(57) L'invention concerne un procédé d'élaboration de pièces en fonte.
Selon l'invention, on coule le métal en fusion dans un moule après avoir élevé sa
teneur en aluminium à au moins 0,1% et préalablement à la coulée, la cavité de moulage
a été inertée par déversement d'azote liquide en fond de moule.
Grâce à cette façon de faire, on évite à la fois les piqûres d'hydrogène et les crasses
d'alumine.
Application essentiellement à la fonte à graphite sphéroïdal.
[0001] La présente invention concerne un procédé d'élaboration de pièces en fonte notamment
en fonte à graphite sphéroïdal, du genre où l'on coule le métal en fusion d'une poche
de préparation dans un moule.
[0002] Généralement, ce procédé de moulage de fonte à graphite sphéroidal et, à un moindre
titre, de fonte dite lamellaire et de fonte dite alliée, est souvent sujet à des défauts
que l'on dénomme généralement "piqûres" d'hydrogène.
[0003] Ces défauts sont provoqués par une baisse brutale de la solubilité de l'hydrogène
dans le métal en cours de solidification ; ils se produisent surtout dans des conditions
de diffusibilité réduites, comme c'est le cas de pièces minces ou d'épaisseur moyenne.
[0004] Les piqûres d'hydrogène se forment généralement sous la peau de pièces dans une zone
solidifiée et cette formation intervient avec un certain retard sur la solidification,
si bien que ces défauts n'apparaissent pas immédiatement après démoulage. En fait,
c'est au moment où les opérations de parachèvement, telles qu'usinage des pièces moulées,
que les piqûres d'hydrogène apparaissent à l'oeil et l'on est contraint alors à mettre
au rebut les pièces ainsi moulées et presque complètement usinées. Il s'ensuit de
fortes pertes dues non seulement au moulage, mais aux opérations ultérieures de démasselotage,
de meulage, d'ébarbage, de traitements thermiques, etc ...
[0005] De nombreuses études ont été menées pour déterminer les causes de la présence de
l'hydrogène dans le métal et l'on sait maintenant que cet hydrogène provient de la
décomposition de l'eau au contact du métal à haute température, cette eau pouvant
être absorbée à différents stades du processus d'élaboration, par exemple l'humidité
de l'air ou des réfractaires constituant la paroi du four, du chenal conduisant à
la poche et enfin dans le moule lui-même, et l'on a pu également constater que la
cause essentielle de la présence d'hydrogène est précisément l'absorption d'hydrogène
juste avant solidification, c'est-à-dire d'hydrogène qui se manifeste dans les moules
de coulée.
[0006] C'est donc bien entendu les moules dits en sable à vert qui causent le plus de défauts
de piqûres d'hydrogène, puisque le sable qui les constitue présente une certaine humidité.
[0007] On a constaté également que ce défaut était accentué en fonction de la longueur du
parcours d'alimentation de la pièce moulée et que les pièces situées en bout de la
grappe en étaient les plus affectées.
[0008] Pour remédier à ce défaut, en tout cas l'atténuer on a bien proposé d'augmenter la
température de coulée, ce qui, en reportant dans le temps la solidification de la
pièce coulée, favorise donc le dégazage et par là même évit dans une grande mesure
la formation de piqûres dues à l'hydrogène. Mais ce remède n'est pas toujours applicable,
car il dépend de l'organisation de l'installation de moulage, des synchronisations
dans les processus de fusion et de mou lage, etc ... et en outre, cette façon de faire
occasionne une dépense énergétique supplémentaire non négligeable.
[0009] On a également proposé d'accroître la dose de noi minéral ou de brai dans le sable
de moulage, de façon à modifier les conditions de contact du métal avec la paroi des
moules et de ralentir l'oxydation du métal par l'oxygène provenant de la décomposition
de l'humidité. Le "mouillage" du sable par la fonte qui suppose la présence d'un film
oxy dé est ainsi évité. Bien que cette façon de faire ait égale ment pour effet de
diminuer la présence d'hydrogène, elle augmente également, et de façon non négligeable,
le coût du moulage.
[0010] On a bien constaté le rôle de la teneur en aluminium des fontes dans la formation
des piqûres d'hydrogène et on a pu établir que, pour les teneurs en magnésium habituel
les de 0,03 à 0,07 %, l'absorption d'hydrogène tend à augmenter avec la teneur en
aluminium et le risque de piqûre intervient dès que la teneur en pourcentage des fontes
en aluminium dépasse quelques millièmes. Cette situation est d'autant plus génante
que généralement, la teneur en aluminium dans la fonte coulée est difficilement maîtrisable.
En effet, que la fonte de base contienne ou non de l'aluminium, l'obtention de fonte
à graphite sphéroidal nécessite l'introduction de produits d'addition et de traitements
tels que nodulisants, inoculants, qui contiennent de l'aluminium, si bien qu'en général,
on ne peut prédéterminer à l'avance s'il y aura des piqûres d'hydrogène et quelle
en sera l'importance.
