[0001] L'invention concerne la récupération des matières flottantes et plus particulièrement
des pollutions flottantes sur la surface des eaux.
[0002] La surface des eaux, rivières, fleuves, mers est l' objet de rejets réguliers ou
accidentels qui l'encombrent de divers déchets flottants solides ou liquides, certains
rejets pouvant prendre les proportions de véritables fléaux comme, par exemple, les
"marées noires" d'hydrocarbures.
[0003] Il existe divers types d'appareils de récupération de matières flottantes faisant
appel à des moyens divers pour recueillir lesdites matières à la surface du plan d'eau
: succion, noria, pompe à palettes, etc. Tous présentent une embouchure faiblement
immergée qui est suivie d'un élévateur amenant les matières recueillies à une goulotte
d'évacuation qui les déverse dans une cuve de décantation et de stockage. Très souvent
l'appareil est monté sur une barge qui porte en même temps la cuve de décantation.
[0004] Pour obtenir un rendement suffisant il faut concentrer, rassembler les déchets en
une véritable nappe, et que cette dernière soit animée d'un mouvement relatif vers
l'embouchure de l'appareil. Ce mouvement relatif nécessaire à l'accroissement du rendement
dans tous les cas est évidemment indispensable lorsque l'embouchure de l'appareil
est une simple poche plus ou moins souple reliée par un tuyau flexible à un moyeu
de pompage, puisque pour se remplir la poche doit subir un véritable "chalutage".
[0005] Lorsque la nappe de matières flottantes présente dès l'origine une épaisseur suffisante
et que l'on opère en eau relativement calme et à faible distance de la rive, le mouvement
relatif de la nappe vers l'embouchure peut être obtenu par un dispositif de longues
pales articulées, tel que décrit et revendiqué dans le brevet français 78 19.943 au
nom de la même déposante.
[0006] Dans les autres cas, nappe très mince et/ou surface agitée et/ou nécessité d'opérer
à une certaine distance du bord, il a été imaginé de "balayer" la surface de l'eau
en utilisant un "barrage flottant" tracté par ses deux extrémités et dont la partie
centrale est constituée par l'embouchure de l'appareil de récupération. L'appareil
de récupération lui-même est flottant, c'est-à-dire monté sur une barge qui suit la
translation du barrage soit par ses propres moyens lorsque la liaison avec l'embouchure
est souple, soit en se laissant tirer plus ou moins librement lorsque cette liaison
est rigide.
[0007] La traction de l'ensemble du barrage peut être ef- feétuée par des engins terrestres
à partir du rivage ou par des remorqueurs, les deux extrémités du barrage étant remorquées
par des engins distincts ou non.
[0008] Toutefois, ces dispositifs de "balayage" se sont avérés peu efficaces.et d'emploi
très limité et cela à cause de la structure même des barrages flottants utilisés.
[0009] Jusqu'à maintenant dans les barrages flottants existants, chacune des ailes est constituée
par l'attelage en ligne d'éléments légers creux à parois minces gonflables ou rigides.
Les parois sont en toile caoutchoutée ou plastifiée, ou en tissus plastiques ou encore
en métal.
[0010] Cela entraîne pour le barrage une grande surface transversale offrant donc une grande
résistance hydrodynamique à tout courant relatif, d'où des efforts de traction importants
et présentant également une très forte prise au vent pour la partie émergée, tandis
que les matériaux utilisés et la faible épaisseur des parois conduisent à une faible
résistance aux efforts et aux chocs, d' où risques de rupture. La forme oblongue des
éléments les empêche de s'adapter aux irrégularités d'une surface agitée (vagues ou
clapotis) et fait que l'ensemble présente un encombrement important ne facilitant
pas le transport et rendant la mise en service longue et onéreuse. Enfin un tel barrage
tracté prend, à cause de la résistance hydrodynamique, une forme générale voisine
d'une courbe connue en mécanique sous le nom de chaînette, c'est-à-dire la forme d'une
"poche" à fond aplati d'où une mauvaise concentration des produits flottants.
