[0001] La présente invention concerne un procédé de protection des bâtiments et ouvragesde
génie civil contre l'eau et l'humidité, ainsi qu'un matériel spécialement destiné
à la mise en oeuvre de ce procédé.
[0002] L'expérience acquise dans ce domaine montre la très grande difficulté qu'il y a pour
protéger efficacement de l'eau et de l'humidité les bâtiments et les ouvrages de travaux
publics constituant des constructions enterrées.
[0003] Pour réaliser cette protection, le procédé actuellement le plus courant consiste
à opposer un "barrage " à l'eau, en recouvrant la base des murs et les dallages de
revêtements étanches. Ce procédé est très coûteux et il reste imparfait,notamment
sous les deux aspects suivants:' -Les fissurations fréquentes et les traversées ménagées
pour les fluides(canalisations d'eau, de gaz, d'électricité) provoquent des discontinuités
de l'étanchéité. -Le principe même de " barrage " conduit à un emprisonnement de l'eau,
alors qu'il serait souhaitable de permettre son écoulement.
[0004] On observe ainsi,dans les constructions actuelles, des " remontées " d'eau par capillarité,
qui sont la cause de détériorations des revêtements de surface, mais aussi d'odeurs
désagréables et d'un sentiment d'inconfort.
[0005] Pour bien comprendre l'origine de ces effets désagréables et la nature des problèmes
à résoudre, il convient de prendre en considération les phénomènes naturels qui se
produisent, et qui sont de deux sortes :
Lé colluvionnement :Les sols où la présence de l'eau est le plus à redouter sont généralement
les sols argileux, ceux qui se trouvent au voisinage de rivières ou d'étangs et soumis
aux influences des nappes phréatiques, et enfin les sols dits " rapportés ", que l'insuffisance
de leur compactage rend particulièrement vulnérables aux infiltrations d'eaux et qui
présentent ainsi de graves dangers pour l'édification des constructions. Le ruissellement
de l'eau dans ces sols provoque ce qu'il est convenu d'appeler le " tri " des fines"
ou "colluvionnement ":l'accumulation aux points bas des sables et limons qui y sont
entraînés et déposés par l'action de l'eau occasionne, à plus ou moins longue échéance,le
colmatage ou l'ensablement des tubes de drainage et d'évacuation des eaux, ce qui
provoque leur accumulation et réunit du même coup les conditions donnant lieu à l'apparition
des phénomènes de capillarité.
2.La capillarité et ses conséquences:Dans tout milieu favorable où elle se trouve
plus ou moins emprisonnée, l'eau possède une propriété phénoménale de progression
dans toutes les directions. C'est essentiellement un agent mouillant, et dans son
infiltration elle entraîne, avec elle, les éléments alcalins introduits notamment
dans l'élaboration des chaux et ciments, d'où des détériorations à la surface des
carrelages. L'eau trouve également dans les constituants.du béton, ou des agglomérés
de ciment et terre cuite, des éléments extrêmement favorables à sa progression. De
plus, la capillarité a pour conséquence des pressions hydrostatiques ou tensions superficiellesde
l'eau, qui lui permettent de manifester, en surface,des forces très élevées. A ce
sujet, il suffit de noter qu'en hydrostatique, on démontre que la masse d'un gramme
d'eau,réduite en une couche de 1/20000 de millimètre d'épaisseur, serait pourtant
capable de supporter une charge de 3300 tonnes 1
[0006] La présente invention vise à remédier aux inconvénients des procédés actuels de protection,
et ceci non pas par des améliorations directes et ponctuelles de ces procédés, mais
au contraire en prenant le contre-pied de ces procédés et en proposant une solution
globale du problème, tenant compte des phénomènes mis en évidence ci-dessus. Ainsi
le but de l'invention est de fournir un procédé nouveau qui, au lieu d'opposer un
barrage à l'eau, facilite au contraire la libre circulation de celle-ci sous les bâtiments
ou les ouvrages, en lui interdisant de s'y accumuler ou d'y stagner,ceci notamment
en évitant le colluvionnement et en maîtrisant la capillarité de manière à éviter
l'apparition de l'eau à la surface des dallages.
