[0001] La présente invention concerne un procédé séquentiel pour la délignification et le
blanchiment de pâtes cellulosiques chimiques et semi-chimiques par action de l'oxygène
comportant en outre un traitement ultérieur de blanchiment au peroxyde.
[0002] Le blanchiment des pâtes chimiques et semi-chimiques de cellulose destinées notamment
à la fabrication du papier nécessite généralement plusieurs traitements de blanchiment
successifs, éventuellement entrecoupés d'étapes de lavage, de dilution et/ou de concentration,
pour parvenir au taux de lignine résiduelle et à la blancheur désirés.
[0003] Divers types d'agents de blanchiment sont couramment utilisés pour le traitement
de pâtes cellulosiques. On a ainsi proposé de soumettre les pâtes chimiques et semi-chimiques
à l'action de l'oxygène ou de l'air en milieu alcalin, et ensuite à des traitements
de blanchiment comportant un traitement au peroxyde. Cependant l'élimination de la
lignine et le gain de blancheur s'accompagnent de modifications importantes des caractéristiques
physiques des pâtes cellulosiques et plus particulièrement d'une réduction sensible
de la viscosité des pâtes ce qui traduit une dépolymérisation des chaînes cellulosiques.
Au niveau industriel le rendement des procédés est réduit. En outre, la résistance
des produits finis est amoindrie.
[0004] L'invention a pour but de fournir un procédé qui permet de pallier les inconvénients
des procédés connus cités ci-dessus et notamment d'éviter une dépolymérisation trop
importante de la cellulose dans les pâtes chimiques et semi-chimiques.
[0005] Le procédé selon l'invention permet en outre de produire les pâtes à papier avec
de bons rendements. Les pâtes obtenues ont par ailleurs un bon degré de blancheur.
[0006] L'invention concerne à cet effet un procédé pour la délignification et le blanchiment
de pâtes cellulosiques chimiques et semi-chimiques comportant un traitement à l'oxygène
en milieu alcalin et un traitement ultérieur au moyen de peroxydes selon lequel les
effluents du traitement au peroxyde sont recyclés au moins partiellement au traitement
à l'oxygène.
[0007] En général, une partie seulement des effluents du traitement au peroxyde, ne dépassant
pas de préférence 80% de leur poids, est recyclée au traitement à l'oxygène (appelé
également ci-après stade 0). De bons résultats ont été obtenus, en recyclant au traitement
à l'oxygène de 5 à 70% du poids des effluents du traitement au peroxyde (appelé également
ci-après stade P).
[0008] Le traitement à l'oxygène est en général réalisé à l'aide d'un gaz contenant de l'oxygène
tel que l'oxygène ou l'air. D'autres mélanges de gaz contenant de l'oxygène peuvent
également être utilisés. Les pressions partielles d'oxygène peuvent varier dans de
larges limites. Elles sont en général comprises entre 100 kPa et 2 MPa. Les températures
sont en général comprises entre 353 et 423 K et de préférence entre 373 et 503 K.
[0009] Le traitement à l'oxygène s'effectue en présence d'une solution aqueuse alcaline.
Divers types d'alcalis peuvent être utilisés à cet effet. En général, ils sont choisis
parmi les hydroxydes, les bicarbonates et les carbonates de métaux alcalins et d'ammonium
et leurs mélanges. De bons résultats sont obtenus en mettant en oeuvre un alcali contenant
de l'hydroxyde de sodium. La quantité d'alcali mise en oeuvre peut varier dans de
larges limites. Elle est en général comprise entre 0,1 et 20%, et de préférence entre
1 et 15% du poids de pâte sèche.
[0010] La densité de la pâte mise en oeuvre au stade 0 est en général comprise entre 3 et
50% et de préférence entre 5 et 40%.
[0011] Divers additifs peuvent être mis en oeuvre au stade 0, sans que cela soit indispensable,
tels que des agents protecteurs de la cellulose, des agents de séquestration, des
régulateurs de pH, etc. La teneur totale en additifs divers ne dépasse en général
pas 10% du poids de la pâte sèche.
[0012] Les agents protecteurs sont en général choisis parmi les dérivés des métaux alcalino-terreux.
Ces dérivés sont le plus souvent des sels de métaux alcalino-terreux et plus particulièrement
des sels de magnésium. On peut ainsi mettre en oeuvre au cours du traitement à l'oxygène
du carbonate, du sulfate, de l'oxyde ou de l'hydroxyde de magnésium.
[0013] Le traitement à l'oxygène peut être réalisé dans tout appareil connu en lui-même
convenant pour la délignification et capable de résister aux pressions mises en oeuvre.
On peut ainsi utiliser divers types d'autoclaves.
[0014] Après le traitement à l'oxygène, la pâte est dégazée. Elle peut être envoyée telle
quelle au traitement de blanchiment subséquent. On peut également soumettre la pâte
à une ou plusieurs étapes de lavage ou de dilution, et éventuellement de concentration,
avant de l'envoyer au traitement de blanchiment subséquent. Ces diverses étapes peuvent
être réalisées dans divers types d'appareils connus en eux-mêmes. Les concentrations
peuvent ainsi être réalisées dans divers types d'appareils permettant l'essorage de
la pâte tels que des filtres rotatifs ou divers types de presse. Les effluents éventuels
de ces étapes de lavage, de dilution et de concentration subséquentes au stade 0 peuvent
être recyclés au stade 0 et/ou soumis à une incinération de manière à régénérer l'alcali.
En général, au moins 10% du poids de ces effluents sont envoyés aux chaudières de
récupération pour y être incinérés.
[0015] La pâte obtenue peut ensuite subir éventuellement des traite- 'ments de blanchiment
intermédiaires avant d'être envoyée au traitement au peroxyde. On peut ainsi soumettre
la pâte issue du stade 0, éventuellement après les étapes de lavage, dilution ou concentration
précitées, à au moins un traitement intermédiaire choisi parmi les traitements aux
peracides carboxyliques et à l'ozone. De tels traitements de blanchiment intermédiaires
ne sont cependant pas indispensables. De bons résultats ont été obtenus en envoyant
