[0001] La présente invention se rapporte aux détecteurs à incendie utilisant une chambre
d'ionisation comme agent essentiel de la détection.
[0002] Il est bien connu de détecter les incendies dans un local ou une atmosphère déterminée
en utilisant de la façon suivante une chambre d'ionisation.
[0003] L'atmosphère où l'on désire surveiller l'apparition éventuelle de traces d'incendie,
telle que par exemple des fumées, est mise en communication avec l'atmosphère d'une
chambre d'ionisation dans laquelle l'air ambiant est ionisé sous l'influence de la
radioactivité (généralement a) produite par un radioisotope. En fonctionnement normal,
ce radioisotope émetteur a provoque une ionisation relativement stable et constante
à l'intérieur de la chambre, ce qui conduit à l'établissement d'un courant entre les
deux électrodes de ladite chambre, courant dont l'intensité est pratiquement constante,
tant que n'apparaît aucune perturbation dans l'atmosphère de la chambre. Si en revanche,
par suite d'un incendie naissant, des fumées se développent dans l'atmosphère et pénètrent
dans la chambre, ces fumées contiennent des particules en concentration relativement
élevée et exercent une influence perturbatrice tant sur la formation que sur le déplacement
des ions à l'intérieur de la chambre d'ionisation. Ces particules, une fois ionisées
à leur tour sont moins mobiles que les ions issus de l'air ordinaire. Ces ions lourds
se déplacent beaucoup plus lentement dans la chambre d'ionisation et les chances qu'ils
ont de se recombiner avec un ion de signe opposé pour donner une particule neutre
sont beaucoup plus grandes que pour les ions constitués à partir de l'air ordinaire.
Cette recombinaison accrue provoque par conséquent une diminution du courant d'ionisation.
En d'autres termes, on peut dire que l'apparition de gaz de combustion dans la chambre
se traduit par une augmentation notable de la résistance électrique apparente de celle-ci.
Cette diminution du courant d'ionisation déclenche alors le signal d'alarme contre
l'incendie.
[0004] Différentes perturbations s'opposent néanmoins à un fonctionnement correct d'un tel
détecteur si l'on ne prend pas un minimum de précautions. D'abord les variations de
température et de pression de l'atmosphère extérieure peuvent être corrigées pour
que le courant de repos de la chambre d'ionisation soit indépendant de ces deux derniers
paramètres. De façon classique, on parvient à réaliser une telle correction en montant
une chambre de compensation en opposition avec la chambre de détection proprement
dite.
[0005] Si ce procédé s'avère satisfaisant pour compenser les variations des paramètres de
pression et de température, il est insuffisant en revanche pour éviter la cause principale
des fausses alarmes qui réside dans la condensation de la vapeur d'eau sur la source
radioisotopique à la suite d'un brusque abaissement de la température lorsque l'atmosphère
est très humide. En effet, le libre parcours moyen des particules a dans l'air à la
pression ordinaire est de 3 à 5 cm, alors qu'il n'est plus que de 0,2 à 0,3 mm dans
l'eau. Lorsque par suite d'une condensation de vapeur d'eau sur la source, celle-ci
se recouvre d'une pellicule d'eau liquide, il s'ensuit une absorption anormale du
rayonnement a qui ne joue plus son rôle d'ionisation et par conséquent une baisse
importante, pouvant aller jusqu'à la quasi annulation, du courant d'ionisation s'instaure.
Le détecteur se comporte alors comme s'il était rempli de gaz de combustion et déclenche
une fausse alarme d'incendie. Pour pallier cette difficulté, on a proposé (voir notamment
le brevet français 1 185 495) de maintenir la source radioisotopique à une température
très légèrement supérieure à l'ambiance, à l'aide d'un filament chauffant par effet
Joule. Malheureusement, dans les réalisations connues à ce jour, le filament chauffant
était placé au voisinage de la surface émettrice de la source, tournée vers l'intérieur
de la chambre d'ionisation, ce qui présentait deux inconvénients sérieux.
