[0001] La présente invention se rapporte aux éléments réfractaires poreux destinés à être
traversés par un fluide gazeux sous pression.
[0002] On sait depuis longtemps, à partir de matériaux réfractaires à granulométrie sélectionnée
(brevet français n° 1 094 809), fabriquer des éléments de ce type que l'on implante
ensuite dans la maçonnerie réfractaire d'un récipient métallurgique contenant un bain
de métal en fusion, en vue d'insuffler dans celui-ci un gaz de brassage et d'interrompre
cette insufflation lorsqu'on le désire, sans risque de pénétration en retour du métal
en fusion, comme ce serait par contre le cas avec des tuyères.
[0003] On sait également que, pour assurer pleinement une telle perméabilité sélective à
l'égard du gaz, l'un des impératifs majeurs consiste à empêcher des écoulements gazeux
préférentiels entre l'élément poreux et la paroi réfractaire dans laquelle il est
incorporé.
[0004] A cette fin, il est connu d'entourer étroitement l'élément par une enveloppe métallique,
par exemple une tôle mince en acier, que l'on obture à l'une de ses extrémités par
une plaque de base pourvue de moyens d'amenée du gaz de soufflage. L'enveloppe et
la plaque définissent un réceptacle dans lequel la masse poreuse n'apparaît plus que
par une seule face libre, laquelle est destinée à être mise au contact du métal en
fusion.
[0005] L'usage d'une telle enveloppe semble désormais assez généralisé car, en plus de sa
fonction d'étanchéité latérale, elle présente d'autres avantages substantiels parmi
lesquels on peut citer (Certificat d'Addition n° 65 904) : la possibilité d'une part
de constituer, en association avec la plaque de base, une coquille de moulage de la
masse poreuse et d'autre part, grâce à sa surface extérieure régulière et bien lisse,
de permettre son application étroite sur la paroi du trou pratiqué dans le revêtement
réfractaire qui reçoit l'élément, ou de faciliter le retrait de ce dernier en vue
de son remplacement, après usure par exemple. On peut encore signaler le rôle de cette
enveloppe en tant qu'armature de renfort protégeant la masse poreuse contre des chocs
éventuels au cours du transport ou de la manutention.
[0006] Toutefois, à côté de ces avantages, la présence d'une enveloppe métallique amène
le plus souvent un certain nombre d'inconvénients dont l'un des plus conséquents résulte
d'une dégradation assez rapide de l'étanchéité initiale à l'interface masse poreuse-enveloppe,
de sorte que cette dernière n'est plus capable d'assumer correctement la fonction
qui lui a été priori- tairement attribuée.
[0007] Au cours de leurs expériences, les inventeurs ont constaté en effet que, sous l'influence
de séquences de soufflage répétitives, l'enveloppe finissait parfois par présenter
une déformation permanente, de sorte qu'en l'absence de soufflage, du métal en fusion
pénétrait dans les espaces ainsi formés entre l'enveloppe et la masse poreuse.
[0008] Ces infiltrations sont responsables d'une mise au rebut assez précoce de l'élément,
car d'une part, elles déterminent dans leur voisinage immédiat des passages privilégiés
pour le gaz dont la majeure partie ne traverse alors plus la masse poreuse, et d'autre
part, elles peuvent pénétrer profondément dans l'élément jusqu'à venir boucher les
moyens d'amenée du gaz équipant la plaque de base, ce qui n'est pas sans présenter
certains dangers.
[0009] La présente invention a pour but de remédier à ce type d'inconvénients.
[0010] A cet effet, l'invention a pour objet un élément réfractaire poreux destiné à être
traversé par un fluide gazeux sous pression et comprenant une masse réfractaire poreuse
placée dans un réceptacle métallique constitué par une enveloppe latérale et une plaque
de base pourvue de moyens d'alimentation en gaz, caractérisée en ce que le réceptacle
comprend intérieurement un déflecteur solidaire de la plaque de base et dont les parois
parallèles à l'enveloppe latérale s'étendent sur une hauteur inférieure à celle de
ladite enveloppe.
[0011] Selon les caractéristiques de l'invention, le déflecteur est constitué par une simple
virole métallique.
[0012] Conformément à une réalisation préférée de l'invention, la masse réfractaire est
composée d'une partie centrale poreuse entourée par une couche de béton réfractaire
compacte, le déflecteur prenant position entre cette partie centrale et la couche
périphérique.