la pâte issue du traitement à l'oxygène, au traitement au peroxyde, sans traitement
de blanchiment intermédiaire.
[0016] Le traitement au peroxyde s'effectue en présence de composés peroxydés de divers
types. On peut ainsi utiliser le peroxyde d'hydrogène, les peroxydes de métaux alcalins,
les autres peroxydes inorganiques, et les peroxydes, hydroperoxydes ou peracides organiques.
En général, on utilise un composé peroxydé choisi parmi le peroxyde d'hydrogène, le
peroxyde de sodium et leur mélange. De bons résultats sont obtenus en utilisant le
peroxyde d'hydrogène. La quantité de composés peroxydés mis en oeuvre calculée en
peroxyde d'hydrogène pur est en général comprise entre 0,1 et 10% et de préférence
entre 0,2 et 5% du poids de pâte sèche.
[0017] Le mélange soumis au stade P est maintenu à un pH basique, en général compris entre
9 et 13 et le plus souvent entre 10 et 12,5. Pour ce faire, on ajoute au mélange des
alcalis qui peuvent être de natures très diverses. En général, on ajoute au mélange
des hydroxydes ou des carbonates de métaux alcalins, de métaux alcalino-terreux ou
d'ammonium et plus particulièrement de l'hydroxyde de sodium. La quantité d'alcali
mise en oeuvre dépend du type de composé peroxydé mis en oeuvre et plus particulièrement
de son caractère alcalin éventuel. Lorsque le composé peroxydé est le peroxyde d'hydrogène,
on ajoute en général de 0,2 à 15% en poids d'alcali par rapport au poids de pâte sèche.
De bons résultats sont obtenus en utilisant de 0,5 à 10% d'alcali. Ces quantités sont
réduites lorsque le composé peroxydé contient du peroxyde de sodium.
[0018] Les densités des pâtes soumises au traitement au peroxyde sont en général comprises
entre 2 et 25%. Les températures sont an général comprises entre la température ambiante
et la température d'ébullition du mélange. De bons résultats sont obtenus à des températures
comprises entre 333 et 353 K.
[0019] Divers additifs peuvent être mis en oeuvre au stade 0, sans que cela soit indispensable,
tels que des stabilisants organiques ou inorganiques, des agents tensioactifs, des
agents complexants, des agents régulateurs de pH, etc.
[0020] Comme stabilisants, on utilise en général des composés choisis parmi les sels de
magnésium tels que le sulfate de magnésium et les silicates tels que le verre soluble.
[0021] Comme agents complexants, on utilise en général des agents choisis parmi les composés
organiques contenant de l'azote et/ou du phosphore tels que les acides nitrilotriacétique,
éthylène- diamine-tétraacétique, diéthylènetriamine-pentaacétique et leurs sels, les
acides polyhydroxycarboxyliques et leurs sels tels que le poly-alpha-hydroxyacrylate
de sodium et les acides hydroxy- carboxyliques et leurs sels tels que le gluconate
de sodium.
[0022] Le traitement au peroxyde peut avoir lieu dans divers types d'appareils connus en
eux-mêmes tels que des tours ou des piles.
[0023] La pâte issue du traitement au peroxyde est ensuite soumise à une ou plusieurs étapes
de concentration, éventuellement après une ou plusieurs dilutions préalables.
[0024] La concentration peut se faire selon diverses techniques connues en elles-mêmes telles
que l'essorage dans un filtre rotatif ou dans divers types de presse. Cette concentration
amène la pâte à une densité en général supérieure à 10%.
[0025] Les effluents issus des étapes de concentration faisant suite au traitement au peroxyde
sont recyclés au moins en partie au stade 0 selon l'invention. Ils peuvent être renvoyés
directement dans l'appareil où est réalisé le traitement à l'oxygène, ou encore être
mélangés aux effluents du stade 0 destinés à y être recyclés.
[0026] La partie des effluents du stade P qui n'est pas recyclée au stade 0 est avantageusement
recyclée au stade P ou encore utilisée pour diluer la pâte issue du stade P avant
sa concentration.
[0027] Un procédé particulièrement adéquat consiste à diluer la pâte issue du traitement
au peroxyde, à la concentrer sur un ou plusieurs appareils convenant pour l'essorage,
à recueillir les effluents de ces essorages qui constituent les effluents du procédé
selon l'invention, à utiliser de 30 à 95% de ces effluents pour l'étape de dilution
de la pâte issue du traitement au peroxyde et à recycler le solde de ces effluents
au traitement à l'oxygène.
[0028] Les appareils utilisés pour l'essorage de la pâte issue du traitement au peroxyde
peuvent être également alimentés en une petite quantité d'eau fraîche ou d'une solution
aqueuse. Dans ce cas, la quantité d'eau ou de solution aqueuse mise en oeuvre est
sensiblement égale à la quantité d'effluents du traitement à l'oxygène envoyés aux
chaudières de récupération.
[0029] Le stade P du procédé selon l'invention peut, selon le degré de blancheur désiré,
être soumis à un ou plusieurs traitements de blanchiment supplémentaires. Ceux-ci
sont choisis en général parmi les traitements au peroxyde, au dioxyde de chlore (appelés
également stades D), à l'hypochlorite (appelés également stades H), aux peracides
carboxyliques (appelés également stade P
A) et au chlore (appelés également stades C) ou les extractions alcalines (appelées
également stade E). Certaines séquences particulières de traitements ultérieurs ont
donné de bons résultats : il s'agit des séquences CED, CEH, CHH, CPD, CPH, DED, DHD
et DPD.
[0030] Afin d'illustrer l'invention sans pour autant en limiter la portée, on donne ci-après
un exemple pratique de réalisation. L'exemple 2 a été réalisé à titre de comparaison
en l'absence de recyclage.
Exemple 1 Blanchiment d'une pâte kraft de pin
[0031] Une pâte kraft de pin (blancheur initiale 27,6°ISO, indice kappa 39,6) a été soumise
à un traitement en cinq étapes comportant un premier traitement à l'oxygène et un
deuxième traitement au peroxyde avec recyclage de l'effluent de l'étape au peroxyde
a l'étape à l'oxygène. Les conditions opératoires sont données ci-après. Les pourcentages
des réactifs sont donnés par rapport à la pâte sèche. lère étape

