[0001] La présente invention a pour objet un détecteur à ionisation gazeuse, par exemple
de type multicellulaire, pouvant être utilisé avantageusement dans un tomodensitomètre.
[0002] Les détecteurs de ce type utilisent des chambres d'ionisation telles que décrites
dans le brevet français N° 75.36 402 par exemple. Ces chambres d'ionisation sont constituées
d'une enceinte étanche munie d'une fenêtre perméable au faisceau de rayonnement ionisant
(rayons X ou Y), à l'intérieur de cette enceinte étant disposées des plaques métalliques,
ou électrodes, sensiblement parallèles entre elles et perpendiculaires à la fenêtre,
ces électrodes étant portées à des potentiels de valeurs déterminées de manière à
établir entre deux électrodes successives un champ électrique élevé (plusieurs milliers
de volts/cm) et aussi uniforme que possible. Dans l'enceinte étanche est introduit,
sous une haute pression, un gaz de numéro atomique élevé de sorte que le faisceau
de rayonnement ionisant pénétrant dans cette enceinte ionise le gaz qu'elle contient
libérant ainsi des ions et électrons qui sont respectivement recueillis par les électrodes.
[0003] Cependant, dans ces chambres d'ionisation, les lignes de champ électrique présentent
généralement des déformations aux extrémités des électrodes, ces déformations étant
dues au débordement du champ électrique aux extrémités des électrodes et à la présence
de la fenêtre d'entrée, placée au voisinage de celles-ci, comme cela a été décrit
dans le brevet français N° 77.10 768.
[0004] De ce fait, une partie des charges électriques n'est pas collectée par les électrodes,
ce qui diminue le rendement du détecteur et peut aussi créer des courants parasites.
En effet, les champs électriques subissent des déformations telles que les ions et/ou
les électrons produits dans l'espace compris entre les électrodes collectrices et
la fenêtre ne peuvent être recueillis par ces électrodes et donc ne contribuent pas
au signal électrique délivré à la sortie du détecteur.
[0005] Afin de pallier ces inconvénients, il a été proposé (brevet français N° 77.10 768)
de disposer une couche en matériau diélectrique sur la surface interne de la fenêtre.
L'inconvénient de cette solution est de supprimer l'effet d'autocollimation du détecteur
qui est particulièrement nécessaire à l'élimination du rayonnement diffusé.
[0006] Il est donc nécessaire que le détecteur soit muni d'un dispositif servant à la fois
de collimateur et d'électrode de garde et cela, sans nuire au rendement de ce détecteur.
Une solution est de disposer une électrode de garde dans le prolongement de chacune
des électrodes de mesure placées dans la chambre d'ionisation,, l'électrode de garde
étant au même potentiel que l'électrode qu'elle prolonge, de façon à éliminer les
déformations du champ électrique. Toutefois, si les électrodes de garde sont dans
la même enceinte elles recueilleront des particules chargées (ions ou électrons),
ce qui diminuera le rendement du détecteur, et, si ces électrodes de garde sont placées
hors de la chambre d'ionisation, la distance séparant l'électrode de garde de l'électrode
de mesure correspondante sera très importante en raison de l'épaisseur de la fenêtre
qui doit supporter une différence de pression importante, ce qui conduira à des débordements
importants du champ électrique.
[0007] Le détecteur objet de la présente invention évite ces inconvénients.
[0008] Suivant l'invention, un détecteur à ionisation gazeuse pour la détection d'un faisceau
de rayonnement ionisant, comportant une enceinte étanche formant une chambre d'ionisation
contenant un gaz à haute pression, dans cette enceinte étant disposées au moins deux
électrodes de mesure, et, dans le prolongement de ces électrodes de mesure, deux électrodes
de garde, ces électrodes de mesure étant portées respectivement à un premier potentiel
et à un second potentiel et les électrodes de garde étant portées respectivement au
potentiel des électrodes de mesure qu'elles prolongent, est caractérisé en ce que
l'enceinte est divisée de façon étanche en au moins deux compartiments au moyen d'une
cloison placée sensiblement perpendiculairement au faisceau, cette cloison étant en
matériau diélectrique, perméable au faisceau de rayonnement ionisant,ces compartiments
étant disposés à la suite l'un de l'autre sur le trajet du faisceau, en ce que les
électrodes de mesure sont disposées dans l'un des compartiments ou compartiment aval
et les électrodes de garde dans l'autre compartiment ou compartiment amont.
[0009] L'invention sera mieux comprise, et d'autres caractéristiques apparaîtront à l'aide
de la description ci-après et des dessins qui l'accompagnent et sur lesquels :
La figure 1 représente schématiquement un détecteur à chambre d'ionisation de type
connu ;
La figure 2 montre, en coupe longitudinale, un exemple de réalisation d'un détecteur
suivant l'invention ;
La figure 3 représente un détail du détecteur de la figure 2 ;
La figure 4 représente un autre exemple de réalisation d'un détecteur suivant l'invention
;
La figure 5 montre un système d'équilibrage de pression ;
La figure 6 un détecteur suivant l'invention pour un faisceau éventail.
