de dérivés oxygénés tels que les
chlorates. Les anodes utilisés industriellement comprennent généralement un substrat,
généralement de titane, recouvert de métaux du groupe du platine ou de leurs oxydes
en mélange éventuellement avec des oxydes d'autres métaux et notamment de titane sous
forme rutile ; lequel oxyde se forme par ailleurs in situ lors de l'électrolyse. L'emploi
de métaux précieux entraine des investissements élevés lors du montage d'usines ;
de plus, la consommation de ces métaux, bien que faible en poids, atteint une valeur
non négligeable par rapport à la valeur des produits de l'électrolyse. Il est donc
fort compréhensible que de nombreuses recherches aient été effectuées pour substituer
des composés de métaux non précieux aux métaux du groupe du platine. Parmi ces composés,
l'oxyde de cobalt a été mentionné par exemple dans les brevets des Etats-Unis n° 3
399 966 et 3 977 958. On ne connait pas de publication sur le développement industriel
de telles électrodes, ce qui montre qu'elles ne donnent pas pleinement satisfaction
dans la production industrielle du chlore notamment.
[0003] Il a maintenant été trouvé que l'on pouvait réaliser des électrodes ne comprenant
pas de métaux précieux mais seulement des composés de prix modéré et d'obtention facile
dans des revêtements ayant une excellente tenue, lors de l'électrolyse des chlorures
alcalins.
[0004] L'invention concerne une électrode pour électrolyse, notamment du chlorure de sodium,
constituée d'un substrat de métal valve et d'un revêtement comprenant de l'oxyde de
cobalt, caractérisée en ce que l'oxyde de cobalt correspond à la formule Co
3-xO
4 dans laquelle x est compris entre 10
-1 et 10
-2 et en ce que le revetement comporte également un composé de titane et d'au moins
d'un élément du groupe formé par l'oxygène et l'hydrogène, la valence du titane dans
ce composé étant inférieure à 3.
[0005] Le composé du titane peut être un oxyde de formule Ti O dans laquelle formule x est
compris entre 0,45 et 1,2 et de préférence entre 0,9 et 1,1. Ce peut être également
un hydrure de formule Ti H
x dans laquelle formule x est compris entre 0,1 et 2 et de préférence entre 1,8 et
2. Ces composés, dans lesquels le titane a une valence inférieure à sa valence maximale,
révèlent une meilleure conductibilité. On peut également utiliser comme composés de
titane, le corps correspondant à la formule Ti 0
x H y dans laquelle x est compris entre 2 et 1 et y est compris entre O et 0,1. Ces
composés sont décrits notamment dans "Transaction of the Metallurgical Society of
AIME Vol. 224 Octobre 1962 p.928-935.
[0006] L'oxyde de cobalt est obtenu de préférence par décomposition thermique de nitrate
de cobalt notamment (N0
3)
2 Co, 6 H
20, sous balayage d'air à une température de 200 à 600° C mais de préférence entre
300 et 400° C.
[0007] Le substrat est un métal valve c'est-à-dire du titane, du tantale, du molybdène,
du zirconium, du niobium ou du tungstène. Le titane est le substrat préféré ; il peut
être sous forme de plaque métallique lisse, de toile ou obtenu par frittage de poudre.
[0008] L'oxyde ou l'hydrure de titane peut être préalablement déposé sur le substrat en
contact direct avec lui. Ces composés du titane peuvent également être déposés sur
le substrat en même temps que l'oxyde de cobalt ; ils sont alors dispersés dans la
couche de cet oxyde.
[0009] La quantité d'oxyde de cobalt déposée est de préférence de 15 à 40 milligrammes par
centimètre carre. Une quantité supérieure peut être utilisée mais cela n'a pas d'effet
bénéfique. Dans le cas où un dépôt préalable d'oxyde ou d'hydrure de,titane a été
fait sur le substrat, il est nécessaire, pour une marche satisfaisante de l'électrode,
qu'au moins une face du substrat soit recouverte sur au moins 5 % de sa surface par
ce composé ; l'épaisseur de la couche de composé de titane est supérieure à 0,5 microns.
