[0001] La présente invention concerne les dispositifs d'approvisionnement pour armes de
moyen calibre et elle trouve une application particulièrement importante, bien que
non exclusive, dans l'approvisionnement des mortiers et canons montés sur tourelles
ou sur véhicules et approvisionnés manuellement. Son domaine d'application s'étend
toutefois au-delà et notamment à celui des armes sur affût.
[0002] On devra interpréter les termes "armes de moyen calibre" comme désignant les armes
intermédiaires entre celles qui sont alimentées de façon automatique par casiers ou
bandes et celles qui utilisent une munition dont le poids exclut la manutention manuelle.
Dans la pratique, on peut considérer que les armes de moyen calibre utilisent une
munition dont le poids varie de quelques kilogrammes à une vingtaine de kilogrammes.
[0003] On sait que les armes de moyen calibre montées en tourelle sont généralement approvisionnées
manuellement en munitions qui sont stockées à l'intérieur de la tourelle dans des
casiers de dimensions appropriées ou autour de la cuve suspendue à la tourelle proprement
dite. Les emplacements des munitions sont à une distance variable de l'arme. Elles
doivent être transportées par le servant sur une longueur qui varie avec la position
de stockage de la munition. Si cette contrainte est souvent acceptable,- elle présente
des inconvénients graves au cours d'actions qui exigent une cadence de tir aussi élevée
que possible : en effet, elle permet difficilement d'atteindre une cadence de tir
de l'ordre de dix coups par minute.
[0004] Le brevet US 31 34 301 décrit un dispositif d'approvisionnement qui comprend un corps
de barillet monté dans un carter fixe de façon à pouvoir tourner autour d'un axe approximativement
horizontal, dans lequel sont ménagés plusieurs emplacements répartis autour de l'axe
de rotation du barillet et destinés à recevoir chacun une munition, ainsi que des
moyens permettant de faire tourner le corps de barillet par pas angulaires égaux à
l'intervalle entre emplacements successifs de façon à faire coincider chacun des emplacements
à son tour avec une ouverture ménagée dans le carter et permettant d'extraire la munition
par déplacement axial de celle-ci vers l'avant. Le barillet est placé immédiatement
derrière l'arme, mais décalé transversalement pour autoriser le recul de celle-ci.
Un berceau déplaçable transversalement doit être prévu pour amener la munition du
barillet à la chambre. Ce berceau et ses moyens d'entrainement et de guidage augmentent
l'encombrement et la complexité du dispositif et ralentissent la cadence de tir. Par
ailleurs, le dispositif est prévu pour que la munition soit toujours chargée par l'intermédiaire
du barillet.
[0005] L'invention vise à fournir un dispositif d'approvisionnement pour armes de moyen
calibre répondant mieux que ceux antérieurement connus aux exigences de la pratique,
notamment en ce qu'il permet au servant de l'arme de disposer successivement de plusieurs
munitions dans une position intermédiaire préparatoire située à proximité de la chambre
à cartouche de l'arme et qui est toujours la même, ce grâce à quoi les conditions
ergonomiques du tir sont améliorées et des cadences élevées peuvent être atteintes,
tout en laissant subsister une possibilité de chargement manuel classique.
[0006] Dans ce but l'invention propose notamment un dispositif d'approvisionnement caractérisé
en ce que le carter est placé en arrière de la chambre à cartouches de l'arme, à distance
de celle-ci, dans une position permettant d'introduire les munitions dans la dite
chambre sans passer par l'intermédiaire du corps de barillet.
[0007] Des moyens de verrouillage sont avantageusement prévus pour immobiliser le corps
de barillet dans le carter sauf lorsque les moyens destinés à faire tourner le barillet
sont actionnés.
[0008] Le corps de barillet et le carter sont prévus de façon à interdire aux munitions
placées aux divers emplacements de se déplacer, sauf lorsque l'emplacement d'une munition
se trouve face à l'ouverture du carter. Cette ouverture est elle-même avantageusement
fermée par un organe de retenue tel qu'un doigt à rappel élastique que le servant
de l'arme doit écarter pour pouvoir extraire la munition.
[0009] Lorsque le dispositif est associé à une arme en tourelle, le carter est avantageusement
fixé à la tourelle, en arrière de la chambre à cartouches de l'arme, dans une position
décalée de façon à ne pas gêner l'introduction de munitions provenant, non pas du
dispositif d'approvisionnement, mais d'autres emplacements de stockage de munitions
dans la tourelle. Des moyens de guidage sont avantageusement interposés entre l'ouverture
du carter et la chambre à cartouche . Ils peuvent être constitués par un galet rotatif
monté à un emplacement tel que l'arrière de la nunition s'appuie encore sur le galet
lorsque l'ogive arrive en contact avec la culasse. On peut ainsi placer le dispositif
d'approvisionnement à une distance de la culasse de l'arme qui est légèrement supérieure
à la longueur de la munition sans pour autant que le servant ait à supporter le poids
entier de la munition lors du transfert.