[0011] L'invention prévoit un dispositif de nettoyage des surfaces liquides comportant un
barrage flottant pour balayer la nappe des matières flottantes et la diriger en la
concentrant vers l'embouchure d'un appareil de récupération, dans lequel le barrage
a un faible tirant d'eau, une faible prise au vent, une très grande résistance mécanique
à la traction, une grande souplesse, un encombrement minimal pour le transport et
qui permet en outre, une mise en oeuvre aisée et rapide.
[0012] Le dispositif selon l'invention comporte un appareil de récupération des matières
flottantes dont l'embouchure au moins est montée sur un élément flottant et un barrage
flottant comprenant deux ailes qui divergent depuis les côtés de l'embouchure de l'appareil
et dont les extrémités opposées sont tirées par un ensemble tracteur formé par au
moins un engin remorqueur. Il est remarquable en ce que l'ensemble tracteur porte
un moyen d'attelage qui s'étend transversalement par rapport à l'axe de remorquage
et qui est muni de trois points d'attache, un en son milieu pour un filin de remorquage
amarré à son extrémité opposée à l'élément flottant portant l'appareil de récupération
et un à chacune de ses extrémités, le plus près possible de la surface de l'eau, pour
l'amarrage de l'extrémité de l' aile correspondante du barrage flottant, chacune desdites
ailes étant constituée par un cordage flottant de bonne résistance et dont la tension
est réglée de manière à permettre, lorsque le filin de remorquage est tendu au maximum,
une souplesse suffisante pour suivre sensiblement les mouvements verticaux de la surface
liquide sans toutefois autoriser la formation d'une courbure trop prononcée en projection
horizontale.
[0013] L'invention sera mieux comprise et d'autres caractéristiques apparaîtront à la lecture
de la description qui va suivre et à l'examen du dessin annexé qui représente un mode
de réalisation, non limitatif, de l'invention et dans lequel :
- les figures 1 et 2 sont des vues schématiques, à petite échelle, d'un dispositif
de nettoyage selon l'invention, en service, respectivement en plan et en élévation
;
- la figure 3 est une vue schématique par l'arrière du remorqueur des figures 1 et
2 ;
- la figure 4 montre, à beaucoup plus grande échelle, la section d'un brin du barrage
flottant par un plan parallèle au plan longitudinal de symétrie du remorqueur.
[0014] Sur le dessin un dispositif de nettoyage d'une surface liquide comporte un ensemble
tracteur, formé ici par un bateau remorqueur 10, qui tire un barrage flottant comprenant
deux ailes lla et llb qui convergent vers l'arrière. Comme il a été dit ci-avant,
l'ensemble tracteur pourrait comporter par exemple deux engins remorqueurs, ces engins
pourraient être des véhicules terrestres lorsqu'il s'agit de nettoyer au voisinage
immédiat du rivage, mais de toute façon l'ensemble tracteur est muni d'un moyeu d'
attelage 12 unique muni de trois points d'attache, à savoir un point d'attache 13a,
13b, à chacune de ses extrémités et un point d'attache central 14. Ce moyen d'attelage
12 s'étend transversalement par rapport à l'axe F du remorquage. De préférence il
est formé par un palonnier tubulaire de structure triangulée articulé en son sommet
autour d'un axe vertical 15 porté par le remorqueur 10. Les points d'attache 13a,
13b, sont destinés à recevoir respectivement les extrémités des ailes lla et llb du
barrage flottant et doivent être aussi près que possible de la surface du plan d'eau.
Pour cela il est avantageux que les bras 16a, 16b du palonnier soient libres en débattement
autour d'une charnière horizontale 17 et qu'ils portent chacun à leur extrémité libre
un flotteur 18a, 18b conve-. nablement profilé et il suffit alors que les points d'attache
13a, 13b soient situés au voisinage immédiat du flotteur correspondant. Cette disposition
permet en outre, hors service, de replier les bras vers le haut comme représenté en
traits interrompus à la figure 3 pour faciliter les manoeuvres du remorqueur 10.