[0013] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication de l'élément réfractaire
poreux, selon lequel le réceptacle métallique constitue la coquille de moulage de
la masse réfractaire, procédé caractérisé en ce qu'il consiste à prendre une couronne
métallique profilée en U asymétrique dont la grande branche, disposée extérieurement,
constitue l'enveloppe latérale et la petite branche constitue le déflecteur, à remplir
cette couronne par un béton réfractaire compact de façon à obtenir une couche périphérique
étanche, à retourner l'ensemble obtenu et à le poser sur une surface support temporaire,
puis à remplir la cavité centrale restante par un béton réfractaire poreux et enfin
à obturer l'orifice de remplissage par une plaque équipée de moyens d'alimentation
en gaz et fixée de façon étanche à la base de la couronne.
[0014] Comme on le comprend, la présente invention consiste donc fondamentalement à décharger
l'enveloppe métallique de sa fonction d'étanchéité latérale au gaz en lui substituant,
à cette fin, un déflecteur intérieur entouré à distance par ladite enveloppe. La fixation
du déflecteur sur la plaque de base lui permet, de surcroit, de constituer une butée
d'arrêt à l'égard des infiltrations de métal en fusion qui ont lieu entre l'enveloppe
et la masse poreuse et d'empêcher celles-ci de venir obstruer les moyens d'amenée
du gaz de soufflage.
[0015] En fait, en l'absence de toute autre disposition, le déflecteur ne remplace que partiellement
l'enveloppe dans son rôle d'étanchéité latérale au gaz. Le déflecteur ne peut en effet
constituer qu'une chicane présentant une hauteur réduite par rapport à celle de l'enveloppe.
On comprend que, dans le cas contraire, c'est-à-dire si le déflecteur s'étendait depuis
la plaque de base jusqu'à la surface libre de la masse poreuse, on se trouverait sinon
dans une situation analogue à celle connue décrite auparavant avec les inconvénients
auxquels la présente invention se propose précisément de remédier.
[0016] Toutefois, lorsque, selon une disposition connue (Brevet Français n° 1 162 727),
une couche annulaire de béton compact, étanche au gaz, est prévue autour de la masse
poreuse interne, et que, conformément à l'invention, le déflecteur est placé en interposition
entre les deux, la couche compacte prolonge le déflecteur dans sa fonction d'étanchéité
latérale jusqu'à la surface libre de la masse poreuse par laquelle s'échappent les
petites bulles de gaz.
[0017] L'invention sera bien comprise et d'autres aspects et avantages ressortiront plus
clairement au vu de la description qui suit, donnée à titre d'exemple et en référence
à la planche de dessins unique sur laquelle :
- la figure 1 représente un élément conforme à l'invention, vu en coupe verticale
selon le plan BB de la figure 2,
- la figure 2 est une vue en section selon le plan horizontal AA de la figure 1.
[0018] L'élément représenté sur les figures est constitué par une masse réfractaire 1 logée
dans un réceptacle métallique 2, de manière à ne laisser apparaître qu'une surface
libre 3. Cette surface libre 3 est destinée à être mise au contact du métal en fusion
lorsque l'élément se trouve incorporé au revêtement réfractaire d'un récipient métallurgique.
[0019] Dans l'exemple décrit, la masse réfractaire 1 est constituée de deux parties l'une
dans l'autre : un coeur 4 en matériau réfractaire poreux, perméable au gaz, et une
couche périphérique 5, de 2 cm d'épaisseur environ, entourant le coeur 4 et réalisée
en un béton réfractaire compact, de très fine granulométrie, de manière à être le
plus possible imperméable aux gaz.
[0020] Le réceptacle métallique 2, en tôle d'acier doux de 1,5 mm d'épaisseur est composé
d'une enveloppe latérale 6 dont une base est fermée par un fond 7 pourvu en son milieu
d'une conduite 8 pour l'introduction du gaz de soufflage. On voit que l'enveloppe
6 présente un profil convergent régulier depuis le fond 7 jusqu'au niveau de la surface
libre 3, c'est-à-dire dans le sens de soufflage du gaz. Il s'agit là d'une disposition
classique, conférant à l'élément une forme en tronc de pyramide à base rectangle ou
carrée. On rappelle que cette forme particulière qui n'est pas limitative de l'invention
permet d'une part, de faciliter l'insertion sans jeu de l'élément dans l'orifice du
revêtement réfractaire destiné à le recevoir et d'autre part, une fois l'élément en
place, d'assurer le blocage de la masse réfractaire 1 qui, sinon, risque d'être éjectée
dans le métal en fusion, sous l'effet du gaz sous pression insufflé par la conduite
8.
[0021] On remarque par ailleurs que, pour obtenir une répartition optimale du gaz dans la
masse poreuse 4, il est prévu de ménager à la base de celle-ci un trou borgne 9 définissant
une chambre de répartition gazeuse dans laquelle débouche la conduite 8. Cette chambre
communique avec un espace de répartition 10 confiné entre le fond 7 et la masse poreuse
4, et s'étendant sur toute la surface de base de cette dernière.