[0007] A cet effet, le procédé de protection objet de l'invention consiste à prévoir, sous
toute la surface occupée par le bâtiment ou l'ouvrage à protéger,un réseau maillé
de captage par émergence et d'évacuation des eaux, ce réseau étant formé de tubes
interconnectés présentant des séries de perforations, qui non seulement forment un
maillage présent sous toute la surface du bâtiment ou de l'ouvrage mais encore traversent
les parois extérieures ou leurs fondations, ledit réseau étant noyé dans la partie
inférieure d'une couche drainante constituée de pierres concassées ou similaires.
[0008] Grâce à ce procédé, la progression des eaux est " chicanée " et freinée par les innombrables
interstices et la structure de labyrinthe de la couche de pierres concassées, et elle
s'effectue lentement et de façon bien répartie, sans provoquer la formation et l'accumulation
des sables et limons. De préférence, le fond de fouille sur lequel reposent ce tapis
de pierres concassées ainsi que le réseau maillé de captage est en très léger dévers
pour permettre un écoulement orienté et éviter la stagnation,l'eau étant recueillie
et évacuée au " point bas " par les traversées de murs. Si la pellicule d'eau s'épaissit
brusquement, elle est immédiatement canalisée par les tubes de captage du réseau maillé,
qui ont plutôt une fonction de " sécurité " qu'une fonction de canalisation permanente.
Les remontées d'eau jusqu'en surface, et les détériorations qui en résultent, sont
ainsi efficacement évitées, d'autant plus que la structure maillée du réseau évite
les risques de colmatage ou d'ensablement et leurs conséquences. Ce dernier aspect
est évidemment très important du fait que le réseau de captage et d'évacuation des
eaux est rendu définitivement inaccessible et invisible, une fois le bâtiment ou l'ouvrage
réalisé, de sorte que le procédé doit conserver en permanence et indéfiniment son
efficacité. A cet égard, la pluralité des chemins d'écoulement, résultant de la structure
maillée, permet au réseau de conserver son efficacité même dans le cas (peu probable
compte tenu de l'action de la couche de pierres concassées) de colmatage ou d'ensablement
d'un ou plusieurs tubes.
[0009] De préférence, et en fonction du terrain naturel et de la profondeur des parties
enterrées du bâtiment ou de l'ouvrage considéré, le réseau maillé de captage se prolonge,
à l'extérieur et au-delà des traversées de parois, par des tubes interconnectés s'étendant
dans des plans verticaux parallèles à ces parois.
[0010] Par la suppression des systèmes d'étanchéité actuels ou des " vides sanitaires ",le
procédé objet de l'invention est très économique, d'autant plus que le matériels nécessaire
à sa mise en oeuvre est extrêmement simple, et que les dispositions particulières
à prendre lors de la construction sont très limitées : il suffit de prévoir les réservations
pour le passage des tubes du réseau, à travers les parois ou murs extérieurs, et éventuellement
les murs de refend. Suivant un mode de mise en oeuvre particulièrement simple et rationnel
du procédé,le réseau de captage possède des mailles carrées ou rectangulaires, et
il est réalisé à partir de tronçons de tubes perforés interconnectés au moyen de raccords
en croix et/ ou en T. Des raccofds spéciaux sont nécessaires seulement pour réaliser
la liaison entre les éventuels tubes extérieurs, parallèles aux parois verticales,
et le restant du réseau. On pourra choisir des tubes et raccords dont les caractéristiques
facilitent l'assemblage, le transport et la pose du réseau maillé, afin de tenir compte
non seulement des impératifs économiques,mais aussi du fait que la main-d'oeuvre employée
sur les chantiers est généralement peu qualifiée.
[0011] De toute façon, l'invention sera mieux comprise, et d'autres caractéristiques de
détail seront mises en évidence, à l'aide de la description qui suit, en référence
au dessin schématique annexé représentant, à titre d'exemple non limitatif, un mode
de mise en oeuvre de ce procédé :
Figure 1 est une vue en plan, très schématique,d'un bâtiment protégé contre l'eau
et l'humidité grâce au procédé selon l'invention;
Figure 2 est une vue en élévation des parties inférieures de ce bâtiment;
Figure 3 en est une vue partielle, en coupe verticale et à plus grande échelle, montrant
plus en détail le réseau maillé de captage;
Figure 4 représente, encore à plus grande échelle, un détail de tube et un raccord
appartenant à ce réseau maillé.