[0006] D'une part, une telle disposition conduit à chauffer le milieu ionisé à l'intérieur
de la chambre d'ionisation et à modifier profondément le coefficient de mobilité des
ions formés qui dépend directement de la température.
[0007] D'autre part, 1' intérieur de la chambre est ainsi directement soumis à l'influence
du champ électrique créé par le passage du courant électrique dans le filament de
chauffage, et ceci perturbe également la mobilité et la trajectoire des ions formés.
[0008] La présente invention a précisément pour objet un perfectionnement de ce type de
détecteur à incendie, d'une mise en oeuvre particulièrement simple, et qui évite les
inconvénients rappelés précédemment du chauffage de la surface émettrice de la source
radioactive pour éviter la condensation de vapeur d'eau sur la surface de ladite source
lors des variations brusques de température en atmosphère très humide.
[0009] Ce perfectionnement est essentiellement caraotéri- sé en ce que ladite source ayant
une surface émettrice tournée vers l'intérieur de la chambre, est maintenue en permanence
à une température supérieure à celle qui règne dans ladite chambre, par chauffage
par effet Joule, à l'aide d'une résistance électrique placée en contact avec la surface
arrière non émettrice de ladite source.
[0010] Selon l'invention, l'excès de température que l'on impose à la source radioisotopique
par rapport à l'atmosphère de la chambre, est d'au moins 2°C.
[0011] Dans un mode préféré de mise en oeuvre de l'invention, la résistance chauffante est
noyée dans la face arrière du support de la source. Cette disposition permet ainsi
d'éviter complètement les inconvénients rappelés ci-dessus de l'action tant thermique
qu'électrique de la résistance chauffante vis-à-vis de l'atmosphère ionisé de la chambre,
puisque les calories engendrées sont évacuées en direction opposée de la source et
que celle-ci et son support arrière éventuel forment écran vis-à-vis du champ électrique
engendré par le courant électrique traversant la résistance.
[0012] Selon une autre caractéristique également intéressante de la présente invention,
on utilise comme résistance de chauffe de la source radioisotopique la résistance
du système de régulation de la tension d'alimentation de la chambre elle-même, ce
qui permet, dans ce cas, de récupérer la chaleur autrement dissipée en pure perte
dans cette résistance.
[0013] Bien entendu, la mise en oeuvre du perfectionnement objet de l'invention, implique
que la source radioisotopique ait elle-même une relativement bonne conductibilité
thermique vis-à-vis de l'élément chauffant. La puissance thermique requise a cet effet
est fonction d'un certain nombre de paramètres tels que par exemple les résistances
thermiques des pièces environnant la source ainsi que du gradient thermique aux environs
du détecteur qui contient la source. On doit tenir compte également de la vitesse
de l'air environnantr laquelle est susceptible de modifier assez profondément le régime
thermique du détecteur et de la source. Dans des conditions normales d'installation,
on a constaté que la puissance électrique requise par cm
2 de source pour obtenir une élévation de 4°C était voisine de lOmW.
[0014] De toute façon, l'invention sera mieux comprise à la lecture qui suit de plusieurs
exemples de mise en oeuvre de l'invention, lesquels seront donnés à titre surtout
illustratif et non limitatif en se référant aux figures 1 à 3 ci-jointes dans lesquelles
:
- les figures 1 et la montrent une chambre d'ionisation équipée d'une source chauffée
conforme à l'invention,
- la figure 2 est un schéma montrant plus en détail la constitution possible d'une
source radioisotopique équipée d'un élément de chauffage conforme à l'invention
- la figure 3 est un schéma électrique d'une alimentation régulée pour une telle chambre
d'ionisation.