[0015] Chacune des ailes lla et llb du barrage flottant est constiruée par un cordage flottant
de forte résistance à la traction, de préférence en fibres synthétiques (polyamide
ou polypropylène). La densité de ces fibres et le mode de tressage font que ces câbles,
de type connu, flottent naturellement en restant immergés sur la moitié, ou un peu
plus, de leur hauteur. A leurs extrémités opposées au palonnier les cordages lla et
llb sont amarrés à un élément flottant 20 qui porte au moins l'embouchure 19 d'un
appareil 21 de récupération de matières flottantes, les points d'attache 23a et 23b
étant situés de part et d'autre de l' embouchure. Dans l'exemple représenté l'élément
flottant 20 est une barge qui porte l'appareil de récupération 21 en entier et, en
outre, de manière connue, une cuve 22 de décantation, mais l'élément flottant pourrait
porter une simple poche reliée par un tuyau flexible à un moyen de pompage. Enfin
l'élément flottant 20 est relié au point d'attache 14 central du palonnier 12 par
un filin de remorquage 24. Cet élément flottant offre généralement une résistance
suffisante au mouvement relatif du remorqueur pour que le filin 24 soit constamment
tendu. Toutefois, si des courants éventuels poussaient l'élément 20 vers le remorqueur
10 en "donnant du mou" au filin 24, il faut que l'élément 20 soit muni d'un moteur
dont l'hélice battant en arrière, assure la tension du filin 24.
[0016] Les points d'attache 23a, 23b des câbles lla et llb sur l'élément flottant sont plus
rapprochés l'un de l'autre que les points d'attache 13a, 13b desdits câbles sur le
palonnier 12. Par ailleurs les longueurs relatives du filin 24 et d'un cordage lla
ou llb sont telles que lorsque le filin 24 est tendu, les cordages lla et llb sont
sensiblement rectilignes et ne conservent que la souplesse nécessaire pour suivre
les mouvements verticaux de la surface liquide_(voir figure 2) sans prendre de courbure
en projection horizontale. Vu en plan (figure 1)'l'ensemble du barrage flottant a
donc l'aspect d'une tête de flèche dirigée vers l'arrière.
[0017] De préférence les valeurs relatives de la longueur du filin 24 et de l'envergure
du palonnier 12 sont telles que l'angle formé par les deux ailes lla, llb est faible,
de l'ordre de 10 à 20°. Par exemple, l'envergure du palonnier est d'environ 30 mètres
et la longueur du filin est de 150 mètres.
[0018] Avantageusement mais non nécessairement, le barrage flottant est complété par une
pluralité de brins flottants suppléméntaires, tels que 25 disposés en arête de poisson.
Chaque brin 25 relie un point respectif 26 de l'une des ailes du barrage à un point
27, situé plus en arrière, du filin de remorquage 24 et présente une section voisine
de celle desdites ailes mais se termine par une partie 28 très amincie au voisinage
de son attache sur le filin 24.
[0019] Enfin il est préférable de prévoir pour les éléments du barrage flottant, c'est-à-dire
les ailes lla et llb et les brins supplémentaires 25 éventuels,une section qui augmente
légèrement de façon continue lorsqu'on va de l'avant vers l'arrière afin d'éviter
les fuites de matières dues à l'épaississement de la nappe.
[0020] Le fonctionnement est le suivant. Le remorqueur 10 avance sur l'eau dont la surface
est polluée. La pollution flottante, par exemple une nappe 30 (figure 4) d'hydrocarbure,
passe sous les bras 16a, 16b du palonnier 12, le long du remorqueur et rencontre les
ailes lla, llb du barrage flottant, puis lorsqu'ils existent, les brins supplémentaires
25. A chaque rencontre la nappe (ou la couche de déchets divers) est déviée comme
indiqué par les flèches f à la figure 1, ce qui lui évite de s'accumuler et de s'épaissir
au point de passer par-dessus ou par-dessous les brins sous l'effet des vagues et/ou
de la vitesse. Si une petite partie passe par-dessus ou par-dessous le premier brin
25, elle est reprise par le deuxième brin 25 et ainsi de suite, la nappe se concentrant
un peu plus à chaque fois vers l'axe médian en franchissant sans difficulté la partie
amincie des brins 25 au voisinage du filin 24.
