[0001] La présente invention concerne la fabrication des poudres propulsives en grains à
base de nitrocellulose.
[0002] Les poudres propulsives en grains à base de nitrocellulose sont obtenues d'une manière
générale par gélatinisation de la nitrocellulose fibreuse et découpage en grain de
la nitrocellulose ainsi géla- tinisée. La gélatinisation de la nitrocellulose s'effectue
par malaxage des fibres de nitrocellulose en présence de solvants appropriés et par
extrusion de la pâte ainsi formée. La pâte extrudée est découpée en grains et les
solvants sont éliminés, souvent par trempage à l'eau et séchage à l'air des grains
de poudre qui subissent pour finir différents traitements de surface destinés à fixer
sur la surface du grain de poudre des agents modérateurs de combustion (opération
dite de "lissage") ou du graphite dans le but d'empêcher l'accumulation d'électricité
statique sur le grain de poudre (opération dite de "graphitage"). Le procédé de fabrication
des poudres propulsives à base de nitrocellulose, encore appelé "procédé avec solvant",
est très bien décrit dans l'ouvrage "Les Poudres et Explosifs" de Messieurs VENNIN,
BURLOT et LECORCHE, paru à la Librairie Polytechnique Ch. BERANGER en 1932, pages
578 et suivantes.
[0003] La nitrocellulose fibreuse étant un corps très sensible et donc dangereux, ce produit
est conservé mouillé à l'eau de manière à éviter tout risque de prise en feu pendant
sa conservation ou son transport. Il convient donc avant de l'utiliser en vue de la
fabrication d'une poudre propulsive de la déshydrater. La déshydratation de la nitrocellulose
s'effectue en général en remplaçant l'eau par de l'alcool au moyen d'une presse à
déshydrater.
[0004] Le procédé de fabrication des poudres propulsives dit "avec solvant" est très performant
mais présente un inconvénient majeur : il est d'une mise en oeuvre complexe et par
là-même est relativement coûteux, ce qui limite son intérêt notamment dans le cas
de la fabrication de poudres fines de consommation courante, comme les poudres de
chasse. On a déjà cherché à simplifier les procédés de fabrication des poudres propulsives
à base de nitrocellulose, notamment en travaillant sur des collodions de nitrocellulose
comme décrit par exemple dans le brevet français 1 145 114, mais même dans ce type
de procédés, on est obligé de passer par une étape de déshydratation préalable de
la nitrocellulose.
[0005] En pratique on ne savait pas, jusqu'à présent, gélatiniser correctement une nitrocellulose
qui n'avait pas été au préalable déshydratée au moins partiellement. Le but de la
présente invention est de proposer un procédé simple et peu onéreux de fabrication
de poudres propulsives fines à base de nitrocellulose non déshydratée.
[0006] Le procédé selon l'invention se caractérise en ce que :
1 - on mélange dans un malaxeur la nitrocellulose aqueuse en présence éventuellement
d'un stabilisant avec un solvant choisi dans le groupe constitué par la méthyl éthyl
cétone, l'acétate d'éthyle ou les mélanges méthyl éthyl cétone et acétate d'éthyle,
la teneur pondérale en solvant étant comprise entre 50 et 100% par rapport au poids
de nitrocellulose sèche,
2 - on calandre à froid la pâte ainsi obtenue,
3 - on découpe en grains après essorage la bande ainsi obtenue.
[0007] Grâce à un choix particulier de solvants, on dispose d'une technique qui permet en
une seule opération de calandrage à la fois d'éliminer l'eau contenue dans la nitrocellulose
et d'assurer la gélatinisation de cette dernière. Le procédé selon l'invention permet
ainsi la fabrication simple et peu coûteuse de poudres propulsives fines à partir
de nitrocellulose non déshydratée.
[0008] On donne ci-après le mode de réalisation détaillée de l'invention.
[0009] Comme il a été dit plus haut, on part de nitrocellulose aqueuse que l'on mélange
dans un malaxeur avec un solvant. Le choix du solvant est essentiel pour la réalisation
et seuls les solvants choisis dans le groupe constitué par la méthyl éthyl cétone,
l'acétate d'éthyle ou leurs mélanges en toutes proportions permettent d'attein- dre
le résultat visé par l'invention : à savoir, grâce à une opération de calandrage une
élimination parfaite de l'eau contenue dans la nitrocellulose ainsi qu'une bonne gélatinisation
de cette dernière. La demanderesse a ainsi observé que des solvants habituellement
utilisés dans la fabrication des poudres tels que l'acétone, la méthyl isobutyl cétone,
l'alcool éthylique ou l'éther éthylique ne permettent pas d'atteindre le résultat
visé par l'invention.
[0010] La demanderesse a au contraire constaté avec surprise que seuls la méthyl éthyl cétone,
l'acétate d'éthyle ou leurs mélanges permettent de façon reproductible et quelle que
soit la nitrocellulose de départ, d'atteindre le résultat visé par l'invention.
[0011] La teneur des solvants utilisés est en général comprise entre 50% et 100% en poids
par rapport au poids de nitrocellulose sèche et selon une réalisation préférée de
l'invention entre 60% et 80%.
[0012] Au cours du malaxage, on ajoute de préférence un stabilisant tel que, par exemple,
la diphénylamine ou la nitro-2 diphénylamine et éventuellement un plastifiant comme,
par exemple, le dinitro toluène ou la centrali
te.
[0013] La durée du malaxage est en général voisine de deux heures et demie. La pâte ainsi
obtenue est alors passée dans une calandreuse à froid. Au cours du calandrage l'eau
contenue dans la pâte est expulsée et assure par là même occasion un refroidissement
des rouleaux de la calandreuse ; simultanément, le passage entre les rouleaux de la
calandreuse provoque la gélatinisation de la nitrocellulose.
[0014] La bande sortant de la calandreuse est alors essorée à l'air à température ambiante
et découpée en paillettes à l'aide d'une découpeuse classique pour poudres en bandes.
[0015] Les grains de poudre ainsi obtenus sont trempés à l'eau chaude pour éliminer les
solvants et séchés. Ils sont ensuite éventuellement lissés de manière à incorporer
à leur surface un modérateur de combustion tel que le camphre par exemple et enfin
ils sont graphités.
[0016] On obtient ainsi des grains de poudre propulsive qui conviennent bien pour toutes
les applications des poudres fines et notamment pour les armes de petit calibre ou
les armes de chasse.
-
[0017] L'invention sera mieux comprise à l'aide des exemples de mise en oeuvre donnés ci-après
à titre non limitatif.
Exemple 1
[0018] Cet exemple concerne la fabrication de grains de poudre propulsive à partir de nitrocellulose
humide et d'acétate d'éthyle comme solvant.
[0019] On introduit dans un malaxeur 128 kg de nitrocellulose ayant un taux d'azote de 13,20%
et mouillée à l'eau à 28% (28 kg d'eau pour 100 kg de nitrocellulose sèche), 65 kg
d'acétate d'éthyle et 2 kg de nitro-2 diphénylamine. On laisse tourner le malaxeur
pendant deux heures et demie. Après malaxage la pâte est passée dans une calandreuse
dont les rouleaux sont écartés de 0,15 mm. La bande sortant de la calandreuse est
découpée en paillettes de 1 mm de cotés après une demie heure d'essorage à température
ambiante,
[0020] Les grains de poudre ainsi obtenus sont trempés dans de l'eau chaude à 80°C pendant
8 heures puis séchés à l'air. Enfin les grains sont graphités dans un drageoir en
utilisant 2% en poids de graphite par rapport au poids de la poudre.
[0021] On obtient ainsi une poudre propulsive ayant un potentiel de 964 cal/g, une masse
volumique apparente de 480 g/dm
3, une teneur pondérale en solvant résiduel de 0,5% et une résiduelle de 1,20% en poids.
Par ailleurs, on compte pour cette poudre 5 000 grains au gramme.
[0022] Cette poudre a été tirée dans un fusil de chasse de calibre 12,65. Les cartouches
contenaient 32 g de ploms n° 6 et une bourre en feutre. Les résultats de tir ont été
les suivants :