[0022] Conformément à l'objet de l'invention, l'élément présente intérieurement un déflecteur
Il entouré à distance par l'enveloppe 6 et solidaire du fond 7 de façon étanche sur
tout son périmètre. Comme le montrent les figures, ce déflecteur est constitué par
une cloison métallique parallèle à l'enveloppe 6 mais s'étendant impérativement sur
une hauteur inférieure à celle de cette dernière. Des indications plus précises sur
la hauteur optimale du déflecteur sont fournies plus loin.
[0023] Auparavant, il doit être remarqué que, dans l'exemple décrit, le déflecteur Il n'est
pas rapporté sur le fond 7 mais constitue la petite branche d'un profilé en U asymétrique
dont l'enveloppe 6 représente l'autre branche et dont la base, référencée 12, délimite
la périphérie du fond 7, la partie centrale de celui-ci étant constituée par un flasque
13 rapporté de façon étanche sur la base 12 au moyen d'un cordon de soudure 14.
[0024] Il est à remarquer également que, conformément à une caractéristique particulière
de l'invention, le déflecteur 11 est disposé dans l'élément, de manière à prendre
place dans la zone de jonction entre le coeur poreux 4 et la couche compacte 5.
[0025] On va maintenant décrire un mode de fabrication de l'élément représenté sur les figures.
On dispose au départ d'une structure métallique mécano- soudée formant une gouttière
rectangulaire fermée sur elle-même et profilée en "U" asymétrique, dont les branches
sont parallèles et légèrement inclinées sur la verticale. La grande branche disposée
extérieurement représente l'enveloppe 6. La petite branche disposée intérieurement
représente le déflecteur 11 et le fond reliant ces deux branches représente la base
12.
[0026] En règle générale, l'élément devant être réalisé à partir de la structure qui vient
d'être décrite, est destiné à se substituer à une brique réfractaire habituelle constitutive
du fond de poche d'aciérie ou de convertisseur d'affinage. Il est clair, dans ces
conditions, que cette structure présentera avantageusement un gabarit identique ou
très légèrement inférieur à celui de la brique à remplacer, dont les formats sont
d'ailleurs normalisés. A titre purement indicatif, les briques de fond d'un convertisseur
classique ayant une capacité de l'ordre de 200 t. présentent ordinairement le format
approché suivant : 60 cm de haut pour une longueur et une largeur respectivement de
16 et 14 cm au niveau de leur base.
[0027] On commence par remplir l'espace disponible entre les deux branches jusqu'à l'extrémité
supérieure de la grande branche par un béton réfractaire 5 à grain très fin. Cette
opération s'effectue sans précaution particulière si le béton présente une consistance
suffisante. Dans le cas contraire, c'est-à-dire si le béton 5 doit être coulé, il
faut prévoir un noyau amovible, que l'on fait momentanément reposer sur le sommet
de la petite branche 11, et qui définit avec la grande branche 6 un espace d'épaisseur
constante, égale à la largeur de la base 12 de la gouttière. Le béton compact est
alors coulé dans cet espace et le noyau est retiré lorsque le béton est devenu suffisamment
rigide pour se maintenir de lui-même.
[0028] La pièce obtenue est retournée, puis posée sur une surface-support fermant temporairement
une extrémité de la cavité centrale de la gouttière. Par l'extrémité supérieure laissée
ouverte, on remplit cette cavité avec un béton réfractaire poreux 4. On arrête le
remplissage un peu avant que le niveau du béton n'atteigne celui de la base 12 de
l'U, afin de préserver, dans l'élément achevé, l'espace de répartition gazeux 10.
En outre, par tout moyen approprié, on ménage au centre de la masse poreuse un évidement
destiné à constituer la chambre de répartition 9.
[0029] Ces opérations une fois effectuées, on obture l'extrémité de remplissage au moyen
d'un flasque métallique 13 rapporté de façon étanche sur la base 12 de la gouttière
et portant la conduite 8 d'amenée du gaz de soufflage.
[0030] L'assemblage étanche entre le flasque 13 et la base 12 est réalisé par un cordon
de soudure 14. L'élément ainsi réalisé est alors retiré de la surface support et après
séchage et cuisson douce, se trouve prêt à l'emploi.
[0031] Les infiltrations de métal en fusion entre l'enveloppe 6 et la couche compacte 5
ne sont alors plus préjudiciables car, au pire, elles atteignent la base du déflecteur
Il en passant sous la couche 5. Ce déflecteur fait alors obstacle à la progression
des infiltrations, et les empêche, de ce fait, d'atteindre la conduite de soufflage
8.
[0032] Par ailleurs, le déflecteur II constitue à l'égard du gaz traversant la masse poreuse
4 une chicane qui le canalise en direction de la surface libre 3 en l'empêchant de
se disperser latéralement vers l'enveloppe 6.
