[0001] La présente invention concerne des compositions de vernis lubrifiants à base d'eau,
de glycérine et de fluorure de graphite, leur préparation et leur mise en oeuvre.
[0002] Les lubrifiants solides, tels que le bisulfure de molybdène, le graphite et le fluorure
de graphite, ne s'appliquent que rarement à l'état de poudre sèche sur les surfaces
à lubrifier. On préfère le plus souvent les utiliser sous forme de dispersions dans
l'huile, dans des solvants organiques ou dans l'eau, ou encore sous forme de graisses
ou de pâtes. Sur de nombreuses pièces métalliques il est encore plus avantageux de
déposer un vernis lubrifiant adhérant au métal.
[0003] Il est connu de former des vernis à base de bisulfure de molybdène et de liants durcissant
à la chaleur, tels les sirops de sucre, les silicones, les asphaltes, la glycérine.
De tels vernis sont décrits en particulier dans des publications du NACA (National
Advisory Committee for Aeronautics) : Technical Note 2628 de février 1952 et Technical
Note 2802 d'octobre 1952.
[0004] L'adhérence de ces vernis aux surfaces métalliques dépend de plusieurs facteurs :
- la rugosité de la surface métallique à traiter, fonction elle-même du mode de polissage.
Ainsi la rectification donne des rugosités allant de 0,1 à 0,4 micromètre (µm), tandis
que par sablage il est difficile d'obtenir une rugosité inférieure à 1 µm.
- La granulométrie du lubrifiant solide, qui peut varier de 10 µm à moins d'un µm,
suivant le mode de préparation et de broyage utilisé.
- La nature de la surface métallique à lubrifier : nuance d'acier, acier inoxydable,
acier réfractaire, laiton, fonted'aluminium, carbure de tungstène, zamak, etc...
[0005] La granulométrie du lubrifiant solide doit être étroitement liée à la rugosité de
la surface métallique. Plus la rugosité est faible, plus fine doit être la granulométrie
du lubrifiant solide pour obtenir une bonne adhérence du vernis sur le métal.
[0006] Les fluorures de graphite sont des lubrifiants solides, qui présentent de nombreux
avantages sur le bisulfure de molybdène. Ils répondent à la formule générale (CF)
, dans laquelle x peut varier d'environ 0,8 à 1,2 et n est indéterminé. Lorsqu'on
veut préparer des vernis lubrifiants à base de fluorure de graphite en se fondant
sur les enseignements de l'art antérieur, on se heurte à de nombreuses difficultés.
[0007] Les vernis, contenant 2 parties en poids de glycérine et une partie en poids de fluorure
de graphite (avec un rapport F/C = x = 0,9) de granulométrie moyenne 1 pm, adhèrent
fortement après chauffage à 250°C, sur les pièces en acier, telles que les poussoirs
de moteurs d'automobiles, et sur les aciers alliés au chrome et au chrome-manganèse.
Mais sur l'acier inoxydable l'adhérence est moins bonne. Il en est de même sur les
métaux autres que l'acier. Cette mauvaise adhérence provient d'une part de la nature
du métal, et d'autre part du fait que le mélange de glycérine et de fluorure de graphite
est relativement pâteux et donne des films trop épais. Si l'on cherche à diluer ce
mélange par de l'eau pour le rendre moins visqueux, on obtient un vernis qui décante
rapidement, et qui est par conséquent difficile à stocker. De plus l'adhérence sur
les métaux est très insuffisante.
[0008] On peut préparer des dispersions aqueuses de fluorure de graphite en broyant par
exemple 20 parties en poids de fluorure de graphite de granulométrie 5 pm en présence
de 70 parties en poids d'eau et de 10 parties en poids de DISPERGINE CB (marque déposée
de la demanderesse pour le sel de sodium d'un condensat d'acide naphtalènesulfonique
et de formol). La granulométrie finale du fluorure de graphite dans la dispersion
est d'environ 1 µm.
[0009] Lorsqu'une telle dispersion est pulvérisée seule sur les métaux ferreux et sur l'aluminium,
elle donne, après cuisson à 250°C, un film uniforme, assez peu lubrifiant, et qui
ne résiste pas à l'action de l'eau : un goutte à goutte d'eau sur une plaque d'acier
recouverte d'un tel film provoque rapidement l'écaillage et le décollage du film.