2ème étape

3ème étape

4ème étape

5ème étape

[0032] La viscosité finale de la pâte issue de la dernière étape mesurée selon la norme
TAPPI T 230 est de 12,0 mPa.s.
Exemple 2 Blanchiment d'une pâte kraft de pin
[0033] La même pâte kraft de pin que celle utilisée pour la réalisation de l'essai 1 a été
soumise à un traitement en cinq étapes comportant un premier traitement à l'oxygène
et un deuxième traitement au peroxyde sans recyclage de l'effluent de l'étape au peroxyde
à l'étape à l'oxygène. Les autres conditions opératoires sont identiques à celles
de l'essai 1.
[0034] La viscosité finale de la pâte à l'issue de la dernière étape est de 10,8 mPa.s.
La pâte cellulosique a donc subi une dépolymérisation plus importante que lors de
l'utilisation du procédé selon l'invention.
1 - Procédé pour la délignification et le blanchiment de pâtes cellulosiques chimiques
et semi-chimiques comportant un traitement à l'oxygène en milieu alcalin et un traitement
ultérieur au moyen de peroxydes caractérisé en ce que les effluents du traitement
au peroxyde sont recyclés au moins partiellement au traitement à l'oxygène.
2 - Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que la proportion.des effluents
du traitement au peroxyde recyclés au traitement à l'oxygène est comprise entre 5
et 70% de leur poids total.
3 - Procédé selon l'une ou l'autre des revendications 1 et 2 caractérisé en ce que
le traitement à l'oxygène s'effectue sous une pression partielle d'oxygène comprise
entre 200 kPa et 2 MPa.
4 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
lors du traitement à l'oxygène, on ajoute de 1 à 15% d'alcali par rapport au poids
de la pâte sèche.
5 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4 caractérisé en ce que
l'alcali mis en oeuvre au traitement à l'oxygène est de l'hydroxyde de sodium.
6 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
le traitement à l'oxygène est réalisé sur une pâte dont la densité est comprise entre
5 et 40%.
7 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que
lors du traitement au peroxyde, on ajoute de 0,2 à 5X d'un composé peroxydé calculé
en peroxyde d'hydrogène à 100%.
8 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que
le peroxyde mis en oeuvre au traitement au peroxyde est choisi parmi le peroxyde de
sodium et le peroxyde d'hydrogène.
9 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que
lors du traitement au peroxyde, on maintient le pH à une valeur comprise entre 9 et
13.
10 - Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, caractérisé en ce que
le traitement au peroxyde est réalisé sur une pâte dont la densité est comprise entre
2 et 25%.