[0010] Dans le cas de dépôt direct sur un substrat de métal valve d'un mélange de composés
de titane et de cobalt, le rapport atomique Ti/Co doit être compris entre 0,6 et 20
et de préférence entre 6 et 11. Ces dernières valeurs ne sont donc pas impératives
mais il s'avère que pour un rapport inférieur à 6, il y a dérive de la tension après
quelques centaines d'heures d'électrolyse du chlorure de sodium dans les conditions
industrielles habituelles, en utilisant ces électrodes, tandis que l'adhérence du
revêtement est mauvaise lorsque le rapport dépasse 11.
[0011] Le dépôt préalable de sous-oxyde de titane sur un substrat de titane est décrit dans
la demande de brevet français publiée n° 2 259 921. L'hydrure peut être également
formé in situ par hydruration de titane massif ou poreux. Le dépôt de ces composés
en même temps que celui de l'oxyde de titane peut être effectué avantageusement en
mettant en suspension le sous-oxyde ou l'hydrure de titane préalablement préparé,
dans une solution de sel de cobalt. Le substrat est enduit de cette suspension puis
séché et enfin chauffé à une température permettant la décomposition du sel en oxyde.
Cette opération est renouvelée plusieurs fois jusqu'à obtention du poids désiré de
cobalt et de titane : la proportion de composé de titane dans la solution de sel de
cobalt est évidemment choisie en conséquence. Le sel de cobalt préféré est le nitrate
qui est décomposé à une température de 200 à 600° C et de préférence de 300 à 400°
C sous balayage d'air, qu'il soit déposé seul ou avec le composé de titane.
[0012] L'oxyde de titane dont la granulométrie est de préférence de 0,5 à 20 microns, peut
être préparé séparément, ou déposé directement sur le substrat préalablement décapé
et lavé, à l'aide d'un chalumeau à plasma soit à partir du dioxyde avec, comme gaz
vecteur et formateur du plasma, un mélange d'hydrogène et d'argon, soit à partir de
poudre de titane avec un mélange d!oxygène et d'argon, soit à partir d'un mélange
de dioxyde de titane et/ou d'hydrure avec un plasma d'argon. La méthode décrite dans
la demande de brevet français citée ci-dessus pour former le sous-oxyde sur le substrat
peut être utilisée pour le former séparément.
[0013] L'hydrure de titane peut être préparé et déposé par des procédés très divers tels
que ceux décrits dans les brevets des Etats-Unis 2 401 326 ou 3 732 157. On peut également
former l'hydrure par voie chimique dans une solution d'acide chlorhydrique de 4 à
13 N ou par voie électrochimique. On peut également réduire le bioxyde de titane par
des éléments tels que le magnésium ou le carbone en présence d'hydrogène ou par un
hydrure tel que celui de calcium.
[0014] Les analyses effectuées notamment par rayons X ont montré que les revêtements de
l'invention étaient effectivement un mélange d'oxyde de cobalt de composition voisine
de C
03 0
4 et de sous-oxyde ou d'hydrure de titane ; la présence notable de composé mixte de
ces deux métaux n'a jamais été observée.
[0015] Cette présence d'un simple mélange confère à l'invention un caractère d'autant plus
surprenant que l'expérience a montré qu'un substrat de métal valve revêtu de l'oxyde
de cobalt seul ne durait que quelques centaines d'heures tandis que ce même substrat
revêtu d'un quelconque oxyde ou d'hydrure de titane ne possédait pas de propriétés
électrochimiques acceptables pour l'électrolyse du chlorure de sodium. La tenue remarquable
dans une telle électrolyse pendant plusieurs milliers d'heures et sous des densités
de courant élevées,jointe à la simplicité et à la modicité du coût de ces électrodes
apportent un progrès notable dans le domaine de l'électrolyse.
[0016] Les résultats obtenus sont mentionnés dans les exemples ci-dessous donnés aux seules
fins d'illustration de l'invention.
