[0001] La présente invention se rapporte à des alliages métalliques présentant des propriétés
améliorées, notamment en ce qui concerne leur résistance à l'usure.
[0002] Dans la plupart des machines ou des dispositifs comportant des pièces ou éléments
métalliques en mouvement les uns par rapport aux autres, ou appuyant les uns sur les
autres, la longévité des dites pièces ou éléments est directement conditionnée par
leurs propriétés mécaniques, ce terme étant pris dans son acception la plus large
et englobant notamment la charge de rupture, la limite élastique, la résistance aux
chocs, à l'usure, à la fatigue, etc...
[0003] En sus des meilleures valeurs pour les propriétés ci-dessus mentionnées lesquelles
favorisent une longévité importante, on s'attache également avec intérêt à obtenir
un coefficient de frottement aussi bas que possible (qui réduit les échauffements
dus à ces frottements), ainsi qu'une résistance satisfaisante aux atmosphères corrosives
auxquelles les dispositifs considérés peuvent être exposés, qu'ils soient ou non en
mouvement, et quelle que soit la température du milieu dans lequel ils sont appelés
à être utilisés.
[0004] Il n'est pas inutile de rappeler ici que certaines conditions d'utilisation ne permettent
pas une lubrification continue des surfaces des pièces en contact et en mouvement
relatif; celles-ci par conséquent doivent, au moins pendant un certain temps, pouvoir
fonctionner à sec,sans encourir de dommages. Il est à noter que dans certains cas,
les possibilités de lubrification peuvent être médiocres.
[0005] La grande diversité possible des sollicitations et conditions de fonctionnement des
dispositifs comportant des pièces ou éléments métalliques en mouvement relatif l'un
par rapport à l'autre a conduit les utilisateurs à faire une sélection parmi les matériaux
disponibles et à choisir parmi ceux qui, tout en possédant des propriétés à considérer
comme satisfaisantes, eu égard aux sollicitations envisagées, pouvaient présenter,
en même temps que des compositions très variables, des coûts intrinsèques également
très divers. C'est dire que le contexte économique était également un facteur pouvant
influer sur le choix à effectuer.
[0006] Parmi les solutions déjà envisagées et spécialement en ce qui concerne la résistance
à l'usure, on peut citer des aciers à haut carbone ou des aciers alliés, lesquels
présentent une dureté élevée due à la présence de carbone, respectivement d' éléments
générateurs de carbures.
[0007] On a également fait appel à des alliages ferreux, à des fontes à haute teneur en
chrome et à des alliages tels que Co-Cr-W-C. Des traitements de durcissement superficiel
ont aussi été envisagés.
[0008] Il a toutefois été remarqué que, parmi les compositions ci-dessus mentionnées,'ce
sont les alliages ferreux et non-ferreux, à haute teneur en carbone, qui ont été le
plus largement utilisés pour constituer des pièces ou des éléments qui, tout en résistant
de façon satisfaisante à l'usure, étaient les moins onéreuses. Ces dernières compositions,
qui doivent leur dureté à la présence de précipités de carbures, ont cependant été
récemment concurrencées par des alliages pour lesquels la dureté est due à la. formation
de phases intermétalliques, telles que la phase de Laves et qui présentent une matrice
à la fois plus ductile et plus tenace dans laquelle précipitent les composés intermétalliques.
Elles présentent en outre, ce qui est particulièrement intéressant, un bas coefficient
de frottement.
[0009] Toutefois, ces alliages à phases intermétalliques, à base de cobalt et/ou de nickel,
sont particulièrement coûteux à la préparation, ce qui rend peu intéressant leur utilisation
pour de nombreuses applications.
[0010] C'est là un inconvénient important, que l'objet de la présente invention se propose
précisément de combler.
[0011] La présente invention a donc pour objet des alliages métalliques d'une composition
particulière, présentant simultanément une bonne résistance à l'usure, une bonne résistance
à la corrosion, un faible coefficient de frottement, ainsi qu'un prix de revient peu
élevé. Grâce à ces propriétés vérifiées simultanément, ces alliages sont susceptibles
d'un plus large éventail d'utilisation, dans des conditions économiquement intéressantes.
[0012] Les alliages faisant l'objet de la présente invention sont essentiellement caractérisés
en ce qu'ils vérifient, en proportions pondérales, les relations ci-après :