[0012] Les figures 1 et 2 représentent, de façon extrêmement schématique, un bâtiment de
forme rectangulaire avec ses parois ou murs d'élévation 1, 2, 3, 4 et un mur de refend
5, ce bâtiment constituant une construction enterrée dans le sol.dont le niveau naturel
est indiqué en 6. Sur la figure 3 apparaissent, de façon plus détaillée, les fondations
avec le béton de propreté ? et les longrines 8, au-dessus desquelles sont érigés les
parois ou murs d'élévation 1 à 4.
[0013] Sur le fond de fouille 9 est disposé,selon l'invention, un réseau maillé désigné
dans son ensemble par 10, se présentant vu en plan comme un quadrillage (voir figure
1). Comme le montre plus précisément la figure 3,ce réseau maillé 10 est constitué
par des tubes 11, interconnectés au moyen de raccords en croix 12 et présentant des
séries de perforations 13. Ce réseau, dont les mailles carrées peuvent avoir un côté
compris entre environ 0,60 m et 1 m, s'étend non seulement sur toute la surface du
fond de fouille 9,mais encore traverse les longrines 8 par des réservations 14 prévues
dans ces dernières. On comprend que des réservations similaires doivent être aussi
prévues à la base du mur de refend 5.
[0014] De préférence, le fond de fouille 9 et le réseau maillé 10 sont en léger dévers,
le mur 1 correspondant par exemple au côté le plus haut et le mur 3 au côté le plus
bas, côté où s'effectuera évidemment l'évacuation des eaux.
[0015] Comme le montre la figure 3, le réseau maillé 10 se trouve noyé dans la partie inférieure
d'une couche drainante 15 reposant sur le fond de fouille 9 et constituée de pierres
concassées, sous forme de granulat soigneusement déterminé. L'épaisseur totale de
cette couche 15 peut être égale environ au double du diamètre des tubes perforés 11
de réseau maillé 10.
[0016] En outre, comme le montrent la partie gauche de la figure 3, ainsi que, plus schématiquement,
la figure 2,il est prévu, à l'extérieur des longrines 8, un prolongemént vertical
du réseau maillé 10,avec d'autrestubes perforés 16 et d'autres raccords 17 formant
des nappes qui s'étendent dans des plans verticaux parallèles aux parois 1 à 4. La
forme et la hauteur de ces nappes de tubes 16 qui complètent le réseau de base 10
sont déterminées en fonction du profil du terrain naturel 6,comme l'illustre la figure
2.
[0017] Des raccords spéciaux 18, à quatre embouts non situés dans un même plan, sont en
outre prévus sur le bord du réseau maillé 10, pour le raccordement de celui-ci aux
nappes de tubes extérieures verticales.
[0018] Enfin, un dallage 19 est mis en place au-dessus de la couche de pierres concassées
15 dans laquelle est noyé le réseau maillé 10.
[0019] La progression de l'eau est chicanée et freinée dans le " hérisson " formé par la
couche 15, de sorte que l'écoulement de l'eau s'effectue lentement vers le point bas
résultant du léger dévers mentionné précédemment. Si la quantité d'eau augmente brusquement,
elle est captée par émergence dans le réseau maillé 10, à travers les perforations
12 des tubes 11, et canalisée dans ces tubes qui l'évacuent. Ceci évite à la pellicule
d'eau de s'épaissir et de causer des détériorations sur le dallage 19 et sur le revêtement
de ce dallage. Il est à noter que les "traversées de murs " au niveau des longrines
8 permettent une libre circulation de l'eau sous le bâtiment, évitant toute stagnation.
Par ailleurs, les nappes verticales extérieures, formées par les tubes 16, jouent
un rôle de protection analogue vis-à-vis des murs 1 à 4 et de leurs soubassements.
[0020] Du côté du point bas, un collecteur non représenté récupère l'ensemble des eaux captées,
et les véhicule par exemple vers le réseau d'eaux pluviales ou vers une installation
susceptible d'utiliser ces eaux (chauffage).
[0021] La figure 4 représente une extrémité de tube 11 et un raccord en croix 12 du réseau
maillé 10. Le tube 11 est annelé et ses perforations 13 sont constituées par. des
fentes ménagées dans les gorges annulaires du tube: Le raccord 12 comporte, sur ses
quatre embouts, des crans intérieure 20 qui assurent la retenue par encliquetage d'une
extrémité de tube 11. Les tubes et raccords sont avantageusement réalisés en matière
plastique, et de préférence au moins les tubes 11 s'étendant suivant une direction
sont flexibles : le réseau maillé 10 peut être alors "pré-assemblé " et former une
sorte de filet,enroulé pour son transport et son stockage, et ensuite ce rouleau est
simplement déroulé sur le fond de fouille 9, de sorte que les opérations de pose sur
le chantier se trouvent simplifiées à l'extrême. Suivant une autre caractéristique
illustrée sur la figure 4, des perforations 21 sont aussi prévues sur les raccords
12 du réseau maillé,plus particulièrement dans les angles de ces raccords, où existe
le risque d'une stagnation de l'eau.