[0011] La présente invention a pour objet un procédé d'élaboration de pièces en fonte, notamment
en fonte à graphite sphéroldal, qui permet d'éviter à coup sûr la formation de piqûres
d'hydrogène et cette invention est caractérisée par l'utilisation impérativement conjointe
de deux mesures chacune connue en soi : d'une part, on fait en sorte que la teneur
de la fonte en magnésium étant comprise entre 0,03 et 0,07 %, la teneur en aluminium
soit au moins égale à 0,1 % et d'autre part, l'on applique à ladite fonte en cours
de coulée, la technique connue en soi de coulée en moule inerté par de l'azote liquide
préalablement déversé en fond de moule. Ainsi, l'invention permet de combiner deux
mesures d'une façon particulièrement performante ; en effet, on avait bien constaté
qu'en augmentant au-delà des valeurs usuelles la teneur en aluminium dans une fonte,
la quantité de l'hydrogène incluse passait par un maximum, puis décroissait régulièrement
pour pratiquement s'annuler, pour des teneurs d'aluminium de 0,1 % et plus. Mais on
n'avait pas été plus loin que cette constatation, car les essais qui avaient été faits
avec de telles teneurs en aluminium avaient conduit à d'autres inconvénients consistant
en des inclusions d'alumine. En effet, les quantités d'aluminium relativement importantes
incluses dans la fonte, que ce soit au four ou lors de la coulée en poche par exemple,
réagissent avec l'oxygène de l'air pour former de l'alumine. Dans la majorité des
cas, cette alumine, qui présente une densité plus faible que la fonte, décante facilement
aux différents stades d'élaboration dans le four, en poche, et peut être ainsi aisément
éliminée. Au contraire, lors d'une coulée en moule, on ne peut assurer cette décantation,
car aussi bien la forme du conduit d'alimentation que celle de l'empreinte ou des
évents, est toujours telle qu'il se crée au sein du métal en cours de coulée, d'importantes
turbulences qui interdisent donc toute décantation. L'alumine reste donc dans la fonte
en cours de solidification sous forme d'inclusions généralement près de la surface.
Ces inclusions ou "crasses" n'ont pas d'adhérence ni de résistance et leur présence
diminue donc la tenue mécanique en surface des pièces ainsi moulées.
[0012] Grâce à l'intervention conjointe de la seconde mesure préconisée par l'invention,
qui consiste à éviter toute présence d'air dans la cavité de moulage, on peut être
sûr que lors de l'opération de moulage au moins, aucune formation d'alumine ne peut
se produire et comme on a vu que les crasses qui s'étaient formées antérieurement
à l'opération de moulage pouvaient être facilement éliminées, on parvient donc, grâce
à la conjonction des deux mesures préconisées par l'invention à faire en sorte qu'aucune
inclusion d'alumine ne subsiste dans les pièces moulées, donc à éviter, en outre,
les indésirables piqûres d'hydrogène.
[0013] A titre d'exemple, une fonte de base coulée en poche avec addition de 0,1 % d'aluminium,
nodulisée par traitement par cloche plongeuse avec Fe Si Mg (35 % Mg) puis inoculée
avec Fe Si, est transportée et coulée en sable à vert. Quelques dizaines de secondes
avant la coulée du métal, les moules sont inertés en déversant dans la cavité de moulage
une quantité d'azote liquide dont le volume, à l'état vaporisé, est de 50 à 100 fois
le volume de la cavité de moulage. A l'usinage, les défauts de piqûres d'hydrogène
constatés précédemment à la mise en oeuvre du procédé selon l'invention et qui pouvaient
conduire à des rebuts de 15 %, pratiquement avaient disparu, le taux de rebut tombant
à 2 % et cela pour une consommation d'azote liquide d'environ 20 litres par tonne
de pièces moulées.
[0014] L'invention s'applique essentiellement au moulage de fonte à graphite sphéroïdal.
1. - Procédé d'élaboration de pièces en fonte, notamment en fonte à graphite sphéroïdol
, du genre où l'on coule le métal en fusion d'une poche de préparation dans un moule,
caractérisé en ce que, d'une part, la teneur de la fonte en magnésium étant comprise
entre 0,03 et 0,07 %, la teneur en aluminium est établie à au moins 0,1 %, d'autre
part, on applique à ladite fonte en cours de coulée, la technique connue en soi de
coulée en moule inerté par déversement préalable d'azote liquide en fond de moule.
2. - Procédé d'élaboration selon la revendication 1, caractérisé en ce que la quantité
d'azote liquide déversée est à l'état vaporisé de 50 à 100 fois en volume de la cavité
de moulage.