constitue le solde non inférieur toutefois à 50%,le tout dans une matrice, au moins
partiellement ferritique et présentant isolément ou en mélange des composés intermétalliques
des types Laves et V
[0013] Dans les alliages selon l'invention, la résistance à la corrosion augmente avec la
teneur en chrome, laquelle favorise également la .formation de la phase χ.
[0014] La teneur en molybdène est en fonction directe de la quantité de composés intermétalliques
désirée (laquelle peut aller de 30 % à 90 %). Dans le cas où l'on cherche à conférer
aux alliages de l'invention une résistance accrue à chaud ou dans certains milieux
corrosifs, on peut remplacer jusqu'à la moitié du molybdène par du tungstène, le remplacement
s'effectuant sur la base d'un atome de W pour un atome de Mo.
[0015] La stabilité des phases de Laves et y est augmentée par l'apport de silicium dont
la proportion ne peut toutefois pas dépasser 4 %, tout en étant d'au moins 1 %.
[0016] Par ailleurs, les alliages de l'invention peuvent encore avantageusement contenir
de 0,1 % jusqu'à 7 % de Ti, de 0,1 % jusqu'à 7 % de Zr et de 0,1 % jusqu'à 7 % de
V, ce qui présente l'avantage supplémentaire de favoriser certaines phases intermétalliques
par rapport à d'autres.
[0017] Il est en outre intéressant, suivant l'invention, de remplacer du fer par un mélange
(Co + Ni) dans une proportion pondérale ne dépassant pas 20 % du fer initial, auquel
cas celui-ci ne pourrait descendre en dessous de 40 % du total.
[0018] Ce remplacement conduit à l'apparition d'une matrice partiellement austénitique (réseau
cubique à faces centrées), tandis que l'autre partie de la matrice reste ferritique
(réseau cubique centré).
[0019] Cette variante présente l'avantage d'une meilleure résistance de l'alliage à la corrosion
et d'une meilleure résistance à chaud.
[0020] Quelques exemples serviront à illustrer les caractéristiques des alliages.
[0021] L'alliage T 10 contenant 30 % Mo 10 % Cr et 2,5 % Si, solde Fer, élaboré au four
à induction à partir de fer Armco et de ferro-alliages et coulé sous forme de lingotière
en section carrée de 80 mm de côté à la base et 55 mm au sommet, présente à l'état
coulé + 80 % de phase intermétallique contenant dans l'ordre des teneurs décroissantes
Mo, Fe, Cr, Si, la matrice contenant dans le même ordre Fe, Cr, Mo, Si. La micro-dureté
de la phase intermétallique et celle d'un alliage (T 400) titrant 62 % Co, 8 % Cr,
28 % Mo, 2,5 % Si sont du même ordre de grandeur.
[0022] On a d'ailleurs comparé la résistance à l'usure de deux alliages correspondant à
l'invention à celle d'un alliage
Co-Cr-Mo-Si connu. Les essais ont été effectués en faisant tourner un disque en acier
AISI 52100 trempé et revenu à 50 RC contre une plaquette en alliage sous une pression
initiale de 41,7 MPa. A l'issue de 80.000 tours les pertes en poids ont été mesurées
et les résultats suivants ont été obtenus.

