[0001] La présente invention concerne un dispositif de protection des aubages mobiles des
turbines à vapeur.
[0002] Les aubes mobiles des turbines à vapeur sont soumises à diverses sollicitations provenant
de la force centrifuge due a la rotation du rotor, de l'effort moteur de la vapeur
déviée par les aubages, et des variations de la poussée de la vapeur sur ces aubages.
Ces sollicitations créent un état de contrainte dans le matériau constitutif des ailettes
qui doit être limité compte tenu des caractéristiques mécaniques de ce matériau dans
ses conditions d'utilisation.
[0003] Par ailleurs, les performances maximales d'un aubage sont fonction du débit de vapeur
passant dans l'étage correspondant et de la chute enthalpique dans cet étage, c'est
à dire de l'énergie récupérable dans celui-ci.
[0004] Des limites d'utilisation du matériau constitutif des ailettes, dans leurs conditions
de sollicitation, on déduit des plages limites de fonctionnement de l'ensemble de
la turbine.
[0005] De manière connue en soi, on tourve que la plage d'utilisation d'une turbine s'arrête
:
- soit à la limite d'utihsation des aubages du premier étage de la turbine pour les
marches à faible puissance de. la machine,
- soit à la limite d'utilisation des aubages du dernier étage de la turbine pour les
marches à puissance importante de celle-ci,
- Soit à une combinaison de ces deux limites dans le cas où la machine est amenée
à fonctionner aussi bien à des puissances faibles qu'à des puissances élevées.
[0006] Par ailleurs, il peut s'avérer indispensable de protéger la machine dans tous les
cas où les conditions de pression (ou de vide) à l'échappement risquent de s'éloigner
des conditions normales de fonctionnement dans le sens de la baisse.
[0007] Le dispositif de protection le plus simple utilisé habituellement comporte un contacteur
de pression (ou de vide) installé à l'échappement, à un ou plusieurs seuils bas, qui
avertit alors les opérateurs, en cas de baisse prohibitive de pression ou de vide
à l'échappement, par le déclenchement d'alarmes et éventuellement de sécurités. Un
tel dispositif ne permet toutefois pas d'utiliser la turbine dans toutes ses possibilités,
du fait que le seuil bas ci-dessus défini est fixe quel que soit le débit de vapeur,
et n'est donc pas adapté à la marche de la machine.
[0008] L'invention se rapporte à un dispositif de protection qui permet d'adapter le seuil
d'intervention à la marche de la machine, créant ainsi une souplesse d'exploitation
beaucoup plus grande.
[0009] Le dispositif de protection de l'invention est caractérisé en ce qu'il comporte :
- au moins une prise de pression PE effectuée à l'échappement de la turbine,
- au moins une prise de pression D effectuée dans un étage qui n'est pas le dernier
et qui passe le débit traversant les aubages à protéger,
- au moins un premier dispositif, relié à la prise de pression d'échappement PE permettant de transformer ladite pression d'échappement PE en une force,
- au moins un second dispositif, relié à la prise de pression d'étage D, et permettant
également de transformer ladite pression d'étage D en une force,
- au moins une balance à équilibre de couples sur laquelle viennent agir lesdites
forces respectivement en des points et suivant des directions telles que la pente
de la droite obtenue en écrivant l'équation de ladite balance corresponde à celle
de la droite définissant la protection désirée, ladite balance comportant en outre
soit un dispositif de transmission analogique, relié à un ou plusieurs systèmes d'asservissement,
d'alarme, ou de sécurité, soit une consigne correspondant à l'ordonnée à l'origine
de ladite droite, ainsi qu'une butée et un ou plusieurs contacteurs tout-ou-rien reliés
chacune à au moins un dispositif d'alarme ou de sécurité.