[0021] Il faut remarquer en outre que la position inclinée des ailes lla, llb et des brins
25 par rapport à l'axe d'avancement F du dispositif fait que par rapport aux filets
liquides longitudinaux f' (figure 4) la section rencontrée est une ellipse allongée
de forme hydrodynamique (cas général de câbles de section circulaire).
[0022] Ainsi l'ensemble des déchets flottants se concentre de plus en plus vers l'axe longitudinal
et vers l'arrière pour être "pris" dans l'embouchure 19 de l'appareil 21 de récupération.
[0023] Le dispositif peut ainsi fonctionner en continu si, par exemple, l'élément flottant
20 est une barge qui est remplacée par une autre dès qu'elle est pleine. En effet,
la légèreté du système permet des manoeuvres d'amarrage et de largage extrêmement
rapides. Il faut encore remarquer que la barge avec l'appareil de récupération se
trouve dans le sillage du remorqueur donc dans une zône abritée et, dans le cas de
pollution par des hydrocarbures, sur une nappe huileuse donc "aplatie" ce qui favorise
la récupération.
1) Dispositif de nettoyage des surfaces liquides comportant un appareil de récupération
des matières flottantes dont l'embouchure au moins est montée sur un élément flottant
et un barrage flottant comprenant deux ailes qui di- vcrgent depuis les côtés latéraux
de l'embouchure de l'appareil de récupération et dont les extrémités opposées sont
tirées par un ensemble tracteur formé par au moins un engin remorqueur, caractérisé
en ce que l'ensemble tracteur (10) porte un moyen d'attelage (12) qui s'étend transversalement
par rapport à l'axe de remorquage et qui est muni de trois points d'attache, un (14)
en son milieu pour un filin de remorquage (24) amarré à son extrémité opposée à l'élément
flottant (20) portant l'appareil de récupération (21) et un (13a, 13b) à chacune de
ses extrémités le plus près possible de la surface de l'eau, pour l'amarrage de l'extrémité
de l'aile correspondante du barrage flottant, chacune desdites ailes étant constituée
par un cordage flottant (lla, llb) de bonne résistance et dont la tension est réglée
de manière à permettre, lorsque le filin de remorquage (24) est tendu au maximum,
une souplesse suffisante pour suivre sensiblement les mouvements verticaux de la surface
liquide sans toutefois autoriser la formation d'une courbure trop prononcée en projection
horizontale.
2) Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que les longueurs relatives
du moyen d'attelage (12) et du filin de remorquage (24) sont telles que les deux ailes
(lla, llb) du barrage flottant forment entre elles un angle faible de préférence inférieur
à 30°.
3) Dispositif selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que le moyen
d'attelage (12) est un palonnier tubulaire de structure triangulée articulé en son
sommet autour d'un axe vertical (15) porté par un bateau remorqueur (10) et dont les
bras (16a, 16b), libres en débattement autour d'une charnière horizontale (17), portent
chacun à son extrémité un flotteur convenablement profilé (18a, 18b).
4) Dispositif selon la revendication 3, caractérisé en ce qu'un moyen de levage est
prévu pour replier les bras du palonnier vers le haut, autour de la charnière horizontale
(17), en fin d'opération, pour faciliter les manoeuvres du bateau remorqueur (10).
5) Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce qu'il
comporte en outre une pluralité de brins flottants (25) supplémentaires disposés en
arête de poisson, chacun d'eux étant attaché par l'une de ses extrémités en un point
respectif (26) de l' une des ailes (lla, llb) du barrage flottant et par son autre
extrémité en un point (27) du filin central (24) de remorquage situé en arrière du
premier par rapport au sens d'avancement du dispositif, lesdits brins flottants présentant
une section voisine de celle des ailes du barrage mais se terminant par une section
(28) très amincie au voisinage de leur attache sur le filin central de remorquage
(24)
6) Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
la section transversale des ailes (lla, llb) du barrage flottant ainsi que celle des
brins supplémentaires (25) quand ils existent, augmente légèrement de façon continue
en allant de l'avant vers l'arrière afin d'éviter les fuites des matières dues à l'épaississement
de la nappe.