[0023] On constate que la poudre selon l'invention donne des performances balistiques tout
à fait satisfaisantes. Par ailleurs, la demanderesse a observé que cette poudre s'allume
très bien, cela se comprend eu égard au nombre élevé de grains par gramme de poudre.
Exemple 2
[0024] Cet exemple concerne la fabrication de grains de poudre propulsive à partir de nitrocellulose
humide et d'acétate d'éthyle comme solvant.
[0025] On introduit dans un malaxeur 127 kg de nitrocellulose ayant un taux d'azote de 13,20%
et mouillée à l'eau à 27% (27 kg d'eau pour 100 kg de nitrocellulose sèche), 80 kg
d'acétate d'éthyle et 1,4 kg de nitro-2 diphénylamine. On laisse tourner le malaxeur
pendant deux heures. Après malaxage la pâte est passée dans une calandreuse dont les
rouleaux sont écartés de 0,10 mm. La bande sortant de da calandreuse est découpée
en paillettes de 1 mm de cotés après deux heures d'essorage à température ambiante.
Les grains de poudre ainsi obtenus sont trempés dans de l'eau chaude à 60°C pendant
48 heures puis séchés à l'air. Enfin, les grains sont graphités dans un drageoir en
utilisant 2% en poids de graphite par rapport au poids de la poudre.
[0026] On obtient ainsi une poudre propulsive ayant un potentiel de 972 cal/g, une masse
volumique apparente de 524 g/dm
3, une teneur pondérale en solvant résiduel de 1,0% et une humidité résiduelle de 1,28%
en poids.
[0027] Cette poudre a été tirée dans un fusil de chasse de calibre 12,65. Les cartouches
contenaient 32 g de plombs n° 6 et une bourre en feutre. Les résultats de tir ont
été les suivants :