[0010] Si l'on incorpore de la glycérine à la dispersion aqueuse de fluorure de graphite,
de façon à avoir un rapport fluorure de graphite/glycérine égal à 0,4, et que l'on
pulvérise cette composition sur de l'aluminium ou de l'acier, on obtient après cuisson
un film très irrégulier et peu adhérent.
[0011] Si d'autre part on mélange directement de la poudre de fluorure de graphite, de la
glycérine et une solution aqueuse de DISPERGINE CB, on obtient des compositions qui,
appliquées sur aluminium et séchées à 250°C, donnent des vernis adhérents, mais qui
ne résistent pas au test de la goutte d'eau.
[0012] De façon tout-à-fait inattendue, la demanderesse a découvert qu'en préparant d'abord
un mélange de glycérine et de poudre de fluorure de graphite, et en ajoutant à ce
mélange une dispersion aqueuse de fluorure de graphite sta- - bilisée à la DISPERGINE
CE, on obtient des compositions qui, après séchage d'une heure à 250°C, forment des
vernis brillants, adhérant très fortement à tous les types de métaux et résistant
parfaitement à l'eau. Ces compositions sont très faciles à appliquer par pulvérisation
et permettent d'obtenir des films très minces, de 4 à 5 µm d'épaisseur, à haut pouvoir
lubrifiant.
[0013] Dans les compositions suivant l'invention, le choix du liant durcissant à la chaleur
est critique. Si au lieu de la glycérine, on utilise un sirop de sucre, comme le "spread
molasse", on obtient une sorte de graisse non éta- lable et non pulvérisable. Le choix
du dispersant, utilisé comme stabilisant de la dispersion aqueuse de fluorure de graphite
est également critique. Si l'on remplace la DISPERGINE CB par l'OLOA 246 B (marque
déposée par la Société OROGIL pour un sulfonate de calcium) ou par des PLURONIC P
103 ou F 88 (marques déposées de la demanderesse pour des condensats séquencés d'oxyde
de propylène et d'oxyde d'éthylène), on obtient des vernis ne présentant aucune adhérence
sur l'aluminium.
[0014] Par contre, le rapport fluorure de graphite/glycérine peut varier entre 0,3 et 1,
mais de préférence entre 0,5 et 0,8.
[0015] Les exemples suivants, non limitatifs, illustrent l'invention.
EXEMPLE 1
[0016]
A) On mélange intimement 100 parties en poids de fluorure de graphite (CFx)n, avec x = 0,9, de granulométrie 1 pm, avec 200 parties en poids de glycérine.
B) On prépare d'autre part 100 parties en poids d'une dispersion aqueuse stabilisée
de fluorure de graphite, en broyant 20 parties en poids de fluorure de graphite en
présence de 70 parties en poids d'eau et de 10 parties en poids de DISPERGINE CB en
poudre.
C) A 50 parties du mélange A, on ajoute 50 parties de la dispersion B, et on homogénéise.
On obtient ainsi une composition lubrifiante présentant un rapport fluorure de graphite/glycérine
égal à 0,80 (Composition I).
D) A 62 parties du mélange A, on ajoute 38 parties de la dispersion B et on homogénéise.
On obtient ainsi une composition lubrifiante présentant un rapport fluorure de graphite/glycérine
égal à 0,68 (Composition II).
EXEMPLE 2
[0017] Les compositions (I) et (II) de l'exemple 1 sont pulvérisées sur des plaques d'acier
ordinaire, d'acier inoxydable et d'aluminium à divers degrés de polissage, de manière
à obtenir, après cuisson d'une heure à 250°C, des vernis ayant une épaisseur de 4
à 5 pm d'épaisseur. Dans tous les cas l'adhérence du vernis au métal est considérée
comme bonne à très bonne, et le film formé à la surface du métal résiste au test de
la goutte d'eau.
EXEMPLE 3
[0018] Le pouvoir lubrifiant des compositions (I) et (II) de l'exemple 1 est mesuré sur
une machine bille-plan, qui permet d'enregistrer le coefficient de frottement en fonction
de la température. Un disque en acier XC 38 est poli à la rugosité choisie et recouvert
du produit à tester. Ce disque, tournant à vitesse constante, est soumis à la pression
exercée par une bille fixe en acier 100 C 6. A titre comparatif on a mesuré dans les
mêmes conditions le pouvoir lubrifiant d'un simple mélange 2/1 de glycérine et de
fluorure de graphite (A de l'exemple 1) et le pouvoir lubrifiant d'une dispersion
aqueuse de fluorure de graphite (B de l'exemple 1). Les résultats obtenus sont consignés
dans le Tableau 1.