[0033] Il doit être noté que, dans l'exemple décrit, la couche de béton compact 5 peut être
capable, à elle seule, d'assurer la canalisation du gaz. Toutefois, l'invention ne
se limite par à cette forme de réalisation, mais s'étend au cas où toute la masse
réfractaire 1 est perméable au gaz et, dans ce cas, seule la chicane Il assure la
canalisation gazeuse.
[0034] A cet égard, il pourrait apparaître souhaitable que le déflecteur Il s'étende sur
toute la hauteur de la masse réfractaire 1, c'est-à-dire sur une hauteur égale à celle
de l'enveloppe extérieure 6 de manière à canaliser le gaz jusqu'à la surface libre
3. En fait, ainsi qu'il a déjà été dit, une telle disposition est à rejeter, car l'extrémité
du déflecteur Il viendrait alors en contact avec le metal en fusion contenu dans le
récipient métallurgique et l'on retrouverait à ce niveau tous les problèmes résultant
des infiltrations de métal en fuison. En réalité, la hauteur optimale pour le déflecteur
est sensiblement égale à la hauteur restante de l'ensemble de l'élément, au moment
de son remplacement après usure. Cette hauteur optimale est de l'ordre de 15 cm environ
dans le cas où le récipient métallurgique auquel est destiné l'élément perméable selon
l'invention est un convertisseur d'affinage de la fonte en acier.
[0035] Il va de soi que la présente invention ne saurait se limiter à l'exemple décrit,
mais s'étend à toute autre forme de réalisation du déflecteur dans la masure où il
constitue, à l'égard des infiltrations métalliques, une butée d'arrêt et à l'égard
du gaz d'insufflation traversant le matériau réfractaire poreux une chicane ou, plus
généralement, un organe à très forte perte de charge empêchant ou du moins réduisant
fortement la dispersion latérale du gaz jusqu'à l'enveloppe extérieure.
1. Elément réfractaire perméable au gaz comprenant une masse réfractaire, poreuse
au moins dans sa partie centrale, placée dans un réceptacle métallique constitué par
une enveloppe latérale obturée à l'une de ses extrémités par un fond pourvu de moyens
d'amenée de gaz de soufflage, caractérisé en ce que le réceptacle présente intérieurement
un déflecteur solidaire du fond, et dont les parois, parallèles à l'enveloppe latérale,
s'étendent sur une hauteur inférieure à celle de ladite enveloppe.
2. Elément réfractaire selon la revendication 1, caractérisé en ce que la masse réfractaire
est constituée par une partie centrale poreuse entourée par une couche de béton compact,
étanche au gaz, et en ce que le déflecteur est localisé entre cette partie centrale
et la couche périphérique.
3. Procédé de fabrication de l'élément réfractaire selon la revendication 2, selon
lequel le réceptacle métallique constitue la coquille de moulage de la masse réfractaire,
caractérisé en ce qu'il consiste à réaliser une gouttière métallique fermée sur elle-même
et profilée en U asymétrique dont la grande branche, disposée extérieurement, constitue
l'enveloppe latérale, et la petite branche constitue le déflecteur, à remplir cette
gouttière par un béton réfractaire compact, de façon à obtenir une couche périphérique
étanche, à retourner l'ensemble obtenu et à le déposer sur une surface-support, puis
à remplir la cavité centrale définie par la gouttière et ladite surface de support
par un béton réfractaire poreux et enfin à obturer l'ouverture de remplissage par
un flasque de fermeture équipé de moyens d'amenée du gaz de soufflage et fixé de façon
étanche sur la base de la gouttière.
4. Procédé de fabrication selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'on remplit
la cavité centrale de la gouttière jusqu'à un niveau inférieur à celui correspondant
à la base de la gouttière de manière à ménager, après obturation de l'ouverture de
remplissage, un espace de répartition gazeuse.
5. Procédé de fabrication selon les revendications 3 ou 4, caractérisé en ce que,
après remplissage de la cavité centrale de la gouttière, on ménage dans la masse réfractaire
poreuse un évidement destiné à constituer une chambre de répartition gazeuse.
6. Procédé de fabrication selon les revendications 4 et 5, caractérisé en ce que la
chambre de répartition gazeuse communique avec l'espace de répartition gazeuse confiné
entre la masse poreuse et la plaque de fermeture.
7. Procédé de fabrication selon la revendication 3, caractérisé en ce que la gouttière
est pourvue momentanément d'un noyau amovible reposant sur l'extrémité de la petite
branche et définissant avec la grande branche un espace d'épaisseur constante égale
à la largeur de la base de la gouttière, et à couler dans ledit espace un béton réfractaire
compact, puis à retirer le noyau lorsque le béton a atteint un degré de rigidité suffisant
pour empêcher son étalement.