Exemple 3
[0028] Cet exemple concerne la fabrication de grains de poudre propulsive à partir de nitrocellulose
humide et d'un mélange acétate d'éthyle, méthyl éthyl cétone comme solvant.
[0029] On procède comme décrit dans l'exemple 2, en introduisant dans le malaxeur :
- 127 kg de nitrocellulose humide (analogue à celle de l'exemple 2)
- 40 kg d'acétate d'éthyle
- 30 kg de méthyl éthyl cétone,
- 1,4 kg de nitro-2 diphénylamine.
[0030] On obtient une poudre propulsive ayant un potentiel de 967 cal/g, une masse volumique
apparente de 500 g/dm3, une teneur pondérale en solvant résiduel de 0,60% et une humidité
résiduelle de 1,32% en poids.
[0031] Cette poudre a été tirée dans les mêmes conditions que celles de l'exemple 2. Les
résultats de tir ont été les suivants :

Exemple 4
[0032] Cet exemple concerne la fabrication de grains de poudre propulsive à partir de nitrocellulose
humide et d'un mélange acétate d'éthyle, méthyl éthyl cétone comme solvant.
[0033] On procède comme décrit dans l'exemple 1 en introduisant dans le malaxeur :
[0034]

[0035] La durée dumalaxage est de 2 heures. Après malaxage, la pâte est passée dans une
calandreuse dont les rouleaux sont écartés de 0,08 mm. La bande sortant de la calandreuse
est découpée en paillette de 1 mm de cotés après une demie heure d'essorage. Les grains
de poudre sont ensuite trempés, séchés et graphités comme décrit dans l'exemple 1.
[0036] On obtient ainsi une poudre dont le potentiel est de 965 cal/g.
Exemple 5
[0037] Cet exemple concerne la fabrication de grains de poudre propulsive à partir de nitrocellulose
humide et de méthyl éthyl cétone comme solvant.
[0038] On procède comme décrit dans l'exemple 1, en introduisant dans le malaxeur :

[0039] La durée du malaxage est de deux heures. Après malaxage, la pâte est passée dans
une calandreuse dont les rouleaux sont écartés de 0,08 mm. La bande sortant de la
calandreuse est découpée en paillettes de 1 mm de côtés après une demie heure d'essorage
à température ambiante. Les grains de poudre sont ensuite trempés, séchés et graphités
comme décrit dans l'exemple 1.
[0040] On obtient ainsi une poudre dont le potentiel est de 988 cal/g.
Exemples 6 à 8
[0041] Ces exemples sont destinés à montrer l'importance dans le procédé selon l'invention
de la nature du solvant. On a cherché à fabriquer par calandrage une poudre propulsive
en grains à partir de nitrocellulose humide en employant des solvants classiques de
la nitrocellulose.
Exemple 6
[0042] On a cherché à utiliser comme solvants des mélanges éther éthylique- alcool éthylique
à 54 et à 56° Beaumé. Le calandrage s'est avéré impossible pour des teneurs pondérales
en solvants comprises entre 50 et 140% par rapport au poids de nitrocellulose sèche.
Exemple 7
[0043] On a cherché à utiliser comme solvant un mélange acétone- alcool éthylique (40 :
30). Le calandrage s'est avéré impossible pour des teneurs pondérales en solvant comprises
entre 50 et 100% par rapport au poids de nitrocellulose sèche.
Exemple 8
[0044] On a cherché à utiliser comme solvant la méthyl, isobutyl cétone. Pour une teneur
pondérale en solvant de 65%, par rapport au poids de nitrocellulose sèche, le calandrage
s'est avéré très difficile et il a été impossible d'assurer une élimination correcte
du solvant sans dégradation chimique de la poudre.