[0019] La stabilité du frottement est bonne si au cours de la mesure les variations à CF
du coefficient de frottement sont inférieures ou égales à 0,01. La stabilité est moyenne
si A CF ≦0,02 et mauvaise si Δ CF> 0,02.
EXEMPLE 4
[0020] La composition (I) de l'exemple 1 est utilisée pour améliorer la lubrification de
coussinets constitués par une bande d'acier recouverte de billes de laiton frittées
et imprégnées de polytétrafluoréthylène. Une seule couche suffit pour obtenir, après
séchage à 250°C pendant 1 heure, un vernis très correct. En comparaison, si l'on utilise
le simple mélange A de l'exemple 1, il faut appliquer plusieurs couches, et le vernis
résultant manque totalement d'adhérence.
EXEMPLE 5
[0021] La composition (I) de l'exemple 1 est utilisée pour lubrifier un dispositif en fonte
d'aluminium destiné à la fabrication de pièces en polyuréthanne aggloméré. Ce dispositif
est constitué d'un anneau cylindrique dans lequel coulisse un cylindre étroitement
ajusté. Alors que le mélange A de l'exemple 1 donnait après cuisson un vernis non
adhérent, la composition (I) pulvérisée à l'intérieur de l'anneau et sur le cylindre
a donné un vernis adhérent et lubrifiant.
EXEMPLE 6
[0022] Cet exemple montre que les vernis selon l'invention peuvent être utilisés pour lubrifier
des pièces soumises à des températures très élevées.
[0023] La composition (I) de l'exemple 1 a été pulvérisée sur des pièces en acier réfractaire
utilisées dans une installation de brasage et appelées à supporter des températures
de 500 à 600°C et des projections de brasure. Après séchage, la composition (I) a
donné un vernis adhérent, résistant bien aux conditions sévères d'utilisation.
EXEMPLE 7
[0024] Sur une pièce en carbure de tungstène, qui présentait un poli miroir, rendant très
difficile l'accrochage des vernis, on a appliqué le mélange A de l'exemple 1, et constaté
que le vernis n'avait aucune adhérence. Au contraire la composition (I) de l'exemple
1 a donné un vernis adhérant bien.
1. Procédé de préparation de vernis lubrifiants pour métaux, caractérisé en ce qu'il
comprend les étapes suivantes :
- Préparation d'un constituant A par mélange d'une poudre de fluorure de graphite
avec de la glycérine.
- Préparation d'une dispersion aqueuse B de fluorure de graphite, stabilisée par le
sel de sodium d'un condensat d'acide naphtalènesulfonique avec le formol.
- Mélange du constituant A avec la dispersion B, de manière à ce que le rapport pondéral
fluorure de graphite total/glycérine soit compris entre 0,3 et 1.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le mélange de poudre de
fluorure de graphite et de glycérine se fait dans le rapport de 2 à 1.
3. Procédé selon les revendications 1 et 2, caractérisé en ce que la poudre de fluorure
de graphite a une granulométrie de 1 à 5 micromètres.
4. Procédé selon les revendications 1 à 3, caractérisé en ce que la dispersion aqueuse
de fluorure de graphite contient de 5 à 50 % en poids de fluorure de graphite.
5. Procédé selon les revendications 1 à 4, caractérisé en ce que les particules de
fluorure de graphite dans la dispersion aqueuse ont une granulométrie d'environ 1
micromètre.
6. Procédé selon les revendications 1 à 5, caractérisé en ce que la dispersion aqueuse
de fluorure de graphite contient de 5 à 15 % en poids de sel de sodium d'un condensat
d'acide naphtalène sulfonique avec le formol.
7. Vernis lubrifiants obtenus selon les revendications 1 à 6.
8. Procédé d'application des vernis lubrifiants selon la revendication 7, caractérisé
en ce que les vernis sont étalés ou pulvérisés sur le métal à revêtir et cuits pendant
une durée d'environ une heure à une température d'environ 250°C.