La bonne tenue des alliages T 10 et T 11 découle immédiatement des données ci-dessus.
[0023] En ce qui concerne la résistance à la corrosion de ces alliages, ils ont été immergés
dans une solution contenant 60 % d'acide nitrique à 66°C pendant au total 72 heures.
Les alliages T 10 et T 11 et Co Cr - Mo Si présentent une perte en poids de l'ordre
de 20 à 40 gr/m
2 h.
[0024] Dans le cas où l'on désire une résistance à la corrosion encore plus élevée, on peut
utiliser des alliages de composition modifiée tels que Fe; Cr 15, Mo 15; Si 2,5 dont
la perte en poids dans les mêmes conditions d'essai est de 5 gr/m
2.h.
[0025] Les alliages sont mis en oeuvre par des techniques en soi bien connues de la coulée.
L'élaboration s'effectue en partant, soit de matières premières élémentaires, soit
à partir de ferro-alliages dans des fours à induction. La mise en oeuvre sous forme
de pièces coulées se fait par les techniques, par exemple, de la coulée de précision
en cire perdue, de la coulée par le procédé Shaw ou autre procédé permettant l'obtention
des pièces aux dimensions virtuellement définitives. La mise en oeuvre sous forme
de poudres comporte l'élaboration de l'alliage comme il a été indiqué plus haut et
son atomisation sous eau ou sous gaz, en vue d'obtenir des poudres de granulométrie
adéquate pour les usages projetés. Le cas échéant, les poudres sont soumises à des
traitements thermiques en vue du relâchement des tensions ou à d'autres opérations
nécessaires au conditionnement final de leur granulométrie. La mise en oeuvre de poudres
se fait par les techniques dela métallurgie des poudres en soi bien connues. Après
avoir mélangé des poudres des alliages qui font l'objet de cette invention, avec des
poudres constituant la matrice, telles que des poudres d'acier, des poudres d'alliages
non ferreux ou des poudres d'aciers inoxydables, on procède à leur compactage suivi
ensuite d'un frittage sous vide ou sous atmosphère réductrice. Des techniques de densification
par des procédés comportant une déformation comme par exemple, densification par extrusion
ou compactage isostatique à chaud peuvent être également utilisées.
[0026] A titre d'exemple d'alliage obtenu par la technique de la métallurgie des poudres,
on peut donner ce qui suit :
Alliage A : composition 30 % Mo - 10 % Cr - 2,5 % Si - solde Fe sous forme de poudre,
et dans une matrice de AISI 316 L, dans une proportion de 10 %.
Alliage B : matrice AISI 316 L avec 10 % en poids d'un alliage contenant 50 % Ni -
32 % Mo - 3 % Si - 15 % Cr.

[0027] L'addition de l'alliage en poudre à la matrice 316 L produit la même influence que
l'addition d'un matériau de propriétés similaires et ayant la même teneur en phase
de Laves. On peut en attendre des propriétés équivalentes en ce qui concerne leur
résistance.
[0028] Un test d'usure sur tambour a permis d'obtenir les résultats suivants.

[0029] On peut en conclure que le matériau T
10 présente des avantages aussi bien à l'état coulé qu'à l'état de revêtement par projection
plasma.
1. Alliages métalliques, caractérisés en ce que leur composition centésimale vérifie
les relations pondérales ci-après :

accompagné de ses impuretés usuelles, le tout présentant une matrice au moins partiellement
ferritique, ainsi que, isolément ou en mélange, des composés intermétalliques des
types Laves et χ.
2. Alliages suivant la revendication 1, caractérisés en ce qu'ils comportent également
du silicium, dans une proportion comprise entre 1 % et 4 %.
3. Alliages suivant l'une ou l'autre des revendications 1 et 2, caractérisés en ce
qu'ils comportent également du Ti et/ou du Zr et/ou du V, dans une proportion pouvant
atteindre de 0,1 % à 7 % pour chacun de ces 3 éléments.
4. Alliages suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 3, caractérisés en ce
que 20 % au plus du Fe repris à la composition'de la revendication 1 est remplacé
par un mélange de Ni et de Co.
5. Alliages suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 4, caractérisés en ce
que la moitié au plus du Mo présent est remplacé par du W, sur la base d'un atome
de W pour un atome de Mo.
6. Alliages suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 5, caractérisés en ce
que le fer contient au maximum 2,5 % de Mn.
7. Alliages suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 6, caractérisés en ce
qu'ils comportent au moins deux quelconques et de préférence les 3 éléments repris
à la revendication 3.
8. Alliages et procédés d'obtention de ceux-ci, tels que décrits ci-dessus.