[0015] Sur la figure 1, on a représenté une chambre d'ionisation 1 comportant une électrode
collectrice 2 entourée d'un isolant 3 ; ce dernier est constitué à l'aide d'un matériau
diélectrique à haute résistivité tel que le téflon par exemple. Dans cette chambre
d'ionisation 1, est placée une source radioactive 4 émettrice alpha chargée d'ioniser
l'atmosphère intérieure de la chambre 1 mis par hypothèse en communication libre avec
l'ambiance à surveiller contre l'incendie. Selon l'invention, cette source radioisotopique
4 comporte sur sa face arrière 5 une résistance électrique 6 permettant le passage
d'un courant électrique chauffant à partir des électrodes 7 et 8. La résistance électrique
6 peut être d'une nature quelconque et notamment déposée par un procédé physique ou
chimique en soi connu sur la face arrière 5 de la source 4. Comme indiqué déjà précédemment,
la puissance électrique nécessaire pour obtenir l'élévation de température voulue
de la source 4 par rapport à l'atmosphère de la chambre 1 dépend de la surface totale
de la source 4, de la résistance thermique de celle-ci par rapport à la chambre d'ionisation
1 (considérée dans le cas le plus défavorable comme un radiateur thermique infini)
ainsi que des différentes pertes thermiques de l'installation. On conçoit que, grâce
à la structure représentée, l'influence thermique et électrique de la résistance 6
soit pratiquement nulle sur l'atmosphère interne de la chambre 1.
[0016] Dans l'exemple des figures 1 et la, la source 4 a une surface totale de 1 cm
2 et sa résistance thermique comme radiateur est de 200°C par watt. Pour une élévation
de température de 4°C par rapport à l'ambiance de la chambre 1, elle va dissiper :
- par rayonnement et convection : 10 mW ;
- par conduction : 2 mW.
[0017] La puissance électrique totale nécessaire est donc de 12 mW.
[0018] La figure 2 montre un mode de réalisation possible de la source 4 conformément au
perfectionnement de l'invention. Dans cette réalisation, la source 4 est collée par
l'intermédiaire d'un adhésif 9 sur un support en céramique 10 qui comporte une piste
résistante 11. Cette résistance 11 est alimentée par des connexions 12 et 13. Ce mode
de mise en oeuvre est spécialement avantageux pour la protection thermique et électrique
de l'atmosphère interne de la chambre 1.
[0019] La figure 3 montre enfin un mode de réalisation possible d'un régulateur de tension
pour alimenter à tension constante malgré les chutes de potentiel se produisant le
long des fils conducteurs, une chambre d'ionisation utilisée comme détecteur d'incendie.
Sur le schéma de la figure 3, la tension du réseau est appliquée à l'entrée 14 d'une
cellule en T comportant une résistance 15 et une diode de Zener 16.
[0020] La tension de sortie en 17 est régulée et constante dans le temps. L'intérêt du mode
de mise en oeuvre de la figure 3 est que l'on peut utiliser la résistance 15 qui s'échauffe
normalement par effet Joule comme étant celle qui sert à chauffer la source émettrice
4. De cette façon, on fait l'économie d'une résistance spéciale pour chauffer la source
et on récupère ainsi l'énergie qui autrement aurait été perdue par effet Joule dans
la résistance 15. Bien entendu, cet exemple est simplement illustratif et nullement
limitatif et l'on peut utiliser la chaleur dissipée par tout autre mode de régulation
envisagé pour réguler la tension d'alimentation de la chambre d'ionisation.
1. Perfectionnement aux détecteurs à incendie du type de ceux qui consistent en une
chambre d'ionisation possédant une source radioisotopique ayant une surface émettrice
tournée vers l'intérieur de la chambre et qui crée,dans l'atmosphère de la chambre
en communication avec l'ambiance à surveiller, une ionisation sensiblement constante,
ladite source étant maintenue en permanence par effet Joule à l'aide d'une résistance
électrique à une température supérieure à celle qui règne dans ladite chambre, de
façon à empêcher la condensation de vapeur d'eau sur la source elle-même lors des
brusques variations de température en atmosphère très humide, caractérisé en ce que
ladite résistance électrique est placée en contact avec la surface arrière non émettrice
de ladite source.
2. Perfectionnement selon la revendication 1, caractérisé en ce que la résistance
de chauffe de la source radioisotopique est avantageusement constituée par la résistance
du système de régulation de la tension d'alimentation de la chambre elle-même.