[0010] L'invention sera mieux comprise à l'aide de la description suivante de quelques exemples
de réalisation, en référence aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 représente la courbe donnant la limite d'utilisation de la turbine,
pour les marches à faible puissance de celle-ci, en fonction du débit de vapeur qui
la traverse et de la pression à l'échappement,
- la figure 2 est de même la courbe donnant la limite d'utilisation de la turbine,
pour les marches à forte puissance de celle-ci, en fonction du débit de vapeur qui
la traverse et de la pression à l'échappement,
- la figure 3, qui est une combinaison des deux figures précédentes, représente la
courbe donnant la limite d'utilisation de la turbine, pour les marches à faible et
forte puissances de celle-ci, en fonction du débit de vapeur qui la traverse et de
la pression à l'échappement,
- la figure 4 représente, dans le cas d'une turbine fonctionnant à forte puissance,
la courbe limite de sécurité de la figure 2, sur laquelle on a également représenté
le niveau de protection simple réalisé à l'aide des dispositifs à seuil simple connus
actuellement, et le niveau de protection réalisé par l'invention,
- la figure 5 représente schématiquement, à titre d'exemple, une turbine à contre-pression
équipée de prises de pression à l'échappement et au premier étage conformément à l'invention,
- la figure 6 montre une réalisation de la protection selon l'invention à l'aide d'un
dispositif par tout-ou-rien et à l'aide d'un dispositif de transmission analogique,
- la figure 7 est la courbe de protection réalisée à l'aide du dispositif de la figure
6,
- la figure 8 représente schématiquement une protection combinée selon l'invention
permettant de réaliser, sur une turbine à contre-pression, la protection du dernier
et premier étage, conformément à la courbe de la figure 3.
[0011] Sur la figure 1, on a porté en abscisses le débit de vapeur passant dans une turbine
fonctionnant à faible puissance, et en ordonnées la pression à l'échappement (ou pression
résiduelle dans le cas d'une turbine à contre-pression). La courbe représentée est
la courbe qui donne la limite inférieure admissible sans risque pour les aubages de
pression d'échappement ou de pression résiduelle pour les différents débits de vapeur
susceptibles de traverser la turbine. Cette courbe est tracée point par point, en
procédant de la façon suivante :
- en admettant un certain niveau de contrainte dans les aubages, on calcule, à partir
de celui-ci, la pression limite à l'échappement en fonction des différents débits
qui peuvent passer dans la machine et en reliant les différents points, on obtient
la courbe représentée qui délimite,en-dessous d'elle, une zone de fonctionnement interdit,
hachurée sur la figure.
[0012] De même la figure 2 représente un diagramme identique, mais relatif aux marches à
forte puissance de la machine, le trait vertical à droite de lacourbe correspondant
au débit de vapeur maximal qui peut passer dans la turbine.
[0013] La figure 3 enfin est un autre diagramme de même type, mais relatif à une turbine
pouvant fonctionner aussi bien pour des débits faibles que pour des débits élevés.
Dans ce cas, on remarquera que la portion située à gauche correspond à la protection
des premiers aubages, et la portion située à droite à la protection des derniers aubages
de la turbine.
[0014] Sur la figure 4, représentant également un réseau de courbes ayant en abscisses le
débit et en ordonnées la pression d'échappement, la droite verticale 1 représente
à nouveau le débit maximal admissible dans la turbine, la courbe 2 la limite de protection
des aubages, très proche d'une droite en réalité, délimitant avec la droite 1 une
zone 3 de fonctionnement interdit. A titre indicatif, on a en outre tracé la caractéristique
4 de marche normale de la machine qui serait dans ce cas à condensation et à débit
constant d'eau de refroidissement.
[0015] La courbe 5 représente la protection simple réalisée par les dispositifs à seuil
fixe de l'art antérieur, et la courbe 6 le niveau de protection réalisé par la présente
invention : la zone 7 délimitée par les droites 5 et 6 correspond par suite au gain
de possibilité de fonctionnement sans danger obtenu grâce à l'invention.