[0010] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui suit d'un mode
particulier d'exécution donné à titre d'exemple non limitatif. La description se réfère
aux dessins qui l'accompagnent, dans lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique en perspective montrant une implantation possible
du dispositif en tourelle ;
- la figure 2 est une vue du dispositif en coupe suivant la ligne II-II de la figure
3 ;
- la figure 3 est une vue du dispositif depuis la gauche de la figure 2.
[0011] La figure 1 montre le dispositif d'approvisionnement 10 monté sur une tourelle, dont
seule est représentée la ligne de jonction 11 avec une couronne supérieure munie d'épiscopes
12 d'observation. Le blindage avant de la tourelle est traversé par le tube d'une
arme de moyen calibre dont la boite de culasse apparait partiellement en 13.
[0012] Le dispositif 10, fixé sur une cloison prévue à l'arrière de la tourelle, peut avoir
la constitution montrée de façon simplifiée en figures 2 et 3. Il comprend essentiellement
un barillet ayant une partie fixe constituée par un carter 14 muni d'un rebord 15
de fixation sur la cloison et un corps de barillet 16 en plusieurs pièces assemblées.
Le carter 14 enveloppe la partie avant du corps de barillet, sauf dans une zone où
il est muni d'une ouverture 27 de passage de munition. A l'arrière, il se réduit à
un boitier 17 dont le rôle apparaitra plus loin.
[0013] Le corps de barillet 16 comprend un arbre central 18 dont l'extrêmité avant est munie
d'un manchon 19 qui tourne dans un palier 20 du carter. L'extrémité arrière de l'arbre
18 est munie d'une rotule 21 emprisonnée dans le logement d'un goujon 22 fixé dans
une position ajustable au boitier 17. Sur la partie arrière de l'arbre 18 est claveté
un tambour 23 dans lequel sont ménagés les emplacements de réception de munitions.
Dans le mode de réalisation illustré, le tambour 23 comporte cinq logements. Chaque
munition repose, d'une part, sur le fond d'un logement par sa douille et, d'autre
part, par son ogive, sur une fourche 24 prévue sur un disque d'appui 25 solidaire
de la partie avant de l'arbre 18.
[0014] On voit sur la figure 2 de chaque munition, sauf lorsqu'elle fait face à l'ouverture
27, se trouve immobilisée dans le corps de barillet : en effet, elle est retenue à
l'avant entre une fourche 24 et le carter 14 (figure 2) dont la forme est telle que,
d'une part, ils empêchent la munition de s'échapper radialement et, d'autre part,
ils retiennent la munition enfoncée dans la cuvette terminale 2"6 matérialisant l'emplacement
de réception.
[0015] Le barillet représenté sur les figures 2 et 3 est destiné à recevoir cinq munitions
à la fois. Mais ce nombre n'est pas limitatif. L'emploi du dispositif suivant l'invention
présente un intérêt dès qu'il est prévu pour au moins deux coups. La quantité de munitions
prévue dépendra des missions envisagées et de la place disponible pour loger le dispositif.
Par ailleurs, le tambour 23 peut avoir une forme très variable et, en particulier,
les cuvettes 26 peuvent être constituées par des évidements circulaires, par l'espace
libre entre des croisillons ou par toute autre disposition assurant une retenue correcte.
[0016] Les moyens pour faire tourner le corps de barillet 16 sont constitués, dans le mode
de réalisation illustré, par une poignée 28 dans laquelle coulisse un doigt d'encliquetage
29 qu'un ressort de rappel 30 tend à ramener dans une position rétractée. Dans cette
position, la saillie du doigt 29 hors de la poignée 28 est telle qu'il ne déborde
pas d'une échancrure 31 prévue dans une chemise solidaire du palier 20. Un ressort
de rappel 32 tend à ramener alors la poignée dans une position d'appui du doigt 29
contre une extrémité de l'échancrure 31. Cette dernière a un développement angulaire
correspondant à la moitié de l'intervalle entre deux emplacements successifs ménagés
dans le corps de barillet.
[0017] La poignée 28 porte un levier 33 permettant de déplacer le doigt 29, contre l'effort
de rappel du ressort 30, de manière à l'engager dans l'un des trous percés à cet effet
dans le manchon 19. Cet enfoncement a deux effets : d'une part, il solidarise en rotation
la poignée 28 du corps de barillet ; d'autre part, il refoule un verrou 34 hors du
trou 35 correspondant, contre l'action d'un ressort de rappel 36. Dans le mode de
réalisation illustré en figures 2 et 3, le corps de barillet comporte cinq emplacements,
alors qu'il y a dix trous 35, de sorte qu'il faut deux mouvements de va-et-vient de
la poignée pour passer d'un emplacement au suivant. Cette disposition, qui permet
d'adopter un débattement angulaire plus faible pour la poignée, n'est évidemment pas
indispensable.
[0018] Par sécurité, le dispositif représenté en figure 2 comporte un verrou à rappel élastique
supplémentaire 37 qui évite une rotation intempestive du corps de barillet. Ce verrou
supplémentaire, porté par le boîtier 17, n'est pas indispensable et peut être omis.