Exemple 1 :
[0017] Un substrat constitué d'une plaque de titane fritté recouverte de sous-oxyde de titane
sur une épaisseur de 1mm environ, tel que décrit dans la demande française publiée
sous le n° 2 259 921, est enduite sur la couche d'oxyde, à l'aide d'un pinceau, d'une
solution de nitrate de cobalt obtenue en dissolvant 1
g de Co (NO
3)
2 6 H
20 dans 2 cm3 de mélange à volume égal d'eau et d'alcool isopropylique. Ce substrat
ainsi enduit est séché à l'étuve puis chauffé 10 minutes à 350° C dans un four'sous
balayage d'air. Cette suite d'opérations est répétée jusqu'à obtention de 37 mg d'oxyde
de cobalt par cm2. La plaque ainsi revêtue est utilisée comme anode dans une cellule
d'électrolyse à diaphragme contenant une saumure de Na Cl à 300 g/1 dont le pH est
4,5 et la température 85° C. La tension par rapport à une électrode à calomel saturé
(tension E.C.S.) mesurée après 3000 heures de marche est 1077 mV. sous une densité
de courant de 25 A/dm2. Sous une densité de courant de 200 A/dm2 après 600 h de marche,
on n'a observé aucune dégradation de l'électrode.
Exemple 2 :
[0018] On dépose sur une plaque de titane préalablement sablée et lavée, une solution de
1 g de Co (N0
3)
2 6 H
20 dans 1 cm3 d'eau et 1 cm3 d'alcool isopropylique dans laquelle est mise en suspension
une poudre de Ti Ox (x = 1 env.) de granulométrie comprise entre 0,5 et 20 microns.
Le rapport atomique Ti/Co dans cette suspension est de 6. Le traitement de la plaque
enduite est effectué selon le processus décrit dans l'exemple 1 et cette plaque est
utilisée comme électrode également dans les mêmes conditions que celles indiquées
dans l'exemple précédent (densité de courant 25 A/dm2). La quantité d'oxyde de cobalt
déposée est de 27 mg/cm2). La tension E.C.S. mesurée après 957 heures de marche est
1090 mV.
Exemple 3 :
[0019] On procède comme dans l'exemple précédent en remplaçant l'oxyde par de l'hydrure
Ti Hx (x = 1,9) avec différents rapports Ti/Co. Le poids d'oxyde de cobalt est 37
mg/cm2.
[0020] Les résultats obtenus dans une électrode avec les conditions des exemples précédents
sont donnés dans le tableau 1.

1. Electrode sans métal précieux pour électrolyse notamment de chlorure de sodium,
constituée par un substrat de métal valve et un revêtement contenant de l'oxyde de
cobalt caractérisée en ce que l'oxyde de cobalt correspond à la formule Co3-x O4 dans laquelle formule x est compris entre 0,1 et 0,01 et en ce que le revêtement
comporte essentiellement l'oxyde de cobalt et un composé de titane et d'un élément
pris dans le groupe formé par l'hydrogène et l'oxygène, la valence du titane dans
ce composé étant inférieure à 3.
2. Electrode selon 1 caractérisée en ce que le composé de titane est un oxyde de formule
Ti Ox dans laquelle formule x est compris entre 0,45 et 1,2 et de préférence entre
0,9 et 1,1.
3. Electrode selon 1 caractérisée en ce que le composé de titane est un hydrure de
formule Ti Hx dans laquelle formule x est compris entre O,1 et 2 et de préférence
entre 1,8 et 2.
4. Electrode selon 1 caractérisée en ce que la quantité d'oxyde de cobalt est de 15
à 40 mg/cm2.
5. Electrode selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisée en
ce que l'oxyde de cobalt mis en oeuvre est le produit obtenu par décomposition thermique
de nitrate de cobalt.
6. Electrode selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisée en
ce que le composé de titane constitue une couche au contact direct du substrat de
métal valve.
7. Electrode selon l'une quelconque des revendications de 1 à 4 caractérisée en ce
que le composé de titane est dispersé dans la couche d'oxyde de cobalt.
8. Electrode selon la revendication 7 dans laquelle le rapport du nombre d'atome de
titane sur celui de cobalt dans le revêtement est compris entre 0,6 et 20 et de préférence
entre 6 et 11.