[0016] Sur la figure 5, on reconnaît une turbine à contre-pression classique, munie, entre
autres, d'une admission de vapeur 8, d'une soupape de réglage 9, de secteurs d'injection
10, de distributeurs 11, d'un rotor 12 garnis de roues 13 munies d'aubages 14.
[0017] Les références 15 et 16 désignent respectivement les paliers arrière et avant, munis
de leurs coussinets 17 et 18. On distingue par ailleurs la butée 19 et la bride d'échappement
20. La référence 21 désigne en outre les organes d'instrumentation utilisés pour la
régulation de vitesse de la machine, la référence 22 un organe de sécurité, et la
référence 33 l'accouplement à la machine entrainée, tel qu'un alternateur par exemple.
[0018] Conformément à l'invention, la turbine est en outre munie d'une prise de pression
à l'échappement 23 et d'une prise de pression sur le premier étage 24. L'invention
se base en effet sur le fait que la pression à l'étage est sensiblement proportionnelle
au débit de vapeur qui traverse cet étage. De la prise 23, on obtient donc la pression
à l'échappement P
E et de la prise 24 on obtient une pression pratiquement proportionnelle au débit,
que l'on désignera par D.
[0019] En se reportant maintenant à la figure 6, on voit que les sorties de pression P
E et D de la figure 5 sont envoyées, par l'intermédiaire de soufflets 25 et 26 de sections
efficaces S
l et S
2, ou par tout autre dispositif permettant de transformer lesdites pressions en forces,
tels que diaphragmes, pistons, tubes de Bourdon, spirales, etc ..., sur le levier
27 d'une balance à équilibre de couples 28, articulée autour d'un axe 34, en des points
distants de cet axe de quantités A
l et A
2. Sur la figure 7, on a figuré à nouveau, dans le système de coordonnées (P
E ; D), la droite 6 représentant la protection à réaliser. Le couple transmis au levier
27 par les pressions P
E et D est égal à :

[0020] Sur la partie supérieure droite de la figure 6, qui représente le cas de la détection
par tout-ou-rien, un ressort de consigne 29 permet d'exercer sur le levier 27 un couple
supplémentaire.
[0021] Conformément à l'invention, les sections efficaces S
1 et S
2 des soufflets 25 et 26, et les bras de levier A
1 et A
2 sont choisis de façon à ce que le rapport :

soit égal à la pente de la droite 6 de la figure 7 représentant la protection pour
laquelle le système est conçu, après transposition dans le système de coordonnées
P
E et D avec les unités correspondantes.
[0022] Si C (figure 7) représente la valeur arithmétique de l'ordonnée à l'origine de la
droite 6, en choisissant le ressort 29 et la positionde celui-ci de façon à ce qu'il
transmette au levier 27 un couple égal à C, on voit que l'équation de l'équilibre
de la balance 28 : P
E.S
1.A
1 - D.S
2.A
2 - C
= 0 correspond à l'équation de la droite 6 de la figure 7. Par suite si, pour une certaine
valeur du débit, la pression à l'échappement P
E descend au-dessous de la valeur correspondant à l'équilibre de la balance, c'est
à dire au point correspondant de la droite 6 sur la figure 7, le bras 27, jusqu'alors
en appui sur une butée 31, bascule et vient actionner le commutateur 30 qui peut déclencher
selon le cas une alarme, une pré-alarme, une sécurité, etc ...
[0023] Lorsque, au contraire, on est dans la zone permise, située au-dessus de la courbe
6, le bras 27 reste en appui sur la butée 31.
[0024] De la même façon, il est possible d'effectuer une transmission analogique, tel que
figuré sur la partie inférieure droite de la figure 6, où le bras 27 est relié à un
transmetteur de force 32. Un tel dispositif permet de donner en continu la position
relative du point de fonctionnement par rapport à la courbe de protection. Il permet
d'exercer une action automatique sur des dispositifs de sécurité ayant une action
tout-ou-rien, ou régulée, sur la pression (ou vide) à l'échappement de la turbine.