[0022] Comme il va de soi,l'invention ne se limite pas à la seule forme de mise en oeuvre
de ce procédé décrite ci-dessus, à titre d'exemple et en référence au dessin; elle
en embrasse, au contraire,toutes les variantes relevant du même principe, et ceci
concerne, en particulier, le domaine d'application de l'invention,qui n'est nullement
limité à la protection des bâtiments avec dallage sur fond de fouille. Ainsi le procédé
objet de l'invention peut être mis en oeuvre, sans modification sensible et avec les
mêmes résultats, dans le cas de bâtiments avec radier armé et murette périphérique,celle-ci
étant traversée par les tubes du réseau maillé, et aussi, plus généralement, dans
le cas du sous-oeuvre d'ouvrages divers de génie civil, par exemple pour le soubassement
des piles de ponts. De même, on ne s'éloignerait pas du cadre de l'invention par des
modifications et adaptations de détail du matériel destiné à sa mise en oeuvre,par
exemple en prévoyant deux séries de crans intérieurs 20 sur chaque embout d'un raccord
12,pour un meilleur accrochage des extrémités du.tubes annelés 11.
1.- Procédé de protection des bâtiments et ouvrages de génie civil contre l'eau et
l'humidité,caractérisé en ce qu'il consiste à prévoir, sous toute la surface occupée
par le bâtiment ou l'ouvrage à protéger,un réseau maillé (10) de captage par émergence
et d'évacuation des eaux, ce réseau étant formé de tubes interconnectés (11) présentant
des séries de perforations (13), qui non seulement forment un maillage présent sous
toute la surface du bâtiment ou de l'ouvraga, mais encore traversent les parois extérieures
(1 à 4) ou leurs fondations (8),ledit réseau (10) étant noyé dans la partie inférieure
d'une couche drainante (15) constituée de pierres concassées ou similaires.
2.- Procédé selon la revendication 1,caractérisé en ce que le fond de fouille (9)
sur lequel reposent la couche de pierres concassées (15) et le réseau maillé de captage
(10) est en léger dévers.
3.- Procédé selon la revendication 1 ou 2,caractérisé en ce que le réseau maillé de
captage (10) se prolonge, à l'extérieur et au-delà des traversées de parois (1 à 4),par
des tubes interconnectés (16) s'étendant dans des plans verticaux parallèles à ces
parois (1 à 4).
4.-Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3,caractérisé en ce que le
réseau de captage (10) possède des mailles carrées ou rectangulaires,et est réalisé
à partir de tronçons de tubes perforés(11) interconnectés au moyen de raccords en
croix et/ou en T (12).
5.- Procédé selon l'ensemble des revendications 3 et 4,caractérisé en ce que des raccords
spéciaux (18),à quatre embouts non situés dans un même plan,sont en outre prévus sur
le bord du réseau maillé (10),pour le raccordement de celui-ci aux nappes de tubes
extérieures verticales (16).
6.- Matériel destiné à la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 5,caractérisé en ce qu'il comprend, pour la réalisation du réseau maillé, des
tubes annelés (11), les perforations (13) étant constituées par dès fentes ménagées
dans les gorges annulaires de ces tubes (11).
7.- Matériel selon la revendication 6,caractérisé en ce qu'il comprend en outre des
raccords (12) comportant,sur leurs embouts, des crans intérieurs (20) qui assurent
la retenue par encliquetage d'une extrémité de tube annelé (11).
8.- Matériel selon la revendication 7,caractérisé en ce que des perforations (21)
sont aussi prévues sur les raccords (12) du réseau maillé (10),plus particulièrement
dans les angles de ces raccords.
9.- Matériel selon l'une quelconque des revendications 6 à 8,caractérisé en ce qu'au
moins les tubes (11) s'étendant suivant une direction sont flexibles, de manière à
permettre l'enroulement du réseau maillé " pré-assemblé ", et sa pose par simple déroulement
sur le fond de fouille (9).