[0010] Le détecteur à chambres d'ionisation de type connu, montré en figure 1, comprend
une enceinte C dans laquelle est introduit, sous haute pression, un gaz de numéro
atomique élevé.
[0011] Cette enceinte est munie d'une fenêtre f perméable au faisceau F de rayonnement ionisant
(rayons X dans l'exemple décrit).
[0012] Dans cette enceinte sont placées des électrodes e
l, e
2, e
l, e
2 ... respectivement portées à des potentiels v
1, v
2, v
1 ... Les lignes de forces du champ électrique E, perpendiculaire aux électrodes, se
déforment aux extrémités de celles-ci, introduisant des perturbations dans les mesures
effectuées par le détecteur.
[0013] Le détecteur suivant l'invention, montré en figure 2, évite ces inconvénients.
[0014] Ce détecteur, montré en figure 2, comporte une enceinte C étanche munie d'une fenêtre
f. Cette enceinte C est divisée en deux compartiments C
let C
2 au moyen d'une cloison M en matériau électriquement isolant, perméable au faisceau
de rayonnement ionisant (rayons X) et disposée sensiblement perpendiculairement au
faisceau F de rayons X.
[0015] A l'intérieur du compartiment C
1 (compartiment aval) sont disposées en vis-à-vis, à la suite les unes des autres,
des plaques métalliques formant des électrodes de mesure e
1, e
2, e
1 ... Deux électrodes successives sont séparées l'une de l'autre par des distances
déterminées. Dans le compartiment C
2 (compartiment amont) sont placées des électrodes de garde e
21, e
221 e
21 ... respectivement dans le prolongement des électrodes de mesure e
1, e
2, e
1 ... La figure 3 montre un détail de la figure 2.
[0016] Les électrodes e
1 et e
21 sont portées à un même premier potentiel v
1 et les électrodes e
2 et e
22 sont portées à un même second potentiel v2. Le potentiel v
1 est par exemple un potentiel négatif de plusieurs milliers de volts par rapport à
la masse (à laquelle est reliée l'enceinte par exemple) et le potentiel v
2 est alors un potentiel positif, à la masse par exemple, ou égal à quelques dizaines
de volts par exemple par rapport à cette masse.
[0017] Dans le compartiment C
2 amont est introduit un gaz à haute pression dont le numéro atomique est de faible
valeur (hydrogène ou hélium par exemple) tandis qu'un gaz de numéro atomique élevé
(xénon par exemple) est introduit, sensiblement à la même pression, dans le compartiment
C
1 aval.
[0018] En fonctionnement, le faisceau F de rayons X traverse la fenêtre f et pénètre successivement
dans le compartiment C
2 amont qui présente, pour le faisceau de rayon X, une cloison gazeuse de très faible
atténuation, puis dans le compartiment C
1 aval où les lignes de force du champ électrique E restent perpendiculaires aux électrodes
e
1, e
2 ... sans subir de déformations, les électrodes de garde e
21, e
22 ... étant très proches des électrodes principales e
l, e
2 ... correspondantes, puisque la cloison M qui les sépare est de très faible épaisseur
(1/10 de mm par exemple). De plus, les électrodes de garde forment une grille anti-diffusion.
Un appareil A de mesure est placé dans le circuit électrique de l'électrode e
2 par exemple, fournissant un signal 1
2 correspondant au courant recueilli par cette électrode
e2.
[0019] Il est à remarquer que le détecteur suivant l'invention permet d'effectuer des mesures
pour des énergies de faisceau de rayon X de différentes valeurs.
[0020] En effet, l'atténuation variant exponentiellement avec la distance, on peut utiliser
pour effectuer de telles mesures, un compartiment C
2 amont dans lequel a été introduit un gaz à haute pression et de numéro atomique de
valeur moyenne (krypton ou argon- krypton par exemple). Dans ce cas, les déformations
des lignes de force du champ électrique E au niveau de la fenêtre f seraient alors
négligeables.
[0021] L'exemple de réalisation du détecteur suivant l'invention tel que décrit n'est pas
limitatif. En particulier, le détecteur suivant l'invention peut présenter plus de
deux compartiments successifs, à savoir un compartiment aval C
1 et plusieurs compartiments amont C
2, C
3 ... (figure 4) séparés les uns des autres par des cloisons M,, M
2 de faibles épaisseurs. Dans ces compartiments C
2, C
3, sont disposées respectivement des électrodes e
21, e
22 et e
31, e
32. Les électrodes e
21 et e
31 sont au même potentiel que l'électrode e
1 qu'elles prolongent et les électrodes e22, e
32 sont au même potentiel que l'électrode e
2 qu'elles prolongent. Ces électrodes e
21,e
22; e
31, e
32 sont telles que l'absorption des rayons X, qui est de faible valeur, soit située
dans la zone médiane de l'espace inter-électrodes. Les gaz introduits dans les différents
compartiments C
1,
C2, C
3 sont à la même pression et ont des numéros atomiques différents, le numéro atomique
du gaz introduit dans le compartiment C
1 étant le plus élevé. Un appareil A
1 de mesure est placé par exemple dans le circuit de l'électrode e
2. Des appareils A
2, A
3 de mesure peuvent être placés également dans les circuits des électrodes e
22 et e
32.