Dans le cas où le transmetteur de force transmet son signal à un régulateur permettant
de limiter le débit de vapeur à la valeur correspondante de la courbe de protection
pour les conditions de fonctionnement, le dispositif de l'invention permet d'exercer
une action automatique sur la régulation de la machine, et il s'intègre alors au système
général de régulation de cette dernière.
[0025] Par ailleurs, dans le cas de vides condenseurs, il est possible, tel que connu en
soi dans la technique des pressostats et des transmetteurs de pression différentielle,
de se rendre indépendant des variations de pression atmosphérique en introduisant,
face au soufflet 25, un autre soufflet de même efficacité dans lequel le vide absolu
aura été réalisé en laboratoire. La pression P
E intervient dans ce cas par sa valeur absolue et non pas par sa différence par rapport
à la pression atmosphérique.
[0026] Pour réaliser la protection combinée correspondant au cas de la figure 3, il est
nécessaire d'installer deux dispositifs, l'un pour le premier étage de la turbine,
l'autre pour le dernier étage, et de faire ensuite éventuellement une combinaison
logique ou analogique des signaux obtenus. La figure 8 représente un tel élément capteur
double, tel qu'ins- tallable sur la turbine à contre-pression de la figure 5, la partie
gauche de la figure réalisant la protection du dernier étage, et la partie droite
de celle-ci la protection du premier étage de celle-ci.
[0027] L'invention trouve son utilisation principale dans le domaine de la production d'énergie
par turbines à vapeur.
1.-Dispositif de protection des aubages mobiles des turbines à vapeur, en particulier
des turbines à condensation ou à contre-pression, caractérisé en ce qu'il comporte
:
- au moins une prise 23 de pression PE effectuée à l'échappement de la turbine,
- au moins une prise 24 de pression D effectuée dans un étage qui n'est pas le dernier
et qui passe le débit traversant les aubages à protéger,
- au moins un premier dispositif 25, relié à la prise de pression d'échappement PE permettant de transformer ladite pression d'échappement PE en une force,
- au moins un second dispositif 26, relié à la prise de pression d'étage D, et permettant
de transformer ladite pression d'étage D en une force,
- au moins une balance à équilibre de couples 28 sur laquelle viennent agir lesdites
forces respectivement en des points et suivant des directions telles que la pente
de la droite obtenue en écrivant l'équation de ladite balance corresponde à celle
de la droite définissant la protection désirée, ladite balance comportant en outre
soit un dispositif 32 de transmission analogique, relié à un ou plusieurs systèmes
d'asservissement, d'alarme, ou de sécurité, soit une consigne correspondant à l'ordonnée
à l'origine de ladite droite, ainsi qu'une butée 31 et un ou plusieurs contacteurs
tout-ou-rien chacun à au moins un dispositif d'alarme ou de sécurité 30.
2.- Dispositif de protection selon la revendication 1, appliqué au cas des turbines
à condensation, caractérisé, en ce que ledit premier dispositif 25 permet de transformer
la pression d'échappement PE en une force indépendante de la pression atmosphérique.
3.- Dispositif de protection selon la revendication 2, caractérisé en ce que les dispositifs
25-26 permettantde transformer en forces lesdites pressions sont constituas par des
soufflets et en ce que, face au soufflet 25 relié à la prise d'échappement PE se trouve un autre soufflet de même efficacité que celui-ci, mais dans lequel a été
réalisé le vide absolu.
4.- Dispositif de protection selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, du type
selon lequel on désire protéger la turbine aussi bien pour les marches à faibles puissances
qu'à fortes puissances de celle-ci, caractérisé en ce qu'il comporte une première
balance assurant la protection du premier étage de ladite turbine, et une seconde
balance assurant la protection du dernier étage de celle-ci.