[0019] On voit que chacune des munitions placées en position d'attente est retenue de façon
positive par le carter et par le corps de barillet. Par contre, des moyens supplémentaires
doivent être prévus pour empêcher la munition 38 placée face à l'ouverture de sortie
de s'échapper. Dans le mode de réalisation montré en figure 3, il est prévu un organe
de retenue constitué par un doigt 39 monté coulissant dans une excroissance du carter.
Un ressort 40 tend à amener le doigt 39 dans une position où il s'appuie sur l'ogive
de la cartouche 38 et lui interdit de s'échapper.
[0020] Le fonctionnement du dispositif qui vient d'être décrit ressort de la description
et ne sera donc que sommairement évoqué.
[0021] Le personnel servant l'arme doit d'abord placer, dans le dispositif, les cinq munitions
qu'il peut recevoir, en plus des munitions stockées à des emplacements fixes dans
la tourelle. A l'issue de cette opération, le servant de l'arme dispose d'une munition
directement disponible et de quatre munitions en attente. S'il doit effectuer des
tris à cadence limitée, il utilisera les munitions stockées à poste fixe. Si, par
contre, il doit effectuer un tir à cadence rapide, il pourra successivement utiliser
les cinq munitions stockées dans le dispositif. Il pourra d'abord extraire la première
munition simplement en repoussant du pouce le doigt 39 puis en faisant glisser la
munition jusqu'à ce qu'elle vienne en appui sur la boite de culasse de l'arme. Pour
disposer d'une autre munition au même emplacement que la première, il devra saisir
la poignée, serrer le levier, déplacer angulairement la poignée jusqu'en butée, la
libérer, et refaire un second mouvement identique.
[0022] Comme indiqué plus haut, il est nécessaire que le dispositif ne gêne pas le chargement
de l'arme en utilisant des munitions d'autre origine. Pour cela, le dispositif devra
généralement être placé à une distance de la culasse supérieure à la longueur de la
munition. Pour éviter que le servant n'ait à supporter la totalité du poids de la
munition au cours du transfert, on prévoira avantageusement des moyens de guidage.
Dans le mode de réalisation illustré, ces moyens de guidage sont constitués par un
galet 41 en forme de diabolo, monté sur un châssis solidaire du carter 14. Ce diabolo
est à une distance de la culasse telle que l'ogive de la cartouche vient en appui
sur la boite alors que la douille est encore supportée par le diabolo. On voit que
l'invention permet au tireur de disposer en permanence d'une réserve de quelques munitions
qu'il peut tirer à cadence extrêmement rapide, en conservant cette réserve pour les
cas d'urgence grâce à la possibilité de chargement manuel qu'il utilise le reste du
temps.
1. Dispositif d'approvisionnement pour arme de moyen calibre, comprenant un corps
de barillet monté dans un carter fixe de façon à pouvoir tourner autour d'un axe approximativement
horizontal, dans lequel sont ménagés plusieurs emplacements répartis autour de l'axe
de rotation du barillet et destinés à recevoir chacun une munition, ainsi que des
moyens permettant de faire tourner le corps de barillet par pas angulaires égaux à
l'intervalle entre emplacements successifs de façon à faire coïncider chacun des emplacements
à son tour avec une ouverture ménagée dans le carter et permettant d'extraire la munition
par déplacement axial de celle-ci vers l'avant, caractérisé en ce que le carter (14)
est placé en arrière de la chambre à cartouches de l'arme, dans une position permettant
d'introduire les munitions dans la dite chambre sans passer par l'intermédiaire du
corps de barillet (16).
2. Dispositif suivant la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens
(34) pour interdire la rotation du corps de barillet (16) dans le carter sauf lors
de l'actionnement des moyens destinés à faire tourner le corps de barillet.
3. Dispositif suivant la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce qu'il comprend un
organe de retenue tel qu'un doigt à rappel élastique (39) interdisant le passage de
la munition par l'ouverture du carter.
4. Dispositif suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé
en ce que les moyens pour faire tourner le corps de barillet comportent une poignée
(28) montée rotative sur le carter entre une position de repos, vers laquelle elle
est rappelée par un ressort, et une position de déplacement maximum, séparée de la
première par un intervalle angulaire correspondant à l'espacement entre deux emplacements,
poignée munie d'un système d'approvisionnement à encliquetage sur le corps de barillet.
5. Dispositif suivant la revendication 4, caractérisé en ce que le cliquet (29) est
associé à un verrou (34) immobilisant le corps de barillet en rotation dans le carter,
verrou désarmé par la mise en action du cliquet.
6. Dispositif suivant l'une quelconque des revendications précédentes, comportant
de plus des moyens de guidage (41) interposés entre l'ouverture du carter et la boite
de culasse de l'arme.
7. Dispositif suivant la revendication 6 pour arme en tourelle ou sur véhicule, caractérisé
en ce que le dit carter est placé sur la tourelle ou le véhicule à une distance de
la chambre légèrement supérieure à la longueur de la munition.