[0022] Afin que les gaz introduits dans les différents compartiments C
1, C
2 ... restent à la même pression, on peut associer à ces compartiments C
1, C2... un système d'équilibrage de pression tel que montré en figure 5 par exemple.
[0023] Ce système comprend une tubulure T, deux fois recourbée, dont les extrémités 1 et
2 s'ouvrent respectivement dans les compartiments C
1 et C
2. Une paroi 3 transversale, pouvant se déplacer de part et d'autre d'une position
moyenne permet d'équilibrer les pressions des gaz contenus dans les compartiments
C
1 et C
2. Cette paroi 3 peut être une membrane déformable fixée sur la tubulure T ou un piston
par exemple.
[0024] De tels détecteurs peuvent être avantageusement utilisés dans les tomodensitomètres
du type translation-rotation ou dans les tomodensitomètres à rotation pure (figure
6).
1. Détecteur à ionisation gazeuse pour la détection d'un faisceau de rayonnement ionisant,
comportant une enceinte étanche formant une chambre d'ionisation contenant un gaz,
dans cette enceinte étant disposées au moins deux électrodes de mesure, et, dans le
prolongement de ces électrodes de mesure, deux électrodes de garde, ces électrodes
de mesure étant portées respectivement à un premier potentiel et à un second potentiel
et les électrodes de garde étant portées respectivement au potentiel des électrodes
de mesure qu'elles prolongent, caractérisé en ce que l'enceinte est divisée de façon
étanche en au moins deux compartiments (C1, C2) au moyen d'une cloison (M) placée sensiblement perpendiculairement au faisceau,
cette cloison (M) étant en matériau diélectrique, perméable au faisceau de rayonnement
ionisant, ces compartiments (C1, C2) étant disposés à la suite l'un de l'autre sur le trajet du faisceau, en ce que les
électrodes (el, e2...) de mesure sont disposées dans le compartiment (C1) ou compartiment aval et les électrodes (e21, e22...) de garde dans le compartiment (C2) ou compartiment amont.
2. Détecteur à ionisation gazeuse suivant la revendication I, caractérisé en ce que
les gaz introduits dans le compartiment amont (C2) et le compartiment aval (C1) sont sensiblement à la même pression.
3. Détecteur à ionisation gazeuse suivant la revendication 2, caractérisé en ce que
les gaz introduits dans le compartiment amont (C2) et le compartiment aval (C1) ont des numéros atomiques différents, le gaz introduit dans le compartiment (C2) amont ayant le numéro atomique le plus faible.
4. Détecteur à ionisation gazeuse suivant la revendication 1, caractérisé en ce que
l'enceinte est divisée de façon étanche en n compartiments (C1, C2, C3), n étant un nombre entier supérieur à 2, en ce que, dans ces compartiments (C1, C2' C3...), sont placées respectivement des paires d'électrodes (e1, e2; e21, e22; e31, e32), en ce que les électrodes (e21 et e31 ) sont disposées dans le prolongemnet de l'électrode (el) et portées au même potentiel que l'électrode (e.), en ce que les électrodes (e22, e32) sont disposées dans le prolongement de l'électrode (e2) et portées au même potentiel que cette électrode (e2), et en ce que les gaz introduits
dans les compartiments (C1, C2, C3) sont à la même pression.
5. Détecteur à ionisation gazeuse suivant la revendication 4, caractérisé en ce que
les gaz introduits respectivement dans les compartiments C2, C3 ont des numéros atomiques inférieurs au numéro atomique du gaz introduit dans le
compartiment C1.
6. Détecteur à ionisation gazeuse suivant l'une quelconque des revendications 1 à
4, caractérisé en ce qu'un système d'équilibrage des pression des gaz contenus dans
les différents compartiments de l'enceinte étanche est associé à cette enceinte étanche.
7. Détecteur à ionisation gazeuse suivant la revendication 6, caractérisé en ce que
le système d'équilibrage comporte au moins une tubulure (T) deux fois recourbées dont
les extrémités (1, 2) s'ouvrent respectivement dans deux compartiments (C1, C2) à l'intérieur desquels les pressions des gaz sont à équilibrer, et en ce qu'une
paroi (3) étanche et mobile sépare transversalement en deux parties la tubulure (T).
8. Détecteur à ionisation gazeuse suivant la revendication 7, caractérisé en ce que
la cloison mobile est une membrane souple, déformable.
9. Détecteur à ionisation gazeuse suivant la revendication 7, caractérisé en ce que
la cloison mobile est un piston.
10. Tomodensitomètre, caractérisé en ce qu'il comporte un détecteur à ionisation gazeuse
suivant l'une quelconque des revendications 1 à 9.